MAURRAS, Charles (1868-1952)

Autograph letter signed « ton Charles Maurras » to René de Saint-Pons
N.p.n.d. [1894], 22 p. in-8° on laid paper, in black ink
Autograph envelope included (recto only)
Each page numbered, several erasures, corrections in the hand of Maurras
All mounted, modern bradel binding in full pale blue fabric, smooth spine, laid paper lining (sun exposure on the spine extending onto the second cover)

A capital letter on twenty-two pages from the young Maurras, aged 26, allowing us to take the measure of his already very structured thinking on the anti-Semitic question

Unpublished document


« Mon cher René,
Tu trouveras dans cette lettre la chronique dont je te parlais et qui pourra, je crois, éclaircir ma pensée au sujet des juifs. […] Si je haïssais le judaïsme, il me serait cependant impossible de le haïr plus que le protestantisme, que j’ai en horreur plus que tout. : or, s’il y a deux protestants dans la société [l’Escolo Felibrenco], c’est moi qui les ai introduits : [Marcel] Coulon et [Jules] Ronjat m’ont tous deux demandé d’être leur parrain et c’est moi qui ai moralement obligé Amouretti à préciser, le jour de la réception de Roujat, notre parfaite indifférence en matière confessionnelle et religieuse.
Mais puisque nous préparons l’histoire future avec nos idées de réorganisation fédératrice de la France, il nous est impossible de ne pas tenir compte des enseignements les plus nets de l’histoire passée.
Il y a des juifs très gentils, il y en a de très savants, il y en a même de généreux. Tu ne me feras point détester le personnage de
[Heinrich] Heine ou celui de [Benjamin] Disraeli. Je traiterai, s’il le faut, avec les juifs dont le commerce sera agréable et je les aurai pour amis : mais jamais, tant que je disposerai d’une influence, si petite qu’elle soit, je ne tolérerai d’admission d’un juif parmi nous, par la simple raison qu’il n’y a pas un seul individu de race juive (même, et surtout, le juif antisémite, le plus dangereux) qui soit dépourvu de d’esprit de solidarité nationale pour sa nation juive : de force ou de gré, ou autrement, un juif traîne après soi un régiment de juifs, et quand les juifs se trouvent quelque part, il faut qu’ils détruisent : ceci est tout-à-fait fatal. L’espèce est dissolvante, corrosive, et je n’aurai jamais la présomption d’élever un doute contre un fait attesté par l’histoire moderne ancienne comme par les dernières anecdotes du boulangisme et du socialisme allemand. […] le juif partout où il se trouve, sous quelque latitude et quelque siècle qu’il vive, détermine des ruptures et des décadences. C’est tantôt le juif financier qui ouvre les voies, tantôt le juif éloquent ou le juif poète ou le bon juif sympathique : il est clair que pour pénétrer dans un milieu quelconque, il lui est nécessaire de se rendre d’abord utile ou agréable, souvent les deux ensembles. Songe qu’ils étaient au Moyen Âge, alchimistes, linguistes, philosophes : mais, après deux ou trois expériences concluantes, les hommes d’état de ce temps-là, qui étaient intelligents et qui ne méprisaient pas la tradition, trouvèrent le moyen de profiter de leurs services, sans leur laisser exercer leur métier naturel de fléaux des nations. Ils leur ouvrirent des cités, des ghettos. Ils firent en détail ce que le grand Julien [empereur romain] (que les chrétiens nomment apostat parce qu’il voulut rétablir nos anciens dieux) avait essayé de faire en gros par la reconstruction de Jérusalem et du Temple.
Nous essayons de réorganiser le ‘vieux peuple fier et libre’ : dès que nous aurons un embryon de puissance, il est évident que nous aurons à subir l’inévitable tentation, la tentation du juif. Ou le juif viendra nous offrir de l’argent pour avoir le droit de mettre son nez dans nos affaires, ou il se présentera en curieux sympathique, en frère d’armes même : il saura (les juifs sont polyglottes, s’il on peut dire) il saura la langue d’oc mieux que nous, mieux que nous notre histoire, : il réalisera ton hypothèse du juif ‘élément excellent’ et, si nous l’acceptons, nous serons d’avance foutus. –
Je ne t’écris ce long article à la [Édouard] Drumont que parce que j’attache un prix infini à ta persuasion et à celle de nos amis. Sans doute, il est possible de traiter ces déductions de rêveries. Mais l’expérience du passé est là pour répondre. Les peuples qui s’en sont souvenu ont eu la paix de leur côté. Les Français de 89, si intelligents, mais qui avaient l’esprit faussé par leurs idées préconçues de l’identité de tous les hommes, sont en train de payer (dans leurs descendants) le coup de tête de l’affranchissement de la nation juive. Ils ne croyaient pas à l’histoire. Mais les voilà punis par l’histoire de nos derniers cent ans. Je ne voudrais pas recommencer cette niaiserie. […]
Nous ne sommes pas la réunion des plus gentils jeunes gens de 1894, ni d’avantage une assemblée de méridionaux de talent, ni non plus une cohue de poètes du midi ou même de langue d’oc : nous sommes des félibres fédéralistes, nous représentons une certaine nationalité qui veut revivre – et dès lors qu’avons-nous souci de sens (charmants, soit ; nés au sud de la Loire, soit ; parlant la langue d’oc, soit encore) mais faisant naturellement partie d’une collectivité qui n’est pas la nôtre et fondant je ne dis pas un état dans notre état, mais ce qui est bien pis, un état dans chacune de nos provinces.
Remarque bien qu’en tout ceci je n’ai pas parlé de la race. Je n’ai parlé que d’histoire et de logique. Il n’y a pas de milieu. Ou agissons comme je dis ou lâchons nettement félibrige et fédéralisme, voyons l’empire à la fin de la décadence et regardons passer les grands barbares blancs ! –
La race ! Je trouve que ton objection publique m’a très vivement déprimé et découragé ; non certes à cause des idées personnelles que j’ai sur la race (cela n’a aucune importance), mais plus profondément par ce que ton mot ‘définissez la race’ attaquait touchait droit à notre principe essentiel ‘la race d’oc’ qui est inscrite en même temps que terre et langue d’oc dans nos statuts. Et j’y ai vu la preuve que nous manquions vraiment d’esprit et de mœurs politiques, nous qui tendons à une conception politique nouvelle.
Comment ! on a usé des séances et des séances à se mettre d’accord sur des pauvres statuts. On en a marqué et précisé l’esprit. Sur le point spécial du judaïsme, on est a même convenu de ne point désigner proprement les juifs (à cause des fonctionnaires présents dans notre groupe et qu’un éclat de ce genre eût pu exposer) et l’on a spécifié que ‘race d’oc’ était exclusive de ‘race juive’ et moins de six mois plus tard, voilà le principe contesté en public, en même temps que son interprétation, et par un membre du bureau
[Maurras fait-il allusion à Bernard Lazare, le futur défenseur de Dreyfus ?] ! […] Je veux bien que la race soit une fiction ; mais, lis Pascal, tout est fiction et Ibsen lui-même t’apprendrait qu’il est des mensonges hors desquels les sociétés ne se maintiennent plus. La fiction de la race nous est essentielle. Supprimons-là, nous nous biffons. Nous pourrons vivoter. Nous n’existerons plus.
Pourquoi, depuis que nous faisons de la propagande avec
[Frédéric] Amouretti, nous escrimons-nous à répéter ces vers de Dono Guiraudo :
Lis ome au pelage rous…
Moun amant es de raço bruno…
C’est une fiction. Nous savons qu’il y a des blonds au midi et Vénus elle-même, née de l’écume de nos mers, était blonde, je pense : cela n’empêche pas que cette couleur brune reste notre symbole, bien que toutefois elle ne représente ici ni les nègres, qui ne sont jamais blonds, ni les juifs, qui le deviennent que sous certains climats.
Je suis profondément découragé, je le répète et peut-être aurai-je, d’ici peu, des choses curieuses à te raconter. Dans tous les cas, nous devrions bien nous liguer, tous, tous, pour éviter que le bas esprit parlementaire ne pénètre au milieu de nous.
[…] J’aimerais mieux tout planter là que nous voir piétiner en vain. Je t’attends toujours lundi après-midi. J’aurai des documents et tu me diras ce que tu penses de toutes ces observations si tu as eu le courage de les lire jusqu’au bout.
Ton
Charles Maurras
[…] »


Following their exclusion from the Paris Félibrige, Maurras, Amouretti, and their federalist friends decided to found the Ecolo Felibrenco in 1893, with the shared idea of ​​fighting against a moderate republic. Bringing together members from opposing political opinions, Maurras rubbed shoulders with, among others, Louis-Xavier de Ricard, a former Communard, and Jules Ronjat, nicknamed “sang de biòu” (oxblood) for his left-wing ideas. The Dreyfus Affair, at the end of 1894, put an end to this heterogeneous group, an ambiguous alliance if ever there was one. In what would later become one of his main ideological axes, through his time-honored formula of the “four confederate states,” symbols for him of Anti-France, Maurras already targets two of them in this letter: the Jews and the Protestants. His political and journalistic development after the Dreyfus Affair nevertheless shows that his ardent anti-Semitism should not be placed on the same level as his feelings towards Protestants or Freemasons. The remarks he developed here, when he was only 26 years old, allow us to understand Maurras’s already highly structured anti-Semitic ideology, which he reinforced through the Action Française, from 1899 onwards. His career and his thinking had a considerable influence within the French far right throughout the 20th century.

MADAME ROYALE, Marie-Thérèse de FRANCE, dite (1778-1851)

Autograph letter signed « MT » to Théodore Charlet
N.p. [Vienna, Austria] 2nd January 1850, 2 p. in-8°
Autograph address and post mark on fourth page
Foliated “n°266” by Madame Royale

Madame Royale expresses her dismay at knowing that her nephew, the Count of Chambord, has no descendants

From the Hubert Guerrand-Hermès collection


« J’ai reçu votre lettre du 24 octobre. Je suis bien aise que vous ayez reçu exactement ma lettre par la poste. Je pars aujourd’hui pour Venise par un temps affreux. J’y passerai 3 mois et ne reviendrai qu’ici en avril. Adressez-moi vos lettres là, pendant les 3 1er mois de l’année. Je vous remercie d’avoir fait toutes mes commissions, je vois bien qu’il vous reste peu d’argent, ménagez le peu jusqu’en avril. J’en enverrai.
[…]
Je veux absolument que vous achetiez un cheval et que vous n’y mettiez pas trop d’économie de votre délicatesse d’ordinaire. Je n’ai rien à vous dire cette fois-ci, ni à vous envoyer. J’ai reçu pour le moment très peu de demandes, peu intéressantes.
Mille choses à votre excellente femme et à toute votre famille. J’ai appris avec plaisir que votre fille était grosse, je voudrais bien qu’il en fut autant ici, mais il n’en est malheureusement rien.
J’espère que votre santé est tout à fait remise, donnez m’en des nouvelles, j’y prend bien de l’intérêt. Ma nièce Thérèse
a été bien affligée de la mort de son frère cadet auprès de qui elle s’est trouvée, et depuis bien effrayée et inquiète d’une chute que son mari a fait, mais qui était peu de choses. […].
Adieu, je n’ai rien de plus à vous dire. Les voyageurs qui portent cette lettre vont, et j’espère vous trouveront bien. Vous connaissez tous mes sentiments pour vous qui ne changeront jamais.
MT. »



Proclaimed king in 1844 under the name of Henri V by the Legitimists upon the death of Louis of France, the Count of Chambord, grandson of Charles X, married, on the good advice of his aunt Madame Royale, Marie-Thérèse of Modena in 1846. The couple had no children, which greatly affected the Countess of Chambord.
She had a malformation due to the protrusion of a bony section of her pelvis, which blocked the entrance to her uterus from one end to the other. It was impossible for her to bear children.

Daughter of Louis XVI and Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte of France, known as Madame Royale (to distinguish her from the king’s sister-in-law), was the first child of the royal couple, born after more than eight years of marriage. Locked up in the Temple in 1792 with her family, she was the only survivor, exchanged in extremis in 1795 for the French commissioners handed over to the Austrians by Dumouriez. In 1799, she married her cousin Louis of France, Duke of Angoulême, son of the future Charles X. The childless death of Louis XVIII made her and her husband the last Dauphins of France. Forced into exile during the July Revolution in 1830, Madame Royale joined the former King Charles X, and left with her court for Gorizia, a city under Austrian domination. In 1844, she moved with her relatives and her nephew Henri d’Artois, Count of Chambord, to Frohsdorf Castle, located southeast of Vienna where she died on 19 October 1851.

GAUTIER, Théophile (1811-1872)

Autograph poem signed « Théophile Gautier »
« [Paris], 10 Xbre [December] [185]1 », 2 p. in-8° (autograph on 1st and 4th pages)
Revue de Paris letterhead – 10 rue du Bouloi
Some spots and ink smudges, four words crossed off by Gautier

Admirable poem dedicating the poetic art of Théophile Gautier, published in the first edition of his collection Émaux et camées

« Gautier is the exclusive love of Beauty, with all its subdivisions, expressed in the most appropriate language » (Charles Baudelaire, L’Art romantique)


« Cærulei oculi

Une femme mystérieuse,
Dont la beauté trouble mes sens,
Se tient debout, silencieuse,
Auprès des flots retentissants.

Ses yeux, où le ciel se reflète,
Mêlent à leur azur amer,
Qu’étoile une humide paillette,
Les teintes glauques de la mer.

Dans les langueurs de leurs prunelles,
Une grâce triste sourit ;
Les pleurs mouillent les étincelles
Et la lumière s’attendrit ;

Et leurs cils comme des mouettes
Qui rasent le flot aplani,
Palpitent, ailes inquiètes,
Sur leur azur indéfini.

Comme dans l’eau bleue et profonde,
Où dort plus d’un trésor coulé,
On y découvre à travers l’onde
La coupe du roi de Thulé.

Sous leur transparence verdâtre,
Parmi l’algue et le goëmon,
Luit la perle de Cléopâtre
Prés de l’anneau de Salomon.

La couronne au gouffre lancée
Dans la ballade de Schiller,
Sans qu’un plongeur l’ait ramassée,
Y jette encor son reflet clair.

Un pouvoir magique m’entraîne
Vers l’abîme de ce regard,
Comme au sein des eaux la sirène
Attirait Harald Harfagar.

Mon âme, avec la violence
D’un irrésistible désir,
Comme le blond guerrier s’élance
Vers l’ombre impossible à saisir

Montre son sein, cachant sa queue,
La sirène amoureusement
Fait ondoyer sa blancheur bleue
Sous l’émail vert du flot dormant.

L’eau s’enfle comme une poitrine
Aux soupirs de la passion ;
Le vent, dans sa conque marine,
Murmure une incantation.

” Oh ! viens sur ma couche de nacre,
Mes bras d’onde t’enlaceront ;
Les flots, perdant leur saveur âcre,
Sur ta lèvre, en miel couleront.

” Laissant bruire sur nos têtes,
Le Flot La mer qui ne peut s’apaiser,
Nous boirons l’oubli des tempêtes
Dans la coupe de mon baiser. “

Ainsi parle la voix humide
De ce regard céruléen,
Et mon cœur, sous l’onde perfide,
Se noie et consomme l’hymen.

Théophile Gautier »


Unpublished by Claudine Gothot-Mersch, this autograph manuscript is the oldest known for this poem, which, in all likelihood, served for its first publication in the Revue de Paris on January 1, 1852. There are numerous variations with the text published the same year in the first edition of the collection Émaux et camées. These include “Comme le blond guerrier s’élance” (Comme the blond warrior rushes forward) which becomes “Au milieu du gouffre s’élance” (St. 9,c), or “Sur ta lèvre, en miel couleront” (Honey will flow on your lips) which becomes “Sur ta bouche, en miel couleront” (St. 12,d). Furthermore, the poet repeats the line “Le Flot La mer qui ne peut s’apaiser” (St. 13,b) in order to avoid a repetition with the third line of the previous stanza. Most of the poems in Émaux et camées are constructed as octosyllabic quatrains; “Cærulei oculi” is no exception to this metric rule.

Here, the poet celebrates the captivating beauty of a woman’s eyes, which he describes as an inexhaustible source of fascination. The term “caerulei,” referring to deep blue, gives these eyes a celestial and divine dimension. True to his aesthetic, which prefigures Parnassus, Gautier places the gaze at the heart of the work as a symbol of pure and irresistible art, far removed from all morality.

CHARPENTIER, Gustave (1860-1956)

Autograph musical quote signed « Gustave Charpentier »
N.p., July 1936, 1 p. in-4°
Tiny spots

Charming musical quote of his masterpiece Louise, the first naturalist opera


An opera in four acts and five tableaux, Louise was premiered on February 2, 1900, at the Opéra-Comique as part of the Universal Exhibition. Considered scandalous for its depiction of female desire and rebellion against parental authority in a manner too crude for the time, Charpentier had previously encountered numerous rejections from opera directors. Charpentier’s masterpiece, Louise is, in addition to being written in prose, the first opera to adopt the philosophical and naturalist aesthetic style, in the spirit of Zola’s novels, whom the composer admired.

This score corresponds to the third scene of the first act.

PAULHAN, Jean (1884-1968)

Autograph letter signed « Jean Paulhan » to Thierry Maulnier
N.p.n.d., « le 25 » [late 1939], 3 p. in-8° on NRF letterhead
Collection stamp on lower left corner of each page, on word crossed off by Paulhan

Long letter from Paulhan, between reflections on Francoism and French domestic policy, on the eve of the Second World War


« Cher Thierry Maulnier,
Oui, c’est une distinction fort grave que celle des deux “pays”. Mais qui pose un problème (il me semble), plutôt qu’elle ne le résout : Pourquoi les français qui, au fond, sont pour Franco élisent-ils les adversaires de Franco, etc. De quoi veulent-ils se punir ; ou comment, se dépasser eux- mêmes ?
– Je songeais à un problème légèrement différent, non moins grave : pourquoi le “pays légal” n’agit-il pas en pays légal, pourquoi (à son tour) se trompe-t-il* lui-même ? / *ou veut-il se dépasser /. Pourquoi cette façon (aristocratique) de gouverner par cessions et accommodements entre spécialistes – et tout aussi bien par entente avec les ennemis du régime ?
Car enfin, il y a des ministères officieux dont la puissance n’est pas moins grande que celle des ministères officiels. Ainsi du parti socialiste. Ainsi de l’Action française. La pesée de Charles Maurras sur la politique française, depuis 1914, n’a pas été moindre que celle de Laval, de Poincaré ou de Blum. (Il est arrivé qu’elle passât par Blum, Poincaré ou Laval.) Ni Poincaré n’a jamais fait une politique poincariste, ni Blum une politique qui fût carrément de Front populaire.
Vous voyez où je voudrais en venir : n’est-ce pas une même raison qui empêche le pays légal comme le pays réel de s’exprimer – celui-ci par ses représentants, celui-là par ses actes ?
Votre dernière question est trop nette pour que je n’y réponde pas aussi nettement. Il est bien vrai que je ne vois pas dans l’histoire l’arbitre, désigné par un tirage au sort, que je souhaiterais* / *Athènes excepté, mais le cas est fort différent / Mais trouvez-vous une grande différence entre le tirage au sort et l’hérédité ?
Et qu’importe après tout que l’Arbitrage soir confié à quelque vivant connu, ou à quelque enfant à naître (plus inconnu encore). Chesterton a là-dessus un mot qui me paraît infiniment sage : “Le despotisme héréditaire est démocratique dans son essence : s’il ne proclame pas que tous les hommes peuvent à la fois gouverner, il proclame ce qu’il y a de plus démocratique immédiatement après, à savoir que n’importe qui peut gouverner“. Mais Pascal déjà…
Enfin, si vous me refusez le tirage au sort, je vois très bien un roi à l’extrême pointe de la démocratie.* [voir renvoi infra]
Je suis à vous, tout à fait cordialement. Et merci de votre article, qui m’a extrêmement intéressé.
Jean Paulhan.
*comme un dictateur à la pointe de l’aristocratie. (Mais c’est un sujet que je tâcherai de traiter).
Votre introduction était forte et belle. Et suis content que vous ayez songé à Karin [alias de Catherine] Pozzi. Sponde figure-t-il dans votre anthologie ? (Je crois qu’il l’eût mérité.) »


Highlighting the dichotomy between official governance—the “legal country”—and the underlying social and political reality—the “real country,” Paulhan emphasizes here that this distinction raises more questions than it answers, particularly regarding the motivations of the French who support policies that run counter to their deepest convictions. Paulhan was also aware of his correspondent’s Francoist sensibilities (and more broadly, those of the dictatorships of the time).
The anthology (mentioned at the end of the letter) is here an allusion to Introduction à la poésie française, a collection following the dissertation defended by Dominique Aury (then Maulnier’s mistress before becoming Paulhan’s a few months later) at the Sorbonne. Prefaced by Maulnier, it appeared under the latter’s sole name in September 1939. Received as Diane Française, the book would have to be reprinted numerous times due to its great success.

We have not found any trace of the Maulnier article mentioned by Paulhan.

DRUON, Maurice (1918-2009)

Autograph letter signed « Druon » to Thierry Maulnier
N.p., 3rd March [19]85, 2 p. in-4°
Usual fold marks otherwise good condition

Considerations on the thinkers of his time and praise for Maulnier’s essay Le Dieu masqué


« Cher Thierry Maulnier,
On n’emploie plus guère le terme de “penseur”. Nous avons des philosophes, et des nouveaux philosophes ; nous avons des sociologues en pagaille, des psychologues à foison et des politologues comme s’il en pleuvait. Mais les penseurs, dans la grande tradition française qui va de Montaigne à Valéry, où sont-ils ? Ils sont là, assurément, mais on ne veut pas leur donner leur nom, parce qu’ils échappent à la “catégorie” qui est la manie du siècle.
Je me disais cela tout au long de ma lecture du “Dieu masqué”, que j’ai poursuivie pendant la Toussaint. C’est le livre du penseur, qui s’interroge sur tout, réfléchit sur tout et, par cette réflexion projette sur tout objet de pensée une certaine lumière. –
Il est frappant que vous ayez gardé dans l’esprit toutes les questions que je pose l’adolescence, que vous n’en ayez perdu aucune en cours de route, que les interrogations sur la condition humaine et l’ordre des sociétés vous soient restées aussi présentes, aussi aiguës, et aussi fraîches qu’à l’orée de l’existence, et que vous y répondiez avec l’expérience de la vie et de l’histoire.
“L’homme a faim de surhumain” est un cri qui devrait résister au tant que “nous autres sociétés”…
Et le chapitre : “L’histoire est-elle révolutionnaire ?” est une exceptionnelle leçon de lucidité et de sagesse politique.
Vraiment, vous n’avez pas perdu votre temps, entre 1980 et 1984 !
On hésite toujours à faire de telles louanges oralement, et on les fait mal. Je préfère vous les écrire, parce que je place très haut ce livre plein de richesses.
Veuillez offrir à Madame Marcelle Tassencourt mes hommages respectueux et mes souvenirs, et me croire admirablement et fidèlement vôtre.
Druon »


Remaining primarily famous for co-writing the Resistance anthem Le Chant des partisans with his uncle Joseph Kessel, Maurice Druon became a man of letters after the war. He won the Prix Goncourt in 1948 with Les Grandes familles, followed a few years later by considerable publishing success with his saga Les Rois maudits, published in seven volumes between 1955 and 1977.
The third in a series of four philosophical essays by Maulnier published between 1977 and 1989, Le Dieu masqué is the subject of much praise by Druon.

MONTÉZIN, Pierre Eugène (1874-1946)

Original drawing signed
N.p., 25 April 1937, 1 p. in-4° on laid paper

Nice original drawing by the painter, enriched with an autograph inscription


A French post-impressionist painter, Montézin devoted himself fully to painting after leaving adolescence, after working in the decoration of floral panels and original ornaments. Influenced by Claude Monet, he attempted to gain acceptance at the Salon des Artistes Français from 1893 by regularly sending them canvases, all of which were rejected. He was finally accepted ten years later. Montézin was unanimously elected president of the jury of the Salon des Artistes Français in 1933.

This original drawing, depicting a group of people working to harvest the crops, reveals charming details such as the clothing of the person in the foreground. The artist added in blue ink: “Joy of living / Joy of painting / Love of nature / Montézin”

DEVAMBEZ, André (1867-1944)

Original drawing signed
N.p.n.d. [c. 1937], 1 p. in-4° on beige laid paper

Charming original drawing with minimalist style


A French painter and illustrator, Devambez learned his trade at the École des Beaux-Arts in Paris before joining the studio of painter Benjamin Constant. His rich output of drawings and paintings is known for its dizzying high-angle compositions, such as La Charge (now housed at the Musée d’Orsay), featuring tiny figures in urban or fantastical settings.

Dédicacé au colonel Henri Reine, le présent dessin, titré « L’aumône », représente une femme avec une coiffe traditionnelle, un panier d’osier au bras, donnant une pièce à un petit groupe de mendiants.

GAINSBOURG, Serge (1928-1991)

First draft autograph manuscrit
N.p.n.d. [Paris, early 1990], 3 p. in-4° on watermarked paper
Each page numbered by Gainsbourg
Staple marks on top left and right corners, slight cigarette burn on the back of the third leaf

First draft manuscript of a song intended for the album Variations sur le même t’aime, which remained unpublished

At the heart of Gainsbourg’s creative process


« Hey Hey Mister Rain

J’ai de la peine
Je sens o je sens et le sang
qui se glace dans mes veines

a1
Dansant sous la pluie
Je me dis
demain sera un jour nouveau
puisqu’il est parti
a2
entre moi et lui

C’est fini
Mais après l’orage peut-être qu’il fait beau

b1
Quelques éclairs
Et tout devient c s’éclaire
J on réalise que j’ai qu’on a tout faux

c1
C’est à la vie
À la mort
C’est pas vrai mais j’y crois encore

[etc…] »


Composed for the album Variations sur le même t’aime, Hey Mister Rain is one of the songs revised by Vanessa Paradis and Franck Langolff, along with Lolita Blues and Zoulou. The first verse, much darker than the rest of the text, was entirely crossed out by Gainsbourg and does not appear on the fair copy (by another hand) included with the manuscript. The last verse does not appear.

The result of a daring collaboration between Vanessa Paradis (vocals), Serge Gainsbourg (lyrics) and Franck Langolff (music), the album Variations sur le même t’aime was recorded between February and April 1990 in the Guillaume Tell Studios in Paris. In an interview on the TF1 news on May 27, Gainsbourg explained that he “spit out the lyrics in eight days, that’s why I say Paradis is Hell, but it was hellish, I almost died.” Released on May 28, 1990, the album was a huge success. Certified gold and platinum, it sold 400,000 copies. Gainsbourg died nine months later.
GAINSBOURG, Serge (1928-1991)

Autograph quote signed « Gainsbourg »
N.p.n.d. [1980s], 1 p. in-folio (15,5 x 29,5 cm) oblong beige paper
Bespoke framing under museum glass, double background black passe-partout, golden framing

Superb quote from Gainsbourg in reference to the 500 french note


« A Pascal, chauffeur de taxi qui m’a taxé un Pascal.
Amitiés
Gainsbourg »


Playing on words in reference to the 500 franc note, Gainsbourg uses alliteration on the letter “X”, so characteristic of his repertoire, creating here a parallel between taxi and taxed.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph aphorism signed « Victor Hugo »
N.p.n.d.., 1/2 p. in-8° oblong
Fine condition throughout

Superb aphorism taken from his collection Les Feuilles d’automne, quintessence of the romantic spirit


« Rêver, c’est le bonheur ; attendre, c’est la vie
Victor Hugo »


Taken from the collection Les Feuilles d’automne published in 1831 by Ronduel, this verse is taken from poem XXVII, “To My Friends L.B. [Louis Boulanger] and S.-B. [Sainte-Beuve].” In 1830, Hugo and his family moved from rue Notre-Dame-des-Champs to rue Jean Goujon, in the Champs-Élysées district. Perhaps he was fleeing the proximity of Sainte-Beuve, who was too assiduous with Adèle. In any case, the latter took refuge with Ulric Guttinguer in Normandy, from where he continued to send highly elegiac letters to the poet’s wife. It was therefore by mistake that Hugo believed Sainte-Beuve to be in the company of Louis Boulanger at this time.

BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph aphorism signed « H. Bergson »
Paris, 5 February 1937, 1 p. in-8° on an oblong strip of paper
Fine condition

Nice aphorism from the philosopher used as the title of his message to the Descartes Congress of 1937


« Il faut agir en homme de pensée, et penser en homme d’action.
H. Bergson »


Unable to deliver his own message at the 9th Congress of Philosophy (Descartes Congress) in 1937, Bergson did so through the voice of Émile Bréhier. Consumed by deforming rheumatism from 1925, Bergson suffered until his death in 1941. Here we can observe the feverishness of his writing due to his illness.

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph quote signed « Paul Valéry »
N.p.n.d., [after 1930], 1 p. in-8° oblong
Fine condition throughout

A beautiful sentence from the poet, summarizing in a few words the ephemerality of human existence


« La plus étrange pensée du monde :
Il y aura des hommes après nous.
Paul Valéry »


The poet composed this sentence at the request of his friend and volunteer secretary Julien-Pierre Monod, who wanted to have it sealed on a bench on his property in Anthy. Valéry sent the sentence to Monod on a “little piece of paper” on August 18, 1930, and copied it elsewhere in his Notebooks: “I am sending to Monod, who is requesting a sentence to be sealed on his bench in Anthy, this: / This is the strangest thought in the world: / ‘There will be men after us.'” Valéry published a first variation of this reflection that same year in the December 10 issue of La Muse française dedicated to him: “Hear the strangest words: / There will be men after us.”
The poet repeated it at the Collège de France on December 17, 1943, in his Course on Poetics. By raising the idea of ​​the perceived immediacy of our lives and their importance, Valéry provokes in us a feeling of strangeness mixed with disquiet, highlighting the relative insignificance of the individual in the face of the duration of humanity. He thus seems to invite us to reflect on our own finitude and to consider that, although fleeting, life and the world will continue their course.

PÉTAIN, Philippe (1856-1951)

Autograph quote signed « Ph. Pétain »
S.l., 1st August 1936, 1 p. in-8° oblong
Fine condition

Nice aphorism taken from his commemorative speech for the twentieth anniversary of the Battle of Verdun


« La force assure l’indépendance, attire les alliances et maintient les amitiés.
1er août 1936
Ph. Pétain »


Commemorated on June 21, 1936, by France and Germany at the site of the battle, this twentieth anniversary primarily allowed Hitler’s deputies, Goebbels and Hess, to further their propaganda. After a silent march, behind a swastika banner, the Germans took a solemn oath, vowing to protect the peace of the place. This was not the case; the Third Reich was already preparing its country for war and developing a fully militarized economy, focused on arms production.

The original typewritten copy of Pétain’s speech is kept in the National Archives under the code 45AP3, file 3.

LUMIÈRE, Louis (1864-1948)

Autograph quote signed « Louis Lumière »
N.p., 26 June 1936, 1 p. in-4° on beige laid paper
Fine condition throughout

Touching quote from the engineer and cinema pioneer


« Ne peut-on espérer que les hommes deviendront un jour raisonnables et finiront par s’entendre ?…
Ce serait si simple, avec un peu de jugement, de bon sens et surtout de bonté !
Louis Lumière »


Louis Lumière seems to have written this thought (intended for Colonel Henri Reine) in the very unstable context of the first half of 1936. Franco-German tensions were then at their height following the remilitarization of the Rhineland by the Wehrmacht (on Hitler’s orders) in March 1936, with the aim of reestablishing the sovereignty of the Reich.

COLETTE, Sidonie Gabrielle (1873-1954)

Pièce autographe signée « Colette »
S.l., mai 1937, 1 p. in-8° carrée on beige laid paper
Fine condition

Colette evokes her father in this dedication to a colonel in the French army


« Mon colonel, la fille de Jules-Joseph Colette, capitaine au 1er zouaves, qui laissa sa cuisse gauche à Melegano en 59, vous envoie son salut bien cordial.
Colette »


Jules-Joseph Colette (1829-1905), second husband of Sidonie Landoy (1835-1912), lost a leg at the Battle of Melegano in 1859 (a major episode in the Italian War of Independence, which pitted the French Empire against that of Austria and ended in a French victory). A graduate of Saint-Cyr and then a Zouave, Jules-Joseph Colette later became a tax collector. A great reader of newspapers, he had his daughter read the great classics of literature from a very young age, thus helping to develop her flair for writing.

 

BERNSTEIN, Henry (1876-1953)

Autograph quote signed « Henry Bernstein »
S.l.n.d., 1 p. in-8° oblong
Fine condition throughout

Nice quote from the playwright which seems unpublished


« Les plus grandes actions se sont accomplies dans le silence et dans la solitude
Henry Bernstein »


A French playwright of boulevard theatre, Bernstein achieved fame in 1906 with his drama Le Voleur. In 1911, he gave a controversial play at the Comédie-Française, Après moi, denounced as a “Jewish” work, and what is more, by a “Jewish deserter [from the army ten years earlier]”, by his detractors who judged that it should not have a place in the theater. Having become director of the Théâtre du Gymnase from 1926 to 1939, he created several of his most notable works there, such as Samson, La Rafale, La Galerie des glaces, Mélo, Le Bonheur, Le Messager, etc.

DARLAN, François (1881-1942)

Autograph quote signed « F. Darlan »
N.p., 1 May 1939, 1 p. in-8° oblong
Fine condition throughout

Scarce quote from Admiral Darlan written in the very early hours of the Second World War


« L’”Empire” n’est viable que s’il dispose d’une marine puissante, ardente et bien entraînée
F. Darlan »


Head of the French Navy at the start of World War II and then Minister of the Navy in the first Vichy government, François Darlan was actively involved in Marshal Pétain’s collaboration with Nazi Germany. While stationed in Algiers in 1942, he was assassinated on December 24 by two pistol bullets fired by a young French student and resistance fighter, Fernand Bonnier de La Chapelle, aged just 20. The latter was shot two days later after a summary judgment by the Algiers court.

BASTIÉ, Maryse (1898-1952)

Autograph quote signed « Maryse Bastié »
N.p.n.d., 1 p. in-8° on oblong
Fine condition

Quote with prophetic accents of the famous and glorious French aviator, who died on a mission aboard a twin-engine Noratlas


« De ma propre expérience, j’ai dégagé cette vérité essentielle, que les heures où nous sentons le mieux le prix de la vie sont celles que nous vivons “dangereusement” –
Maryse Bastié »


The first French aviator to achieve numerous female aviation records, Maryse Bastié quickly gained media attention in the late 1920s thanks to her exploits. At the start of World War II, she attempted to obtain the same rights as men to fly in combat and defend her country. She was promoted to lieutenant in the FFL at the liberation. The aviator tragically died on July 6, 1952, as a passenger in a Noratlas during one of her missions at the air show at Lyon-Bon Airport.

Maryse Bastié’s autographs are very scarce

BERTRAND, Louis (1866-1941)

Autograph quote signed « Louis Bertrand »
Paris, 25 August 1937, 1 p. in-8° on beige laid paper
In fine condition

Radical sentence of the writer, marking his firm opposition to Bolshevism


« La Révolution n’est jamais que la spoliation et l’assassinat organisés
Louis Bertrand »


French novelist and essayist Louis Bertrand published his biographical essay Hitler in 1936, praising the master of the Third Reich and sparking a heated debate at a time when the latter no longer concealed his belligerent ambitions. Bertrand adopted Nazism’s racial vision, engaging in anti-Semitism in the name of the fight against Bolshevism. He died in 1941.

FRANCHET D’ESPÈREY, Louis (1856-1942)

Autograph quote signed « F. d’Espèrey »
N.p., 21 January 1937, 1 p. in-8° on beige laid paper

Impressive martial sentence of Marshal Franchet d’Espèrey


« La guerre est moins onéreuse que la servitude
F. d’Espèrey »


Marshal of France and member of the Académie française, Louis Franchet d’Espèrey distinguished himself during the Tonkin expedition in 1885 and then in 1900, during the war against the Boxers in China. Commander of the 5th Army from September 1914 to March 1916, he succeeded in stopping the German army on the Oise and played a significant role in the victory of the Marne. Sent by Clemenceau to the Eastern Front in 1918, he forced Bulgaria to sign an armistice and provoked one of the Ottoman Empire in October, contributing to the surrender of Germany on November 11.

MANET, Édouard (1832-1883)

Autograph card signed « Edouard Manet » to Eva Gonzalès
N.p.n.d., 1 p. in-24
With autograph envelope, some stains

Charming card of the painter having to cancel his session with his model Eva Gonzalès


« Mademoiselle, je suis obligé d’aller à un enterrement et ne pourrai aller à l’atelier. E. Manet. »


Introduced by Alfred Stevens to Édouard Manet, Eva Gonzalès entered the painter’s studio in 1869. There she met Berthe Morisot, jealous of her friendship with the master. In addition to being his student, Eva frequently served as Manet’s model, to the point of becoming his favorite. She exhibited at the Salon in 1870 for the first time and would show her paintings there every year from then on, although she refused to participate in the Impressionist salons. Grieving Manet’s death in 1883, she succumbed to an embolism five days after his death, at the age of 34, at the time of the birth of her first child.

Number 11 Rue Breda (renamed Rue Henry-Monnier in 1905) was home to the Gonzales family, where the artist lived with her parents. In 1879, after her marriage to the engraver Henri Guérard, she moved to number 2 on the same street.
[DELACROIX] SAND, George (1804-1876)

Two autograph letters  signed « GS » to Eugène Delacroix
[Nohant, 6 & 7 July 1842], 3 p. in-8° in total, in black ink
Autograph addresses on verso
Stamp marks, previous trace of mounting

Saddened by the departure of her “good little” Delacroix after the latter’s stay in Nohant in the company of Chopin and the rest of the Sand family, the writer found herself immersed in her reading of Les Mystères de Paris

From the Marc Loliée library


« Cher bon petit, J’espère que vous êtes arrivé à bon port sans trop souffrir de la chaleur qui a été modérée le jour de votre départ. Vous avez oublié ici quelques effets dont Maurice a fait une caisse, laquelle part aujourd’hui. Comme le port en est payé, accusez-en réception afin qu’elle ne s’égare pas, sans que nous la fassions réclamer. J’ai encore retrouvé dans mes mouchoirs un mouchoir à vous. Je vous le mets à part, ainsi que ceux qui pourraient se retrouver au prochain blanchissage. Que Jenny [la gouvernante de Delacroix] ne nous accuse donc pas de vous avoir grinché vos zardes¹. – Je lis le Chourineur et je vous assure que malgré l’horreur du sujet et des détails², c’est jusqu’à présent fort intéressant et fabriqué avec beaucoup de talent. – Nous sommes restés tout tristes et tout déconfits de votre départ. Nous tâchons de jouer au billard, mais je crois que vous avez emporté le carambouillage³ dans votre poche et que vous ne nous avez laissé que le manque de touche. J’attends avec impatience un petit mot de vous. Nous sommes encore trop chagrins pour vous en dire long aujourd’hui. Et puis l’heure me presse. À présent, cher, soyez bien portant. Si vous nous regrettez autant que nous vous regrettons, faites un effort pour nous oublier jusqu’à notre retour [Sand et Chopin rentreront à Paris le 31 juillet], alors vous nous raimerez de nouveau. Adieu, moi et tous vous embrassons et vous aimons.
GS. »

« Cher ami, mon dadet [sic] de Thomas [peut-être Thomas Aucante, autrefois vacher] a commencé le cours de bêtises auxquelles je dois m’attendre en ne payant pas le port de la caisse que je vous ai envoyée hier. Si bien qu’il faut que vous le sachiez afin de n’avoir pas de contestation avec l’administration. Accusez-moi réception car tout ceci a été fort mal fait, malgré mes précautions.
Nous nous portons bien. Nous vous aimons. J’ai rêvé de vous toute la nuit ; j’espère que c’est bon signe et que vous êtes bien portant.
À vous
GS. »


In response to his friend’s repeated invitations, Delacroix spent nearly two weeks in Nohant in June 1842. He wanted above all to rest, “vegetate,” as he put it, and enjoy the pleasures of the countryside. Back in Paris, he replied on the 8th, stating that he had received the crate and calling the person who had brought it to him a cheat and an imposter, demanding postage. He asked his friend for a small purse left in Nohant, a purse that Solange had given him, and a small cord from Algiers. He concluded: “The weather is awful for the nerves. When you dreamed that you saw me, did you dream that you were the Duchess of Berry? I send you all my sincere embraces, but I am very sad” (Corr. gén. de Delacroix, t. II, p. 116).

Using the slang present in Eugène Sue’s work, we understand that Sand is here in the middle of reading The Mysteries of Paris. The serial novel, published in the Journal des débats from June 19, 1842 to October 15, 1843, inaugurated mass literature in the 19th century and earned its author immense fame in all social classes.

GUAITA (de), Stanislas (1861-1897)

Autograph letter signed « Stanislas de Guaita » to Oscar Méténier
Château d’Alteville, n.d. [14 June 1884], 2 p. in-8°
Frayed lower margin, slight browning (see scans)

Young Guaita asks his friend Oscar Méténier for news of the Parisian occultist circle


The poet starts speaking of Blanche : « Outre qu’elle a à te parler pour l’affaire du père Fénéon, je ne serais pas fâché que tu ailles un peu voir où elle en est, et que tu m’écrives, en une lettre détaillée, comment tu l’as trouvée, surtout en ce qui concerne sa santé. – je soupçonne qu’elle ne diminue pas sérieusement la Morphine. Enfin, tu me rendras grand service en faisant cela, et tu me rassureras.
Comment vas-tu, toi, mon cher ami ?
Je ne t’ai écrit que des mots de 4 lignes en réponse à ton excellente lettre d’il y a un mois, et j’en viens faire ici mes “meâ culpâ !”
Que devient Zénon-Fière ? Compte-t-il écrire dans la revue indépendante ? et Mr Fabre des Essarts ?
Donne moi quelques renseignements sur ce qui se passe à Paris ; moi je moisis à la campagne auprès de ma grand-mère qui a 85 ans et qui se débat… avec une maladie incurable… je m’embête !…
À toi bien cordialement
Stanislas de Guaita »


Co-founder with Joséphin Péladan of the Kabbalistic Order of the Rose-Croix in 1888, it was in the latter’s writings that Stanislas de Guaita found his first entry into the world of Tradition. His assiduous reading of Éliphas Lévi, Fabre d’Olivet and his friend Papus quickly made Guaita an informed initiate of Christian mysticism and Synarchy. In light of all these influences, the poet advocates a spiritualism that exalts Christian Tradition.

An observer of the Parisian underworld from a young age, being himself the son of a police commissioner, Oscar Méténier (1859-1913) found himself a writer in the tradition of Zola and the naturalists in the early 1880s. Generally ribald, his short stories were published in Le Chat Noir. He made a reputation for himself with naturalist plays that depict vagrants, Apaches, and prostitutes speaking the language of the streets.

MAURIAC, François (1885-1970)

First draft autograph manuscript
N.p.n.d. [second half of January 1945 ?], 1 p. in-4°
Fold marks

Mauriac expressed his firm opposition to the possible execution of Charles Maurras during his trial in January 1945


« Des adversaires de Charles Maurras ne peuvent se défendre d’être angoissés en pensant au terrible retentissement qu’aurait dans le pays son exécution. Ils craignent que l’unité nationale n’en demeure atteinte pour de longues années et que cet acte de justice ne soit pas compris par l’étranger. et n’apparaisse comme une victoire
Ils supplient le général de Gaulle en qui leur confiance est absolue. C’est à la clémence 

Ils ne prétendent pas intervenir dans / troubler / C’est
C’est à la seule clémence du général de Gaulle qu’ils s’adressent avec le seul souci de l’intérêt du pays. »  


At the end of the Second World War, Mauriac was among the intellectuals opposed to the excesses of the purge, in the name of Christian forgiveness. Arrested on September 8, 1944, Maurras was tried by the Lyon Court of Justice from January 24 to 27, 1945. Charged with conspiring with the enemy, he was also accused of anti-Gaullism, hatred of Jews, and radical positions in L’Action Française against the resistance fighters, whom he described as “terrorists,” while calling for their execution. In his defense, Maurras emphasized his anti-Germanism throughout the trial. He was finally found guilty on January 27 of high treason and conspiring with the enemy. The Court of Justice sentenced him to life imprisonment and national degradation. He thus narrowly escaped the death penalty. The trial of Robert Brasillach was also being held alongside the Maurras trial. With the help of Jean Anouilh and Marcel Aymé, Mauriac launched a petition asking General de Gaulle to pardon the young journalist and pamphleteer. Despite this initiative, Brasillach was executed on February 6, 1945. His defense of the collaborationists at this time earned Mauriac the nickname “Saint Francis of the Assises” from journalists.

JACOB, Max (1876-1944)

Original drawing signed « Max Jacob »
N.p.n.d. [St Benoît sur Loire], 1 p. in-4° in black ink
Slight browning on right hand margin

Nice drawing by the poet depicting an archangel on horseback defeating the Devil


The figure of the archangel became a recurring theme for the poet after his conversion to Christianity in the early 1910s, and even more so in his “meditations” composed in Saint-Benoît-sur-Loire. He soberly dedicates his drawing to his friend Pierre Lagarde in the lower right corner.

A central character of the Montmartre and Montparnassian avant-garde, who converted to Catholicism in 1915 after having had several visions, Max Jacob left Paris in 1936 to settle in Saint-Benoît-sur-Loire in the Loiret region. He led a monastic life there. His poetic and mediating works, partly taken up by Pierre Lagarde in his admirable work Max Jacob – Mystique et martyr (La Baudinière, 1944), are close to the quietist current. From then on, he assumed his life as a fisherman as a condition of his redemption. Six months before the liberation of Paris, he was arrested by the Gestapo because of his Jewish origins, a fate he accepted as a martyr. He was interned by the French gendarmerie at the Drancy camp and died there five days later, a few hours before his scheduled deportation to Auschwitz.

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « ton viejo » to his mistress Jeanne Schneider
[Fleury-Mérogis prison], 12 November [19]76, 2 pp. in-4°

Long letter from prison to his lover, evoking the sessions in the visiting room and the progress in writing his book L’Instinct de mort, from which he quotes a striking passage


« Bonsoir mon ange… ce soir avalanche de lettres de toi la n°4, 5 et mercredi 10/11 sans numéro [He then speaks of his daughter’s visit at the visiting room] Je vois mon ange que tu commences à bien t’installer. Tu vas voir que tu vas retrouver ton calme une fois chez toi […] Comme cela ton piaf est mort. C’est le changement de vie qu’il l’a tué… ou l’âge ! Il est au moins sûr de ne pas retourner en prison (lui). Tu as dû avoir ta larme ! et je le comprends, on s’attache à ces petits compagnons de détention qui sont moins cons que les humains.
Autrement tout va bien. Je fais un effort pour terminé [sic] ce maudit bouquin [his book L’instinct de mort, which will be published in February 1977] que je trouve mauvais. J’ai par contre fait une réflexion sur la violence face à la société qui n’est pas tendre. Si mon livre est publié… c’est la “gada” à coup sûr… le docteur Guillotin va avoir un client sérieux, c’est la seule chose qui peut me faire perdre la tête après mon amour pour toi. A un moment j’ai écrit “si j’ai toujours tiré le premier, c’est qu’entre la prison et le cimetière, j’ai fait mon choix. On ne s’évade pas d’un cercueil… d’une prison si !”.
Oui je suis dingue, par contre je me suis bien amusé à l’écrire parfois. J’espère te voir mardi… car nous avons énormément de problèmes à régler. Voilà ma puce ! […]
Petite fille, je termine en posant de doux bécots sur tout ce qui est toi… eh oui ! “libertard” je t’adore toujours… quelle sentence à vie.. cet amour… […]
Te quiero, ton viejo. »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider at the end of her divorce from Maria de Soledad. Jeanne is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had been staying on the night of the assassination). Mesrine escaped from the Saint-Vincent-de-Paul prison with five other inmates, including Jean-Paul Mercier, on August 21, 1972.

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « ton Gve Flaubert » to Maxime Du Camp
[Paris, 13 October 1869], 2 p. in-8° on beige laid paper
Small tear on top margin of second page (see scan)

Flaubert announces the death of Sainte-Beuve, which occurred the same day

The most important of Flaubert’s eleven letters to Du Camp still in private hands


« Sainte-Beuve est mort tantôt à 1 heure et demie sonnant. Je suis arrivé chez lui, par hasard, à 1 h. 35.
Encore un de parti ! La petite bande diminue ! Les rares naufragés du radeau de la Méduse disparaissent !
Avec qui causer de littérature, maintenant ? Celui-là l’aimait. Et bien que ce ne fût pas précisément un ami, sa mort m’afflige profondément. Tout ce qui, en France, tient une plume, fait en lui une perte irréparable.

Ton vieux Caraphon¹ n’est pas gai !

J’ai, à propos d’Aïssé, des embêtements graves. Latour-Saint-Ybars² surgit avec un traité et force l’Odéon à le jouer avant la mère Sand³. Or, comme Le Bâtard fait de l’argent, et que L’Affranchi ne sera pas représenté avant le commencement de décembre, cela rejette Aïssé je ne sais quand. Rien n’est encore absolument décidé. Mais je suis contrarié à cause du petit Philippe.
Le retard de la pièce entraîne celui du volume de vers
, etc., etc. Quoique je n’aie rien à te dire, j’éprouve un besoin démesuré de te voir et d’embrasser mon vieux Max.

Amitiés au Major ; tendresses au Mouton⁸.
Ton Gve Flaubert
Rue Murillo, 4, parc Monceau. »


[1] Maxime Du Camp had nicknamed Flaubert this way during their trip to the Orient
[2] Isidor Latour, known as Latour-Saint-Ybars, will have his play L’Affranchi performed at the Odéon theatre from January 19 to 27, 1870.
[3] Allusion to the play L’Autre by George Sand, which premiered at the Odéon Theatre on February 25, 1870.
[4] Le Bâtard, a comedy in 4 acts by Alfred Touroude, premiered at the Odéon Theatre on September 18, 1869.
[5] Mademoiselle Aïssé, a drama in five acts by Louis Bouilhet, was finally performed at the Odéon Theatre on January 6, 1872.
[6] Philippe Leparfait, adopted son and heir of Louis Bouilhet.
[7] Dernières chanson of Louis Bouilhet, collection of posthumous poems with a preface by Flaubert, published by Michel Lévy in 1872.
[8] “Major” (Émile Husson) and “Mouton” (Adèle Husson), some of Maxime’s close friends.

Flaubert always held Sainte-Beuve in high regard, even beyond the few reservations expressed by the critic upon the publication of Salammbô, seven years earlier: “It is therefore a complete tour de force that he claimed to accomplish, and there is nothing surprising that, in my opinion, he failed.” (Le Constitutionnel, 8-22 Dec. 1862). The man he reverently called “Maitre” must have been for Flaubert, if not the dedicatee, then one of the privileged readers of his next novel, as he confided the next day in a letter to his niece Caroline: “I had written L’Éducation sentimentale, partly for Sainte-Beuve. He will have died without knowing a line of it!” (Corr., Pléiade, t. IV, p. 112-113).

There are 38 identified letters from Flaubert addressed to his friend Maxime Du Camp, 24 of which are now in the Bibliothèque de l’Institut. A copy of this letter, in an unknown hand, appears in the Lovenjoul collection (A.V, f°308).

COLETTE, Sidonie Gabrielle (1873-1954)

Autograph postcard signed « Colette » to Claude [Farrère]
N.p.n.d. [Paris, 28 December 1950], 1 p. small in-8°
Date of receipt of the card probably written by Farrère

Tender greeting card from the writer to his long-time friend Claude Farrère


« Grand Claude, tes souhaits devancent les miens, mes vœux ne sont ni moins vifs ni moins tendres ! Mais je ne sors ni ne bouge. Mon parfait compagnon suppléé à tout. Je t’envoie une carte qui te rappellera un peu notre jeune temps, et je t’embrasse
Colette »

[On the front, a reproduction of her portrait by Henri Manuel. Colette circles the word “Writer” and ironically adds an exclamation point.]


One of Colette’s close friends, Claude Farrère (1876-1957) inspired her in 1910 to model Maxime Dufferein-Chautel’s novel La Vagabonde. Having fallen under Colette’s spell at the same time, Farrère experienced feelings for her that were not reciprocated. The officer-writer’s attachment remained long-term. Their friendship gradually transformed into a platonic epistolary love during their later years, until Colette’s death in 1954.
Her portrait by Henri Manuel (captured in 1910, the year of their failed affair) is thus a tender nod from Colette evoking their “young days”.

GRIS, Juan (1887-1927)

Autograph postcard signed « Juan Gris » to André Level
[Loches, 2 Oct. 1916], 1 p. in-8°
Autograph address: « [M]onsieur André Level / 21 rue de Londres / Paris »
On the back: view of the Louis XI Tower and the Martelet in Loches
Stamp and composting marks

Scarce Gris postcard to collector and gallery owner André Level


We leave Juan Gris’s spelling as is

« Cher ami,
Merci du beau Corot que vous m’avez envoyé. J’essai bien a faire du paysage mais ça me semble mauvais. On verra bien du bout de quelques tentatives.
Je ne travaille pas beaucoup. Je joue a la balle et j’ai construit en cerf-volant qui ne veut pas voler. Tous les jours je le perfeccione sans obtenir un resultat.
Le bonjour de ma femme.
Juan Gris
[He adds on left margin :]
Mes hommages a Mme et Mesdemoiselles »


Having settled in Loches in 1916 with his partner and future second wife Josette Herpin, Juan Gris painted a dozen canvases there in a few weeks, some of which depicted landscapes and local monuments. Working with the gallery owner Léonce Rosenberg since 1915, Gris nevertheless maintained correspondence with other figures in the French avant-garde scene, including André Level. The latter, after creating the investment fund “La peau de l’ours” in 1904 with his brothers and a few friends, acquired a considerable number of works by then little-known artists such as Picasso, Modigliani, Matisse, etc. He sold the works ten years later at the Hôtel Drouot in a historic and highly successful sale, placing the French avant-garde at the forefront of the art market.
This card is one of the last sent from Loches by the painter before his return to Paris. He left Touraine region at the end of October to attend the banquet celebrating the recovery of Guillaume Apollinaire and the publication of his Poète assassiné.

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed « André Gide » to Élie Allégret
La Roque, [late] August [18]93, 3 pp. in-4° on lined laid paper
« Original Palet Mill » watermark, slight browning on margins

Admirable letter from young Gide to his tutor and confidant, evoking the first manifestations of the love that binds him to his cousin Madeleine Rondeaux – He then reveals his plan to travel alongside Paul Laurens, an adventure that will prove decisive for the writer, both on a moral and sexual level

Letter remained in the Allégret archives until 2007


« Bien du temps a passé, mon cher ami, depuis ma dernière lettre. Je t’écrivais alors d’Espagne, avec cette émotion de me sentir plus près de toi parce que j’étais plus loin de la France. Ce voyage s’est fini tout simplement et nous avons repris pour un temps maman et moi nos occupations parisiennes. […]
Notre séjour habituel de la Roque est déjà tout près de finir ; le temps m’est strictement mesuré pour des raisons que je m’en vais te dire. Mes cousines ont passé près de nous trois semaines. Que ne puis-je, mon ami, te parler longuement d’elles et te demander après tes pensées. Je me souviens si bien de cette causerie trop courte que nous eûmes sur des affaires très intimes, dans cette voiture qui remontait l’avenue de l’Opéra, t’entraînant vers d’ultimes acquisitions, car le lendemain tu devais repartir. Tout est resté de même, mon ami, tout s’est approfondi, aggravé : c’est une chose difficile à comprendre lorsqu’on ne fait que la dire sans raconter longuement tous les pourquois : oui tout s’est aggravé (c’est le mot le meilleur) amours, luttes, tristesses et refus. La résistance de Madeleine est obstinée ; elle n’a cessé que lorsque par instant sa raison fut vaincue, et que son amour trop fort a dû paraître. J’ai presque tort de te parler de cela, ne pouvant t’en parler assez ; j’ai peur que tu te méprennes et que tu penses que j’ai grand tort de continuer cette poursuite, du moment qu’elle est repoussée. C’est bien ce que je me dis lorsque j’en suis fatigué jusqu’à la plus profonde tristesse. Mais si je reprends cette poursuite ensuite, c’est parce que je sais qu’elle m’aime plus que tout autre, et c’est elle qui me l’a dit, elle m’a dit que la vie sans moi lui paraissait vide et terne, et que tout en elle mourait le jour où elle s’est dit qu’elle devait me quitter…
Elle s’est fait de cela un devoir, non pour elle, mais pour moi, je le sais, se craignant pour moi trop âgée
[Madeleine est de deux ans l’aînée d’André]. Alors comprends-tu que j’insiste, et que sachant tout cela, un refus qu’elle s’impose douloureusement ne me rebute, et que tout continue, et ne peut presque plus avoir de solution qu’une attente l’un de l’autre, une attente perpétuelle, et que peu à peu le mariage ne devient presque plus souhaitable, tant nous avons pris peu à peu l’un devant l’autre une attitude presque hostile parfois à cause de cette triste lutte. Et nous ne pouvons pas nous passer de cela. […] Je ne suis pas retourné chez elle depuis bien des années ; et c’est bien malgré elle que Madeleine m’invite ; elle me l’a dit, mais je m’effraie de voir combien une femme peut se mentir. Je ne resterai pas là-bas [Cuverville] beaucoup de temps ; je pars aussitôt après pour un assez long voyage. On ose à peine devant toi parler de ‘long voyage’, pourtant celui-ci devrait durer six mois ; je dois partir avec un ami de mon âge, le fils du peintre Jean-Paul Laurens […] nous avons choisi l’Italie, la Sicile, la Tunisie, l’Algérie et l’Espagne. Le désert nous tente tous deux et nous projetons de descendre jusqu’à Ouargla [ville de province à 800 km au sud d’Alger] si c’est possible ; tout ça en vue de nous mûrir ; j’ai un peu le spleen d’avance – mon compagnon aussi, ce qui fait que nous nous entendrons […] 
Ma prochaine lettre sera probablement datée d’un climat plus voisin du tien ; je me réjouis de partir – et si ce n’était pour y laisser maman seule – de quitter Paris. On y vit mal et en toute superficie ; cela m’amusait un temps et j’ai peur que pour un peu cela ne m’amuse encore, mais cela ne vaut rien et je suis heureux de cette occasion de fuir
[…] et dit de ma part à Madame Allégret les choses les plus amicalement respectueuses. Je suis votre ami.
André Gide. »


The year 1893 marked the beginning of a long and tortuous relationship between Gide and Madeleine Rondeaux, his cousin and future wife. Deeply captivated, the young writer discovered a new impetus in his life through his awareness of evil as well as through his rigid and conformist sense of the actions to be taken, inherited from a puritanical education. By painting an idealistic image of his cousin, he ended up falling in love with her in an intellectual and yet passionate sense. Seeing Madeleine refuse to marry him and fearfully distance herself from him, Gide then began a long struggle to overcome her resistance and convince the Rondeaux family, who were also opposed to this union.

As a young 23-year-old painter, Paul Laurens invited his friend Gide in 1893 to accompany him on a scholarship for a trip to southern Europe and the Maghreb. Reported in Si le grain ne meurt, this initiatory journey, decisive in the writer’s life, would be an opportunity for him to achieve the moral and sexual liberation he had been yearning for, thus allowing him to break with Protestantism and live with his homosexuality. Returning to France in 1895 after a second trip to Algeria, Gide had a peaceful reunion with his cousin. The sudden death of his mother that same year seemed to precipitate things; André and Madeleine married that autumn.

His letters to Élie Allégret are the first known of Gide’s letters outside his family circle. A Protestant pastor, Allégret was invited in 1885 by Juliette Gide to the Château de La Roque-Baignard to become her son’s tutor and supervise both his reading and religious education. While the two men exchanged letters extensively, their correspondence became almost silent (with the exception of this letter and a few others) around the turn of 1893 and 1894, a period of estrangement and moral transformation for the writer.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph inscription signed « Victor Hugo » below an albumen print by Achille Mélandri
N.p.n.d. [print : Spring 1880], 12,7 x 9 cm (print), 24 x 17 cm (montage)
Tiny spots

Superb albumen print of Victor Hugo surrounded by his two grandchildren, celebrating The Art of Being a Grandfather


The print is enriched on the mount with a moving autograph mention signed by Victor Hugo:

« Je songe avec bonheur à tout ce que vous avez fait de charmant pour mes chers petits-enfants, et je vous remercie avec effusion.
Victor Hugo »

After the passing of his eldest son, Charles Hugo, when his children were only three and two years old respectively, Victor Hugo took charge of raising his only grandchildren. They devoted unwavering affection and admiration to him throughout their lives.

An extraordinary figure and close friend of Charles Cros, Achille Mélandri was both a poet and an excellent photographer. Located at 19 rue Clauzel, his studio was one of the essential places in the Parisian artistic world at the end of the 19th century.

A similar proof is held in the collections of Victor Hugo’s house at Hauteville House in Guernsey (inventory no. 3279).

BLUM, Léon (1872-1950)

Autograph letter signed « Léon Blum » to Louis-Alfred Natanson
N.p.n.d., [Paris, 14 December 1894], 3 p. 1/2 petit in-8° on cream paper
With autograph envelope, stamped and obliterated (tears and spots)
Usual central fold, one word crossed off by Blum

Long and very rare letter from younr Léon Blum – The 22 years old Parisian dandy, then collaborator at the Revue blanche, reveals through these lines all his sensitivity and his empathy for his friend Natanson


« Mon cher Fred, je suis bien coupable de ne pas vous avoir répondu plus vite. Mais j’étais moi-même si abruti, si énervé que vraiment je n’aurais plus pu vous écrire la lettre qu’il fallait, la lettre gaie, pimpante, réconfortante, etc. etc. Et puis j’ai appris lundi par Alexandre [Natanson] pour vos gros malheurs. Je sais que vous allez mieux, et même maintenant j’espère que vous reviendrez bientôt ici avec un superbe congé de convalescence. Tout de même, j’ai beaucoup pensé à vous, et ce n’était pas trop gai. Je me demandais dans quel état vous deviez être là-bas, mon pauvre ami, tout seul avec de pareilles horreurs autour de vous. Mais Alexandre et Tadhée [Natanson] m’ont affirmé que vous étiez tout à fait bien, et ferme, et résistant, et même gai. Je vous fais tout de même mes compliments, mon cher Fred, mais pourtant je suis heureux de penser que vous allez sortir bientôt de là-bas.
Ça me fait tout de même un drôle d’effet de penser que vous lisez cette lettre dans votre beau lit blanc, entre la bonne petite sœur et l’infirmière. (Y’a-t-il des infirmières, à propos ? Vous n’êtes donc pas du tout laïcisés). […] Mon pauvre Fred, comme vous étiez bien fait pour vivre là-dedans – j’aurais voulu voir [Romain] Coolus cette semaine mais je l’ai manqué mercredi à la Revue [Blanche] où j’étais allé pour lui. Nous nous serions bien lamentés sur vous en strophes alternées, et même je suis sûr que Coolus aurait eu des colères très éloquentes. Je voudrais vous raconter des histoires très amusantes. Mais ma vie n’est que d’énervements. Je suis dans un état de tension et de fatigue inimaginable. Cet examen dont tout au fond de moi je me moque comme d’une guigne, et dont l’issue me sera tellement indifférente cinq minutes après que je la saurai – et bien ! pour le moment l’idée m’en tort et m’en déchire d’une manière inouïe. Il faut attendre trop longtemps, et je ne sais pas supporter l’attente. Je suis admissible depuis mercredi dernier, et je vais passer mon oral cet après-midi à deux heures. Cela m’a fait une très mauvaise semaine, remplie d’un ardent désir et d’une impossibilité absolue de travailler. Voyez-vous, mon pauvre Fred, nous sommes des êtres trop sensibles. Nous finissons par souffrir même de choses qui nous sont indifférentes. Ce que je vous dis là a l’air absurde, et pourtant c’est vrai. Bien entendu, je vous écrirai le résultat définitif. Je n’ai pas oublié notre pari. […]
Voilà mon cher ami, le peu de nouveau de ma vie. Je voudrais vous envoyer autre chose que cet ennui et ce brouillard. Mais je suis vraiment trop nerveux et trop triste. Figurez-vous que j’en viens à ne plus pouvoir supporter un ennui, et surtout à ne plus pouvoir supporter l’hiver. Le froid et le brouillard sont au-dessus de mes forces. Adieu, mon cher Fred, rétablissez-vous bien vite. Je vous écrirai sûrement bientôt, et surtout j’espère bientôt vous voir. Nous vous dorloterons, nous vous câlinerons, et les mauvais souvenirs s’oublieront vite.
Votre bien affectueux Léon Blum. »


Drawn to an artistic and literary career from his high school years, Blum published his first verses in La Conque, a journal co-founded in 1888 with his friends Gide and Louÿs from the Lycée Henri IV. However, it was only from 1892, through his columns in the Revue blanche, founded by the three Natanson brothers, that Blum managed to establish a reputation in Parisian literary circles. Jean-Laurent Cochet called him “the most intelligent critic of his time.” Avant-garde and excellent, the Revue blanche brought together all the most eminent figures in the artistic world. Debussy, Toulouse-Lautrec, Mallarmé, Proust, Bonnard, and Jarry contributed to it. For the young Blum, here aged 22, writing and literature were paramount. His words here are unambiguous in this regard: “This examination which, deep down, I couldn’t care less about, and whose outcome will be so indifferent to me five minutes later that I know it.” His destiny is gradually reoriented towards politics, with the Dreyfus affair as the trigger.

