MOUCHY, Philippe de Noailles, duc de (1715-1794)

Lettre autographe signée « N. Mchal D. de Mouchy » à un Monsieur
Paris, le 23 octobre 1789, 2 pages in-8 sur bifeuillet vergé

« Le spectacle de la tête d’un boulanger très honneste homme et très innocent qui a été pendu par la fantaisie de mauvais sujets »

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Fiche descriptive

MOUCHY, Philippe de Noailles, duc de (1715-1794)

Lettre autographe signée « N. Mchal D. de Mouchy » à un Monsieur
Paris, le 23 octobre 1789, 2 pages in-8 sur bifeuillet vergé
Ancienne trace de montage en marge gauche, sans atteinte au texte

Lettre historique sur l’assassinat du boulanger Denis François, accusé d’être un accapareur, pendu et décapité par la populace place de Grève, évènement déclencheur de la loi Martiale


« J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, j’apprends avec beaucoup de satisfaction que vous êtes arrivé à bon port, et que vous êtes tranquille, nous avons eu encor hier le spectacle de la tête d’un boulanger très honneste homme et très innocent qui a été pendu par la fantaisie de mauvais sujets. Il y en a eu Dieu merci, deux de pendus, la loy martiale vient d’être établie par l’assemblée nationale, Dieu veuille qu’elle soit en vigueur et qu’elle réprime touts nos désordres. Le Roy et la Reine ont étés très affectés du meurtre de ce malheureux boulanger, et ont envoyé M. le duc de Liancourt [François XII de la Rochefoucauld] porter deux mil écus à la veuve en lui offrant en sus tout les secours dont ils pourront avoir besoin:
Mes respectueux hommages a ses Dames, Me la Mchale me charge de ses compliments renouveler et pour vous:
Rendé justice à tous les sentiments que je vous ai voué et avec lesquels j’ai honneur d’etre plus que personne, monsieur, votre très humble et très obeissant serviteur.
N. Mchal D. de Mouchy »


Philippe de Noailles, duc de Mouchy, est un officier français, élevé à la dignité de maréchal de France en 1775. Sa carrière militaire s’étend de 1729 à 1759. Il participe à la guerre de Succession de Pologne et à celle d’Autriche. En 1755, Louis XV lui confie une mission diplomatique auprès de la Sardaigne puis la cour de Parme. En 1770, il est chargé par Choiseul, alors principal ministre, d’aller accueillir à Strasbourg Marie-Antoinette d’Autriche, future reine de France. Son épouse est nommée dame d’honneur de la dauphine, et, après la mort de Louis XV, première dame d’honneur de la reine, qui l’appelle « Madame Étiquette ». Le duc et la duchesse de Mouchy occupent donc une position éminente à la cour de Louis XVI, jusqu’à la démission de la duchesse après la nomination de la princesse de Lamballe comme surintendante de la Maison de la reine.
Après les événements de 1789, contrairement à un certain nombre de nobles, le duc de Mouchy reste en France, s’efforçant de protéger Louis XVI contre les assauts révolutionnaires, jusqu’à l’insurrection du 10 août 1792. Pris dans la prétendue conspiration des prisons, il est, avec son épouse, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 27 juin 1794. Il montre à cette occasion la même bravoure et le même sang-froid que celui dont il a fait preuve à la guerre sous Louis XV.

Denis François (1761-1789) est un boulanger français. Le 21 octobre 1789, soit deux semaines après les journées d’octobre, une femme ne pouvant acheter de pain demande à visiter sa boutique afin de s’assurer qu’il y en avait pas caché. Elle trouve trois pains de quatre livres, dont un rassis, et un de douze livres. Elle sort de la boutique avec l’un des pains de quatre livres et dit que le boulanger en cache plusieurs. La foule s’en prend alors au commerçant, qui demande à être conduit au siège du district, dont les officiers le conduisent à l’Hôtel de Ville. Cependant, la foule l’arrache à la garde et l’amène place de Grève. Il est alors pendu à la lanterne. Juste après, un homme le décapite avec son sabre, qu’il essuie sur la chemise du boulanger. Sa tête est ensuite placée au bout d’une pique. Sa veuve, alors enceinte, est contrainte d’embrasser la tête de son mari avant de perdre connaissance. Sa mort conduit l’Assemblée nationale constituante à décréter la loi martiale, le 21 octobre. Cette dernière vise à réprimer les émeutes et les actes de violence, dont le nombre augmente depuis le 14 juillet. Elle est signée le même jour par Louis XVI et promulguée le lendemain.

Très intéressant document relatant l’un des tournant du début de la Révolution Française