HUGO, Victor (1802-1885)

Copeaux autographes pour un poème satirique
S.l.n.d [Guernesey, 1870], deux bandes in-4° déchirées (fragments)

« Brunet jadis était un pître. Il rayonnait / Au-dessus des humains à force de bêtise »

EUR 1.400,-
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Fiche descriptive

HUGO, Victor (1802-1885)

Copeaux autographes au dos d’un bulletin d’adhésion à une société progressiste anglaise « The Social progress association » (Association pour le progrès social)
S.l.n.d [Guernesey, 1870], deux bandes in-4° déchirées (fragments)
Petits trous de corrosion d’encre

Environ 25 vers jetés sur 2 bandes de papier (10 x 21,5 et 10 x 33 cm)

Précieux brouillon pour le poème satirique Un Président, rédigé pendant les derniers mois de l’exil


« Est-ce ma faute à moi s’il s’appelle Brunet ?
Jadis…
On a un président et un Brunet ad hoc »

C’est au début de 1870, dernière année de son exil, que Victor Hugo rédigea ce poème violement satirique destiné à ridiculiser le Président Brunet, de la 6e chambre qui avait condamné son fils Charles pour délit de presse. Ce président avait un homonyme, au théâtre, spécialisé dans les rôles de Jocrisse. Le poème, féroce, joue de cette confusion. Il commence par la phrase : « Est-ce ma faute à moi s’il s’appelait brunet », la première figurant dans la partie supérieure gauche de ce copeau est la seule conservée dans la forme originale.
Puis, suivent deux parties : la première, faite d’allusions aux rôles du comédien Brunet :

« Brunet jadis était un pître. Il rayonnait
Au-dessus des humains à force de bêtise. »

La seconde, supposant une métamorphose du comédien en juge, en décrit le métier sur le même mode ironique :

« Maintenant il attend les soufflets de l’histoire.
Son tréteau paraît noble auprès de son prétoire »

Victor Hugo a tourné autour de ces vers assassins, cherchant des formules imagées, dont il a porté les premières ébauches sur un bulletin d’adhésion à une société anglaise pour le progrès social. Par exemple, au recto de ce bulletin, on retrouve un vers original, non conservé dans sa forme et ponctué d’un point d’interrogation :

« Un éblouissement sortait de sa bêtise/ ? »
En bas de l’autre copeau on déchiffre aussi le vers « On a un président et un Brunet ad hoc » qui survivra sous la forme « on est Brunet : on rend des sentences ad hoc »

Enfin, le support, c’est-à-dire le bulletin de l’association présente un intérêt. Il servait au recrutement de militants, visiblement des « plumes », pour défendre le progrès social. Un des articles précise (en anglais) :

« Admission de la société – Tous ceux qui reçoivent ce prospectus, sans distinction de sexe, et n’importe où dans le monde, qu’ils soient déjà puissants dans le monde des lettres, ou simplement armés d’une aspiration isolée peuvent être élus membres et sont invités à faire part de leur candidature au secrétaire… » On peut imaginer que Hugo a reçu ce genre de prospectus pendant son séjour à Guernesey.

Références :
Victor Hugo – Poésie IV – éd. Robert Laffont, p. 738