PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Lettre autographe signée « N » à Jeanne de Pierres
Florence, 23 février 1876[77], 1 p. in-8 sur bifeuillet, enveloppe autographe jointe

« Je vous prie de vous souvenir qu’il est un homme qui vous a sincèrement aimé et qui serait fier de payer de son sang le prix de votre honneur »

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Fiche descriptive

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Lettre autographe signée « N » à Jeanne de Pierres
Florence, 23 février 1876[77], 1 p. in-8 sur bifeuillet, enveloppe autographe jointe
Traces de pliures, annotations d’une autre main en marge supérieure droite et au deuxième feuillet

Remarquable lettre du prince impérial, proposant de rétablir l’honneur de Jeanne de Pierre suite à une calomnie


« Mademoiselle,
Un affreux malheur vient de vous frapper et la rumeur du triste drame dont je veux croire que vous avez été la victime est parvenu jusqu’à nous.
Il y a quelques jours je vous croyais enfin heureuse, je m’associais du fond du cœur au bonheur qui semblait vous promettre l’avenir mais par discrétion je gardais le silence.
Aujourd’hui vous êtes accablée sous le poids d’une calomnie injurieuse et je viens à vous faire de nouveau l’hommage d’un dévouement qui peut être utile
Vous êtes hélas presque seule au monde maintenant mademoiselle, mais je vous prie de vous souvenir qu’il est un homme qui vous a sincèrement aimé et qui serait fier de payer de son sang le prix de votre honneur
N.
J’espère que vous me reconnaitrez sous l’acronyme et que vous me ferez un mot de réponse
M. Louis… poste restante Florence »


Le scandale bruxellois
Lors d’un séjour à Bruxelles chez la baronne Edmond Van der Linden d’Hooghvorst, née Marie-Louise de Bassano (elle-même fille d’une dame d’honneur de l’impératrice), Jeanne de Pierres fait la connaissance du comte Ferdinand d’Oultremont, aristocrate belge avec lequel elle se fiance en janvier 1877. Informée par la jeune fille, l’impératrice se réjouit de cette nouvelle dans la lettre pleine de sentiments qu’elle lui adresse le 19 janvier.
Cependant, lors du bal donné en février 1877 par le baron d’Hooghvorst à l’occasion de la signature du contrat de mariage, le fiancé croit déceler entre sa promise et le baron une familiarité qui éveille sa jalousie. Un journal raconte la suite : « Pour en avoir le cœur net, vers la fin du bal, il se cacha derrière une portière et attendit. Un peu après le départ des invités, il vit rentrer dans le salon vide sa future. Elle fut bientôt suivie du maître de la maison. La conversation fut telle que le jeune homme ne put plus conserver aucun doute. Emporté par la colère et l’indignation, il sortit de la retraite et tomba à coups de poings sur le séducteur. Il y eut une lutte violente, où les meubles furent renversés, les vases brisés à grand fracas. » Les fiançailles sont aussitôt rompues et le scandale, rendu public par la presse, compromet sérieusement l’honneur de Jeanne de Pierres.

La famille impériale est très proche de la famille de Pierres, et tout particulièrement de Jane Thorne (dame du palais de l’impératrice) et de sa fille Jeanne de Pierres.
Suite à la mort soudaine de Jane Thorne en 1873, l’impératrice Eugénie et son fils, le prince impérial, se nouent d’une grande affection pour sa fille, Jeanne, soucieux de son bien-être et de sa situation matrimoniale. Il semblerait ici que Jeanne soit calomniée par sa future belle famille et que son mariage soit annulé. Elle finit cependant par se marier en 1891 avec Charles Olivier Jules Bellivier de Prin.

Le prince, d’après le cachet postal, s’est trompé de date : 23 fév. 1877 au lieu de 1876