ZOLA, Émile (1840-1902)

Lettre inédite, autographe signée « Emile Zola » à Eugène Pelletan
Paris, le 9 janv[ier] 1869, 2 pages in-8 sur bifeuillet vergé

« Je vis avec ma plume »

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Fiche descriptive

ZOLA, Émile (1840-1902)

Lettre inédite, autographe signée « Emile Zola » à Eugène Pelletan
Paris, le 9 janv[ier] 1869, 2 pages in-8 sur bifeuillet vergé
Infime déchirure en marge inférieure droite du premier feuillet, infime manque en marge droite du deuxième feuillet, sans atteinte au texte

“Je vis avec ma plume”

Belle supplique du jeune Emile Zola, prêt à toutes les concessions éditoriales pour rester dans la rédaction du journal La Tribune


« J’apprends que la Tribune va subir une transformation, et l’on me fait craindre qu’il n’y ait plus de place pour moi dans le journal modifié. J’aurais désiré aller causer avec vous de ma position, mais je crains de vous déranger et je préfère vous dire par écrit combien je compte sur votre sympathie pour me conserver en fidèle collaborateur. Je pense que, même la place diminuant, je puis encore vous être utile. Depuis sept mois, je me fais un grand honneur d’écrire à vos côtés, et j’éprouverais un trop vif chagrin si je n’appartenais plus à la Tribune, à laquelle je me suis dévoué de coeur et d’esprit jusqu’à ce jour. S’il devient impossible d’insérer de longues causeries, je pourrai donner des articles plus courts, sur des questions littéraires et sociales touchant à la politique.
Je sais que vous désirez avoir surtout une feuille de polémique. Je suis d’humeur belliqueuse, et c’est avec joie que je ferai le coup de feu. Je crois pouvoir vous promettre, dans chaque numéro, ou toutes les semaines seulement, de courts articles (100 lignes et même moins), sur des actualités. D’ailleurs, j’ignore si votre idée n’est pas de conserver mes causeries, qui ont eu, je le sais, quelque succès, et je me contente de me mettre à votre disposition, quel que soit le travail que vous voudrez bien me confier. C’est, parait-il, demain que le comité de rédaction doit arrêter la forme du journal. Lors de la fondation de La Tribune, vous avez eu déjà l’extrême bonté de me prendre sous votre protection. Et c’est pourquoi j’espère en vous. J’ai grand besoin de travailler, je vis avec ma plume, et la Tribune, seule me soutient en ce moment. J’attends, je vous l’avoue,, la décision du comité avec une vive anxiété. Quoi qu’il arrive, veuillez croire, cher monsieur, à l’assurance de mes sentiments les plus dévoues et les plus reconnaissants.
Emile Zola »


Zola commence sa carrière en tant que journaliste, activité qu’il exerce jusqu’en 1881. Il y revient en 1895, aux débuts de l’affaire Dreyfus, dont « J’accuse… » (1898) marque le point d’orgue.
A partir de janvier 1868, Zola, collabore activement avec le journal La Tribune, dans lequel il publie une soixantaine de textes. Cependant, un an plus tard, la ligne éditoriale devenant plus politique et moins littéraire, n’y paraissent que quatre textes.
Deux ans avant cette lettre, Zola publie son troisième roman, Thérèse Raquin, mais celui-ci ne rencontre pas le succès espéré. Notons en revanche qu’il est déjà en pleine écriture de La Fortune des Rougon (1871), premier tome de la saga des Rougon-Maquart. Ce dernier est censé le propulser dans la célébrité.

Lettre inédite