PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel Proust » à Robert de Montesquiou
[Paris], « 9 Bd Malesherbes » [27 mai 1895], 1 p. in-12° sur petit bleu

« On entendra demain quelques-uns de mes plus mauvais vers »

VENDU
Ajouter à la sélection
Fiche descriptive

PROUST, Marcel (1871-1922)

Lettre autographe signée « Marcel Proust » à Robert de Montesquiou
[Paris], « 9 Bd Malesherbes » [27 mai 1895], 1 p. in-12° sur petit bleu (télégramme)
Adresse autographe au verso :
« [M]onsieur le Comte / Robert de Montesquiou-Fezensac / 11bis avenue Kléber [Paris] » (l’adresse est celle de Madame de Brantes)
Timbre humide monogrammé « RM » [Robert de Montesquiou] au coin supérieur gauche

Proust convie Robert de Montesquiou à la première audition de ses Portraits de peintres chez Madeleine Lemaire, mis en musique par Risler


« Cher Monsieur,
Pour préciser du thème qui fut leur occasion, de très belles variations de Hahn, on entendra demain quelques-uns de mes plus mauvais vers dans ce même atelier où on entendit de si beaux, et où de bien beaux encore, Madame Lemaire l’espère et le fait espérer, viendront encore émouvoir vos admirateurs ! Si parmi toutes les belles musiques qu’il y aura demain, vous pouviez prendre quelque plaisir à constater dans les vers des jeunes gens non seulement l’admiration mais l’imitation des vôtres, si vous pouviez vous plaire à écouter certains ciels “plus tristes d’être bleus”
[extrait du 2e vers de son poème sur Potter] comme un écho fidèle et affaibli d’augustes mains “plus belles d’être nues”, je vous demanderais de venir de bonne heure, car Risler, qui vient exprès de Chartres pour jouer ces portraits de peintres, doit retourner le soir même au régiment et à 11 heures il sera obligé de nous quitter.
Votre respectueux et affectueux.
Marcel Proust »


Le compte-rendu de cette soirée, qui fit grand bruit, est amplement rapporté par une publication dans Le Gaulois du mercredi 29 mai 1895 (rubrique Dans le monde, p.2) : « Hier, chez Mme Madeleine Lemaire, après un dîner, réception très sélect : des personnalités du monde artistique, élégant et aristocratique. Soirée musicale des plus brillantes, consacrée aux œuvres du distingué compositeur Reynaldo Hahn. / On a entendu et applaudi Mmes Eames-Story, Gabrielle Krauss ; MM. Fugère, Edmond Clément et Risler, qui surtout ont admirablement fait valoir les belles œuvres que M. Hahn a composées sur des poésies finement ciselées par M. Marcel Proust. Chacun des Portraits de peintres était un petit bijou […] / Dans l’assistance : Princesse Edmond de Polignac, marquise d’Hervey Saint-Denys, marquise d’Eyragues, née de Montesquiou-Fezensac […], compte Robert de Montesquiou, M. Heredia et ses filles, comte Primoli, M. Anatole France […] »

Proust fait publier ses Portraits de peintres (Albert Cuyp, Paulus Potter, Antoine Watteau et Antoine Van Dyck) d’abord en plaquette chez Heugel et Cie en 1894 avant de les joindre deux ans plus tard à son recueil Les Plaisir et les jours où sont regroupés ses nouvelles et l’ensemble de ses poèmes en vers et en prose.  À l’inverse de ses Portraits de peintres, ses Portraits de musiciens n’ont pas été mis en musique lors des récitals.

Provenance :
Robert de Montesquiou
Robert Proust (qui racheta l’ensemble des lettres de son frères après la mort de Montesquiou)
Succession Suzy-Mante Proust

Bibliographie :
Correspondance, t. I, Kolb, Plon, n°244