GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)
Lettre autographe signée « Edmond de Goncourt » à une dame
Saint Gratien, 21 7bre [septembre] [18]90, 2 p. in-8 sur bifeuillet
« Je ne sais rien, si ce n’est que Mme Strauss qui fait du sport et du turf dans les villes d’eau »
Fiche descriptive
GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)
Lettre autographe signée « Edmond de Goncourt » à une dame
Saint Gratien, 21 7bre [septembre] [18]90, 2 p. in-8 sur bifeuillet
Traces de pliures et mouillures
Goncourt donne des nouvelles de son entourage et de son cercle littéraire
« Chère Madame,
Ah que je suis coupable à votre égard et que je m’en fais des reproches, mais pardonnez-moi j’ai tant travaillé, voulant à peu près préparer deux volumes de mon Journal, pour chercher à passer à d’autres exercices, que je ne me sentais plus après le travail de la copie, le courage d’écrire.
Après mon séjour chez [Alphonse] Daudet, j’ai passé une vingtaine de jours avec ma belle petite cousine que s’est montrée assez gentille avec moi cette année, et je revenais avec le dessein d’aller chez Daudet où devait avoir lieu une fête pour les fiançailles des Lockroy et Hugo, mais ne voilà-t-il pas que tout est à l’eau. Mme [Julia] Daudet est tombée malade, obligée de garder l’immobilité dans son lit et je ne sais plus si la fête aura lieu et si j’irai chez eux.
Dans ce moment je suis à Saint-Gratien où j’ai été malade comme un chien les premiers jours et où si je ne travaillais pas toute la journée, je m’embêterais princièrement.
Et je ne sais rien, si ce n’est que Mme Strauss [sic] qui fait du sport et du turf dans les villes d’eau a [tra]versé Meilhac, que M. John Lemoine vit de la vie heureuse d’un légume dans les environs de Dieppe, que le père [Jules] Zeller a été apuré heureusement de la pierre, et que la chère demoiselle a profité de cela pour escompter ma sensibilité et chercher à lui faire rendre de l’amour.
Et vous chère madame, allez-vous nous revenir, grasse, bien portante, l’esprit couleur de rose.
Votre bien affectionné
Edmond de Goncourt »
Le Journal des Goncourt reste un témoignage intéressant sur la deuxième partie du XIXe siècle. Jusqu’à sa mort en 1870, Jules est le principal auteur du Journal, poursuivi ensuite par Edmond, resté seul. Sous-titré Mémoires de la vie littéraire, il se compose d’un ensemble de notes, généralement brèves, prises au jour le jour.
Ami proche d’Alphonse Daudet (et du cercle naturaliste), les deux écrivains se fréquente très régulièrement toute leur vie durant. C’est d’ailleurs chez Daudet à Draveil qu’il trouve la mort le 16 juillet 1896.
Geneviève Halévy (1849-1926), dite Madame Straus, d’abord mariée au compositeur Georges Bizet puis à l’avocat Emile Straus, est une salonnière française, aussi connue pour avoir été l’un des modèles du personnage de la duchesse de Guermantes dans le roman À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.
John Lemoine (1815-1892) est un publiciste et rédacteur en chef du Journal des débats.
Jules Zeller (1820-1900) est un historien français, élu président de l’Insititut de France en 1886.