ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Lettre autographe signée « Antonin Artaud » à sa sœur Marie Ange Malausséna
Espalion, le 7 avril 1946, 2 pages in-8

« Vous me rendriez un grand service en m’en envoyant 4 ou 5 tubes »

EUR 2.000,-
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Fiche descriptive

ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Lettre autographe signée « Antonin Artaud » à sa sœur Marie Ange Malausséna
Espalion, le 7 avril 1946, 2 pages in-8 à l’encre
Déchirure réparée au scotch et décharges d’encre (par Antonin Artaud lui-même), pliure et légères froissures.

Artaud réclame des médicaments à sa sœur Marie-Ange


« Ma chère Marie-Ange excusez ce papier mais aujourd’hui c’est dimanche et tous les magasins sont fermés.
Je me suis trompé au sujet des comprimés que je vous ai demandés. Ce ne sont pas des comprimés Famel mais des comprimés Codoforme de Bottu. J’en avais trouvé ici un tube et cela m’avait admirablement calmé un point dans le dos. 
Mais il n’y en a plus.
Vous me rendriez un grand service en m’en envoyant 4 ou 5 tubes. Si les pharmacies n’en ont pas vous en trouverez chez le fabricant
Codoforme de Bottu
114, 117 rue notre dame des champs.
Pardon de ce dérangement et merci à vous »


Antonin Artaud arrive à Rodez en 1943 sous le contrôle du docteur Ferdière, médecin chef de l’hôpital psychiatrique Parraire, alors connu sous le nom d’ « Asile départemental d’aliénés ». En proie à des délires et hallucinations, Artaud y est interné pendant plusieurs années et continuera d’y subir des électrochocs malgré ses nombreux refus à cette thérapie ravageuse. Sous l’emprise permanente de drogues et, quand il n’y a pas accès, de médicaments à hautes doses, il ne cessera de demander à sa sœur et son beau-frère George de lui en procurer.

Cette lettre est écrite un mois avant son retour à Paris. En effet, après maintes suppliques du poète, Marthe Robert et Arthur Adamov, très choqués par l’environnement d’Artaud dans cet asile, considèrent qu’il est nécessaire et urgent qu’il revienne dans la capitale. Ce n’est qu’au terme de nombreuses négociations avec l’hôpital qu’ils obtiendront gain de cause.

Il écrit deux jours plus tard – le 9 avril – à sa sœur s’excusant du « papier déchiré et taché » de cette lettre en expliquant qu’il lui fallait ses médicaments en hâte.

Le Codoforme Bottu (codéine, brométénamine, terpine, benzoate de sodium) est un antitussif dérivé de la morphine. La codéine qu’il contient potentialise les effets des psychotropes. Ce médicament, alors en vente libre, provoque endormissement voire une perte de conscience si ingurgité à haute dose.

Corr. générale t. XI, p. 231