GUITRY, Sacha (1885-1957)

Autograph quotation signed « Sacha Guitry »
S.l.n.d., 1 p. in-8° oblongue
Fine condition

An amusing aphorism that sums up the playwright’s caustic wit


« Ce qu’il y a de plus difficile à faire dans une pièce, ce sont les entr’actes.
Sacha Guitry »


A prolific playwright, Guitry wrote one hundred and twenty-four plays, many of which were great successes, such as Mon père avait raison and Quadrille.

BRASILLACH, Robert (1909-1945)

Autograph letter signed « Robert Brasillach » to Thierry Maulnier
[Paris, late 1930s], 1 p. in-8° on Je suis partout‘s letterhead
Central fold mark, slight browning on corners
Slight ink smudges testifying to a folding by Brasillach when the ink was not yet dry

Brasillach does a favor in exchange for an article from his friend Thierry Maulnier, then thanks him for his favorable review of his work on Corneille


« Cher vieux,
Plus de permis. Mais veux-tu un demi-tarif ?
Réponds tout de suite pour si on te le demande. MAIS (faisons un petit chantage), envoie un article en échange. Tu seras gentil.
Vivre esclave ou mourir !
Bien amicalement, et merci de tes articles sur Corneille, où je trouve (ce qui ne m’étonne pas) enfin quelqu’un qui a compris.
Robert Brasillach »


Fellow students at the Lycée Louis-le-Grand, Brasillach and Maulnier, along with six other friends, made their mark by publishing Fulgur in 1927, a serialized detective and fantasy novel. While the two friends cultivated a certain Maurrassian ideology close to the Action Française in the early 1930s, the ideological trajectory of Brasillach, who became editor-in-chief of the collaborationist weekly Je suis partout in 1937, took a radical turn. Having become the champion of collaboration, he conveyed his hatred of the Jews, the Popular Front, the Republic, and his admiration for the Third Reich, whose triumph in France he had always hoped for.
During the rout in the spring of 1940, the editors of Je suis partout, which included Brasillach, were summoned by the police for threatening state security, along with a number of fascist intellectuals. The final issue was urgently entrusted to Thierry Maulnier, an occasional contributor to the weekly. The newspaper reappeared in 1941 and became openly pro-German.
Brasillach published Pierre Corneille (mentioned here) with editor Fayard in 1938. This letter is therefore necessarily dated from that year or the beginning of the following one.

GRACQ, Julien (1910-2007)

Autograph letter signed « Julien Gracq » to Thierry Maulnier
Caen, 4th November [1945], 1 p. in-8° in violet ink on lined paper
Central fold mark

In a familiar style, the writer apologizes to Maulnier who, six months after the publication of Un Beau ténébreux, has not yet received his copy


« Cher archicube [surnom donné à Thierry Maulnier],
J’apprends par une coupure de presse (Concorde, de Lyon, [journal lyonnais publié entre 1944 et 1947] je crois) que tu n’as pas reçu “Un Beau ténébreux”. J’en suis contrarié, car tu étais un des premiers à qui j’avais prié Corti d’adresser le livre, paru il y a 6 mois. C’était la moindre des politesses, car je n’oubliais pas ton accueil sympathique de 1939. Le livre s’adressait en outre, permet-moi de te le dire sans flatterie, à un des rares critiques qui compte pour moi. Je te prie donc d’excuser cette négligence. Si tu n’as pas trouvé le livre, veux-tu avoir l’obligeance de me mettre une carte avec ton adresse exacte : j’aurai plaisir à te l’adresser et ce ne sera pas, crois le bien, pour te “taper” d’une lettre ou d’un article : le livre est d’ailleurs épuisé depuis un moment et ce genre de publicité ne m’obsède pas.
Je ne te l’envoie pas directement car je n’ai plus que très peu d’exemplaires et je ne voudrais pas en égarer. Excuse donc cette négligence de Corti : mais je ne voulais pas que tu croies de ma part à un oublie qui aurait été une vraie impolitesse. 
Bien sympathiquement
Julien Gracq

[Il rajoute son adresse :]
adresse : L. Poirier
assistant à la fac des lettres
14 place St Martin Caen

[Puis en post-scriptum :]
Je dois te remercier à propos de cet article, de n’avoir pas oublié “Angel”. Puis que tu parles de Butor avec une estime justifiée, il ne te sera sans doute pas indifférent de savoir qu’il jugeait l’introduction à la poésie française “sensationnelle”, comme il dit. »


Published in the spring of 1945, Le Beau ténébreux is Gracq’s second novel published by José Corti, to which the writer remained loyal throughout his literary career. He wrote his novel in two stages: the first part was written in Silesia, during Gracq’s captivity, while the second was written at the same time as the poems in Liberté grande in 1942. The work develops, in the form of long dialogues, a reflection on literature that would be continued in his later major theoretical texts. While the novel received mixed reviews in specialist journals, its success with readers was very real. Nominated for the Prix Renaudot, Un Beau ténébreux received three votes, allowing it to draw attention to Le Château d’Argol, published seven years earlier and reissued in 1945.

LÉVI-STRAUSS, Claude (1908-2009)

Autograph letter signed « Claude Lévi-Strauss » to Thierry Maulnier
[Paris], 9 May 1982, 1 p. 1/4 in-4°
Central fold
Stamp in the lower left corner of the second page: “Fonds / archives privée / Maulnier”

Critical reflections of the anthropologist on a work by Thierry Maulnier


« Cher confrère,
‘L’Étrangeté d’être’ m’apporte les mêmes profondes satisfactions intellectuelles que ‘Les Vaches sacrées’ naguère. Dans une langue d’une concision et d’une élégance incomparables, j’y reconnais des thèmes de réflexion qui me sont chers : que nous ne saurons jamais ce que c’est que la vie ; qu’un des plus grands acquis de la science contemporaine est de nous faire comprendre pourquoi on ne pourra jamais tout comprendre ; qu’il est vain de chercher un sens à l’histoire ; que les périodes les plus riches et les plus créatrices n’excluent pas (et peut-être supposent ; on pourrait longuement épiloguer là-dessus) une certaine rudesse des mœurs… Vous cernez toutes ces questions d’un trait sûr et projetez sur elles de grandes lumières.
Une menue objection, toutefois : l’expérience sur les planaires (p. 54-55) est aujourd’hui controversée ; il me semble que personne n’ait pu la reproduire !
En vous remerciant de votre envoi (et singulièrement du n.22, qui me touche) je vous prie, cher confrère, de croire à mes sentiments admiratifs et très fidèles,
Claude Lévi-Strauss »


In his objection to Thierry Maulnier on planarians, Lévi-Strauss here alludes to the study conducted in the 1960s by the American researcher James McConnell. The latter had described unique learning abilities in planarians which led him to formulate a bold thesis on the “biochemical bases of memory”, arousing a lively controversy in the scientific community.

Maulnier continues and deepens the effort begun in Les vaches sacrées (published in 1978) by leading with L’Étrangeté d’être a reflection, a questioning, and sometimes a systematic contestation of the truths and values ​​that the contemporary era, despite its apparent opposition to norms, still considers as acquired.

JAURÈS, Jean (1859-1914)

Autograph manuscript signed « Jean Jaurès »
[Paris], c. 1st June 1906, 10 p. in-4° in black ink
Stains, typographical annotations, pinholes

Remarkable complete manuscript of an article relating to the separation of Church and State, published on the front page of the newspaper L’Humanité on June 2, 1906, six months after the promulgation of the law


« Le secret épiscopal et même pontifical a des fêlures. Les évêques ont juré de ne rien dire de leurs discussions et de leurs décisions. Et pourtant, voilà toute la presse qui raconte que les partisans de l’acceptation de la loi l’ont emporté. Le Temps précise même. Il y a eu une majorité de 22 voix pour le principe de l’acceptation ; et cette majorité s’est accrue ensuite quand on est passé aux dispositions de détail. J’ai tout lieu de croire que ces renseignements sont à peu près exacts. Ainsi les évêques, en qui les sages conseils de l’Esprit saint ont été secondées par la leçon des événements et des élections, ont adopté une politique conciliante et sensée. Voilà sans doute tout danger de guerre religieuse écarté.
Il sera en effet difficile au pape [Pie X] de ne pas conformer ses instructions aux avis des évêques. On sait qu’il les a consultés. On sait aussi, malgré l’épaisseur du mystère, quelle a été leur réponse. Il eut été difficile de faire accepter à la masse des catholiques français une politique de combat, même si les évêques l’avaient conseillée ; mais il sera impossible de la faire prévaloir contre l’opinion des évêques eux-mêmes maintenant connue. La loi de séparation sera donc appliquée sans nouveaux désordres et sans crise nouvelle.
Nous nous en réjouissons bien sincèrement. D’abord, c’est un désastre moral pour ces prêtes politiciens et échauffés, pour ces réacteurs forcenés et fourbes qui ont tenté de persuader au suffrage universel qu’au mois de décembre prochain toutes les églises seraient fermées par la force, et que le parti républicain opprimerait les consciences. Que vont dire les bonnes âmes qui se sont laissé duper et exciter ? Voici que de l’aveu même des évêques, la sagesse conseille d’accepter une loi qui fut dénoncée pendant la période électorale comme détestable et diabolique.
Et puis, il ne nous déplaît pas que nul parmi les républicains ne puisse être tenté d’aggraver la loi. Ce n’est pas de la violence, c’est du progrès de la raison publique et nous attendrons l’évanouissement des croyances traditionnelles qui s’opposent au progrès de l’esprit humain.
Enfin, par l’apaisement de la question religieuse, c’est la question sociale qui occupera le premier plan. C’est autour du privilège de propriété que se livrera la bataille des idées et des partis. Nous pourrons demander aux amis de M. Carnot, aux adhérents de l’Alliance démocratique, si c’est nous qui organisons la lutte des classes ou si elle n’est pas la conséquence nécessaire du régime capitaliste. Nous demanderons à la majorité si elle entend faire de la guerre ou du collectivisme, comme M. Carnot, le pivot de sa politique. C’est de clarté surtout que la France a besoin pour continuer sa route. La lumière se lèvera d’autant plus vive et plus nette sur le problème social que l’horizon ne sera plus ni bouleversé ni troublé ni même obscurci par l’orage des passions religieuses.
Jean Jaurès »


The law on the Separation of Church and State, an emblematic measure of the Third Republic, owes a great deal to the action of the socialists. Three of them particularly contributed to the design, democratic inflection, and adoption of the law in December 1905: the Jaurèsian Aristide Briand, who was its distinguished rapporteur, the maneuverer who led the Commission of Thirty-Three where he wanted to lead it, Francis de Pressensé, the inspiration, the initiator of the legislative process, and the deputy of Tarn, Jean Jaurès, the recognized leader, who showed the way and intervened at decisive moments.
During the three and a half months that the discussions lasted in the Chamber of Deputies, from mid-March to the first days of July 1905, the 44 articles of the Separation Act were discussed during 48 sessions and 289 amendments were tabled and examined. The law was passed in the Chamber on July 3, 1905 by 341 votes to 233. It was then passed in the Senate on December 6, 1905 by 181 votes to 102. It was promulgated on December 9 and came into force on January 1, 1906. It put an end to the notion of “recognized religion” and made churches private law associations. In addition, Article 4 organized the devolution of the assets of public religious establishments to religious associations.
The law was violently criticized by Pope Pius X in his encyclical letter Vehementer nos of February 11, 1906, which condemned the unilateral rupture of the concordat of 1801.

RÉCAMIER, Juliette (1777-1849)

Autograph letter signed (third person) to Hélène T. Mazel
[Paris], 29 November 1843, 1/2 p. in-12°
4 envelopes

In the privacy of Juliette Récamier


This set includes:

1 autograph letter signed in the third person from Juliette Récamier to Hélène Mazel
[Paris, November 25 [1843], 1/2 p.
in-12°

« Mad. Récamier prie Mademoiselle Mazel de lui faire l’honneur de venir passer la soirée chez elle le jeudi prochain.
Samedi 25 novembre »

***

1 autograph letter (by Amélie Cyvoct?) to Hélène Mazel
[Paris] September 17 [1838], 1 p. small in-8°
Envelope enclosed

« Mme Récamier est bien sensible à l’offre si gracieuse de Mademoiselle Mazel et toute désolée de ne pouvoir pas en profiter […] Mais Mme Récamier espère que Mademoiselle Mazel voudra bien lui conserver ses bonnes intentions […] »

***

3 autograph letters signed by Pierre-Simon Ballanche to Hélène Mazel
[Paris, between 1837 and 1846], in all 3 p. 1/4 in-8°

Paris, 22 December 1837 :
« J’ai le bonheur de vous apprendre que Madame Récamier va beaucoup mieux, mais c’est depuis bien peu de jours que nous sommes pleinement rassurés. Elle est encore fort souffrante, et sa voix ne revient qu’à de très courtes intervalles. Mais l’ensemble de sa santé est réellement amélioré […] Au retour de la campagne, elle n’est point revenue à l’Abbaye-aux-bois. Les médecins ont jugé que son appartement ne devait pas être favorable à son rétablissement. Elle demeure, en ce moment, rue d’Anjou St Honoré, n°30. C’est là que vous pouvez lui écrire. Elle sera charmée d’avoir de vos nouvelles […] Vous n’ignorez pas tout l’intérêt qu’elle vous porte, toute la part qu’elle prend à vos succès […] Ballanche »

Paris, 1838 :
« Mademoiselle, Madame Récamier me charge de vous exprimer tous ses regrets de ce que, depuis si longtemps, elle n’a pas eu le bonheur de vous voir. Elle me charge, en même temps, de vous dire combien elle désire vivement, et le plus prochainement possible, une de vos bonnes visites.
Elle vous aurait écrit elle-même, si écrire n’était pas pour elle une très grande fatigue, dans son état de santé […] Ballanche »

Paris, 12 Febrruary 1846 (On a misunderstanding and the order of a piano by Juliette Récamier)
« […] Madame Récamier désire bien vivement que ce nouvel arrangement puisse convenir, mais comme son message vous a été mal transmis […] elle me charge de vous faire connaître, Mademoiselle, la situation telle qu’elle est.
Madame Récamier me charge donc, Mademoiselle, de vous prier de lui dire si vous avez encore la disposition de votre soirée de dimanche prochaine ; et dans le cas où vous seriez libre, de vouloir bien lui dire si elle peut vous espérer, si elle peut compter sur le piano que vous aviez bien voulu lui faire envoyer.
Mais, dans le cas ou Madame Récamier aurait le regret de ne pouvoir pas compter sur vous, elle voudrait savoir si néanmoins elle pourrait toujours compter sur le piano qu’elle a dû déjà à votre obligeance. Madame Récamier attend, Mademoiselle, avec une bien vive impatience, et avec l’espérance qu’elle vous devra tout le charme de la soirée de dimanche prochain.
Sir tout tot, Mademoiselle, Madame Récamier vous prie de vouloir bien lui écrire un mot par la poste. […] Ballanche »

Ballanche was part of Juliette Récamier’s inner circle, alongside Chateaubriand and Amélie Cyvoct (Juliette’s adopted daughter). Coming from the same generation, they met under the Directory in 1797. Having died two years before his friend, he was buried in the same vault as her in the Montmartre cemetery.

***

1 autograph letter signed by Jean-Jacques Ampère to Hélène Mazel
[Paris], March 1, 1849

On the state of health of Juliette Récamier, two months before her death

« Mademoiselle, Madame Récamier me charge de vous dire combien elle a été sensible à l’intérêt que vous voulez bien prendre de sa santé et à votre aimable souvenir. Ses yeux on déjà éprouvé une amélioration par suite de deux opérations et l’on attend un succès complet de la troisième qui aura lieu d’ici quelques semaines […] rien ne pourra guérir le chagrin inconsolable que lui a causé la perte de ses amis [Chateaubriand était mort dans ses bras l’année précédente].
Croyez je vous prie Mademoiselle l’hommage de mon respectueux dévouement.
J.J. Ampère »

Juliette Récamier was to die two months later, on May 11, while the cholera epidemic was raging in that year of 1849. The district of rue de Sèvres, where the salonnière resided, was particularly affected.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed « Victor Hugo » to M. Lafeuillade
Paris, 12 8bre [October] [1873], 1 p. 1/2 in-8° on blue paper
Tears on folds, small hole on second page (without affecting the text)
Autograph envelope included (stamped)

Hugo refuses all royalties for the publication of his poem La Libération du territoire


« Mon honorable concitoyen,
J’accepte avec émotion le don glorieux que vous m’annoncez. On peut le faire déposer chez moi 20, r. Drouot. Je remercie les donateurs du plus profond de mon âme.
Dites-le-leur en mon nom, je vous prie.
L’argent produit par la vente du poème La Libération du territoire ne passera pas par mes mains ; il sera déposé directement dans la caisse de secours des Alsaciens-Lorrains. Je transmettrai, si l’occasion m’en est offerte, aux administrateurs de cette caisse, votre recommandation honorable pour M. Schalek.
Recevez mon plus cordial serrement de main.
Victor Hugo »


Completed on August 31, 1873, La Libération du territoire was published as a brochure by Michel Lévy frères on September 16, 1873, the day of the “liberation of the territory,” (an allusion to the evacuation of German troops after advance payment of war compensation). The first part of the poem was published the following day on the front page of the newspaper Le Rappel. 23,986 copies of this brochure were sold, bringing in a total of 11,993 francs. Once the reimbursement of manufacturing costs was deducted, 4,506.30 francs remained, which went, equally divided (1,502.10 francs each) to three relief societies for the benefit of the Alsatians-Lorrainers: the one chaired by Mr. Crémieux, the one chaired by Mr. d’Haussonville, and the one on Boulevard Magenta. As he confirms in this letter, Hugo, at the height of his glory, refused all royalties at the time of publication.
The poem was then published in Actes et paroles – Depuis l’exil [second part, XVI] in 1876. We have not found any trace of this Mr. Schalek.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed « Jean Cocteau » to Henry de Montherlant
Milly[-la-Forêt], 1 November 1962, 1 p. in-4° in blue ink

Cocteau urges Montherlant to join him at the Académie française


« Mon cher ami
Ne vous inquiétez pas de l’Académie – c’est un phantasme et si vous voulez vous rendre compte que rien ne change lisez le livre du duc de La Force “En marge de l’Académie” publié par Maurice Garçon.
La seule chose étrange c’est qu’on soit sous cette coupole qui refusait Chateaubriand Hugo Vigny Balzac et recevait des gens que ni vous ni moi ne connaissons et n’aurions voulu connaître.
Ils vous veulent et vous auront coûte que coûte.
[Cocteau rajoute en vertical à la marge : « Ils commencent à se rendre compte »] Résignez-vous.
Je vous embrasse.
Jean Cocteau »


Henry de Montherlant was elected to the Académie française on March 24, 1960, without a competitor, to the seat of André Seigfried. Although required by protocol, he did not make any candidacy visits (a formality he refused to do). Agoraphobic, or pretending to be, he was only received at a reading committee meeting by the Duke of Lévis Mirepoix on June 20, 1963. Claude Levy-Strauss became Montherlant’s successor at the Académie in 1973, a year after the latter committed suicide.
BEAUVOIR (de), Simone (1908-1986)

Autograph note signed « S. de Beauvoir » to Berthe Mandinaud
[Paris, 16 July 1956], 1/4 p. in-4°
With autograph envelope

The philosopher’s thanks to her typist


« Avec mes remerciements
S. de Beauvoir »


Berthe Mandinaud was Simone de Beauvoir’s official typist, who took charge of the complete transcription of her entire work for her. This short letter (originally accompanied by a check) may have come in thanks for the typing done for La Longue marche: essai sur la Chine, an essay published by Gallimard following her trip to China that she made the previous year with Jean-Paul Sartre.

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « votre Colette » to the Guillermet couple
[Paris], 24 [December 1950], 2 p. in-8° on blue paper
Light ink smudge on top margin of second page

Affectionate letter written by both hands by Colette and her husband Maurice Goudeket, addressed to their friends in Beaujolais


« Bonne année, mes chers Guillermet, jamais présents, jamais tout à fait absents, bonne année, bonne santé et le moins d’emm….ts possible. Que devenez-vous, dans votre beau patelin perdu, lieu de bon accueil et de fidèle amitié ?
Deux Gigi-Bérard1, déposés par l’éditeur, attendent, vous le savez, vos instructions pour signature.
Ma très chère compagne, résignée désormais à l’immobilité, (il n’y a pas d’autre solution) va bien. Une pièce d’elle va voir le jour dans trois semaines environ. Je suis en plein dans les répétitions, en tant que son mandataire, et je prends à ce point mon rôle au sérieux, que je finis par croire que la pièce est de moi. C’est un peu comme ces managers de boxe qui disent “Nous n’avons peur de personne, les coups ne nous font pas mal”.
Que vous dire d’autre de moi, sinon que je m’agite un peu dans tous les sens, (oh ! beaucoup moins que Jean !) et que la manie des livres ne m’a pas quitté.
Et le garçon ? Il doit avoir fini son service, il me semble, à moins qu’il n’en fasse une carrière.
Embrassez, je vous prie, Suzanne de ma part.
Et croyez-moi, le plus affectueux et le plus fidèle des
Maurice »

[Then Colette congratulates Made on her turkey :]
« Mes Guillermets très chers, il en tient une place, ce Maurice ! Je me fais mince. Je voudrais une lettre de ma Guillermette, une comme je les aime. Quelle poularde !!! Ce sont des jeux interdits, mes chers.
De tout cœur votre
Colette »


[1] This is a deluxe edition of the novel Gigi, illustrated with lithographs by Christian Bérard, published by Chadourne in 1950, with a print run of three hundred copies.

A humanist and philanthropist, Jean Guillermet (1893-1975) strove all his life to make Beaujolais known. Among other things, he published an annual Almanac extolling the qualities of this terroir and in particular its wine. Colette met Madeleine, wife of Jean Guillermet, in the summer of 1943. Madeleine immediately invited Colette to stay at her home in Limas near Villefranche-sur-Saône, in the heart of the Beaujolais vineyards. It was therefore very natural that Colette, a great epicurean and lover of good wines, became friends with the Guillermet couple. They maintained a regular correspondence until the writer’s death in 1954.

NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910)

Autograph card signed « Nadar » to [Henri ?] Cazalis
Draveil, 12 January [18]93, 1 p. small in-8°
Old mark of tape on backside, otherwise fine condition throughout

Affectionate card from the photographer to his friend Cazalis


« Ma pauvre affligée et moi, nous envoyons tout notre plus cordial souvenir avec nos meilleurs souhaits à l’ami Cazalis, à sa très charmante femme et à tout ce qu’ils aiment.
Nadar
Mais quand jamais se reverra ton ?
– Et pourtant, quelle bonne joie !… »


At the height of his career but ruined by the Commune for several years, Nadar moved into a building in the former hermitage in the Sénart forest in 1887. He converted it by extending it on two sides and adding a floor. In addition to caring for his hemiplegic wife, he set up a studio there and welcomed friends. Julia Daudet, wife of Alphonse Daudet, who was then staying in Champrosay, a hamlet in the commune of Draveil, mentioned the Hermitage in several of her novels. She described it as a “strange and pleasant house, cut into nooks and crannies, windows and doors in a devil’s fashion, small lean-tos”. Nadar sold the manor in 1894 and left to set up a photographic studio in the South.
MADAME ROYALE, Marie-Thérèse de FRANCE, dite (1778-1851)

Autograph letter to Théodore Charlet
« G… » [Gorizia, Italy], 15 oct[ober] 1843, 2 p. small in-8°
Numbered “176” by Madame Royale on top left corner of the first page
Slight browning on second page

Letter of exile in Italy from Madame Royale, giving news to her financier who remained in France

From the Hubert Guerrand-Hermès collection


« J’ai reçu vos 2 lettres des 3 oct. et 5 oct. Je vous remercie de tous vos vœux pour ma petite [sans doute Louise d’Artois, petite fille de Charles X, née un 21 septembre], et je vous écris le même jour. […] Mon neveu [le comte d’Artois] continue heureusement son voyage… sa santé est excellente. Je m’en vais envoyer l’ordre à mon banquier de vous faire payer 10000 francs […] Je veux bien accorder encore 1000 fr à de Bouille pour le tirer d’embarras portant à sa condition… Je vous remercie d’avoir fait toutes mes commissions…[…] Mille choses à votre famille, j’espère que vous êtes tous bien portants… »


Daughter of Louis XVI and Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte of France, known as Madame Royale (to distinguish her from the king’s sister-in-law), was the first child of the royal couple, born after more than eight years of marriage. Locked up in the Temple in 1792 with her family, she was the only survivor, exchanged in extremis in 1795 for the French commissioners handed over to the Austrians by Dumouriez. In 1799, she married her cousin Louis of France, Duke of Angoulême, son of the future Charles X. The childless death of Louis XVIII made her and her husband the last Dauphins of France. Forced into exile during the July Revolution in 1830, Madame Royale joined the former King Charles X, and left with her court for Gorizia, a city under Austrian domination. In 1844, she moved with her relatives and her nephew Henri d’Artois, Count of Chambord, to Frohsdorf Castle, located southeast of Vienna where she died on 19 October 1851.

[HUGO] BERTALL (1820-1882)

Original photographe (albumen print) of Victor Hugo by Bertall
N.p.n.d [Brussels, 1867], carte-de-visite format
Photographer’s credit on verso
Some flaws (see scan)

Elegant portrait of the exiled poet, seated on a riveted armchair


Gaze fixed on the lens, Hugo sits on an imposing riveted armchair, a book in his right hand. The Poet is then banished to his land of exile in Guernsey, at Hauteville-House. His thick beard is already whitened by age while the mustache still remains brown.

Pseudonym of Charles Constant d’Arnoux de Limoges Saint-Saëns, Bertall is considered one of the most important illustrators of the 19th century in addition to working as a photographer. We know of several portraits of the poet that he made during his trip to Guernsey. Bertall collaborated with Hippolyte Bayard from 1855, then opened with him the Bayard et Bertall photography studio at 15 bis rue de la Madeleine in Paris. He set up his own business from the 1860s at 33, rue Boissy d’Anglas.

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph carte-de-visite signed « GC. » [to Michel Alexandre Gaston Tournier]
N.p.n.d, 2 p. in-24° (7.4 x 4.8 cm)
Tiny spots (see scans)

Scarce carte-de-visite of Clemenceau to a friend


« Avec mes meilleurs souhaits, mon cher général et mon très vif regret de ce que la parole qui m’avait été donnée à votre égard n’ait pas été tenue.
GC »


Provenance :
General Tournier’s estate

NECKER, Jacques (1732-1804)

Letter signed « Necker »
Paris, July 12 1790, 1 p. in-folio on laid paper with watermark
Tiny tear on top right angle, slight browning on upper margin, central fold

Scarce letter signed by Necker in the last weeks of his mandate as the King’s first Minister of Finance


« J’ai reçu, Messieurs, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, le tableau des Citoyens actifs du Département du Nord, et les discours que vous avez prononcés à l’ouverture de son assemblé électorale. Vous y avez rappelé aux électeurs l’importance des choix qu’ils allaient faire, et des principes sages, prosper à les diriger dans une telle circonstance. J’ai vu avec beaucoup de satisfaction, dans ces discours, l’hommage des sentiments que le Roi est si digne d’obtenir, et qui doivent animer tous les français. Je vous prie, Messieurs, d’agréer mes remerciements, et votre lettre en exige de particuliers, puisqu’elle est très obligeante pour moi.
J’ai l’honneur d’être avec un sincère attachement, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur.
Necker »


After dismissing him on 11 July 1789, Louis XVI had to resolve to recall Necker on the 16th of the same month. The latter then took the title of Prime Minister of Finance. He quickly opposed the Constituent Assembly, in particular Mirabeau. While the deputies rejected Necker’s proposals, based on traditional methods of anticipation and borrowing, Necker opposed the financing of the deficit by issuing assignats. He resigned from his third ministry on 4 September 1790.

VERLAINE, Paul (1840-1896)

Autograph letter signed « P Verlaine » to Adrien Remacle
Paris, 22 7bre [September] 1895, 1 p. in-8° on laid bi-folio
Stains and browning (see scan)

In feverish writing, Verlaine gives his last address at 39 rue Descartes, where he would pass away three and a half months later


« Mon cher Remacle,
J’ai reçu hier soir, 80 francs de M. Colin, pour mes vers que je viens vous remercier et m’avoir fait placer si bien.
Je forme des vœux bien sincères pour votre prompt rétablissement. J’aurais bien été vous voir, mais nous sommes en plein déménagement et la preuve c’est que dès ceci reçu, sachez que je demeure 39 rue Descartes.
Mille cordialités
P Verlaine »


Having been staying with his mistress Eugénie Krantz in an attic on rue Saint-Victor since the beginning of 1895, the couple moved to the first floor of 39, rue Descartes, behind the Panthéon in September. Already suffering from diabetes, ulcers and syphilis, the poet’s last months turned into torture. Verlaine barely went out and corresponded with his last followers, his irremediable decline having begun a few years earlier having and earning him countless hospital stays. An emblematic figure of the accursed poet, Verlaine finally died on 8 January 1896 of acute pneumonia.

After sending 80 francs to Verlaine, the publisher Armand Colin (1842-1900) was to make a first publication of four of the latter’s poems in his Revue pour les jeunes filles of October 5:
“Intermittences”, “Sites urbains”, “Clochi-clocha” and “En septembre”. Each of these poems was republished in the Œuvres posthumes de Verlaine, published by Messein in 1911.
Poet and composer, Adrien Remacle (1855-1916) was from 1885 the director of La Revue contemporaine, to which Verlaine occasionally contributed. Remacle was in return the dedicatee of a poem in the collection Dédicace, which appeared in 1890. Remacle drew from the Fêtes galantes a drama-ballet in two acts, premiered in Paris on February 9, 1914 on the stage of the Théâtre idéaliste.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Robert de Montesquiou
N.p, [December 7, 1904], 4 pp. in-8°, mourning paper
Montesquiou’s stamp on top left corner
Tears on folds, annotation in pencil on fourth page

Proust makes a scathing assessment of Italy and the preservation of its heritage in an astonishing letter to his mentor


« Cher Monsieur,
Vous avez été bien gentil de m’inviter à cette matinée. Si je ne vous ai pas écrit c’est que, sortant exceptionnellement tantôt pour aller voir mes médecins, j’avais espéré pouvoir, en les quittant, aller vous remercier à Neuilly. Malheureusement, je n’ai été libre qu’à 7 heures. J’aurai ces jours-ci, par Reynaldo, de beaux récits qui préciseront mes regrets
[d’après le compte rendu du Figaro du lendemain, Hahn a ravi l’auditoire avec ses compositions]. Et dire que c’est peut-être la seule fois que vous m’inviterez ! Mes rendez-vous avec ces médecins étaient pris et comme j’étais souffrant cela m’a fait, de sortir, beaucoup plus de mal qu’ils ne me feront jamais de bien. On m’a parlé, avec la vague déformation que prennent les bruits quand ils arrivent jusqu’à ma chambre de malade, des conférences que vous feriez en Italie. Malgré ce que vous m’avez dit en faveur de l’évangélisation plus efficace d’une terre inesthétique comme l’Amérique, je pense que les « Conférences d’Italie » seront plus glorieuses encore. La véritable terre inesthétique n’est pas celle que l’art n’ensemença pas, mais celle qui, couverte de chefs-d’œuvre, ne sait ni les aimer, ni même les conserver et laisse les Tintoret s’effacer peu à peu sous la pluie quand elle ne les repeint pas entièrement, qui détruit pièce à pièce ses plus beaux palais pour en vendre les morceaux, très cher, par cupidité, ou pour rien, par ignorance de leur valeur. La vraie terre inesthétique n’est pas la terre vierge en qui l’art habite, du moins par le désir qu’elle en a mais la terre morte où l’art n’habite plus, par la satiété, le dégoût et l’incompréhension qu’elle en a. Et je suis sûr que votre Épitre aux Romains ne sera pas moins belle que votre Message à l’Église de Philadelphie [allusion au voyage de Montesquiou aux États-Unis l’année précédente].
Votre respectueux
Marcel Proust »


The missed meeting by Proust seems to be the morning that Montesquiou gave at the Pavillon des Muses in honor of the Italian writer Mathilde Serao, on Wednesday, December 7, 1904. This morning was announced in Le Figaro of Tuesday, December 6, 1904, the report was given the day after in the same newspaper.
It is not surprising that Proust here insistently expresses strong feelings about Italy and its most famous Venetian painter, he whose translation of Ruskin’s The Bible of Amiens had just been published at the beginning of 1904 in the Mercure de France. Touched by the work of the English author, which he discovered in 1898 thanks to his friend Robert de Billy, Proust undertook several “Ruskinian” pilgrimages at the same time as he was working on the translation, helped by his mother Jeanne Weil. He went to the north of France, to Amiens, and especially to Venice. He visited the lakeside city twice in 1900, once in April, and again in November. The country, its history, its works… Proust’s fascination with Italy is not only due to the chapter he devotes to it in Le Temps retrouvé. It first emanates significantly through Ruskin’s work.
Had the writer been aware of Tintoretto’s monumental Paradise clumsily “detached” from the Doge’s Palace in 1903 when he writes an unflattering critique of the way Italy preserved the paintings of its masters? Or was it an observation of his own experience during his two trips to Venice and its surroundings? In any case, the craze among American collectors for European paintings, those of “the virgin land in which art lives,” had been in full swing for many years already.

[HUGO] VACQUERIE, Auguste (1819-1895)

Period albumen prints in stereoscopic view
[Jersey, c. 1853-1855], approximately 7,5 x 6,5 cm each, on thick cardboard (8,5 x 17,5 cm)
Nice contrasts despite some stains and flaws on prints (see scans)
Some flaw on cardboard
Pencil annotations on verso

Nice portraits of the poet in a seated position, leaning on a table in Marine Terrace


These two prints show Victor Hugo seated, leaning on a table, on which a few scattered sheets can be seen. Behind him, the wall of his house in Marine Terrace in Jersey, where the exiled poet lived with his family from August 1852 to October 1855. We observe a slightly different pose of the subject on each of the two prints. Hugo seems more questioning on the first while he gives the impression of a more determined look on the second.

Attributed to Auguste Vacquerie, these photographs could just as well have been taken by the poet’s son, Charles Hugo (1826-1871).

Two similar prints are kept in the collections of the Maison de Victor Hugo.

Nice contrasts. Rather uncommon for this era.

MADAME ROYALE, Marie-Thérèse de FRANCE, dite (1778-1851)

Autograph letter signed « MT » to Théodore Charlet
« V… » [Vienna, Austria], March 1st, 1850, 2 pp. in-8°
Numbered “268” on top left corner by Madame Royale
Tiny holes due to ink corrosion, some ink smudges

In a long letter to her financier who remained in France, Madame Royale gives news of her intimate circle in exile

From the Hubert Guerrand-Hermès collection


« En revenant d’un petit voyage que j’ai fait pour voir ma nièce Louise [Louise d’Artois, petite fille de Charles X] chez elle, que j’ai trouvé en bonne santé avec ses 3 enfants et heureuse. J’ai été aussi voir le frère de ma nièce Thérèse [son neveu le comte de Chambord] chez lui. J’ai été très contente de ma course et à mon retour j’ai retrouvé mon neveu et sa femme [Marie-Thérèse de Modène] en très bonne santé, et j’ai reçu votre lettre sans date de février. Je suis bien aise que vous ayez reçu la mienne d’ici. J’y reste jusqu’après Pâques, que je retournerai chez moi, vous pourrez m’écrire une fois ici. Je profite d’une occasion pour faire mettre ma lettre à la petite poste. Nous nous portons tous bien ici, je désire que vous et votre famille en fassiez autant. Dites leur mille choses de ma part surtout à votre bonne femme. L’abbé ici est mieux, mais [a] bien de la peine à se remettre. Je vous remercie d’avoir fait mes commissions. J’apprécie fort que vous donniez 50 frs par mois à a Dame de charité pour la veuve Marionna – Quant à Mme Lemond, elle habite Fontainebleau sans adresse ; il n’y a rien à donner pour le moment. À Girardon, je ne rétablis pas sa pension. Je vous remercie des nouvelles que vous me donnez de Maria, je sais que son frère l’abbé lui cause bien de la peine, il est fou. Mme Vve Anne Ranulon, rue Hillerin Buttin n°14 à Paris, fille du Cte de St Louis, demande des secours – vieille, infirme, s’en informer. Je vous renvoie la lettre de ce Bourdel, c’est une folie. Il n’y a rien du tout à faire, il ne cite que des gens morts et des faussetés d’un contenant connu, que son libellé paraisse, cela m’est égal. Quant à la note pour la Chapelle, il n’y a rien non plus à faire. Je ne ferai aucune démarche, je l’ai fait ériger, je veux qu’elle reste comme elle est. Si l’on en détruit et bâtit autour, tant pis pour ceux qui le feront, mais je n’y serai pour rien.
Voilà toutes mes intentions sur ces 2 articles. Vous avez bien répondu au médecin, j’espère qu’il restera tranquille, mais cela m’est égal.
Adieu, vous conaissez tous mes sentiments pour vous et les vôtres qui ne changeront jamais.
MT »


Daughter of Louis XVI and Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte of France, known as Madame Royale (to distinguish her from the king’s sister-in-law), was the first child of the royal couple, born after more than eight years of marriage. Locked up in the Temple in 1792 with her family, she was the only survivor, exchanged in extremis in 1795 for the French commissioners handed over to the Austrians by Dumouriez. In 1799, she married her cousin Louis of France, Duke of Angoulême, son of the future Charles X. The childless death of Louis XVIII made her and her husband the last Dauphins of France. Forced into exile during the July Revolution in 1830, Madame Royale joined the former King Charles X, and left with her court for Gorizia, a city under Austrian domination. In 1844, she moved with her relatives and her nephew Henri d’Artois, Count of Chambord, to Frohsdorf Castle, located southeast of Vienna where she died on 19 October 1851.

PROUDHON, Pierre-Joseph (1809-1865)

Autograph letter signed « P.-J. Proudhon » to Gustave Chaudey
Passy [Paris], September 11, 1863, 3 p. in-8° on laid paper, black ink
Repairs with missing bits on seven words (see scans), folds reinforced

In a long letter to his lawyer and confidant, Proudhon evokes his friend Gustave Courbet, his work in progress, then ends his missive with introspective reflections while vituperating against his era


« Mon cher ami,
Je ne suis point allé en Franche-Comté, malgré la bonne envie que j’en avais ; j’ai travaillé.
Le jour même où je comptais partir, j’ai fait mon compte ; et j’ai trouvé que je ne pouvais pas donner au repos plus de huit à dix jours ; que ces huit à dix jours me coûteraient au moins 200 fr. ; que ces 200 fr., je ne pouvais les distraire de mon budget ; qu’en outre, je ne pouvais rien faire à Besançon de ce qui m’y appelle principalement, la personne avec qui je dois m’entendre n’y étant pas ; qu’enfin, à part la visite à faire au docteur Maguet, que j’ai vu en dernier lieu à Paris, le séjour dans mon pays natal serait pour moi une source de désagréments et d’amères réflexions. De tout quoi il est résulté que je ne suis pas parti, et que j’ai continué à porter mon bât comme un pauvre âne que je suis, que j’ai toujours été, et que je serai toujours.
Je compte aller vous voir mardi prochain 14, ou mercredi 15, selon l’état de mon travail, que je tien à avancer le plus que je puis.
L’affaire Courbet est pour moi très fâcheuse : non que je regrette ce travail, qui m’a beaucoup instruit ; mais parce qu’il s’est étendu plus que je ne m’y attendais, et que j’aurais pu sans aucun inconvénient l’ajourner. Il est certain que ce travail formera un volume de plus de 200 pages [Du principe de l’art et de sa destination sociale, published posthumously in 1865]. Je touche à la fin : mais il ne sera en état d’être imprimé qu’après une révision que je ne ferai qu’après avoir terminé une brochure électorale.
J’ai lu l’ouvrage de notre ami Élias, j’ose dire que c’est d’un bout à l’autre un affreux paradoxe polonais. Je viens de lire aussi une histoire de la Pologne, en 2 volumes, par M. Chevé : un autre paradoxe polonais, à la façon du P. Loriquet. Élias s’est laissé surprendre par ses idées fédéralistes et ses préventions anti-moscovites ; Chevé a été entraîné par son zèle catholique. Ainsi les Polonais usent de toutes les idées pour se faire des recrues : ils ont des partisans parmi les démocrates, parmi les royalistes, les fédéralistes, les jacobins unitaires, les catholiques, les socialistes, etc. ; et voilà comme on écrit de nos jours l’histoire, non pas l’histoire ancienne, mais l’histoire contemporaine.
On voit que la campagne influe sur vous. Votre esprit est frais, votre cœur calme ; vous espérez comme au plus beau temps de votre jeunesse. – Moi, je n’ai plus de confiance à la génération actuelle ; je travaille sans espérance pour la satisfaction de ma conscience, et pour la dignité de ma cause. Je me sens la tête de plus en plus épuisée ; et je songe toujours à quitter la politique et même le métier d’écrivain, si je trouve à me caser quelque part. Sous ce rapport, mon travail sur l’art pourra me servir en m’engageant dans la carrière purement littéraire, où plusieurs personnes m’assurent que j’y obtiendrai du succès.
Cette tristesse ne m’aveugle pas sur mon propre mérite. Je reconnais volontiers que ma triste fortune est un peu de mon fait ; que j’ai gaspillé un joli capital de talent et d’intelligence ; que j’ai eu trop peu de soin de mes intérêts ; que j’ai travaillé avec emportement et précipitation, etc. Mais cela ne fait pas que mes contemporains ne soient meilleurs, et qu’une époque où des fautes comme les miennes sont si atrocement punies, tandis qu’un tas de fripons obtiennent des succès si faciles, soit une époque de progrès. Je crois que nous sommes en pleine décadence, et plus je reconnais que j’ai été dupe de mon excessive générosité, moins il me reste de confiance dans la vitalité de ma nation. Je n’ai ni foi à l’avenir, ni à aucune mission humanitaire du peuple français ; et le plus tôt que nous disparaîtrons de la scène sera le mieux pour la civilisation et le genre humain.
Bonsoir, cher ami ; à mardi ou mercredi.
Tout vôtre.
P.-J. Proudhon »


The “Courbet affair” mentioned here probably refers to the painter’s work Le Retour de la conférence. Marked by anticlericalism and the opposition that animated Courbet’s work throughout his career. Painted in Saintonge in 1863, the painting (now lost) caused a scandal at the Salon of the same year. Inspired by the same socialist ideas as his friend Proudhon, Courbet then pressed the latter to write a defense of it. What was originally intended to be a brochure of a few pages soon became a vast treatise on the social role of the artist: Du principe de l’art et de sa destination sociale. The work was published in 1865, just a few months after the death of its author. The text would be severely criticized by the pen of the young critic Émile Zola, still unknown to the general public, in his work Mes Haines.

[HUGO] DROUET, Juliette (1806-1883)

Autograph letter signed « Juliette » to Victor Hugo
N.p [Paris], 9th December [1846], « Wednesday morning »,  10 h ½ », 4 p. in-4°
Central fold reinforced with Japan paper (two letters affected), two words crossed off by Juliette Drouet
Dry stamp “BR” on top left corner

Superb unpublished letter to her lover Victor Hugo, passionately evoking the reading that the latter gave her, the previous evening, of a chapter of his novel Les Misères, which fifteen years later would become Les Misérables


« Bonjour, mon cher bien aimé, bonjour mon adoré petit Toto, bonjour mon amour comment vas-tu ce matin ? as-tu eu bien froid cette nuit en rentrant chez toi ? j’ai bien regretté d’avoir éteint mon feu hier par distraction et dans un but d’économie. Si j’avais pu penser que tu rentrerais avec tes pauvres pieds mouillés j’aurais fait tout le contraire au risque de mettre le feu à la maison. Je te promets que la nuit prochaine tu auras du bon feu. Mon Dieu que c’est beau ce que tu m’as lu hier soir. J’en ai encore le cœur tout ému. Tu n’as jamais rien fait de plus grand, de plus vrai, de plus douloureux, de plus doux, de plus généreux et de plus consolant que ces premières pages de ton Jean Trejean. Tout y est. Depuis les plus grandes choses de la nature jusqu’aux plus petits détails de la toilette empire de Mlle Sylvanie, depuis la dureté de cœur des bourgeois jusqu’à l’ineffable bonté du vieil évêque [M. Myriel], depuis les féroces préjugés du monde jusqu’à la morale si généreuse et si douce de Jésus-Christ1. Tu n’as rien omis, rien oublié rien dédaigné. Et tout cela dans ton plus beau style et de ta plus sublime poésie… pardon mon Victor adoré, pardon pour la ridicule page d’admiration que je viens de t’écrire. Il est permis au ciron [espèce d’acarien. Pascal, dans sa pensée sur « Les deux infinis », le prend comme exemple de l’infiniment petit] d’admirer Dieu dans sa petite âme de ciron, mais il n’est donné qu’aux aigles de s’en approcher parce qu’ils ont des ailes. J’aurais dû me borner ce matin à t’exprimer ma reconnaissance pour le bonheur immense que tu m’as donné cette nuit sans chercher à te traduire tout ce que j’ai éprouvé en t’écoutant […]. Il y a une sorte d’ivresse du cœur qui fait que l’âme et l’esprit ont leur vertige comme le corps. C’est ce qui m’arrive dans ce moment-ci. […] Laissez-moi donc vous dire en toute hâte que vous êtes mon cher petit toto que j’aime et que j’adore. Que je baise sur toutes les coutures, que je désire et que j’attends de toutes mes forces et à qui je recommande de m’être bien fidèle, de venir tout de suite et de m’aimer toujours.
Juliette.
»


This letter allows us to fully appreciate the emotion experienced by Juliette following the visit, the previous evening, of her lover Victor who came to give her a reading of what was still only Jean Tréjean, the novel that she has been recopying since the previous year. We can also guess at certain characters, whose names were later changed. Thus, without the final version of the novel, Mademoiselle Sylvanie, sister of Monseigneur Myriel (here the “old bishop”), becomes Mademoiselle Baptistine: “Mademoiselle Sylvanie, sweet, thin, frail, a little taller than her brother, dressed in a puce silk dress, a fashionable color in 1806, which she had bought at the time in Paris and which still lasted her […]. Mademoiselle Sylvanie’s dress was cut according to the 1806 patterns, short waist, narrow sheath, sleeves with epaulettes, with tabs and buttons.”
As for Juliette, if the analogies between her own youth and the character of Fantine are speculative, we know with more certainty that she sensitized the writer to the question of poverty. She also contributed to collating the manuscripts, copying them, and participated in documenting Hugo, particularly on life in convents. It was also Juliette who, on December 13, 1851, just a few days after Napoleon III’s coup d’état, joined Victor in Brussels with the famous “manuscript trunk”, which contained all of the writer’s works, including the future Les Misérables, two-thirds of which were completed.

The development of Les Misérables is well documented. Victor Hugo began the first drafts a year earlier, in November 1845. The first title considered by the writer was then Jean Tréjean, taken from the name of the main character who later became Jean Vlajean, then Jean Valjean. In December 1847, the novel, already largely written, became Les Misères. The events of 1848, Hugo’s activity as a politician during the Second Republic and the tribulations of exile were all obstacles to the completion of the work. Hugo was at the same time in the middle of writing Les Contemplations. Twelve years later, in 1860, while he was in exile in Guernsey, Hugo took up his pen again to complete his novel. Moreover, there are no two different versions between the manuscript before the Revolution of 1848 and that of exile. The manuscript of Les Misérables is in this respect a manuscript of Les Misères corrected and expanded. The first volume was published on March 30, 1862, by Albert Lacroix, Verboeckhoven et Cie, and four days later in Paris. Parts two and three were published on May 15, parts four and five on June 30. Although reactions were mixed, success was immediate.

[1] The bourgeois of Senez mock Monseigneur Myriel who rides a donkey. “Mr. Mayor,” said the bishop, “and gentlemen bourgeois, I see what scandalizes you, you find that it is indeed pride for a poor priest to ride a mount that was that of Jesus Christ.” Monseigneur Myriel invents examples and “parables going straight to the point, with few sentences and many images, which was the very eloquence of Jesus Christ, convinced and persuasive.” (Les Misères)

[AFFAIRE DREYFUS] ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Z » to Alice Mirbeau
N.p [Addlestone], Tuesday 30th August [18]98, 4 p. in-8° on laid paper
Central fold reinforced with Japan paper, light browning, lower margin stain on second folio (see scans)

Letter from exile testifying to the writer’s unwavering commitment to the Dreyfus affair


« Je vous remercie de votre bonne lettre, chère madame et amie, et surtout je vous remercie de l’affection dont vous entourez ma chère femme, qui a grand besoin d’être aimée dans les cruelles circonstances qu’elle traverse.
Vous me parlez avec un grand bon sens et une parfaite amitié de mon séjour ici. Moi aussi, je pense depuis longtemps que je pourrais sans danger y faire connaître ma présence et y prendre une attitude, que je saurais rendre utile et digne. Mais il y a aussi l’autre parti, celui de rentrer en France et d’y faire mon devoir jusqu’au bout. Je ne puis donc encore me prononcer, j’attends l’avis de nos amis et j’attends aussi les évènements. De toutes façons, d’ailleurs, je ne puis guère rentrer avant la fin d’octobre, car je désire que la chambre soit réunie et qu’on ait liquidé toutes les autres affaires pendantes.
Vous me touchez infiniment en m’offrant vos services dévoués, ici et même à Paris. Ici, le mieux est que je vive encore ignoré, travaillant en paix dans une solitude dont personne ne connaît le chemin. Mon travail, que j’ai repris régulièrement, m’est un grand repos. À Paris, certes, si j’avais besoin de vous, je serais fort heureux de me confier à votre dévouement et à votre discrétion.
Les infamies s’entassent, cela devait être. C’est avec un serrement douloureux de cœur que je songe à la pure victime
qu’ils vont encore condamner ; et cela ne me donne qu’une passion, celle du sacrifice, la volonté de m’immoler moi-même.
Embrassez bien tendrement votre cher mari. Je sais tout ce qu’il fait pour nous, et j’en suis profondément ému.
Merci encore, chère madame et amie, et mille bonnes affections.
Z »


Convicted definitively on July 18, 1898 by the Versailles court, Zola left France to return to England. His open letter “J’accuse…!” published in L’Aurore on January 13, 1898 earned the writer a fine of 3,000 francs and 1 year of imprisonment. Committed body and soul to the defense of Captain Dreyfus, Zola was forced into exile by Clemenceau and Labori, and at the same time into silence. Kept away from the Parisian furnace prey to all the passions surrounding the affair, Zola sometimes lets glimpse from England, like this letter, a share of frustration at no longer being at the center of the chessboard.
Regarding the support he received from his close friends, the writer could count on that of Octave Mirbeau, a Dreyfusard from the very beginning. The latter, whose role has long been underestimated, was one of the most influential defenders of Captain Dreyfus and Zola. After taking a public stand for the first time in an article in the Journal of 28 November 1897 (two days after Zola’s first article), it was Mirbeau who, in July 1898, paid out of his own pocket the entire fine to which Zola was sentenced in Versailles. Two weeks after Zola’s conviction, he wrote in L’Aurore on 2 August 1898:
« Will not professors, philosophers, scholars, writers, artists, all those in whom truth resides, from all parts of France, finally free their souls from the terrible weight that oppresses them? Faced with these daily challenges to their genius, their humanity, their spirit of justice, their courage, will they not finally understand that they have a great duty… that of defending the heritage of ideas, of science, of glorious discoveries, of beauty, with which they have enriched the country, of which they are the guardians… »

We know the letter of support that Alice Mirbeau, committed to her husband, sent to Zola on August 24, and to which the writer replied above: « Despite the pain I feel in knowing how much you suffer from your isolation, I persist in believing that you must find the strength to wait, and that at no cost should the end be hastened. Certainly, prison, where all those who love you could come and embrace you, would be sweeter for you and for your friends, but you must not abandon everything, especially now that there is a new victim on the eve of being so harshly struck. […] I am very happy that you have resumed your work, it will console you a little, because you must persist […] If I can do you any pleasure, soften your captivity a little by a few steps for anything that you would like to be done, use me, I beg you, I put my tenderness at your service and I will be happy to use myself to be agreeable to you…»

At the time he wrote this letter, Zola did not yet know it, but the affair was about to change on this August 30. After having completed the Dreyfus file with a piece that he himself had forged, Commander Henry confessed after his forgery was discovered by Captain Cuignet, military attaché to Minister Cavaignac. Taken immediately to detention at Mont Valérien, Henry committed suicide the next day in his cell, his throat slit with a razor. 

DESBORDES-VALMORE, Marceline (1786-1859)

Autograph poem signed « Mᴺᵉ Valmore Desbordes »
N.p, 15th April 1841, 3 pp. large in-4° (20,9 x 26,5 cm)
Some ink smudges (by Marceline Desbordes-Valmore), collection stamp on lower margin of the first page

An admirable laudatory poem to her friend Mademoiselle Mars for her farewell performance at the Comédie-Française on March 31st, 1841

From the de Saulcy and Marc Loliée collections

« The only woman of genius and talent of this century and of all centuries in the company of Sappho perhaps… » (Paul Verlaine, Les Poètes maudits, 1888)


The present manuscript reveals numerous variations with the published text. In addition to numerous replacements of words, Desbordes-Valmore removed 12 lines from the third group of verses, 8 lines from the fourth group, then completely removed the eight lines that constituted the ninth group.

« Quoi ! les Dieux s’en vont-ils, Madame ? et votre France
Verra-t-elle ce soir tomber sans espérance
Sur sa plus chaste idole un envieux rideau,
Comme un voile jaloux sur un divin flambeau ?

Belle ! chaste ! au milieu de la foule idolâtre,
Qui dès l’aube, en silence, erre au pied du théâtre,
Vous voilà toute libre, ô Mars ! et vous parlez ;
Et votre voix vibrante, au fond des cœurs troublés,
Porte l’enchantement, le désir, la mémoire,
Et tout, pour vous répondre, a crié : “Gloire ! gloire !”
En vain — votre sourire, aux anges dévolu,
Vient de dire à la foule : Adieu ! je l’ai voulu.

Et voyez : cent beautés, plus belles de leurs larmes,
Ont arraché leurs fleurs pour en couvrir vos charmes ;
Comme dans la reine inclinant leurs beau corps,
Leurs mains ont frappé l’air d’indicibles transports ;
Et tout ce que l’Europe enferme d’harmonie
Prête à ce dernier soir sa noblesse infinie !
puis, saluant de loin votre front qui rayonne,
Ont fait voler sur vous couronne sur couronne

“En avez-vous assez !”, Madame, et verrons-nous,
Devant plus de génie un grand peuple à genoux ?

Demain, de leurs transports doucement apaisée,
Rêveuse, et sur vous-même un instant reposée,
Vous pourrez, rendant grâce au Dieu qui vous forma,
Vous écrier : Vivre est doux : on m’aima.

Oui ! tout ce que Dieu fit à la grâce accessible,
À l’amour incliné, vous le rendez sensible.
Vive comme l’oiseau, jeune comme l’enfant,
Vous portez à la lèvre un rire triomphant.

On sent que le cœur bat vite
Sous ce corsage enchanteur.
On sent que le Créateur
Avec amour y palpite.
Vous feriez pleurer les cieux,
Quand votre âme souffre et plie
Et votre mélancolie
Désarmerait l’envieux.

Une musique enchantée,
Où vous passez, remplit l’air.
Votre œil noir lance l’éclair

Comme une flamme agitée.
Au bruit ailé de vos pas,
Les âmes deviennent folles,
Et vos mains ont des paroles
Pour ceux qui n’entendent pas.

C’est qu’à votre naissance où dansèrent les fées,
Ces donneuses de charme, à cette heure étouffées,
Chacune, d’un baiser, pénétra vos yeux clos,
Et mena le baptême au doux bruit des grelots.
Elles avaient rompu l’exil et maint obstacle,
Pour unir leur puissance en un dernier miracle
Sur l’enfant demi-nu leur essaim palpita,
Et dans votre âme ouverte, une d’elles chanta.

C’est de là que vous vient le flot pur d’harmonie
Organe transparent de l’âme et du génie.
C’est de là, dans vos pleurs, que des perles roulaient,
Et dans vos yeux profonds que les muses parlaient.

Vos marraines fuyaient, que vous dormiez encore
Au tumulte charmant de leur départ sonore ;
Et vous aviez rêvé, pour ne pas l’oublier,
Qu’aux arts un doux sabat venait de vous lier.

Mais votre ange gardien, vous couvant sous son aile,
Effrayé de ces dons pour votre âme éternelle,
Baisant votre front, dans sa craintive ardeur,
L’inonda pour toujours de divine pudeur !

Et toujours, à travers l’insaisissable voile,
Tout soir, à notre ciel, allumait votre étoile.
Qu’importe sous quel nom elle allait s’éclairer ;
Vous étiez la lumière, il fallait l’adorer.

Mais quoi ! les dieux s’en vont, Madame, et notre France,
Pour la première fois a vu sans espérance
Se refermer le temple où l’astre se voila,
Où tout dira longtemps : « Silence, elle était là ! »

Mᴺᵉ Valmore Desbordes »


Having led a brief theatrical career under the Empire, Marceline Desbordes met Prosper Valmore (1793-1881), whom she married in 1819. Following the publication of poems in “keepsakes” and periodicals in the 1810s, her career as a poet was definitively launched in 1822 with his first successful collection, soberly titled Poems. Her husband’s acting profession also allows him to maintain numerous links with the world of theater. Belonging to the same generation as that of Mademoiselle Mars (1779-1847), she became friends with the woman who was one of the most renowned actresses of her time. In this regard, Marceline sent him a moving send-off at the time of the publication of Les Pleurs, her collection published in 1833: “with a tenderness as true as herself, this feeling of pure admiration has brought a lot of happiness to my life. I only offer her what she helped me guess.” This poem is dedicated to the actress on the occasion of her farewell performance on March 31, 1841, given at the Comédie-Française, and of which she had been a member since 1795. Mademoiselle Mars held for the occasion the role of Silvia in Jeu de l’amour et du hasard, comedy in three acts by Marivaux.
This poem appears in 1843 in the collection Bouquets et prières, under the title “Mademoiselle Mars”. Does the addition of the determinant on the title mean that Marceline Desbordes-Valmore gave it to the person concerned? We know of another poem dedicated to her friend and bearing an almost analogous title: “À Mademoiselle Mars”, published by her previous publisher Ladvocat, in her collection Élégies et poésies nouvelles, in 1825 (p. 172).

Recognized for her poetic genius, Marceline Desbordes-Valmore remains a central figure of the Romantic movement, whose work is full of stylistic freedom and innovation. She leaves a considerable posterity to her successors such as Baudelaire, Verlaine or Robert de Montesquiou.

MONET, Claude (1840-1926)

Autograph letter signed « Claude Monet » [to Alice Hoschedé]
N.p.n.d, « Saturday 6h » [c. 1882-1883], 2 p. in-8°

A nice letter to his future wife, Alice Hoschedé, about their upcoming move to Giverny


« Samedi 6 h
Chère Madame,
Vous avez dû recevoir ma dépêche, comme je vous le disais hier il est plus prudent de profiter de cette bonne occasion de quitter Poissy, je viens d’écrire aussi à Mr Masset pour le prévenir. Si de votre côté vous voyez ces personnes il est bien entendu qu’ils doivent nous tenir compte des dix mois payés d’avance de cette façon nous n’aurions rien ou à peu près à payer.
Il faudrait aussi pour bien faire qu’ils prennent à leur charge les frais de bail et tachent aussi de bien céder ce que nous pouvons avoir fait faire dans la maison. Il fait ici un temps affreux du brouillard à n’y rien voir et cependant j’ai travaillé quand même, mais c’est du soleil que je voudrais, et il est bien rare.
Je vous envoie un billet de 50f, c’est toujours cela.
Je suis presque arrivé à Dieppe au-devant de mon frère.
Excusez ce griffonnage mais je n’ai pas de plume sous la main.
Mille baisers aux enfants, je pense bien à eux ainsi qu’à vous. Mon amitié à Marthe mes meilleures pensées pour vous.
Votre
Claude Monet
J’ai reçu une lettre de Duret qui est à Paris. Il est dans l’enchantement de mon exposition »


Although married to Camille Doncieux (1847-1879), the adulterous affair between Claude Monet and Alice Hoschedé (1844-1911) began in 1876. After the death of Camille Doncieux, Monet and Alice Hoschedé (with all their eight children), settled in Poissy first, in 1881, then in Giverny, from 1883. Monet reproduced with Alice the same behavior he had with Camille, moving away from her for a long time to paint at leisure and leaving her the care of the household and the eight children. He left Poissy from mid-February to mid-April 1882, to go to Dieppe, then to Normandy. This letter could date from that time. Monet alludes here to their permanent installation at their famous home in Giverny, near Vernon in the Eure. It will become one of the highest symbols of impressionism, Monet will realize some of his most beautiful paintings.

MAUPASSANT (de), Gustave (1821-1900)

Autograph letter signed « Gustave de Maupassant » to Robert Pinchon
Sainte-Maxime, 9 7bre [September] [18]95, 3 p. in-8° on laid paper
Watermark “Au Printemps / Paris / Nouveau papier français”
Small tare on the fold, one word crossed off by Gustave de Maupassant

Unpublished testimony in which Gustave de Maupassant openly accuses his wife Laure of having taken advantage of their son Guy’s mental weakness at the time when he was writing his will


We here transcribe the letter partially

« Mon cher Pinchon,
Permettez-moi de vous remercier de l’article de Céard [nous n’avons pas retrouvé l’article dont il est ici question] que vous m’avez envoyé. Je journal venait de Rouen et c’est bien à vous, je pense, que je dois cette amabilité. J’ai eu beaucoup de plaisir à le relire, je connaissais tous les acteurs et cela m’a bien interessé – hélas ce pauvre La Toque¹ est mort depuis, Guy aussi – il y a déjà deux membres de cette bande joyeuse qui ne sont plus…
J’ai eu bien des ennuis avec la liquidation de mon pauvre fils – Elle n’est finie que depuis 6 jours ! Guy était déjà fou quand sa mère lui fit faire son testament à Cannes et se fit donner 10000 livres de rente qu’il ne pouvait donner – il lui a laissé prendre en outre tout ce qu’elle a voulu […] Elle en a usé et abusé !… N’ayant voulu, par respect pour la mémoire de mon fils, protester en rien j’ai accepté le testament dans toute sa teneur  – je vous parle de tout cela car je veux en venir à cecij’aurais voulu conserver une de ses œuvres les plus curieuses : feuille de rose² […]
J’ai été bien malade depuis que je ne vous ai vu – j’ai eu une hémiplégie il y a trois ans et il m’est resté une boiterie des plus désagréables avec laquelle je suis condamné à faire bon ménage pour le reste de mes jours. Je m’arrête mon cher ami, j’écris difficilement, cela me fatigue – Adieu mon cher Pinchon et encore merci
Tout à vous
Gustave de Maupassant »


Gradually consumed by syphilis, which he contracted in the 1870s, Guy de Maupassant’s health declined sharply in 1891. His correspondence leaves no room for ambiguity as to his bouts of madness and his physical state. In a letter to Dr. Despaigne in October, he recounted: “I spent a crazy night without being able to stay in bed, going from place to place, as after my cocaine injection. My eyes look like those of a madman. My memory disappeared… ».
Settled in his Parisian apartment at 24 rue Boccador, the writer took the train on December 14 to Nice, where he planned to visit his mother. He writes his will on the same day in the presence of the latter. A “confidential” testimony from mid-December (from Georges Ohnet or Paul Ollendorff), relayed by the newspaper Le Jour, also explains the state of health in which the writer was at the time the will was written: “Guy de Maupassant is suffering from a cavity of the frontal bone which paralyzes his intelligence; He has all the trouble in the world to find his words. He has nonsensical conversations. »
Maupassant attempted suicide with a pistol a fortnight later, on the night of 1 to 2 January 1892 (his valet François Tassart had removed the bullets). He then grabs a letter opener and tries to open his throat. All the doctors agreed, a new suicidal crisis could occur at any moment, Maupassant had to be hospitalized.
A nurse took care of him in his Cannes residence and put him in a straitjacket. He was interned on 7 January 1892 in the clinic of Doctor Blanche. After an interminable ordeal, and suffering from general paralysis, he succumbed on July 6, 1893.

Legally still married (even after the legalization of the divorce on July 27, 1884), Gustave and Laure (née Poittevin) de Maupassant had been separated amicably since 1859.

Maupassant and Robert Pinchon met at the Lycée impérial in Rouen. The latter’s father, Adolphe, taught French there. Robert was in the same class as Louis de Poittevin, Guy’s cousin. The two friends met again later in Paris. Pinchon, known as “La Tôque”, was a member of the band of boaters. The pornography play À la feuille de rose (here mentioned) was presented jointly by Guy and Robert for the first performance, on April 19, 1875. Robert Pinchon returned to Rouen around 1880 and became librarian in the city and music and drama critic in Le Nouvelliste de Rouen. He wrote many plays, which he published in 1894 under the title Théâtre. The memory of his friend Maupassant is evoked in the preface to the book.
Maupassant dedicated his short story The Adventure of Walter Schnaffs to him in 1883.

