TOULOUSE-LAUTREC (de), Henri (1864-1901)

Lettre autographe signée « Your boy H » à sa mère Adèle Zoë Tapié de Céleyran
[Villiers-sur-Morin, automne 1886], 4 p. in-12

« Je voltige d’échelle en échelle »

EUR 4.800,-
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Fiche descriptive

TOULOUSE-LAUTREC (de), Henri (1864-1901)

Lettre autographe signée « Your boy H » à sa mère Adèle Zoë Tapié de Céleyran
[Villiers-sur-Morin, automne 1886], 4 p. in-12

Superbe lettre immersive dans l’art de Toulouse-Lautrec, alors en pleine décoration de l’auberge de Villiers-sur-Morin
Le peintre dévoile le projet qu’il a mis en place pour aller embrasser Louis Anquetin et Claude Monet en Normandie puis développe sur un ton poétique ses désillusions et consolations artistiques


« Ma chère Maman
Je suis dans la béatitude d’un pays frais. Après cinq jours de farniente je me suis enchargé dans une decoration de l’auberge de Villiers sur Morin. Au grand plaisir du patron de l’établissement qui me paie a boire toute la journée. Je voltige d’échelle en échelle.. et suis très content. Je vous remercie au nom de Grenier de votre hospitalité charmante. Nous viendrons vers le 25,26,27, approximativement.
Le Courrier Français me fait toujours des avances, et son dossier est toujours en train. Je tâcherai d’aller à Rivaulde, sans lacher Grenier. Car voici notre plan. A la fin de la semaine prochaine nous allons en Normandie embrasser
[Louis] Anquetin et Claude Monet. De la nous repassons par Paris. [Albert] Grenier revient embrasser la femme de ses pensées, (pendant ce temps je vais à Rivaulde) […] Mon plan de travailler tout l’été et reposer l’hivers a raté complètement. Les intempéries, et ma rousse [Suzanne Valadon] m’ont assez énervé.. je m’allège en canotant ferme entre les moulins de Villiers, qui ressemblent à des fusains de demoiselle.
Je vous embrasse et vous prie d’en faire autant avec bonne-maman [Léonce Tapié de Céleyran].
Your boy
H »


Toulouse-Lautrec, Lili et Albert Grenier – lui-même peinte – se fréquente dans les cabarets et ateliers de la butte Montmartre. Le peintre séjourne dès l’été 1886 chez le couple, propriétaire d’une auberge à Villiers-sur-Morin. Les Grenier y invitent leurs amis, anciens de l’atelier de Fernand Cormon : Louis Anquetin, Henri de Toulouse-Lautrec, Émile Bernard, Vincent van Gogh. Ils apportent à Villiers les fêtes parisiennes – ce qui vaut à Villiers-sur-Morin le surnom de « Vallée des peintres ».

Comme évoqué dans la lettre, Toulouse-Lautrec alterne en effet à cette époque les séjours chez Anquetin à Etrepagny (Normandie) et chez les Grenier à Villiers-sur-Morin.

Après avoir eménagé dans la même maison que celle de Toulouse-Lautrec, Suzanne Valadon (pseudonyme de Marie-Clémentine Valadon) devient le modèle du peintre mais aussi sa maîtresse. Il fera d’elle, entre autres, le célèbre portrait intitulé Gueule de bois. Elle l’accompagne partout pendant ses escapades nocturnes.

Lettre inédite