HUGO, Victor (1802-1885)

Brouillon autographe d’un fragment de poème
S.l.n.d. [Guernesey, c. 1854], 1 p. in-12° sur papier pelure bleu

« Ils ouvrent cette nuit que nul rayon ne perce / Ils y font brusquement tomber à la renverse / Les pâles cadavres béants ! »

EUR 4.900,-
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Fiche descriptive

HUGO, Victor (1802-1885)

Brouillon autographe d’un fragment de poème
S.l.n.d. [Guernesey, c. 1854], 1 p. in-12° sur papier pelure bleu
Marges gauche et inférieure effrangée

Précieux copeau autographe de premier jet contenant trois strophes du poème Tout le passé et tout l‘avenir, paru dans La Légende des siècles


[Nous transcrivons le fragment du poème tel qu’il paraît en 1877]

« Ils bravent l’océan plein de magnificence
Où flottent le mystère et la toute-puissance ;
Ils souillent le gouffre irrité ;
Sans prendre garde au vent qui s’épuise en huées,
Ils lèvent leur bannière au milieu des nuées,
Ces drapeaux de l’immensité !

Ils ont pour dieux la force et la ruse aux yeux louches ;
Ils font chanter des chants aux trompettes farouches
Dont nous, esprits, nous frissonnons,
Et rouler, balafrant la nature sacrée,
Sur les champs, sur les blés, sur les fleurs que Dieu crée
La roue horrible des canons.

Les générations meurent pour leur caprice.
Ils disent au tombeau : Prends l’homme et qu’il périsse !
Ô nains, pires que les géants !
Ils ouvrent cette nuit que nul rayon ne perce ;
Ils y font brusquement tomber à la renverse
Les pâles cadavres béants ! »


Écrits par intermittence entre 1855 et 1876, les poèmes de La Légende des siècles sont publiés en trois volumes au cours des années 1859, en 1877 et en 1883. Hugo contemple le mur des siècles, vague et terrible, sur lequel se dessinent et se mêlent toutes les scènes du passé, du présent et du futur, et où défile la longue procession de l’humanité. Porté par un talent poétique estimé comme sans égal où se résume tout l’art de Hugo, ce recueil, la « seule épopée moderne possible » pour Baudelaire, est un sommet de la poésie française.

Notre copeau présente d’importantes variantes avec le poème paru en 1877 dans la Nouvelle série de La Légende des siècles, il comporte 106 strophes dans sa version définitive.

Bibliographie :
La Légende des siècles, Nouvelle série, Paris, 1877, tome II, pp. 175-215
Œuvres complètes, Poésie III, éd. Robert Laffont, p. 466

Provenance :
– Vente Piasa, Paris, 21 novembre 2006, n° 188