[1] Gustave de Maupassant is mistaken, “La Toque” is the nickname of the recipient Robert Pinchon. It must necessarily confuse with another.
[2] Guy de Maupassant’s pornographic play, À la feuille de rose was performed twice, on 19 April 1875 and 17 May 1877. Gustave de Maupassant was present at this second performance.

We include:
Gustave de Maupassant
Autograph carte-de-visite
Antibes, n.d, 1 p. in-24°, to to the same
« avec mes plus sincères compliments et condoléances »

[MAUPASSANT] DE VAUX, Charles Devaux, dit le baron (1843-1915)

Autograph letter signed « Bᴼⁿ de Vaux » to Robert Pinchon
Paris, 14 9bre [November] 1895, 1 p. in-8° on light blue paper
Stamped and obliterated

Rare letter from the Baron de Vaux, one of Georges Duroy’s models in Bel-Ami


« Cher Monsieur,
Je ne sais pas si j’orthographie bien votre nom, car si lui m’échappe le souvenir de nos bonnes journées chez Maupassant ne m’échappent pas. C’est même ce souvenir qui me conduit aujourd’hui à vous écrire pour vous demander si vous seriez disposé à parler de mon livre “à Cheval” qui vient de paraître […] À vous cordialement. Bᴼⁿ de Vaux »


In this epistle to Robert Pinchon, whom he knew to be a journalist, the Baron de Vaux asked him for an editorial service for his book that had just been published À cheval, étude des races françaises et étrangères, au point de vue du cheval de selle, de course, de chasse, de trait, d’armes, illustrated collectively by Ferdinand Bac, Clermont-Gallerande and Jules Rothschild. He does not fail to evoke the memory of their mutual friend Guy de Maupassant, for whom he served as a model for Georges Duroy, the main character in Bel-Ami.
Maupassant and Devaux met at Gil Blas, where he was head of Echos. He was in charge of writing sports articles and signed « Le Diable boiteux ». Maupassant also dedicated the short story Un Sage, published in 1883, to him.

Maupassant met Robert Pinchon at the Lycée impérial in Rouen. His father, Adolphe, taught French there. Robert was in the same class as Louis de Poittevin, Guy’s cousin. The two friends met again later in Paris. Pinchon, known as “La Tôque”, was part of the boating gang. He returned to Rouen around 1880 and became librarian in the city and music and drama critic in Le Nouvelliste de Rouen. He wrote many plays, which he published in 1894 under the title Théâtre. The memory of his friend Maupassant is evoked in the preface to the book.
Maupassant dedicated his short story to him: L’Aventure de Walter Schnaffs, in 1883.

MAUPASSANT (de), Laure (1821-1903)

Autograph letter signed « Laure de Maupassant » [to Robert Pinchon]
Nice, 29 Sep[tember] 1901, 3 p. in-8°, mourning paper
Central fold, some ink smudges

A long unpublished letter following her denial of the alleged foster-brother of her son Guy, published in Le Journal de Rouen a few days earlier


« Merci, cher monsieur, merci de tout mon cœur. Vous avez très bien fait de livrer ma lettre au public, et c’était en effet la meilleure façon d’arrêter sur toutes ces ridicules légendes. Espérons que dorénavant le Sieur Lécuyer va trouver moyen de mettre une sourdine au boniment qu’il prenait l’habitude de servir à ses auditeurs.
J’avoue que je me suis beaucoup amusée en lisant le Journal de Rouen, visiblement embarrassé à propos de la gaffe qu’il a commise en annonçant pompeusement l’installation du nouveau gardien du Square Solférino “Le frère de lait de Guy de Maupassant”. Le pauvre rédacteur a dû se montrer un peu récalcitrant, car il trouve que je démolis un peu rudement la légende que son journal a mise en circulation, et il faut suivre ma lettre d’une petite réclame en faveur de son protégé […] Que je sois délivrée des prétentions d’un intriguant, que je n’entende plus parler de lui, c’est tout ce que je désire.
Mais il est des sentiments maternels si saints, que personne ne devrait y toucher […] N’avez-vous donc jamais la pensée de venir sur le beau rivage de la Méditerranée ? N’oubliez pas, je vous en prie, que les portes de la villa Monge s’ouvriraient bien grandes pour vous recevoir et que la pauvre vieille exilée retrouverait un sourire pour accueillir l’ancien hôte d’Étretat, qui apporterait tant de chers souvenirs des êtres et des choses disparus, mais jamais oubliées […]
Laure de Maupassant […] »


The case of Guy de Maupassant’s foster-brother
On September 12, 1901, Le Journal de Rouen published a misinformation claiming that a certain Mr. Lécuyer, supposedly a foster brother of Guy de Maupassant, had just been appointed guardian of the Solferino garden in Rouen, on the very spot where the bust of the writer had been erected a year earlier. The newspaper also mentions the physical resemblance between the two men, as well as some anecdotes about their childhood. Robert Pinchon (1846-1925), one of Guy’s closest friends, was invited several times to Guy’s home in Étretat, and kept up a regular correspondence with Guy’s parents (who had been divorced for a long time). It therefore seems that Robert Pinchon transmitted the misinformation from the Journal de Rouen to Madame Laure de Maupassant (née Le Poittevin), who had long since retired to Nice, who did not fail to react strongly (see article of 23 September below). The latter immediately sent a letter to her correspondent, denying point by point the false allegations of the newspaper, which he had obviously been content to peddle Mr. Lécuyer’s words. We then understand, through the two unpublished testimonies that we offer here, that Robert Pinchon took the liberty of having Madame de Maupassant’s denial published and that the latter was delighted by it.

Article published in Le Journal de Rouen
12th Sept 1901, p. 2, second column:
Link to the article

Article published in Le Journal de Rouen (with Laure de Maupassant’s “open” letter)
23 septembre 1901, p. 2, second and third column:
Link to the article

The case is again discussed in the same newspaper, 15 years later
4th June 1916, p. 2, fifth and sixth columns:
Link to the article

Maupassant met Robert Pinchon at the Lycée impérial in Rouen. His father, Adolphe, taught French there. Robert was in the same class as Louis de Poittevin, Guy’s cousin. The two friends met again later in Paris. Pinchon, known as “La Tôque”, was part of the boating gang. He returned to Rouen around 1880 and became librarian in the city and music and drama critic in Le Nouvelliste de Rouen. He wrote many plays, which he published in 1894 under the title Théâtre. The memory of his friend Maupassant is evoked in the preface to the book.
Maupassant dedicated his short story to him: L’Aventure de Walter Schnaffs, in 1883.

We include:
The autograph copy (in the hand of Robert Pinchon, also unpublished) of his letter to Laure de Maupassant, which precedes the latter’s reply, transcribed above
[Rouen], 23rd September 1901, 2 p. in-8° on laid paper, in black ink

« Madame, afin de couper court à la légende du frère de lait de Guy, je n’ai pas trouvé de meilleur moyen que de communiquer votre lettre si digne et si touchante au Journal de Rouen ; après cela il ne restera à personne ici l’idée d’ajouter foi aux prétentions du gardien L’écuyer […] C’est à l’époque de la cérémonie du monument [buste en l’hommage de Maupassant inauguré l’année précédente, en 1900] qu’il a commencé à le parer de ce titre de frère de lait […] Maintenant votre démenti parviendra à tous ceux qu’une indication erronée avaient pu tromper et vous garderez sans partage, ainsi que vous semblez si justement y tenir, le privilège d’avoir allaité votre cher fils, comme plus tard au début de sa carrière vous avez nourri son esprit et fortifié son cœur par vos excellents conseils […] »

KESSEL, Joseph (1898-1979)

Autograph carte-de-visite
N.p.n.d [March 1927], 1 p. in-24°
Pencil annotation on backside by another hand : “Reçu le 7 mars 1927”
In fine condition

A rather uncommon name card of Kessel’s first literary years


« Voici “un manuscrit” avec mes meilleures amitiées.
Avez-vous reçu les “Cœurs purs” »


Composed of three short stories, Les Cœurs purs, a collection published in 1927, evokes three destinies taking place in war-torn Ireland, Russia and France. According to Kessel, « instinctive hearts are pure without any moral notion intervening, pure in the manner of a wine, a stone or a poison, pure in their violence and integrity. »

BARBÈS, Armand (1809-1870)

Autograph letter signed « A. Barbès » a republican writer in exile
The Hague, 6th February [18]69, 3 p. in-8° on blue laid paper
Important tears on folds, slight missing bits on both folios (without affecting the text), central browning, tape on folds (see scans)
One word crossed off by Barbès

Powerful words by Barbès protesting against the French decision to support the papal troops against Garibaldi’s Red Shirts, during the decisive Battle of Mentana in Italy


« Cher Citoyen,
Merci de me traiter en ami. Et merci de votre livre.
Je n’ai pu en lire encore que quelques pages. Mais je vois que vous marchez vaillamment à l’assaut de la grande superstition qui pèse sur tant d’esprits.
Faire luire la vérité dans ces esprits est en effet, le vrai moyen d’en finir décidément avec Rome [allusion à l’emprise des États pontificaux sur Rome]. Tant que la légende subsistera, il y aura toujours des gens pour l’exploiter à leur profit, et commander des crimes comme celui qui porte le nom de Mentana.
Abominable chose que la France se soit trouvée dans le sens d’une tyranie capable d’imprimer une pareille tache sur son histoire.
Vous me parlez de ma santé, et de grandes espérances qui se lèvent à l’horizon.
Je vais toujours très mal, presque plus mal que jamais, car à mes souffrances habituelles s’ajoute un sentiment de faiblesse que je n’avais pas encore aussi profondément éprouvé. Cruelle affaire si je me trouvais condamné à rester couché, lorsqu’il faudrait être debout.
Mais ce triste état de ma personne ne m’empêche pas de constater avec bonheur que la France reprend une activité qui ne peut manquer d’amener bientôt sa délivrance.
Délivrance dont, par parenthèse, je n’ai jamais désespéré, et qui doit, par contre-coup, changer la destinée du monde.
Continuez vos travaux puisque vous avez, du moins, cette bonne fortune d’énergie et de volonté d’employer ainsi d’une manière utile ces temps d’expatriation.
Je vous serre les mains de cœur,
A. Barbès »


A city in the province of Rome, Mentana was the scene of a major battle fought on 3 November 1867 during the Risorgimento Wars, pitting Giuseppe Garibaldi’s Red Shirts against the Papal and French troops (sent by Napoleon III) commanded by Generals Hermann Kanzler and Polhes respectively. The Garibaldi forces, wishing to integrate the Papal States into Italy and to make Rome the capital of the country, suffered a decisive defeat ending their campaign of the Agro Romano for the liberation of Rome.
A French politician, republican activist and revolutionary, Armand Barbès was an opponent of the July Monarchy. Amnestied in 1854, in the early days of the Second Empire, he was freed by Napoleon III. Barbès went into voluntary exile in Holland and never returned to France. He died there on 26 June 1870, in The Hague, just a few weeks before the fall of the Second Empire, on 4 September 1870.

[PRINCE IMPÉRIAL] BASSANO, Alexander (1829-1913)

Period albumen print by Alexander Bassano
[London], 28th July 1877, cabinet format (10,2 x 14,4 cm)
Mounted on thick cardboard (10,8 x 16,5 cm)
Photographer’s credit on verso: [Alexander Bassano / 72 Piccadilly – London – W]
Very slightly faded contrasts, otherwise fine condition

Superb full-length portrait of the Prince Imperial, autographed on each side of the cardboard


In a very elegant posture, like a dandy, the Prince Imperial stands leaning on a sideboard, looking towards the horizon while holding a top hat with his fingertips. Of the important iconography that constitutes that of the Crown Prince, this portrait, which is otherwise very unusual, is undoubtedly one of the most beautiful that we know of him.

The print is signed by his hand on the front of the mount: “Napoleon / 28 July 1877”
Then on the back, he adds: “Mr. R. Lavaurs, affectionate memories. Napoleon”

Count Raymond Lavaurs (1846-1927), company director, founder of the Peñarroya Company which exploited the lead mines in Morocco, was the brother-in-law of Adrien Bizot, one of the three close friends of the Prince Imperial, along with Louis Conneau and Jules Espinasse.

LAWRENCE, David Herbert (1885-1930)

Autograph letter signed « DH Lawrence » to George Conway
Hôtel Beau Rivage, Bandol, 29th December 1928, 2 p. in-8°, with envelope
Some tiny ink smudges, old paper clip mark on top left margin

Great letter from DH Lawrence about his scandalous novel Lady Chatterley’s Lover

« Sexual intercourse began in 1963 (which was rather late for me) — Between the end of the Chatterley ban and the Beatles first LP » (Philip Larkin)


« Dear Conway,
I am most distressed to learn that your copies of Lady Chatterley’s Lover have not turned up. They were sent by registered book post long ago – and surely the Mexican govt. would not confiscate them, as the U.S.A. customs do! I will ask Orioli to send you the registration counterfoil, to see if you can trace them. If not you must have others, if any remain. Orioli has very few, I know – they may be all ordered. But one at least I’ll rescue for you. But we must find out what became of the others. The book is selling at $50. in USA- and anything over £5. here in Europe – so you see it is quite a loss.
Your Christmas card came this morning too – and how pretty it is! – and I had a little book from you which I thought was charming.
We have given up the Villa Mirenda, and are at a bit of loose end, wondering where to go and where to live next.
I think in about a fortnight we shall go to Spain, and try that. But we might go to New Mexico for the summer, so if ever you are passing, make sure first if we are there and do stop and see us if we are. – I was ill last year but I am much better now and getting to be myself again. Some people were much scandalized by Lady C. but many took it in the right spirit, and remain staunch to me. I do hope you’ll get your copies, and will read it and not be shocked – Mrs Conway too. We have lived too long to be shocked by words any more.
How are you both? I think of you often, and quake sometimes for you, seeing the Mexican news. But you’ll go on forever, I feel, running those trams and deciphering Spanish MS.
Very many greetings from us both
D.H. Lawrence »


When Lawrence and his wife Frieda arrived in Bandol on November 17, 1928, Lady Chatterley’s Lover had been off the presses of Florence for less than a year. Written in 1927 in the same city, at the Villa Mirenda, the novel was banned from sale in the United Kingdom on the grounds of “obscene publication”: The explicit erotic scenes, the vocabulary considered crude and the difference in social class between the lovers (a worker and an aristocrat) are as many reasons for the censors to have it banned from publication. The “illicit edition” sold on the black market then met with great success. On January 18, 1929, Lawrence learned from Laurence Pollinger (his literary agent) that 18 books of Lady Chatterly’s Lover had been seized in the United Kingdom. The ban affects the novelist who can only observe and suffer this narrow-minded decision from his native country. It was not until 1960, 30 years after Lawrence’s death, that the book was allowed to be published in the United Kingdom.

George Robert Graham Conway and his wife, Anne Elizabeth, were among D.H. Lawrence’s close friends. They met in New Mexico in 1925. Conway was an engineer specializing in the railroad industry and a great collector of documents relating to Spanish colonization in America.

[DELACROIX] SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed « GS » to Eugène Delacroix
[Paris, c. 1842], 1 p. in-8, autograph address on verso « Delacroix »
Previously mounted (thin mark on 4th folio), some tiny spots, broken seal

Charming invitation from George Sand to her friend Eugène Delacroix


« Si vous pouvez venir dîner avec nous chez Mme Marliani, vous nous ferez à tous un immense plaisir, sinon venez au théâtre à 8 h. – le n[umér]o de la loge est 19 – 3mes. A vous, cher,
G.S. »


Charlotte Marliani met George Sand in 1836 and quickly became the writer’s confidante. In 1838, she was dedicated to George Sand’s last novel, La Dernière Aldini.
Delacroix met Charlotte Marliani at the earliest in 1838 through George Sand. The proximity of the two women is reflected in the painter’s correspondence. He appreciated the writer’s friend: “make a thousand friendships to Mrs. Marliani” [letter of April 10, 1842].
It should be noted that in the 1840s, Delacroix regularly frequented the Marliani couple. He remained close to Charlotte Marliani during her marital problems and following her separation from her husband in 1847. From 1847, the year of the resumption of her Journal, Delacroix noted several dinners at her home. A few years after his death, the painter wrote: “I saw again this salon where we spent cheerful and pleasant moments at the good Marliani’s house”.
This letter testifies to the affectionate friendship between the novelist and the painter. Begun in 1834, it was to end at Delacroix’s death in 1863. They exchanged one of the most beautiful correspondences of the nineteenth century.

Eugène Delacroix then resided at 17, rue des Marais Saint-Germain in Paris from 1836 to 1844 (now rue Visconti). It was in this studio that he painted the famous portrait representing the novelist and his lover Frédéric Chopin.

CITROËN, André (1878-1935)

Autograph manuscript signed « André Citroën »
S.l, 3rd April 1926, 1/2 p. in-8°
Previous mounting mark on left margin, right margin slightly cropped (see scan)

Scarce autograph of the famous engineer and pioneer of the automotive industry


« C’est par la spécialisation et la standardisation que l’on intensifie la production
C’est en intensifiant la production et par la suite l’exportation que l’on relèvera le pays
André Citroën
3 avril 1926 »


A trip to Detroit in 1912 sealed the fate of André Citroën. He is fascinated by Ford’s production lines and the commercial policies of major American manufacturers. From then on, the Quai de Javel in Paris (where his production line was established) became one of the European hubs of technology and American-style mass production. Until the disciple himself became creator.

André Citroën’s autograph manuscripts are very rare

We include:
A period print (in-8° format) depicting André Citroën with a concentrated look, holding a sheet of paper in his hands.
Small surface defects (see scan)

DERAIN, André (1880-1954)

Autograph letter signed « A Derain » to a gallerist
Lisieux, 31st May 1915, 1 p. in-4° on graph paper
Fold marks, tiny spots, tiny tears on folds

Letter sent from the front where Derain was mobilized to the infantry regiment of Lisieux – Filled with disillusionment, the painter wonders about his own future as an artist


« Cher monsieur
J’ai été très sensible aux marques d’amitiés que vous m’adressez dans votre bonne lettre.
Et cela d’autant plus que depuis la guerre j’ai été très abandonné des milieux de peinture, je me demande même s’il m’arrivera jamais d’en refaire.
Je serai aussi très reconnaissant si par une mission quelconque vous pouviez me tirer d’ici le plu tôt possible et me faire passer soit dans l’aviation soit dans l’automobile mais je crains que cela ne soit pour vous la source de multiples ennuis.
Mais vous me rendriez un réel service si vous pouviez me faire partir d’ici par n’importe où même aux Dardanelles dans un emploi quelconque ou sur le front.
Enfin je dois vous remercier de plus de l’amabilité que vous avez eu envers ma femme. Croyez à ma gratitude et recevez une cordiale poignée de mains.
A vous
A Derain
26e 119e Lisieux
ll vaudrait mieux que vous connaissiez bien l’étendue des possibilités dont vous pourriez faire usage à l’occasion. »


At the beginning of the First World War, Derain was mobilized in the artillery, in the infantry regiment of Lisieux. He served in Champagne, in the Somme, in Verdun, on the Chemin des Dames until 1917. then in the Aisne and the Vosges. On November 11, 1914, he wrote to his wife Alice: “I had always thought, even hoped, everything about a war and I believe that I am still not up to the task. I do not understand anything about it. This continual, daily war, without history, is truly terrible. That is why it will not be difficult to get out of it. We will never understand”

Hailed as the pioneer of Fauvism before the war of 1914, Derain moved after 1918 towards a realism with renewed classicism.

[GANDHI] ROLLAND, Romain (1866-1944)

Autograph letter signed « Romain Rolland » to Louis Chazai
Villeneuve (Vaud) [Switzerland], 30th January 1924, 2 p.1/2 in-8°
With autograph envelope

The pacifist writer sends his latest book on Gandhi to his correspondent


« Cher Luigi Chazai,
Vous être trop gentil de m’avoir envoyé ces ravissantes fleurs, qui me sont arrivées, ce soir, toutes fraîches et odorantes. – Ici, nous avons le grand soleil sur la neige.
Pardonnez-moi de ne vous avoir pas répondu pour l’article Libera Stampa. Ou je ne l’ai pas reçu, ou il s’est perdu dans l’amas de papiers que je reçois. Je suis parti, fin juillet, pour Salzburg, où j’ai passé quelques semaines ; et quand je suis revenu, j’ai été incapable de débrouiller le chaos d’imprimés et d’écritures qui couvraient ma table.
J’ai aussi l’impression de n’avoir pas été, à votre bonne visite de l’an passé, aussi cordial que j’aurais dû […] J’ai livré bien des luttes, dans ma vie. La plus constante a été contre la maladie. Heureusement, elle n’a jamais réussi à entraver le travail de mon esprit. Mais elle a toujours été l’hôtesse assise à ma table et couchée dans mon lit.
Je vous envoie mon plus récent livre sur Mahatma Gandhi, cet homme extraordinaire qui soulève la nouvelle Asie, – ce nouveau Christ. Cet ouvrage pourra vous servir pour les conférences, que je vous remercie de me consacrer. – Il fait rapidement son chemin dans le monde. Il est déjà traduit dans l’Inde, en plusieurs langues indigènes ; et Gorki l’a fait traduire en russe.
Je vous souhaite des jours plus heureux et qui vous laissent des loisirs pour ce que vous avez à dire. Ayez patience ! Ces années sont, pour tous les jeunes intellectuels, les années des vaches maigres. Je pense que peu à peu l’équilibre se rétablira. Il s’agit de durer.
Encore merci de votre bon souvenir, et affectueusement à vous.
Romain Rolland »


An admirer of Tolstoy and the Indian philosophers, Romain Rolland came into contact in the early 1920s with Rabindranath Tagore and Gandhi, to whom he dedicated a book in 1924. The success was considerable. At the end of the Great War, the writer was driven by a humanist ideal, and the quest for a non-violent world from which he would however end up turning away because it did not provide a remedy for the rise of fascism in Europe. He ended up rallying resolutely to the cause of the Soviet Union at the end of the 1920s.

PASTEUR, Louis (1822-1895)

Autograph letter signed « L. Pasteur » [to professor Charles Bouchard]
Paris, 19th July 1888, 3 pages in-8° on laid paper
Usual central fold mark

An important letter testifying to the strong tensions within the Franco-Italian scientific community – Pasteur is indignant at the means used by his detractors to hinder the work of his colleagues on the prophylaxis of rabies


« Mon cher confrère,
Mardi prochain, Mr
[Adrien] Proust fera le rapport sur les candidats étrangers au titre de correspondant de l’Académie de médecine.1
Permettez-moi de vous informer de tous les vœux que je fais en faveur du professeur
[Arnaldo] Cantani de Naples2, non seulement pour sa valeur personnelle et ses titres scientifiques, mais parce qu’il a été et est encore en butte à toutes sortes d’oppositions et d’avanies de [Mariano] Semmola et autres qui sont irrités de l’initiative qu’il a prise dès le début de l’application de ma méthode de prophylaxie de la rage après morsure.3 Cantani avait institué à ses frais le laboratoire antirabique que dirigeait un de ses élèves le docteur [Alfonso] di Vestea. Cela ne pouvait durer, dans ces conditions. Il y a donc eu cessation de service de la rage jusqu’à ce que l’état et la municipalité se fussent décidé à des subsides à Cantani. Plusieurs cas de rage humaines s’étant produits pendant l’interruption du service, une allocation de 9.000 fr a été enfin accordée et les Dr Vestea et [Giuseppe] Zagari s’occupent présentement de refaire la série des lapins trépanés et des moules.4
En ce moment on répand le bruit que Cantani et anti français, très favorable à l’école allemande etc etc. Vous pourrez en être informé par M. [Jean-Martin] Charcot qui, à Milan, a eu de piquants entretiens avec Semmola lequel a desservi Cantani comme il a pu. J’en sais long sur ce Semmola et je suis persuadé que M. Charcot n’a pas tardé à le juger. J’ai de Semmola plusieurs lettres, auxquelles je n’ai pas répondu, et par lesquelles il voulait m’obliger à une discussion publique avec lui pendant que j’étais à Bordighera. Ces lettres n’ont fait que me confirmer dans l’opinion que m’ont suggéré à son sujet plusieurs médecins et savants de l’Italie.
Bref, je vous le répète, je forme les vœux les plus légitimes en faveur de M. Cantani. L’Académie de médecine lui doit en quelques sortes une réparation. À la sollicitation de ses ennemis de Naples,
[Michel] Peter5 a déposé, le 23 fév[rier] 1887 sur le bureau de l’académie de Paris, un document reconnu apocryphe, signé faussement du président de l’académie de médecine de Naples et dirigé contre Cantani, qui à la nouvelle de cette infamie, donna immédiatement sa démission de membre de cette académie. 8 jours après excuses et hommages à Cantani par le président [Salvatore] Tommasi et refus d’acceptation de cette démission etc. etc.
Votre affectionné confrère
Pasteur
Je passe quelques jours chaque semaine à Villeneuve-l‘Etang où je trouve votre chien. Dans cette inaction du chenil de Villeneuve il a pris un embonpoint inquiétant. Je vous engage beaucoup à le reprendre. Vous savez qu’après sa vaccination on a éprouvé son immunité par inoculation à la surface du cerveau et qu’il y a résisté parfaitement.
6
M. Charcot veut bien m’écrire qu’il ne fera aucune opposition à Cantani puisque « pendant son séjour prolongé à Milan, il eût recueilli sur Cantani des renseignements peu favorables », que vous disais-je plus haut ? »


[1] French physician, Adrien Proust (1834-1903), father of Marcel and Robert Proust, was elected a full member of the National Academy of Medicine in 1879, where he held the position of annual secretary from 1883 to 1888. He inaugurated the monument to Pasteur in Chartres shortly before his death in 1903.
[2] Italian physician and politician Arnaldo Cantani (1837-1893) undertook research that led to significant advances in the pathogenesis of infectious diseases. As evidenced by this letter, Cantani, a fervent supporter of Pasteur’s work, created a microbiology laboratory in Naples, recognized as the first Italian institute of therapy against rabies.
[3] Italian physician, philosopher and politician, Mariano Semmola (1831-1896) was a fervent opponent of Pasteur’s work. The scientific dissensions between Cantani and Semmola were already very strong at the time of the cholera epidemic that raged in the Naples region from 1884.
[4] In Italy, Cantani and his students were pioneers in the treatment of certain infectious diseases with germs that were less pathogenic than those responsible for rabies. In 1887, Pasteur communicated that the development of pathogenic microorganisms could be inhibited by the presence of other non-pathogenic germs in the culture.
[5] French physician Michel Peter (1824-1893) was elected to the National Academy of Medicine in 1878. Known to be one of Pasteur’s main detractors, he attacked the latter’s theories and experiments, in particular the anti-rabies vaccine. The long controversy between the two men led to the conclusion that it is not always enough for an infectious germ to enter an organism for an infectious disease to break out (healthy carrier theory).
[6] Pasteur is referring here to his method (inspired by Roux’s experiments) of inoculating increasingly virulent rabies marrow by trepanation in order to make the dog refractory to the rabies virus.

His discovery of the anti-rabies vaccine in 1885 earned Pasteur worldwide recognition. Subsequently, the Academy of Sciences proposed the creation of an establishment to treat rabies: the Institut Pasteur opened its doors in 1888.
Charles Bouchard (1837-1915), the recipient of this letter, was a French physician, anatomical pathologist, prolific biologist and clinician of great renown. He is known for the concept of autointoxication and medical antisepsis, among other things.
Jean-Martin Charcot (1825-1893), who is partly mentioned in the letter, was a French neurologist, professor of pathological anatomy, at the origin of the discovery of amyotrophic lateral sclerosis (a neurodegenerative disease to which he gave his name). He joined the Academy of Medicine in 1873.
Bouchard and Charcot are dedicated to neuropathology and more specifically to spinal cord sclerosis injuries. Together, they discovered the origin of intracerebral hematomas, the rupture of small milliary aneurysms on the wall of the cerebral arterioles that would later be called “Charcot and Bouchard micro-aneurysms”.

[HUGO] NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910)

Original photographe in cabinet format
Mounted on cardboard with mourning edging
[Paris, 23rd May 1885], Cabinet format: 10 x 16,50 cm

Moving portrait of the great man on his deathbed by Nadar


Like other artists, painters and sculptors, Nadar went to Victor Hugo’s bedside the day after his death, on May 23, 1885, at his home on Avenue Victor Hugo in Paris, in order to immortalize him one last time. Paul Nadar, the photographer’s son, said that his “father didn’t want to carry all his equipment. Victor Hugo was captured in the light of day and lamps. And this photograph taken by my father in tears may be his masterpiece. »
Inscriptions printed in black: “V.H. 22 May… N.”
TOULOUSE-LAUTREC (de), Henri (1864-1901)

Original drawings. Ink on paper [Dog and cat]
N.p.n.d [c. 1876-1880], 1 p. in-4° in black ink
On the verso a study in English on Cromwell from an unknown hand
Monogram stamp (Lugt 1338) on lower left corner
Tiny stain on right hand margin, slight missing bits on upper and lower margins, overall browning

Charming studies of animals by young Toulouse-Lautrec


These two freehand studies are to be compared with an important series of drawings that the young Toulouse-Lautrec probably made when he was a student at the Lycée Fontanes (now the Lycée Condorcet) in Paris. A similar sketch from the same period can be found on the work referenced D.448 in M. G. Dortu’s Catalogue raisonné, depicting a dog’s head very similar to the one presented here.
Although it is not possible to identify the writer of the English assignment on the back of the sheet, there is an identical handwriting for an “English Theme” on the back of another work by the artist, referenced this time D.449 in the Catalogue raisonné.

If we look closely at the study of the dog on the right, we notice that the head of the animal is more elaborate than the rest of the body, which has remained in the state of primitive outline. The cat, on the other hand, is sketched in a more accomplished way. The fact remains that the very young Toulouse-Lautrec reveals here a style that is already his own, immediately recognizable.

A certificate of authenticity from the Toulouse-Lautrec Committee issued on November 12, 2024 will be given to the buyer.

DAUDET, Alphonse (1840-1897)

Autograph carte-de-visite signed « A.D » to Gaston Calmette
N.p.n.d [Paris, between 1885 and 1897], 1 p. in-24°

Tender name-card signed to his friend Calmette


« Voici, mon cher Calmette, la réponse demandée. Bien vôtre. A.D. »


Alphonse Daudet had been collaborating with Le Figaro since 1858, when he published his first collection of verses. He then became a columnist in parallel with his activity as a writer.
Gaston Calmette (1858-1914) joined Le Figaro at the age of 27, becoming its director from 1902. He was assassinated in March 1914 by the wife of Joseph Caillaux, the corrupt Minister of Finance against whom he had launched a virulent campaign at the beginning of the same year.

This card must have been addressed to Calmette between 1885 and 1897, the years when the writer lived at his Parisian address, rue de Bellechasse.

NAPOLÉON III (1808-1873)

Autograph letter signed « Napoléon » to Édouard Vandal
[Castle of] Wilhelmshöhe, 18 Dec[ember] 1870, 1 p. 1/2 in-8° on laid paper
Embossed with his initial “N” on top left corner, topped with an imperial crown, watermark “CRC”
Two words crossed off by the Emperor
Usual central fold mark

Held captive by Bismarck after the French defeat at Sedan, Napoleon III keeps hope of a return of the Empire


« Mon cher Monsieur Vandal,
On m’a remis hier vôtre lettre dont j’ai été très touché. Je suis heureux par ces temps de diffamations et de d’ingratitudes, de pouvoir compter sur des dévouements comme le vôtre. Je crois comme vous que les événements vont se précipiter et qu’il serait bon que tous mes amis se réunissent en différents points. Je voudrais donc que vous puissiez vous rendre à Genève. Vous y trouverez l’ancien préfet de police qui vous donnera tous les détails de la situation actuelle.
Lorsque vous y serez arrivé faites le moi savoir.
En attendant recevez l’assurance de mes sentiments d’amitié.
Napoléon »


Emperor deposed after the crushing defeat at Sedan on 2 September 1870 against Bismarck’s Prussian armies, Napoleon III was taken prisoner the next day. He left France for good to go to Prussia and be interned at Wilhelmshöhe Castle. He became the fourth French sovereign to be captured on a battlefield. In the following months, Napoleon III heard of the many Bonapartist demonstrations held in several departments and provinces of France, notably in Normandy, Charentes, Limousin and Corsica. He then counted on a possible direct consultation of the people on the nature of the next regime by the French authorities to restore the situation, while the new system of list voting crushed the Bonapartists, who were obliged not only to form a joint list with the monarchists but to do so in a modest rank, which only allowed the return of 20 of their elected representatives out of 675 in the Chamber.
On 1 March 1871, the National Assembly, which had met in Bordeaux, voted for the official deposition of Napoleon III and his dynasty, declaring him “responsible for the ruin, invasion and dismemberment of France”. The deposed emperor was freed by Bismarck on 19 March 1871. He will join his family and friends, exiled in England.

Édouard Vandal (1813-1889) was a State Councillor under the Second Empire from 1861 to 1870, and at the same time a General Councillor of the Bas-Rhin from 1867 to 1870, and remained close to the Emperor after the defeat at Sedan, as this letter shows. Count Vandal then became president of the Compagnie Générale Transatlantique from 1871 to 1875.

SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)

First draft autograph manuscript
N.p.n.d [summer 1949?], 8 p. in-4°

Important unpublished manuscript on morality, probably for a conference

From the B. & R. Broca collection


« Morale am!ne à action historique et s’engloutit dans l’histoire. Mais l’histoire à son tour perd son sens si le but n’est pas moral. L’homme n’est pas libre. Donc pas de but. A priori : si l’homme est libre il n’y a pas à le libérer. Mais s’il faut le libérer c’est qu’il n’est pas libre […] Idéalisme : homme indifférent à la situation, ponction morale. Matérialisme : c’est la situation qui fait l’homme. Homme produit. Il faut trouver un chemin qi ne soit ni matérialisme ni idéalisme. Il n’y a pas de but sans chemin. C’est anti-dialectique. […] Il y a un fait qui rend toute morale impossible. La morale suppose en effet que l’univers est neutre, que le malheurs individuels sont purement hasard et qu’on peut les changer par initiative individuelle […] La morale interdit le changement : violence. La morale apparaît donc comme une mystification. Contradiction profonde. […] Existentialisme : l’homme est hors de lui dans le monde, hors du présent dans l’avenir, il est produit par les causes mais il dépasse et juge les causes et se fait annoncer ce qu’il est par ce qu’il n’est pas. […] Une liberté ne peut être limité que par une autre liberté. […] On ne peut affirmer qu’une liberté […] »


In the present manuscript, Sartre’s analyses carry oppression and moral demands from the point of view of hunger, the reference to Feldman’s words in particular (“imbeciles, it’s for you that I die”, Les Cahiers pour une morale, Gallimard, p. 212). The theme, which is also openly existentialist, could suggest pages of work for the Cahiers pour une morale. Although these pages were indeed written in the summer of 1949, the time of the philosopher’s commitment to the Revolutionary Democratic Rally, Sartre would return repeatedly to the question of hunger, which is largely discussed here.

MADAME ROYALE, Marie-Thérèse de FRANCE, dite (1778-1851)

Autograph letter signed « MT » to her chargé d’affaire Théodore Charlet
Vienna [Austria], 9th April 1850, 1 p. in-8° on bifolio
Autograph address on fourth page
Numbered “271” by Madame Royale on top left corner
Broken seal, stamping marks, ink smudges by Madame Royale

Tender letter from Madame Royale, in the twilight of her life, awaiting the return of her nephew the Comte de Chambord

From the Hubert Guerrand-Hermès collection


« Je ne vous écris qu’un mot pour vous dire que mon voyage s’est très bien passé. Je suis revenue samedi passé à ma campagne, charmée de m’y retrouver. Dans une quinzaine mon neveu y reviendra [Henri d’Artois, le comte de Chambord]. Maria et les siens ne sont pas revenus, mais je les attends vers le 15.
Je suis revenue ici en ville, j’ai vu le banquier et l’ai chargé de vous faire passer 15000 francs pour le moment, je ne puis donner que la moitié de la somme ordinaire à cause du change. J’enverrai l’autre partie plus tard.
J’espère que vous vous portez bien et tous les vôtres. Adieu et comptez toujours sur mes sentiments pour vous.
MT »


Daughter of Louis XVI and Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte of France, known as Madame Royale (to distinguish her from the king’s sister-in-law), was the first child of the royal couple, born after more than eight years of marriage. Locked up in the Temple in 1792 with her family, she was the only survivor, exchanged in extremis in 1795 for the French commissioners handed over to the Austrians by Dumouriez. In 1799, she married her cousin Louis of France, Duke of Angoulême, son of the future Charles X. The childless death of Louis XVIII made her and her husband the last Dauphins of France. Forced into exile during the July Revolution in 1830, Madame Royale joined the former King Charles X, and left with her court for Gorizia, a city under Austrian domination. In 1844, she moved with her relatives and her nephew Henri d’Artois, Count of Chambord, to Frohsdorf Castle, located southeast of Vienna where she died on 19 October 1851.

MISTRAL, Frédéric (1830-1914)

Autograph manuscript signed « F. Mistral »
N.p.n.d, 2 p. petit in-8° on laid paper, in french
Important tear on fold, slight browning

A very nice unpublished text, slightly tinged with eroticism and enriched with a few verses from his collection Lis Óulivado


« en Arles, au jour où Arles célébra dans saint Trophime¹ la commémoration de Constantin, une reine apparut : Magali des matines. La chevelure ceinte du diadème arlésien, la chapelle des seins entr’ouverte au soleil, elle alla dans la foule, y répandant l’admiration. elle était la beauté humaine, qui s’harmonise aux monuments. elle était la beauté romaine, impériale et dominante. la fameuse Fausta², l’épouse de Constantin, n’était pas plus superbe. mais Fausta fut une coquine ; et magali est noble et digne et généreuse autant que belle. en arles ce jour-là, aucune vision de femme ne fut grande comme la sienne -et aucune arlésienne ne personnifia la race comme notre magali !

mai, o magali [mais, ô Magali,]
gènto magali, [douce Magali,]
douço magali, [Magali allègre]
es tu que m’as fa trefouli [c’est toi qui m’as fait tressaillir]

F. Mistral »


Unknown to date, is this manuscript a tribute to a particularly attractive Arlesian? Written in French, one might think that the recipient did not master the Occitan language. Or is it an exercise in the poet’s style? This hypothesis is not unlikely. Mistral evokes “Magali” in his prose, the idol of his poem Tremount de luno [Coucher de lunes] from which he extracts the last four lines here.

Published in 1912, Lis Óulivado is the last great collection of lyrical poems by Frédéric Mistral. It collects poems written up to 1907.

[1] The Saint-Trophime Cathedral of Arles is a Romanesque church in the city of Arles built in the twelfth century and located on the Place de la République. It is considered one of the most important buildings in the Provençal Romanesque domain.
[2] Fausta Flavia Maxima (c. 289-326) was the daughter of Emperor Maximian Hercules and Eutropia. Married to Emperor Constantine I in 307, she bore him three sons, future emperors, and three daughters. In 324, she received the supreme title of Augusta. The circumstances of his death two years later, documented by incomplete or biased sources, remain forever uncertain.

[MAILLOL] ROLLAND, Romain (1866-1944)

Autograph letter signed « Romain Rolland » to an art review director
Villeneuve (Vaud) [Switzerland], 15 novembre 1929, 2 p. in-8° on light green paper
Slightly crumpled with light browning on second second page (see scan)

The writer declines a proposal for an article on Maillol’s art


« Cher Monsieur,
Je vous remercie d’avoir songé à moi, pour la belle revue que vous projetez. Mais je suis beaucoup trop pris par ma création pour pouvoir écrire en ce moment des articles sur l’art. Et je le pourrais d’autant moins, au sujet de Maillol, que je l’admire davantage : car je m’interdis d’en parler superficiellement.
Veuillez donc agréer tous mes regrets, et mes vœux pour le succès de votre revue.
Votre dévoué
Romain Rolland
Avez-vous songé à vous assurer la collaboration de celui que je regarde comme le maître de la morphologie, artistique et scientifique, en Europe : – Edouard Monod-Herzen ? »


A specialist in metal engraving, Edouard Monod-Herzen (1873-1963) was also a man of letters, philosopher and collector.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph pastiche-poem signed « Marcel Proust » to the marquis Philibert de Clermont-Tonnerre
N.p.n.d [c. summer 1908], 2 p. in-8° watermarked, mourning paper
Watermark : « Original / Turkey Mill / Kent »
Central fold mark

A rare and admirable poem-pastiche by Proust, in the manner of Robert de Montesquiou, whose style he somewhat mocks


« “Prière du Marquis de Clermont-Tonnerre”¹
(Imité de Robert de Montesquiou)

Je greffe les rosiers dont sont fleuris les marbres,
Ceux du Paros “mousseux” et du Carrare “thé”,
Et, de ces rosoyants et ces blondissants arbres,
Je sais tirer des chants inconnus d’Hardy-Thé !²

Mon pinceau fait courir au rinceau des abaques
Cet or qui fait marcher, à ce qu’on dit, Cloton !³
Trianon, Vézelay, ne sont que des baraques,
Quand l’esprit les compare au Palais Lauriston !

Seigneur, si vous daignez m’admettre dans les Salles
Où le Juste rompra le Pain Essentiel,
Que de marbre aussi pur étincellent vos stalles !
De Glisolles et d’Ancy, que soit digne le Ciel !

(pour copie conforme
Marcel Proust) »


[1] The title recalls Robert de Montesquiou’s Prières de tous (1902), illustrated by Madeleine Lemaire.
[2] Lucien Hardy-Thé, composer and singer socialite
[3] Clotilde Legrand (1857-1944), born de Fournès, nicknamed “Cloton”.
[4] In 1908, Montesquiou acquired the Palais Rose du Vésinet, a reduced copy of the Grand Trianon in Versailles.
[5] The Clermont-Tonnerres lived in their hotel, at 74 rue de Lauriston in Paris.
[6] Duke Aimé Gaspard Marie de Clermont-Tonnerre (1779-1865) owned a castle, built in the eighteenth century, at Glisolles in the Eure, and another, built in the sixteenth century, at Ancy-le-Franc in the Yonne.
[7] Proust indicates “pour copie conforme”, a practice he used for his pastiches and common at the time.

Through this pastiche, Proust takes up the floral motif abundantly used by Robert de Montesquiou (1855-1921) in his works and poems. When the latter published his first collection, Les Chauves-souris, in 1893, Proust (22 years old at the time) wrote to him on 29 April 1893 that “Never have the vain flowers of gardens smelled so good” (Corr., t. I, p. 206). The two men met for the first time a few days earlier, at Madeleine Lemaire’s house, on April 13, 1893. Dandy with a pure profile, a fascinating look… Proust fell under the admiration of Montesquiou, the future model of Charlus. This was followed by an abundant, often flattering, correspondence. If the young Proust never ceased to praise Montesquiou’s taste for the erudite display of names, cultural references and the rare word, we observe through the present poem-pastiche a touch of mockery with regard to the style of the dandy-poet. The two would however maintain a friendship that would last until Montesquiou’s last days, in 1921.
At the time when Proust was thinking of resuming his pastiche of Saint-Simon, “Fête chez Montesquiou” (Textes retrouvés, ed. P. Kolb, Gallimard, p. 191-195), he wrote to Montesquiou, on February 16, 1909, without forgetting the usual precautions: “Basically, the pastiche that would amuse me the most to make, when I can write a little (without prejudice to more serious studies) is a pastiche of you! But in the first place it would perhaps annoy you, and I don’t want anything of me to ever make you angry […]!” (Corr., t. IX, p. 34).
The epistle, addressed to the Marquis Philibert de Clermont-Tonnerre (1871-1940), was published by his wife Elisabeth de Clermont-Tonnerre, née de Gramont, in 1955, in the Bulletin Marcel Proust. The latter, who first met the writer in 1903, had previously published a study of Robert de Montesquiou and Marcel Proust (Flammarion, 1925).

[HUYSMANS] ANONYMOUS

[Paris, c. 1890], original photographique portrait
Period film print (11,8 x 16,1 cm), glued on a large piece of paper (40 x 31 cm)
Tiny missing bit on lower right angle, small friction (see scan)

An elegant portrait of the writer at home, sitting by his fireplace, his cat on his lap


This portrait, which has remained unusual, depicts the writer and literary critic at his home at 11, rue de Sèvres in Paris. Huysmans, with a faunesque face, seems relaxed while staring at the camera with a cigarette in his mouth, his cat on his lap. The shot resembles in many ways Dornac’s portraits for his series Nos contemporains chez eux.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » à Marie Scheikévitch
[Paris, after February 7th, 1922] 3 p. in-8° on light grey paper
Old paper clip traces, slight missing bit of paper on upper margin of second folio (without affecting the text)
Period fold mark, some browning
With autograph envelope, some notes in black pencil on verso (by an unknown hand)

Proust evokes an evening spent at Princess Soutzo’s and admits to having discreetly withdrawn in the middle of a conversation between Abel Bonnard and his correspondent

Marcel Proust’s last known letter to Marie Scheikévitch, nine months before the writer’s death


« Chère Madame,
Ce seul mot (que je ne dicte pas à la machine bien qu’ayant maintenant une “machiniste”)¹ est pour vous dire ceci :
Il y a mille chances pour que vous n’ayez pas remarqué que j’étais l’autre soir chez la princesse Soutzo², plus encore si vous l’avez remarqué que ma “fuite” ait passé inaperçue à vos yeux. Mais, en supposant le seul risque d’une de ces deux hypothèses concordantes, je veux vous dire que si je ne suis pas resté auprès de vous, c’est parce que vous m’avez semblé avoir à parler à Abel Bonnard³. Je l’admire et je l’aime, vous le savez. Mais vous êtes beaucoup plus liée avec lui qu’avec moi et je ne voulais pas avoir l’air de me mettre entre vous.
Excuse ridicule d’une attitude qui vous est si indifférente.
Veuillez agréer ma respectueuse amitié.
Marcel Proust »


[1] The “machinist” mentioned here is Yvonne Albaret, niece of Odilon, Céleste’s husband. It was at the time of the writing of The Prisoner that Proust announced his intention to hire a typist after Gaston Gallimard had pushed him to clean up his writings. Yvonne Albaret therefore took up her duty at the very beginning of February and moved in with the writer on rue Hamelin, around the 20th. It was she who typed The Prisoner and The Fugitive.

[2] Allusion to the evening spent at Princess Soutzo’s on Tuesday, February 7, 1922.

[3] It is in all likelihood that Proust and Bonnard were put in touch through Marie Scheikévitch. Although Bonnard went rather unnoticed by the literary public of the time, he nevertheless received strong congratulations from Proust for his sumans Le Palais Palmacamini and La vie et l’amour. The two men share the same aesthetic criteria, their idea of the novel is identical. In a letter to Marie Scheikévitch dated 1 January 1914, Proust did not hide his admiration for his colleague: “If you see Bonnard, tell him how much I love his novel. What makes it the greatest value is naturally what we do not perceive, which makes us perhaps unjust to it. But he had the nobility to prefer this hidden beauty. I often talk about his book but particularly willingly with you who admire and love him.”

An intimate of Proust who did much effort in using her network for the publication of the first volume of The Search :

Marie Scheikevitch (1882-1964) was the daughter of a wealthy Russian magistrate and art collector who settled in France in 1896. George D. Painter described her as “one of the smartest and most prominent ladies of the new generation.” Patron of artists and writers, she frequented salons and then founded her own. She was friends with Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, the Arman de Caillavet family, among others.
A feeling of singular quality united Marcel Proust to Marie Scheikévitch. Although they met briefly in 1905 in Mme Lemaire’s salon, it was in 1912 that they really get to know eachother. There followed a correspondence that lasted until 1922, the year of the writer’s death. Seeing each other “almost every day” as she would later say (friends writing all the less as they see each other more), we know only 28 letters from Proust addressed to her.
She opened to him the doors of her salon, frequented by all that Paris had of illustrious personalities in literature and arts, so that he paid tribute to her in Sodome et Gomorrhe under the veil of Madame Timoléon d’Amoncourt, “a charming little woman, of a spirit, like her beauty, so ravishing, that only one of the two would have succeeded in pleasing “.
A fervent admirer of the writer, she spent a great deal at the time of the publication of the first volume of The Search, trying everything to put Proust in touch with the Parisian personalities she considered most capable of helping him. It was she who recommended him to her lover Adrien Hébrard, the influential director of the newspaper Le Temps, to obtain the famous interview of November 12, 1913 by Élie-Joseph Bois, on the eve of Swann‘s publication: This was the first significant article published in the major press and devoted to The Search. To thank her, Proust sent her a major inscription (recently acquired by the BnF) when Swann was published.

Born Hélène Chrissoveloni, Princess Soutzo (1879-1975) was introduced to Marcel Proust on March 4, 1917 at the Larue restaurant through Paul Morand (whom the latter would marry ten years later, in 1927). The meeting between Proust and the princess remained memorable, the writer having suggested that she bring together the Poulet quartet at the Ritz to perform César Franck (Journal d’un attaché d’ambassade, 1916-1917 (1963), Gallimard, 1996, p. 171-172; Journal inutile, t. II, p. 131).

MISTRAL, Frédéric (1830-1914)

Autograph letter signed « F. Mistral » [à Thérèse Boissière, (née Roumanille) ?]
Maillane, 4th June 1901, 1 p. 1/2 in-8° in langue d’oc, on watermarked paper
Some browning, fold mark (see scan)

Mistral is looking for a publication of the Carmagnole


Letter written in occitan dialect

« Madamisello, en passant à Toulouso, demandère au félibre Bacquié-Fonade se pèr asard saubrié pas ounte voste segne paire avié publica sa Carmagnolo. me proumeteguè de fuieteja pèr acò li 4 annado de la Lauseto. vuei m ‘escriéu que n’a rèn trouva dins aquelo publicacioun, à l’eicepcioun de 8 pèço autro -que me n’en baio li titre. e vous fau passa la tiero d’aquéli pèço. bèn amistousamen  vous salude tóuti e vous entre tóuti
F. Mistral »


Mistral is probably referring to the plays that appeared in the Lauseto almanac, edited by Louis-Xavier de Ricard (1843-1911) and the organ of the Félibres Rouges. The list having disappeared, it no longer allows us to identify the author of the Carmagnole. It is possible that the recipient of this letter was Thérèse Boissière, née Roumanille (1864-1927). The wife of the said was the sister of Félix Gras, capoulier (president) of the Félibrige following Roumanille, who died at the beginning of 1901. Gras did indeed write in the Lauseto, and celebrating the Carmagnole was very much in his style.

COLETTE, Sidonie Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Colette » to a friend
[“11th December 1949” added in pencil by an unknown hand], 2 p. in-4° on blue paper
Watermark “Velin Muller – 782 – Paris France”
Period fold marks, old trace of paper clip on top margin (see scans)

Newly appointed president of the Académie Goncourt, Colette talks about the revival of the theatrical adaptation of Chéri


« Je n’en ai jamais eu de meilleurs, cher ami ! Quand ils sont réussis, les massepains sont de grandes merveilles, aussi bien celui que truffent l’angélique et le cédrat que le tout homogène en pâte d’amandes, et le “jijoua” qui exsude infatigablement son huile de sésame, de sésame si je ne me trompe ? Ma fille s’en va, la poche gonflée. Mais je ne lui en ai pas donné plus d’un.
J’aimerais bien vous voir.
Le Goncourt, mes travaux, et mes maux m’ont bien détournée de mes meilleurs amis. Je trouve dur parfois de souffrir d’une manière si vive, et je me plie depuis quelques semaines à des bogomoletzeries [néologisme pour son traitement au sérum de Bogomoletz] variées, pour me remettre (?) des répétitions de “Chéri”, des visites d’agents théâtraux d’Amérique et d’ailleurs (touchons du bois) et de traducteurs de langue anglaise, qui me découvrent.
Maurice [son époux Maurice Goudeket] évolue au milieu de tout cela et se déguise en Protée.
Mais vous viendrez bien, par mauvais temps décembral, manger la soupe à l’oignon de midi, caparaçonnée de gratin ?
Cher ami je vous embrasse, et Maurice est affectueusement à vous.
Colette
P.S. – Je réquisitionnerai Moune ! [surnom de Hélène Jourdan-Morhange] »


The first performance of the revival of Chéri took place on October 29, 1949, at the Théâtre de la Madeleine, in the presence of the President of the Republic, Vincent Auriol. It is a slightly modified version, directed by Jean Wall, with Jean Marais in the role of Chéri and Valentine Tessier in the role of Léa de Lonval.
Colette also mentions the Académie Goncourt, of which she had been appointed president a few weeks earlier, on October 1, 1949 (four years after being elected a member). This presidency was to go to Roland Dorgelès, the dean of election (elected in 1929), who withdrew and offered his place to Colette.

POULENC, Francis (1899-1963)

Autograph letter signed « Francis Poulenc » to Frederick Woods
[Saint-Raphaël], 3rd April 1960, 1 p. in-12°
Period fold mark, slight browning in some areas
Envelope included (tear on verso, see scans)

Poulenc refuses to talk about his secular cantata Le Bal masqué


« Monsieur,
Excusez moi mais je n’ai ni le temps, ni le goût de parler du Bal masqué
à toutes fins utiles, je vous signale l’excellent texte d’Henri Hell qui figure sur la pochette du disque Vega.
Veuillez agréer, Monsieur, je vous prie mes sentiments distingués.
Francis Poulenc »


Created in 1932, Le Bal masqué marks Poulenc’s admiration for the poet Max Jacob (1876-1944), whom he discovered through the Cornet à dés, in 1917. Although Poulenc composed nearly fifty songs on various poems throughout his career, including those of Ronsard, Banville, Moréas and Apollinaire, his adaptation of Max Jacob’s poetry in 1932 with Le Bal masqué remains amongst the composer’s most celebrated pieces.
Poulenc is referring here to the album Max Jacob, Francis Poulenc – Le Bal Masqué – Cantate Profane, recorded in 1956 by Studio Vega. It was Henri Hell (1916-1991), a specialist and biographer of the musician, who wrote the liner notes.

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed « George Sand » to Cora Chamberlaine
Nohant, 5th May [18]70, 6 pp. in-8°
Collector’s stamp on first page’s top margin
Previously repaired with tape on folds (see scans)

A long and superb letter in which the writer, evoking her autobiography Story of My Life, opens up bluntly about her relationship with the world

« Time is almost always lacking to understand each other, and life is spent in guessing each other… »


« Je ne sais pas si vous êtes arrivée à Paris, bonne et charmante femme. Vous deviez vous arrêter à Tours, je vous écris donc, non à l’hôtel St James, mais sous le couvert de Mrs Bowles.
J’ai envie de commencer par vous gronder de m’avoir envoyé de si belles choses, qui devaient être pour vous de précieux souvenirs de voyage, et dont vous vous êtes séparée avec un héroïsme trop généreux. Je ne puis les refuser, vous me gronderez aussi. J’ai mis la bague à mon quatrième doigt, elle ne me gêne pas du tout et je ne la quitte pas. Elle est très belle et curieuse. La sarre [sic pour saree] est une merveille de broderie et ce sera très agréable à porter l’été. Ma fille vous remercie beaucoup du bel ambre qui a gardé le feu du soleil d’Italie, et mon fils, à qui j’ai donné la miniature indienne, l’a prise et l’admire infiniment. Le lirai les livres quand ma tête reviendra. Vous m’avez trouvée dans une phâse d’idiotisme complet pour avoir passé beaucoup de nuits (28) auprès de Maurice, et cela ajoûté à une timidité presque maladive, a dû me faire paraître bien froide et bien gauche. Croyez que je suis pourtant vivement touchée de la vraie sympathie que vous m’avez apportée, et que j’ai partagé cette affection à première vue, sans vouloir en douter ni m’en défendre en aucune façon. Mais il m’est impossible de parler de moi. Je suis la personne que je connais le moins et dont je m’occupe le moins. Je crois avoir dit dans l’histoire de ma vie qu’il faut peut-être parler de soit une fois en sa vie, pour n’y plus penser et n’y plus revenir [Premier chapitre d’Histoire de ma vie : « Je sentais qu’il ne faut parler de soi au public qu’une fois en sa vie, et très sérieusement,et n’y plus revenir »] . Ceux qui ont pris la peine de lire ces souvenirs me connaissent, car je n’ai rien dit que de vrai et je n’ai pas changé. Je ne sais pas me communiquer par la parole à moins d’une longue habitude d’intimité. Aussi je vis renfermée dans la famille et n’en sors que contrainte absolument. Je ne reçois jamais personne, sauf de bien rares exceptions, et je suis cruellement impolie pour les curieux qui m’assiègent à Nohant et à Paris. J’ai donc eu, en lisant la première lettre que vous m’avez fait remettre, la divination d’une amitié sincère qui venait à moi, et non d’une curiosité oiseuse comme mille autres, et je m’en applaudis, car je vous sens admirablement bonne et intelligente. Votre mari me plaît aussi extrêmement. Il a un air de douceur et de distinction qui le font aimer, et mon fils qui est presque aussi sauvage que moi, a trouvé qu’il était charmant. Quant à la chère Lina, elle partage ma confiance en vous deux. – Je ne sais où vous avez vu que j’avais des préventions contre l’Amérique et les Américains. Je préfère la France à tout, je ne puis faire autrement, et j’en pense pourtant beaucoup de mal. Je pense aussi du mal de l’Amérique et je l’admire quand même. Ce ne sont pas là des préventions, mais des jugements que je crois fondés, et sur lesquels je suis certaine que nous serions d’accord, et pour les faites de votre pays et pour celles du mien, si, en causant, nous procédions avec ordre dans nos réflexions.
Mais le tems manque presque toujours pour s’entendre et la vie se passe à se deviner. Devinez-moi, je vous prie, très sincère dans le désir d’être équitable, de souffrir de tout ce qui est le mal et d’apprécier sans réserve tout ce qui est le bien.
Ma belle-fille ira à Paris dans quelques jours pour des affaires de succession [Lina partira le 20 mai pour Paris, afin de régler avec sa mère la succession de Calamatta] . Je garderai la maison, le convalescent et les enfans. Elle compte s’informer de vous, et si vous pouvez vous rencontrer, elle sera très contente de vous serrer la main. Moi, je ne serai pas encore quand j’irai. Je souhaite bien que vous y soyez. Vous me tiendrez au courant par un mot, si vous le voulez bien.
Adieu, merci, et au revoir pour moi et les miens.
Nohant, 5 mai 70, George Sand
Ne gardez pas ce camélia qui devient affreux en se séchant. Je vous enverrai des plantes que je préparerai pour vous et qui se garderont sans trop enlaidir. »


The Chamberlaine couple visited the writer and her family on May 2 and 3, 1870. Sand refers to it in her diary on May 2: “Visit of an American couple from Boston, Mr. and Mrs. Chamberlaine. They are very good and friendly. I receive them as best I can. On May 3, she noted: “Visit of the Chamberlaines, who are leaving for Paris. They are very nice, especially the husband. The woman is a little talkative, but I think very good and quite intelligent. (Agenda IV, p. 267).
This letter comes in response to a very long missive from Cora Chamberlaine addressed to George Sand, on the very evening of her departure from Nohant, and now kept at the BHVP (f. G-3646). It would take too long to transcribe the entirety of it. We produce here a few passages:
“I am still too moved by the memory of any kindness for strangers like us, for you to expect a very coherent letter from me […] The miniature we found in Bombay. It is painted in Delhi and it is claimed that we can no longer have it. The piece of amber is from the Simeto River in Sicily […] I naively show you the great desire I have to make something, anything, go from me to you. The camellia and orange blossom arrived very fresh, hanging at the top of the coupé, in my husband’s hat […] I don’t know how it came about, but it seems to me that you deigned to love us a little, and here I am already daring to write to you in a friendly way. Perhaps you have thought of ‘Amore, Ch’a nullo amato amar perdona’ [The Divine Comedy, Dante, v. 103, canto V]. These are many words and I have said nothing. I love you, with all my heart […] We know something of your lineage from what you have told us about it in the Story of My Life […] »

[VAN GOGH] BERNARD, Émile (1868-1941)

Les Hommes d’Aujourd’hui
First edition [1891], n°390, 4 pp. in-4°
Slight browning, otherwise fine condition throughout

Extremely rare original copy of the issue dedicated to Van Gogh by his friend Émile Bernard


The frontispiece of this legendary issue was created by Émile Bernard, a close friend of the cursed painter.
He signed:
« Vincent
d’après un portrait
fait par lui »
This work taken up by Bernard could correspond to two self-portraits made by the master, both entitled Self-Portrait with a Straw Hat and made in the summer of 1887. The first, very accomplished, is kept at the Detroit Institute of Arts (F526). The second, less rich in background but just as striking, is kept in the Van Gogh Museum in Amsterdam (F469).

Emile Bernard was one of the few to understand Van Gogh during his lifetime, from their first meeting in Cormon’s studio, and then at the home of Father Tanguy, their colour dealer. Here he draws up a short and brilliant obituary of his friend. This booklet is one of the first articles dedicated to the artist shortly after his passing, and the first step in a campaign led by Bernard to promote his friend’s work.

The copies of this legendary issue are of a very scarce. This one, in a condition close to new, is all the more precious.

DESBORDES-VALMORE, Marceline (1786-1859)

Autograph letter signed « Marceline Valmore » to Charles Pierquin de Gembloux
[Paris], 6th June 1833, 3 pp. in-8°
“WEYNEN” embossed on top right corner of first page
Postmarks, broken seal with tear on both pages and slight missing bit second page
See scans

Marceline Desbordes-Valmore deplores the disappointment suffered by her husband at the Rouen Theater and takes the opportunity to send her poetry collection Les Pleurs, which has just been published by Charpentier


« Si vous étiez d’une nature à cesser d’être bon, je serais encore plus triste de tout ce qui m’arrive, car vous pourriez être injuste sur moi.
Un ouragan théâtral a brisé en un quart d’heure l’engagement de Valmore. On joue aux dés, à Rouen seulement dans l’univers, la destinée d’un artiste au renouvellement de l’année qui commence en avril. Et c’est en mai que l’ouverture du théâtre vient de se faire. Après un an d’épreuve, de faveur, d’estime et souvent d’enthousiasme, deux ou trois juges de ce tribunal secret ont jeté l’avenir de trois ou quatre familles dans un bol de punch, et Valmore, son père, moi et ses enfants, nous étions, le lendemain, à la merci de la Providence. C’est horrible ! Renvoyés sans indemnité, sans dédit, du soir même où ces forcenés se sont mis à hurler contre leurs victimes. Il y a eu un soulèvement fort honorable mais inutile pour Valmore, de tout le public indigné qui le redemandait à grands cris. On a tout cassé. Il y a eu des siffleurs roulés aux pieds, on a jeté des fauteuils dans le parterre. C’était à faire mourir de peur.
L’arrière-scène était un honnête homme exilé avec sa famille. Je suis montée en voiture le soir même, pour chercher un asile à Paris. Mais ce qui devait être est arrivé. Plus de courage que de forces. Je suis encore au lit après de grandes souffrances, ou plutôt un état d’immobilité où j’ai végété la fièvre sans souvenir, sans idées précises de mon sort. M. Harel [Charles Jean Harel, directeur du Théâtre de la Porte-Saint-Martin depuis 1832] nous a offert un coin que Valmore a accepté bien que les appointements soient encore modiques. Mais il espère L’augmenter bientôt. Nous prenons avec reconnaissance.
J’ai fait remettre par l’éditeur pour vous un volume des Pleurs à un libraire de Grenoble. Il vient de me dire tout à l’heure que le libraire est parti sans le volume et qu’il l’a mis à la poste. Vous le recevrez donc plutôt que ma lettre, vous et votre femme si indulgente. Lisez-le à travers votre amitié pour moi. Vous ne la donnerez à personne qui en soit plus digne, du moins par L’étrange malheur attaché à sa destinée. Il y a un côté lumineux et c’est vous qui l’avez éclairé pour mon cher Hippolyte. Quel bonheur de le sentir dans l’asile paisible et sur où vous l’avez placé ! Que puis-je vous dire de plus pour vous bien exprimer mon amitié pour vous. À toujours.
Marceline Valmore.
Si vous me répondez, que ce soit d’ici à dix jours à Rouen, où je retourne demain pour opérer tout ce déménagement, ou plus tard, chez M. Charpentier, éditeur-libraire, Palais-Royal, galerie d’Orléans, 20. »


French actor and writer, Prosper Valmore (1793-1881) was hired by the Odéon in 1819 where he stayed for two years before playing in Lyon, Bordeaux and Rouen (1821-1833). His performances were not always approved by the Rouen public. Briefly back in Paris, he gave up on swallowing his talent for supporting roles at the Comédie-Française, despite the insistence of his friends and his wife Marceline. He finally returned to Lyon to return to success and play many leading roles.

Les Pleurs remains Marceline Desbordes-Valmore’s most famous collection. Published by Charpentier in 1833, she obtained from her friend Dumas (père) a synoptic preface comparing her to an Aeolian harp. Poems such as La Jalouse, Le Songe or Seule au rendez-vous are among the most celebrated of her work.

