MESRINE, Jacques (1936-1979)

Lettre autographe signée « Ton pirate » à sa maîtresse Jeanne Schneider
Prison de Fresnes, « QHS », 2 mars 1977, 2 pp. in-4°

« Quel merdier a déclenché mon bouquin. Ce soir sur RTL j’ai eu droit au cinéma ; de plus Badinter s’est ouvert la gueule »

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Fiche descriptive

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Lettre autographe signée « Ton pirate » à sa maîtresse Jeanne Schneider
Prison de Fresnes, « QHS » [Quartiers haute sécurité], 2 mars 1977, 2 pp. in-4°

Longue lettre à sa maîtresse, écrite la veille de la parution de son célèbre ouvrage autobiographique : L’instinct de mort


« Bonsoir mon ange. Quel merdier a déclenché mon bouquin. Ce soir sur RTL j’ai eu droit au cinéma ; de plus [Robert] Badinter s’est ouvert la gueule… Il trouve cela scandaleux qu’un éditeur ait accepté de me publier… il aurait peut-être mieux valu laisser la plume à Patrick Henry. Enfin, libre à eux de me faire de la pub ! J’ai l’impression que mes lettres d’avocat sont retardées, car il n’est pas normal qu’un “Expres[s]” soit plus long à arriver qu’une lettre normale. Si la censure joue à ce petit jeu… elle risque des emmerdements très sérieux. Car je sais faire respecter mes droits de défense […] Je t’ai trouvée “mignone” aujourd’hui… notre petite douche froide nous a fait du bien… Oui j’avais regardé tes yeux et constaté ! C’est de cette façon que je désire te voir. Tu sais que je rigole, car même si mon bouquin est interdit en France… il ne pourra pas l’être au Canada et aux U.S.A. de plus, c’est le film qui est rentable pour moi… surtout s’il se fait aux USA […] Au fait Aiche [Me Geneviève Aïche, avocate de Mesrine] a téléphoné à la Chancellerie… elle te donnera la réponse négative du directeur de l’administration pénitentiaire. Il va avoir la surprise de sa vie dans Libé ! Ce refus à tout dialogue me fait sourire… […] Oui ma puce je suis un “sale con” avec mon maudit caractère… mais j’ai aussi mon bon côté… enfin… j’espère !!! […]
Autrement rien de spécial ici. Comme je n’ai aucun programme, tout est plus simple […] Voilà mon ange… ton vieux voyou va se coucher après le match de foot […] El viejo pose sur tes lèvres de doux bécots d’amour. Je t’aime ça j’en suis certain. Bonne nuit chaton… Ton pirate »


Comprenant qu’il se passera probablement des années avant qu’une nouvelle occasion d’évasion se présente à lui, Mesrine décide d’écrire son autobiographie, L’instinct de mort, qui paraît le 3 mars 1977 chez J-C Lattès. Il le rédige dans les Quartiers de haute sécurité de la Santé et Fleury-Mérogis. Le 19 mai suivant, Mesrine est condamné à 20 ans de prison pour vols à main armée, recel et port d’armes par la cour d’assises de Paris présidée par le juge Petit.

Jacques Mesrine rencontre Jeanne Schneider en 1968. Elle est une call-girl, dont les souteneurs ont été abattus par Mesrine, selon ses dires. Après plusieurs larcins commis en Europe, ils fuient au Québec et poursuivent leurs activités criminelles. Ils passent plusieurs années en prison, et ce malgré l’acquittement du couple suite au meurtre d’Évelyne Le Bouthilier (patronne d’un motel à Percé où le couple Mesrine-Schneider avait résidé le soir de l’assassinat).
Rentrée en France pour purger sa peine à Fleury-Mérogis au début de 1973, Jeanne apprend que Mesrine vient d’être arrêté à Boulogne-Billancourt et condamné à 20 ans de prison. Les deux amants entretiennent dès lors une correspondance amoureuse. Fatiguée de cette vie de gangster, Jeanne Schneider fini par se ranger et rompre alors que lui est toujours en prison. Mesrine ne s’arrête pas, condamne avec acharnement ses conditions de détentions et s’évade. Il tombe sous les balles de la BRI après 16 mois de cavale, le 2 novembre 1979, à l’âge de 42 ans.

Provenance :
Succession Jeanne Schneider