SAND, George (1804-1876)

Lettre autographe signée « GSand » à Gustave Flaubert
Paris, vendredi [31 août 1866], 3 pages sur bifeuillet in-8 à ses initiales gaufrées

« J’ai trouvé Paris tout petit hier, en traversant les ponts »

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Fiche descriptive

SAND, George (1804-1876)

Lettre autographe signée « GSand » à Gustave Flaubert
Paris, vendredi [31 août 1866 ajouté d’une autre main]
3 pages sur bifeuillet in-8 à ses initiales gaufrées, à l’encre noire.
Habile réparation de deux petites déchirures sur deuxième feuillet, sans atteinte au texte

Emouvante lettre de George Sand à Gustave Flaubert, écrite le lendemain de sa première visite à Croisset


« Embrassez d’abord pour moi votre bonne mère et votre charmante nièce. Je suis vraiment touchée du bon accueil que j’ai reçu dans votre milieu de chanoine ou un animal errant de mon espèce est une anomalie qu’on pourrait trouver gênante. Au lieu de ça on m’a reçue comme si j’étais de la famille et j’ai vu que ce grand savoir vivre venait du coeur. Ne m’oubliez pas auprès des très aimables amies. J’ai été vraiment très heureuse chez vous. 
Et puis toi, tu es un brave et bon garçon, tout grand homme que tu es et je t’aime de tout mon cœur. J’ai la tête pleine de Rouen, de monuments, de maisons briques. Tout cela vu avec vous me frappe doublement. Mais votre maison, votre jardin, votre citadelle, c’est comme un rêve et il me semble que j’y suis encore. 
J’ai trouvé Paris tout petit hier, en traversant les ponts. J’ai envie de repartir. Je ne vous ai pas vus assez, vous et votre cadre. Mails il faut courir aux enfants qui appellent et montrent les dents. Je vous embrasse et je vous bénis tous. 
G. Sand. Paris Vendredi.

En rentrant chez moi hier j’ai trouvé Couture a qui j’ai dit de votre part que mon portrait de lui était selon vous le meilleur qu’on eut fait. Il n’a pas été peu flatté. Je vais chercher une très bonne épreuve pour vous l’envoyer. 
J’ai oublié de prendre trois feuilles du tulipier, il faut me les envoyer dans une lettre, c’est pour quelque chose de cabalistique ». 


De retour d’un séjour chez Alexandre Dumas fils en Normandie (à Saint-Valéry-en-Caux), George Sand arrive chez Flaubert le 28 août. Elle y reste deux jours avant de regagner Paris. Durant les quinze années d’amitié, Sand et Flaubert s’écrivent plus qu’ils ne se voient. Leur relation épistolaire est unanimement considérée comme l’une des plus belles du XIXe siècle. Sand se rend trois fois seulement à Croisset. Flaubert, quant à lui, ne séjourne que deux fois à Nohant.
Lors de ce premier séjour à Croisset, George Sand ne cache pas son ravissement, ce que l’on peut voir dans la lettre du 29 août 1866 à sa fille : « Je me laisse (…) entrainer à rester chez Flaubert. Il a une habitation charmante au bord de l’eau, une vieille maison bien réparée, confortable avec un ancien jardin de moines remis à neuf, à mi-côté dans les arbres et les murs, c’est délicieux (…) Ce pays est superbe. J’ai vu hier tous les monuments intéressants de Rouen, et puis les cloîtres, des charniers, des rues impossibles, tout un moyen-âge encore debout… ».

Nous joignons une reproduction du célèbre portrait de George Sand dessinée par Thomas Couture.

 

Lubin, tome XX, n° 12815