MOULIN, Jean (1899-1943)

Autograph postcard signed « Jean » to his family (his mother Blanche ans sister Laure Moulin)
Megève, 6th February [1940], 1 p. in-12° (on the verso of a postcard)
Autograph envelope included, some tears fixed with tape (see scans)
Tiny flaw on top left corner of the postcard’s photograph

Very scarce card from Jean Moulin to his family, sent from Megève, only a few weeks before the German invasion


« Chère maman, chère Laure,
Me voici depuis 48 heures à Megève, où, après une période de mauvais temps qui a duré 8 jours, j’ai eu de la chance de trouver du soleil.
La plupart des hôtels sont ouverts et il y a pas mal de monde. Il est vrai qu’il y a un centre de ski pour les aviateurs et énormément de permissionnaires.
Ces deux jours passés au bon ai m’ont fait le plus grand bien et je me sens maintenant en pleine forme physique.
Je compte rester toute la semaine et si tout va bien être à Montpellier lundi soir.
Bon baiser à toutes deux.
Jean »


Appointed a year earlier as prefect of Eure-et-Loir, Jean Moulin had in the meantime asked to be relieved of his duties since the declaration of war on 1 September 1939. As he wrote: “my place is not at the back, at the head of an essentially rural department” (Jean Moulin: mémoires d’un homme sans voix, ed. F. Zamponi, N. Bouveret and D. Allary, Éditions du Chêne, p. 72). He applied for the machine gun school, going against the decision of the Ministry of the Interior. However, he was declared unfit for a vision problem on 10 December 1939, the day after his medical examination for enlistment. Moulin demanded a second visit to Tours, where he was declared fit this time. The Ministry of the Interior nevertheless forced the future icon of the Resistance to immediately resume his post as prefect, from where he worked, in difficult conditions, to ensure the safety of the population.
We know of a letter sent to his family on January 25 in which Moulin announced that he was taking a few days off after contracting a nasty flu: “I asked for a few days off to go and rest in Haute-Savoie. Leave has just been reinstated for those who were unable to have their regular leave in 1939 […] If all goes well, I plan to leave at the end of next week for Megève […] I’ll give you my address before I leave, but I think I’ll stay at a boarding house called “Sunny Home.” »

We include :

The legendary portrait of the resistance fighter by his friend Marcel Bernard, taken during the winter of 1939, in Montpellier, below the Château du Peyrou

Silver print – later print on Agfa Portriga Rapid paper (17×11 cm)
Thin white margins
Flawless condition
“He is taking advantage of these few days in the Hérault to bring his dear childhood friend, Marcel Bernard, from Béziers. The latter, who has not forgotten his camera, makes of him, in the garden of Peyrou, this beautiful portrait where Jean, standing against an arch of the aqueduct, wears a soft felt pen and a muffler, and which is the very image of the Resistant. »
(Jean Moulin, ed. Laure Moulin, Presse de la Cité, Paris, 1969, p. 217.)

PICASSO, Pablo (1881-1973)

Autograph letter signed « Picasso » to Max Pellequer
[Château de] Vauvenargues, « le 24.[0]6.[19]59 », 1 p. in-8° in oil pastel
Fine condition

Affectionate letter from the master to his friend and collector Max Pellequer


« Mon cher Max,
Vous venez de partir ce matin et déjà je vous embête de nouveau (voir ma lettre des contributions que je reçois). Encore bien des amitiés de nous deux [allusion à sa compagne Jacqueline Roque qu’il épouse en 1961] pour vous deux. Picasso »


A banker and astute art lover, Max Pellequer assembled a considerable collection of modernist works in the 1920s. In 1920, he married Francine Level, niece of merchant and businessman André Level. It was through the latter that he met Picasso in 1914. This meeting marked the genesis of an unwavering friendship between the two men. Pellequer became one of the artist’s closest friends, but also his banker and financial advisor. For more than 30 years, he acquired an incredible collection of paintings and sculptures from Picasso. The epistolary relationship they maintained over the years allows us to take the measure of the links that united the two men.
Still with the precious help of his friend Max, Picasso acquired a fourteenth-century castle in 1958, in Vauvenargues, near Aix en Provence, at the foot of the Sainte-Victoire mountain. He occupied it intermittently between 1959 and 1962. On this subject, he declared to Danier-Henry Kahnweiler: “I bought Cézanne’s Sainte-Victoire. Which one? The real one.” It was in the park of this same property that the painter was buried in a deleterious atmosphere, on April 10, 1973.

[MALLARMÉ] VERLAINE, Paul (1844-1896)

Les Hommes d’Aujourd’hui
First edition [1885], n°296, 4 pp. in-4°
Librairie Vanier, n°244 – Paris 19 quai St Michel
Slight browning on margin otherwise fine condition

Very scarce proof copy of this legendary issue of Les Hommes d’aujourd’hui, depicting Mallarmé as a faun, a pan flute in his hands


The frontispiece of this famous copy was created by the artist Luque, who was also called upon for Rimbaud’s copy issue (no. 318). Verlaine, who a year earlier had consecrated his friend in his first edition of the Poètes maudits, was in charge of the prose for this issue, which he produced brilliantly.
If Luque’s drawing, depicting Mallarmé in the role of his character in L’Après-midi d’un faune may seem seductive, yet we do know that it will greatly displease Mallarmé upon being commercialized. The latter had initially been proposed the artist Estopey by Verlaine for the illustration of the issue, but the project did not come to light.

SULLY PRUDHOMME (1839-1907)

Autograph poem signed « Sully Prudhomme »
N.p.n.d, 1 p. in-8° on laid paper
Slight ink smudge on the lower part of the sheet
Annotation “41” by another hand in the upper left corner
Watermark “Imperial treasure”

Rare and precious manuscript of his poem Ici-bas, which has remained one of his most famous, from his early collection Stances et Poèmes


« Ici-bas tous les lilas meurent,
Tous les chants des oiseaux sont courts,
Je rêve aux étés qui demeurent
Toujours…

Ici-bas les lèvres effleurent
Sans rien laisser de leur velours,
Je rêve aux baisers qui demeurent
Toujours…

Ici-bas, tous les hommes pleurent
Leurs amitiés ou leurs amours ;
Je rêve aux couples qui demeurent
Toujours…

Sully Prudhomme »


This poem is, along with Le Vase brisé, one of Sully Prudhomme’s most celebrated poems. Taken from the collection Stances et Poèmes, which was praised in his time by Sainte-Beuve, these early poems allowed the future first winner of the Nobel Prize in Literature to launch his career. Following in the pure Parnassian tradition alongside Banville, Villiers de L’Isle-Adam and José-Maria de Heredia, Sully Prudhomme found the indispensable support in the person of Alphonse Lemerre for the publication of this first collection. The following year, in 1866, the latter published the first of the three volumes of the Parnasse contemporain, in which the young poet actively participated.
Composed of three heterometric quatrains in octosyllable with crossed rhymes, the meter of the verse used here by the poet reveals some pleasant innovations that can be found elsewhere in some of his Parnassian comrades. One can also appreciate the harmony of the poem as a whole, making it very touching by the solemnity of the tone used, reinforced by its anaphoric formula at the end of each stanza.
Ici-bas was set to music by Gabriel Fauré in a score for piano and voice for tenor or soprano. The melody in fa dièse is dedicated to Madame G. Lecoq. It was premiered in Paris on December 12, 1874.

VALLÈS, Jules (1832-1885)

Autograph letter signed « J.V. » to Aurélien Scholl
[Londres], 29 8bre [October] [18]77, 6 pp. in-8° in brown ink
Laid paper, watermark « Ivorite »
Some ink smudges and autograph corrections by Vallès

Distant and disillusioned with French politics, Vallès delivers in a long and superb letter – entirely unpublished – his editorial ambitions for his autobiographical trilogy


We transcribe here only a few fragments

«  Mon cher ami,
L’avenir est aux flegmatiques, comme disait Napoléon. C’est vrai quand il s’agit des prétendants. C’est faux quand il s’agit des députés – et il faut à un moment que, sous la pluie, dans l’orage, on entende le tonnerre de Mirabeau. On ne l’entendra plus. Le parlementarisme a les poches trop pleines et la tête trop vide. Si l’on ose poinçonner du bout des bayonettes l’or qui fait hernie dans ces gros ventres, c’en est fait de la troiscent-soixantroisade¹À travers la brume infinie de Londres j’entrevois Paris se saignant sous la mollesse de son ciel bleu, et je vois les caporaux se disputant à travers les rues les testons du parlement, les magots de la légalité. Qui osera le Coup d’état […]
Devant les reculades du grand suffrage, devant la tactique asinique de l’opportunisme, à la veille d’un 2 décembre [allusion au Coup d’État de Napoléon III du 2 décembre 1851] du plus déshonorant que le premier, ou en face d’une bourgeoisie aussi anti-socialiste que le 2 décembre, je songe à laisser dormir mes espoirs politiques, et à retourner en plein à mon métier. Je vous écris sous le coup de cette violation douloureuse.
Un éditeur – qui ne l’est plus – devait se trouver à Londres il y a quatre jours. Il m’a apporté l’odeur des librairies et a essayé de me griser avec. Il m’a soutenu que je réussirais maintenant comme romancier. Sacrebleu, je pense depuis longtemps à m’enfermer face à face avec ce que j’ai vu, pour le photographier à la lumière fauve de mon temps, et je ne demanderai qu’à tirer sur l’ennemi à travers un livre, qui s’évanouirait comme la broussaille d’Afrique derrière laquelle l’Arabe murmurerait « chien de français ! » et épaulait pour tuer les sentinelles. Je ferais feu abrité par le sentiment, sous le déguisement de la passion ou de l’ironie. Mais j’ai dû vous écrire cela vingt fois ! Parlons sur un ton moins inspiré et en mettant les points sur les i.
Durand n’a pas paru trouver que j’étais trop téméraire en pensant à la combinaison suivante :  à faire un traité avec Charpentier [éditeur entre autres de Zola et Maupassant] par exemple ; par lequel il s’engagerait à me fournir des provisions pendant un temps nécessaire à bâtir mon œuvre, à finir mes Misérables.
J’ai le plan, l’étoffe d’un grand roman en trois parties à peu près distinctes, qui représenterait l’histoire des grotesques et des héros, des hardis de l’idée ou du crime depuis 48. 1ère partie 48 jusqu’à 51. 2ème (plus longue) 51 jusqu’à 70. Dernière 70 jusqu’au 28 mai 1871.
Il me faut avec ce que j’ai déjà de préparé, il me faut deux ans ou plus, pour mener cette campagne à bien. Pour vivre pendant ces deux ans, il est besoin de 300 francs par mois. Si un éditeur voulait être propriétaire de mon œuvre, il n’aurait qu’à me donner ce pain de rente […]
Voyez-vous quelqu’un qui serait homme à aventurer ces quelques sous contre copie. CONTRE COPIE. On me donnerait mes 300 francs sur tant de manuscrits.
Rien à perdre, tout à gagner.
Je vendrai cela comme on voudrait – ou ferme pour être publié d’emblée en volumes, ainsi que furent publiés les Misérables ou feuilletonisable […]
Le bouquin vaudrait dix fois l’avance faite, s’il avait du succès – que dis-je : vingt fois, quarante fois ! […]
Il serait bien fait.
Je compte que j’écrirais cinq volumes [Charpentier le convaincra d’en écrire trois au lieu de cinq] – lesquels sont déjà tous armés et en ligne dans mon cerveau et mes papiers.
J’ai donc recours à votre expérience et je fais appel à votre camaraderie pour avoir votre avis et aussi votre appui. Je vais écrire à Goncourt et à Zola […]. Vous avez vu [Maurice] Dreyfous pour La Rue à Londres, n’est-ce pas ? Voulez-vous le voir pour ce grand roman ? Je n’écrirai à Zola ou de Goncourt qu’après votre réponse. Écrivez-le promptement, mon cher Scholl, car je vais à la dérive, et n’attendez pas qu’il fasse encore plus mauvais pour le proscrit ! Vous voyez bien ce que je rêve. Vous sentez bien l’avantage qu’y trouverait un éditeur capable d’envoyer 3 ou 400 francs par mois contre copie. Tout est là. On m’a dit que Charpentier avait agi ainsi avec Zola. Est-ce vrai ?
Je ne vous parle donc ni de roman ni d’article à l’Évènement, poussés par vous et publiables un de ces jours. Cette idée m’absorbe […]
Vous m’avez traité en camarade. Je vous demande en camarade un conseil, et s’il le faut le secours d’une recommandation. [Hector] Malot qui a été pour moi d’une obligeance et d’un dévouement à toute épreuve vient de me répondre à ce sujet. Mais il ne connaît pas la place. Édité qu’il est par un autre – et d’ailleurs, il est absorbé par la maladie de sa femme. […]
Je vous tends cordialement la main. Mettez une perche, image d’une poignée de main au-dessus de la Manche au bout de la votre !
J.V. […] »


1- An allusion to the manifesto of the 363. The declaration was drawn up on 18 May 1877 by the Republican deputies to the President of the Republic, Patrice de Mac Mahon, who expressed their opposition to the policy he was pursuing and to the establishment of the monarchist Duc de Broglie as President of the Council, even though the majority of the Chamber was republican. The text, which had been written by a friend of Gambetta’s, Eugène Spuller, received three hundred and sixty-three signatures.
Threatened in 1871 for having belonged to the minority in the council of the Commune (opposed to the dictatorship of a Committee of Public Safety), Vallès fled to Lausanne. He was then sentenced to death in absentia on 14 July 1872 by the 6th court martial. Having found refuge in London since 1875, the journalist-communard began at that time the writing of the first volume of his Jacques Vingtras trilogy: L’Enfant.
Halfway between an autobiographical and social novel, Jacques Vingrat is “the story of a sacrificed generation, defeated in June 1848, humiliated on December 2, 1851 and then crushed in May 1871 [bloody week]”. Bypassing censorship and inventing a double for himself, Vallès created an original and polemical novel.
L’enfant appeared for the first time in serial form in the daily newspaper Le Siècle from 28 June to 5 August 1878 under the pseudonym La Chaussade. Vallès’ approaches to Georges Charpentier bore fruit since the publisher published this first part in volume form in 1879. The other two volumes of the trilogy followed: Le Bachelier (published under the title Mémoires d’un révolté) and L’Insurgé, also published by Charpentier in 1881 and 1886 respectively (posthumously).
The proscribed journalist will find precious help in Aurélien Scholl during his painful years of exile. Meeting in the offices of the newspaper La Nymphe around 1854, the two men belonged to the same generation, the Forty-Eighters. At that time, Scholl was already a well-known journalist, appreciated for his often ironic pen. They frequented the same cafés, publicists, artists and caricaturists of the time: Courbet, Daudet, Carjat etc. They cut their teeth together at Le Figaro and never left each other’s side, until the bloody defeat of the Paris Commune.

In the 1970 edition of the EFR/Livre club Diderot, a letter addressed to Hector Malot dated November 6, 1877 mentions our letter: “I wrote after your letter to Scholl who had offered my volume La Rue à Londres to Dreyfous, who offered to publish it at the first clearing…” Maurice Dreyfous, essayist, publisher, buyer of the Charpentier house, and friend of T. Gautier.

PRÉVERT, Jacques (1900-1977)

Autograph poem : « Chant funèbre d’un représentant »
Addressed to Maurice Saillet, of the literary review Les Lettres nouvelles

[Saint-Paul-de-Vence, 14th April 1953], 4 p. in-plano (25 x 43,7 cm)
Stamped autograph envelope (28.5 x 22.5 cm)
Jacques Prévert has written his name and address on the back of the envelope
Traces of folds inherent in the original inserting
Several unpublished corrections in Prévert’s hand
Some typographical annotations (in the hand of Maurice Saillet?)

A long and beautiful poem in a spectacular format, published in his collection La Pluie et le Beau Temps

Manuscript used for the first publication in May 1953 in Les Lettres nouvelles


« Mouvement des navires
mouvement des marées

Tu t’étais fait attendre
pendant des jours entiers
A la porte du Sept
le garçon a frappé
il m’a donné la lettre
et puis tout a tourné

Mouvement des navires
mouvement des marées

J’avais le mal de mort
et sans même en mourir
comme d’autres le mal de mer
sans pouvoir le vomir
Rien qu’en voyant l’enveloppe
j’avais tout deviné
dans la lettre de ta sœur
ton sort était marqué

Mouvement des navires
mouvement des marées

Alors je suis sorti
sans même me laver
et puis j’ai remonté
la rue de la Gaîté
et dans l’avenue du Maine
j’ai pris un verre de rhum
et le patron m’a dit
histoire de rigoler
Le petit verre du condamné
Il ne croyait pas si bien dire
cet homme qui savait rire

Mouvement des marées
mouvement des navires

A la gare Montparnasse
la gare que tu aimais
j’ai pris un ticket de quai
Je suis resté longtemps
à errer dans la gare
et je ne pensais qu’à ta vie

Mouvement des navires
mouvement des marées

Colliers de coquillages
bals de Vaugirard et de Saint-Guénolé
et le pas de tes pieds
sur le sable mouillé
toujours je l’entendais
et les quais étaient balayés
à intervalles réguliers
par les feux du phare de Penmarch

Mouvement des navires
mouvement des marées

Ton sort c’était hier
le mien c’est pour demain
et ta robe neuve et rouge
quand tu l’enlevais
jamais je n’oublierai
tout ce que tu disais
toi qui souriais toujours
comme seul sourit l’amour
Tu vois c’est le rideau d’un théâtre
et j’espère que toujours le spectacle te plaira
quand le rideau se lèvera

Mouvement des navires
mouvement des marées

Fraises de Plougastel
crêpes de sarrasin
hier c’était hier
oh que serai-je demain

Mouvement des navires
mouvement des marées

Oh je ne vendrai plus
des souvenirs de vacances
des boîtes en coquillages
et des coquilles Saint-Jacques
le paysage dedans
Je vendrai des vieux sacs
je vendrai des cure-dents
horaire itinéraire
Finistère Finistère
tout ça c’est déchiré

Mouvement des navires
mouvement des marées. »


This poem is to be compared with « Sous le soc… », published in the same collection (p. 58), with which it presents some common details. The narrator, separated from the one he loves, remembers their past with nostalgia. If the woman seems to be dead in Chant funèbre d’un représentant, her disappearance seems more enigmatic in « Sous le soc… » The narrator will never forget the words of his beloved at the moment when she took off her red dress, he does not forget Saint-Guénolé, a lighthouse, Finistère, high Breton symbols so dear to the poet.

Manuscript remained unknown to Danièle Gasiglia-Laster and Arnaud Laster for the Œuvres complètes at the Bibliothèque de la Pléiade:
Three variants can be observed between the text published in Les Lettres nouvelles and the version reproduced in the collection La Pluie le Beau Temps, published in 16 June 1955.
Thus, the lines of the fourth couplet (nos. 32 and 33) are reversed in the first publication of 1953:
« Mouvement des marées
Mouvement des navires »
An incise of the same couplet is present between lines 36 and 37: « J’ai pris un ticket de quai » and « Je suis resté longtemps ».
Finally, in lines 76 and 77, « Je vendrai des moulages » « Je vendrai des cure-dents » becomes « Je vendrai des vieux sacs » « Je vendrai des cure-dents ».

Maurice Saillet (1914-1990) began his career as a bookseller with Adrienne Monnier at La Maison des amis des livres, located at 7, rue de l’Odéon in Paris. After contributing to the magazine K (1948), Saillet co-founded the literary magazine Les Lettres nouvelles in 1953 with Maurice Nadeau. It can be assumed that the latter, who had been close to Prévert since the 1930s, benefited from the generous assistance of his poet friend for the launch of the review. In 1977, Les Lettres nouvelles became Nadeau’s own publishing house, which he founded in 1977 and directed until his death in 2013.

SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)

Two autograph manuscripts for « L’Engagement de Mallarmé »
N.p, [1952], 2 p. in-4° in blue ink on graph paper
Some repentirs by Sartre
Top margin slightly frayed for one of the two folios (without affecting the text)

Set of two unpublished preparatory texts for the opening of his essay « L’engagement de Mallarmé », which remained unfinished


We transcribe here one of the two folios :

« Ténébreux, debout en sa torsion de sirène ; autrement dit, Hamlet, ‘prince amer de l’écueil’, seigneur latent qui ne peut devenir, ou tout simplement Stéphane Mallarmé.
C’est que l’Europe, vers le même moment, avait appris une stupéfiante nouvelle, aujourd’hui contestée par quelques-uns : ‘Dieu mort. Stop. Intestat’.
À l’ouverture de la succession, ce fut la panique ; la bourgeoisie crut disparaître : Dieu mort, reste des hasards bousculés, l’homme en est un, il perd le statut de faveur que lui garantissait la Divine volonté. Adieu la création dont il était le roi : voici reparaître la Nature. La Nature détestée de 93. On commence à chuchoter que l’humanité n’est qu’une espèce : sur quoi va-t-on fonder l’ordre social. Une partie des classes dirigeantes tente de remplacer le Grand Mort par un manichéisme : la distinction ou refus radical de la nature ; une autre préfère recourir au réalisme. Mais l’existence d’une classe ouvrière en voie d’organisation se reconnaît à la présence d’un fort courant matérialiste. En économie, en philosophie l’esprit d’analyse triomphe : Dieu, c’était la dernière synthèse, le tout produisant et gouvernant des parties. Après lui, l’univers se disloque en atomes. Mode transitoire et fini d’une aveugle matière. L’être humain doit perdre tout espoir de se distinguer des autres combinaisons moléculaires à moins de produire par lui seul des effets que la nature ne produit pas, c’est-à-dire des synthèses irréductibles. Créature ou créateur, il n’y a pas d’autre choix. Malgré l’absurde légende qu’on répandu les survivants du Christianisme, l’athéisme fit des débuts modestes et c’est tout juste s’il ne s’annonça pas par une épidémie de suicides. Nos pères, acculés à faire leurs preuves ou à disparaître, ont recueilli l’héritage divin avec beaucoup d’hésitation… »


Nourished by a great admiration for Mallarmé, Sartre sketched out a first study on the poet in 1947, then took it up again in 1952. Remaining unfinished, the text was first published in the journal Obliques in 1979, then by Gallimard in 1986. We observe through these two preparatory pages that have remained unpublished that the opening paragraph of the essay published in 1986 is taken from a much broader movement. In 1960, Sartre confided to Madeleine Chapsal his “sympathy” for Mallarmé and Genet, “both consciously engaged […] Mallarmé must have been very different from the image that has been given of him. He is our greatest poet. A passionate, furious man. And master of himself to the point of being able to kill himself with a simple movement of the glottis!… His commitment seems to me to be as total as possible: social as much as poetic.”
SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)

Autograph manuscript for « Les Communistes et la paix »
N.p, [c. late 1953 – March 1954], 6 p. in-4° in black ink on graph paper
Slight missing bit on lower right corner of first folio (without affecting the text), tiny tears on margins, slight browning

An important preparatory manuscript for the third part of « Les Communistes et la paix » – Sartre analyses in depth the peasant world, the history of the rural exodus and its causes

From the B. & R. Broca collection


There are many variations between the present working manuscript – which has remained unpublished – and the published text. We transcribe here only a few fragments:

[Folios n°1 to 3:]
« En France, sous les beaux noms dont on la couvre, vous retrouverez la même opération. La ville, nous dit-on, attire le paysan, elle le fascine […] l’agriculture manque de bras ; certains ministres ont tenté de réagir, M. Méline [Jules Méline (1838-1925), défenseur du monde agricole, plusieurs fois ministre, il met en place en 1892 des mesures protectionnistes pour les produits agricoles] fut l’un de ceux-là et René Bazin se fit son Virgile [allusion à son roman Ainsi la terre meurt, publié en 1898]. Sous la poésie des blés qui lèvent et des terres qui meurent, vous retrouvez le mécanisme de la pensée bourgeoise et sa vision atomistique du monde social. La ville : une grosse masse, le paysan : un corpuscule. Tout se passe entre eux très proprement, d’ailleurs, et sous les auspices de Newton. Chaque force agissant comme si elle était seule, le paysan est isolé en face de la cité : les 840.000 émigrant ruraux de 1880 ont été victimes de 840.000 petites observations singulières : les effets souverains de ce déplacement n’ont été ni prévus ni voulus par personne. Surtout pas par l’industriel. Bref l’exode rurale est un mouvement de masse, le résultat des danses solitaires de milliers de molécules aux destins identiques qui vont s’agréger aux agglomérations industrielles. Un seul coupable mais répété à 840.000 exemplaires : l’homme des champs lui-même qui, trop ignorant de son bonheur, choisit à ses risques et périls la condition ouvrière. Le pieux mensonge traduit des troubles de conscience : car enfin, chacun sait que le paysan (sauf, peut-être, depuis 1920) n’est pas attiré par la ville : on le pousse dans le dos jusqu’à l’y faire entrer.
Dans les campagnes, c’est Dieu qui donne les enfants. Ou le Diable. L’homme peut déflorer la fécondité de sa campagne mais sans voir le moyen de la limiter. Résultat : trop de bouches à nourrir. Une émigration chronique, dans l’Ancien Régime, équilibrant tant bien que mal l’excédent de population, mais elle alimenterait rarement l’industrie. Le cas des Bretons et typique : personne n’émigre plus qu’eux et depuis des siècles. Pourtant, arrivé dans les villes, il garde sa mentalité de primitif, qui le rend inapte à la spéculation du travail… […] Si le paysan était attiré par les villes, l’émigration serait continue. Ou, du moins, pourrait-on faire coïncider ses plus grandes poussées avec quelque victoire ouvrière. Ici rien de tel : cet exode intermittent ne peut s’expliquer ni par les charmes de la vie urbaine, ni par une surpopulation chronique ni même par l’émiettement de la terre. C’est la misère qui chasse l’homme des champs vers l’usine. Et cette misère est provoquée.
Sous l’ancien régime, de plus, le paysan est la victime élue de l’industrie. Mais ce n’est pas lui qui se déplace, c’est l’industriel qui va le récolter dans son village.
[Renvoi en pied de page :]
1/ c’est peut-être le cas après 1936. On a dit en effet que la reprise de l’exode rurale était provoquée par la loi des quarante heures.

[…] Pas d’atelier, pas de fabrique : chacun travaille chez soi. Un commis du patron va faire visite au campagnard, lui remet la matière première et lui prête les outils ; il revient à date fixe, paye le travail effectué, emporte le produit fini et va le vendre au marché.
Vous l’avez deviné : c’est une combine. Personne ne s’en cache d’ailleurs et le gouvernement la favorise ; il s’agit de tourner les règlements corporatifs. En somme l’inexpérience s’adresse de préférence aux paysans parce qu’ils ne sont pas protégés : il reste de donc libre de fixer lui-même le salaire, les conditions de travail et les prix
[…] Le but avoué de l’industriel est de briser une vieille institution organique – qui, en dépit de sa routine et de son particularisme, visait à défendre les intérêts du consommateur et du producteur – et d’empêcher, du même coup, la naissance d’une association nouvelle. La solitude de l’ouvrier en face du patron, vous voyez bien que ce n’est pas le simple jeu des forces économiques qui l’a produite : le patron l’a inventée, il a été chercher sa victime à domicile et il a créé une espèce spéciale de travailleurs […] Cet étrange personnage, demi-cultivateur et demi-ouvrier, tire ses revenus essentiels de la terre, il reste intègre à la famille, à la communauté féodale. Et, en même temps, sans même s’en apercevoir il inaugure des rapports neufs avec ses camarades de travail, qu’il ne voit jamais et son employeur qu’il ignore : les rapports de pure indifférence. […] »

[Folio n°4:]
« Le coup ne réussit qu’avec des sujets préparés : il faut des siècles d’industrie dispersée pour mettre le paysan dans l’état souhaitable : à partir de là une chiquenaude suffit à le détacher de son milieu rural. Pour les autres, pour ceux qui vivent exclusivement de la terre et qui, par conséquent, sont moins dépendants et moins pauvres, on a mis sur pied des opérations plus complexes. Ceux-là, il faut les ruiner, on s’attaque donc, cette fois, à la structure économique et sociale du paysannat. Les anglais, une fois de plus, donnent l’exemple […] : Les gueux, jetés par milliers sur les routes, cueillis par les gendarmes, enfermés dans les workhouses. Un mouvement plus sournois mais de même nature se développe, en France, de 1750 à 1850. En France aussi la communauté paysanne a ses pauvres et elle s’est organisée pour leur permettre de vivre : par les communaux, la vaine pâture, la glane. Cela revient à concéder aux indigents des droits sur la communauté entière : de fait le statut de la propriété demeure en partie féodal : il ne s’agit pas encore tout à fait de la possession absolue d’une chose par un homme mais d’un système extraordinairement complexe de relations entre les hommes à propos d’une chose. C’est ce système qu’il s’agit de briser. Au siècle précédent l’entrepreneur cherchait à la campagne des travailleurs qui échappèrent aux règlements tutélaires des corporations ; à présent c’est les traditions protectrices de la vie rurale qu’il veut liquider. Le moyen est simple : puisqu’on veut transformer les rapports humains des pauvres et des riches en simple relation d’indifférence, c’est-à-dire en voisinage inerte de choses. »

[Folio n°5:]
« Il faut amener l’homme à se définir par les choses, donc achever de liquider la propriété féodale et la remplacer par la propriété bourgeoise. Dès 1791, le droit des pauvres est aboli : les propriétaires peuvent à leur gré enclore et lotir les communaux. Naturellement les paysans riches seront complices. Les pauvres luttent assez efficacement au début et, pendant la Révolution, la loi de 91 reste lettre morte. Mais l’alliance des riches propriétaires et des bourgeois des villes fini par porter ses fruits : en 1850, les communaux ont entièrement disparu : et c’est la concentration des terres qui, vers la même époque, chasse les Picards vers les mines du Nord. D’autant plus que la transformation de la propriété entame une transformation de la culture. »

[Folio n°6]
« […] La bourgeoisie Européenne avait créé l’industrie du Nouveau Monde, celui-ci lui renvoie, en échange, des denrées alimentaires à bon marché. Les fermiers sont coincés : la hausse des prix est impossible ; mieux : même aux prix des bonnes années, leurs blés ne trouveraient pas preneurs. Vous dites que c’est une conséquence aveugle et nécessaire du progrès. Regardez-y mieux ; prenez, par exemple, le cas de l’Angleterre. Les Anglais, plus naïf ou plus dur, nous éclairent toujours sur les manœuvres des français : ils font les même et ils les appellent par leur nom […] Et puis, à part ça, la bourgeoisie ne voyait que des avantages à la baisse des prix : les masses se tenaient tranquilles, on avait pas besoin d’élever les salaires et l’exode rurale accroissait l’offre de main d’œuvre. Bref, l’industrie refusait la solidarité nationale et entendait n’avoir que des rapports de pure indifférence avec les travailleurs agricoles : avant même de les recueillir et de les diriger par particules discrètes, elle les traitait intentionnellement comme des masses. En France, l’opération fut freinée : les fermiers sont plus nombreux et plus puissants, ils imposèrent des mesures perfectionnistes […] »


The period when Sartre wrote « Les Communistes et la paix » (The Communists and Peace) marked the culmination of the philosopher’s companionship with the PCF (French Communist Party). The article, published in the journal Les Temps modernes in April 1954, is part of a series, since 1952, in which Sartre praises the Communist ideology. These same articles were also at the origin of the rupture, in July 1953, between Sartre and Merleau-Ponty (himself a member of the steering committee of Les Temps modernes). While Sartre advocated a quick reaction to events, sometimes to the detriment of reflection, Merleau-Ponty called for caution and a fundamental philosophical analysis, sometimes to the detriment of action.
Sartre ended up breaking definitively with the French Communist Party in 1956 after the crushing of the Budapest Uprising, without however renouncing his socialist ideals or his friendships with communists in other countries, notably Polish and Italian.

The present manuscript is related to the third part of « Les Communistes et la paix ». If the first three leaves (whose beginning and end are missing) form a sequence, the next three are isolated. The theme addressed, that of the history of the rural world oppressed by the bourgeoisie through the centuries, remains the same for the entire corpus. The publication in April 1954 in issue 101 of Les Temps modernes therefore makes it possible to date these sheets with almost certainty between the end of 1953 and March 1954.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph poem signed « Aragon » : « Zone libre »
[Paris], 25 January [1945], 2 p. in-4°
Tear on fold professionally consolidated, tiny spots, clipper mark on verso (see scans)

Precious manuscript of this moving poem of the Resistance composed in Carcassonne in September 1940, just a few weeks after the German invasion


« Fading de la tristesse oubli
Le bruit du cœur brisé faiblit
Et la cendre blanchit la braise
J’ai bu l’été comme un vin doux
J’ai rêvé pendant ce mois d’août
Dans un château rose en Corrèze

Qu’était-ce qui faisait soudain
Un sanglot lourd dans le jardin
Un sourd reproche dans la brise
Ah ne m’éveillez pas trop tôt
Rien qu’un instant de bel canto
Le désespoir démobilise

Il m’avait un instant semblé
Entendre au milieu des blés
Confusément le bruit des armes
D’où me venait ce grand chagrin
Ni l’œillet ni le romarin
N’ont gardé le parfum des larmes

J’ai perdu je ne sais comment
Le noir secret de mon tourment
À son tour l’ombre se démembre
Je cherchais à n’en plus finir
Cette douleur sans souvenir
Quand parut l’aube de septembre

Mon amour j’étais dans tes bras
Au-dehors quelqu’un murmura
Une vieille chanson de France
Mon mal enfin s’est reconnu
Et son refrain comme un pied nu
Troubla l’eau verte du silence

Aragon
Septembre 1940 »


This famous poem testifies to Aragon’s poetic genius in mixing the melancholic sweetness of lost loves with the feelings of despair of the war years. With a cry of the soul for the fatherland, these verses remain among the most emblematic in the midst of these dark hours that France was going through, which was at the beginning of the occupation.
In May 1940, the debacle of the French armies and the German invasion of the territory forced Aragon to flee Belgium to Dunkirk, where he embarked in a hurry on 1 June for England. Back in France in July, he managed to join his wife Elsa Triolet in Charentes, then in Dordogne. Demobilized on July 31 while he was in Périgord, he took refuge with Elsa at the home of Renaud de Jouvenel, who owned a castle near Brive-la-Gaillarde. In the first stanza, Aragon evokes the happy days spent in this haven of peace:

« J’ai bu l’été comme un vin doux
J’ai rêvé pendant ce mois d’août
Dans un château rose en Corrèze
»

However, the couple had to continue on their way and leave the Château de Varetz. At the beginning of September 1940, they met Jean Paulhan in Carcassonne, who introduced them to Pierre Seghers. It was still in Carcassonne that the poet composed “Zone libre”. This is how his patriotic commitment is defined. The Resistance not by arms, but by words.
This stay in the fortified city (where he remained until December) allowed Aragon to find a “human figure”, as he explained in a letter to Georges Besson on 20 December 1940: “because Belgium, Flanders, Dunkirk and after passing through England and the French countryside from the lower Seine to the Dordogne, it puts a forty-three-year-old guy on the ground who has a liver, and since Dunkirk, a heart in applesauce.”

Arranged in five sixes, the present poem, of octosyllabic structure, consists of rhymes followed on each of the first two lines, then in rhymes embraced on the next four. The first manuscript copy is now kept at the Triolet Aragon Foundation. Published for the first time in the magazine Fontaine (Algiers), n°13, February-May 1941 (with “Poème interruption”, “Richard II quarante” and “Elsa je t’aime”) “Zone libre” then took its place in the Crève-cœur, magnificently dedicated “To Elsa, every beat of my heart”. The collection was published by Gallimard, in the collection “Métamorphoses”, n° XI, (25 April) 1941.

On the back of the poem:
An autograph letter signed “Aragon”
dated 25 January [1945, according to a handwritten annotation in graphite], 1/2 p. in-4°

In it, Aragon explains his clandestine pseudonym and evokes his collection La Diane française

« Cher Monsieur, Je trouve votre mot à mon retour à Paris. Je vous envoie la petite plaquette parue dans l’illégalité sous la signature François La ColèreVous y trouverez la « Ballade de celui qui chanta dans les supplices », le « Prélude à la Diane française » qui ont été lus, entre autres, à la Comédie française. Je vous recopie (au dos) le poème que vous me demandez. J’espère que vous aurez ainsi ce qu’il vous fallait, et vous remercie de perdre votre temps pour moi. Très sympathiquement, Aragon. »

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Marie Scheikévitch
[Paris, 21st November 1918], 4 p. in-8°
With autograph envelope, stamped and obliterated
Clipper mark, previously mounted (see scans)

Having just been informed that Marie Scheikévitch had survived the Spanish flu, Proust hastens to write to the lady who had once helped him with the publication of Swann’s way


« Chère Madame,
Quelle tristesse d’apprendre que vous avez été si malade, quelle tristesse supplémentaire de ne l’apprendre que maintenant, de n’avoir pu être triste pendant que vous souffriez, puisque je ne savais rien. Comment ne l’ai-je pas su ? Probablement parce que j’ai vu si rarement la Princesse Soutzo et au milieu de tant de monde et c’est elle qui vient de me l’apprendre.
C’est d’une manière rétrospective, maintenant que vous êtes guérie, qu’il me faut par l’imagination remonter en sens inverse de votre calvaire, dormir ou plutôt ne pas dormir vos nuits de fièvre. La condition humaine est si perfidement méchante que, comme si ce n’était pas assez pénible pour moi d’avoir à m’attrister sur vous avec mon amitié d’aujourd’hui, le passé de votre souffrance me rend pour un moment mon amitié plus vive qu’il y a un an. C’est avec celle-là que je compatis à tous les malaises que vous avez eus, ce qui me force à donner une force maximum de compassion, alors que celle que dicterait le feuillet actuel du calendrier de mon amitié serait déjà assez triste ! Enfin vous êtes guérie, Dieu merci. Et quelles jolies choses vous avez dû penser durant les heures délicieuses et neuves de convalescence.
Votre respectueux ami
Marcel Proust »


An intimate of Proust who did much effort in using her network for the publication of the first volume of The Search :
Marie Scheikevitch (1882-1964) was the daughter of a wealthy Russian magistrate and art collector who settled in France in 1896. George D. Painter described her as “one of the smartest and most prominent ladies of the new generation.” Patron of artists and writers, she frequented salons and then founded her own. She was friends with Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, the Arman de Caillavet family, among others.
A feeling of singular quality united Marcel Proust to Marie Scheikévitch. Although they met briefly in 1905 in Mme Lemaire’s salon, it was in 1912 that they really get to know eachother. There followed a correspondence that lasted until 1922, the year of the writer’s death. Seeing each other “almost every day” as she would later say (friends writing all the less as they see each other more), we know only 28 letters from Proust addressed to her.
She opened to him the doors of her salon, frequented by all that Paris had of illustrious personalities in literature and arts, so that he paid tribute to her in Sodome et Gomorrhe under the veil of Madame Timoléon d’Amoncourt, “a charming little woman, of a spirit, like her beauty, so ravishing, that only one of the two would have succeeded in pleasing “.
A fervent admirer of the writer, she spent a great deal at the time of the publication of the first volume of The Search, trying everything to put Proust in touch with the Parisian personalities she considered most capable of helping him. It was she who recommended him to her lover Adrien Hébrard, the influential director of the newspaper Le Temps, to obtain the famous interview of November 12, 1913 by Élie-Joseph Bois, on the eve of Swann‘s publication: This was the first significant article published in the major press and devoted to The Search. To thank her, Proust sent her a major inscription (recently acquired by the BnF) when Swann was published.

Born Hélène Chrissoveloni, Princess Soutzo (1879-1975) was introduced to Marcel Proust on March 4, 1917 at the Larue restaurant through Paul Morand (whom the latter would marry ten years later, in 1927). The meeting between Proust and the princess remained memorable, the writer having suggested that she bring together the Poulet quartet at the Ritz to perform César Franck (Journal d’un attaché d’ambassade, 1916-1917 (1963), Gallimard, 1996, p. 171-172; Journal inutile, t. II, p. 131).

We include:
An autograph carte-de-visite from Hélène Soutzo Chrissoveloni, madame Paul Morand
An invitation for tea time
N.p.n.d, 1 p. in-24°
With autograph annotation: « Tea Monday 8th June between 5 and 8 » (see scan)
The Morands lived at 3, avenue Charles Floquet in the 7th arrondissement of Paris, from 1927 to 1976.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed « Lamartine » [to Jean-Marie Dargaud]
[Castle of] Monceau, 25 [August 1850], 4 p. in-8°
Fold marks, tiny spots, tear on central fold

Nice unpublished letter, written after his return from a trip to the Orient and evoking the death of his friend Champeaux

From the Hubert Heilbronn library


« J’arrive. Je reçois votre mot. J’y réponds au bruit des fusillades qui fêtent ruralement mon retour. Hélas, je vais vendre ces cœurs en vendant ces terres où nous sommes si aimés.
Champeaux est mort en mer, enseveli la nuit, comme vous dites, dans la tombe humide, militairement, mais avec la triste solennité de cette sépulture à la mer. Sa mémoire avait là clergé, soldats et amis. Je pensais à vous. Ce n’était pas le choléra, mais une maladie au cœur ancienne et invétérée. Nous avions deux bons médecins ; il n’a pas souffert.
Je sais bien que les inconvénients d’humeur disparaissent après la mort et qu’il ne reste que la mémoire des vertus loyales et de l’attachement ; il en avait pour vous et pour nous. J’en garde le vide et le respect.
Adieu, mon cher ami. J’ai deux cents lettres et pas deux heures. Excusez-moi.
Mon domaine asiatique est superbe ; mais je n’ai pas un sou pour le féconder. Si M. Lefèvre voulait, en 4 ans il nous enrichirait tous les deux. Tout rend 50 pour cent et l’espace a 20 lieues de tour, fertile comme un oasis.
Ne viendrez-vous pas nous voir en octobre ? Je vais à Londres après le conseil général.
Adieu. Ma femme va bien mieux.
Lamartine »


Félix Palasne de Champeaux (1797-1850) had occasionally served as secretary to Lamartine, with whom he had become friends. He accompanied the latter on his trip to the East, in the region of Smyrna, where the former diplomat had negotiated the concession of a huge estate that he was never able to develop. Champeaux would not return alive: the unfortunate man contracted an illness and died during the return crossing, on 3 August, aboard the Mentor. Unable to dock in Corsica because of quarantine, and because of the high temperatures, the corpse had to be thrown overboard. Lamartine evoked this tragedy and the memory of the faithful Champeaux in his Nouveau voyage en Orient, written in the castle of Monceau and published in 1850

[AFFAIRE DREYFUS] SOURY, Jules (1842-1915)

Autograph letter signed « Jules Soury » to Eugène Fasquelle
S.l, 4th October 1904, 1 p. in-8°
Central fold from period

Violent indictment towards Captain Dreyfus by one of the most influential theoreticians of antisemitism


« Toutes mes déclarations publiques antérieures demeurent invariables. Ma conclusion est et sera toujours la même :
douze balles de peloton d’exécution pour le traître Juif Alfred Dreyfus.
Il faudrait être plus immonde encore, s’il était possible, que ce Juif, pour admettre, un seul instant, que les deux Conseils de Guerre de Paris et de Rennes, qui l’ont condamné, et tous les ministres de la Guerre qui l’ont à bon escient déclaré coupable, aient jamais pu errer.
Je le répète, et c’est la un text ne varietur [afin qu’il n’en soit rien changé] :
gracié ou réhabilité, le traître Juif Dreyfus restera dans l’histoire, pour tous les siècles, Dreyfus le traître.
Jules Soury

Ce 4 octobre
Monsieur Eugène Fasquelle »


A theorist of the races and Antisemitism:
Jules Soury, an ardent anti-Dreyfusard alongside Léon Daudet, Charles Maurras, Édouard Drumont and Paul Déroulède, used his influence on public opinion throughout the affair. He was also close to General Mercier, one of the main architects of the plot that led to Dreyfus’s conviction. An admirer of Ernest Renan and a professor at the École pratique des hautes études from 1881 to 1898, Jules Soury gave courses there that were attended by Maurice Barrès, on whom he had a decisive influence.
Convinced that the decline of France was subject to the corrupting action of the Jews, Soury justified antisemitism, which he saw as a “struggle of the races” and not a “religious war”. His writings remain among the most violent against Captain Dreyfus. According to historian Zeev Sternhell, Soury’s words “express on the whole a vision of the world that can be described as pre-Nazi”.

Events were to take a turn from 1904 onwards following a letter from Alfred Dreyfus addressed to the Minister of Justice. Able to count on the unwavering support of his relatives, the captain asked for a review of the Rennes trial. The Court of Cassation began a procedure by carrying out a meticulous investigation until 1906. On 12 July, the Court of Cassation, all chambers combined, annulled the judgment of the Rennes War Council without referral, and affirmed that the conviction against Alfred Dreyfus had been pronounced “wrongly”, thus putting an end to the infernal judicial marathon.

Eugène Fasquelle was Zola’s second publisher, in parallel with Soury, when he directed the Charpentier and Fasquelle editions, which succeeded the Charpentier bookshop in 1896. He published La Vérité en marche (published in February 1901), bringing together the main texts of the writer’s commitment to the Dreyfus Affair.


We include:
An autographed carte-de-visite, signed twice and addressed to the same
N.p, 4th Oct. 1904,2 p. in-24°

« Cher Monsieur Fasquelle,
Je crois répondre à votre courtoisie, digne de vous, point de celle de votre prédécesseur, M. G. Charpentier, en vous adressant, à vous, mon principal éditeur, copie de mon testament politique sur l’affaire dont il vous a plu [de] me parler, ce matin, testament dont un exemplaire est dans les mains de mon grand ami M. le général Mercier.
Jules Soury
Je vous prie de me faire la grâce d’accepter de ma main l’article ci-joint de M. H. Rochefort, toujours pour votre édification je ne dis pas votre conversion ; il s’agit encore, dans cet article, de votre tout dévoué,
J.S. »

We remember that Alfred Dreyfus was to be for General Auguste Mercier the “chief criminal”. The latter, convinced that he was holding the culprit solely on the basis of an approximate handwriting expertise, decided on the captain’s guilt. He then demanded the constitution and communication, in complete illegality, of a secret file to the Council of War. As soon as Dreyfus was condemned by the same Council, he tabled a bill re-establishing the death penalty for the crime of treason.

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Paule Sandeau
[Croisset], 1er 7bre [septembre 1861], 3 p. in-8° on blue laid paper
Previously mounted (mark on fourth page), superficial surface ink corrosion
Period fold marks

Leading a monastic life in Croisset, Flaubert evokes the writing of the fourteenth chapter of Salammbô while longing to see his correspondent again


« Comme voilà longtemps que je n’ai entendu parler de vous ! – & qu’il est doux de vivre ainsi sans savoir si les gens qu’on aime sont morts ou vivants ? ! Où êtes-vous ? Que devenez-vous que lisez-vous ? etc. ? Allez-vous en vacances qque part ? à des eaux, à des bains quelconques ? – Ou bien êtes-vous restez-vous tout bonnement dans votre jardin ? – & cette fameuse Promesse de venir me faire une petite visite !..?…
Quant à votre esclave indigne, il continue à mener la même existence que par le passé une vie de curé, ma parole d’honneur ! Il me manque seulement la soutane. Quant à la tonsure et au reste, c’est complet !
Puisque vous êtes une personne littéraire et que vous vous intéressez à mes longues turpitudes, je vous dirai que le mois prochain j’espère commencer mon dernier chapitre. – Le tout sera, probablement, fini au Jour de l’An. Mais plus j’avance dans ce travail, plus j’en vois les défectuosités & plus j’en suis inquiet.
Je donnerai, je crois, aux gens d’imagination l’idée de qque chose de beau. Mais ce sera tout, probablement ? Bien que vous m’accusiez de manquer absolument de bon sens, je crois en avoir dans cette circonstance. Or vous verrez que ma prédiction sera se réalisera : mon bouquin ne fera pas grand effet.
Eh bien, vos amis sont décorés : Nadaud & Énault. Énault & Nadaud [Le chansonnier Gustave Nadeau (1820-1893) ; pour Louis Énault. Ils fréquentaient sans doute le salon de Paule Sandeau]. Quel duo ! quel attelage ! En voilà qui trouvent l’art de plaire ! – & aux Dames surtout.
Je ne sais pas d’autre nouvelle. – car je ne vois personne & je ne lis rien – de moderne du moins – & avec tout cela je ne m’amuse guère.
Écrivez-moi un peu, afin que j’aie une petite illusion – & que je me croie à vos côtés, quand nous sommes seuls.
Adieu. Ne vous ennuyez pas trop.
Songez à moi, dans vos moments perdus. & laissez-moi vous baiser les mains
bien longuement
À vous
Gve Flaubert »


Flaubert finished his fourteenth chapter on November 19, 1861, as he mentions in his letter to Jules Duplan on the same date. It is actually the penultimate chapter and not the last (which is an epilogue).
The novel, which was published by Michel Lévy frères on 24 November 1862, was an immediate success with the general public. Despite Sainte-Beuve’s objections, Flaubert received much encouragement from his colleagues, including George Sand, Hector Berlioz and Victor Hugo, who wrote to him from Hauteville-House on 6 December: “I thank you for having made me read Salammbô. It is a beautiful and powerful book […]. You are a scholar of this great erudition of the poet and the philosopher. You have resurrected a vanished world, and to this surprising resurrection you have mixed a poignant drama […] »

Very close to Jules and Paule Sandeau, Flaubert maintained a rich correspondence with the couple until his death in 1880. It is not known whether Paule Sandeau and Flaubert were lovers. The equivocal formulas used in this letter could leave no doubt if we did not know the seductive tone of the writer with the ladies.

Maxime Du Camp, Flaubert’s closest friend since childhood, addressed a letter to the latter a few days earlier, on August 5th :
« I saw Mother Sandeau several times before my departure [for Baden-Baden]: she really has a lot of affection for you, and she has touched me, she has stirred my old heart by the good way she speaks of you. She is a very good woman, gentle and helpful; but I am of your opinion, there is that damn nose; since you have spoken to me of it, it seems to me longer than formerly. I think it would be a pleasure for him to have a crust of feeling with you. Baste! Make an effort and break it, nose more or nose less, what does it matter? Fuck her doggystyle, the bun will hide the nose » (Pléiade III, Appendix I, p. 840).

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Autographe manuscript signed twice « J. Janin »
N.p.n.d [6th December 1854], 1 p. in-8°
Average condition (see scan)

Curious manuscript by Dumas (father) reproducing two excerpts from articles by Jules Janin published in the Journal des débats


« Opinions de M. Jules Janin sur Tartuffe et un Napoléon »

« Opinion de 1839
Journal des débats du 16 7bre
[septembre] 1839
Le roi se montra digne de la supplique ; il autorisa par écrit la représentation de Tartuffe. En ceci il fut aussi royal que Bonaparte lui-même, datant de Moscou en flammes une ordonnance pour le Théâtre français
J. Janin »

« Journal des débats du 13 7bre [septembre] 1841
Certes je n’ai pas lu le décret de Moscou, et je n’ai pas envie de le lire ; rien qu’à ouvrir le décret de Moscou, il me semble que j’ai froid et que j’ai peur. Je me rappelle dans quels frimas implacables et dans quel incendie héroïque a été écrite cette fanfaronnade littéraire de l’empereur Napoléon
J. Janin »


The writer and drama critic Jules Janin (1804-1874) joined the Journal des débats in the early 1830s, where he remained for forty years. His authority earned him the nickname “the prince of critics”.
In using these two excerpts from his colleague’s articles, Dumas also took care to sign them “J. Janin”.

GENET, Jean (1910-1986)

First draft manuscript
N.p.n.d [c. 1955], 3/4 p. in-4° in blue ink on lined paper
Numerous repentirs by the author

An ultra-violent and provocative anti-colonialist plea, seeming to be linked to a primitive dialogue from the play Les Paravents


« Me revoici,
Belles gonzesses de France, préparez vos miches !
J’ai Je rentre Je rentre d’Algérie, une patte en moins, trois doigts coupés, mais le reste en bon état.
Rappellez-vous [sic] de moi. Vous me reconnaîtrez : il y a dix ans, j’étais milicien chez les Boches. Entre temps, j’ai rôti du Viet au feu des paillottes. Les vaches, ils nous ont tous foutu dehors à coup de pompes dans l’ognon. Heureusement il y a eu l’Algérie ! Alors là, pardon, je me suis régalé avec la viande de Bic ! J’en ai crevé quelques-uns et c’en est devenu du vice. J’ai défoncé des moukères : J’en ai même défoncé travaillé une à coup de talons dans le bide bide. Elle avait deux mômes dans le ventre, deux sales petits Bicots qui ne ne couperont pas les couilles [les] jolies couilles de petit Français !
Je rentre, mesdames, je rentre, moi, votre petit milicien de 44.
Une patte en moins, je vous l’ai dit mais le reste en bon état. Alors, dites à vos hommes de se barrer là-bas, pour continuer le boulot et me laisser dans vos draps une petite place bien chaude, pour moi, votre petit milicien bien aimé et boiteux.
Vos mâles ? J’espère bien qu’on les arrangera comme moi ! »


This text seems to be linked to the play Les Paravents (first performed on 16 April 1966 at the Théâtre de l’Odéon). Although the complete manuscript of the work, as we know it, was written in 1961, we nevertheless know that the first drafts were composed as early as 1955. Genet made profound changes and this sequence, a monologue by a colonist, was probably discarded.
The text, deliberately provocative, embodies here more than ever the moral, intellectual and sexual transgression of its author. Strongly committed to anti-colonialism, Genet expressed his position not only through his work but also through political combat. He thus took a violent stand against France during the Algerian War and pleaded more generally the cause of independence.

SAINTE-BEUVE, Charles-Augustin (1804-1869)

Autograph letter signed « Ste Beuve » to Adèle Foucher
Besançon, 14 October 1829, 3 p. in-4° in black ink on laid paper
Autograph address on fourth page:
« Madame Victor Hugo
11 Rue Notre dame des champs
Paris »
Postmark: [18 Octobre]
Broken wax seal with slight missing bit of paper (fragment conserved) without affecting the text
Numerous corrections

A long and abundant letter, in the intimacy of the Hugo couple through the eyes of their friend Sainte-Beuve – The poet-critic evokes, with a sorrowful soul, his lack of inspiration and his ardent desire to see his correspondent again.


« Madame,
Vous avez bien voulu me permettre de vous écrire et c’est une des plus grandes joies de notre voyage, qui, jusqu’ici comme tous les voyages humains, a été fort tempéré de contrariétés. Nous sommes depuis trois jours à Besançon qui nous semble une ville détestable, toute pleine de fonctionnaires, administrative, militaire et séminariste. Robelin¹ y est arrêté par des affaires, et nous regrettons que ces affaires ne se soient pas rencontrées plutôt à Dijon qui est une bien belle ville et peuplée de bien jolies dijonnaises dont Boulanger² a encore le cœur légèrement blessé : il vous racontera combien les yeux des jeunes filles de cette ville sont vifs et luisants. Pourtant je ne veux pas le calomnier et il est des yeux à Paris qu’il n’a pas encore oubliés. Aujourd’hui même, il a fait de souvenir une fort belle personne de seize ans, ressemblant beaucoup à une de nos voisines de la rue Notre-Dame-des-Champs ; au retour la demoiselle aura beau ne pas vouloir se reconnaître, il faudra bien qu’elle croie que ses traits sont gravés dans un certain cœur : voilà matière à bien des cancans qu’il nous sera bien doux de chuchoter dans quelques jours à vos pieds.
Je ne vous parlerai pas de gothique, d’une maison de la Renaissance peinte par Boulanger à Dijon, de porte romaine à Besançon, mais nous parlons à chaque instant de vous, de notre cher Victor dont nous nous renvoyons à tout bout de champ des vers et dont nous regrettons bien de ne pas avoir emporté les œuvres ; nous aurions besoin, pour nous rafraîchir l’âme, de votre conversation calme, reposée, si sensée et si bonne. À quoi en est Othello [translation by Alfred de Vigny in verses, performed for the first time at the Comédie-Française on October 24th 1829] ? Est-ce joué ? Je n’ai pas lu, un seul journal depuis huit jours ! Et la pièce de Victor, Hernani³, et la nouvelle ? Qu’il nous tarde de savoir des nouvelles de tout cela ! Et vous, madame, êtes-vous toujours une maman bien sévère ? Tenez-vous toujours à cette discipline d’il y a quinze jours ? Dites-vous toujours, avec cet air qui n’est qu’à vous, que ce que vous en faites n’est point par conviction, mais parce qu’il vous a pris un grand goût d’être à l’aise et que maintenant vous vous aimez ? Mais, je vous en prie, égoïsme ou conviction, continuez encore quelque temps cette discipline de douceur austère, pour laquelle vous m’en avez tant voulu, et votre Didine [Léopoldine] sera la plus sage des enfants comme elle est la plus jolie et la plus fine. J’espère que Charlot [Charles] et Victor prospèrent toujours.
Je ne sais si nous verrons madame de Lelée à Pontarlier ; je ne sais si nous irons à Pontarlier, si nous resterons ici deux jours encore seulement ; si même nous ne retournerons pas à Paris, Boulanger et moi, sans Strasbourg ni Cologne ; toute détermination dépend de quelques petites affaires archi-épiscopales qui traînent en longueur et nous font maudire le pavé pointu de Besançon. Quand nous sommes passés à Dijon, M. Brugnot en était absent, j’ai laissé un mot pour lui ; je n’ai pas encore trouvé M. Weiss, mais j’y retournerai.
En vérité, madame, quelle folle idée ai-je donc eue de quitter ainsi sans but votre foyer hospitalier, la parole féconde et encourageante de Victor, et mes deux visites par jour dont une était pour vous ? Je suis inquiet, parce que je suis vide, que je n’ai pas de but, de constance, d’œuvre ; ma vie est à tout vent, et je cherche, comme un enfant, hors de moi ce qui ne peut sortir que de moi-même. Il n’y a plus qu’un point fixe et solide auquel dans mes fous ennuis et mes divagations continuelles, je me rattache toujours, c’est vous, c’est Victor, c’est votre ménage et votre maison. Non, madame, depuis que j’ai quitté Paris je n’ai pas pensé une seule fois ni à mademoiselle Cécile, ni à mademoiselle Nini, ni à personne qu’à ma mère, et assez tristement pour plusieurs raisons, et à vous comme consolation pleine de charme et de bonnes pensées. Pourquoi donc vous quitter et m’en venir dans une auberge de Besançon sans savoir si j’irai plus loin, et quand ? Je me suis déjà fait souvent cette question, nous nous la sommes faite, nous deux Boulanger ; et nous n’avons jamais pu nous répondre autre chose, sinon que nous étions bien fous, que nous pensions sans cesse à vous, que nous y penserions jusqu’au bout du voyage, et que nous vous reverrions le plus tôt possible avec bonheur.
Adieu, madame ; j’écrirai à Victor, si je continue d’aller ; sinon je vous porterai moi-même ma prochaine lettre. Dites mille amitiés à Paul ; vous qui êtes la raison même, donnez quelques bons conseils à notre ami Guttinguer avec mille souvenirs de moi. Embrassez Victor de ma part, et dans votre cœur si rempli d’épouse, de fille et de mère, trouvez place à une pensée par jour pour votre sincère et respectueux ami
Sainte-Beuve
P.-S. Je commence à croire que nous partirons d’ici vendredi pour Bâle. Si un mot de Victor nous attendait à Strasbourg, poste restante, nous le recueillerions au passage comme la manne.
Robelin qui se rappelle à vous fait souvenir Victor qu’il lui a promis les Orientales en feuille. »


It was following his laudatory criticism in 1827 of the Odes et ballades that Sainte-Beuve became friends with Victor Hugo. At that time, the literary critic, who lived in rue de Vaugirard, happened to be the immediate neighbour of the already famous and praised poet, who lived with his family at 11, rue Notre Dame des Champs (from 1827 to 1830). Fascinated by Hugo’s creative power and fertile imagination, Sainte-Beuve paid him many visits and benefited just as much from the presence of the beautiful Adèle. He quickly became a close friend of the family. The children of the couple Hugo, Léopoldine and Charles mentioned here were only 5 and 2 and a half years old at the time.
Leading an isolated life and aware of his friend’s growing and inexorable glory, Sainte-Beuve saw in him human success in every respect. However, this friendship dissipated a few years later, perhaps resulting in Sainte-Beuve’s jealousy of Hugo. Familiarity and tenderness are unequivocally reflected here in his words to Adèle. This frantic friendship that Sainte-Beuve felt for the couple was to turn into a timid but ardent love for the wife. Madame Hugo, abandoned by a workaholic husband, would no longer become inseparable from her husband and would maintain a “secret” correspondence with Sainte-Beuve in the early 1830s. The letters having been later destroyed on both sides, it cannot be formally established that they were lovers.

1/ Charles Robelin, architect and sculptor.
2/ Louis Boulanger, who was the dedicatee of two poems by his friend in Les Consolations (1863)
3/ Hernani was performed for the first time at the Comédie-Française on 25 February 1830, and published the same year.
4/ It is Marion de Lorme, a drama in five acts and in verse that Victor Hugo was writing. It was performed on 11 August 1831 at the Théâtre de la Porte-Saint-Martin after being banned by the censors and suspended by the author for another year.
5/ Les Orientales, a collection of forty-one poems, was published in 1829.

BEAUVOIR (de), Simone (1908-1986)

Autograph letter signed « S. de Beauvoir » to Berthe Mandinaud
[Paris, 17th December 1957], 1/4 p. in-4°
With autograph envelope

Short message of thanks from the philosopher


« Avec tous mes remerciements,
chère Madame
S. de Beauvoir »


Berthe Mandinaud was Simone de Beauvoir’s official typist, who was responsible for the complete transcription of all of her work.
This short letter is probably a thank you for the typewriting done for Mémoires d’une jeune fille rangée, the first part of Simone de Beauvoir’s autobiographical work, which was to be published the following year.

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Autograph letter signed « Guy » to his cousin by marriage Lucie Le Poittevin
[Antibes or Cannes, late 1886 or early 1887], 2 p. small in-8°, in black ink
Letterhead « GM – Yacht Bel-Ami »
Tiny tear on central fold

Nice unpublished letter from the writer enriched with an amusing signature


« Ma chère Lucie,
J’arriverai à Paris le 10 ou 12 janvier et je voudrais bien que M. Oudinot¹ eut fini ma serre² pour ce moment, car je ne resterai pas plus de 15 jours ou 3 semaines. S’il y a du danger pour la neige, voulez-vous avoir la complaisance de prier Le Mare de me faire pour tout de suite un treillage en fil de fer, solide, sur le second vitrage.
Vous allez recevoir dans quelques jours une grande caisse – port payé – contenant des objets pour vous et pour moi. Pour vous un grand cache pot en faïence avec son pied. Pour moi deux éléphants³ et quatre plaques de faïence.
Nous avons ici un temps superbe, le jardin plein de fleurs, de roses, d’anémones de narcisses ; et je préfère cela au grand froid et à la neige de Paris.
Je navigue beaucoup, je fais de l’escrime avec rage, je marche, je me livre donc à tous les exercices, sauf à…. l’affection. Mais je m’en passe.
À Bientôt, ma chère cousine, excusez moi si je vous écris si court, et si peu, mais vous savez que mes yeux ne me permettent guère ce genre de sport [one of the symptoms of his syphilis, diagnosed in 1877 and which would continue to poison him].
Je vous embrasse, à la barbe de Louis, dont je serre la main.
Votre Cousin
Guy dit Capitaine Tellier
Comᵗ le Bel-Ami
Bateau Poisson
Bᵗᵉ S.G.D.G »


[1] Camille Oudinot, playwright and novelist, was a close friend of Maupassant. The latter dedicated to him his short story Le Parapluie, published in 1884.

[2] It was the greenhouse that Maupassant had built in the apartment he occupied at 10, rue de Montchanin (now rue Jacques Bingen) in Paris.

[3] The “two elephants” in question were possibly meant to decorate the entrance above the pillars of his residence “La Guillette”, in Étretat.

[4] While the surnames that Maupassant attributed to himself allude to two of his most famous works, a contemporary letter to the Countess Potocka dated December 15, 1886, sheds light on the double meanings of his signature:
« The Bel-Ami [his boat] is a sea fish as its name suggests: and it dances, while embarking its owner, a real cancan of a barrier ball. He and I are at this moment in the port of Cannes, where a violent blow of the mistral [southern wind of the French Riviera] threw us the day before yesterday, and where we remain blocked. I hope to get back on track tomorrow morning, if the wind allows it. Since I have been in command of this symbolic boat, I have taken the name of Captain Tellier [an allusion to his short story La Maison Tellier] ».
As for the acronym “Bté SGDG” (Bréveté sans garantie du gouvernement), the same occurrence is found in Bel Ami (Romans, ed. Forestier, Pléiade, p. 368).

A cousin by marriage of Maupassant, Lucie Le Poittevin, born Ernoult, was the daughter of a rich banker from Rouen. She married the painter Louis Le Poittevin, son of one of Flaubert’s closest friends in Rouen. Maupassant’s first cousin and confidant, the latter dedicated his short story L’Âne, published in 1883, to him.

