SAND, George (1804-1876)

Lettre autographe signée « GS » à Eugène Delacroix
[Paris, 14 mars 1840], 1 p. in-8, adresse et cachet de cire au verso

« A toi de cœur »

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Fiche descriptive

SAND, George (1804-1876)

Lettre autographe signée « GS » à Eugène Delacroix
Samedi soir, [Paris, 14 mars 1840], 1 p. in-8 à son en-têtre gaufré, adresse et cachet (du 15 mars)
Petit manque (bris de cachet) sans atteinte au texte

Tendre invitation de George Sand à Eugène Delacroix


« Cher, voulez-vous venir nous voir mardi soir ? Peut-être aurai-je des gens aimables . Je n’ose plus vous promettre tel ou tel de peur d’être forcée de vous dire ensuite : nous n’avons ni Lambert ni Molière. Mais si vous ne trouvez que des figures qui vous ennuyent, vous filerez en douceur. A toi de cœur
GS »


George Sand cite ici Boileau, Satire III :
« Nous n’avons, m’a-t-il dit, ni Lambert ni Molière… »
Le fat qui invite le narrateur à un dîner ridicule lui a promis la présence de Molière avec Tartufe et de Lambert. Ce Michel Lambert (1610-1696) est un chanteur en vogue du XVIIe siècle, fort recherché comme professeur par de grandes figures. Il a su monnayer ses talents, au point qu’il a pu donner sa fille une dot de 200 000 livres pour son mariage avec Lully.

Le tutoiement de Sand en fin de lettre ne manque pas de surprendre. Selon Georges Lubin, c’est la seule fois qu’on le trouve dans une lettre à ce destinataire.

On connaît cependant la réponse d’Eugène Delacroix (publiée dans la Correspondance Générale, t. II, p. 49) du 17 mars :
« Chère bonne, je ne pourrai aller vous voir ce soir : c’est le dernier jour de mes Italiens et les Puritains [les Puritains d’Écosse, opéra de Bellini]. Mais j’en suis bien privé. Est-ce que vous pensez que je vais chez vous pour ce tel ou tel que vous me promettez ? Des grands hommes ! il en plut – et même est-ce pour votre génie que je vais faire société avec vous ? Vous n’y comptez pas. C’est vous, vos yeux, votre chère petite personne que j’aime… »

Eugène Delacroix réside, comme l’indique l’adresse notée par Sand sur la dernière page, au 17, rue des Marais Saint-Germain à Paris de 1836 à 1844 (aujourd’hui rue Visconti). C’est dans cet atelier qu’il peint le célèbre portrait représentant la romancière et Frédéric Chopin.

George Sand, alors en couple avec Frédéric Chopin, réside à Paris au 16, rue Pigalle, à Paris.

Ref. Lettre mentionnée dans le Tome IV de Correspondance (éd. George Lubin) et reproduite dans le tome XXV
Provenance : Vente Bibliothèque Max. Ph. Delattre, du 14-15 novembre 1989, n°458