COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Lettre autographe signée « Colette » [à Jacques de Marsillac]
La Treille muscate – Saint Tropez [années 30], 2 p. in-4° avec enveloppe

« Inventons quelque chose qui m’autorise, sans quitter le Journal ami, à être dans ses colonnes autre chose que la critique théâtrale. C’est un affreux métier  »

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Fiche descriptive

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Lettre autographe signée « Colette » [à Jacques de Marsillac]
La Treille muscate – Saint Tropez [années 30], 2 p. in-4° avec enveloppe autographe

Colette demande une trêve en tant que rédactrice de chroniques théâtrales dans le quotidien Le Journal


« Cher ami, nous y voilà.
Que ne puis-je dire « J’y suis, j’y reste » ! J’inaugure mon séjour par une petite maladie d’arrivée, quelque chose comme une grippe au ralenti, qui n’est pas absolument désagréable. Avertissement donné par l’état général.
Aussi demandé-je, cette année, un petit temps qui ressemble aux vraies vacances, et je n’enverrai de [sic] la copie au Journal qu’à partir du 15 août. Croyez que cette restriction m’est nécessaire. Au surplus, je ne saurais recommencer, sans risque de monotonie, des chroniques provençales qui ont donné leur jus. Et je trouverai fort juste que le Journal réplique à mon abstention par… une abstention.
Tâchez de venir bientôt.
Venez, et les coude sur la table inventons quelque chose qui m’autorise, sans quitter le Journal ami, à être dans ses colonnes autre chose que la critique théâtrale. C’est un affreux métier. Au bout de quatre ans je crie « Pouce ! ». Ne fais-je pas mieux d’avouer ma fatigue que de la mal déguiser ? Venez vite. Mangeons la rascasse farcie, la daube de bœuf, les raviolis, la sardine grillée.  Que notre cher Guimier [Pierre Guimier, rédacteur en chef du Journal] vous accompagne, – et toutes les grâces de Dieu. Je vous embrasse, cher ami. Maurice Goudetek [troisième et dernier conjoint de Colette] est quelque part par là, dans l’eau, ou bien avec les électriciens, car, est-il besoin de vous le dire ? Le moteur de l’eau a sauté. Mais je garantis les sentiments de Maurice, qui vous est très attaché.
Colette »


Au crépuscule de sa carrière dans le music-hall, Colette se lança dans le journalisme, multipliant chroniques et reportages. Cet aspect de son activité joua un rôle essentiel dans la maturation de son écriture. Elle se dit cependant lasse dans cette lettre de quatre ans de chroniques et souhaiterait renouveler son apport au Journal.

Pierre Guimier (1887-1856) succède à François-Ignace Mouthon en 1930 à la tête du quotidien Le Journal et s’entoure d’une équipe comprenant Gérard Dubot, Raoul Barthes et Jacques de Marcillac, rédacteur en chef, tandis que Lucien Descaves occupe toujours la rubrique littéraire, point fort du Journal.