POULENC, Francis (1899-1963)

Autograph letter signed « Francis Poulenc » to [Philippe] Parès
Cannes [late March 1928 ?], 1 p. 1/2 in-4° on light blue paper, in black ink
Period fold marks due to original sending

Nice letter unpublished from Poulenc about of the recording of his Trio pour hautbois, basson et piano and the Bestiaire


« Mon cher Parès,
Je rentre vendredi prochain à Paris. Aurai-je la joie d’entendre déjà les épreuves du trio. Vous savez que rien au monde ne m’amuse plus. C’est un[e] leçon de piano admirable et comme c’est agréable d’entendre sa musique comme la musique d’un autre mais jouée exactement comme on la sent. À mon avis, c’était aussi celui de Dhérin et de Lamorlette. Le trio sonne parfaitement bien. Nous étions tous trois ravis des essais. Pour les mouvements c’est une autre histoire. Ce n’est guère phonétique, j’ai envie d’essayer un disque des Biches [Ballet composé par Poulenc en 1924 et créé par Diaghilev le 6 janvier 1924]. En tout cas voulez-vous voir avec Croiza [sic], quand elle veut enregistrer le Bestiaire. […]
Voyez cela. En tout cas sitôt débarqué je vous téléphone. Nous causerons aussi sérieusement de la question contrat.
Mille amitiés en hâte pour vous et votre aimable collaborateur.
Francis Poulenc »


We can easily imagine this letter dating from the year 1928, during which the trio made its recording. Composed by Poulenc in 1926, and himself at the piano, he is accompanied by Gustave Dhérin, bassoonist, and Roland Lamorlette, oboist. Poulenc had composed this musique de chambre in homage to Manuel de Falla, who in turn particularly appreciated it. This trio is also considered by some to be the first important work in the composer’s musique de chambre repertoire, intensely reflecting Poulenc’s personality.
The recording of the Bestiaire ou Cortège d’Orphée, mentioned later in the letter, was not made until much later, as the project had to be postponed. Poulenc composed this song cycle in 1918 by taking up the eponymous work by Guillaume Apollinaire.

HUYSMANS, Joris-Karl (1848-1907)

Poème autographe [signed] : « Sonnet masculin »
N.p.n.d, 1 p. in-8° on laid paper
Some ink smudges on margins, central fold skillfully repaired

Famous sonnet depicting a scene of sodomy between two male subjects

The only known manuscript of this poem

From the Stéphane Mallarmé library


« Les rideaux tout souillés des morves d’un branlé
Enveloppaient le lit — Un bidet rempli d’eau
Attendait — Le vieillard entra — mit son cadeau,
Cinq francs, dans une coupe en zinc — et l’enculé

Tournant le dos porta ses jumelles rondeurs,
Dames-jeannes d’amour, au bouchon du miché.
À grand’aide de suif, il fut vite fiché
Dans cette cave en chair où fument des odeurs

De salpêtre et de bran, ce dard qui sautillait,
Éperdu, dans ses doigts ! — Après un long effort,
Il entra jusqu’au ventre en ce trou qui bâillait

Et l’anus embroché sonna son doux flic-flac.
C’est bon, dis, petit homme,  oh oui ! va, va, plus fort
Ah ! reste — assez — laisse — ouf ! — Et l’on entendit clac ! »

[J.K. Huysmans]


Known as a novelist and art critic, Huysmans nevertheless let himself be tempted by versified composition. Probably at his beginnings, when he was looking for his way. When he published his first book, Le Drageoir à épices, in 1873 (which became Le Drageoir aux épices in the 1874 reprint), he placed a sonnet at the head of this collection of prose poems and short stories. The two obscene sonnets that he published later, in Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle, could date from this period. In any case, this is the hypothesis made by two a priori reliable witnesses, Henry Céard and Jean de Caldain:
“It was during these years of mad youth (the years 1873-1874) that Huysmans wrote sonnets intended for the hell of libraries and which, for reasons that are understandable, he did not attempt to reproduce in any collection: the Sonnet Pointu (or Sonnet masculin) and the Sonnet saignant (or Sonnet féminin).”
Composed exclusively in masculine rhymes – in prosodic conformity with the subject – the Sonnet masculin also belongs, from a formal point of view, to the tradition of the “libertine” sonnet (built on four rhymes in the quatrains: abba, cddc, and not on two rhymes as the rule inherited from the poets of the Pléiade). A tradition that Baudelaire had abundantly illustrated in Les Fleurs du Mal.
Huysmans counting syllables and looking for rhymes is no doubt unexpected, but we recognize him by his taste for the word rare or picturesque, by his crude realism, by his pessimism turned towards the ridiculous or the ugly.

It is not customary for manuscripts of pornographic works, versified or in prose, to be signed by the hand of their authors. This poem is no exception to the rule. Free of deletions or corrections, this manuscript was probably intended for printing. The signature could have been added by the publisher or a prote.

CAILLEBOTTE, Gustave (1848-1894)

Autograph letter signed « G Caillebotte » to Claude Monet
S.l.n.d, Friday [Petit-Gennevilliers, after 1887], 1 p. in-8°, black ink
« Petit-Gennevilliers (Seine) » letterhead
Some tiny ink smudges

Caillebotte participates in the flowering of his friend Monet’s garden in Giverny


« Mon cher ami,
Je vous envoie une bourriche de plantes vivaces (2 espèces), la moins nombreuse est un Aster dont je ne sais pas le nom. Fleur blanche, floraison continuelle depuis juin – plante assez basse, monte à 0,50 – 060
[cm]
L’autre est le Boltonia glastifolia – très belle plante. Fleurit
[en] septembre. Hauteur 2 m à 2 m 50. Effet extraordinaire en masse.
Tout à vous
G Caillebotte »


The two painters had become friends as early as 1882, when they shared the same workshop. Horticulture, in addition to painting, was the other common passion of the two friends. Thus they experimented on their canvases but also in their respective gardens, in Giverny and Petit-Gennevilliers.

Caillebotte, in addition to his prodigious pictorial work, never ceased to maintain the links between the Impressionists, even after the break of the group in 1887. He organized many exhibitions, discreetly bought paintings from his friends, helped them when they were in need, like Monet or Pissarro. Caillebotte managed to forge close friendships with most of the Impressionists, as evidenced by his rich correspondence, even though he died at only 45 years old.

MALIBRAN, Maria (1808-1836)

Autograph letter signed « Maria » to Louis Viardot
[Brussels, 18th March 1832], 1 p. 1/4 in-4°
Broken wax seal, inscribed « Addio »
Tears on folds, some ink smudges

Superb and long letter written by the famous couple, the composer Charles de Bériot and the singer Maria Malibran, about their upcoming theatrical performance together


Charles de Bériot writes on first page:

« Mon cher Louis,
Votre seconde lettre est venue fort à propos pour trancher les différents [sic], car moi qui aime a suivre vos avis je commençais déjà à user de mon influence sur Maria pour l’engager à accepter la première proposition. […]. Ce serait pour elle quelques jours de distraction dont elle a bien besoin si j’en juge d’après la lettre qu’elle nous a écrite. Je n’ose pas trop vous engager à une chose peut-être impossible, mais pourtant songez-y.

Maria Malibran continues on the second page:

quoi que je soie la plus grande paresseuse qu’il y ait sous la calotte du ciel, il n’y a pas eu moyen, la plus a été arrachée des mains de mon archet, et je vous écris en ce moment tout bonnement pour avoir le plaisir de causer un moment avec le martyr de nous tous – Vous ; autrement dit – Samedi prochain Mme Malibran et Mr de Bériot se feront entendre dans un Concert donné par aux au Grand Théâtre, on dit qu’il y aura beaucoup de monde. C’est une nouvelle qui court. Seconde nouvelle on dit que nous aurons la paix. 3me nouvelle, décidément je ferai venir mes meubles de Paris – 6eme nouvelle renouvellée des Grecs [traité de Constantinople qui met fin à la guerre d’indépendance grecque], on propose un engagement au [mot illisible] pour quelques représentations ici. Voilà tout ce qu’il y a de nouveau. Je voudrais bien voir… !! ce qui me console un peu c’est d’avoir un aussi bon ami que vous qui la voyez pour moi – J’ai dans la rue blanche une robe de mousseline des indes avec des raies d’or, un autre en crèpe blanc brodé en satin, et au Théâtre une robe noire en velours que j’ai porté à mon bénéfice – Si Virginie pouvait m’envoyer de suite ces trois objets pour que je puisse les reçevoir Samedi dans la journée, je mettrais une des deux robes… Voulez vous lui dire celà ? – Encore une commission ! ah ! Mon dieu ! la poste va partir. il faut que je coupe court au sentiment qui allait suivre ma recommandation – Je vous embrasse Virginie et vous par ricochet. Maria. »

[Subscription]
Monsieur
Monsieur Louis Viardot
rue grange-batelière Nr19
Paris


Married to Malibran, but separated from him, Maria Garcia (born in 1808) met the famous Belgian violinist and composer Charles de Bériot in 1829 at the Château de Chimay. She became his mistress for six years and married him in 1836 after the annulment of her marriage to Eugène Malibran. But in the meantime they lived together, she bore him a son Charles-Wilfrid born on February 12, 1833.
In this letter, we see them settling in Brussels in 1832. Was it already in the 18th century “Le Tulipant” manor house (on the future Place Fernand Cocq in Ixelles) that Bériot demolished in 1833 to make way for the “Malibran” pavilion built by Vanderstraeten?
Maria died at the age of 28 in 1836 at the height of her fame (a vast tomb was erected for her in Laeken, Brussels). His premature death put an end to this romantic union par excellence. Bériot sold the manor house in 1849 to the municipality of Ixelles, which made it its town hall after some transformations.
Louis Viardot, the recipient of this missive, was a well-known figure of the Romantic period, particularly as a translator. After Maria’s death, he married his sister Pauline Garcia.

PUCCINI, Giacomo (1858-1924)

Autograph postcard signed « Giacomo Puccini »
Torre del Lago, ag° [August] [1]902, 2 p. in-12°
Autograph address on verso

Charming inscription of the composer covering the main theme of Mimi, from his opera La Bohème, addressed to famous signer Berta Meyer


On a postcard illustrated with a photograph of his house in Chiarti (Lucca), Villa del Mo Puccini, the composr notes the date “Torre del Lago ag° 902”

Below the main title: “La Bohème”, with the main theme of Mimi (3 bars), and signed “Giacomo Puccini”


An opera in four scenes with an Italian libretto by Giacosa and Illica, based on the novel by Henri Murger (Scenes from Bohemian Life), La Bohème is one of Puccini’s most famous operas. Composed between 1892 and 1895, it was premiered on February 1, 1896 at the Teatro Regio in Turin. 
Mimi, whose main theme Puccini takes up here in his opera, is the incarnation of innocence and simplicity: of modest circumstances, she does not aspire to great things, but rather to the simple pleasures of life. This character is the model of the Puccinian lyric soprano, with a deep tone without any technical acrobatics.

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Original photograph, period albumen print, with autograph inscription « A. Dumas »
N.p.n.d [after 1860], c.d.v format (9,8 x 5,5 cm)
Glued on cardboard in the photographer’s credit (10,4 x 6,1 cm)
Very light stains and spots

Scarce autographed portrait by the author of The Three Musketeers


On the back of the print, Alexandre Dumas writes in his own hand this long and affectionate message :
« Ma chère petite Augustine as-tu une robe blanche – as-tu une robe bleue, as-tu un manteau brodé dont tu ne te serres plus,
donne-moi tout cela pour la petite amie que tu as vue chez moi l’autre jour
à toi
A. Dumas »

The writer is here captured in his maturity, around 1860. With his thick frizzy hair turning white, he appears dressed in a black suit and a waistcoat to which the chain of his pocket watch is attached. His pose contrasts with her shirt collar carelessly pulled up on the right side of his neck and giving him an artist’s look.

A student of Eugène Disdéri, Pierre Petit (1831-1909), nicknamed “Collodion the hairy”, set up his studio in 1858 on rue Cadet. A total of six portraits of Alexandre Dumas by the photographer, later illustrating Charles Chincholle’s work: Alexandre Dumas aujourd’hui, published in 1869. This inset portrait, one of the most famous known of the writer, appears on the opposite page of the title page of the book.

BUKOWSKI, Charles (1920-1994)

Letter signed « Buk » to Raphaël Sorin
N.p, 17 Oct[ober] 1977, 1 p. in-4° in American format (27,9 x 21,2 cm)
Three autograph corrections in the text and four original drawings in Bukowski’s hand

Nice letter enriched with original drawings, on his literature and his current publications


“Hello Raphaël Sorin:
Thanks– your letter and the book, “Contes de la folie ordinaires” [sic] and the reviews. I would like it very much if you’d send me one or more copy– I need it for my archives at the University of Santa Barbara. O.k? Much thanks in advance. Your book looks fine!
“Women” is completed: 433 typewritten pages, 99 chapters, but John Martin and Black Sparrow will probably wait a year or a year and a half before publishing it because LOVE IS A DOG FROM HELL has just been issued. WOMEN is by far my best writing up to date and I’d like to see it out but I can’t expect J. Martin to keep publishing book after book. He says that he can keep up with me but sometimes I wonder. I have sent him 20 or 35 new poems since the book was finished two weeks ago, plus one short story. I am punching it out, almost madly… drinking 2 to 3 bottles of wine a night, playing the horses during the day, fighting with my girlfriend off and on. It flares and jumps and I don’t know where it comes from but as long as it’s there, I’ll take it.
all right,
Buk
Charles Bukowski”


Women is the writer’s third novel. Published in 1978 by Black Sparrow Press, it was published in France three years later in 1981 by Grasset. The book tells the story of Hank Chinaski’s later life (Bukowski’s alter-ego) as a celebrated poet and writer, not as a dead-end lowlife. It does, however, feature the same constant carousel of women with whom Chinaski only finds temporary fulfillment. Bukowski makes an unequivocal analogy at the end of the letter between the character in his novel and his daily life.
Just published in France in the autumn of 1977, the collection Tales of Ordinary Madness was published in 1972 in the United States and then brought to the screen by Marco Ferreri in 1981 under the same title. Finally, Love is a Dog from Hell, a collection of poems written between 1974 and 1977, was published by Black Sparrow in 1977 and the following year in France by Le Sagittaire, in two volumes. Publisher Grasset had relaunched the brand [The Second Sagittaire] in 1975, placing it under the direction of Gérard Guéguan, assisted by Raphaël Sorin. It was also the latter who came to the writer’s rescue by holding his arm during an anthology television sequence. Bukowski, dead drunk on the set of the Apostrophes show on September 22, 1978, had been invited to promote Love is a Dog from Hell at Sorin’s initiative.

[AFFAIRE DREYFUS] Alfred DREYFUS (1859-1935)

Period film print with autograph inscription signed
N.p.n.d [c. 1910], cabinet format (14,7 x 9,8 cm)
Glued on thick cardboard (16,5 x 10,8) in the photographer’s credit – Studio Gerschel
Some browning, pencil noted (by an unknown hand) on the verso

Famous portrait of Captain Alfred Dreyfus in artilleryman’s uniform and enriched with a signed autograph inscription


This portrait is the most famous of Alfred Dreyfus’ iconography. Taken by Aron Gerschel (1832-1907), a photographer at the École Polytechnique, he had set up his photographic studio at 23 boulevard des Capucine (only a stone’s throw from the Nadar studio which was located at number 35), before moving to 5 rue de Prony, in Paris.
Dreyfus appears in his captain’s uniform, half-torso three-quarters to the right. He wears a military kepi with three stripes, a jacket with toggles and small glasses. Aged about 34, this portrait was probably taken during the year 1893, when Dreyfus was called up on January 1 as a trainee on the army staff at the Ministry of War. This portrait therefore precedes by a few weeks or a few months at most the trial, the condemnation and the degradation of Captain Dreyfus.

There are three known variants of this portrait. Very concerned about the image he reflected of himself, it was probably Dreyfus who asked Gerschel to make subtle alterations. We can thus observe that Dreyfus’s moustache is slightly fuller here and that the button of the left epaulette below his chin has not been removed by Gerschel.

Dreyfus’ autograph bears the inscription: “To M. Albert Bonneau / Heartfelt thanks for his touching sympathy / Alfred Dreyfus”
Famous for his adventure novels, Albert Bonneau collected letters from a very young age. His sympathy for Captain Dreyfus was not the result of a simple impromptu request. Bonneau is the dedicatee of at least one other portrait of the captain. We also know of several epistolary exchanges between the two men.

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « ta Colette » to Marguerite Moreno
[La Treille Muscate – Saint Tropez, September 1929], 4 pp. in-4°
With autograph and stamped envelope
Usual fold marks

A long letter, with great freedom of tone and style, evoking, among other things, her daughter, her harvest and her desire to return to Paris soon


« Ta lettre arrive, dans le moment où je pensais : “Je ne sais rien de Marguerite”. Tout est bien comme je l’imaginais autour de toi. Et mes remords aussi sont à leur place.
Ma fille est arrivée. Elle aussi est bien en place. Heureux âge que l’assurance ! Elle aura eu des vacances ruineuses et merveilleuses : un mois d’Angleterre, campagne et Londres. une quinzaine en Limousin, trois semaines à St Jean de Braye, et le reste en Provence. Elle exulte. Songe donc ! elle a voyagé seule tout le temps ! Un phono-valise de 12 kilos la suite comme son ombre. Elle a des chemises de garçon et des seins de jeune négresse, – les plus beaux, quoi. Et elle nage sous l’eau comme un petit requin. Et elle conduit n’importe quelle voiture,- sauf la Talbot que je préserve à grands cris. Mais elle conduit bien, et fait les manœuvres de rangement et de garage avec fierté.
De moi, rien, ma Marguerite. Rien que cette vie physique, qui me convient si bien. Le cœur et les reins sont très gentils cette année, malgré la chaleur, et Paris va déshonorer les chevilles qui, ici, sont redevenues montrables. Je m’ennuie de Maurice [Maurice Goudeket, son dernier époux], il s’ennuie de moi. Le 18, ma chère âme, je prends le train. Nous reprendrons nos habitudes, Dieu merci. Mais à quelle heure entres-tu en scène ? Ça m’intéresse très fort.
Les orages commencent mais ma vendange est faite. 1500 litres environ, et qui promettent d’être suaves. Quand je coupe ces grappes compactes de raisin distingué,- du grand ovale, du picardau, raisin de luxe,- sur cette vieille vigne, je me dis qu’à Paris ils n’en ont pas de pareil sur les tables de riches.
J’ai vendangé le 9 septembre.
Tant mieux que Pierron soit là-bas ! Ton souci de lui est moins grand que si ce fin paysan languissait à Paris. Je te plains, ô ma tête fendue !… Demain je vais peut-être chez [Léon] Bailby, avec ma fille. La chatte a un petit bâtard des Mesnuls [Colette loue à son ami Luc-Albert Moreau une villa aux « Mesnuls » en 1929], sombre, velouté, tigré très foncé. Et la chatonne n’a jamais voulu rompre avec sa vie citadine et dégoûtée. Elle mange, toute seule, dans la “salle à manger” (nous mangeons sous le couvert de glycines), se sauve poursuivie par le vente, et ne veut pas se coucher par terre parce qu’il y a des fourmis.
Ma fille te salue, et je t’embrasse de tout mon cœur. À dans huit jours… C’est bon et c’est mauvais à penser.
Ta Colette »


The abandon with which Colette opens up here is characteristic of the letters addressed to her friend and confidante Marguerite Moreno, which are among the most beautiful of her abundant correspondence. The affection between the two women was total, so much so that their epistolary exchanges covered a total of 46 years, until 1954, a week before the writer’s death. As vagabond as Colette because of theatrical rehearsals and performances abroad, Marguerite provokes in her friend systematic confessions of regret and impatience, so precious is the reunion to her. At dusk in the summer of 1929, Colette liked to evoke her “physical life” that suited her so well, the scent of long summer evenings under the wisteria of the terrace, among friends and animals. She produced her own wine on her property in Treille Muscate, near Saint Tropez, between 1926 and 1938. Transformed into a “winemaker”, she takes care of the yield and the harvest, taking care of the appropriate blends. Like any self-respecting producer, Colette is no exception to the rule and seems to have a preference for her own wine. We also find intact the physical and material fascination exerted on the writer by her only daughter, Colette de Jouvenel, 16 years old. The teenager cultivates a “boyish” appearance and attitude, characteristic of the Roaring Twenties.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph poem signed « Paul Eluard »
N.p.n.d, 1 p. in-8° on lined paper
Slight traces of previous mounting on verso
Golden-wooden frame, charcoal passe-partout,  museum glass

Famous committed poem denouncing the fascist and Francoist executions of his comrades

Manuscript offered by the poet to his friend Louis Parrot


« Le feu fait danser la forêt
Les mains les troncs les cœurs les feuilles
Le bonheur en un seul bouquet
Confus léger fondant sucré
C’est toute une forêt d’amis
Qui s’assemble aux fontaines vertes
Du bon soleil du bois flambant

Garcia Lorca a été mis à mort

Maison d’une seule parole
Et des lèvres unies pour vivre
Un tout petit enfant sans larmes
Dans ses prunelles d’eau perdue
La lumière de l’avenir
Goutte à goutte elle comble l’homme
Jusqu’aux paupières transparentes

Saint-Pol-Roux a été mis à mort
Sa fille a été suppliciée

Ville glacée d’angles semblables
Où je rêve de fruits en fleur
Du ciel entier et de la terre
Comme à de vierges découvertes
Dans un jeu qui n’en finit pas
Pierres fanées murs sans écho
Je vous évite d’un sourire

Decour a été mis à mort

Paul Eluard »

[Éluard adds in pencil to the lower left corner : « Pour Louis Parrot »]


Composed in 1943, this poem is one of Éluard’s most committed texts. Constructed in three octosyllabic septains, the poet intersperses, with two monostics and a couplet with anaphoric formulas, the names of his companions put to death by Franco’s militias and the German occupiers. If the septains encourage the impulse of the imagination, we notice, by contrast, the cold simplicity of the words used for his tortured friends, arousing compassion, emotion and anger. Their dramatic progression, devoid of any pathos, allows Éluard to confront us with the brutal reality of war crimes.

First published in Lettres, 1943, July, n°4, this poem closes the collection Le Lit la table, published by Éditions des Trois Collines in Geneva, in 1944. It was then published in Poésie 44, n°20, p. 18-20, then reprinted in Per Catalunya, 1945, October, as well as in Poésie 39-45, an anthology, London, 1947, with the English translation by Roland Penrose opposite the French text. It was also published in Europe, 1953, July-August, pp. 91-92, special issue Paul Éluard, p. 122.
Still with regard to this poem, we also find a note by Éluard in an appendix entitled “Raisons d’écrire” which is to be found in the collection 62, Au rendez-vous allemand:
“Signed with my name, these poems [L’Aube dissables les monstres, Critique de la poésie and Enterrar y callar published under the title Trois poèmes dans Poésie 44, n°20, p. 18-20] had been entrusted to Poésie 43, during the Occupation. The censorship had banned their publication. Transmitted to our Swiss friends, they were soon published in Lettres, Traits, in Domaine français and in Le Lit la table, a volume of poems published by the Trois Collines editions. »

Mentioned in the Pléiade (p. 1630), this manuscript reveals two variants with the published version: Le feu réveille la forêt / Les troncs les cœurs les mains les feuilles thus becomes Le feu fait danser la forêt / Les mains les troncs les cœurs les feuilles.

A friendship that has its origins during the Spanish Civil War:
A lecturer at the University of Madrid, where he met many Spanish poets, Louis Parrot (1906-1948) also met Paul Éluard. Thus began a deep friendship between the two men, marked by an abundant artistic collaboration. Together they translated Ode à Salvador Dalí by Federico Garcia Lorca, published in 1938. In May 1944, Parrot published a monograph on Éluard with Seghers, which he wanted for his friend to be the first issue of the famous collection Poètes d’aujourd’hui. Parrot also became his friend’s correspondent in the Free Zone during the 1939-45 war. Finally, he distinguished himself as a resistance writer who collaborated with the clandestine editions of Minuit, notably through the collection L’Honneur des poètes.

PUCCINI, Giacomo (1858-1924)

Autograph document signed « Giacomo Puccini »
Paris, 9th June 1910, 1 p. in-folio (32 x 20 cm) on an album amicorum page

Spectacular large-format inscription for his opera The Girl of the golden West


Puccini wrote three bars and then titled in Italian and English:
« La Fanciulla del West (The Girl of the golden West) »
His imposing signature projected an ink smudge on the letter “P”

An opera in three acts composed to a libretto by Carlo Zangarini and Guelfo Civinini, based on the drama by the American author David Belasco, The Girl of the golden West was first commissioned on 10 December 1910 at the Metropolitan Opera in New York. Tenor Enrico Caruso and soprano Emmy Destinn, world stars for whom Puccini originally wrote the opera, take on the roles of Dick Johnson and Minnie. Very enthusiastic, it was on the occasion of this first performance that the composer declared The Girl of the golden West as the greatest composition of his career.

[BALLON MONTÉ] Siège de Paris (1870-1871)

Set of two autograph cards signed
Paris, 1st and 6th October 1780, 2 p. in-24°
Some wetting marks
Missing stamp on one of the two cards (see scans)

Two cards transported by mounted balloon during the Siege of Paris


Card to Le Mans:
Card without handwritten mention “Par Ballon monté” transported out of besieged Paris by the balloon Le Nom Dénommé 2 – Addressed to Le Mans – Postage of a 10 centimes Empire.
Stamping mark: Departure from Paris Étoile 25 rue Serpente on October 6, 1780 – No arrival stamp.

We also know that Le Non-dénommé N°2 left on Friday, October 7, 1870 at 2:15 p.m. from the La Villette gas plant. He landed on Friday, October 7, 1870, 12 km from Paris near Stains in a pond a few hundred meters from the enemy posts. Travelers remain hidden in the water until 7 p.m. Mail bags are picked up and shipped by the following balloons.

DALÍ, Salvador (1904-1989)

Original silver print enriched with a signed autograph inscription
[Portlligat, 1977], 13,8 x 14,4 cm
Manuscript note on verso from an unknown hand:
« Foto dedicada de Dalí en Port Lligat 1977 »

Nice print of Dalí, in the middle of a conversation, doubly autographed by him and enriched with an original drawing


The master dedicates “Dalí” twice and pays his respects to Marta.
He embellishes his dedication with a small crown above his head. This same crown, with the exception of detail, appears in his work La Toile Dalígram dating from 1972. It depicts the initials of Dalí and Gala, his wife and muse, as well as many symbols related to royalty. The original of the work is now kept in the archives of the Gala-Salvador Dalí Foundation in Figueres.

Very good condition throughout

MEYER, Conrad Ferdinand (1825-1898)

Autograph poem signed « Conrad Ferdinand Meyer » on the verso of a period albumen print
N.p, 18th Nov[ember] 1895, (12,3 x 17 cm)
Albumen print glued on thick cardboard (12,8 x 17,7 cm), golden edges
Dry stamp on lower right corner in the photographer’s credit : « Ganz Zürich »
Some slight surface flaws, tiny stains on the verso (see scan)

Meyer writes one of his most famous poems on the back of his portrait by Rudolf Ganz


Conrad Ferdinand Meyer is immortalized here at his office in Kilchberg by photographer Rudolf Ganz in the southern suburbs of Zurich. The writer appears with a pen in his hand, in a studious atmosphere and surrounded by countless books arranged in disorder on his work table.
We know of him a slightly different pose taken during this same session on October 3, 1895, with his gaze shifted to his right.

On the back of the print, Meyer wrote one of his most famous poems:

« Bei der Abendsonne Wandern
Wann ein Dorf den Strahl verlor,
Klagt sein Dunkeln es den andern
Mit vertrauten Tönen vor.

Noch ein Glöcklein hat geschwiegen
Auf der Höhe bis zuletzt.
Nun beginnt es sich zu wiegen,
Horch, mein Kilchberg läutet jetzt!

Conrad Ferdinand Meyer
18 nov. 1895 »

Composed of two octosyllabic quatrains, this short and moving poem was first published in the second part of his collection Gedichte, in 1882, by Verlag von H. Haessel in Leipzig, Germany. Meyer published four new editions of the same collection until 1892, illustrating the transition from narrative poetry in ballads to poetry of intense lyricism.

[HUGO] Juliette DROUET (1806-1883)

Autograph letter to Victor Hugo
Paris, 20th April [18]77, 4 pp. in-24°

Scarce old age love letter – Juliette is 71 years old, and Victor is 75

From the B. & R. Broca collection


« et je vais contenter mon cœur avant ma faim : à tout seigneur, tout honneur, c’est bien le moins. Je crois que tu n’étais pas là hier quand madame Ménard1 m’a dit qu’elle pensait que madame Alice2 serait ici le 30 de ce mois mais qu’elle voulait t’en faire la surprise n’étant pas assez sûre d’avance d’être revenue à cette date. C’est pour cela qu’elle préférait ne te donner l’avis de son retour que pour le premier mai. Dans les deux cas nous n’avons plus que dix à douze jours de patience à avoir pour revoir nos chers petits voyageurs. Seulement il faudra nous garder d’encombrer notre table pendant les trois ou quatre jours qui précèdent cette arrivée afin d’être tout au bonheur de reprendre possession de nos chers petits. En attendant, épuisons, puisque cela te plaît, toutes les invitations obligatoires. Est-ce ton avis ? Le mien, d’avis, et de te complaire en tout par tout et toujours et de t’adorer à deux genoux. »


[1] Aline Ménard-Dorian (1850-1929). Daughter of the minister Pierre-Frédéric Dorian, she married Paul Ménard-Dorian (who took her name) in 1869. She runs a republican salon. Her daughter Pauline married George Hugo in 1894. Her salon was Dreyfusard. She inspired Proust to create the character of Mme Verdurin.
[2] This is Alice Lehaene (1847-1928). An orphan, a ward of Jules Simon, she married Charles Hugo on October 17, 1865. She gave birth to Georges, born in 1867 and died of meningitis a year later; the name of the deceased child was given again to his younger brother who was born a few months later, in 1868, followed the following year by his sister Jeanne.

This is perhaps the only letter from Juliette to Victor still in private hands for the year 1877. The entire corpus of letters for this year is now in the BnF (NAF 16398).

[HUGO] Juliette DROUET (1806-1883)

Autograph letter signed « Juliette » to Victor Hugo
[Paris], 16th April [1847], 4 pp. in-8°

A nice letter of jealousy to her lover in which Juliette alludes in particular to Charles Hugo’s military service


« vendredi après-midi, 3 h. ¾
À quoi pensez-vous donc, vieux chinois, de ne pas venir plus vite que ça ? Je vous attends cependant et je vous désire encore plus mais cela ne vous presse pas davantage. Où êtes-vous ? Que faites-vous, à qui faites-vous les yeux doux et pour qui faites-vous votre bouche en bâton de chaise ? Prenez garde que je ne vous surprenne, vieux scélérat ! Pourvu que vous ne vous soyez pas donné le genre d’aller à la Chambre sans me prévenir ? Voilà qui me surprendrait peu agréablement. Je passe ma vie à vous désirer, à vous regretter et à trembler, cette trilogie n’est pas du toujours amusante, je vous prie de le croire. Il y a même beaucoup de moments où elle est très embêtante. Il est vrai que par compensation ils sont dans l’album. Oui c’est assez drôle j’en conviens mais j’ai le mauvais goût de ne pas m’en contenter même lorsqu’il a crié quand il m’a mordu. Après cela je comprends que la MAIRIE, Chaumontel et l’affaire de Charles qui est moins simple que jamais, la garde nationale, son auguste famille les CARABINIERS1. Tout cela, bien mêlé ensemble et chauffé au bain marie-Ménessier dans un seau d’eau de pompe et deux ou trois pavés de Fontainebleau, fait une petite scie moelleuse et endormante qui ne manque pas d’un certain charme. Seulement il n’en faut pas prendre trop souvent et à dose que veux-tu de peur d’en user l’effet. Voime, voime, voilà mon opinion.
Juliette »


Two letters of April 16, 1847 have reached us. This one is written in the afternoon. In a sometimes disjointed style, Juliette plays with the sonorities, characteristic of her mind and of which only Victor Hugo could grasp all the subtleties.
[1] On 28 April 1847, Hugo “bought” 1100 francs for a replacement for military service from his son Charles, whose number had been drawn by lot. This replacement is called Adolphe Grangé. During the weeks that preceded it, working hard to find a solution, he frequently went to the town hall to try to solve the administrative problem. Throughout this period, he apologized to Juliette Drouet for his tardiness or absences, invoking “Charles’ affair”, which, he said, did not amuse him. Juliette Drouet ironically takes up these arguments when she complains about Hugo’s tardiness or absences, alleging in turn “the town hall”, “Charles’ affair” and then “Charles’ carabiniere”, which she often puts on the same level as the “Chaumontel affair”, to imply that she is not fooled by Hugo’s good excuses. Grangé inspired Hugo to create the character of Grantaire in Les Misérables.

VERDI, Giuseppe (1813-1901)

Autograph letter signed « GVerdi » to M. Sauchon
Montecatini, 7th July 1891, 1 p. in-8° on laid paper
Previous trace of mounting on fourth page
Watermark « CFM Special »

Scarce letter of the Italian composer written in French


« Monsieur Sauchon,
J’ai reçu le Bulletin de compte relevé pour [la] 168 répartition [d’]avril 1891.
J’ai reçu aussi le chèque de L. 555:97 pour N. de Sandoz et C., que j’exigerai quand j’irai à Gênes vers la fin de ce mois.
Agréez, Mr Sauchon, l’expression de ma considération distinguée
G. Verdi »


Giuseppe Verdi went to the Montecatini Thermal Baths in Tuscany for the first time in the summer of 1882. There he finds the ideal environment for creation. It was in these same baths that he composed Otello in 1887 and Falstaff in 1893.

Nice signature

ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » to Joseph Canqueteau
Paris, 10th March 1885, 2 p. in-8°
Small tears on folds, some browning (see scans)

An important letter, written juste a week after the release of Germinal and drawing up a panorama of some of the most emblematic works of the Rougon-Macquart saga

From the B. & R. Broca collection


« Merci, cher monsieur, de votre bonne sympathie. C’est en effet pour la jeunesse que j’écris, et c’est par elle que je serai, si je dois être.
L’idée première de “Germinal” est déjà très lointaine. Lorsque j’ai écrit “l’Assommoir”, j’avais réservé cette autre face du peuple, l’ouvrier souffrant des grands centres industriels. Tous les romans de ma série ont été arrêtés à peu près en même temps, et chacun d’eux vient simplement à son heure.
Je vais sans doute, comme vous le supposez, étudier maintenant le monde des artistes, en reprenant mon Claude Lantier [L’Œuvre]. Mais le roman militaire, celui où je compte mettre Sedan [La Débâcle], est loin encore, car il ne viendra guère que dans six ou sept ans : il est l’avant dernier de la série.
Bien cordialement à vous
Emile Zola »


We know that even before writing the first of the twenty novels in his series, Zola had drawn up, as early as 1868, a family tree of his characters, then a chronology of his novels. Initially planned in ten volumes, the writer revised his ambitions upwards. There will be a total of twenty novels written between 1870 and 1893. This letter thus allows us to take the measure of the almost millimetric organization that the writer imposes on himself, to the point of predicting with some precision, “in six or seven years”, the release of La Débacle. The penultimate volume of the series was indeed published in 1892.

A bohemian artist already present in Le Ventre de Paris but whose role is only minor, Claude Lantier (older brother of Etienne, the hero of Germinal) becomes the main protagonist in L’Oeuvre. A cursed painter, whose features recall those of Paul Cézanne, his fate is disastrous, like that of his mother Gervaise Macquart in L’Assommoir. This fourteenth novel in the series was published by Charpentier the following year, in 1886.

We know the letter that Joseph Canqueteau, about to give a lecture on Les Rougon-Macquart, addressed to Zola to ask him for some information (who was right in his predictions): “We are here a meeting of young people, who like you, I assure you, and know how to defend you on occasion. You have youth on your side, dear master, and that is a hard addition. We greatly appreciate the honor you have bestowed upon us by accepting the title of honorary member of our young conference. What a powerful book Germinal is! […] I should be obliged to you, dear master, to tell me exactly at what time you had the idea of this vast social study? Won’t military life and artistic life be the subject of two future works? ».

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Colette de Jouvenel » to a colleague
[Paris], n.d (between November 1916 and December 1926), 1 p. in-4°
On her letterhead with her address at Boulevard Suchet
Tears on folds

Colette regrets not having been able to meet her correspondent during her trip to Nice


« Monsieur et cher confrère,
Je n’ai passé que quelques heures à Nice. Voulez-vous m’écrire chez moi ?
Croyez-moi bien confraternellement vôtre
Colette de Jouvenel »


This letter must have been written between November 1916 and December 1926, when Colette was living at 69, boulevard Suchet. The Jouvenel couple had settled in what at the time was still a small mansion in the 16th arrondissement, on the border of Auteuil and the Bois de Boulogne. After their break-up and the departure of Henry de Jouvenel in 1923, Colette lived there until 1926.

[LISZT] PLEYEL, Marie (1811-1875)

Autograph letter signed « M. Pleyel » [to Louis Brandus and Ernest d’Hannecort?]
Brussels, n.d « 15th January » [after 1865], 1 p. in-8°
Some missing bits on right hand margin, tiny holes due to ink corrosion, reinforced margins with neutral tape (see scans)

A curious request from the virtuoso pianist to obtain two musical works by Franz Liszt


« Messieurs,
Permettez-moi de vous offrir mes remerciements les plus sincères pour la nouvelle gracieuseté que je dois à votre obligeance.
Me trouverez-vous trop indiscrète si je vous prie de vouloir bien m’envoyer le morceau de Liszt sur la marche Indienne de l’Africaine ainsi que la Schiller Marsch du même auteur ?
Si ma demande est importune n’en accusez que la bonne grâce avec laquelle vous m’avez toujours traitée et croyez, Messieurs, à mes sentiments bien reconnaissants et bien dévoués.
M. Pleyel »


The works commissioned here by Marie Pleyel are for the first part a piece from Illustrations de l’opéra « L’Africaine » (S.415), composed by Liszt, after Meyerbeer’s opera. Liszt was particularly fond of this opera and composed two piano pieces for it only a few weeks after its premiere: the first is a fantasia on the morning prayer of the Portuguese sailors at the beginning of the third act, and the second is a virtuoso transcription of the Marche indienne that opens the fourth act, which is referred to here in the letter.
The second is one of the thirteen symphonic poems written by Liszt, a genre of which he was also the creator. Marie Pleyel is referring here to the Kunstler Festzug “Schiller Marsch” from Die Ideale (after the poem with the eponymous title by Friedrich von Schiller), composed by Liszt in 1859.

Marie Pleyel is one of the most famous virtuosos of the nineteenth century. Considered by Liszt to be “not just a great female pianist, but one of the greatest artists in the world”, they performed together in Vienna in 1839. Born Marie-Félicité-Denise Moke, she married Camille Pleyel (son of the composer and piano maker Ignace Joseph Pleyel) on 5 April 1831, after breaking off her engagement to Hector Berlioz.

This letter is probably addressed to Louis Brandus and his associate Ernest d’Hannecort. Brandus’ publishing company was the only one to have published the two scores mentioned in this letter.

[AEROSTATION] GODARD, Eugène (1827-1890)

Autograph letter signed « Eugène Godard » to M. de Fouville
Paris, 30th July 1869, 1 p. 1/2 in-8°
Upper margin cropped off, some letters cropped off (see scan)

Scarce letter from the famous aeronaut announcing his very next scientific ascent


« Je vais faire après demain dimanche une ascension scientifique avec le ballon la citta di firenze à 1400 mètres… Voulez-vous être de la partie, si oui envoyez moi un télégramme pour que je retienne votre place. Dans le cas où vous ne seriez pas à Paris je prie Mme Claudine d’avoir l’obligeance de faire cette proposition à M. Gaston Tissandier [aventurier scientifique et aérostier français] en le priant de m’avoir [dit] télégraphiquement s’il accepte.
Je vous serre la main tous les deux.
Mes salutations amicales à Madame Claudine.
Eugène Godard »


Considered one of the greatest French aeronauts, it was his meeting with the British Charles Green in 1849 that convinced Eugène Godard to fly in a balloon inflated with lighting gas. Until the declaration of Franco-Prussian war in 1870, Godard made a very large number of scientific ascents, including those of 1867 that have remained famous, in the company of Camille Flammarion. At the fall of the Second Empire, he carried out captive observation flights in Paris. The provisional government of National Defence then asked him to build balloons for airmail. On September 28, 1873, in the company of his son Eugène II, Godard flew to Amiens and took Jules Verne with him.

Nice signature

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph letter signed « Aragon » [to Philippe Hériat, secretary-general of the Académie Goncourt]
N.p.n.d [Paris, 18th November 1968], 1 p. in-4°
Tiny tear on upper margin, otherwise fine condition
Pencil annotation on upper left corner

Letter of rencor that accompanied his sensational resignation from the Académie Goncourt


« Cher ami,
La lettre que je joins à ce mot est seule destinée à nos collègues. Je ne puis cependant faire autrement que d’y joindre un mot personnel.
Sans revenir sur les faits qui vous sont, au moins partiellement, connus, vous savez que j’entendais venir ce lundi Place Gaillon, et tenter de passer outre à un incident dont les suites étaient pour le moins déplaisantes. L’étrange comportement de certains m’en empêche. Je souhaite que le libellé purement “administratif” de ma lettre signifie pour vous que je n’ai pas l’intention d’oublier la nature toute différente des rapports qui ont toujours existé entre vous et moi.
Et, je l’espère, à bientôt.
Aragon »


Aragon was elected to the Académie Goncourt on 15 December 1967. He wrote on this occasion: “As I am a fierce supporter of the novel, I find it normal to make common cause with those whose lives depend on that of the novel”. The idyll lasted less than a year. On November 18, 1968, he announced his resignation. The “good comrades” of the previous year had just been accused of “cannibalism” in a letter from the poet-novelist, which he made public first on Europe 1, then in the newspaper he had directed since 1953, Les Lettres françaises: “I do not wish to associate myself with the kind of cannibalism that reigns among some of our colleagues.” Aragon was accused, in addition to being the target of a press campaign against him, of having manoeuvred and used his influence to ensure that Clavel won the 1968 prize, to the detriment of François Nourissier. The press campaign was initiated by the young Bernard Pivot, who made a point of revealing the “little literary machination” of which the winner of the Grand Prix de la Ville de Paris was the victim. He is also the one who reveals the voting intentions of the various parties. Aragon suspects that one of the members of the Academy was behind this leak, which eventually bore unhealthy fruit. It has since been known that Aragon’s influence could only have been limited, the jury being composed of 26 members, including many Gaullists.
The “open” letter from Aragon, sent in the same envelope as ours, is now kept in the Municipal Archives of Nancy.

ROPS, Félicien (1833-1898)

Autograph letter signed « Félicien Rops » to a gentleman
Paris, 28th May [1891 ?], 3 p. in-8° on cream paper
Tiny ink smudges, period fold mark

Rops declines an invitation to a musical performance in a prolific and zany letter, delivering a few aspects of his own past along with an implacable judgment on the art of his contemporaries


« Mon Cher Monsieur,
Je suis à la fois très charmé de la gracieuseté grande que vous avez eue de m’envoyer une place pour l’audition de vos Proses en Musique ; et désolé aussi ! Charmé, parce que ayant fait pianoté par ma grande fille, ne pianotant plus moi-même, votre “album”, que [Auguste] Delâtre m’avait prêté, je tiens en réelle estime votre talent, d’une allure très moderne : musique d’un nervosisme spécial, parisienne au possible sous-dermique, sceptique, & rêveuse avec cela, aux bon endroits. – Notez que en 1869 je “Bayreuthais” [allusion à la salle d’opéra de Wagner dans la ville de Bayreuth] avant que ce ne fut de mode, ceci pour vous dire que je ne suis Philistin que d’apparence. – Désolé aussi suis-je, parce que je suis forcé par des invitations préalables de promener, nourrir & faire rire des Canadiens des grands lacs, qui, dans les temps, au Manitoba [province canadienne], (déjà embêté et souillé avant moi, par Chateaubriand [allusion à son roman Les Natchez], qui aurait mieux fait de polluer anticipativement Mme Récamier), m’ont donné l’hospitalité de leur campement, à l’époque où Buffalo-Bill n’avait pas encore inventé le Far-West ambulant […]
Ah ! Tout se paie ! – J’aurais voulu être à cette audition pour ma joie particulière, & pour jouir aussi du bonheur des oreilles finaudes qui seront là ; car cela ne peut être “médiocre” ce que vous avez écrit, mauvais peut-être, ou très beau, suivant l’âme de chacun, les dispositions des cœurs, ou les situations gastriques des auditeurs. Vous êtes un “heureux” puisque dans ce que j’ai lu de vous, l’éternelle & immuable bêtise des artistes est évitée, et d’emblée, par don spécial & rare. Car tous : sculpteurs, poètes, musiciens, peintureurs, à part une vingtaine de “cérébralement voyants” sont une bande de Simiesques & de lémuriens qu’il faudrait emmener doucement, en mai, sous prétexte d’omelette printanière, au coin d’un joli bois plein de muguets & de jacinthes bleues, et fusiller, avec le regret & la tendresse mélancolique qui se mêle à l’abattage des vieux chiens galeux. On réconforterait l’agriculture qui manque de bras, et l’épicerie qui manque de [Henri] Pottin, par cette légitime & salutaire exécution. Car Pottin eut pu être Bougereau ou [Edmond] Audran. Je ne parle pas du père, qui chantait délicieusement de mauvais opéras-comiques, avec la voix de Mr Buffet, mais du fils. Car les vaches ne sont mal gardées que parce que les vachers font du grand art, & que chacun ne fait plus son métier. – Que “d’artistes” & des plus institutaires, eussent bien fait à la queue d’une charrue à défoncer les terres profondes ! – Et c’est ce qui fait disparaître la plus belle des qualités : la Sincérité en Art. – Car rien ne la remplace cette sincérité ! Notez que je ne dis pas la vérité, qui n’est jamais qu’une chose relative & fluctuante suivant les tempéraments. Je suis donc “heureux d’avoir fait votre connaissance” & malheureux de ne pas vous connaître davantage Jeudi. J’ai, dans une louable intention disposé du billet que vous aviez mis à ma disposition. Je l’ai donné à une rédacteur d’une “revue musicale” quelconque qui m’a promis de faire un article sur l’audition. Je ne connais pas ses tendances musicales, mais personnellement ce n’est pas un sot ; il est vrai que cela ne prouve rien, mais j’ai fait pour le mieux !
Je vous serre la main & je vous souhaite un franc succès Jeudi soir.
Félicien Rops »


This letter can be dated with almost certainty to after 1887, given its occurrences of North America. That year, Rops had made a trip to the United States with the Duluc sisters, who had prospected the American market for their fashion house. The artist went to New York, Baltimore, Chicago, Ottawa, Montreal, Quebec City, etc. and takes advantage of this here to deliver a harsh judgment with regard to Chateaubriand who, nearly a century earlier, had visited the same countries that inspired his first novels, romantic masterpieces.
We know the bonds of friendship that united Rops and Auguste Delâtre (mentioned at the beginning of the letter), a French illustrator and printer. In 1887, the latter published a technical treatise entitled Eau-forte, Ponte sèche et Verni mou, to which Rops actively contributed.

[MUSSET] SAINTE-BEUVE, Charles-Augustin (1804-1869)

Autograph letter signed « Ste Beuve » to Auguste Lacaussade
N.p.n.d, « this 21st July », 1 p. in-8° on creamy paper
Some tiny stains, slight browning

A delightful comparison between Musset and Byron by the famous literary critic


« Merci, cher Ami – Grâce à vous j’ai tout ce qu’il me faut & au delà. Vous avez bien raison sur Byron : on ne devrait juger Musset qu’après avoir relu Byron. Alors on aurait le vrai sentiment des injures et des distances, mais ne sommes-nous pas le plus paresseux des peuples pour les poètes et la poésie ? Mille remerciements encore à vous.
De tout cœur
Ste Beuve »


Introduced to Alfred de Musset by Paul Foucher, Sainte-Beuve became an intimate of the poet. An ardent defender of his literary work, he was one of Musset’s confidants during his tumultuous relationship with George Sand. When his Poésies complètes had been published in 1840, Sainte-Beuve said of him: “He dared to have wit, even with a touch of scandal. Since Voltaire, we have forgotten too much the wit in poetry; M. de Musset gave him a large share of it; with this he had again what our modern poets have so little, passion.”
We also remember that Sainte-Beuve was the dedicatee of a poem by his friend, soberly entitled “À Sainte-Beuve” (Poésies nouvelles, Charpentier, 1857).

[LAFAYETTE] BROGLIE (de), Victor-François (1718-1804)

Autograph letter signed « le Maāl Duc de Broglie » to a gentleman
Paris, 8th June 1778, 1 p. in-8°
On bifolio (the two pages are glued to each other), pinhole on lower margin
Period autograph note of an unknown hand on fourth page

The Duc de Broglie warmly recommends one of his friends to his correspondent, to whom he advises that he communicate it to the Marquis de Lafayette, who was then engaged in the war of independence from the United States


« Je vous recommande, Monsieur, très particulièrement le Che de Montfort qui vous rendra cette lettre, et je vous prie de faire pour luy tout ce qu’il vous sera possible, et s’il se conduit bien, comme je suis persuadé qu’il le fera, vous m’obligerés beaucoup de faciliter son avancement. Il est fils d’un exempt retiré des gardes du camp après y avoir servi bien, et longtemps ; qui luy laissera pour fortune bons exemples à imiter. Si vous pouvés le mettre en train… je vous en saurés beaucoup de gré. Recommandés le aussi à M. Le Mis de Lafayette à qui je souhaite toute la gloire, et le bonheur qu’il mérite, dites luy que je prendray toujours beaucoup de part à ses succès. Donnés moy de ses nouvelles, et des votres, et soyés persuadé des sentoments avec lesquels j’ay l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble, et très obéissant serviteur.
le Maāl Duc de Broglie »

[Period handwritten note on the fourth page, in an unknown hand and probably by a non-French-speaking person]
“Cette lettre était pour remetre à un officuir gênerale qui est, avec… Le Marquis de La Faÿette, à commander les Armées, américaines, des États Unis de l’Amérique, dans la Guerre âctuelle quils ont avec les Ânglais”


The ties between the Lafayette and de Broglie families
Marshal of France and Minister of War, Victor-François, 2nd Duke of Broglie and 1st Prince de Broglie of the Holy Roman Empire, was the brother of Charles-François de Broglie (1719-1781), a general officer and diplomat. The latter was a close friend of the father of the Marquis de Lafayette, Michel Louis Christophe du Motier (1733-1759), who died in action in Westphalia at the age of twenty-five during the Battle of Minden.
His son, Gilbert du Motier de La Fayette, had as his effective colonel his father’s friend who served as an officer in the Noailles regiment during the years 1774-1775. Then, between June 1776 and April 1777, encountering difficulties in his departure from France, Lafayette was able to count on the support of his friend Charles-François de Broglie in his enlistment in the American army, with the rank of major general.

DOUMERGUE, Gaston (1863-1937)

Two autograph letters signed « Gaston Doumergue » to notary Leverne
Paris, 11th November 1926 et 21st May 1931, 2 p. in-8°
With two autograph envelopes
Some small flaws (see scans)

Set of two letters from President Gaston Doumergue enriched with a set of documents relating to a notarial affair concerning his mistress and future wife Jeanne Graves


Première lettre :
Paris, 11 novembre 1926

« J’autorise Maître Leverne notaire à Paris, à remettre à madame veuve Philippe Graves née Gaussal, domiciliée à Paris, 11 rue Jean Leclaire, la reconnaissance de dette signée par celle-ci le vingt-trois juillet dix-neuf cent vingt-six.
Gaston Doumergue »

[Avec enveloppe autographe] « Maître Leverne / Notaire / à Paris »

 

Seconde lettre :
[Paris] 21 mai 1926

« Mon cher maître,
Je vous prie de remettre à Madame Graves toutes pièces restant dans votre étude et concernant notre accord de juillet 1926, toutes choses ayant été terminées et réglées selon les termes de cet accord.
Veuillez agréer, mon cher Maître, l’assurance de toute ma considération
Gaston Doumergue »

[Avec enveloppe autographe] « Maître Leverne / Notaire / Rue de la Tour des dames / Paris »

Jeanne Graves married Gaston Doumergue a week later


Gaston Doumergue had a long-term affair with Jeanne-Marie Gaussal, widow of Graves. During his presidential term (13 June 1926 – 13 June 1931), he went every morning to have breakfast with her at her former home at 73 bis avenue de Wagram, where he went on foot from the Élysée Palace. On June 1, 1931, twelve days before the end of his mandate, he married Jeanne-Marie Gaussal, widow Graves, in front of the mayor of the 8th arrondissement, Gaston Drucker, who had come especially to the Élysée Palace; the secretary general of the presidency, Jules Michel, was his witness. Gaston Doumergue thus became the first President of the Republic to marry during his term of office.
His presidential term ended on 13 June 1931 and he retired from political life at his wife’s home in Tournefeuille, in the Haute-Garonne.

DALÍ, Salvador (1904-1989)

Period film print enriched with an autograph inscription
[Portlligat, c. 1977] 27,3 x 19 cm
On the verso: red stamp “Exclusive / Radial Press” with an additional note by an unknown hand: « Una modelo de Dalí »
Light ink smudge on the verso slightly visible on the surface of the print (see second photo)

Print of one of Dalí’s models in the garden of his house in Portlligat and enriched with his spectacular signature


On this print featuring one of his most emblematic works, Dalí enriched it, in addition to his signature, with a shooting star in the upper margin and then added “Mes hommages” in the lower margin.
Is the young lady in profile on this print Christiana, the daughter of the Albaretto couple? Without certainty, the resemblance remains striking. Dr. Guiseppe Albaretto was one of the artist’s closest friends, having built up over the years the most important private collection of Dalí’s works.

One of the most important Dalí’s symbols:
A Christian symbol of the resurrection of Christ and an emblem of purity and perfection, the egg is one of the most significant symbols in the artist’s work. Beyond its appearance and minerality, so dear to Dalí, it represents the previous life, intrauterine and rebirth.
Another “Egg”, this one unbroken, is placed on the turret of the artist’s house in Portlligat.

ISABEL II (1830-1904)

Autograph letter signed « Isabel de Borbon » to Anna de La Grange
Lequeitio, 4th August 1883, 4 p. in-12° on flowered paper
With autograph envelope
Fold mark, slight ink smudges

Tender letter to her friend, the famous singer Anna de La Grange


« Muchisimas gracias a Vd por sus dos cariñosas cartas que la agradezco. De veras. Sigo escribiendo de tu, como te había ofrecido […] Tu me quieres lo sé, como yo a ti […] A mi Doctor S..  mis recuerdos muy cariñosos. Dile que encontré en Sevilla un Doctor… que me ha entendido muy bien, y que me da las medicinas dosimetricas y que piensa como él en todo, está aquí y cuando vaya a París lo llamaré […] A tu madre y a tu hijay a tu yerno mis cariñosos recuerdos y para ti un abrazo muy fuerte con el corazón de tu amiga que está deseando verte
Isabelle de Bourbon »


Queen of Spain and Navarre, born in Madrid in 1830 and died in Paris in 1904, Isabel II was the daughter of Ferdinand VII and María Cristina de Borbón. Her reign began in 1833, with the death of Ferdinand VII and the insurrection of the partisans of her uncle Carlos M. Isidro de Borbón, on the occasion of the First Carlist War (1833-1839). After the war, she supported moderation among the Basques. Carlism having conspired against the queen, an ally of the revolutionaries, Isabel II, who spent the summer in Lekeitio (1868), was dethroned. In August 1883, now Queen Mother of the restored monarch, she returned to Lekeitio, her favorite summer resort, and to Gernika where she was received by the President of the Provincial Council, Benigno de Salazar.

[AFFAIRE DREYFUS] DREYFUS, Alfred (1859-1935)

Autograph letter signed « ADreyfus » [to général Percin]
[Paris], 21st July 1906, 1 p. in-8°
With his address on letterhead: 101, Boulevard Malesherbes

Historic letter from Captain Dreyfus, written the day after the ceremony for the awarding of his insignia of Knight of the Legion of Honor and a week after the end of his legal marathon, issued by order of the Court of Cassation


« Mon Général,
J’ai été profondément ému en recevant votre photographie avec votre si aimable dédicace. Si j’ai connu bien des vilenies, bien des lâchetés, j’ai eu au moins la consolation de rencontrer quelques hommes courageux et de grand cœur comme vous.
Permettez-moi de vous dire tout le plaisir que ma femme et moi avons eu de faire votre connaissance, de sentir votre cœur battre à l’unisson des nôtres.
Encore une fois merci et veuillez agréer l’expression de mes sentiments respectueux et bien sympathiques.
ADreyfus »


Alfred Dreyfus was declared fully innocent by the Court of Cassation on 12 July 1906, 12 years after he had been unanimously convicted of treason by the court martial. This was followed by the dismissal of his rank, his military degradation on January 5, 1895 in the courtyard of honor of the École Militaire de Paris in front of a hostile crowd, then the perpetual deportation to a fortified enclosure off the Guyanese coast. But Émile Zola’s open letter “J’accuse…!” to President Félix Faure, the unwavering support of his relatives and the many legal twists and turns allowed the captain to regain hope.
On July 13, 1906, Dreyfus was reinstated in the army. On 20 July, on the eve of this letter, he was made a knight of the Legion of Honour “in a ceremony that seemed to close the Affair with an eminently symbolic and political act, in the very institution where he had been degraded twelve years earlier” (V. Duclert, Alfred Dreyfus. L’Honneur d’un patriote. Editions Pluriel, 2016, p. 571). At Dreyfus’s request, the ceremony took place in “the small courtyard of the gardens” and not in the large courtyard where its degradation had taken place twelve years earlier. The following people attended the ceremony: families of Alfred and Lucie, General Picquart (in civilian clothes), Attorney General Baudoin, Anatole France, Joseph Reinach, General and Mrs. Percin, Mr. and Mrs. Armand Dayot, Doctors Paul Reclus and Brissaud, Victor Simon, Alfred Capus, Mrs. Arman de Caillavet, Bernard Lazare’s wife, Isabelle Lazare-Weiler, Commander Emile Mayer, Captain Cassel and many journalists. General Gillain presented him with the insignia. “All this was so moving,” wrote Dreyfus in his Notebooks, “that words are powerless to convey the sensation of it” (p. 264).
Unfortunately, the speed with which this ceremony was organized prevented some of Dreyfus’s defenders from being warned or attending. The absence of General André, one of the main architects of the reopening of the trial, was noticed. On March 27, 1912, Alfred Dreyfus recorded this declaration: “This July 20, 1906, is a beautiful day of reparation for France and the Republic. My business was over. It marked a turning point in humanity, a grandiose step towards an era of immense progress for the ideas of freedom, justice and social solidarity.”

The addressee of this letter was in all likelihood General Percin, who was present on 20 July at the ceremony for the presentation of the insignia of Knight of the Legion of Honour to Commander Dreyfus (see above). On 21 July, he sent the captain an autographed photograph showing him in profile in uniform. Currently kept at the Museum of Art and History of Judaism (gift of Captain Dreyfus’ grandchildren), this photograph bears this dedication: “To Commander Dreyfus Knight of the Legion of Honor, testimony of deep sympathy, General Percin, July 21, 1906”.

[IMPÉRATRICE JOSÉPHINE] BEAUHARNAIS, Émilie de (1781-1855)

Autograph letter signed « Beauh. de Lavalette » to her cousin Eugène de Beauharnais
N.p, [11th] May [1807], 5 p. in-12°, tight and elegant handwriting

Long and poignant letter on the premature death of the young Napoléon-Charles Bonaparte, eldest son of King Louis Bonaparte and Queen Hortense de Beauharnais, at the age of four and a half


« Nous avons été tellement abattus et découragés par la perte que vient de faire ma pauvre cousine qu’il m’a été impossible d’avoir deux idées à moi depuis le moment fatal qui nous l’a appris. Je comptais vous écrire, mais j’aurais été trop malheureuse que vous ne fussiez instruit que par moi de cette affreuse nouvelle actuellement qu’elle doit vous être arrivée et que je ne suis plus inquiète sur la santé de l’impératrice [Joséphine]. Je viens joindre ma douleur à celle si vive que je sens que vous devez éprouver. Cette affliction nous est à tous commune ; aimez-moi assez pour croire que telle force que soit la vôtre la mienne peut presque l’égaler. Vous concevez le désespoir de l’impératrice. J’ai eu à gémir des souffrances que je lui ai vu éprouver, je ne l’ai pas quittée un moment. Actuellement elle est beaucoup plus calme, elle a reçu une lettre du roi [Louis Bonaparte] qui en lui annonçant le mieux sensible de la reine [Hortense de Beauharnais] l’engage fort à vouloir bien venir jusqu’à Laeken et à écrire de cette résidence à sa fille afin de la décider à venir la joindre. Jusqu’à présent il n’a pas pu la décider à ce voyage qu’il regarde comme nécessaire absolument à sa santé et il ajoute qu’il n’y a que dans les bras de sa mère qu’elle peut trouver de la consolation et tout son désir est de l’y amener ; mais la reine dans son désespoir avait tout rejeté.
L’impératrice a accueilli cette idée avec empressement. Elle a même adouci beaucoup sa douleur car si elle n’eût qu’à consulter son cœur elle serait partie immédiatement pour la Haye ; mais ne sachant pas les volontés de l’Empereur
elle a été obligée d’y renoncer. Elle [l’Impératrice Joséphine] vient de partir à l’instant. Ma lettre avait été interrompue je viens la reprendre. J’avais espéré être de ce voyage, il me semble que personne n’avait plus de droit que moi d’y accompagner l’impératrice. Je lui en avais témoigné le vœu. Croyez encore mon cher cousin, que malgré mes larmes de m’avoir refusée je n’ai pas même pu obtenir d’y aller de mon côté ; mais je respecte trop les volontés de l’Impératrice pour me révolter et ne pas me résigner mais cependant je souffre bien et c’est une peine bien vive que j’ai ressentie. L’Impératrice y a mis beaucoup de bonté il est vrai et a paru fort touchée de mon chagrin mais elle va sans suite et sous le nom de Mme de La Rochefoucauld qui l’accompagne. Il parait qu’il n’y a point de logement à Laeken et qu’aussitôt la reine arrivée l’Impératrice la ramène aussitôt. Voilà ce qu’elle a bien voulu me dire pour me consoler mais je ne me sens pourtant pas consolée. Les seules personnes du voyage sont Mme La Rochefoucauld, le général [Michel] Ordener et Mr Tuinat. L’Impératrice a, je suis sûre, pensé que si j’y allais chacun voudrait venir et j’ai pensé pour les autres ce n’est pas la première fois que j’ai donné l’exemple de la résignation et que l’Impératrice m’en a loué en m’encourageant mais ici je ne vous parle que de moi et je vous vois trop douloureusement affecté pour songer à vous occuper des choses si peu importantes ; c’est précisément parce qu’elles ont le même motif que ce qui cause notre peine que je n’ai pu m’empêcher de m’y arrêter. J’ai reçu une réponse charmante de Madame La Pce Augusta [Augusta-Amélie de Bavière, épouse de Eugène de Beauharnais]. Veuillez mon cher cousin lui offrir l’hommage de mon bien tendre attachement. J’espère que vous êtes toujours content de sa santé ainsi que celle de la petite princesse [Eugène de Beauharnais et Augusta-Amélie de Bavière venait d’avoir une petite fille, Joséphine Maximilienne Eugénie Napoléone de Leuchtenberg, née le 14 mars 1807]. J’ai reçu les chapeaux que vous avez bien voulu m’envoyer et je vous en remercie. Je fais partir en même temps que ma lettre une petite boite contenant les objets en cheveux. J’ai été peut-être un peu longtemps à vous les envoyer mais on me les a fait attendre et ne les ayant eus qu’au moment de partir pour St Cloud je n’ai pas voulu les envoyer sans ma lettre. Des cheveux de la Pcesse Augusta on a fait le cordon de montre. On y a suspendu une clef du même travail et un petit flacon qui est arrangé pour qu’on puisse y ajouter un cachet au bas. Quant au collier on a tiré tout le parti possible des cheveux que vous avez envoyés. Ils étaient très courts et pas en grande quantité. Cependant comme on a fait cette chaine élastique j’espère qu’elle se trouvera assez longue. Le travail en est assez joli. De quelques-uns des cheveux qui restaient encore des vôtres on a fait une petite croix émaillée ; c’est fort la mode ici. On peut la suspendre à un autre collier soit chaine en or ou autrement.
Je ne crois pas que quant au prix il soit nécessaire que vous m’en parliez, cela n’en vaut pas la peine.
Adieu mon cher et bon cousin, croyez à ma vive amitié et pensez que je compte toujours sur la vôtre.
Beauh. De Lavalette
Ce lundi [11] mai [1807]
Je vous envoie tout ce fatras en vérité ma lettre se ressent fort du décousu de mes idées. Ma foi, c’est le cœur qui m’a dicté tout ceci. Elle partira telle qu’elle est. Avec les personnes qu’on aime l’amour propre est mis de côté »


The eldest son of Louis Bonaparte, King of Holland, and Hortense de Beauharnais (daughter of Joséphine de Beauharnais), Napoleon-Charles Bonaparte (1802-1807) was by inheritance a French prince and a royal prince of Holland. Napoleon I was therefore, as his father’s brother and his mother’s adoptive father, at the same time his uncle and grandfather.
The child united in him the blood of the Bonapartes and the Beauharnais, the two rival families of the Emperor of the French and King of Italy Napoleon I. From the establishment of the Empire on May 18, 1804, until his death, the boy was implicitly considered to be the heir to the throne. Napoleon-Charles Bonaparte died of croup (probably of the diphtheria type) in The Hague after a few days of illness, in the arms of his mother Hortense. As evidenced by this letter, Queen Hortense was very dejected for several weeks, to the point of worrying her entourage and the emperor himself. The death of the child also distressed the emperor, who heard the news on 14 May while on a military campaign in Poland. Napoleon, from then on, began to be very concerned about his succession: having learned in December 1806, before the death of Napoleon-Charles, that he was the father of a boy (the future Count Léon) of a mistress, Éléonore Denuelle de La Plaigne, he was convinced of his ability to be a father. Josephine was then very worried about her future as imperial wife, which was to end on December 16, 1809.

