BRETON, André (1896-1966)
Manuscript signed « André Breton »
Paris, 8 February 1963, 1 p. in-4°
« De Gaulle handed over Spain’s revolutionaries and republicans to Francoist vengeance »
Fact sheet
BRETON, André (1896-1966)
Manuscript signed « André Breton »
Paris, 8 February 1963, 1 p. in-4°
The slight discoloration on the left margin affects two words
Breton takes a stand on the Francoist repression raging in Spain
From the Paul Destribats collection
The manuscript is in the hand of Gérard Legrand. It bears about ten signatures, including that of André Breton.
« Un communiqué officiel, relatif à la rencontre des ministres de l’Intérieur français et espagnol, signale que ceux-ci “ont eu l’occasion d’examiner le comportement de groupes et d’individus qui, s’affranchissant des devoirs traditionnels de l’hospitalité, prétendent troubler les relations harmonieuses entre les deux pays”. Et l’A.F.P. précisait : « Le sort des activistes de l’O.A.S. et sans doute aussi celui des républicains espagnols en exil, a été l’un des principaux sujets de discussion. […] En échange d’un confortable éloignement des épouvantails O.A.S. hors d’usage, de Gaulle offre à la vindicte franquiste les révolutionnaires et les républicains d’Espagne. Il y a un précédent à ce marchandage dans l’histoire de ce pays, ce précédent s’appelle Pétain. Ainsi, à nouveau, la terreur à l’échelle internationale menace les survivants de la dernière grande insurrection qui ait fait durablement craquer les vertèbres d’une planète qui tend à s’engourdir d’un sommeil mortel. […] Terreur sous condition, certes ; un deuxième communiqué, officiel celui-là, a fait savoir que le sort des Espagnols réfugiés différait de celui des complices d’Ortiz ou d’Argoud, dans la mesure “où ils ne préparaient pas un attentat contre la vie du général Franco”. (“Le Monde”, 1er février.) Rien, nous le savons, de plus facile à simuler qu’un pareil attentat. […] Quelle que soit l’étendue de notre audience, nous tenons à élever contre cette infamie une protestation solennelle, ne serait-ce que par fidélité à des idéaux que chacun s’emploie à ravaler aujourd’hui au rang de l’anecdote pittoresque ou du souvenir ému. Un autre survivant de la guerre d’Espagne mérite notre particulière attention. André Malraux, qui, du jour où il fut ministre, s’est tu devant la torture en Algérie, devant le massacre, au métro Charonne, voici un an, de neuf travailleurs parisiens par les “brigades spéciales” de Frey-Papon ; se taira-t-il une fois encore ? La “gauche”, en déplorant mezzo voce qu’une si belle “intelligence” ait cru devoir céder au “personnage” du Général, continuera-t-elle à faire son éloge en toute occasion ? […] Dans l’ornière fangeuse baptisée Ve République, il devient de plus en plus facile de compter ceux qui refusent de patauger. »
Gérard Legrand (1927–1999) here denounces the collaboration between the French and Spanish governments, specifically accusing an implicit agreement to hand over exiled Spanish Republican opponents in France to Francoist authorities in exchange for the suppression of O.A.S. activists. Written against a backdrop of political repression and traumatic memory, the text explicitly invokes the historical precedent of collaboration and police repression during the Algerian War.
André Breton first met Gérard Legrand in December 1948. Legrand subsequently became one of Breton’s closest collaborators. Together with Breton, he co-published L’Art magique, and in 1960, he wrote the preface for Breton’s collection Poésies et autres.
Enclosed:
The text, printed as a leaflet in French and Spanish
On yellow paper (1 page, quarto, with slight fraying at the top margin)
Provenance:
Paul Destribats – Une Bibliothèque des avant-gardes (partie V), Christie’s, nov. 2022, n°231