MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Lettre autographe signée « Eugénie » à Marie-Thérèse Bartholoni
Camden Place, Chislehurst, 10 10bre [octobre 1873], 4 p. in-8°, papier de deuil

« Quand on veut une part de popularité malsaine, on ne sait ni absoudre ni condamner »

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Fiche descriptive

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Lettre autographe signée « Eugénie » à Marie-Thérèse Bartholoni
Camden Place, Chislehurst, 10 10bre [octobre 1873], 4 p. in-8°, papier de deuil
Enveloppe autographe (de la main de l’impératrice) complète avec ses timbres et oblitérée
Légère mouillure sur la quatrième page

L’impératrice s’émeut du procès en cours du maréchal Bazaine, fidèle de l’Empire mais néanmoins l’un des principaux responsables de sa chute lors de la guerre franco-prussienne de 1870


« Vous comprendrez, ma chère Madame Bartholoni, les émotions qui m’ont empêché de répondre plus tôt à votre lettre pour le 15 novembre !
Nous avons suivi ce procès inutile et impolitique avec le plus vif intérêt.
Monsieur le Duc d’Aumale a recherché un singulier piédestal.
Le dévouement surtout ne se comprend pas au point de vue de l’armée, mais quand on veut une part de popularité malsaine, on ne sait ni absoudre ni condamner.

De tristes jours commencent pour vous ; chaque heure pour ainsi dire réveille un souvenir, mais je ne veux pas vous attrister en vous parlant d’une époque que vous avez aussi dû vous retracer !
Je vous remercie de vos vœux pour l’année qui va commencer, ainsi que de votre lettre pour le 15 et de celle de Marie.
Nos souvenirs à M. Bartholoni et aux enfants et croyez à tous mes sentiments affectueux.
Eugénie »


Le 6 octobre 1873, Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), préside au Grand Trianon de Versailles le conseil de guerre qui juge le maréchal Bazaine (1811-1888), commandant en chef des armées pendant la guerre franco-prussienne de Ce dernier tentera d’expliquer sa capitulation à Metz du 27 octobre 1870 (ayant contribué à la défaite sans appel de la France), en vain.
Sur les instances du duc d’Aumale qui vient de le condamner à mort, le Président de la République Mac Mahon (1808-1893) commue sa peine en vingt ans de détention et supprime la dégradation qui était prévue.

Filleule de Chateaubriand et dame d’honneur aux Tuileries de la princesse Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) fut, par sa beauté, l’un des ornements de la Cour du Second Empire. Née Marie-Thérèse Frisell (1833-1910), elle fut l’épouse d’Anatole Bartholoni (1822-1902), qui fut député au Corps législatif de 1860 à 1869.
Madame Bartholoni tint un brillant salon, qui inspira Marcel Proust. L’écrivain le fréquenta activement dans les années 1897-1899, et fut également l’hôte du château de Coudrée, que les Bartholoni possédaient sur les bords du Lac Léman, entre Thonon et Genève. La conversation spirituelle de l’ancienne « belle de l’Empire » paraît l’avoir fortement inspiré.
Marcel Proust courtisa, un temps, une des trois filles de Madame Bartholoni, Louise dite « Kiki » (1857-1933), filleule de l’impératrice Eugénie.