Emilie de Beauharnais, Countess of Lavalette, was the cousin of Hortense de Beauharnais (Queen of Holland). She was the niece by marriage of the Empress Joséphine and became during the following First Empire and then lady-in-waiting to the Empress.

HEREDIA (de), José-Maria (1842-1905)

Autograph signed quatrain « M. de Heredia » to the marquise de Saint-Paul
N.p.n.d [1894], 1 p. in-8°
Mounted on cardboard, light ripples

Famous quatrain of the Cuban poet


« Carmen m’a donné la rose
Qui sur son cœur s’effeuillait
Mais l’œillet vient de Rose
Et je préfère l’œillet

M. de Heredia »


This elegant quatrain with crossed rhymes was taken from the Album Amicorum that belonged to the Marquise de Saint-Paul (1848-1943), a French benefactress, pianist and salonnière.

BONAPARTE, Caroline (1782-1839)

Autograph letter signed « Caroline » to a prince
[Naples, 15th May 1813], 2 p. in-8°
Light browning in some areas

Scarce letter from the little sister of Napoleon I, Queen consort of Naples through her marriage to Joachim Murat

Deeply affected by the death of Marshal Bessières, Caroline Bonaparte nevertheless rejoices at her brother’s victory at the Battle of Lützen, following the disastrous Russian campaign


« Prince,
J’ai reçu votre lettre du 6. Je vous remercie de votre attention tant il m’eut été affreux d’apprendre tout à coup dans le journal la triste nouvelle que vous m’annoncez, cette mort du maréchal duc d’Istrie 
[Jean-Baptiste Bessière], elle m’affecte excessivement. Il est cruel de voir ainsi disparaître peu à peu les personnes qui depuis 15 ans sont attachées à l’Empereur et ont partagé tous ses souvenirs, cette perte l’aura beaucoup affligéMoi j’en suis aussi tellement attristée. Je viens de recevoir la nouvelle télégraphique de la victoire remportée par l’Empereur [Bataille de Lützen], et je suis toute fière de l’avoir deviné car j’étais sûre que cela se passerait ainsi, le canon a tiré partout ici, et jusqu’à Messine pour annoncer cette heureuse nouvelle qui a fait la plus vive sensation, et nous en avions besoin. Je vous réitère, prince, que je me repose toujours sur vous pour les nouvelles. Vous savez combien elles me sont précie[uses]. Le Roi se porte toujours à merve[ille] [son époux Joachim Murat]. Les princes et princesses [Achille, Letizia, Lucien et Louise] jouissent d’une santé parfaite. Il n’est que moi qui sans avoir de maladie apparente deviens d’une maigreur et d’une faiblesse excessives au point que je me fais peur à voir.
Recevez, prince, l’assurance des senti
[ments] que j’aime à vous conserver.
Caroline »


A brilliant cavalry officer, Jean-Baptiste Bessières, Duke of Istria (1768-1813) was elevated to the dignity of Marshal of the Empire. He distinguished himself in most of the major battles of the Napoleonic Wars, notably at Austerlitz, Eylau, Essling and Wagram. He was mortally wounded on 1 May 1813 at Rippach, on the eve of the Battle of Lützen.
Napoleon spoke of him in these terms: “a reserve officer full of vigour, but prudent and circumspect”. Although a mediocre commander-in-chief, he was an excellent general of cavalry, courageous, capable of initiative, and who often led the charges of his cavalry in person against the enemy. His death was keenly felt by the emperor, who declared about him: “He lived like Bayard, he died like Turenne.”
The Battle of Lützen took place on 2 May 1813 when the Napoleonic army returned from the disaster of the Russian campaign. Wittgenstein attacked a column of Napoleon near Lützen, in order to retake the city of Leipzig. After a day of intense fighting, Prussian and Russian forces retreated.

BOULEZ, Pierre (1925-2016)

Autograph card signed « PB » to André Dubois
[Cologne, 10 IX (September) 1952], 1 p. in-8° on a postcard’s verso

Nice postcard by the composer sent from Cologne


« Cher ami,
Que vous dirai-je sur les voyages dans cette divine vallée, que Victor Hugo n’ait déjà dit ? Je vous prierai donc de vous en reporter sur ce sujet, à ce brillant et prolixe auteur. Ajoutons-y la pluie qui ne fait qu’embrouiller les lignes de ce paysage jusqu’à ce qu’on y voie goutte ou goutte, à volonté. Mais enfin, à Berlin, nous nous consolons en pensant que nous logeons à Kurfûrstenddamm, perfection brillante s’il en est. Nous avons toujours le ferme propos, d’arriver à Metz samedi, où nous confirmerons l’heure dans une carte prochaine, soit même par télégramme, si besoin s’en faisait sentir par d’une paresse épistolaire. Amicalement. PB »


French composer and conductor Pierre Boulez played a major role in the development of serial, electronic and random music. His polemical views on the evolution of music earned him a reputation as an “enfant terrible”.
André Dubois (1903-1998) was a senior civil servant, prefect of police and later president of the National Federation of the French Press.

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « Ton pirate » to his mistress Jeanne Schneider
[Prison de la Santé, Paris], 5th April [19]76, 2 pp. in-8°

Tender letter to his mistress about the writing of her book L’Instinct de mort


« Nanou d’amour.
Salut petite fille. Aujourd’hui pas de courrier. ni de visites d’avocats. J’espérais voir ma mère mais cela sera pour mercredi avec Sabrina [la fille de Jacques Mesrine]. Il va me falloir arbitrer le conflit des générations une fois de plus. J’attends de savoir exactement la position que désire prendre la petite et sur la façon dont elle s’est comportée pendant ses vacances de liberté. Ici rien de très spécial. J’ai passé une bonne partie de la journée à écrire mon bouquin [L’Instinct de mort]. J’avance doucement. Là j’ai les 1/4 de fait, je crois qu’il me faut compter un an pour l’écrire dans sa totalité…. peut-être plus. Pour l’instant tu es encore une charmante inconnue car je n’ai que 28 ans… Sais-tu que je ne suis pas tendre avec moi-même. Mais que de difficultés je rencontre à me souvenir exactement de certains faits. J’ai l’intention de faire un chapitre spécial pour l’affaire de Percé. Je t’en parlerai à notre prochain parloir car je ne suis pas encore rendu à cette époque malheureuse pour nous. Daoust [avocat de Mesrine, le plus grand criminaliste de l’époque] a laissé passer une belle affaire financière en tardant à me répondre au sujet d’un livre exclusivement basé sur ce procès. Je suis certain qu’actuellement il aimerait financer la publication… mais il peut aller se faire foutre. succès ou pas ! il y a de toute façon beaucoup d’argent à prendre. Nanou de mon cœur je termine par de tendres bécots sur ta jolie personne – je t’adore mon ange… alors le reste !!! Ton pirate x »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider at the end of his divorce from Maria de Soledad. Jeanne is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity.
On June 30, 1969, in Percé (Canada), innkeeper Évelyne Le Bouthillier was found, strangled to death, at the motel Les Trois Sœurs. At the same time, the police are looking for Jacques Mesrine, a mobster of French origin who will become public enemy No. 1, and his concubine Jeanne Schneider, for the failed kidnapping of the wealthy Georges Deslauriers. Their fingerprints were taken from objects that belonged to the victim. From then on, they will be charged with murder. Despite overwhelming circumstantial evidence, the jurors returned a verdict of not guilty.
Other thefts made them spend several years in prison in Quebec. Mesrine escaped from the prison of Saint-Vincent-de-Paul with five other inmates, including Jean-Paul Mercier, on August 21, 1972.

[NAPOLÉON] FOUCHÉ, Joseph (1759-1820)

Autograph letter signed « JF » (revised draft) [to Élisa Bonaparte, comtesse de Compignano]
Linz, 16 7bre [September] 1819, 2 p. in-8°
Overall browning, numerous corrections by Fouché

Important letter of exile from Fouché confiding in numerous confidences about his relations with Napoleon I, the decisive royal ordinance of 24 July 1815, his role as Minister of Police and his hatred of Duc de Bassano


« Je remercie v[otre] a[ltesse] de son aimable visite, elle en recevra la récompense, car il doit y avoir des grâces destinées à ceux qui consolent les affligés. Je ne le plains pas de ma position, , il vaut mieux être du nombre de ceux que l’on estime et que l’on proscrit que d’être de ces gens qu’on paye et qu’on méprise. Seulement je voudrais être libre de choisir le lieu de mon exil.
Vous m’avez rendu un véritable service en prévenant des calomnies du duc de Bassano. J’ai de quoi le couvrir de confusion. Sans doute, j’ai correspondu avec les Cabinets étrangers pendant que j’étais ministre de Napoléon. Je ne désire pas d’autre vengeance contre mes ennemis que d’obtenir la permission de publier cette correspondance. Le duc de Bassano est un vieil enfant : Napoléon avait raison de le comparer à une statue jetée en bronze dont le dehors est colossal et le dedans vide.
Il est étrange qu’il vous ait dit que c’est moi qui ait fait placer le comte de Bourmont [Louis Auguste Victor de Ghaine, général d’Empire] auprès de Napoléon. Tout le monde sait, excepté le vulgaire et le duc de Bassano, que je n’ai cessé d’accuser cet homme méprisé dans son parti même et de reprocher à Napoléon la confiance qu’il lui accordait. Il est vrai que j’ai payé sur les fonds de la police beaucoup d’intrigants. Mais c’est toujours malgré moi et par les ordres réitérés de Napoléon. Toutefois j’ai osé lui résister dans quelques circonstances. Je n’ai jamais payé [Joseph] Fiévée, Chateaubriand, Mme [Félicité] de Genlis etc. C’est M. de la Valette surintendant des Postes qui leur donnait le salaire réglé par une note impériale.
Depuis que le pauvre duc de Bassano n’est plus auprès de Napoléon, il ne sait plus ce qu’il dit […] Pourquoi me reproche-t-il d’avoir signé l’ordonnance du 24 juillet* ? Il sait bien que je ne l’ai signée que pour qu’elle ne fut pas exécutée par un autre, et que je n’avais pas le choix des moyens de le sauver, au milieu des convulsions de haine et de rage de la faction qui dominait alors. Si je n’eusse arrêté le premier choc, qu’on juge de ce qui serait arrivé par ce qui s’est passé depuis ma sortie de Paris ! Je m’attendais bien que les hommes que je servais de toutes mes forces me reprocheraient de ne les avoir pas servis au delà de mes forces.
Il n’y a ni raison, ni justice à tout ce qu’on fait contre moi. Je vous jure que je serai bien fort quand on me permettra d’entrer en discussion. Défiez-vous de tout ce qu’on a imprimé en mon nom, on a falsifié jusqu’à ma correspondance. Vous la lirez un jour toute entière ; vous jugerez si Napoléon a été défendu avec zèle et fidélité par son ministre : j’écrivais au Congrès de Vienne le 8 mai 1815 pour l’engager à conserver Napoléon sur le trône, cette phrase remarquable : Il n’y a qu’un prince fort par lui-même et par sa gloire qui puisse tenir tête à la liberté, qui puisse l’arrêter là ou elle doit être arrêtée pour sa propre conservation. Guillaume 3 a suffi en Angleterre en 1688, il ne suffirait pas aujourd’hui en France. Cela est trop monarchique aujourd’hui, gardez-moi le secret on me trouverait trop royaliste. Je ne me suis permis, dans ma correspondance, qu’un seul blâme contre Napoléon ; c’est d’avoir trop souvent fait de petites choses quand il avait le moyen d’en faire de grandes […] J.F
Je suppose que le duc de Padoue n’a pas prêté l’oreille au sornettes du duc de Bassano »


Louis XVIII had Fouché dismissed from office by the law of 2 January 1816, condemning the regicides to exile. In order to keep him away from him, the king appointed him ambassador to Dresden, but he immediately resigned. The former imperial minister then settled in Prague until 1818, then in Linz in 1819, before settling more permanently in Trieste.

“I have enough to cover him with confusion”
As widely mentioned in this letter, Fouché would not cease to defend his image during his last years, threatening his opponents to divulge their most unmentionable secrets. He intimidated them by threatening to publish his memoirs. Fouché died on 26 December 1820 in exile, his remains were not brought back to France until 1875.
Loyal to Napoleon until the fall of the Empire, the Duke of Bassano was one of the outcasts of the second Restoration, excluded from the Institute to which he had been elected in 1803. He retired to the Author, to Linz, then to Graz.

*The Royal Ordinance of 24 July 1815 is a list condemning fifty-seven personalities for having served Napoleon I during the Hundred Days after having pledged allegiance to Louis XVIII. The officers are judged by the court martial, the others proscribed by the Chambers. This ordinance was the first legal act of the White Terror. Marshal Ney, the main victim of the reaction, was executed following his appearance before the Chamber of Peers.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Robert de Montesquiou
[Paris], « 9 Bd Malesherbes » [27th May 1895], 1 p. in-12° on ‘petit bleu’
Autograph address on verso:
« [M]onsieur le Comte / Robert de Montesquiou-Fezensac / 11bis avenue Kléber [Paris] »
(The address is the one of Madame de Brantes)
“RM” initials stamped in red on top left corner (from the Robert de Montesquiou collection)

Proust invites Robert de Montesquiou to the first performance of his Portraits de peintres at Madeleine Lemaire’s, set to music by Risler


« Cher Monsieur,
Pour préciser du thème qui fut leur occasion, de très belles variations de Hahn, on entendra demain quelques-uns de mes plus mauvais vers dans ce même atelier où on entendit de si beaux, et où de bien beaux encore, Madame Lemaire l’espère et le fait espérer, viendront encore émouvoir vos admirateurs ! Si parmi toutes les belles musiques qu’il y aura demain, vous pouviez prendre quelque plaisir à constater dans les vers des jeunes gens non seulement l’admiration mais l’imitation des vôtres, si vous pouviez vous plaire à écouter certains ciels “plus tristes d’être bleus”
[extrait du 2e vers de son poème sur Potter] comme un écho fidèle et affaibli d’augustes mains “plus belles d’être nues”, je vous demanderais de venir de bonne heure, car Risler, qui vient exprès de Chartres pour jouer ces portraits de peintres, doit retourner le soir même au régiment et à 11 heures il sera obligé de nous quitter.
Votre respectueux et affectueux.
Marcel Proust »


The report of this evening, which caused a great stir, is amply reported by a publication in Le Gaulois of Wednesday, May 29, 1895 (section Dans le monde, p.2): “Yesterday, at Mrs. Madeleine Lemaire’s, after a dinner, a very select reception: personalities from the artistic, elegant and aristocratic world. A most brilliant musical evening, dedicated to the works of the distinguished composer Reynaldo Hahn. / We heard and applauded Mrs. Eames-Story, Mrs. Gabrielle Krauss; Messrs. Fugère, Edmond Clément and Risler, who above all have admirably highlighted the beautiful works that Mr. Hahn has composed on poems finely chiselled by Mr. Marcel Proust. Each of the Portraits de peintres was a little gem […] / In the audience: Princess Edmond de Polignac, Marquise d’Hervey Saint-Denys, Marquise d’Eyragues, née de Montesquiou-Fezensac […], Robert de Montesquiou, M. Heredia and his daughters, Count Primoli, M. Anatole France […] »

Proust had his Portraits de peintres (Albert Cuyp, Paulus Potter, Antoine Watteau and Antoine Van Dyck) published first in booklets by Heugel et Cie in 1894 before attaching them two years later to his collection Les Plaisirs et les jours where his short stories and all of his poems in verse and prose are gathered. Unlike his Portraits de peintres, his Portraits de musiciens were not set to music during recitals.

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed « C » [to Louis de Fontanes ?]
[La Vallée-aux-Loups] 9 7bre [September] 1813, 3 p. in-8°
Old and discreet mounting mark on fourth page

A remarkable epistle by a disillusioned Chateaubriand, evoking among others topics Le Génie du christianisme


« J’ai été errant mon cher ami, et n’ai voulu répondre à votre bonne lettre qu’en rentrant dans ma vallée. […] Moi je suis vieux comme Hérode. Je ne rêve plus qu’histoire du temps passé. Je ne suis plus amoureux que d’Agnès Sorel dont j’ai des cheveux qui font honte aux miens tant ils sont jeunes et blonds. Il faut finir, mon cher ami. Il faut s’en aller : voici un mois d’octobre qui arrive avec ce maudit 4 [allusion à sa date d’anniversaire, Chateaubriand vient de fêter ses 44 ans] qui m’a apporté encore une pesante année.
Je n’en suis guère plus sage, mais je me lamente, et jette un regard en arrière. Je travaille beaucoup, et je me hâte d’abandonner le reste, de peur d’être abandonné.
Nous allons passer deux mois de suite à la Vallée
. [Joseph] Joubert, qui ne va pas à Villeneuve, vient ici lundi prochain. Il y restera quelques temps […]. J’ai fini l’affaire du Génie du Ch[ristianisme]. Il est à vous maintenant. Dans 3 ou 4 ans cela sera une bonne affaire ; aujourd’hui cela me gêne et m’oblige à des sacrifices […]
Vous savez les nouvelles. Elles sont du plus grand comme du plus vif intérêt. Nous allons voir des évènements extraordinaires [allusion au revers de l’armée napoléonienne]. Revenez vite parmi vos amis. Je ne sais trop si cette lettre vous trouvera où je l’adresse. Dans ce cas présentez, je vous prie, mes respectueux hommages à vos hôtes. M[a]d[am]e de Ch[ateaubriand] vous dit mille choses, et moi je vous embrasse tendrement.
C
Ce 9 7bre 1813 »


Secluded in his Vallée-aux-Loups after his many travels and his trip to the Orient, Chateaubriand began writing his Memoirs there in 1809. The affair of Le Génie du christianisme (originally published in 1802), which is in question here, was revived belatedly by the publication of Les Martyrs, a prose epic that he published in 1809. The writer wishes to show, in practice, the beauties of Christianity defended in the apology. Les Martyrs provoked a real affair to such an extent that a censorship committee, led by Fouché, immediately asked for changes. The name of its author is not mentioned on the occasion of the Institute’s decennial prizes in 1811. Napoleon demanded, at the same time, a re-examination of Le Génie du christianisme.

[AFFAIRE DREYFUS] Émile ZOLA (L’Aurore, 13 janvier 1898) 

First edition of the 87th issue of journal L’Aurore
« J’Accuse…  !  » – Lettre au président de la République par Émile Zola
[Paris, 13th January 1898], 4 p. in-plano
Apart from some light flaws, discreet repairs, traces of folds and browning in places, remarkable state of preservation, a complete copy of its four pages.
Made-to-measure frame, museum glass, floating document on Marie-Louise “chestnut”, black oak frame

First copy of the legendary « J’Accuse…  !  », starting with Zola’s open letter to the president of the Republic Felix Faure

One of the few well-preserved copies


“The shock was so extraordinary that Paris almost turned upside down” (Charles Péguy)
This letter-manifesto of the writer appeared in six columns, on the front page of the newspaper L’Aurore, on January 13, 1898. Its title: “J’accuse…!”, huge and provocative, is an idea of Georges Clemenceau.

Émile Zola’s indictment:
The day after Estherazy’s acquittal, on January 10, 1898, the legal voice of the revision of the Dreyfus trial seemed doomed. In his open letter to the President of the Republic, Félix Faure, himself an anti-Dreyfusard, Zola set out to dismantle the fabricated procedure point by point. Denouncing what he described as “the greatest iniquity of the century”, he implicated by name the generals, experts in writing and attacked the general staff and the councils of war of 1894 and 1898. His famous anaphora “J’accuse” at the beginning of each of the last paragraphs concludes his implacable indictment.

He knows that he will be prosecuted, that is his goal: “Let them dare to bring me before the Assize Court and let the investigation take place in broad daylight! I’m waiting.”
Zola caused a shock wave that would turn history upside down and whose resonances continue to reach us today.

The print run of 300,000 copies (ten times more than usual) sold out immediately.
Printed on poor quality newsprint, very few complete copies in good condition have come down to us.

[AFFAIRE DREYFUS] ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph card-letter signed « Z » [to his publisher Eugène Fasquelle]
[Queen’s Hotel, Upper Norwood], 1st February [18]99, 2 pp. petit in-12°

From his land of exile, Zola tries to get news about his situation from his lawyer


« Mon cher ami,
Nous comptons donc sur vous la semaine prochaine, le jour qu’il vous plaira de choisir. Prévenez-nous pour qu’on ne vous empoisonne pas trop ici, à l’hôtel.
Nous n’avons besoin de rien. N’apportez pas d’argent. La seule chose qui me ferait plaisir, ce serait que vous tâchiez d’avoir une conversation confidentielle avec Labori
[l’avocat de Zola pour son procès, suite à la publication de « J’accuse… ! »], en lui demandant, pour moi, ce qu’il peut savoir d’exact sur la situation. Me Mornard ne pourrait-il pas le renseigner un peu, à mon intention. Vous devez comprendre combien j’ai soif de renseignements précis, au milieu de l’effroyable gâchis que nous traversons. – […]. Nos vives amitiés à votre femme, nous vous embrassons, vous et les vôtres. Z
J’ignore encore si les Mirbeau sont arrivés aujourd’hui, nous les attendons ici demain.
»


Lodged since October 1898 at the Queen’s Hotel, in the suburbs of London, Zola has continued his exile since the confirmation of his conviction at Versailles on July 18 of the same year. Removed from the tumult of Paris, the writer expresses here a pressing need to know more about his situation and the course of the Dreyfus affair, which continues to unleash passions. At the same time, the magistrates of the Court of Cassation were in the midst of examining the Dreyfus case, which Henry Mornard, the defence lawyer, was working on. The events of the following days and weeks, such as the brutal death of Félix Faure, allowed the Dreyfusards to hope for a favourable outcome.
After succeeding Charpentier, Fasquelle became Zola’s publisher in 1896. He also served as his “banker” and gave him, as soon as the writer felt the need, sums from his royalties.

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph poem signed « Max Jacob » to Pierre Lagarde
St Benoît sur Loire, 17th August 1936, 1 p. in-4°
Central fold, pencil typographical annotation

A touching poem in free verse, enriched with an original drawing depicting two ships at sea


« Les voiles gonflées du même côté
les côtés se regardaient amoureusement
les deux vaisseaux allaient sans dire autrement que par les cymes et les voiles
et le même vent d’ouest les poussant vers l’aurore dorée.
Quel vent mauvais sépara les voilures.
Quel nuage noir a coloré la mer.
Quelle brume a séparé les voiles.
Me voici dans la vallée qui ouvre les verdures sur la mer dorée. Reviendra-t-il, l’amour ?
Si je montais en haut de la colline et de la lande apercevrais-je la galère qui accompagna la mienne.

Max Jacob »


A central figure of the Montmartre and Montparnassian avant-garde, Max Jacob converted to Catholicism in 1915 and left Paris in 1936 to settle in Saint-Benoît-sur-Loire in the Loiret region. He led a monastic life there. His poetic and mediational works, partly taken up by Pierre Lagarde in his admirable work Max Jacob – Mystique et martyr, are close to the quietist current. From then on, he assumed his life as a fisherman as a condition for his redemption. His Jewish origins led to his arrest by the Gestapo six months before the liberation of Paris, a fate he accepted as a martyr. He was interned by the French gendarmerie in the Drancy camp and died there five days later, a few hours before his scheduled deportation to Auschwitz.

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed « Max Jacob » to Pierre Lagarde
St Benoît sur Loire, 6th April 1942, 1 p. in-4°
Typographical annotations, central fold

A partly unpublished letter on his faith and an allusion to the “Rafle des notables”, which had occurred five months earlier


« Très cher Pierre
Je suis enchanté de ce petit article. Instruis-toi dans la symbolique : c’est un excellent moyen d’approcher l’intérêt des lèvres des indifférents
[…] Oui ! la médiation ! c’est-à-dire la descente au nombril de l’idée la plus simple. La conviction, le sérieux, l’épanouissement du sentiment. La surveillance de soi-même : se rendre compte à chaque instant de ce qu’on est, de ce qu’on fait, de ce qu’on dit et aussi des autres […] établir le vide en soi-même. Lis la traduction de maître Eckhart qui parait chez Gallimard en ce moment. Maitre Eckhart établit les régions de l’âme et souhaite que nous habitions la plus profonde pour y rencontrer le supérieur.
Pauvre ville !
[Paris] pauvres parents ! Mais que dirais-tu si l’un des tiens était dans un camp de concentration et y mourait comme c’est arrivé à mon beau-frère, laissant ma sœur [Julie-Delphine] à peu près folle de douleur. Prie pour Lucien Lévy mort et sa pauvre femme et pour moi qui n’ai plus le droit de publier. On dit à une dame : ‘C’est le portrait de Max Jacob ! Tiens ! Je croyais qu’il était mort !’ Mort en effet plus qu’elle ne croit.
Amitié fidèle
Max Jacob »


The poet is alluding here to the third anti-Jewish roundup, known as the “roundup of notables”, carried out on December 12, 1941 by the French police. A total of seven hundred and forty-three citizens were arrested, including René Blum and the jeweler Lucien Lévy, Max Jacob’s brother-in-law. At the beginning of 1942, Max Jacob hid for a month in Orléans with the Tixiers, the in-laws of his painter friend and communist sympathizer Roger Toulouse. On March 8, 1942, Lucien Lévy died at the Royallieu camp in Compiègne, from which the first deportees who had survived their appalling internment until then would leave. A month after this letter, Max Jacob attended the funeral in Quimper of his elder sister Julie-Delphine, who had tuberculosis and was killed by grief on 15 April.

His poetic and mediational works, partly taken up by Pierre Lagarde in his admirable work Max Jacob – Mystique et martyr, are close to the quietist current. From then on, he assumed his life as a fisherman as a condition for his redemption. His Jewish origins led to his arrest by the Gestapo six months before the liberation of Paris, a fate he accepted as a martyr. He was interned by the French gendarmerie in the Drancy camp and died there five days later, a few hours before his scheduled deportation to Auschwitz.

[BAUDELAIRE] ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » [to Léon Deschamps]
Paris, 20th March 1893, 1 p. in-8° on laid paper

Zola refuses writing a text to support the project of a monument in tribute to Baudelaire


« Mon cher confrère,
Je suis si occupé, si lancé dans d’autres travaux
[Zola travaillait à son ultime volume des Rougon-Macquart], que je ne pourrais vous envoyer que les quelques lignes banales d’usage, sur Baudelaire. Et cela est vraiment ne serait digne ni de lui ni de moi.
D’ailleurs, ce tombeau ne devrait-il pas être érigé par les seuls poètes ? La prose y ferait tache, ce me semble.
Bien cordialement à vous

Emile Zola »


On 1 August 1892, Léon Deschamps, founder of La Plume, launched a subscription in his magazine for a statue in homage to Baudelaire. Zola was one of the many writers and artists who responded favourably to this call. In a letter to Deschamps he wrote: “I can only be very proud to be part of the committee for a monument to Charles Baudelaire. Sign me up and I’ll be the one to say thank you.” This short epistle was reprinted as it was in Deschamps’ diary a fortnight later, alongside other literary figures of the time. Ferdinand Brunetière, a defender of classicism and traditionalism, nevertheless vigorously opposed the project, in an article published in La Revue des deux mondes on 1 September 1920. After several months of polemics, the project failed (see La Querelle de la statue de Baudelaire (August-December 1892), ed. André Guyaux, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2007).

Léon Deschamps had once again solicited the naturalist writer who, in this sympathetic reply, declined the invitation to write a text to support the project, which had been undermined by Brunetière and a few others. Had he considered his participation in the committee eight months earlier sufficient? He had not always been indulgent towards the poet, who was probably too close to reality to appreciate “the graceful melancholy and noble despair that inhabit the supernatural regions of Poetry” (Baudelaire, “Théophile Gautier”, L’Artiste, 13 March 1859). We remember the murderous article he wrote in Le Gaulois of January 10, 1869 (p. 3): “I like to imagine him as a literary cenobite who has dug a narrow niche for himself in a hard rock and who has lived there alone, in front of the hallucinations of his unhinged brain. He was not a creator, and if his imagination was carried away by strange audacity, it was singularly unfruitful […] If one wants a summary judgment of The Flowers of Evil, I would say: ‘In a hundred years, the Histories of French Literature will speak of this book as a curiosity […]’ »

ROLLAND, Romain (1866-1944)

Autograph manuscript signed « Romain Rolland »
N.p, April 1928, 1 p. in-4°
Small tear discreetly repaired on central fold

Prophetic text by the writer pleading for the New Education, which has become the foundation of today’s education system


« La question de l’Éducation nouvelle est la plus grave du temps présent. Elle n’est et ne doit être rien moins qu’une Réforme de la vie profonde, analogue à celle du XVIe siècle. Une puissante hérésie qui renouvelle les forces vitales de l’humanité. Les civilisations, d’Europe et d’Amérique étouffent sous la gaine d’idées pétrifiées, de préjugés mortels. L’Esprit est astreint, dès l’enfance, à un automatisme absurde, aux mains des gardiens d’abus. Il a un besoin urgent d’air libre et de soleil, de confiance en soi, de raison virile et sereine qui use harmonieusement de sa saine liberté. Il ne pourra les conquérir sans luttes. Trop d’abus anciens et nouveaux ont intérêt à entraver le réveil de l’Âme, et lui barre la route, avec des pseudo-vérités, mortes et meurtrières. Mais c’est à tous les hommes, à toutes les femmes, de raison et de cœur sains, honnêtes et robustes, d’oser faire leur choix entre ses libérateurs et ses oppresseurs masqués.
Romain Rolland »


Emerging at the end of the twentieth century, the New Education became an international pedagogical movement in the 1920s. Rolland, disappointed with the so-called traditional method, did not turn away from the pedagogical thing. Himself a teacher at the Sorbonne, he was interested in the new practices of his time and showed a great interest in the progressive experiments of new pedagogies. It was during his stay in Switzerland, during the First World War, that he met the Swiss pedagogue Adolphe Ferrière (1879-1960), a major figure in the New Education movement. Adherents to the cause pleaded for a profound reform of education, based on scientific knowledge of the child. They advocated a global education, giving equal importance to the different educational fields: intellectual and artistic, but also physical, manual and social. Many of these practices were widespread and today form the basis of the education system as we know it.

Written in April 1928, this text first appeared in the German newspaper Das werdende Zeitalter. It is intended for an article by the pedagogue Karl Wilker. He intends to bring together the statements of prominent personalities on the need for a new education. The text was published the following year in the form of an introductory statement in issue 50 of Pour l’Ère nouvelle (Sept. 1929).

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « Ton N°I el Viejo » to his mistress Jeanne Schneider
Fleury-Mérogis prison, 3rd December 1976, 3 p. in-4°

Between rage, resentment and tenderness, Mesrine delivers an uncompromising portrait of himself


« Nanou d’amour,
Bonsoir mon ange. Très agréable parloir, il est vrai que notre entente de ‘vieux amants’ est toujours au beau fixe. Dis-moi ma puce je te trouve un peu maigre… tu aurais besoin de prendre quelques kilos
[…] Oui mon ange, le juge Xuereb est un type très bien, je le trouve direct et surtout logique. Il te faudra garder le contact avec lui et un jour y aller avec Sabrina [la fille de Jacques Mesrine] pour qu’il constate son changement.
Dis-moi ‘mère-poule’, j’apprécie beaucoup tes conversations avec monsieur Monteuil, mais ne parle pas de mes conditions de détention et de mon isolement OK ma belle. Je suis isolé pour des raisons que je comprends très bien et même si cela est malgré tout injuste je n’ai pas à me plaindre de ma détention qui est très humaine sur tous les plans. On ne peut rien améliorer… sauf si on te met avec moi mais les réformes n’en sont pas là. Il est certain que cette solitude me pèse, mais je m’y suis préparé depuis longtemps par une discipline morale… et je cache si bien mes sentiments que personne ne peut savoir si j’en souffre ou pas… sauf moi. La seule chose que je sais, c’est que je suis un peu plus ‘fauve’ chaque jour… mais ça ! ceux qui se trouveront face à moi (si un jour la cage s’ouvre) pourront le regretter, car les cadeaux que j’ai pu faire dans le passé… je ne les referai jamais plus. ‘J’ai joué le jeu en acceptant de me rendre’… on a triché avec moi en m’isolant… tu sais mon ange, au Canada j’avais les mêmes promesses (on en avait ri) mais une fois évadé je les ai toutes tenues sans aucune exception. C’est ce côté ‘vengeur’ qui fait de moi un type dangereux… J’ai trop d’orgueil et je le sais. J’ai le dos au mur depuis longtemps et n’ai qu’un seul choix à faire, ou accepter de crever en cellule… ou me battre un jour pour ma liberté… mon choix est fait depuis longtemps et en attendant je suis ‘le détenu modèle’ à un coup de gueule près. Moi, je sais où je vais et je n’ai aucun souci pour mon avenir, car mon passé est une sacrée garantie. Tu sais mon ange un type comme moi en détention c’est presque impossible… car il y a tout de suite le ‘caïda’ et comme je ne suis pas un homme patient avec les 97% de pédés que sont la population générale… je risque d’en tuer un à la première discussion grave. Par contre j’aimerais avoir un petit chat, ça ! ça serait une sacrée compagnie… surtout moi qui les adore… mais là c’est peut-être demander beaucoup. Bien qu’avant ! plusieurs détenus en avaient en cellules ici.
Je suis d’accord pour Maxim’s le jour de ton anniversaire… mais je ne sais pas si c’est ouvert le lundi… de plus tu seras déçue ! J’y suis allé plusieurs fois et en dehors ‘des prix’ il n’y a rien d’exceptionnel… sauf un certain snobisme à y aller. Je crois qu’il y a mieux dans Paris
[…]
Voilà petite fille, ‘Mister’ votre z’époux termine par de doux bécots d’amour sur tout ce qui est toi… si tu es sage, je t’épouse… mais avant de faire une telle connerie… je vais consulter mes avocats – eh oui pour la corde au cou… j’ai le dois à ma demande de grâce !! présidentielle.
Je t’adore… pas plus compliqué que cela.
Ton N°I el Viejo »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider in 1968. She is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, the two fled to Quebec and continued their criminal activities. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had resided on the night of the murder).
Back in France to serve her sentence in Fleury-Mérogis at the beginning of 1973, Jeanne learned that Mesrine had just been arrested in Boulogne-Billancourt and sentenced to 20 years in prison. Tired of this gangster life, Jeanne Schneider ends up settling down and breaking up while Mesrine is still in prison. Public enemy number 1 does not stop. He fiercely condemned his conditions of detention in QHS and then escaped. He fell under the bullets of the BIS after 16 months on the run, on November 2, 1979, at the age of 42.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph poem signed « Paul Eluard »
N.p, 1942, 1 p. in-folio (21 x 31 cm) on brown paper
Made-to-measure framing, under Museum glass, floating document on grey Marie-Louise, golden frame
Slight fold marks (professionally attenuated)

A magnificent poem, opening the collection Au rendez-vous allemand and symbolizing alone the spirit of the Resistance


Avis

La nuit qui précéda sa mort
Fut la plus courte de sa vie

L’idée qu’il existait encore
Lui brûlait le sang aux poignets
Le poids de son corps l’écœurait
Sa force le faisait gémir
C’est tout au fond de cette horreur
Qu’il a commencé à sourire
Il n’avait pas UN camarade
Mais des millions et des millions
Pour le venger il le savait
Et le jour se leva pour lui

1942

Paul Eluard


In Raisons d’écrire, Paul Éluard gives the following comment on this poem: “Anonymous, Avis was asked of me by Paulhan for a newspaper that could not be published. On the walls of Paris, notices, threats or lists of hostages, were displayed, frightening some and shame all.” The first “notices” were posted on the walls of Paris during the winter of 1940-1941).

First published in Les Poèmes français, Lausanne, 1943, without signature, the poem was then reprinted in L’Honneur des poètes [II], p. 78, signed “Jean du Haut”, then in Traits (July, n°7), anonymous and untitled. It was later reproduced in Paul Éluard, Parrot (1944), p. 146, before appearing in Au Rendez-vous allemand and deliberately placed in first place by the poet. It was also set to music by Elsa Barraine in 1946. The score is dedicated to the memory of the resistance fighter Georges Dudach, shot as a hostage by the Germans in 1942 at Mont-Valérien.

One of Éluard’s most moving poems

[CÉLINE] Capitaine Schneider & Colonel Blacque-Belair

Two autograph cards signed [Correspondence of the Armies of the Republic] :

Autograph card-letter signed « Schneider » to Louis Destouches
« Ledringhem (North of France), 2dn December 1914 », 1 p. small in-8°
Autograph address on recto:
« [M]al des Logis Destouches du 12e Cuirassiers / Hôpital auxiliaire n°5 Hazebrouck »

Autograph card-letter signed « Colonel Blacque-Belair » to Monsieur [Fernand] Destouches
N.p, « 27.12.1914 », 1 p. small in-8°
Autograph address on recto:
« [M]onsieur Destouches / 11 rue Marsollier / Paris »
Some stains, postmarks

Two important testimonies relating to the wound and the military medal of Marshal Destouches


Capitaine Schneider to Louis Destouches
« Mon Cher Destouches, je reçois à l’instant votre lettre de l’hôpital d’Hazebrouck et je suis désolé que votre blessure soit aussi grave ! Espérons néanmoins que les conséquences ne seront pas ce que vous craignez, et qu’après la guerre, en vous soignant, vous pourrez vous rétablir complètement. Je le souhaite bien vivement pour vos parents et votre situation. J’ai donné de vos nouvelles au Colonel et au docteur. Je serai toujours très heureux d’en avoir, – et de meilleures !
Au revoir, mon cher Destouches, et croyez-moi toujours bien affectueusement vôtre.
Schneider »

Colonel Blacque-Belair to Fernand Destouches
« Monsieur Je vous remercie de votre aimable lettre. J’ai été content d’avoir pu faire obtenir à votre fils la médaille qu’il méritait moins pour sa blessure que pour son courage. Qu’il prenne tout son temps pour se guérir. La campagne n’est pas finie.
Veuillez croire à mes meilleurs sentiments.
Colonel Blacque-Belair »


27 October 1914: a pivotal date
Mobilised since 20 October 1914 around the village of Poelkapelle, about ten kilometres north of Ypres, Marshal Louis Destouches volunteered on the 27th to leave at the head of a small platoon. On almost perfectly flat landscapes where bullets could travel long distances, Destouches was wounded for the first time, thrown against a tree by the blast of a bursting shell. Continuing his mission, he was then hit by a ricochet bullet, fracturing the bone of his right arm. He will have lifelong after-effects of both injuries: neuritis and partial disability of the right arm, Meniere’s vertigo and permanent noises in the ear canal. Céline evokes this episode in the first lines of Guerre (Gallimard, 2022): “I have always slept like this in the atrocious noise since December 14. I caught the war in my head. She’s locked in my head.”

Captain Schneider commanded the second squadron of the 12th Cuirassiers to which Louis Destouches had been assigned at the time of his enlistment in May 1912. The officer knew Fernand Destouches, Louis’ father, and kept him regularly informed of his son’s conduct and morale.

Henri Blacque-Belair had just taken command of the 12th Cuirassiers in December 1914. Coming from a large family, he was a well-known figure in the army and Parisian society. He will remain for Céline, who probably only approached him from afar, a prestigious and almost tutelary figure. It was through him that Private Destouches was awarded, on 25 November 1914, the Military Medal awarded to him by Joffre, General Commanding in Chief. The mention reads: “In liaison between an Infantry Regiment and its brigade, spontaneously offered to carry under heavy fire an order that the infantry liaison officers hesitated to transmit. Carried this order and was seriously wounded during his mission. »
In his biography Céline (Gallimard, 2011), Henri Godard reminds us that “there is not one of the novels written after 1945 in which wounds and medals, witnesses of a new life begun […], are not recalled and used as elements of his defense.”

Very scarce documents

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph postcard to his parents
[Flanders], 16 Oct[ober] [19]14 (postmark), 2 pages in-12°
Autograph address: « MR Destouches / 11 Rue Marsollier / Paris / France »

Moving and very first missive sent to his parents from the front in Flanders, less than ten days before his arm injury


« Chers Parents
Je vous écris d’un pays presque étranger où l’on ne parle que le flamand. Après plusieurs journées malheureusement orageuses, nous avons eu la victoire mais nous déplorons la perte de pas mal d’entre nous. L
[ieutenan]t Troucout, Jozan, Doucerin, Legrand, Brigadier Trelat et pas mal de nos pauvres camarades continuons quand même et vaincrons sûrement.
Nous sommes méconnaissables tellement nous sommes abîmés par les bivouacs. Enfin ce n’est rien si nous les sortons du pays.
Bien reçu les 6 colis merci beaucoup.
J’apprends les blessures de pas mal d’entre nous, j’ai appris aussi que ce pauvre Max Linder avait été tué à Esternay. C’est effrayant ce qu’il y en aura après cette guerre maudite. L’hiver surtout arrive et les nuits du nord sont mortelles au bivouac. Enfin soyons là et essayons d’être un peu là. »


Céline, who was still only Louis Destouches, was appointed, in May 1914, maréchal des logis after having joined the 12th Cuirassier Regiment in Rambouillet two years earlier, as an enlisted man. The young soldier was mobilized in the early hours of the war, on August 1. He left for Woëvre, where he campaigned until 1 October 1914, when he went to Flanders. As his map shows, Destouches evokes the scenes of chaos he witnessed first-hand. It is these visions of horror that are inscribed in the depths of his mind, like the shrapnel that will soon be inscribed in his flesh. This pivotal period of his life would form in him “a thousand pages of nightmares in reserve”, as he confided to Joseph Garcin at the time he began to write Voyage au bout de la nuit: “The one of war naturally holds the head. Weeks of 14 under viscous showers, in this atrocious mud and this blood and this and this of men, I will not recover” (Letters, Pléiade n°30-6).

When the name of Max Linder is mentioned here, the only occurrence of the famous French burlesque actor in his correspondence, one is tempted to think that Céline liked the character. The latter is also briefly quoted in Death on Credit, in a scene where Courtial des Pereires addresses Ferdinand: “Go ahead, Ferdinand! Go for a walk! he said to me then… Go to the Louvre! it will do you a lot of good! Go to the Boulevards! You like it, Max Linder! (Roman I, ed. H. Godard, Pléiade, p. 877).
Max Linder was brought back from the front dying. Discharged, he resumed his activity in 1916, considering himself recovered. He committed suicide on October 31, 1925 at the age of 41.

A highly rare document from this period.

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Period film print
[Winter 1944, Berlin area?], 5,9 x 9 cm
Tiny flaws on surface

Vintage print of the writer with autograph annotation


This unusual print depicts Louis-Ferdinand Céline from the bust, his face facing three-quarters to the left. With heavy eyelids and pursed lips, the writer seems to have been caught “in the moment” and not posing in front of the camera.

On the back of the print, Céline writes:
“Chez les Nibelungen police”


This portrait dates from the winter of 1944, in Northern Germany, when Céline tried to pass through Denmark via Rostock, before returning to Sigmaringen. He sent it to several correspondents. This photograph is addressed in particular to Doctor Alexandre Gentil, a military doctor and close to the Destouches couple’s entourage.

In another copy of this print, reproduced in Céline 1944-1961 (François Gibault), Céline sheds more light on the circumstances in which this portrait was made: “Photo taken by the German police of Neurupin Prussia at the office of Krantzlin 1944 LF”

Precious Celinian relic

BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)

Autograph letter signed « Charles » to his mother, Madame Aupick
[Paris], « Wednesday » [28th October 1863], 1 p. in-8°
Tiny repair with Japan paper on lower margin, without affecting the text
One word crossed off by Baudelaire

Baudelaire announces to his mother, not without bitterness, the transfer of his rights for the complete translation of his Œuvres d’Edgar Poe to his publisher Michel Lévy


« Ma chère mère,
J’espérais une lettre de toi ce matin. Ce voyage s’est-il effectué sans ennuis et sans accident, et surtout comment te portes-tu ?
[Madame Aupick avait rendu visite à son fils à Paris durant le mois d’octobre]
Oui, l’affaire Lévy est vidée. J’abandonne demain tous mes droits à venir pour une somme de 2000 francs payables dans une dizaine de jours. Ce n’est même pas la moitié de ce qu’il me faut. Il faut donc que la Belgique paie le reste. Je vais écrire en Belgique pour un traité (car je me défie des Belges), un traité disant le prix de chaque leçon, combien de leçons en tout, et combien de leçons par semaine.
Le Poe donnait (à moi) un revenu de 500
[francs] par an. Michel [Lévy] a donc traité la question comme on traiterait de la vente d’un fonds d’épicerie. Il paie simplement quatre années du produit. Je t’embrasse. Écris-moi.
Charles »


The contract was signed between Charles Baudelaire and Michel Lévy frères three days later, on November 1, 1863 (which fell on a Sunday, no doubt to facilitate the accounts).
The transfer of all his rights to Lévy includes: Extraordinary Stories; New Extraordinary Stories; The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket; Eureka (not yet published); Tales of the Grotesque and Arabesque (not yet published).
The publisher took advantage of the bleeding financial situation in which Baudelaire was, increasingly driven into debt. In another letter to his mother of 25 November, Baudelaire also admitted that Lévy “undertook to divide this money among some of [his] creditors”. This treatise is all the more terrible for him because of all his works published during his lifetime, only Poe’s translations were successful in bookstores.
The “lessons” evoked here by the poet were in fact lectures that he gave the following year, when he was settled in Brussels. He pronounced a total of five, hoping to attract the attention of Albert Lacroix (1834-1903), the publisher of Les Misérables. They did not meet with the expected success.

ZOLA, Émile (1840-1902)

Two autograph letters signed « Emile Zola » to Philippe Gille
Paris, 13th April 1878, 2 p. in-8°
With autograph envelope (small missing bit on one angle), stamped and obliterated
Médan, 9th August 1878, 1 p. in-8°
With autograph envelope, stamped and obliterated

Two unpublished letters relating to the illustrated version of L’Assommoir, the writer’s first great publishing success


« Mon cher confrère,
Charpentier me dit qu’il vous a envoyé de son côté deux exemplaires. Voilà qui va bien ? Je vais faire en sorte que vous ayez la primeur des extraits. Et merci mille fois.
Mais je voudrais vous parler d’une autre chose. Comme je désespère de trouver une matinée la semaine prochaine, je me décide à vous écrire. Il s’agit de l’édition illustrée de l’Assommoir, qui va paraître chez Marpon. Certaines gravures sont très-curieuses. J’ai pensé qu’il serait peut-être intéressant de publier une page de ces gravures dans votre supplément de dimanche 21 avril en huit [les illustrations ont bien paru dans le numéro du 21 avril] (la première livraison paraîtra le 25). Est-ce possible ? C’est ce que j’ignore. Veuillez donc demander à M. de Villemessant [Hippolyte de Villemessant, propriétaire du Figaro]. Naturellement, j’en serais ravi. Dans le cas où l’affaire serait jugée faisable, je vous enverrai les gravures afin qu’on puisse les voir et choisir parmi elles. Il est bien entendu que vous auriez la primeur de ces dessins.
Un mot de réponse, je vous prie, afin que si vous jugiez la chose impossible, je puisse laisser distribuer les clichés aux autres journaux. Nous n’aurions que tout juste le temps d’arriver.
Bien cordialement à vous
Emile Zola »

« Mon cher ami,
Je vous écris en solliciteur. Pourriez-vous me faire une réclame dans le Figaro ? Je tiendrais beaucoup, en ce moment, à ce que vous trouviez moyen de dire à vos lecteurs, dans un écho, que l’on tire chez Charpentier la cinquantième édition de l’Assommoir. Si cela est possible, amenez la réclame comme vous voudrez, rédigez le reste à votre gré, et vous m’aurez infiniment obligé.
Mille mercis à l’avance, et quoi que vous puissiez faire, croyez-moi votre bien dévoué et bien reconnaissant.
Emile Zola »


The scandal triggered by the seventh volume of the Rougon-Macquart was such that it contributed to the success of its author, thus provoking the opposite effect desired by his many detractors. The copyright on the novel also allowed Zola to acquire his country house in Médan, which he would continue to embellish. After its publication in volume form by Charpentier, on January 25, 1877, an illustrated edition of L’Assommoir was published by Marpon and Flammarion the following year, on April 25, 1878. Bringing together an astonishing variety of styles and motifs, it includes 70 engravings, made by 22 artists: with 17 plates, André Gill is the main illustrator, followed by Clairin, Frédéric Régamey, Georges Bellenger, Norbert Goeneutte, Gervex, Butin… Renoir is the author of four compositions. For one of them, he produced a preparatory study that has remained famous, depicting Nana and her friends walking on the boulevards (chapter XI of the novel).
Zola several times addressed his friend Philippe Gille (1831-1901), who was in charge of the new books section in Le Figaro, to ask him to announce some of his publications by giving him excerpts of which the journalist was thus the first.

BARBARA, Monique Serf, dite (1930-1997)

Autograph letter signed « Barbara » to Jean [Poissonnier]
N.p.n.d [Amsterdam, c. 1976], 1 p. 1/2 in-8°, Apollo Hotel letterhead
Small tear on central fold

Very rare letter from the singer to her childhood sweetheart


« Cher Jean
C’est d’ombres et de lumières, c’est loin, très loin, si loin que
[j’]ai pensé n’en pas revenir jamais.
Je me souviens de vous deux, à l’instant et de la chaleur de vos présences.
Je vous embrase très affectueusement et vous remercie de la force que vous me donnez
Barbara »


Jean Poissonnier, a songwriter, was Barbara’s childhood sweetheart when the two stayed at the Château de Boisrenault in the Indre in 1957. They remained close friends, as evidenced by this intimate letter from the singer, evidently in the midst of a difficult episode in her life.
Recognized as one of the greatest French voices with a mannered and dramatic singing style, but also as an extraordinary songwriter, Barbara’s health was fragile. She died at only 67 years old, and ended her career very weakened by an unbalanced diet, worn out by stimulants and drugs taken in massive doses to calm her chronic anxieties. His mythical songs such as Dis, quand revenirs-tu?, Nantes, Göttingen, L’Aigle noir or Ma plus belle histoire d’amour are now in the Pantheon of French song.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Autograph letter signed « Louis-Napoléon » to his friend Pierre de Bourgoing
Camden Place [Chislehurst], 27th February 1871, 2 p. in-8°
Some very slight browning, discreet mounting mark on second page

Famous and magnificent letter from the Prince Imperial, written the day after the signing of the preliminary peace treaty of Versailles, putting an end to the Franco-Prussian War of 1870


« Mon cher Bourgoing, c’est un bien grand soulagement pour nous qui sommes si loin du pays, de penser qu’à présent on ne se bat plus en France, en effet vous ne sauriez croire combien c’est pénible quand on ne peut faire pour sa patrie que des vœux, de penser qu’à chaque minute qui s’écoule des centaines de français tombent sur les champs de bataille. On se reproche presque chaque bouchée de viande, chaque gorgée de vin en pensant aux pauvres gens qui meurent presque de faim dans nos villes et dans nos places fortes. Espérons que la fin de nos misères est proche et que la France pourra bientôt fermer ses plaies. Croyez bien mon cher Pierre que je pense souvent à vous ! Je regrette bien les jours où je vous voyais presque tous les dimanches, et nos grandes parties à Paris ou à Saint-Cloud, qui a été brûlé comme vous le savez sans doute. Qui aurait dit quand nous nous y battions à coups de marrons l’été dernier que les Français et les Prussiens s’y égorgeraient !
Faites, je vous prie, mes amitiés sincères à M. et à Mme de Bourgoing.
Je vous embrasse de tout cœur, votre très affectionné ami.
Louis-Napoléon »


Exiled since the capitulation of Sedan, the Prince Imperial and his mother Empress Eugenie found refuge in October 1870 in Chislehurst, south-east of London, under the benevolence of Queen Victoria. Very aware of the news from France, this moving letter testifies to the affliction felt by the young Prince for the French troops.
The preliminary peace treaty, which put an end to the Franco-Prussian War of 1870, was signed in Versailles on 26 February 1871 between the two belligerents. Concluded before the complete military collapse of France (battles were still taking place in the North under the command of Faidherbe and in Belfort, under the command of Denfert-Rochereau), the treaty was confirmed on 10 May 1871 by the Treaty of Frankfurt.

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed « Louis » à sa femme Lucette, under cover of Erik V. Hansen’s lawyer
[Vestre Faengsel Prison, Copenhagen], 16 February [194]6, 2 p. in-folio with pencil
Typographical annotation « 18 » for the edition Lettres de prison
Some stains, browning, fold marks, upper margin tears

A long letter about his hatred against Jews and communists, his “hide and seek” game with the French authorities, his tenderness for Lucette and his memories of Montmartre

“The books that they want me to expiate, Bagatelles and L’École were published almost 10 years ago! The Journey the beginning of my misfortunes in 1933!”


« Dear sir, I wish you would have this letter translated for you by my wife as it is too complicated to write in english. Mon petit chéri. Avec grande inquiétude je te vois trouver toute naturelle l’idée d’aller me faire juger à Paris. Peste non ! Je ne consens à rien de la sorte. Je m’accroche au Droit d’Asile comme un diable ! Comme un juif ! Jamais aucun d’entre eux réfugiés ici n’a consenti sur de belles paroles à aller se faire juger par Hitler ! Foutre non ! Mon cas est exactement le même. Bien sûr que les Danois seraient enchantés que je me livre moi-même. Quelle belle épine du pied ! Je ne consentirai jamais il faudra qu’ils me livrent qu’ils prennent la responsabilité après m’avoir bel et bien accueilli pendant un an. Ce qui aggrave d’ailleurs mon cas à Paris. Le Parquet de Paris a lancé un mandat pour trahison. Il s’agissait d’un coup d’esbroufe vis-à-vis des Danois qui devait réussir dans les 24 heures ou faire long feu si on demandait des détails. Mais l’accusation trahison a bel et bien été notifiée officiellement. Il faut les piper à leur propre bluff. Dans le Code français et surtout celui de l’Épuration trahison = mort. Or le droit d’asile n’est de coutume conféré qu’aux réfugiés politiques menacés de mort. Le Gouvernement français prend soin de me notifier officiellement qu’il veut me fusiller. Quelle chance ! À bien retenir et mettre en valeur […]. On me trouvera vite le Grand responsable de tous les martyrs juifs. La populace ne demande qu’à le croire. Il ne s’agit d’ailleurs pas de justice ni de vérité mais servir ma tête en vengeance aux juifs et aux communistes. C’est tout. On trouvera les arguments, on les inventera. Marie [Canavaggia] est comme Louise [l’héroïne de l’opéra de Gustave Charpentier que Céline cite à plusieurs reprises dans Féérie]. Elle a l’imagination bégnine. Elle ne voit pas l’avenir atroce – jamais. Je suis réfugié politique menacé officiellement de mort. C’est tout. Si la Légation qui connaît si bien mon adresse voulait être renseignée sur mes allées et venues il lui était facile de me faire mander à la Légation mais on m’a fait jeter en prison bien dans l’intention de me livrer ficelé aux bourreaux de Paris. À présent que le pétard a fait long feu on se perd en chicanes et en mauvaise foi. Ils sont incapables d’expliquer aux Danois pourquoi et comment je suis traître […]. Pour les menaces de mort elles ont dû être détruites lors du pillage de la rue Girardon [référence aux menaces anonymes que Céline recevait par la poste à la fin de l’Occupation à son adresse du 4, rue Girardon]. Mais il y a mieux. Dans les journaux clandestins de la Résistance j’étais souvent sans aucune provocation de ma part promis au supplice […] Si Paul-Boncour se désiste il faudra songer à Maître Aubépin, le défenseur de Pétain qui me paraît très brave […]. Je n’aurai pas trop de deux avocats […] À Paris la frousse règne ils s’avanceront difficilement. Il faut s’accrocher au Danemark. Comme les juifs nos maîtres en toute chose. Le fait que j’ai été en Allemagne m’accable pour les Français mais si j’étais resté à Paris ils m’auraient assassiné […]. Je vois beaucoup d’oiseaux ils chantent au premier soleil. Ils sont bien malheureux comme moi lorsqu’il fait sombre. Tu m’as bien appris à aimer les petits oiseaux. C’est une bien grande joie dont je profite à présent derrière mes barreaux. Les jours rallongent comme disait Inès [La femme de ménage qu’employait le couple rue Girardon]. Dans le jardin de Barbe bleue les primevères ne sont plus loin [L’un des jardins que Céline apercevait depuis sa chambre]. Le merle a chanté tout l’hiver au boulodrome. Les anglais montent à présent Rue St-Vincent [rue de la butte Montmartre]. Chaunard [Claude Chervin] leur vend des aquarelles […]. Si les Communistes n’ont pas encore pris tout le pouvoir en France c’est qu’on a encore trop besoin des Américains pour la reconstruction. Lis bien les journaux français, surtout Le Monde et La Bataille – et la rubrique Épuration. Tout cela nous guide. Il est difficile aux Danois de se rendre compte de l’hystérie et de la haine politique et littéraire françaises. Cela leur paraît du roman hélas ils n’ont qu’à penser à la St Barthélémy – aux Huguenots, à 89, 48, 71 ! Ce n’est pas le côté Vie Parisienne. Ils ne veulent pas le voir. Mikkelsen seul je crois comprend parfaitement ce côté des choses. Les livres que l’on veut me faire expier Bagatelles et L’École sont parus il y a bientôt 10 ans ! Le Voyage le commencement de mes malheurs en 1933 ! Passe voir Hansen samedi pour les dernières nouvelles.
Louis »


The writer fled with his wife Lucette in the early hours of the Purge, in June 1944. Long months on the run followed, first in Baden-Baden and then in Sigmaringen, alongside the collaborationist intelligentsia. Once they arrived in Denmark (still occupied) in March 1945, they stayed in Copenhagen with Karen Marie Jensen, Céline’s friend and former mistress. The writer ended up being recognized by several sources. He was finally arrested on 17 December 1945 by the Danish authorities. France demanded Céline’s extradition, which was refused by the Danish Minister of Justice. The latter feared a hasty trial of the pamphleteer, and rightly so: under arrest warrant since April 1945, Céline was charged under article 75 of the penal code for intelligence with the enemy and would most likely have been shot if he had been found guilty after his extradition. A tug-of-war between the Danish and French authorities then began. Her lawyers Mikkelsen and Hansen are playing for time in order to spare Céline the fate of Brasillach. Fourteen months of detention followed for the writer which in a way saved his life.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph poem: Sans mot dire
N.p.n.d [late 1919], 1 p. in-8°
Typographical annotations

Beautiful poem from Aragon’s first collection: Feu de joie, published in 1920


SANS MOT DIRE

« Soir de tilleul Été
On parle bas aux portes
Tout le monde écoute mes pas
les coups de mon cœur sur l’asphalte

Ma douleur ne vous regarde pas

Œillère de la nuit Nudité
Le chemin qui mène à la mer
me conduit au fond de moi-même
À deux doigts de ma perte

Polypiers de la souffrance
Algues Coraux Mes seuls amis

Dans l’ombre on ne saurait voir l’objet de mes plaintes
Une trop noire perfidie
L’INTRIGUE Air connu
Cette racine est souveraine
GUÉRIT TOUTE AFFECTION »


Sans mot dire is one of the twenty-three poems that make up Aragon’s first collection of poetry, Feu de joie, published in 1920 by Sans Pareil. This work, which was part of a movement close to Dadaism, was, according to Alain Jouffroy, part of the “preparations for surrealism”, alongside André Breton’s collection, Mont de piété, published the previous year.
Lautréamont and Rimbaud were at the time Aragon’s poetic masters. They would have a decisive influence on him in the composition of the collection, whose poems are those of a youth in revolt, seeking to “repoetize” everyday life by talking about this daily life. Aragon leaves little room for traditional versification and shows an attachment to alliterations and assonances within free verse.

Our manuscript is, in all likelihood, the one used for publication before the printing of the first set of proofs. Note the typographical annotations of the editor in grease pencil indicating in the left margin the pagination “[pages] 42 [and] 43” and with a horizontal line the page change. The only variation that can be observed here is the absence of parentheses before and after “Known air”, which will appear on the text published in 1920.

BEAUMARCHAIS (de), Pierre-Augustin Caron (1732-1799)

Autograph letter signed « Beaumarchais » to Citizen Pierre-Charles-Louis Baudin
N.p, « ce 15 floréal » [4th May 1797], 1 p. small in-8°
Apostille « Rép[ondu] le 18 [floréal] » from the hand of Pierre-Charles-Louis Baudin
One word “Monsieur” crossed off by Beaumarchais

Quoting Voltaire, Beaumarchais sent his correspondent La Mère coupable, the third part of his Figaro Trilogy


« Vous Souvient il, Monsieur, de ces quatre vers de Voltaire à un Evèque ?

Vous m’envoyés un mandement.
Recevés une tragédie.
Et qu’ainsi, mutuellement,
Nous nous donnions la comédie !

Souffrés que je vous dise : Vous m’envoyés des choses aussi bien faites qu’importantes à la République ; Et moi, homme inutile ! Je vous prie d’accepter les rèveries de mon bonnet.
Je n’entends point m’acquiter auvers vous ; mais seulement vous engager a vous contenter, de ma part, de ce léger tribut d’une vive reconnaissance.
Beaumarchais
ce 15 floréal »

[« Rep. Le 18 »]


This letter is part of a sequence of epistolary exchanges between Beaumarchais and Pierre-Charles-Louis Baudin. We know Baudin’s reply to the “18 floréal”, as indicated by him in the lower margin: “My political abortions cannot become the equivalent of your dramatic work. As I read it with avidity, I perfectly felt how necessary Susanne’s bottle was. Your Irishman suffocates me […] however, observed that on the one hand political fanaticism as well as religious fanaticism explains many facts which seem to exceed the known measure of human wickedness; that, on the other hand, what we have seen that is most atrocious, most revolting, and above all most disgusting, had a character of brutal frankness, whereas in your Tartuffe it is a question of a refinement of hipocrite blackness, so managed, spun with so much art […] ». (Beaumarchais et le Courrier de l’Europe. Ed. Gunnar & Mavis von Proschwitz. Studies on Voltaire and the Eighteenth Century. Oxford : The Voltaire Foundation, 1990 ; p. 1173-1174, n°628).

When Baudin evokes the characters “Irish” [Bégearss], “Suzanne” [Figaro’s wife] and more broadly the praise he makes of the theatrical drama of his correspondent, we understand that the text sent by Beaumarchais is the third part of his Spanish [Figaro] trilogy: The Guilty Mother.
The play, performed on 26 June 1792 at the Théâtre du Marais, was a failure. The revival, at the Théâtre de la rue Feydeau, on 16 Floréal of the year V (5 May 1797), that is to say the day after this letter, was this time crowned with great success. The play represents the third part of the Figaro trilogy, after The Barber of Seville (1775) and The Marriage of Figaro (1778). Beaumarchais himself wrote a notice to comment on this third and final act: “After having laughed at the Barber of Seville at the turbulent youth of Count Almaviva, after having gaily considered in the Mad Day [The Marriage of Figaro] the faults of his virile age, come and convince yourself, by the picture of his old age, that every man who is not born, a dreadful villain always ends up being good. »

Although no letter between Voltaire and Beaumarchais has come down to us today, we nevertheless know the esteem in which they were held. In his book, Voltaire’s Kehl Edition. L’édition Kehl de Voltaire. Une aventure éditoriale et littéraire au tournant des Lumières, Linda Gil explains that “Their relationship is built on mutual admiration. Beaumarchais read Voltaire and admired his works. His own writing is often influenced by the style of the philosopher. As for Voltaire, “he cites Beaumarchais as an example to D’Alembert, he compares himself to him. A good part of his correspondence from the first months of 1774 is occupied with it.”

[AFFAIRE DREYFUS] ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Émile Zola » [to his publisher Eugène Fasquelle]
Paris, 5th February 1901, 1 p. n-8° on laid paper
Small stain on left margin (see scan)

Zola sent the last proofs of La Vérité en marche to his publisher and hurries him to launch the publication as soon as possible


« Mon cher ami, je vous envoie toute la Vérité en marche, définitivement corrigée, et il est inutile qu’on me renvoie de nouvelles épreuves. Seulement, avant de donner le bon à tirer, je vous prie de faire revoir avec soin mes dernières corrections.
Vous me ferez plaisir en activant le tirage le plus
[vite] possible car, pour toutes les raisons que vous savez, il est désirable que nous paraissions tout de suite. Veuillez donc donner des ordres en conséquence.
Affectueusement
Émile Zola »


Commissioned by Émile Zola, La Vérité en marche brings together the main texts of the writer’s commitment to the Dreyfus affair, including the famous “J’accuse…!”, which appeared on the front page of the January 13, 1898 issue of the newspaper L’Aurore. Although Zola urged his publisher to publish the work as soon as possible, it should be remembered that the Senate had voted five weeks earlier an amnesty law protecting the military and civilian conspirators responsible for the plot against Dreyfus from any legal proceedings. The writer thus wishes, contrary to the law passed by the Senate, to influence public opinion as much as possible. Fasquelle respected Zola’s wishes since the work was published on February 16, the last published during the writer’s lifetime.

