RIMBAUD, Arthur (1854-1891)

Manuscrit autographe signé deux fois « Rimbaud », destiné à Armand Savouré
Harar, 30 mars 1890, 1/2 p. in-4° à l’encre, Filigrane “R Turner Chafford Mills”

Reçu inédit de Harar destiné à Armand Savouré, le dernier avant que Rimbaud ne cesse toute activité avec celui-ci

EUR 45.000,-
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Fiche descriptive

RIMBAUD, Arthur (1854-1891)

Manuscrit autographe signé deux fois « Rimbaud », destiné à Armand Savouré
Harar, 30 mars 1890, 1/2 p. in-4° à l’encre, Filigrane “R Turner Chafford Mills”
Pliures, petites taches, petite déchirure réparée en marge inférieure droite, sans atteinte au texte

Reçu de Harar destiné à Armand Savouré, le dernier avant que Rimbaud ne cesse toute activité avec celui-ci
L’un des deux derniers reçus signés deux fois encore en mains privées


« Extrait de compte n°7,
Monsieur Savouré

Je vous dois : report de compte n°6 th 5 325. –
Reçu au cpte des cartouches : 23 janvier en piastres th 500.
10 février en piastres th 600.
11 février 443.13 café th 2 661.16.
Emballage 50 th 42.5.
Total thalaris 9 129.4.

Vous me devez :
1er février 90 ½ courrier Aden th 3.
22 février 50 th 3.
30 mars 50 th 3
2% commissions sur th 380 h th 76.4.
Réductions… sur 444… café th 211.
Total th 296.4.
Balance à V/crédit fin mars th 8 833.
Bal 9 129.4.
Harar 30 mars 90
Rimbaud.

Donné ordre à Mr. Vian à Aden de payer ladite somme de 8 833 à Mr. Savouré personnellement. Courrier n° 89 et suivant. 28 mars 1890.
Rimbaud
»


On connaît vingt-deux reçus autographes de Rimbaud datant de son dernier séjour au Harar (1888-1981), dont la moitié se trouve dans des collections publiques (neuf à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, deux à Charleville). Ce reçu, demeuré inédit, est l’un des plus longs existants (soixante-quinze mots), et l’un des rares à être signé à deux reprises.

L’extrait de comptes n°7 fait suite à six autres, numérotés de la même manière, qui ont été publiés. Il est vraisemblablement le dernier de la série. Rimbaud écrit une lettre assassine à Savouré moins d’un mois plus tard : « Je n’avais nullement besoin de vos ignobles cafés, acheté au prix de tant d’ennuis avec les Abyssins […] ».

La dernière grande aventure rimbaldienne : le désert et les armes

Avant de rejoindre l’Afrique en 1878, Rimbaud arpente l’Europe : Londres, Bruxelles, Stuttgart, Naples, Milan, Liverpool, Vienne, Rotterdam, Stockholm… Il envisage de travailler à Alexandrie, mais finit par devenir contremaître à Chypre. Par la suite, il enchaîne les petites tâches comme surveillant du tri de café, ou acheteur de café à Harar.
Parallèlement, en Afrique, il porte un œil attentif à l’exploitation du musc, de l’ivoire et du caoutchouc. Puis, comme nous le savons bien, il se lance dans le trafic d’armes, à Tadjourah (actuel Djibouti), en octobre 1885. Il continue en prenant la tête d’une importante caravane jusqu’à Ankober, traversant les déserts, les terres volcaniques, pour proposer sa marchandise à Ménélik II (1844-1913), alors roi du centre de l’Éthiopie, bientôt celui du Harar. Les faveurs du souverain abyssinien sont sollicitées par les Européens : après l’ouverture du canal de Suez, nombreux sont ceux à vouloir établir un port sur la mer Rouge.
Chrétien et souhaitant des armes pour étendre son pouvoir, Ménélik est tout à fait disposé à négocier à ce sujet. Il accueille donc avec plaisir tant les cadeaux de diplomates que les offres de négociants, dont Rimbaud fait partie. Ce dernier effectue son troisième et dernier voyage au Harar de mai 1888 à avril 1891.

Document inédit