SAGAN, Françoise (1935-2004)

Lettre autographe signée « Françoise Sagan » à « Henri »
Paris, 167 blvd Malesherbes [c. années 1950], 3 pp. in-4°

« Je serai ravie d’échouer avec vous »

EUR 2.900,-
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Fiche descriptive

SAGAN, Françoise (1935-2004)

Lettre autographe signée « Françoise Sagan » à « Henri »
Paris, 167 blvd Malesherbes [c. années 1950], 3 pp. in-4° à l’encre noire sur papier vergé gris
Sous chemise brune d’époque titrée « Françoise Sagan » d’une autre main

Spirituelle lettre de jeunesse, caractéristique de l’esprit de Françoise Sagan


« Supposant à priori que vous allez m’appeler Françoise, je vous appelle donc Henri.
Je trouve que vous avez eu une bonne idée, ce genre d’accostage (?) me flatte et me plaît beaucoup. De là à vous promettre des lettres intelligentes, j’hésite, mais un peu gaies, sûrement. Et cela aussi devient rare.
Je trouve ça très drôle parce que je ne vous ai vu qu’une fois et qu’au fond je n’ai rien à vous dire. Nous n’allons pas parler littérature ni des autres – en tout cas pas des autres ? Mais ces projets, voués semble-t-il à l’échec, sont les seuls intéressants au fond, et je serai ravie d’échouer avec vous de toute manière.
J’espère que vous me prouverez par votre prochaine lettre qu’il n’y a aucune raison d’échouer et que cette correspondance va être très amusante et je vous adresse toutes mes amitiés.
Françoise Sagan »


Dans cette étonnante lettre, l’écrivain semble répondre à la proposition de son interlocuteur de publier une correspondance commune. Ce type de projet, selon elle « voué à l’échec », est justement ce qui semble susciter son enthousiasme. Elle parait toutefois espérer qu’il lui prouvera que son pessimisme reste infondé et que l’expérience se révélera amusante. Sagan souligne aimer ce genre « d’accostage », terme familier en vogue dans les années d’après-guerre pour désigner le fait, pour un homme, de faire connaissance d’une femme.
L’adresse du 167 boulevard Malesherbes est celle des parents de Françoise Sagan, chez qui elle habite lorsqu’elle écrit Bonjour tristesse, alors qu’elle n’est âgée que de 19 ans. Enrichie très vite par le succès de ce premier roman puis par celui du second, Un Certain sourire, elle quitte vite le domicile familial pour mener une vie festive sous le regard fasciné de la presse et des jeunes générations.