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Autograph letter signed « Magritte » [to Charles Henri Ford]
Jette-Bruxelles, 30 Nov. 1945, 2 p. in-4° on lined paper
« I take as the criterion for defining ‘surrealist’ the moral attitude defined by Breton in his Second Manifesto »
Autograph letter signed « Magritte » [to Charles Henri Ford of View magazine]
Jette-Bruxelles, 30 Nov. 1945, 2 p. in-4° on lined paper
Usual fold marks, two words crossed out by Magritte
René Magritte firmly defines the legitimate scope of Belgian Surrealism as he wishes to see it represented in View, which was preparing a special issue devoted to the movement
« Monsieur,
Suite à votre lettre du 26 novembre, je suis tout disposé à vous faire tenir le matériel nécessaire à l’édition d’un numéro spécial consacré au surréalisme depuis 1940, pour ce qui concerne la Belgique. Je vous propose à ce sujet d’accompagner mes reproductions de textes de mes amis Paul Nougé, Marcel Mariën, Jacques Wergifosse, Achille Chavée et Louis Scutenaire, ainsi que les photos de tableaux de Louis Van Spiegele, Pol Bury, Pierre Sanders et Armand Simon. De cette façon, vous pourrez donner une vue exacte de l’activité surréaliste en Belgique.
Si ceci vous agréé, afin d’éviter toute confusion, je tiens à souligner que je ne puis prendre la responsabilité de la présentation du surréalisme en Belgique que si tout autre élément que ceux que j’ai nommé ci-dessus est écarté. Une certaine rigueur est de mise, en effet, car j’ai appris que certains artistes-peintres se réclamant abusivement du surréalisme aimeraient figurer au sommaire de votre numéro. C’est ainsi qu’il ne peut être question de considérer comme surréalistes une Suzanne Van Damme ou un Paul Delvaux, la première ayant pendant la guerre déclaré dans une interview, publiée par un journal de l’occupant, qu’elle n’était pas surréaliste, le surréalisme lui paraissant dégénéré et morbide, le second étant de confession catholique et ayant, paraît-il, dépassé le surréalisme, s’il faut en croire une monographie publiée sur son compte avec approbation.
Il convient donc, comme vous le voyez, d’être très prudent et pour parer à toute confusion, je vous demande d’isoler la contribution belge telle que je l’envisage, en présentant celle-ci sous le titre général : ‘Le Surréalisme en Belgique’.
Pour votre gouverne, je vous signale que je prends pour critère de qualification de « surréaliste » l’attitude morale définie par Breton dans son Second Manifeste, attitude avec laquelle tous les collaborateurs proposés ci-dessus sont d’accord.
Il me serait agréable, d’autre part, de connaître votre revue et si la chose est possible, je vous prie de me faire parvenir un numéro spécimen de celle-ci.
J’attends donc de vos nouvelles et si vous êtes d’accord avec mon point de vue, je vous ferai parvenir aussitôt tous les documents nécessaires.
Magritte
P.S. Raoul Ubac demeurant actuellement à Paris n’est pas prévu dans la liste des surréalistes belges. Ayant habité en Belgique de 1940 à 1944, il pourrait, s’il le désire, figurer dans la partie de votre revue consacrée à la Belgique. Veuillez éventuellement vous mettre en rapport avec lui à ce sujet. Voici son adresse : 7, rue Joseph Bara, Paris (VIe). »
The recipient is, in all likelihood, Charles Henri Ford (or his collaborator Parker Tyler), founder and editor of the journal View (published in New York from 1940 to 1947). A special issue of View was indeed devoted to Surrealism in Belgium in December 1946 (vol. VII, no. 2). It brought together contributions by Marcel Mariën, Louis Scutenaire, and Paul Nougé, among other texts and documents, and was illustrated on the cover with a green apple adorned with a carnival mask by Magritte himself, attesting to the realization of the project mentioned in the letter.
A strategic demonstration by Magritte on behalf of his Belgian Surrealist circle:
Magritte here articulates a sincere desire to highlight artists who, in his view, faithfully embody the ‘moral attitude’ defined by André Breton. These artists are above all close collaborators. He thus proposes the texts of Paul Nougé, a central figure of the Brussels group whom he had known since the mid-1920s and whose intellectual influence—illustrated notably by the publication of Les Images défendues, devoted to the painter’s work—profoundly shaped his own artistic orientation. He also champions Louis Scutenaire, a longtime companion whom he met in 1927 and a close collaborator with whom he shared, during the 1940s, intense editorial and photographic activity. Magritte also includes Marcel Mariën, who came into contact with him at the end of the 1930s when he was still an adolescent, and who would become one of his most active collaborators: publisher, photographer, and author of theoretical writings that accompanied the painter’s work. Far from defending only his own artistic production, Magritte primarily advances the coherence of a network of friendships and collaborations that had shaped Surrealism in Belgium since its origins.
Bibliography:
Des lettres et des peintres, MLM, Beaux Arts éditions, p. 246-247