PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Lettre autographe signée « Louis Napoléon » à son ami Pierre de Bourgoing
Camden place, 23 octobre 1870, 2 p. in-8° sur bifeuillet

« L’Angleterre aura beau faire elle ne vaudra jamais la France ! »

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Fiche descriptive

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Lettre autographe signée « Louis Napoléon » à son ami Pierre de Bourgoing
Camden place, 23 octobre 1870, 2 p. in-8° sur bifeuillet
Deux ratures de la main du Prince Impérial, trace d’onglet sur la quatrième page

Rare missive du Prince Impérial, alors âgé de 14 ans, aux tout premiers jours de l’exil, moins de deux mois après la défaite de Sedan


« Mon cher Bourgoing,
Je n’ai pas besoin de vous dire combien j’ai été touché de votre bonne lettre, cette nouvelle marque d’affection, ainsi que de cette bonne amitié que vous m’avez montrée dans les bons et dans les mauvais jours ; je vous la rends vous le savez, de tout mon cœur.
Nous sommes établis dans une assez jolie maison de campagne aux environs de Londres, à Chislehurst, dont vous ignorez à coup sûr le nom(1) ; Conneau(2) est arrivé hier au soir, il est plus grand que jamais ; je ne savais pas jusqu’ici que l’exil faisait allonger les jambes, mais à présent j’en ai la conviction et la preuve.
Je passe ma journée à travailler, à faire de lo[ngues] grandes promenades à pied ou à cheval(3).
J’ai été voir la Tour de Londres qui est très curieuse à visiter(4), la ville elle-même est assez belle, mais malgré tout l’Angleterre aura beau faire elle ne vaudra jamais la France !
Adieu mon cher Bourgoing Pierre, assurez de mes sentiments d’affection M. et Mme de Bourgoing. Que de choses nous aurons à nous dire quand nous nous reverrons(5) ! Je vous embrasse, votre affectionné ami.

Louis-Napoléon »


[1] Le 24 septembre 1870, l’Impératrice et le Prince impérial s’installèrent dans une maison située à Chislehurst, dans le comté de Kent, et appelée Camden Place, du nom du célèbre antiquaire, lord Camden, qui y avait demeuré au début du XVIIe siècle. « Le Prince y entrait un enfant pâle et mélancolique ; il en sortirait, huit ans plus tard, un fier et hardi jeune homme, rayonnant d’intelligence, débordant d’énergie, heureux de vivre, ivre d’action » (Augustin Filon).

[2] Louis Conneau (1856-1930), – fils du sénateur et médecin de Napoléon III, Henri Conneau -, fit partie de la petite pléiade de camarades, parmi lesquels le jeune Louis Napoléon choisit ses amitiés définitives. Après la chute de l’Empire, il suivit le Prince impérial en exil. Il devait occuper à Camden Place la chambre située au-dessus de celle du fils de l’Empereur déchu.

[3] M. Jean-Claude Lachnitt décrit, dans sa biographie du Prince impérial, le programme d’une journée : « Lever à six heures, petit déjeuner à l’anglaise, puis travail toute la matinée jusqu’à onze heures. Après le déjeuner, exercices physiques, le plus souvent promenade à cheval ou jeux de plein air ».

[4] Le Prince visita la Tour de Londres en compagnie d’Augustin Filon, de la duchesse de Mouchy et de la princesse Pauline de Metternich, toutes deux amies proches de l’Impératrice.

[5] Louis ne revit Pierre de Bourgoing qu’en décembre 1871.

Après la capitulation de Sedan, le Prince Impérial fut conduit le 4 septembre à Maubeuge, le jour même où l’impératrice Eugénie quittait les Tuileries dans des conditions tragiques.
Le 6 septembre, le jeune Louis-Napoléon arriva sur le sol anglais, à Hastings ; il y fut rejoint par sa mère, le 8 septembre, et par son répétiteur, Augustin Filon, le lendemain.
Il fut très vite décidé de chercher une demeure autre que le Marine Hotel, résidence de “fortune”, où les circonstances les avaient conduits. Le choix se porta sur une vieille bâtisse aux briques rouges, d’un charme certain, dont le village – suprême consolation – abritait une église catholique : Camden Place, à Chislehurst.

Provenance :
Collection de l’abbé Eugène Misset
Puis collection de S.A.I. le Prince Victor Napoléon (n° d’inventaire 6300)
Puis collection Denis Serena
Puis collection particulière

Bibliographie :
Le Prince Impérial Napoléon IV, Correspondance inédite, intime et politique, t. 1, éd. E. Pradelles, Mémoire et documents, 2013, p. 28, n°7