CONDORCET (de), Sophie de Grouchy, marquise (1763-1822)

Lettre autographe à Jacques Pierre Brissot de Warville
S.l.n.d [Paris, peu après le 24 mars 1792], 1 p. 1/2 petit in-4°

« Voici 2 petites choses qui me paraissent propres à détruire leffet de la lettre du Roi… »

VENDU
Ajouter à la sélection
Fiche descriptive

CONDORCET (de), Sophie de Grouchy, marquise (1763-1822)

Lettre autographe à Jacques Pierre Brissot de Warville
S.l.n.d [Paris, peu après le 24 mars 1792], 1 p. 1/2 petit bifeuillet in-4°, à l’encre noire sur papier vergé, cachet hostie
Adresse autographe sur la quatrième page :
« A monsieur Brissot chés mr Claviere, rüe damboise »
Quelques petites taches (voir scans)

Très rare lettre de la marquise de Condorcet à Brissot
Dans cette copie d’un billet de son époux au général Dumouriez, il est fait part au chef de file des girondins des objections de Condorcet à propos d’une lettre de Louis XVI sur sa liste civile


Nous restituons la transcription ne varietur de la lettre, telle qu’elle a été écrite par Sophie de Condorcet

« Mr de Condorcet me charge d’envoyer a Mr Brissot la copie suivante du Billet qu’il ecrit a Mr Dumourier en le priant de le montrer a Mr [Étienne] Claviere [financier et spéculateur suisse, ami de Brissot].

Voici 2 petites choses qui me paraissent propres a détruire leffet de la lettre du Roi.
1° que Mr de grave soit renvoyé qui a eu la betise de s’en charger soit renvoyé pour tenir compagnie aux revetus de la confiance publique.
2° que le roi déclare non a l’assem[blée] mais dans le chateau que son intention est qua lavenir la disposition de la Liste civile soit reglée par lui dans Le Conseil.
par le 1er moyen vous apprendriés a vivre aux jeunes gens qui ne se sont pas fait une idée assés éxacte des rois constitutionnels.
par la 2de vous ecarteriés touts les confidents secrets
voila les idées qui me sont venües en cheminant sur le boulevard après vous avoir quitté pezés les dans votre sagesse et songés que la liste civile est pr La splendeur du trône et que cette splendeur ne brille pas et que le pouvoir legislatif a droit de Lexiger

il est probable si vos ministres sont capables de se conduire ainsi que nous nentendrons plus parler dans le suplement du journal de paris de la vanité de toute espece de théorie en matiere de gouvernement »


Fille aînée du marquis de Grouchy et sœur du futur maréchal d’Empire, Sophie de Grouchy, réputée pour sa beauté et son intelligence, est l’un des esprits les plus brillant de son époque. Elle est notamment connue pour avoir traduit Adam Smith. Son mariage avec le marquis de Condorcet (1743-1794), de vingt ans son aîné, la place un peu plus au centre du bouillonnement des idées des lumières. Dans leur demeure parisienne de l’hôtel des Monnaies, elle crée un des salons les plus courus de la capitale. S’y côtoient entre autres Thomas Jefferson, André Chénier, Nicolas de Chamfort, Benjamin Constant, Beaumarchais, La Fayette ou encore Madame de Staël. Le salon perdure sous la Révolution et devient même le véritable laboratoire d’idées des girondins, dont Brissot était l’un des chefs de file. La Terreur est cependant fatale pour le couple Condorcet. Le marquis est retrouvé mort dans sa cellule. Un moment dans le besoin, Sophie tiendra plus tard un salon libéral sous l’Empire et la Restauration.

Écrivain pamphlétaire et fondateur de la Société des amis des Noirs, Jacques Pierre Brissot de Warville (1754-1793) est élu à l’Assemblée législative et siège avec les Girondins, dont il devient l’une des figures de proue. Il s’oppose violemment à Robespierre, puis à Marat et Desmoulins à la Convention. Dans une veine tentative de faire fermer le club des Jacobins et de dissoudre la municipalité parisienne, il est guillotiné le 31 octobre 1793 comme chef d’une conspiration contre la République.

Bibliographie :
Inventaire Condorcet – IDC 2383

Provenance :
Drouot Estimations, Autographes. Photographies. Livres anciens et modernes, 2 avril 2003, n°309