ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Poème autographe signé « Paul Eluard » issu de son recueil Capitale de la douleur
S.l.n.d [c. 1925-1926], 1 page in-4 (240 x 240 mm)

« La cruauté se noue et la douceur agile se dénoue »

VENDU
Ajouter à la sélection
Fiche descriptive

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Poème autographe signé « Paul Eluard » issu de son recueil Capitale de la douleur
S.l.n.d [c. 1925-1926], 1 page in-4 (240 x 240 mm)
Contrecollé sur carton fort, sous encadrement Marie-Louise
Deux petites taches transparentes

Superbe poème d’Éluard, issu de l’un de ses plus célèbres recueils : Capitale de la douleur


La cruauté se noue et la douceur agile se dénoue.
L’aimant des ailes prend des visages bien clos, les
flammes de la terre s’évadent par les seins et le
jasmin des mains s’ouvre sur une étoile.

Le ciel tout engourdi, le ciel qui se dévoue n’est
plus sur nous. L’oubli, mieux que le soir, l’efface.
Privée de sang et de reflets, la cadence des tempes
et des colonnes subsiste.

Les lignes de la main, autant de branches
dans le vent tourbillonnant. Rampe des mois
d’hiver, jour pâle d’insomnie, mais aussi,
dans les chambres les plus secrètes de l’ombre,
la guirlande d’un corps autour de sa splendeur.

Paul Eluard


Considéré comme l’un des plus importants recueils poétiques d’Éluard, Capitale de la douleur (de son titre d’origine L’Art d’être malheureux) est publié pour la première fois dans La Révolution surréaliste (15 octobre 1925).
Ce poème est repris dans les Cahiers du sud, n°108, non paginé, en février 1929. Le texte porte le numéro VI dans un ensemble d’études intitulé André Masson. I. Les images d’André Masson.

Les cent treize poèmes de ce recueil pourraient apparenter Capitale de la douleur aux Fleurs du mal, qu’Éluard admire tant (cent poèmes pour l’édition de 1857, cent vingt-six pour l’édition de 1861, telle que voulue par Baudelaire). Cette œuvre interroge le bonheur ; il s’assimile tantôt à la joie de vivre, tantôt à l’amertume et la désillusion, plongeant le lecteur au cœur du monde obscur et énigmatique. Peut-on alors envisager le recueil tel un autre Spleen de Paris, qui mêlerait vers et prose, redéfinissant ainsi de l’idéal poétique moderne ?

D’ailleurs, le titre Capitale de la douleur n’est probablement pas sans faire écho aux deux recueils de Baudelaire. En effet, par un chiasme phonique, on peut mettre en relation Capitale et Mal, douleur et Fleurs. Quant au Spleen de Paris, on peut pointer la correspondance sémantique entre Spleen et douleur, entre Paris et Capitale. Cela montre d’autant plus l’héritage baudelairien dans la poésie éluardienne.

Pléiade : Œuvres complètes, vol. 1 p. 181