MAUPASSANT (de), Laure (1821-1903)

Autograph letter signed « L. de Maupassant » to a dear friend
Aix-les-Bains, 13 Sep[tember] 1890, 4 pp. in-8° on mourning paper
One word and one letter crossed off by Laure de Maupassant
Fine condition throughout

An anxious mother in failing health, Madame de Maupassant gives news of her son Guy who is in her company


« Maison Bogey, route de Marlioz / Aix-les-Bains, Savoie
Me voici, selon ma promesse. Mais vous savez, ma chère amie, que je ne puis écrire que quelques mots bien courts, ma pensée et mes yeux se trouvent toujours dans le même état intolérable de fatigue. J’ai eu cependant quelques journées meilleures en arrivant ici, j’ai retrouvé un peu de sommeil et un calme relatif […] Je suis au nombre des incurables. J’ai trouvé mon fils [Guy] assez content du résultat des eaux de Plombières ; je crois pourtant qu’il eut bien fait de suivre de point en point l’avis des médecins, en allant tout de suite compléter sa cure en Afrique.
On sent ici déjà l’approche de l’hiver, et le vent qui passe sur les cimes neigeuses nous apporte parfois de désagréables frissons. Il fait beau, mais sans garantie pour le lendemain […]. C’est à Nice que j’irai en quittant Aix, et tout de suite je vous verrai. Pensez-vous un peu à moi ? Voyez-vous quelque espoir de me caser dans votre ville ? Il me semble que si j’avais un gîte assuré, cela ferait au moins un point fixe à mon esprit flottant […]. Dans l’état maladif où, tout est sujet de trouble […].
J’ai eu la joie très inattendue de voir ma sœur, que je croyais à Paris depuis longtemps déjà. Elle est venue passer près de moi une journée, qui m’a paru courte. La semaine, j’aurai la visite de ma plus jeune nièce, que j’aime tendrement ; vous voyez qu’on ne m’abandonne pas. Hélas ! ; j’ai besoin qu’il en soit ainsi, car je trouve mon fardeau bine lourd.
Je compte que vous allez m’écrire et me donner de longues nouvelles de tout ce qui vous touche. Allez-vous aux vendanges ? Un petit séjour à la campagne ferait grand bien à Madame votre mère, ainsi qu’à vous-même, ma bonne amie.
Adieu, je vous embrasse très cordialement […]
Guy vous envoie ses respectueux hommages.
À vous de cœur
L. de Maupassant »


At the time of writing this letter, Guy de Maupassant was in the company of his mother Laure, whom he was to leave on 23 September to go to Marseilles. The symptoms of syphilis showed their first adverse effects. He is prone to hallucinations accompanied by psychotic episodes that become more and more severe. He was finally interned in January 1892 and, like his younger brother Hervé, died of syphilis on 6 July 1893.
Laure de Maupassant used the mourning border after Hervé’s death on November 13, 1889.

LAURENCIN, Marie (1883-1956)

Lettre autographe signée « Marie Laurencin » à Roger Nimier
[Paris, 20 mars 1952], 4 p. in-12°
With autograph envelope
Two words crossed off by Marie Laurencin

The artist evokes her trial and the theft of the Mona Lisa in 1911, for which her former lover Guillaume Apollinaire had been suspected for a time


« Un petit bonjour de rien – et confidence
Ah ! procès
Je téléphone à un monsieur greffier pour un papier que je crois important – après avoir écrit – il me répond de ne pas affoler son patron avec mes lettres –
Je m’excuse mais c’est dur – ce procès me fait tomber. Suzanne [sa fille adoptive Suzanne Moreau-Laurencin] me relève.
Les juges me font peur depuis l’histoire de Guillaume Apollinaire.
Je croyais qu’il avait été quinze jours à la [Prison de la] santé et je sais très bien que le juge d’instruction de ce temps-là lui avait dit [:] Si vous me dites où est la Joconde on vous relâche ! Pauvre Guillaume –
Ce n’est pas joli d’avoir lu et tout cela pour ne plus avoir de chat ni de chien – mais de l’air.
Au revoir Roger Nimier
Marie Laurencin
[Marie Laurencin complète sa signature d’arabesques à main levée]

C’est Me Maurice Garçon mon avocat. Alors ne parlons pas – lui grand seigneur.
Une lettre de G[uillaume] A[pollinaire]
Je couche avec la gouvernante quand on dit dans la même émission que cette dame a 86 ans vit en Californie et surtout a écrit une lettre admirable sur Guillaume Apollinaire.
Surtout que de vérités oubliées. Le rôle de Jean Royère [décorateur français] qui vit encore à accueilli dans la Phalange [revue littéraire ayant paru entre 1906 et 1939] Guillaume et surtout avec sa femme avait table ouverte pour le poète – Monsieur Adéma ne sait pas tout [Marcel Adéma venait de faire paraître Guillaume Apollinaire, le mal aimé]


Marie Laurencin is in the middle of a lawsuit to recover the apartment from which she was evicted in 1944 because it was deemed too large for two people. She found refuge with Count Étienne de Beaumont until March 1955, at the end of an interminable procedure. She won her case and was finally able to return home in 1955. She died there the following year at the age of 72.

The theft of the Mona Lisa was perpetrated by the Italian glazier Vincenzo Peruggia, who wanted to see the work returned to its country of origin. This was followed by a major investigation during which Pablo Picasso and Guillaume Apollinaire were questioned.

LAURENCIN, Marie (1883-1956)

Autograph letter signed « Marie Laurencin » to Roger Nimier
Saint-Benoît-sur-Loire, « 30th August » [1952], 3 p. 1/2 in-12° accompanied with an original colour drawing by the artist
Autograph envelope included

Friendly letter to the young Roger Nimier on her bookshelf – Marie Laurencin accompanies her letter with an original drawing illustrating her room in which she is hosting the writer Gunnel Wallquist, translator of Proust into Swedish


« Retour le 2 septembre. Hé bien – Roger – les vacances.
Je ne sais pas ce que c’est mais le repos oui –
et je me suis bien reposée –

Je vous envoie une autre partie de la chambre de Gunnel Wallquist – mon inconnue.
Elle est jeune, blonde, très grande suédoise presque toujours habillée en pantalons à ce qu’on m’a dit d’elle et nouvelle convertie.
Quand même Bernanos a écrit une vie de St-Dominique [Saint Dominique, paru en 1928].
À son lit de mort St Dominique s’est accusé – d’avoir préféré la conversation des femmes jeunes à celle des vieilles.
Je comprends plus les Dominicains généralement accompagnés de belles jeunes femmes.
Par exemple le Père Coutario et madame Jouhandeau.
Il a fait un temps magnifique nous avons un grand chien à promener.
Vôtre Marie Laurencin
Les livres que vous voyez sont ou des manuels de chant grégoriens ou des missels. Toute la liturgie.

Le petit peu de bibliothèque
Mauriac – Proust – Gide – Bernanos etc.
Et tout en bas le Genêt, Il y a encore une bibliothèque
La vie de tous les ordres etc. etc.
C’est bien simple je n’ai plus rien à lire.
La vie des Saints de Jacques de Voragine m’amuse plus que tous ces livres et elle ne l’a pas.

J’oubliais
Les offices bénédictins valent le voyage.
Que je suis bête
Il y en a Paris aussi. »


Gunnel Wallquist (1918–2016) was a Swedish writer and member of the Swedish Academy. She wrote several essays on religion and the Catholic Church, of which she is a follower. Between 1965 and 1982, she translated the seven volumes of Marcel Proust’s In Search of Lost Time into Swedish.

PICASSO, Pablo (1881-1973)

Autograph letter signed « Picasso » to Max Pellequer
[Château de] Vauvenargues, « 13.[0]5.[19]59 », 1 p. in-4°

Picasso writes to his friend and advisor Max Pellequer about a financial project


« Mon cher Max. Je vous envoie le chèque pour le percepteur du 6e A(70.000) [probably for his apartment at 7, rue des Grands Augustins in the 6th arrondissement] dans cette lettre. Je vous écrirai bientôt pour notre et votre projet de banque ici et à Cannes. [Jaime] Sabartés est parti et est déjà à Paris. Il vous verra dès que vous serez rentré.
Milles amitiés de nous deux pour vous deux.
Je vous embrasse.
Picasso »


A banker and shrewd art lover, Max Pellequer amassed a considerable collection of modernist works in the 1920s. In 1920, he married Francine Level, niece of the merchant and businessman André Level. It was through the latter that he met Picasso in 1914. This meeting marked the genesis of an unbreakable friendship between the two men. Pellequer became one of the artist’s closest friends, but also his banker and financial advisor. For more than 30 years, he acquired an incredible collection of paintings and sculptures from Picasso. The epistolary relationship that they maintained all these years allows us to take the measure of the ties that united the two men.
Still with the precious help of his friend Max, Picasso acquired a 14th-century castle in 1958, in Vauvenargues, near Aix en Provence, at the foot of the Sainte-Victoire mountain. He occupied it intermittently between 1959 and 1962. On this subject, he told Danier-Henry Kahnweiler: “I bought Cézanne’s Sainte-Victoire. Which one? The real thing.” It was in the park of this same property that the painter was buried in a noxious atmosphere, on April 10, 1973.

Jaime Sabartés (1881-1968), mentioned here, was a Spanish poet who was for a long time Picasso’s private secretary, whose biography he published: Picasso: Toreros, in 1961.

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter to Emmanuel Arago
[Nohant, 3rd January 1836], 3 p. in-4°
Fold marks, broken red wax seal affecting three words
Several pinholes on second folio, five words crossed off by Sand with slight ink corrosion

A long and important letter from the novelist, affected but nevertheless confident in view of her trial for marital separation


« Bon frère, te portes-tu bien maintenant ? As-tu lu la drôle de lettre que Maurice m’a envoyée dans la tienne ? C’est tout un conte fantastique* [voir notule infra]. Je n’ai jamais vu d’enfant avoir mieux l’esprit de son âge [13 ans]. Rien au-dessus, rien au-dessous. C’est une bonne nature, lente mais sûre. Il faut que tu me fasses le plaisir de lui écrire des lettres et d’en exiger les réponses. Écris-lui sur tout ce qui te passera par la tête. Instruis-le en l’amusant. Rien ne forme le jugement et le style comme les lettres, à cet âge-là. Au nôtre, on a des affaires, hélas ! et les lettres sont rarement les épanchements du cœur ou les réflexions de l’esprit. Prends cette peine, je t’en prie. Tu les lui remettras toi-même de temps en temps, et quand ses lettres seront logiques, quelque folles qu’elles soient, approuve-les pour l’encourager. Si elles sont bêtes et désordonnées, fais-lui voir en quoi elles pèchent. Fais-toi aimer surtout ; tu me remplaces en mon absence. Je t’élis son frère aîné. Je suis forcée d’avoir avec lui une certaine gravité, qui est dans la nature même de l’affection maternelle. Tu peux te mettre plus à mon niveau, et d’ailleurs ton âge [24 ans] se rapproche du sien.
Bonsoir. Je te quitte pour retomber dans le travail jusqu’à ce que le jour se lève. Si je ne craignais de me faire de sots compliments, je te dirais bien que ma vie est héroïque de travail, à présent. Forcée de faire face à mille dépenses : procès, maison, qu’on m’a laissée vide est dévastée, dettes arriérées à moi, je bouche tous ces trous effrayants, mais je suis condamnée toute cette année à une énorme activité de plume, (je ne veux pas dire d’esprit, on s’en passera) et à beaucoup de privations. La plus grande pour moi, c’est de ne pouvoir obliger comme à l’ordinaire. Beaucoup d’ingrats (c’est le plus grand nombre des malheureux), me savent mauvais gré d’être dans la gêne. Quelques-uns m’y montrent, au contraire, un beau caractère. Un paysan est venu ces jours-ci me demander de lui prêter quelques centaines de francs. Je lui montrai l’état de mes affaires, et il vit que je ne pouvais pas. Alors, il me proposa d’aller vendre ses bestiaux pour me donner de l’argent en me disant : “Vous voyez bien que nous sommes gênés tous deux. Je le serai doublement quand j’aurai vendu mes bêtes, mais il n’y aura que moi, et une autre fois vous ferez ça pour moi”. J’eus toutes les peines du monde à l’en empêcher. En regard de cela, il faut mettre le trait d’une femme qui me doit le pain qu’elle mange, et qui, pouvant témoigner avantageusement pour moi dans mon procès, prétend ne pas [se] souvenir de fait qu’elle m’a racontés elle-même lorsqu’ils arrivèrent. Le tout, pour ne pas sembler hostile à mon adversaire [son époux Casimir Dudevant], car on ne sait qui perd ou qui gagne à ces jeux-là, dit-elle.
Faut-il se fâcher contre l’humanité ? Moi, j’ai usé toute mon indignation dans le temps que j’étais plus jeune. Rien ne m’étonne plus, ni le mal, ni le bien. Les Vénitiens ont une exclamation qu’ils placent à tout propos, quand on leur raconte les choses les plus surprenantes. Omem ! disent-ils. C’est à dire Homini, en italien [il faut traduire : “les hommes sont ainsi, pourquoi s’étonner ?”]. Quand ils ont dit cela, ils regardent en l’air et pensent à autre chose. L’eau qui coule ne les étonne ni plus ni moins que les actions humaines [memories of her stay in Venice with Alfred de Musset].
Bonsoir frère. Bonne année. Je t’embrasse. –
Je ne peux quitter mon procès. J’espérais m’échapper. Mais l’enquête arrive. Il faut que j’y assiste. Plains-moi d’être huit jours en présence de témoins dont la plupart sont bêtes ou fripons. Je suis sûre de gagner. Cela me console. Reconquérir mes enfants, mon toit paternel, mon air, je ne peux pas dire natal, mais c’est tout comme, le voisinage de mes vieux amis, mon bon silence, mes longues nuits de solitude, tous les bonheurs que j’ai ici, l’éloignement et l’oubli de ce fangeux Paris, où, hors de mes enfants, toi, et ensuite deux ou trois personnes, je n’ai pas une sympathie réelle, voilà mon but, et qui veut la fin, veut les moyens. Quand je serai en sûreté chez moi, tu viendras m’y voir. J’y compte. Adieu.
Je te prie d’aller chez Buloz prendre connaissance d’un reste d’épreuves de la première partie de Simon. Corrige-le en conscience pour la langue, mais sans chercher la grande épuration de style. Le style doit être simple et sans façon, comme le sujet. »


The marital situation between the Dudevant couple showed its first cracks when George Sand realized that everything separated her from her husband: coarse, uncultured, with such a dissimilar upbringing and whose tastes were totally different from his own. She also wants to be independent, work and manage her own property. Extra-marital affairs in each of them also contribute to the couple’s downfall. When she finally discovers that her husband’s will boils down to grudges against his wife, the separation becomes inevitable. On February 16, 1836, the civil court of La Châtre handed down its judgment and pronounced the separation of the Dudevant couple, in bed and board and in property. Casimir Dudevant had to pay Aurore a pension of 3,000 francs as stipulated in their marriage contract.

The son of a scientific icon, lawyer and republican politician, Emmanuel Aragon met George Sand, eight years his senior, in 1832 through Balzac. Their friendship lasted 44 years, until the novelist’s death in 1876. She bears him the affection of a big sister for her little brother, revealing to him all her joys, but also her most intimate sorrows, like the painful episode of her separation from Chopin, eleven years later. Their correspondence, forming a corpus of 131 letters, brings to light confidences such as are rare between a woman and a man.

*Maurice tells of an absurd dream in which Emmanuel Arago becomes a master of studies, then a mason building a balcony in the attic of the Quai Malaquais; Subsequently, Maurice found himself at Nohant with Emmanuel’s head and that of his master in his pocket.

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed « Comte Alexandre-Marie de Maleperche » to Noémi Révelin
Cannes [1927 ?], 1 p. in-12°
Autograph address, post marks

An intriguing letter to the woman who ran a salon that was popular with the whole of Paris during the interwar period, and signed with one of her many pseudonyms


« Madame,
Sans avoir le grand bonheur de vous connaître, je ne suis pas sans avoir ouï parler de vos vertus. Une personne distinguée et digne de foi m’a appris tout dernièrement que vous avez même eu l’attention de fleurir de muguet la colonne érigée à la Muse, à l’occasion du Premier de mai.
Quoique je sois éloigné de mériter ce doux témoignage, je suis poète – bien modeste à la vérité et tout provincial ! Mais enfin chacun a sa colonne voisine et l’aimerait voir fleurir par de si tendres mains.
Dans l’espoir de toucher (quelque peu du moins) votre bon cœur, j’ai l’honneur de me dire, Madame, votre véritablement respectueux et dévot :
Comte Alexandre-Marie de Maleperche etc.
Docteur en droit »


While it is undeniable that Paul Valéry and Noémi Révelin enjoyed a great friendship and social complicity, their relationship remained very ambiguous if we are to believe the notes that the poet may have addressed to him, and like this letter, which can be read in the form of metaphors that are ambiguous to say the least.
Valéry was in the habit of inventing pseudonyms with his acquaintances and intimates: for example, the variants of his correspondence with Julien-Pierre Monod, his “Minister of the Pen”, the “dear Anthrope with a human face”, etc. Here he calls himself “Doctor of Laws”, whereas it is usually “Licentiate in Law”.

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed « LD » to Jean-Gabriel Daragnès
Copenhagen, 19th March [19]47, 2 p. in-4° on lined paper
Some missing bits on margin, tiny tears (see scans)

With a stubborn resentment, Céline paints a murderous portrait of the woman he suspects of having denounced him to the authorities


« Mon vieux. Pour la petite histoire et la bonne rigolade. Tout fini par se savoir… Lis cet écho. Le 10 Déc 1945 j’ai en effet été rencontré dans la rue de Copenhague mais pas par un Français mais par une Danoise mariée à un Français, la maîtresse de Coudert, le chirurgien elle m’a pleuré dans le gilet sur la mort de ses 2 hommes victimes des nazis… en même temps qu’elle me proposait la botte [inviter à une relation sexuelle]… s’ennuyant horriblement chez ses parents à Copenhague.. J’ai hésité. J’étais fatigué… excédé.. Je l’aurais enfilée qu’elle aurait fermé sa clape… enfin un moment. Elle a sauté à l’ambassade, , caveter… Popol [Gen Paul] me l’avait présentée quelques temps avant le départ… la quarantaine des yeux de hyène, voyoue, commune, vaguement danseuse, entraîneuse, la donneuse type… J’ai senti le couperet dès la première vue… J’ai senti la suite – C’était la morue à buter sans phrase – mais le jeu n’en valait pas la chandelle, j’étais fait de toutes les façons. D’ailleurs je ne me cachais pas. Ce n’était pas mon système. La conne a bien fait du luxe – ! Seulement le courage de bourrique manque? Ce n’est pas moi qui ai jamais donné personne, mais on m’a donné – Je te le dis, pour la petite histoire. Tout finit par se savoir. Amuse-toi si elle passe par là sans l’affranchir. Elle passera forcément renifler. L’assassin revient toujours sur les lieux du crime. Vous aurez une petite marrance. Je ne me venge pas moi j’ai mieux. Je rends historique !… À toi cher vieux et bien affectueusement à toi
LD »


Céline had already mentioned this unfortunate encounter with Madame Dupland in the streets of Copenhagen, in a letter to Marie Canavaggia dated October 8, 1945, before her arrest: “I met in the street here 3 weeks ago a Danish woman married to a Frenchman who knew me from the village. Exclamations! Questions! I got away with it as best I could. But that’s enough to throw a chill … ». The writer, who places this meeting at “3 weeks ago”, would therefore like to say that it dates from around September 10, 1945 rather than December 10. On December 17, Céline was finally arrested at the request of the legation of France. This was followed by fourteen months of detention in the Vestre Faengsel prison in Copenhagen.

A friend and unwavering supporter of Céline during the dark years, the engraver and printer Jean-Gabriel Daragnès (1886-1950) settled in Montmartre in the mid-1920s on Avenue Junot. He met Céline through Gen-Paul and Marcel Aymé, but did not become friends with him until later, when the author of Voyage au bout de la nuit treated his mother, who was seriously ill, as a doctor. Daragnès was one of the first to whom Céline wrote after her incarceration in Denmark. He thus became his trusted man in France, his informant in Montmartre, his intermediary with publishers, and even agreed in 1949 to act personally with the Court of Justice on his behalf. Daragnès came to Denmark twice, in 1948, as curator of the exhibition of French books in Copenhagen, and did not fail to visit the exile at that time. When he died suddenly in 1950 following an operation, Céline lost one of her strongest supports. In an intermediate version of his novel Féerie pour une autre fois, written in Denmark, he presents him as “the greatest engraver of France”.

HUGO, Victor (1802-1855)

Autograph letter to Alphonsine Masson
[Marine Terrace, Jersey], 5th August [1855], 4 pp. small in-12°
With autograph envelope
[Postmark:] ANGL –5 Augt [departure] / CHEVREUSE 99th Août [arrival]
Fine condition throughout

A long, unpublished letter with mystical overtones addressed to his psychic friend Alphonsine Masson, through which Victor Hugo addresses a message to his former love, Léonie Biard – The exiled poet expresses, in the manner of a prose poem and like a waking dream, the power of loving memory for the woman he was forced to leave behind during the coup d’Etat of December 2, 1851


We transcribe here only a few fragments

« Comme toutes les femmes de cœur et d’esprit, vous avez, Madame, outre toutes vos grâces personnelles, des hasards profonds et éloquents. Avec ce mot : elle partie, c’est ma lumière disparue, vous avez remué en moi tout un monde sombre et charmant, vous m’avez fait revivre et mourir, vous avez fait monter jusqu’au bord de ma paupière tout le flot des larmes non versées et qui sont toujours là. Je vous remercie de cette exquise souffrance que je vous dois. […]. Rien ne vous manque ; vous charmez de près et vous consolez de loin.
Je suis heureux des deux douces lettres que j’ai reçues. Je sais bien ce qui manque à l’une, mais elle le sait aussi. Et – qui connaît l’avenir ?
Vous me faites un adorable tableau ; je vous vois toutes deux dans cette belle nature qui vous aime, parce qu’elle voit vos âmes ; vous êtes là, dans les fleurs, sous les astres, harmonies vous-mêmes ; vous causez ; je retiens mon souffle, et il me semble que je vous entends.
Et tous les soirs, je regarde là-haut, je fais des signes d’intelligence aux yeux célestes de la nuit, et il me semble que je la vois.
Je suis avec elle dans l’inexprimable. Elle qui pourtant devrait tout comprendre, elle ne comprend pas cela. Elle me dit : écrivez-moi donc. […] Je regarde les étoiles en songeant à elle, et je lui dis : traduisez-moi.
Soyez heureuse. Soyez heureuses. La beauté lui revient. Est-ce qu’elle était partie ? Est-ce qu’elle partira ? Qu’elle ouvre la sombre poitrine de l’absent ; il y a là un miroir. Qu’elle s’y regarde.
Je dis l’absent. Et vous, vous n’êtes pas absentes, où vous êtes, où elle est, la présence est. Je regarde avec dédain et pitié ce Paris qui me fait l’effet d’un grand vide, depuis qu’elle n’y est plus.
Je veux m’arrêter, car il y a des portes d’écluses qu’il ne faut pas rouvrir. À quoi servirait le flot qui en sortirait ?
Pardonnez-moi toutes deux ce mélange de rêves et de souvenirs. […]. Qu’elle en prenne ce qu’elle voudra. Qu’elle y lise ce qu’elle voudra. Je suis sûr des commentaires de votre noble et charmant cœur. – […]
Un jour elle me comprendra. En attendant, elle fait ce qu’elle peut pour croire à un abîme ; elle dit toujours fini, à moi qui ne sait pas d’autre mot qu’infini. Qu’elle me voie donc où je suis ; dans la mort et dans le ciel ; dans la mort par l’absence, dans le ciel par sa pensée. »


Léonie Biard’s loving memory from exile
A great love of Victor Hugo, Léonie Biard (1820-1879) was the only woman for whom the writer hesitated to leave Juliette Drouet. Born into a family of minor nobility, Léonie Thévenot received a good education before marrying the painter François Biard. In the spring of 1843, she met Victor Hugo, perhaps in Fortunée Hamelin’s salon. They became lovers in December of the same year. Léonie inspired him to write many poems, of which we can find traces in Les Contemplations. In July 1845, the two lovers were caught in the act of adultery. Léonie Biard was arrested and thrown into the prison of Saint-Lazare where she remained from 5 July to 10 September. She was then transferred to the convent of Sentenced by the Seine court, she lost custody of her children. Victor Hugo, benefiting from his inviolability as Peer of France, will always feel indebted to her. He sent her money regularly and continued to send her his books. Their affair was abruptly interrupted during the coup d’état of 2 December 1851, forcing the poet into exile. Juliette Drouet, unaware of the affair, learned of this seven-year affair from Léonie herself, who, on June 28, 1851, sent her back the poet’s letters. They were published by Jean Gaudon and are kept at the Maison de Victor Hugo after having belonged successively to Juliette Drouet, Louis Koch, Paul Meurice, Alexandrine de Rothschild (sale, I, n°67) and then to Colonel Sickles (II, 1989, n°361).

Alphonsine Masson, the spiritual link
The direct recipient of this letter, Alphonsine Masson, played an essential role as an intermediary between the poet and Léonie Biard. The two friends knew each other from before the exile. It is therefore through her that Victor Hugo can reach Léonie through words. An exalted personality, Alphonsine wanted to go beyond a wise conjugal existence through literary essays and an eventful spiritual quest. Marked by an education received from a militant agnostic father and a pious mother, she first devoted herself to spiritualism, establishing contacts with spirits from beyond the grave. In 1857, she was a member of an association that had rediscovered Franz Mesmer’s scorned and abandoned science. Around 1860, she suddenly lost her ability as a medium: “Whatever I did then to get it back together, I couldn’t do it.” She then proclaimed herself a Christian convert and published an autobiography (Ma conversion, Paris, 1864) in which she recounted her spiritual journey. At the same time as this conversion, remembering that she had been asked to write for many years by friends eminent in letters, she became emboldened and responded to her late vocation. She wrote three novels: Louise, Les Trois amies, La Perle noire, which appeared only in serials in L’Estafette, Le Siècle and other Parisian newspapers.

Why did Victor Hugo pass on his messages to Léonie Biard through Alphonsine Masson? Was it a question of not reviving the scandal that had marked the discovery of adultery? No doubt the poet wanted to escape any police control over this correspondence which, if revealed, could have compromised the exile in the eyes of public opinion. He might also be afraid of hurting Juliet by reviving an old wound.

PIAF, Édith (1915-1963)

Autograph letter signed « Eydith » to Yves Montand
« Nevers, 16th May 1945 at noon and twenty three minutes », 2 p. 1/2 in-8° on scholar paper
Tears on folds and upper margin
[For easier reading, we have transcribed the letter with correct spelling]

Fiery declarations to her lover Yves Montand, in the first weeks of their relationship, and only a few days after the Allied victory


« Mon tout petit à moi si grand. C’est odieusement triste, j’ai envie de pleurer à chaque seconde, chéri, mon chéri, oh il faut que tu me viennes, je n’en peux plus, je t’aime à en crever. Ce train qui est parti avec moi sans toi, quel salaud m’amour, mon grand, ma vie ! Je n’ai pas le courage de te parler d’autre chose que NOUS ! Tout ce que je sais, tout ce qui bourdonne dans ma tête au ton d’un chant intense, c’est qu’il y a toi toi toi toi toi. Quel cafard, quel truc moche que notre séparation, quelle connerie surtout. Et toi ? Comment es-tu ? Comment peux-tu vivre ? Dis comment ? Oh ma gueule chérie, mon tout petit à moi ! Tes mains, tes belles mains, que j’aime ta peau, ta belle gueule, tes beaux cheveux où j’ai envie de plonger mes lèvres jusqu’à étouffer, jusqu’à ne plus avoir qu’une force, c’est… de te dire ton nom, Yves mon bel Yves mon doux Yves, mon petit salaud d’Yves. Mon adoré d’Yves, Yves, Yves, Yves. Que fais-tu ? As-tu dormi ?????? Moi non, j’ai cherché ton corps partout, ta peau me manque, j’ai besoin de tes mains, de ton rire, de ta voix, enfin de toi ! Sois sage hein ? Ne vois pas trop Guiguitte [Marguerite Monnot] ? Et puis les autres. Tâche d’être bien, foutu d’être comme tu l’as toujours été, digne de notre amour, sois nous ! Tu sais je ne tiendrai pas le coup, il faudrait venir me rejoindre, je t’enverrai l’itinéraire demain et il faudra que tu viennes, tes chemises, ta radio, tes chansons, après, tu feras tout ça en juin, moi je te veux, je t’aime, et c’est tout ce qui compte pour moi. Nevers est triste à mourir, aussi triste que mon cœur, c’est pas pour dire hein ? Les rues sont conventionnelles, on dirait qu’on les a faites exprès pour moi, elles sont comme toutes les rues de province, sans originalité, pleines de gens bêtes et insignifiants, enfin bref, très comme tu le penses. Il y a un gars qui part pour Paris et je lui donne ma lettre, tu auras de mes nouvelles demain, mais je suis obligée de te quitter car le gars s’en va et il attend ma lettre. Au revoir ma douce joie de vivre, enfin mon moi pour toi.
Eydith [The singer attaches the first letter of her first name and that of her lover to sign her letter]

JE T’AIME »


Piaf and Montand met in 1945, on the set of the film Star Without Light. She’s 30 and he’s 24. If Piaf is already a huge celebrity, Montand is only at the beginning and owes her a lot. According to her crazy generosity, she showers him with gifts, but also with songs she writes for him. She introduced him to all the notables of Paris, including Cocteau. Like this letter, the first few weeks of their relationship were the most passionate. Very much in love with Montand, his absence is unbearable to her. While she was on tour in the provinces, some traits of her tempestuous character reflect through, such as jealousy, possessiveness and impatience.
She ends her epistle with a very graphic “I love you” in large letters.

Stunning letter from a twentieth century icon

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed « Max » to Pierre Lagarde
[St Benoît sur Loire], 10th August [19]42, 1 p. in-4°
Period fold marks, slight browning on central fold and right hand margin, tiny tears, typographical notes

Important letter from the poet giving his thoughts on the persecution of the Jews under the occupation


« Cher Pierre,
Nous ne sommes pas sauvés par les malheurs extérieurs mais par la manière dont nous les recevons, dont nous compatissons, dont nous les adoptons. La souffrance intérieure relative à des événements de moindre importance est aussi valable que l’autre. Tout est dans cette écharde dans la chair dont parle St Paul. Nos repentirs peuvent équivaloir au déluge, et je puis plus souffrir de mes médisances, de mes regards sensuels que des persécutions aux juifs. L’un n’empêche pas l’autre d’ailleurs et l’ensemble constitue une fin de vie que je n’attendais pas […]
J’ai reçu la visite d’un garçon de 18 ans, employé de banque qui fait de la peinture. Il a fini par m’avouer qu’il voudrait entrer dans le sein de l’Église. J’ai obtenu qu’on le prenne “en retraite” au petit monastère d’ici. Il s’appelle Jacques Doucet1 . Prie pour lui. Prie aussi pour mon pauvre frère aîné emprisonné à Quimper sans prétexte2.
Excuse ma brièveté et crois moi fidèle
Max »


1- The painter of lyrical abstraction Jacques Doucet (1924-1994), co-founder and member of the CoBra 1948 movement and a close friend of Max Jacob.

2- Gaston Jacob, Max’s older brother, was arrested in 1942 in Quimper. He died in deportation to Auschwitz the following year.

A central figure of the Montmartre and Montparnassian avant-garde, who converted to Catholicism in 1915 after having had several visions, Max Jacob left Paris in 1936 to settle in Saint-Benoît-sur-Loire in the Loiret region. He led a monastic life there. His poetic and mediating works, partly taken up by Pierre Lagarde in his admirable work Max Jacob – Mystique et martyr (La Baudinière, 1944), are close to the quietist current. From then on, he assumed his life as a fisherman as a condition of his redemption. Six months before the liberation of Paris, he was arrested by the Gestapo because of his Jewish origins, a fate he accepted as a martyr. He was interned by the French gendarmerie at the Drancy camp and died there five days later, a few hours before his scheduled deportation to Auschwitz.

HUGO, Victor (1802-1885)

“Mini” autograph letter signed « V. » to Émile Allix
H[auteville] H[house], 25th July [1862], 2 p. small in-24° (4,3 x 6,8 cm), on blue laid paper
With autograph envelope (tear, see scan)
Slight trace of unimportant oblique fold on the second page
[Dry stamp:] S. Barset / June / 25 / High Street / Guernsey
[Post mark:] 28 Jul[y] [18]62 / Ang[leterre] – Calais

An unpublished “thumbnail” letter to his personal doctor, announcing his departure for Belgium after the exhausting work of writing Les Misérables


« Merci, cher Monsieur Émile. Vous avez le dévouement le plus charmant du monde et vous entrez en fonctions avec tout l’esprit possible et une grâce parfaite. Votre lettre est une page tout étincelante. – Voici, imprimées, deux lettres qui vous intéresseront, si vous connaissez quelque journal qui trouve bon de les reproduire, faites. Je vais voir mon Charles dans quelques jours. Ce sera une joie profonde, et je la mérite un peu après ce lourd labeur. Quel dommage que vous ne soyez pas de cette clef des champs là ! – Est-ce que vous voudrez jeter à la poste ces trois billets. Je fais mon sac de nuit, et je vous serre les deux mains
V.
»


A letter to Paul Meurice, sent the day before, gives us a detailed account of the journey that Victor Hugo was about to undertake: “We will leave on Monday the 28th (with M. Lacroix) [the publisher of Les Misérables], we will spend Tuesday in London. On Wednesday 29th we will be in Brussels (via Ostend), Thursday 30th in Liège (since you like Liège). So try to get there, you and Charles, on July 31st,” and then added at the end of the letter, apparently anticipating his doctor’s recommendations:
“To moderate the rain of letters during my absence, will you have something published in Le Siècle or La Presse like this: ‘On the advice of the doctors who advised him to change his air after the great work of Les Misérables, M. Victor Hugo has left Guernsey for a journey of a few weeks’

Émile Allix (1836-1911) was a French medical doctor, specializing in pediatrics. It was during a holiday in Jersey that the young medical student (then 19 years old) met the writer through his brother Jules and his sister Augustine, who were close to the Hugo circle. His republican convictions, his opposition to the regime of Napoleon III, his kindness and his very gentle nature were all arguments that allowed the doctor to seal the beginning of an unfailing friendship with the writer. In 1868, Allix assisted Adèle Hugo, who was very ill, in her last moments. A close friend of Victor Hugo and his family, he was a constant believer, like any other son. With his colleagues Alfred Vulpian and Germain Sée, he signed the last certificates that preceded the declaration of Victor Hugo’s death on 22 May 1885.

When Victor Hugo signed with only the initial of his first name, it meant above all a very close relationship with his correspondent (usually reserved for his closest circle). The regret expressed here by the writer at not being able to meet his doctor friend for his Belgian journey testifies all the more to the ties that united them.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph manuscript signed « Paul Eluard », destined to Pierre Seghers
N.p.n.d [c. May 1943], 6 p. in-8° (including title page)
Fine condition

A precious series of poems, including the famous N., written for Poésie 43, then reprinted in the second edition of his world renowned collection Poésie et vérité 1942


This collection, entitled “Three Poems” by Éluard, was intended for Pierre Seghers, director of the journal Poésie. The poet soberly signed the manuscript of his name on the title page: Trois Poèmes. The chronology of the poems in the manuscript is such that it appears in the published collection. The pagination of each leaf, in multicoloured pencil, is also in Éluard’s hand.

The manuscript opens with Rêves (pages 1 and 2), the overarching title for the seven short poems it contains, some of which are in the form of a couplet or tercet. The series is dedicated to his friend Louis Aragon. Later that year, five of the seven poems appeared in the expanded edition of Poésie et vérité 1942. The dedication to Louis Aragon disappears and each of the poems is given a title, instead of their numbering. Finally, a very minor variation is to be observed between the two publications for the first couplet, En dépit de l’âge : « des nouvelles » become « les nouvelles ».

Rêves
à Louis Aragon

1 [En dépit de l’âge]
De loin en loin des nouvelles du passé
La bonne clé de la cage

2 [Plaisir du premier printemps]
Plaisirs du premier printemps
Pierre propre de l’enfance
Caresse aux jointures fines
J’inventerai la sagesse

A peine éclairé je rêve.

3 [Compagnon]
Comme une bête domestique
Dans la haute forêt
Une voix sans écho me hèle

4 [La Poursuite]
Une poursuite à travers les salles obscures
D’une château rose ou bleu
Nuit brillante entre les colonnes
Nuit rayonnante entre les lampes d’or

Tout est permis la nuit

Serai-je celui qui tue
Ou celui qui est tué.

5
La rosée la pluie la vague la barque
La reine servante

La perle de la terre
Perle refusée terre consentante

Le départ entre deux feux
Le voyage sans chemin
D’un oui à un autre oui
Le retour entre les mains
De la plus fine des reines
Que même le froid mûrit.

6
Bois meurtri bois perdu d’un voyage en hiver
Navire où la neige prend pied
Bois d’asile bois mort où sans espoir je rêve
De la mer aux miroirs crevés

Un grand moment d’eau froide a saisi les noyés
La foule de mon corps en souffre
Je m’affaiblis je me disperse
J’avoue ma vie j’avoue ma mort j’avoue autrui.

7 [Retraite]
Je sens l’espace s’abolir
Et le temps s’accroître en tous sens.

***

On pages 3 and 4: Hasards noirs des voyages is also made up of seven groups of verses. Unlike Rêves, Éluard did not assign titles to these groups for the expanded edition of Poésie et vérité 1942. There is also a variation between the two publications on the first quintil. Eluard decided to erase « notre azur plus jeune » and replace it with « le temps transparent ».

Hasards noirs des voyages

1
Parfaitement éveillée et très belle
A-t-elle le pain qu’il lui faut
Elle n’a que sa beauté
Cet éclat perché haut comme une étoile seule
Pourtant la terre est là

2
Pour voir la terre il faut voir
L’homme et ses enfants hors d’âge
Nul n’a de nom ni d’empire

3
O ma muette désolée
Le chasseur ivre prend ta place
Contemplons le souverain maître
Il s’engourdit
L’acier prolongeait sa prunelle
Pour lui maintenant le monde est couché

4
Et sous les couvertures dures de la terre
La vie est pleine comme un œuf
D’un bouquet d’ombres colorées ombres formées et mûres
Et de jolis yeux purs riant à des langues tirées

5
O ma sœur mon bel aimant
Je te garde le soleil
Le bel espoir du soleil
Je te réchaufferai
Je te désaltérerai

6
La clarté perce les murs
La clarté perce tes yeux
Tu vas voir et tu vivras

7
Nos caresses d’or nos vagues lustrées
Nos corps confondus notre azur plus jeune
Le temps transparent
Nos concevrons le bonheur
Dans le plus grand des miroirs

***

On pages 5 and 6, The famous N., one of his most emblematic texts, closes this series. This poem was written for Nusch, who was born on June 21, 1906 (see tercet 3). In collection 76, Le temps déborde, the poet will specify in a similar way the date of the “disaster” that turned his life upside down: “Twenty-eighth November one thousand nine hundred and forty-six”, the day of Nusch’s death (cf. Œuvres complètes, vol. II, Pléiade, p. 108).
Pierre Emmanuel, commenting on this declaration to the beloved, writes in Le Je universel chez Paul Éluard (GLM, 1948, p. 36) “that this spiritual birth (which, through the process of conquest over the past which we have shown is necessary for beings who love each other, is one with the carnal birth of the beloved) takes place at noon, to the highest day of summer, brings us back by one of those accidents of fate which are only the reverse of essential determinations of being, in the image of the universal I, of the sun which contains within it the totality of beings and things.”
The poem is presented here in its very first version, forming small groups of verses, in distichs or tercets, and always numbered from 1 to 7. Éluard, who had originally titled each of them, then redacted them and substituted them for numbers. One can imagine that the poet made this last-minute decision to give coherence to the entire series published in Poésie 43.
The couplet 5 [Elle] is not used in the second edition of Poésie et vérité 1942, replaced by the couplet « A quoi penses-tu / Je pense au premier baiser que je te donnerai », which is this time numbered 1. This same text was finally published the following year in Hommages, n°2 (Monaco), June 1944.

N.

Baisers 1
Baisers semblables aux paroles du rêveur
Vous êtes au service des forces inventées.

J’aime 2
Aux rues de petites amours
Les murs finissent en nuit noire
J’aime
Et mes rideaux sont blancs.

Une naissance 3
Le 21 du mois de juin 1906
A midi
Tu m’as donné la vie.

N 4
Sans éclat et douce à son nid
Elle apparaît dans un sourire.

Elle 5
Elle et ses défauts chéris
La perfection de l’amour.

Il faut la voir 6
Il faut la voir au dur soleil grevé de roches inaccessibles
Il faut la voir en pleine nuit
Il faut la voir quand elle est seule.

Facile 7
J’ai dit facile et ce qui est facile
C’est la fidélité.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Autograph letter signed « Louis-Napoléon » [to Marie Trotter, according to a note coming with the letter]
Camden Place, Chislehurst (Kent), the 25th of March, 1871, 1 p. in-8°on bi-folio

A touching letter, in gratitude for the wishes of his correspondent on the occasion of his fifteenth birthday – Louis-Napoleon takes the opportunity to give news of his father, the Emperor Napoleon III, who had just been freed from captivity by Bismarck


« Madame,
Je vous remercie de cette aimable lettre que vous m’envoyez pour mon jour de naissance, je la garderai précieusement comme tout ce qui vient de vous. Vous savez trop combien je vous aime pour que je sois obligé de vous dire tout ce que je vous souhaite.
Grâce à Dieu l’Empereur est à présent au milieu de nous, je l’ai revu en bonne santé et vivement ému ainsi que nous tous du sympathique accueil qu’il avait reçu de la nation anglaise.
Croyez, Madame à mes sentiments bien affectueux.
Louis-Napoléon »


Napoleon III had just been freed from captivity by Bismarck on March 19, 1871, following the crushing defeat of the French troops at Sedan, a year and a half earlier. After joining his family in Camden Place, south-west London, the emperor soon received many prestigious visits, starting with that of Queen Victoria. This warm welcome from the English nation evoked here contrasts with the fate reserved in France, at the same time, for the imperial family: On March 1, 1871, the National Assembly, which met in Bordeaux, voted the official deprivation of Napoleon III and his dynasty, declaring him “responsible for the ruin, invasion and dismemberment of France”. Only six MPs voted against. The deposed Emperor protested, accusing the Assembly of exceeding its powers, of substituting itself for the will of the Nation, and demanded a plebiscite. However, the Third Republic would have to deal with a more serious crisis, as the Paris Commune had begun on 18 March, a week before this letter was written.

BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)

Autograph letter signed « C.B. » to his mother, Madame Aupick
[Brussels], « Monday 13th November 1865 », 4 p. in-8° in black ink on bifolio
Previous and discreet trace of mounting on fourth page

Unfortunate editorial ambitions and obscure confidences to his mother, only a few months before his stroke

From the prestigious Godoy and Martin collection


« Ma bonne petite mère,
Je ne puis que te répéter les informations que je t’ai données déjà.
-Du 15 juillet au 12 août, M. Julien Lemer a eu plusieurs pourparlers avec MM. Garnier pour mes cinq volumes
[Les Fleurs du mal, Petits poèmes en prose, Les Paradis artificiels et deux volumes de critiques]. Le sixième (Belgique) est exclu du marché.
-Le 12 août M. Hippolyte Garnier (qui est le directeur de la librairie) est parti pour ses voyages annuels. Il est rentré à Paris le 25 octobre. – Je n’ai d’ailleurs aucune nouvelle. Je sais seulement, et c’est un signe important, que M. Garnier est allé consulter Sainte-Beuve, mais que son frère Auguste est contre moi.
Et si l’affaire ne se fait pas ? dis-tu. Pourquoi ne pas me dire qu’aucun livre de moi ne se vendra plus jamais ?
Seulement, je me sens oublié. Je suis triste. Je ne suis plus bon à rien. Je m’ennuie mortellement. Je crois que cette affaire se fera, mais ma grande crainte est de devoir alors les 4  ici les 4 000 francs que les frères Garnier auront à me compter ; ces 4 000 francs que je voulais consacrer à payer des dettes françaises.
Certainement, le livre sur la Belgique
[son pamphlet La Belgique déshabillée, dont les premiers extraits furent publiés à titre posthume en 1887] est très avancé. Il manque peu de choses ; mais la privation totale d’argent m’empêche de le finir. Je devrais consacrer mon temps mon loisir forcé à retoucher le plus possible mes poèmes en prose, Mes contemporains ; ce serait toujours du temps gagné ; car il faudra bien le faire plus tard. Mais je n’ai plus de cœur à rien. Il y a quinze jours, un directeur de journal de Paris m’a écrit que si je voulais lui envoyer un choix de ces fragments, pourvu qu’ils ne fussent pas de nature à chagriner ses abonnés, il m’enverrait tout de suite 3 ou 400 francs. Non seulement je n’ai rien fait, mais je ne lui ai même pas répondu [Il n’existe pas d’autre occurrence de ce « directeur » dans la correspondance du poète, est-ce une fiction ?].
Dans cet état somnolent, qui ressemble beaucoup au spleen, il faut cependant que je me fasse un devoir de t’écrire souvent. Car je vois que les ennuis de l’hiver commencent cruellement pour toi. L’idée de te distraire me donnera peut-être le courage que je n’ai pas pour mes intérêts.
Tu as voulu la vérité. Je te l’ai dite. – Je vois tous les jours aux vitres des librairies de Bruxelles toutes les polissonneries et toutes les inutilités journalières qu’on imprime à Paris, et j’entre en rage quand je pense à mes cinq six volumes, fruit de plusieurs années de travail, et qui, réimprimés seulement une fois par an, me donneraient une jolie rente. Ah ! je peux dire que je n’ai jamais été gâté par le destin !
Lemer dit toujours : patience ! Il affirme qu’il considère l’affaire comme excellente pour les Garnier. Je n’en doute pas. Je soupçonne qu’il va très lentement pour n’avoir pas l’air pressé, et que, comme il refuse de rien recevoir de moi, il veut se faire payer par eux – ou plutôt, je ne comprends rien. –
Porte-toi bien autant que tu le pourras. C’est tout ce que je te demande et tout ce que je demande au ciel.
C.B. »


Heavily indebted in France, it was partly to live away from his creditors that Baudelaire finally left Paris on April 24, 1864, for Belgium. This exile, however, was the beginning of a new series of editorial disappointments. He gave five lectures, hoping to attract the attention of Albert Lacroix (1834-1903), the publisher of Les Misérables, but they did not meet with the expected success. He was once more unsuccessful with Lacroix for the sale of the rights to his three-volume Varieties. He also sought help from among his colleagues, such as Victor Hugo and Sainte-Beuve. The latter, mentioned at the beginning of the letter, gave him only timid support, despite the importance that Baudelaire attached to his judgment. The poet then turned to Julien Lemer (1815-1893), a very active bookseller and publicist. The two men have known each other for a long time. As early as 1850, Lemer had published “Lesbos” (one of the six plays condemned in Les Fleurs du Mal in 1857) in the collection Les Poètes de l’amour, an anthology of love poetry, published by Garnier frères. He acted as an intermediary for Baudelaire and tried, in vain, to reach an agreement with the same Garnier brothers in 1865. Exhausted by his situation and feeling forgotten, he finds, as always, in his mother the confidante of his dark moods. However, he does not hide his annoyance with her: “What if the deal doesn’t go through? About. Why don’t you tell me that no book of mine will ever sell again? ». It must be said that Madame Aupick could not but observe, from Honfleur (in Normandy), the reverses accumulated by her son. The poet, in perpetual financial need, ends his epistle with a mark of affection for her, his only real support.

Exceptional letter

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter (fragment ?) [to Robert le Vigan]
N.p.n.d [c. 1955], 1 p.1/2  in-4°
Tiny tear on fold

Céline anticipates a great replacement of civilizations by the Asian population


« Question Grand avenir – Toute la terre aux jaunes – ils sont dominants dans les mélanges – Leurs gamètes gagnent, tout est là – ils avaleront ruskos, boches, francailles, yankees – à coups de spermedominants dominants. Martiny qui remplace Montandon à l’école d’anthropologie me le disait encire hier – Ni juifs, ni noirs, ni blancs, ni indiens n’existent devant le métissage jaune – un coup de glotte ! Mais c’est pas nos oignons ! C’est pour dans un siècle ou deux ! et c’est le prochain achat de raviolis qui m’angoisse ! Il m’a perdu le Grand Avenir ! Toi aussi au fait, corgniaud ! Tes oignons ! »

[Céline adds on the verso:]

« Au moment du dénouement
Tous les Apôtres foutent le camp
Jésus Christ reste tout seul
Moralité : sa gueule ! »


Céline’s anti-Semitic pamphlets and his intelligence with the enemy during the Second World War earned Céline a conviction during his exile in Denmark. Later, he did not hide, like this letter, from affirming his convictions and theories (under cover of the words of the Doctor of Medicine Marcel Martiny) to his relatives and confidants. Here, the writer violently attacks the Asian people, a new target, while adding a touch of humour of his own.

Céline’s companion on the run in Germany, the actor Robert le Vigan (1900-1972) was a film star of the 30s and 40s. He found success in films such as Julien Duvivier’s Golgotha in 1935, where he played Christ. He also made a name for himself in Jean Renoir’s Les bas-fonds in 1936. Close to Arletty and Gen Paul, the latter introduced him to Céline around 1935, with whom he became friends, living like him in Montmartre. He had bought a cat from La Samaritaine, but had to part with it when he divorced his wife in 1943. It was Céline who adopted the animal, renaming it Bébert, which was very often mentioned in his prison correspondence. Robert Le Vigan compromised himself during the Occupation by participating in the broadcasts of Radio-Paris, and, after the Allied landings in Normandy, barricaded himself at home, before fleeing to Baden-Baden in August 1944: he met Céline there and then followed him through Germany, to Kränzlin near Berlin and then to Sigmaringen, where he aggravated his case by reading there the daily bulletin of the collaborating radio Ici la France.
Falling out with Céline, he did not follow him to Denmark and tried to flee to Austria but was arrested by the Americans and repatriated to France. Imprisoned in Fresnes, he was sentenced in November 1946, among other things, to 10 years of hard labour, but due to illness, he was released in October 1948. He then went into exile in Spain before going to Argentina where he remained until his death.
Having refused at his trial to follow the injunctions to charge Céline, the latter reciprocated all his friendship: while in the first versions of his novel Féerie pour une autre fois II (Normance), retracing his last days in Paris and his escape, Céline had described Le Vigan in a ferocious way in the guise of the character “Norbert”, He then decided to delete the insulting passages and write others that were more rewarding. In the Germanic trilogy that followed, in which Le Vigan appears this time under the name of “La Vigue”, Céline did not retain the same benevolence, and, notably in Nord, made a literary portrait of him as a deranged man, a living image of a world out of whack.

Marcel Martiny (1897-1982), quoted here, who replaced George Montandon (1879-1944) was a Doctor of Medicine (Paris, 1925), and worked as a serologist in the laboratories of Alexis Carrel during the Great War. After practising dispensary medicine, he became deputy chief physician at the Léopold-Bellan Hospital (1933-1944), where he practiced acupuncture. A professor at the School of Anthropology, he became a specialist in “human biotypology.” Having gone into exile in Baden-Baden at the same time as Céline, he changed his mind and returned to France where he was not disturbed. It is mentioned in the Prison Notebooks: “Martiny is coming. It’s complicated… sneaky […] Martini betrayed me, he left one morning with the cures. Great friend of Councillor Schlemann… (R4, p. 571). After the Second World War, as chief physician at the Foch Hospital, Martiny published numerous works, including an Essay on Human Biotypology (1948), and taught at the School of Anthropology.

Is this document a fragment of a letter or a first draft? We know a part of the text that remains, but the words “You too, by the way, Corgniaud! Your onions! ” that we find at the end of our document seem to be added to another sentence in another, more complete known transcript. The verso, where the writer’s astonishing postscript appears, leaves little doubt as to its addressee, who had distinguished himself in Golgotha in 1935 (see above).

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed « Max Jacob » to Pierre Lagarde
St Benoît [sur Loire], 23rd January [19]40, 1 p. in-4° with autograph envelope

From Saint-Benoît-sur-Loire, where he leads a monastic life, the poet delivers a testimony of affection to his friend Pierre Lagarde, who is mobilized at the front against the German army


« La beauté est un des pièges du diable. Je ne dis pas qu’il faille être une brute pour être un chrétien… mais j’y pense ! […] Le renouement à la beauté est un des renoncements. Il ne peut pas s’arrêter à la beauté si on veut faire des progrès dans la voie du Paradis. Les paradis terrestres ont mené Adam et Eve à la faute qui nous vaut la terre actuelle ; il faut donc renouer aux Paradis terrestres et la beauté est un paradis terrestre. […]
Les médiations sont propres à inspirer les sentiments nécessaires : l’émerveillement, l’humilité, la reconnaissance, le repentir, l’idée de la mort, la crainte du Jugement Dernier, la peur salutaire de l’enfer, l’espérance du Paradis, la résolution dans la direction d’une vie exemplaire.
Je souffre avec vous tous, mes amis et tous mes fils du front et des casernes, je souffre à en pleurer et je prie très spécialement pour toi […] Dieu voit chacun de vos gestes, écoute le bruit de chacune de nos pensées, pèse chacune de nos souffrances.
Je n’ose parler de mes malaises devant tant de douleurs mais moi aussi je suis assez mal sans savoir ce que j’ai.
Je t’embrasse
Max Jacob »


A central figure of the Montmartre and Montparnassian avant-garde, who converted to Catholicism in 1915 after having had several visions, Max Jacob left Paris in 1936 to settle in Saint-Benoît-sur-Loire in the Loiret region. He led a monastic life there. His poetic and mediating works, partly taken up by Pierre Lagarde in his admirable work Max Jacob – Mystique et martyr (La Baudinière, 1944), are close to the quietist current. From then on, he assumed his life as a fisherman as a condition of his redemption. Six months before the liberation of Paris, he was arrested by the Gestapo because of his Jewish origins, a fate he accepted as a martyr. He was interned by the French gendarmerie at the Drancy camp and died there five days later, a few hours before his scheduled deportation to Auschwitz.

[NIETZSCHE] VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter (draft) to count Guy de Pourtalès
S.l, “Saturday 16 9bre [November] [19]29″, 2 p. in-8°
Small missing bit on lower left margin without affecting any word

Superb first draft letter in which Valéry elaborates on Nietzsche, La Soirée avec monsieur Teste, then evokes his “Genoa Crisis”, an essential episode of his youth

Many important variants with the published letter

This significant letter remained in the archives of the Valéry family until 2007


« Mon cher Pourtalès,
J’ai été profondément touché par l’épître dédicatoire que vous m’adressez en tête de votre livre. Vous m’offrez votre travail ; et j’accepte ce beau don de grand cœur. Vous me faites aussi l’honneur d’associer mon nom à un nom très illustre et singulièrement significatif.
C’est là me faire vivre dangereusement !
Ce périlleux honneur m’a donné à songer. Il m’est souvenu des anciens jours et de mes premières impressions nietzschéennes, Albert [comme toute sa génération, Valéry a découvert Nietzsche au travers des traductions d’Henri Albert], en ce temps-là, traduisait Zarathoustra comme il pouvait, tandis que j’écrivais fort rapidement pour le Centaure (qu’il administrait) la soirée avec M. Teste. Ces deux êtres ne s’accordaient pas aisément. Zarathoustra est un suprême poète. M. Teste est tout le contraire de tout poète. C’est un être tout absorbant, un corps noir qui ne rend rien.
Mais quoiqu’on die,- je ne fus, ni ne suis M. Teste,- si ce n’est le matin, parfois, avant le jour… Le fait est que j’ai fini par aimer Nietzsche,- au moyen, au travers, en dépit des traductions qu’on en a faites. Je dis : aimer Nietzsche,- et non ses thèses favorites, ni même certains de ses mouvements.
Pour moi, il a trouvé une certaine méthode, presque une logique, si l’on peut appeler logique une exploitation intellectuelle des lois modes de la sensibilité générale centrale. On n’a jamais parlé de ceci qui est capital ; car le nombre des idées émises par lui, le genre de relations qui les engendre et l’espèce de charme qu’elles instituent qui s’attache à l’expression qu’il en donne tiennent à ce nervosisme la forme nerveuse de son intelligence.
[Valéry ajoute en interligne : « ce ne sont pour moi que des combinaisons comme on pourrait en former d’autres », puis il rajoute en marge supérieure « Je crois que celles-ci n’ont tant excité les esprits que par cette puissance de résonance qu’il leur communiquait et qui ne leur appartient pas nécessairement »]
Sa métaphysique et sa morale immoraliste me touchent peu.
Car l’une et l’autre spéculation me paraissent arbitraires.
et n’ont d’ailleurs agi que par l’action de cette puissance profonde qu’il possédait sur les esprits. Il a résolu ainsi le difficile problème que l’existence de la grande musique pose depuis près d’un siècle à tous les écrivains dignes de ce nom qui pensent. Sa philosophie est une musique, vous l’avez vu.

Il me souvient aussi que c’est à Gênes, en 1892, dans une certaine nuit fort éclairée d’orage, que j’ai renversé divers autels et rompu avec un moi qui ne savait pas assez ce qu’il voulait. Cette ville admirable a d’étranges vertus.
Quant à Gênes, j’y ai vécu de fabuleux étés d’enfance. J’ai cru y devenir fou en 92. Une certaine nuit blanche, blanche d’éclairs,- que j’ai passée sur mon séant à désirer d’être foudroyé. (il paraît que je n’en valais pas la peine). Il s’agissait de décomposer toutes mes idées mes premières idées – ou Idoles et de rompre avec un moi qui ne savait pas pouvoir ce qu’il voulait ni vouloir ce qu’il peut pouvait.

Le retour éternel n’est que musique. c[‘est] à d[ire] un effet qui n’a de durée que la durée des synthèses auditives –
« Soyons durs » [Ecce Homo, Nietzsche, Mercure de France, nov. 1908, p. 69]. Ce n’est qu’un instant »


This letter comes in response to the long and exquisite inscription that the writer Guy de Pourtalès (1881-1941) wrote for Valéry at the beginning of his Nietzsche en Italie, published in 1929 by Grasset: “Allow me, my dear Valéry, to offer you this small and imperfect essay on a man whose uncertain greatness you have felt so well and whose vertigo you have measured […]”. This letter would probably not have been written if Pourtalès had not read the Cahier de la Quinzaine of 1927, the only public testimony of the interest shown in Nietzsche by the author of La Soirée avec Monsieur Teste. The present letter is therefore the only text in which Valéry will once again formulate a laudatory critique of Nietzsche, after that of the Cahier de la Quinzaine, mentioned above.
As for the city of Genoa, Valéry’s youthful holiday resort with his mother’s sister, Vittoria Cabella, we know that the two writers had talked about it a few months earlier. The capital of Liguria had also and above all become one of Valéry’s most intimate and essential places of remembrance. There he lived through an essential episode, since called the Crisis of Embarrassment. This refers to the night of October 4 to 5, 1892, which he spent awake “on his seat” during a very long and violent storm. Although no mention of this episode is mentioned either in his notes or in these letters, Pourtalès is the first person to whom Valéry opens up openly on the subject, first orally, before returning to it in the present letter. Behind this “Crisis of Embarrassment”, which he parallels with Nietzsche’s concept of the Eternal Return, is a twenty-one-year-old young man suffering from an unfortunate love affair with a young Montpellier baroness, Mme de Rovira. As Michel Jarrety recounts in Sur Nietzsche (p. 33), the latter “gave him the feeling of a real alienation, at the same time that, desperate not to reach the level of Rimbaud or Mallarmé, he decided to suspend the work of verse: he had to become another, a new man who would be totally master of This “Crisis of Embarrassment” no doubt appears to have been mystified by the poet himself, if we consider that his early work was far from ending after this episode: two important poems appeared in The Centaur in 1896 as well as two prose masterpieces, the Introduction à la méthode de Léonard de Vinci and La Soirée avec Monsieur Teste.

DORVAL, Marie (1798-1849)

A set of twenty-two autograph letters, of which three are signed, to Alfred de Vigny
[Paris, Reims, Versailles and Rouen], 72 p. in various formats, in-8° , in-12° and in-24°, two autograph envelopes
Some small defects, tears, frayed margins and broken wax seals

A remarkable collection of twenty-two letters to her lover Alfred de Vigny, mostly dating from the first half of 1833 – Between fiery declarations, deceptions and jealousy, this correspondence bears witness to the most ardent period of love between the two lovers


Marie Dorval had her first successes as an actress in the 1820s. She became the mistress of Jean-Toussaint Merle, director of the Porte-Saint-Martin theatre, from 1822 to 1826, before marrying him in 1829. Although they were always bound by a sincere attachment, the couple gave each other mutual freedom in their married life. The actress’ artistic consecration came in 1831, when she played the role of Adèle in Dumas’ play Antony, making her the embodiment of romantic drama: “She had a very passionate talent. Art came to him from inspiration; she put herself in the situation of the character, she married him and became him” (Th. Gautier, Histoire de l’art dramatique en France depuis vingt ans, Hetzel, 1858, t. 1, p. 322).
Marie Dorval had already experienced many trials and disappointed loves before Augustin Soulié introduced her to Alfred de Vigny in 1830. Although most of the correspondence that has come down to us today are the actress’s letters, it is easy to see that those from the first half of 1833 explain the climax of the ardent affair between the two lovers. Marie Dorval had a boundless devotion to the poet, even to the point of submission. In a prose sublimated by spontaneity, she glorifies him, apologizes for himself, justifies himself. Vigny was consumed by jealousy. Many storms quickly punctuate their relationship. Marie had had to accept, for financial reasons, tours in the provinces for Antony among others, which only served to arouse Vigny’s unhealthy suspicions. She had affairs with Alexandre Dumas and Jules Sandeau, while maintaining a more than equivocal intimacy with George Sand, provoking the poet’s ire. At the same time, Vigny’s many escapades got the better of the passionate fire of their love. The death of Mme de Vigny in 1838 was the final blow to a relationship that had long been declining and tasteless.


Autograph letter, [Paris, Tuesday 12th February 1833], 2 p. 1/2 petit in-8° :

FIRST IMPASSIONED DECLARATIONS: MARIE DORVAL MAKES AN APPOINTMENT AT HER HOME WITH HER LOVER ALFRED DE VIGNY, IN THE ABSENCE OF HER HUSBAND

“MY HUSBAND DOESN’T DINE AT HIS HOUSE, YOU CAN COME AS SOON AS YOU WANT”

« Mon Alfred, on ne joue pas de tragédie ce soir aux [Théâtre] Anglais. Ce n’est pas la peine d’y aller, viens chez moi mon amour. Je suis si heureuse depuis hier ! J’ai de l’amour pour toi comme cent mille femmes. Je voudrais bien que nous puissions aller à la Porte-Saint-Martin [on y jouait Lucrèce Borgia de Victor Hugo]. Je vais tâcher. [la lettre a été interrompue, le temps d’aller chercher des places au théâtre]
Mon amour, j’ai une loge de six places. Veux-tu venir avec quelqu’un de tes amis ? 2ième de côté n° 50. On commence à 7 1/2. Je tiendrais beaucoup à ce que tu visses la fin du 1er acte. Mon mari ne dîne pas chez lui, tu peux venir sitôt que tu le voudras.
Je vais porter moi-même cette lettre.
À ce soir donc. Je vous baise, je vous rebaise comme hier. »

This letter from the actress is the first known to follow the poet’s famous erotic epistle of January 7, 1833, which he stained with his semen.
Acquired by the collector Alfred Bégis in the second half of the nineteenth century, he sold it to Mr. Chéramy. When Chéramy died, the director of Le Gaulois, Arthur Meyer, had the letter removed from the Chéramy sale to be destroyed by the notaries Delapalme and Dutertre. It was probably the famous merchant Charavay who had the photograph taken at the last minute by which we know this scandalous letter of the poet.

***

Autograph letter, n.p [Thursday 14th February 1833], 1 p. in-8° :

« Cher ami, tu sais combien j’ai de désir de voir Smithson [l’actrice Harriet Smithson qui tenait alors le rôle d’Ophélie dans Hamlet, et qui épousa Berlioz la même année]. Voici M. de Custine qui vient m’enlever. Il voulait aller te prendre chez toi j’ai pensé que cela ne te serait pas très agréable mais je compte que tu viendras me retrouver n’est-ce pas mon ange ? Je te baise tant que je peux. »

***

Autograph letter, n.p [Monday 18th February 1833], 6 p.1/4:

EVER-GROWING PASSION AND FIRST MUTUAL JEALOUSIES

“HOW I LOVE YOU! HOW JEALOUS I AM, HOW MISERABLE I AM TO HAVE COME TO COUNT YOUR CARESSES, TO DENY YOUR SUFFERINGS!”

« Cette journée qui a été bien triste pour moi a fini par le plus grand chagrin de tous, la crainte de te savoir malade. À 8h 1/4 l’impatience m’a pris ; à 8j 1/2 la fièvre ; à 9h, je suis montée avec Jenette [Jeannette, la domestique de Marie Dorval] pour ne pas rentrer sans t’avoir trouvé, sans avoir un mot de toi, de toi, mon tourment ! Mais quelle fatalité, quel malheur ai-je maintenant sur moi, que tu ne crois plus à mon amour quand j’en suis si entièrement, si cruellement possédée je t’assure mon Alfred. Oui je sens que je ne suis plus aimable, et j’en souffre horriblement et je ne suis prendre sur moi.- tu ne sais pas comme je pleure la nuit. Je deviens sauvage et méchante et cependant non, car tu n’es pas au bas de mon escalier que je dis : mon Alfred ! Mon pauvre cher ange ! et mille tendresses dont tu n’as pas l’idée et mon cœur est tout attendri du chagrin que je t’ai fait et que tu emportes avec toi. Ah que je suis malheureuse. Que je t’aime ! que je suis jalouse, que je suis misérable d’en être venue à compter tes caresses, à nier tes souffrances, à toujours douter, toujours craindre, à n’être jamais en repos avec toi ni avec moi-même. Sauve-moi de tout cela ma bonté ! Je t’aime comme on ne t’a jamais aimé, crois-le, crois-le, pour mon bonheur, pour ma vie, tu en aurais de cruelles preuves si tu m’ôtais ou si tu partageais ton amour. Mon ange écris-moi quelques fois, c’est peut-être cela qui fait tout le mal, ce sont tes lettres qui me manquent […] Tu me dis que tu viendras demain, et le soi au bal [le bal du Mardi gras au théâtre de la Porte-Saint-Martin, dont Marie Dorval était commissaire]. Ah ce bal ! je me recommande à toi mon Alfred si tu n’es pas le meilleur des hommes je suis une femme perdue. Je t’en supplie sois le plus glacé, le plus fermé à toutes coquetteries.- Je ne veux pas que tu me quittes, je veux que tu sois toujours du côté où je serai, je me promènerai avec toi, et je te les nommerai toutes [les autres actrices de la Porte-Saint-Martin, parmi lesquelles figuraient notamment Juliette Drouet]. […] Pour moi je ne danserai qu’avec qui tu voudras, et je serai bien bonne pour toi. Pour M. de Custine sans doute il n’y sera pas […] Je n’ai pas mis la moindre importance à ce que j’ai fait, et c’est ta faute si ce n’est pas avec toi que j’ai été voir Smithson. Si tu étais venu aux Anglais nous l’aurions été voir ensemble dans sa loge, et ensuite ensemble chez elle [voir la lettre précédente du 14 février]. […]
Je te donne mille tendres caresses, je te baise ton front et tes mains, je te prie de me pardonner, de m’aimer et de me le dire mon cher amour pour me redonner confiance en moi et te rendre, nous rendre plus heureux. »

***

“Double” autograph letter, n.p [Wednesday 20th and Thursday 21st February], 8 p.1/2 in-8° :

THE POET’S SUSPICIONS, THE ACTRESS’S FEARS AND REMORSE

“ALL THE WORDS IN YOUR LETTER ARE SO MANY STABS IN MY HEART… I WILL FALL AT YOUR FEET TO GIVE YOU MY LIFE SO THAT YOU MAY DISPOSE OF ME.”

« Que je déteste ce bal ! que tu me fais peur ! que se passe-t-il donc de si horrible en toi qui te fasse pâlir de la pâleur de la mort c’est affreux. Je ne puis te voir ainsi. Je le tuerai cet homme qui t’a fait tant de mal. J’aurais voulu l’étranger quand il s’est approché de moi ainsi [Marie Dorval a été surprise par Vigny (probablement non masqué) au moment où un homme tentait de l’embrasser]. Mais me soupçonner mon Alfred ! moi qui mourrai si je devais renoncer à toi ! moi perdre ton amour ! mais pour qui ? Mais cet homme est vieux et ridicule et il serait jeune et beau et y a-t-il quelqu’un au monde que je puisse préférer à toi ? Mais quoi ? tes injustes soupçons sur Fontaney, Maurice, M. de Custine et d’autres doivent te mettre en garde contre toi-même. – Mais qu’as-tu vu mon Dieu ! cet homme s’est approché de moi de façon à m’embrasser il est bien vrai. – Mais que me voulait-il ? Je ne le sais pas. Avait-il sa raison ? Je me suis troublée parce que je sentais ton regard sur moi, et plus troublée encore quand mes yeux se sont levés sur ton visage si pâle, que toute ma vie je le verrai ainsi. Tu as bien raison de dire que ta colère me ferait mourir – je ne la mérite pas mon Alfred. Sur ta vie qui est la mienne je n’ai point reçu de lettres. Ce serait donc une intrigue, un accord mais c’est affreux de penser cela ! Tu oublies tout. Mes »

[Marie Dorval interrupts her letter, written in the night. She uses a new leaflet to repeat her remarks at “1 a.m.”]

« 1h du matin
Je devrais mourir pour expier ce bal – la lettre me tue – t’avoir fait tant de mal (involontairement n’importe) et n’être pas là pour te calmer cela m’est horrible ! c’est le malheur éternel de ma vie de ne pouvoir être près de toi quand tu souffres
[…] Quel supplice ! enfin j’accepte tous les tourments de cette journée, de cette soirée, de cette nuit surtout ! Tous les mots de ta lettre sont autant de coups de couteau dans mon cœur. Oh si je te vois demain ! si je ne t’ai pas rendu malade je tomberai à tes pieds pour te donner ma vie pour que tu disposes de moi, je ne veux plus te voir ainsi. Ta figure est restée dans mon cerveau, là, et ne me quitte pas un instant – ta figure si pâle et si terrible au milieu de toute cette folie de carnaval. Ah j’ai ce bal en horreur ! je n’irai plus de ma vie au bal. Et tant de souffrances, de chagrins pour quoi ? Que j’ai de haine contre cet homme ! […]
Comme tout ce que je sens tombe froidement sur mon papier, moi je souffre, et ce que j’écris ne t’en peut donner l’idée – mais toi, toi, je te le dis, et je te vois, je te vois souffrir. L’impression que m’a causée cette lettre aujourd’hui est si profonde que je n’en pourrai revenir de longtemps – tu ne me connais pas, tu ne me connais pas.
J’espère que ce bon Soulié
[Augustin Soulié, un familier de Marie Dorval] t’aura un peu calmé. Hélas je n’ai pu t’écrire ce que j’aurais voulu, car mon mari était là, Madame Sand se faisait annoncer [George Sand venait sûrement informer Marie Dorval de sa rupture imminente avec Jules Sandeau, et de Gustave Planche. D’où cette note du Journal d’un poète : « 21 février. Madame Sand vient à minuit chez une de ses amies et veut passer la nuit chez elle. Bizarre conversation » (Pl. t. II, 1948, p. 978)] […]
Je me suis toujours repentie de ce qu’on appelle un plaisir, cela nous a toujours coûté quelque chagrin, et tu as bien vu que toujours j’y ai renoncé de moi-même et par dégoût. »

***

Autograph letter signed « Marie », s.l [Wednesday 6th March 1833], 2 p.1/2 in-8° on blue paper

MARIE DORVAL IS CONCERNED ABOUT THE HEALTH OF MADAME DE VIGNY, WHO HAS SUFFERED A STROKE

« Cher enfant, je suis bien malheureuse de ce que tu me dis [Vigny rapporte dans son journal le jour-même : « ma mère, ma bonne mère a eu une attaque de paralysie sur tout le côté droit, joue, bras et jambes » (Pl., t. II, 1948, p. 979)] – je ne puis ni soutenir ton courage loin de toi, ni ranimer ton espoir puisque je ne vois rien ! –
Je te conjure mon Alfred de ne pas quitter ta mère un seul instant […] je saurai bien avoir de vos nouvelle si tu veux je pourrai aller te voir un instant rue Montaigne [les deux amants se retrouvaient au n°18 de la rue Montaigne dans une garçonnière louée par Vigny] quand tu le voudras.
Tu dois souffrir horriblement mon pauvre ami ! C’est un chagrin qui n’a point de consolation que celui de voir souffrir sa mère et de trembler pour elle !
[…] Cher ange j’ai pour toi une prière éternelle dans le cœur. Ne te laisse pas abattre au nom du ciel je t’aime aussi comme une mère et n’oublie pas que ma vie est en toi. Je baise tes mains mon Alfred.
Je vais porter cette lettre moi-même.
Marie »

***

Autograph letter, n.p [Wednesday 6th March 1833], 2 p.1/2 in-8° on blue paper

“REVIVE YOURSELF, PRESERVE YOUR STRENGTH, PROMISE IT TO ME, OR I DIE”

« 8h. du soir. Mercredi.
Oh ! te savoir malheureux, te voir, et ne pouvoir aller à toi ! Juge cette douleur-là avec ton cœur.
[…] Elle était donc un peu mieux puisque vous avez pu sortir ? Cela m’a fait du bien à penser – et pourtant ce soir je suis accablée de tristesse, je donnerais mon sang pour ne pas partir [la comédienne allait donner des représentations à Reims], rester au moins dans le même air que toi et regarder vos murs ! – J’adresse au ciel mille vœux pour ta mère et pour toi, je donnerais ma vie pour te sauver un malheur. Ranime-toi, conserve ta force, promets-le-moi, ou je meurs […]
Quelle misérable je suis ! Quand tu souffres ! Quand tu es malheureux je ne puis plus rien pour toi !
Jeudi, une h
[eure]
Je cours chez toi – es-tu plus tranquille ? Qu’ont dit les médecins ? Vais-je trouver un mot de toi ? Je tremble, je meurs d’inquiétude ! »

***

Autograph letter, n.p [c. 12th March 1833], 1 p. in-8° on blue paper

« Elle est mieux n’est-ce pas cher enfant ? On vient de me le dire […] Sûrement tu viendras à cette bonne rue Montaigne prendre mes lettres et m’en donner une. Ce soir je l’enverrai chercher. Dis-moi tes espérances, que je puisse passer une bonne nuit […] »

***

Autograph letter, n.p [Friday 15th March 1833], 3 p. in-8°:
[Autograph address :] « Monsieur de Vigny »

« 2 h. du matin vendredi
En revenant de la rue Montaigne, comme j’avais de bonnes nouvelles, j’ai fait arrêter mon fiacre en face de la maison de ta mère […] Je désirais beaucoup savoir quelles étaient les fenêtres de son appartement afin de pouvoir autant que possible pénétrer dans cette chambre, où ma vie peut-être aussi à moi, était mise en question […]
Ne sois pas tourmenté de l’heure où je t’écris car cette nuit ce n’est pas l’heure où je pleure. Non, je suis tranquille. J’avais dit au portier de la rue Montaigne d’aller savoir ce soir des nouvelles, il est venu à 8h. et a dit que cela allait de mieux en mieux. Que tu es bon de me dire que mon écriture te fait du bien dis-le moi mon ami j’en ai besoin, moi qui suis accablé du sentiment de mon impuissance.
On te portera cette lettre demain (c’est-à-dire ce matin) j’aurai des bonnes, et de chères nouvelles j’espère – et je renverrai le soir. Et aussi pour avoir peut-être une lettre de toi.
Comme je t’aime. »

***

Autograph letter, n.p [Friday 15th March 1833], 3 p. in-12° on blue paper:
[Autograph address :] « Monsieur de Vigny »

« Mon pauvre ami du courage – ta lettre est désolante et je tremble aussi pour toi. Voudrais-tu donc me faire mourir. Cette femme [sans doute Jenette, qui faisait la liaison entre la comédienne et le poète] dit que tu es horriblement changé. Au nom du ciel pense à moi dans ta douleur – mon Alfred […]
Mon dieu mon ami mon dieu je suis désolée et ce départ [prochain départ de l’actrice pour Reims] – c’est affreux.
Je reviendrai demain. »

***

Autograph letter, n.p [Saturday 23rd March 1833], 1/2 p. in-8° on blue paper
[Autograph address :] « Monsieur / Alfred de Vigny / rue Montaigne n°18 »

LAST ROMANTIC INTERVIEW, THE DAY BEFORE THE ACTRESS LEFT FOR REIMS

« Il est 9h on me réveille avec ta lettre, allons mon Alfred tout va bien. Je suis bien heureuse […] Je serai à deux h. chez nous [à la garçonnière de Vigny au 18 avenue Montaigne]. Mon dieu que j’avais peur de partir sans te voir ! Je pars demain peut-être à 5h […] »

***

Autograph letter, n.p, « Saturday 30th [March 1833], 5 p. in-8° on light grey paper
[Autograph address :] « Monsieur / Alfred de Vigny / rue Montaigne n°18 / Paris »

MARIE DORVAL RECALLS A TYPICAL DAY DURING HER PROVINCIAL TOUR

« Tu me pardonneras mon ami de ne t’avoir pas répondu à toutes tes questions. Le pouvais-je ? Avais-je assez de tranquillité d’âme pour cela ? […] Mon chagrin ne peut cesser qu’avec le tien voilà tout ce que je sais. Comment ne sens-tu pas cela ? Pourquoi veux-tu que je te parle de notre chagrin ? Mon ange [ici deux lignes raturées (par Vigny ?) : “Je n’ai pas besoin de soupirer (?) non, tu n’as pas besoin de moi”]
Je mène ici une vie de fatigue qui ne serait pas tenable un jour de plus – aussi malgré leurs cris et leurs billets jetés sur le théâtre pour me faire jouer lundi je pars.
Voici ma vie de tous les jours. Je me réveille de très grand matin. J’étudie. À 8h j’ai mes lettres. J’écris. Je me lève à 10h. Je pars avec ma femme de chambre à 11h. pour la répétition. Ce matin j’ai répété : l’Incendiaire, la Femme colère et Antony. Je mets tout le monde en scène, je règle les décors. Et on compose la musique séance tenante d’après mes indications. Je te demande si je dis des paroles ! – À près de 4h je rentre, je dîne vite. Je fais mes caisses pour le soir et je joue deux pièces.  À 11h je fais mes comptes de la recette avec le directeur et sa femme – nous faisons des paquets de contremarques jusqu’à minuit. Je rentre avec Joséphine et un garçon de théâtre qui marche devant nous avec une grande lanterne. Je soupe et je t’écris. – Et toujours ainsi. Sans jamais voir âme qui vive chez moi.
Quant à mes succès
[…] J’ai joué ce soir l’Incendiaire – jamais je n’ai vu chose pareille. Ils ont crié, pleuré. Enfin je suis bien obligée de te dire que c’est une rage. Je rejoue le rôle ce soir avec Antony et demain dimanche le même rôle avec Antony. Et puis adieu. Et bonsoir car je tombe.
Samedi 10h.
J’ai ta lettre. J’ai toutes tes lettres. Sois sûr que je respecterai ton chagrin et que je serai pour toi tout ce que tu voudras que je sois mon ami. Je sens bien à présent que c’est une amitié tendre qu’il te faut, et que l’amour avec ses jalousies, ses craintes ne ferait qu’ajouter à ton malheur. Ne crains plus rien de moi, je ne te gronderai plus jamais, je ne t’attendrai plus – et quand je te verrai j’en serai bien heureuse. Cher Alfred ! Si tu savais combien je désire ne plus être que ton amie – comme je serai bonne pour toi ! Tu me connaîtrais bien alors, tu verrais comme mon caractère est bon et gai.
[…]
Je serai mardi matin chez moi de très bonne heure. Si tu peux venir à 4 h. ou le soir ou le lendemain comment et où tu voudras je serai à tes ordres. […]
Allons adieu. Mes filles me disent qu’elles sont bien tristes de ne t’avoir pas vu. […] La tristesse qui veut bien recevoir des distractions n’est pas dangereuse.
Adieu mon ami. »

***

Autograph letter, n.p, « Saturday 30th [1833], 2 p. in-8° :
[Autograph address :] « Monsieur / Alfred de Vigny »

HEAD TO THE THÉÂTRE DES VARIÉTÉS BEFORE A ROMANTIC EVENING

« Voilà donc Monsieur comme vous êtes chez vous. Ce matin à midi 1/2  vous étiez déjà sorti. – Ainsi c’est comme cela que vous ne venez jamais à l’heure de vos rendez-vous. Où étiez-vous donc ??…
Venez-vite me rejoindre aux Variétés où je suis avec mes enfants : loge de la galerie n°33. Comme la loge n’est plus bonne passée 7 1/2  je suis obligée de partir. Moi qui voulais vous faire dîner avec moi. Quand je vous dis qu’on ne peut pas vous avoir.
Je ne te verrai pas demain matin mon ange parce que j’ai rép[étition] et des démarches pour mes affaires, à terminer. Mais le soir je serai à toi pour, et comme, et où tu voudras. J’ai eu hier la visite du Monsieur en jupon [il s’agit de Astolphe de Custine]. »

***

Autograph letter signed « M », [June 1833 ?], 2 p. in-8° :

THE POET’S JEALOUSY OF GEORGE SAND

« Mon cher ange tu as dérangé tout le bonheur de ma journée en ne venant pas ce matin. Tu l’avais promis. Madame Sand est venue à 3 h 1/2  en me déclarant qu’elle passerait toute la journée avec moi. Comme je conservais encore l’espoir de te voir arriver je lui dis que j’étais indispensablement obligée de sortir à quoi elle a répondu qu’elle ferait une visite pendant le temps de mon absence et qu’elle reviendrait dîner et passer la soirée. Cela m’a fait redouter la visite de M. Planche, ou mille autres ennuis… J’ai préféré aller au spectacle avec Mme Sand. Nous avons une loge à l’Opéra-comique au rez-de-chaussée n°18. Viens nous retrouver. Je suis bien triste mon Alfred que tu aies tant de répugnance à aller dans notre pauvre petite chambre. – Enfin nous allons bientôt la quitter.
Je t’aime mon amour de toute mon âme. Ne me fais pas de chagrin, je t’en prie, en aucune façon.
M »

The poet’s fierce jealousy of the ambiguous relationship between his lover and the writer George Sand is well known. At the same time, the latter sent a long love letter to Marie Dorval (July 18, 1833), which has remained famous, and at the top of which Vigny added in his own hand: “I have forbidden Marie to reply to this Sappho who bores her.”

***

Autograph letter, [Versailles, 17th August 1833], 4 p. in-8° :

“YOUR LIFE BELONGS TO ME”

« Oh ! cher pauvre petit ! mon Dieu je suis cause moi que tu n’étais pas là près de ta mère… Enfin la voilà mieux n’est-ce pas ? Je te prie de ne pas la quitter, surtout pour moi. Tu as été adorable hier, j’en ai été heureuse, et calmée […] Comme tu ne me donnes pas l’assurance de venir ici demain, je me décide à partir pour Paris ; que je puisse te voir ne fût-ce qu’un instant […] Si ta mère est très bien et que tu puisses partir avec moi, tu sais si j’en serai heureuse. Tu dînerais avec moi à Versailles et nous reviendrions ensemble après le spectacle […] surtout que jamais, jamais je ne te coûte un remords [voir notule infra]. Mais que je te vois demain le temps de te donner un bon, un long baiser […] Cher enfant viens que je te baise demain, que je te baise ou ton front, ou ta bouche, un baiser de sœur ou de maîtresse selon le temps, le lieu, la disposition où sera ton âme, cher Alfred. J’espère qu’elle sera calme, que tu ne craindras plus rien pour ta pauvre chère maman. […]
Ce que tu me dis, je te le dis, ta vie m’appartient. Tu le crois bien, n’est-ce pas mon ange ?
J’ai bien répété ce matin.

Tu as donc porté mon peignoir TOI-MÊME à la voiture. Oh que tu es donc gentil. Que je t’aurais donc baisé quand tu es entré dans ce bureau avec ton petit paquet à la main, TOI Monsieur Alfred de Vigny ! Cher Alfred ! C’est que c’est mon Alfred à moi. »

Vigny later bitterly regretted that he had preferred to go to his lover at Versailles rather than remain at the bedside of his mother, who in the meantime suffered another attack. The actress will pay dearly for it.

***

Autograph letter, [Rouen] « 21st August » [1833], 6 p. in-8° :

NEWS OF HER TOUR OF ROUEN AND THE BURNING DESIRE TO BE BACK WITH HER LOVER

“WRITE TO ME THAT YOU LOVE ME, THAT YOU KISS ME”

« 11 h 1/2 du soir
Me voilà, me voilà, mon Alfred bien-aimé, mon cher ange, je viens à toi […] Tu sais quand je t’ai quitté – je suis rentrée chez moi il n’y avait personne. Je ne pouvais plus me soutenir, je me suis mise sur mon lit trois heures […] À dix h. du soir j’ai été répéter Antony… enfin, enfin à minuit, j’ai pu me mettre dans mon lit […] Veux-tu le savoir à présent que je t’ai dit que je t’aime et que tu sais que je me porte bien heureusement pour toi et pour moi, veux-tu savoir si ta chère Marie a été bien applaudie ? Et bien cher ange dis-leur à tout Paris, que jamais il n’y a eu d’exemple à Rouen d’un succès pareil à celui que j’ai eu ce soir ; ni Mlle Mars, ni Talma n’ont été redemandés après une première rep[résentation]. On n’avait jamais vu cela à Rouen […] Cela te fait-il plaisir ? Oh mon Alfred, tout cela aurait été à ton cœur n’est-ce pas, j’en ai joui pour toi. Je suis heureuse de te dire cela, je n’en ai été heureuse que parce que je savais que je te le dirais. J’espère que tu m’aimes tant ! J’ai été triste tout le long de la route, cela m’a fait de la peine de te quitter comme cela dans la rue, j’ai bien vu pendant tout le voyage à Versailles que tu étais bien préoccupé de ta mère, tu m’as fait un grand sacrifice de venir là mon enfant […] Je suis bien ici… le théâtre est charmant, bien éclairé. La troupe est très bonne, toutes les femmes sont jeunes et jolies, mises comme à Paris, et même mieux. Je rejoue Antony après-demain avec la Fausse Agnès […]
Ton nom a été prononcé ce soir dix fois sur le théâtre par tous ces braves jeunes gens qui ont applaudi ta chère Marie. J’ai été un peu heureuse ce soir […] Si tu avais du chagrin je me repentirais bien de te parler de tout cela, car tout cela ce n’est rien sans mon amour, sans le désir d’être quelque chose à tes yeux, qu’est-ce que tout cela me ferait ? C’est toi qui fait du bonheur de tout. Mon ange je couche dans la chambre et le lit de Paganini. Je fermerai cette lettre demain dès que j’aurai reçu ta chère tienne. Je vais dormir […] Écris-moi bien que tu m’aimes, que tu me baises, que tu m’aimais bien à Versailles, que tu seras fidèle, que tu n’iras pas au spectacle.
Jeudi matin

Point de lettre de toi cela me donne une grande inquiétude – penser qu’il faut attendre demain ! Aurais-tu trouvé ta mère plus malade, – je tremble de cela ! Adieu donc à demain, je n’ai plus le courage de te rien dire quand je n’ai point de lettre. »

***

Autograph letter, [Rouen] « Saturday evening 9 pm » [24th August 1833], 2 p. 1/2 in-8° :
[Autograph address :] « Monsieur / Alfred de Vigny / rue Montaigne n° 18 / Paris »

“I BEG YOU, ALFRED, ALWAYS WRITE TO ME, LET ME NOT BE JEALOUS!”

« J’ai été désolée toute la journée, jalouse. Je t’ai écrit une lettre [non retrouvée] que je fais partir avec celle-ci, car quand elle a été écrite ce matin je n’ai pas osé te l’envoyer. La voici pourtant elle te montrera quelle était mon agitation. Mais bientôt l’inquiétude a remplacé la colère, et je tremble qu’il ne te soit arrivé quelque malheur. Ah si tu m’aimes ! que jamais un jour, un jour ! ne se passe sans m’envoyer une lettre cela me tue et me jette dans des états violents que je ne puis réprimer. À la moindre crainte sur toi ou sur ton amour je perds la tête. Je t’en supplie mon Alfred écris-moi toujours, fais que je ne sois pas jalouse ! Je suis calme ce soir à l’instant où je t’écris et peut-être qu’une idée va me torturer toute la nuit. Ces palpitations que tu sais augmentent tous les jours, le cœur me bat d’une force incroyable, ce matin quand Joséphine est venue me dire que je n’avais point de lettre cet horrible battement m’a pris et m’a duré cinq minutes, c’est ainsi que je t’ai écrit cette lettre. […] Que je voudrais être à demain. Je suis obligée de fermer cette lettre si je veux qu’elle parte ce soir.
je t’adore. »

***

Autograph letter, [Rouen] « 5, Sunday » [25th August 1833], 3 p. in-8° :

“MY HEART BEATS SO FAST THAT MY HAND TREMBLES”

« Je perds la tête vois-tu quand je n’ai pas de lettre. Pardonne-moi pour cette fois et pour toutes les autres où je douterai de toi, tu es de même, tu es demeuré mon ange. Que tes deux lettres ce matin m’ont donc rendue heureuse ! Tout va bien quand je suis tranquille mon amour, autrement rien n’est plus pour moi, il n’y a que toi, tout n’est bien qu’à cause de toi. Je ne suis heureuse de ce qui m’arrive qu’à cause de toi. Les applaudisseurs de ce pays-ci ne sont quelque chose pour moi que parce que tu le sais et que tu en es heureux. Le cœur me bat si fort que la main m’en tremble.
Qu’est-ce donc que ce sang qui me vient là au cœur ? C’est qu’il voudrait aller à toi n’est-ce pas mon amour ? Mon cher bonheur. Je t’écris un mot seulement, il est cinq h. Je joue ce soir Les Enfants d’Édouard et la Femme colère […]
Mille baisers sur ta bouche chérie, ta bouche à moi que j’adore comme tu sais.
Qu’elle ne se pose sur rien au monde ! Je ne lui permets que le front de ta mère.
Cher Alfred à demain. »

***

Autograph letter, [Rouen] « Tuesday » [27th August 1833], « au moment d’aller jouer » 4 pp. in-8° :
[Autograph envelope :] Monsieur / Monsieur Alfred de V. / Rue Montaigne, n°18 / Paris

JEALOUSY AND DOUBTS OF THE ACTRESS, WHO CAN’T STAND HER LOVER’S FORMER LOVE AFFAIRS

“THE AIR HERE MAKES ME JEALOUS. YOU HAVE LOVED ANOTHER PERSON HERE THAN ME, THIS IDEA IS ODIOUS TO ME!”

« Mon ange te voilà donc encore bien malheureux ! Mon Dieu que je te plains, et comment veux-tu que te sachant si occupé de ta mère j’aille te parler de théâtre. D’ailleurs tu sauras tout quand je t’aurai dit que c’est ici une adoration pour moi […] Seulement ils ne veulent pas que je les fasse rire après, je suis obligée de commencer par la pièce gaie. Ils veulent rester dans l’émotion du drame […] Ils disent que Talma ne serait pas venu leur jouer une farce après les avoir fait frémir, que Lamartine et de Vigny ne font pas de chansons, etc… Je te réponds que j’ai fait ici une belle révolution et qu’ils vont devenir des romantiques enragés. Tout le monde me fait amitiés ici, toutes les dames sont très bien et très jolies, je dîne quelques fois chez elles ou elles viennent chez moi. Mme Thénard des Français est ici, c’est la maîtresse de mon Antony [le comédien Alexandre], je la vois souvent. […] Ici je n’ai pas mon laisser-aller de Paris. On n’ose pas. J’ai vu tout ce qu’il y a à voir dans la ville, ces vieilles maisons et ces églises. Mais ici l’air me rend jalouse. Tu as aimé ici une autre que moi, cette idée m’est odieuse ! [Vigny avait été, on le sait, en garnison à Rouen d’avril à septembre 1821] et je prends cette ville en horreur ! Je ne suis pas riche de tes lettres ici non plus, mais enfin puisque tu ne le veux pas ! […]
J’ai reçu une lettre de mon mari qui me menace de venir à Rouen – il n’est pas encore parti. Le cœur me bat toujours et surtout à 5 h. du soir et jusqu’au moment où je me couche. Le lit me calme. Je suis horriblement fatiguée, et toujours à la répétition depuis dix h. du matin. Tu ne me dis pas de revenir – ne veux-tu plus de moi, ne penses-tu plus au moment de me revoir ? Faut-il continuer ma route sans revenir ? dis, dis. »

***

Autograph letter, [Rouen] « 28th August [1833] 5 pm », « pour lui » 3 pp. in-24° :

« Mon pauvre ami ! Je n’ose pas me jeter au travers de tes chagrins, je n’ose pas t’écrire, que puis-je te dire puisque tu es si occupé de ta mère, tu ne me feras jamais te parler de théâtre dans ces moments-là […] Je n’ai plus de palpitations. Ne crains donc rien pour moi. Je suis brillante ici moi indigne que je suis, pendant que tu es malheureux… pardonne moi… ce n’est pas ma faute, c’est la tienne… Ah ! si tu pouvais me dire VIENS. »

***

Autograph letter signed « M », [Rouen 28th August »,  4 p. in-8° :

DOUBTS AND FEAR OF LOSING ONE’S “DEAR ANGEL”

“I THINK I AM UNWORTHY OF YOU”

« Oh pardonne-moi cher ange ! Si je t’ai fâché pardonne moi. Mais je n’osais pas t’écrire. Je t’ai cru si occupé de ta mère, je l’ai crue si mourante, tes lettres (que je ne reçois pas tous les jours), et si courtes… si préoccupées… j’allais prendre le parti d’écrire à Soulié , pour t’éviter même la peine d’aller chercher mes lettres. Et comment avec cette idée pouvais-tu croire que j’allais causer théâtre avec toi […] Que je suis jalouse oh ! mais d’une jalousie qui ne doit pas t’offenser. Je n’ose plus parler de moi, je me trouve indigne de toi, inutile ; je me décourage, je ne puis t’écrire… Je sens que tu n’es plus à moi. Pardonne-moi de tout cela. Comme ta lettre a un air sévère ! Tu dis mon ange une fois seulement […] On vient de m’arracher de mon lit à dix h. du matin et je sors du théâtre à trois h. ne pouvant plus me soutenir […] Mon mari me dit qu’il va passer un jour à Rouen [Merle arrivera à Rouen le 30 août]. On me tourmente ici pour rester […] De tout cela c’est à toi que je viens. Je serai à Paris jeudi 5 au soir à 7 h. Je serai forcée de partir le lendemain […] Baise-moi, baise ta chère Marie qui t’aime, qui te le dira bien avec son âme jeudi. Ah ! sois tout à moi toute cette soirée.
M.
Soulié a dû aujourd’hui te porter une petite lettre de moi [voir la lettre précédente]. Dis lui de te montrer celle que je lui écris. »

***

Autograph letter, « [Rouen] Friday 30th [August 1833] 1833 »,  1 p. petit in-8° :
[Autograph envelope :] Monsieur / Monsieur Alfred de V. / Rue Montaigne, n°18 / Paris

NEW REMONSTRANCE FROM THE ACTRESS FEELING VIGNY’S FEELINGS FOR HER DISSIPATE

« Tu vois mon cher enfant tu ne m’écris pas tous les jours – et pourtant ta mère est mieux – et ta dernière lettre était sévère. Tu vois que tu me fais de la peine. Je serai triste et malheureuse tout le jour ! Tu ne m’aimes plus tant. »

***

Autograph letter, n.p.n.d [1833 ?], 2 p. in-8° :

UNPUBLISHED LETTER

« J’ai passé toute la nuit avec de grands yeux ouverts et fatigués d’avoir pleuré. Je ne vous envoie tout ce griffonnage que pour vous prouver que je dis vrai quand je dis que je souffre. Je ne sais plus ce que je vous ai écrit, mais je désavoue tout ce qu’il peut y avoir d’emportement ou de menace dans toute cette écriture. Il m’est arrivé bien souvent de vous écrire ainsi et de déchirer après – vous verrez si j’avais raison. C’est qu’aussi le plus souvent rien ne se trouvait sous ma colère. – Aujourd’hui ce n’est pas de même. Je trouve toujours dans le fond de mon cœur le chagrin que vous m’avez donné hier soir. Vous m’avez offensée. Ma raison me confirme ce que l’instinct m’avait fait pressentir. Croyez-vous pouvoir me détromper ? Le croyez-vous ? Faites-le donc. Ce soir écrivez-moi mais je ne veux pas vous voir, je suis décidée à ne jamais vous voir quand j’aurai du chagrin, vous ne me dites plus ce qu’il faudrait me dire et votre impassibilité me donne les fureurs que vous savez et qui me font bien mal, vraiment, les mots qu’on dit pour se justifier ne persuadent pas tant que la tendresse qu’on a dans les yeux, dans la voix – je ne veux pas vous voir. »

PICASSO, Pablo (1881-1973)

Autograph letter signed « Picasso » to Max Pellequer
[Château de] Vauvenargues, “14.[0]4.[19]61”, 1 p. 1/4 in-4°
Usual fold mark, otherwise fine condition throughout
Watermark: “André Chotel Paris – A.M.C”

In the company of Jacqueline, whom he had just married, Picasso settles in their second home at the Château de Vauvenargues for a few days


« Mon cher Max,
Nous sommes depuis hier ici pour quelques jours.
Je vous envoie le chèque que vous me demandez pour ces messieurs des contributions et un autre chèque pour la B.N.C.I [Banque nationale pour le commerce et l’industrie, une des banques ancêtres du groupe BNP Paribas] de Cannes [,] montant de mon coffre ici.
Meilleurs souvenir[s] et amitiés de nous deux
Je vous embrasse
Picasso »

[Jacqueline adds an autographe line in the lower margin of the second page]
« Je vous embrasse très fort
Jacqueline »


A banker and shrewd art lover, Max Pellequer amassed a considerable collection of modernist works in the 1920s. In 1920, he married Francine Level, niece of the merchant and businessman André Level. It was through him that he met Picasso in 1914. This meeting marked the genesis of an unbreakable friendship between the two men. Pellequer became one of the artist’s closest friends, but also his banker and financial advisor. For more than 30 years, he acquired an incredible collection of paintings and sculptures from Picasso. The epistolary relationship they maintained allows us to take the measure of the ties that united them.

At the time of writing this letter, Pablo Picasso had just married Jacqueline (born Roque) on March 2, 1961, in Vallauris. Their main residence was at the Mas Notre-Dame-de-Vie de Mougins, in Mougins, near Cannes. The Château de Vauvenargues had become their second home after Picasso acquired it in September 1958. It was in the park of this same property that the painter was buried in a noxious atmosphere, on April 10, 1973.

PICASSO, Pablo (1881-1973)

Autograph letter signed « Votre Picasso » to Max Pellequer
[Château de] Vauvenargues, « the 27.[0]4.[19]59 », 1 p. in-4°
Fine condition throughout

Picasso turns to his friend and collector Max Pellequer for his social security and family allowance matters


« Mon cher Max, voici le chèque pour Union de recouvrement de sécurité sociale et allocations familiales.
J’ai envoyé à Sabartès le chèque de K. Quand j’aurais reçu de Sabartès la réponse de l’avoir remis à la Banque je vous enverrai le chèque pour les contributions.
Je vais vous écrire tout à l’heure ou demain plus longuement. Votre Picasso. »


A banker and shrewd art lover, Max Pellequer amassed a considerable collection of modernist works in the 1920s. In 1920, he married Francine Level, niece of the merchant and businessman André Level. It was through him that he met Picasso in 1914. This meeting marked the genesis of an unbreakable friendship between the two men. Pellequer became one of the artist’s closest friends, but also his banker and financial advisor. For more than 30 years, he acquired an incredible collection of paintings and sculptures from Picasso. The epistolary relationship they maintained allows us to take the measure of the ties that united them.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Original drawing, inscribed to Reynaldo Hahn : « R.H. (Bininuls) »
N.p.n.d [c. 1909 ?], 1 p. in-8° in black ink on laid paper
Period central fold mark, pencil annotations on the verso

Rare original drawing by Proust, depicting four sailboats buffeted by the waves


The drawing, entitled “Le Départ (gros temps)”, depicts four small sailboats sailing on high, almost vertical waves, each with two passengers on board struggling to hold the jibs and mainsails with difficulty. We can observe the meticulousness with which Proust himself applied to the details, even the smallest, making this drawing rather accomplished.

A pastiche of Turner’s painting
An admirer of the works of William Turner reproduced in John Ruskin’s The Harbours of England, Proust’s inspiration leaves little doubt, as the similarities are striking between his drawing and the reproductions in the book. It was not only in Ruskin’s books that Proust was able to see Turner’s works. Kazuyoshi Yoshikawa explains it in a passage from The Prisoner, the narrator, waiting for Albertine’s return, leafs through “an album by Elstir, a book by Bergotte” (RTP, III, p. 55). However, in a preparatory paper referring to the same passage, Proust writes: “I simply took a book by Bergotte” (notebook 53, f° 20v°), and then added in line spacing “leafed through an album by Turner”, before replacing the latter’s name with that of Elstir. Behind the painter of La Recherche appears William Turner as a spectral figure, alongside Paul-César Helleu, Claude Monet and Whistler.

Although the dating of Proust’s drawings is almost always uncertain, this one is to be compared with the letter-drawing n°02041 (BIP n°52, François Proulx and Caroline Szylowicz), where the caption “view of Lincoln (bensonge)”, dated by Philip Kolb on [Friday, November 26, 1909], appears. This drawing is now in the archives of the Harry Ransom Center at Textas. We can also cite another unpublished letter-drawing mentioned in Turner in the Port of Carquethuit, by Kazuyoshi Yoshikawa, where we find the legend “Entrance to the Port of Dulwich by Turner (insvations and bensonge)”.
These three drawings could form a series, which Proust would have sent to Reynaldo Hahn around the same date, i.e. November 26, 1909.

In other letters, Proust mentions the “series” of drawings he made for Hahn, for example in his letter of [21 or 22 May 1906] where he wrote: “I have made you thirty drawings so pretty that I am very sorry to have lost them […] for they constituted a bold criticism of the different schools of painting” (Corr., vol. VI, p. 87).

« (Ci-joint letterch de Picquart) »
In the medieval-inspired idiom that he used only with Hahn, Proust added this enigmatic caption: “Ci-joint letterch de Picquart”. Would this indicate that Proust wrote a letter-pastiche in the style of Picquart’s letters? Another plausible conjecture is a copy of a letter from Colonel Picquart published in the newspaper Le Siècle on 9 July 1898 and sent in clippings by Proust to Hahn (cf. Jean Denis Bredin, L’Affaire, Julliard, 1983, p. 294). Unless it is a letter about the deferment of thirteen days of military service that Proust was trying to obtain for his valet de chambre by asking for Hahn’s mediation with Picquart, who had become Minister of War (Corr., vol. VIII, pp. 187-188).

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed « LF » to Jean-Gabriel Daragnès
N.p, [Danemark], « le Dimanche » [25th June 1950], 4 p. in-folio
Usual fold marks from period, tiny red top on top right corners (see scan)

Céline gives news of Lucette after a post-operative complication and then ends his letter by delivering medical recommendations for his friend’s wife


« Mon cher Vieux,
Nous rentrons à Korsør mardi tantôt1 – Lucette sort de l’hôpital pas encore complètement guérie – mais je la soignerai là-bas. Écris-moi là-bas si tu veux bien. Son moral est excellent, souriant et infiniment courageux comme d’habitude. Je dois me garder contre son héroïsme naturel, m’en défier ! Enfin ça ira je pense bientôt. Elle est enchantée de ton peignoir. Il le fallait pour égayer le placard de Mik[kelsen] en attendant le taxi qui doit nous transporter à Korsør (150 couronnes de ma poche !) Heureusement que par toi Monnier et le Pasteur [François Löchen] nous avons un peu d’argent de poche. Ces 6 semaines ont été catastrophiques pour notre économie si précaire ! Enfin ça ira. On [a] été extrêmement gentil avec nous à l’hôpital tous infirmières – médecins – chambre à part, etc. Vraiment adorablement traités. La complication post-opératoire a été malheureuse c’est tout – méthode nouvelle – justifiée – mais qui n’a pas bien tourné avec Lucette. Le temps ! brusquement étouffant, dans ce pays toujours si froid. Et puis Lucette trop courageuse dont les mouvements ont été trop amples. Ils ont ici l’habitude des malades ratatinés, chichiteuses, engourdies. Bref sale fiasco, complications septiques considérées honteuses il y a 30 ans.
Enfin je crois qu’on va reprendre un bail avec la vie. Je vais foncer au manuscrit [Céline était alors en pleine écriture de Féerie pour une autre fois II] Comment va ta femme ? Son foie est sûrement en cause2 – Mais rien n’est plus complexe que les syndromes hépatiques et surtout les traitements de ces affections. D’abord l’abstinence de tout totale pour gommer effacer l’ardoise – y voir clair. Tuas raison.
Bien affectueusement à vous deux.
LF »


1- The return to Korsør took place on Tuesday 27 June, a date confirmed by his letter to Marie Canavaggia on 1 July. The preceding Sunday, as indicated at the head of the letter, can therefore only be June 25.

2- In another unpublished letter from the same period, Céline gives advice on food hygiene to Daragnès, which is therefore also intended for his wife. However, it was Jean-Gabriel Daragnès who, a month later, on July 25, 1950, died following surgery.

A friend and unwavering supporter of Céline during the dark years, the engraver and printer Jean-Gabriel Daragnès (1886-1950) settled in Montmartre in the mid-1920s on Avenue Junot. He met Céline through Gen-Paul and Marcel Aymé, but did not become friends with him until later, when the author of Voyage au bout de la nuit treated his mother, who was seriously ill, as a doctor. Daragnès was one of the first to whom Céline wrote after her incarceration in Denmark. He thus became his trusted man in France, his informant in Montmartre, his intermediary with publishers, and even agreed in 1949 to act personally with the Court of Justice on his behalf. Daragnès came to Denmark twice, in 1948, as curator of the exhibition of French books in Copenhagen, and did not fail to visit the exile at that time. When he died suddenly in 1950 following an operation, Céline lost one of her strongest supports. In an intermediate version of his novel Féerie pour une autre fois, written in Denmark, he presents him as “the greatest engraver of France”.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Two autograph letters signed « Jean Cocteau » to Henri Duvernois
N.p.n.d, c. 1912, 2 p. in-4°
Usual fold marks from period, very tiny tear on bottom margin of the second letter (see scans)

Two rare letters from Cocteau’s youth to his friend Duvernois and evoking La Danse de Sophocle, his third collection of poetry, which he would eventually disown


« Cher Duvernois,
Je termine “La bonne infortune” et j’arrive comme les carabiniers car je ne lis guère le journal. C’est si beau que je sentais le merveilleux malaise des larmes aux pages les moins pathétiques ! Chaque phrase émeut de déconcerte à force d’être simple et neuve ! On se retrouve sans cesse et c’est le comble de l’art !
J’ai lu de la première ligne à la dernière sans regarder autour de moi. J’étais partout où votre fantaisie m’emportait.
Je suis fier de vous serrer les mains.
Jean Cocteau »

« Cher Duvernois
On me remet à la seconde Fifinoiseau – J’emporte chez Simone [Benda] où je passe quelques jours […] Je vous écrirai tout de suite après la lecture.
Mettez-moi au pieds de Madame Duvernois.
De tout cœur
Jean Cocteau
P.S. Pas un article sur la “Danse” [de Sophocle]. C’est tout de même drôle !


Born into a wealthy Parisian family that supported his artistic career, Cocteau published his first self-published collection of poems in 1909, Aladdin’s Lamp, inspired by the Arabian Nights. He then made a name for himself in bohemian artistic circles, such as Le Prince Frivole. This was the title of his second collection of poems, published in 1910. His third collection of poetry, The Dance of Sophocles, was published in 1912. He would later disown these three early works.
Later, his meeting with Serge Diaghilev, whom he wanted to astonish, marked the first crisis in his work: he renounced his collections of poems and moved closer to the Cubist and Futurist avant-garde.

APOLLINAIRE, Jacqueline, born Kolb (1891-1967)

Two autograph card-letters signed « Jacqueline » to Angelika de Kostrowitsky
[Paris, 4th and 6th January 1918], 2 p. in-8°
Tears at opening on second letter (missing signature but the “J” of Jacqueline)
Some ink stains, some correction by Jacqueline Apollinaire

Autograph address on the back of each of the two letter cards
« Madame Kostrowitzky
10 Villa Lambert
Chatou S[eine] et O[ise] »

Postal marks :
Bd Saint-Germain 195 Paris 120 4 janvier [19]18 7h30 et 6 janvier [19]18 18 h

FROM THE JACQUES GUÉRIN COLLECTION

A precious unpublished set of two letters, testifying to the strong tensions between Jacqueline Apollinaire and her future mother-in-law at the time of the poet’s hospitalization, at the beginning of 1918


We have left Jacqueline Apollinaire’s text as it is

First letter
Thursday 4th January 1918

« Chère Madame,
Guillaume me prie de vous dire de l’excuser de n’être pas allé vous souhaiter la bonne année. l s’est couché le 30 après déjeuner, il ne s’est levé que ce matin pour aller a l’hôpital, comme il est militaire, il ne peut pas etre soigner a la maison, Le major de la place la envoyé à l’hopital où il a été trépané [Villa Molière, hôpital militaire complémentaire du Val de Grâce in Paris]. Il a une bronchite, j’espère que ce ne sera pas grave. Je l’ai eu ces trois derniers jours avec 39 de fièvre. Demain j’apporterai j’irai le voir, il a essayé de vous écrire cet après-midi mais le transport l’a tellement fatigué je suis sûre qu’il ne manquera pas de le faire demain. Je vous embrasse Jacqueline »
[She adds on margin] « Voici son adresse si vous voulez devancer sa lettre. Sous le nom d’Apollinaire. »

Second letter
6th January 1918

« Chère Madame,
Malgré votre injustice a mon égard, je vous rappelle si je ne vous l’ai pas dit hier que vous pouvez voir votre fils a l’hopital de 2 à 4 H mais que pendant cette periode de fievre la visite ne pourra durer plus de cinq minutes nos deux visites sont d’ailleurs les seules autorisées.
Respectueusement. J[acqueline] »
[she adds on upper margin] « Je mets ce mot pour que vous ne m’accusiez pas de vouloir éloigner Guillaume de vous. »


Gassed during the war, Apollinaire suffered from severe respiratory problems, in addition to the shrapnel he had received in the temple, which had caused him to be trepanned on 9 May 1916 at the Villa Molière. His companion Jacqueline, a nurse of modest origins, probably understood better than anyone how fragile her health was, but she did not take the full measure of the problem, since she mentioned bronchitis when it was a pulmonary congestion, which was more serious. He was hospitalized in the same place where he had been trepanned a year and a half earlier, at the complementary military hospital of Val de Grâce.
Jacqueline informs her future mother-in-law of her son’s hospitalization. Irascible by nature and unable to bear the fact that her son was living in a marital relationship with Jacqueline Kolb (they did not marry until May 2, 1918), she probably did not appreciate that Jacqueline had taken so long to inform her of her son’s hospitalization. Jacqueline’s response in the second letter confirms this hypothesis. It is also interesting to observe the difference in unsealing between the two letters. It was evidently with ulceration that Madame de Kostrowitsky opened the second, snatching Jacqueline’s signature, as if by a strange coincidence. The tension between the two women was such that the poet’s mother, after his death, had her apartment sealed. It was also Jacqueline’s, who hastened to have them removed.

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed « Paul Valéry » to Maurice Noël
N.p.n.d « Wednesday » [6th May 1942 ?], 2 p. in-8°
Old paper clip mark on margin

An interesting set comprising this letter from Paul Valéry to his colleague Maurice Noël, in which André Gide and the publication of “Choses humaines” in Le Figaro are mentioned


« Mon cher confrère,
Je trouve ici votre lettre du 1er mai. Je ne sais plus rien de Paris, ni de la revue. J’ai causé avec Gide (à Marseille) qui me donne plein pouvoirs, avant de s’embarquer pour Tunis. Je lui ai dit que je persiste dans mon attitude, la seule raisonnable, efficace et nette.
Je ne crois pas que vous deviez publier la note que vous m’avez communiquée, si elle n’émane pas de la maison même.  À mon avis, il ne faut rien dire de cette affaire jusqu’à ce que la Revue elle-même parle. Ou que le sommaire du prochain numéro marque quelque changement notable dans l’allure. Je désire que ce que je vous ai dit, à Brisson et à vous, demeure entre nous, et vous serai reconnaissant, si quelque renseignement vous parvenait de Paris qui eût de l’importance à ce point de vue, de me le donner le plus tôt possible. Je resterai ici jusqu’au 20 environ.
Disposez à votre idée des « choses humaines ». Si l’on compose ce texte dès à présent, peut-être une épreuve me parviendrait-elle ?
Je vous prie de remercier Chauvet de sa lettre et de son article, et je n’oublie pas son obligeance à Lyon.

Faites toutes mes amitiés à Brisson que j’ai été si content de revoir et croyez-moi, mon cher Maurice Noël, votre bien cordialement dévoué
Paul Valéry »


Paul Valéry was staying at the Château de Montrozier at the invitation of his friends Robert and Yvonne de Billy. We are talking here about articles written by Paul Valéry, which appeared in the following days.
The newspaper opened its columns to the poet and writer in the early 1930s. Paul Valéry, who had been a member of the Académie française since 1925, had plenty of time to address the themes that were dear to him, in his precise and pictorial style.

We include :

A period film print (11,5 x 7,3 cm) showing Paul Valéry, André Gide et Jean Ballard at the Marseilles train station
Old paper clip mark, inscriptions on verso, fold mark

An autograph letter signed from his wife Jeannie Valéry (born Gobillard)
N.p, « 9th February » [after 1950], 3 p. in-8°
Old paper clip mark on fourth page
About the posthumous publication of Paul Valéry’s works and letters
« Après avoir rendu au Littéraire la lettre de mon mari à [Paul] Claudel pour éviter de peiner les amis Directeur et Rédacteur […] cette manière que vous avez de vous exprimer au sujet de la personne de mon mari me la rend charmante, car elle touche à ma corde la plus sensible […] Monsieur Pierre Brisson a su me montrer par ses prévenances en bien des occasions, la fidélité de son souvenir et la vivacité de son admiration à l’égard de mon mari […] J P Valéry »

An autograph letter signed from Jeanne Loviton (1903-1996), also known as Jean Voilier, writer and Paul Valéry’s mistress
[Paris], 1st December 1950, 2 pp. in-4°
On the writing of her work and her grief after the death of Paul Valéry and the assassination of Robert Denoël
« Je vous en veux d’avoir pu croire que la plus indépendant et livre des femmes ait manqué au respect de la liberté chez autrui […] L’œuvre que j’ai publié est belle, puissante, humaine, elle a du souffle. Elle dépasse les petites histoires, les petits romans dont nous sommes écœurés […] Maurice, la vie m’a été affreusement dure et cruelle ces dernières années [allusion à la mort de Paul Valéry et l’assassinat de l’éditeur Robert Denoël, dont elle était la maîtresse au moment de la tragédie et publiquement accusée d’en avoir été la commanditaire], vous le savez […] J’ai besoin d’une revanche, j’ai besoin d’un succès. Si vôtre candidat [allusion à sa demande de candidature au prix Renaudot] n’a pas de chances suffisantes, vous pouvez m’aider et continuer à mon plaisir. C’est tout. […] Si je suis naïve au point de vous faire cette confiance c’est seulement pour que vous l’oubliez quand vous aurez détruit cette lettre en n’en retenant que mon amitié qui exclut tout le reste, Jean Voilier »

Two period film prints (15×10 cm et 18×13 cm)  showing the cementary in Sète where Paul Valéry is burried
Some flaws, fold on one corner, inscriptions on verso

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Hortense Cornu
[Camden Place, Chislehurst] 13th January [1875], 8 pp. in-8°, mourning paper
Tiny ink stains, usual fold marks, otherwise excellent condition throughout

Long and important letter from the Empress, written four days after the second anniversary of the death of Napoleon III
She painfully evokes the exhumation of the Emperor’s remains to be placed in the red granite sarcophagus of Aberdeen, a gift from Queen Victoria


« Ma chère Madame Cornu,
J’ai reçu votre lettre et je vois que votre pensée était près de nous le 9 janvier [date anniversaire de la mort de l’empereur]. C’est le privilège de l’empereur d’émouvoir par sa pensée ; en effet partout cet anniversaire a repris un caractère d’actualité et chacun pensait qu’il devait plus qu’un souvenir à cette grande mémoire. Nous avons eu, ici, une cérémonie bien touchante, il a été porté dans le sarcophage que la Reine [Victoria] a fait faire pour lui ; j’ai assisté cachée à tous, et je puis vous assurer qu’en le voyant enlever il me semblait qu’on m’arrachait le cœur ; est-ce sa dernière demeure ? Je ne puis le croire, mais il me semble que je ne pourrai jamais rentrer sans lui ! Quand j’étais en France je me souviens d’avoir dit l’Empereur, ‘je ne me sens étrangère que le jour des morts, tout ce que j’aime, grâce à Dieu vit, et ce jour où chacun va retrouver les morts je m’aperçois que je n’ai rien sous terre’. Aujourd’hui, au contraire, si je devais rentrer en France sans lui, je serais étrangère toujours !…  Quelle singulière destinée qui fait que les cœurs les plus français, les Napoléons, doivent tous jusqu’à présent être déposés dans un cercueil étranger, deux anglais ! et un autrichien !
Je ne puis hélas vous parler d’autre chose aujourd’hui. Mon fils [le Prince Impérial] continue à travailler. Dieu veuille qu’on lui laisse finir ses études, je ne crains rien tant que les agitations stériles ; tout semble préparer son avenir ! Mais quelle tâche difficile il a devant lui ! Quand le peuple comprendra-t-il la différence qu’il y a entre ceux qui l’aiment et ceux qui l’exploitent ! Mon pauvre et cher Empereur s’est usé à la peine, et jamais on ne devinera les secrètes douleurs de ce martyr de trois ans ! Seul, il proposait cette émanation divine, le pardon des injures, et Dieu seul sait à quelles dures épreuves il a été soumis. Ma santé est assez bonne mais je ne puis me décider à sortir, les journées passent assez vite. Mon fils vous envoie tous ses souvenirs d’amitié et croyez-bien à tous mes sentiments affectueux.
Eugénie
Avez-vous lu ma lettre à l’Évêque de Troyes ? »


The sincere friendship between Queen Victoria and the imperial couple began in 1855 during the alliance between Great Britain and France against Russia during the Crimean War. This friendship withstood the passage of time and the vicissitudes of French foreign policy, which led the imperial couple to find exile in England after the fall of the Second Empire in September 1870. In a final tribute to the late emperor, Victoria had his remains transferred to a red granite sarcophagus in Aberdeen, where he rests to this day. On reading this letter, Eugenie apparently could not hold back her emotion, “hidden [from] everyone”.

At the end of the letter, Eugenie mentions her son the Prince Imperial who, in January 1875, left Woolwich School with the rank of officer in the British army. Three years later, to combat the monotony of exile and to demonstrate his military skills, he enlisted, despite his mother’s resistance, in the ranks of the English army. He went to southern Africa to suppress a revolt by the Zulus, before succumbing to an ambush under their arrows on 1 June 1879.

Goddaughter of Queen Hortsense and foster-sister of Napoleon III, Hortense Cornu (1809-1875), the addressee of this letter, was one of the strong personalities of the imperial entourage. She was the daughter of a chambermaid of Hortense de Beauharnais, mother of the future emperor. Brought up close to him, she retained a great influence for a long time by encouraging him towards politics. She brought him books to Ham Prison and took notes for his study work. Erudite, with a taste for archaeology, she herself published works of history and literature, and held a popular salon. A republican, she distanced herself from Louis-Napoleon after the coup d’état of December 1851, and opened a salon of her own to the enemies of the Empire. She drew nearer, however, to the Emperor after the Italian campaign, and was again admitted into her familiarity in 1862. Born Hortense Lacroix, she had married the painter Sébastien Cornu in 1834. She died in embarrassment at Longpont-sur-Orge on 16 May 1875.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel » to Reynaldo Hahn
N.p.n.d « Monday » [7th January 1907], 8 p. in-8° in black in on mourning paper, two bi-folios, watermark « L. T. & C° »
Small annotation in pencil in the upper margin of the first page, period fold marks
Slight discharges of ink on the first bi-folio testifying to a folding by Proust when the ink was not yet dry.

A precious letter to Reynaldo Hahn, his “Bunchnibuls”, about his relationship with Robert de Montesquiou and the latter’s late lover, Gabriel de Yturri

A remarkable testimony of intersecting relationships, each of the people mentioned here having inspired Proust for major figures in The Search


« Mon petit Reynaldo
Je suis triste de n’être pas en état de vous dire plutôt ce que je vous écris. Si vous écrivez à Montesquiou dites-lui que la vérité est hors de son dilemme, en pleine invraisemblance pour qui ne sait pas ma vie. La vérité c’est qu’arrivé à Versailles le 6 Août, je n’ai pas pendant ces cinq mois été une seule fois capable de sortir. Je n’ai pas été une seule fois au Château, pas une seule fois à Trianon (mais du reste vous savez bien tout cela), pas une seule fois au cimetière des Gonards. Si je n’avais eu qu’un seul jour de bon je serais allé plutôt qu’au Château et à Trianon, aux Gonards, surtout M. de Montesquiou n’étant pas à Versailles, ne pouvant pas y aller, j’aurais eu un sentiment très doux en me disant que je le remplaçais[,] que je venais de sa part auprès du pauvre Yturri comme lui si souvent vint de la part de M. de Montesquiou auprès de moi. Et puis je savais par vous, par d’autres, que c’était une tombe unique d’émotion et de beauté2. Et comme je ne pense plus guères qu’aux tombeaux j’aurais bien voulu voir ce que Montesquiou avait fait là et comment son goût avait réussi à donner plus de noblesse encore à sa douleur. Quand il sera revenu à Paris ou à Versailles, je me soignerai pour tâcher de le voir un soir, mais outre que c’est impossible pour tout le monde, avec lui la difficulté avec lui3 grandit encore, car c’est la personne du monde avec qui je me gêne le plus, dans le mauvais sens du mot. Et même s’il se prête pour une fois à mes heures, la possibilité d’une crise intempestive m’empêchera d’oser lui donner un rendez-vous que j’aimerais mieux mourir que rompre, tandis que d’autres comprendraient. Vous pouvez lui dire que j’ai eu une grande joie à recevoir les Hortensias bleus que je n’avais jamais tant aimés4. Les pièces du début m’ont paru plus exquises qu’autrefois. Quant à l’Ancilla dont je vous ai appliqué ce fragment dernièrement5, c’est une chose admirable, un magnifique pendant de La servante au grand cœur6. Il me semble (mais je n’en suis pas sûr) que la pièce à Yturri a été retouchée et peut’être pas améliorée. Elle reste peut’être ce qu’il a jamais écrit de mieux mais je ne me rappelle pas que la couronne fût verte la première fois et je ne sais pas si c’est mieux ainsi7. Inutile de lui dire cela, d’abord parce qu’il s’en ficherait complètement, ensuite parce que c’est un doute très vague, et que je ne suis pas du tout sûr d’avoir raison.
Avez-vous été interrogé par les Lettres au sujet de Shakespeare Tolstoï8. Je suis trop souffrant pour répondre, je ne peux pas vous dire ce que rien qu’une lettre comme celle-ci m’épuise. Plusieurs personnes (notamment Me G. de Caillavet) m’ont écrit que votre Noël était adorable9. J’aurais bien voulu l’entendre, Bunchnibuls, et suis triste de n’avoir pas pu. Dites à M. de Montesquiou que je n’ai même pas pu aller à l’enterrement de mon pauvre oncle10.
Tendrement à vous
Marcel.
Vous pouvez dire à M. de Montesquiou que je n’ai pas été une seule fois assez bien pour voir Miss Deacon qui habitait le même hôtel11.
Dites à Montesquiou que d’ailleurs cela n’intéressera pas que je commence à aimer beaucoup les objets12. »


1- Letter dated “Monday”; must date either from Monday 31 December 1906 or from Monday 7 January 1907: allusion to the news that Proust had of a performance of the recipient’s Christmas (see infra note n°9)

2- In a letter to Montesquiou dated November 18, 1905, Proust apologized for not having been able to attend the inauguration of the monument in honor of Gabriel de Yturri: « I would have liked my strength to allow me to unite with the little group… ». Robert de Montesquiou died on 11 December 1921 and was buried in the same vault as his companion.

3- By slip, Proust repeats “with him”

4- Les Hortensias bleus. Definitive edition with portrait of the author after a painting by Laszlo. [Paris] 1906. It is the first volume of the poet’s definitive work, published in December 1906 by Georges Richard, 7, rue Cadet. The first edition of the work had appeared in 1896.

5- In a letter to the same recipient dated December 13, 1906, Proust quoted some verses from Montesquiou that he had slightly modified.

6- Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Tableaux parisiens, vol. 1, ed. Claude Pichois, Pléiade, p. 100:
La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. […]

7- An allusion to the sonnet In Memoriam, which Montesquiou placed after the preface to the collection in question, a piece entitled In Memory of Gabriel de Yturri. It begins:
Mes sentiments pour Vous sont fiers d’être éternels;
Ils ont assez duré pour avoir fait leur preuve
Sérieux, dans la joie, et, sereins, sous l’épreuve,
Et, sans jamais mentir aux pactes fraternels.
Chacun de nous eut droit à sa verte couronne:
La mienne, je l’espère, et l’attends, sans émoi;
La vôtre, si, d’avance, ici, je vous la donne,
Recevez-la sans trouble, en la tenant de moi.

8- The magazine Les Lettres had asked some French writers and artists for their opinion on this judgment of Tolstoy, reported by Georges Bourdon in his book Listening to Tolstoy (1904)

9- Allusion to the performance given at the home of Mrs. Madeleine Lemaire on New Year’s Eve. It is apparently the Pastorale de Noël, a mystery in one act by Arnous Grevan, adapted by Leonel de La Tourasse and Taurines, with piano accompaniment by Reynaldo Hahn.

10- This is Georges Denis Weil, brother of Jeanne Weil-Proust. The funeral took place on August 27, 1906. It was Robert Proust, Marcel’s brother, who went there to lead the mourning.

11- Gladys-Mary Deacon, daughter of Edward Parker Deacon and Florence Baldwin

12- A play on words, it seems, alluding to both trinkets and Montesquiou’s poem entitled Objets. Cf. Les Hortensias bleus, LXXVI of the 1896 edition; LXXII of the definitive edition of 1906.


We know Hahn’s letter to Montesquiou (now in the Montesquiou collection at the BnF), sent the next day or the day after, in which he forwards Proust’s request:
“Dear Sir, I have communicated your letter to Marcel. I am sending you his reply [this letter]. I haven’t seen him for several days. It is, alas, all too true, that not once did he go out, at Versailles […] »

It was at Madeleine Lemaire’s house, on April 13, 1893, that Marcel Proust met Robert de Montesquiou. The latter, portrayed as the Baron de Charlus in The Search, a character of irascible character and sharp verve, made a completely different impression on Proust during this first meeting. A dandy with a pure profile, a fascinating look… Proust fell under the admiration of Montesquiou and a current of sympathy was established between them. . This admiration was followed by a friendship that lasted until the last days of the dandy-poet in 1921.
Montesquiou is known to have had only one affair: that with his much-loved and mourned secretary, Gabriel de Yturri, who died of diabetes on July 6, 1905. The latter was Proust’s only model for the character of Jupien in The Search.

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed « P.V » [à Maurice Noël]
N.p.n.d, « Saturday », 1 p. in-8°
Paper very slightly crumbled on right margin, tiny tear, fragile in one area (see scan)

Paul Valéry sends an article to his correspondent in Le Figaro


« Mon cher M[aurice].N[oël].
Voici le morceau dur.
Si [le] Figaro le trouve trop abstrait, renvoyez-le moi. En fait d’actualité, il n’a que celle de mon anniversaire n°73…
J’aimerais, si vous l’insérez, avoir une épreuve.
En tout cas, n’oubliez pas la note !
Le malheureux auteur du livre en serait désolé.
Je suis tout vôtre
P.V »


The newspaper opened its columns to the poet and writer in the early 1930s. Paul Valéry, who had been a member of the Académie française since 1925, had plenty of time to address the themes that were dear to him, in his precise and pictorial style.

MAUPASSANT (de), Laure (1821-1903)

Autographe card signed « Laure de Maupassant » [to Robert Pinchon]
[Nice, c. 1890 – 1891], 2 pp. in-24° on her name card, mourning edges, very small and tight handwriting

A autograph card from Laure de Maupassant, nostalgically evoking a bygone past and giving news of her son Guy


Here we transcribe only a few fragments of this unpublished testimony:

« Veuillez agréer, cher Monsieur, mes meilleurs remerciements et mes plus chaleureuses félicitations. J’ai lu votre beau drame avec un vif intérêt, et je vous sais aussi un gré infini de ne m’avoir point oubliée, et d’être venu me chercher au fond de ma solitude1[…]. C’était un heureux temps, que celui où l’on jouait la comédie dans la maison d’Étretat2 […] L’état de votre pauvre camarade s’était beaucoup amélioré ; mais les grandes chaleurs le fatiguent […] les docteurs ne peuvent encore se prononcer en aucune manière. Il faut attendre. Agréez, cher Monsieur, mes meilleures pensées.
Laure de Maupassant »


1 – Often deceived by the adulterous affairs of her husband Gustave de Maupassant, Laure (née Le Poittevin) had filed for divorce in 1860 and had not remarried ever since.

2 – Following her divorce, Laure de Maupassant and her two children (Guy and his younger brother Hervé) moved to Étretat to live in the Grand Val. From his first literary success with La Maison Tellier, Guy had “La Guillette” built, a small house surrounded by a balcony on the first floor.

This autograph business card must have been written after 1889. Laure de Maupassant used the mourning border after Hervé’s death on November 13, 1889. Referring to the “great heats” here, a plausible conjecture would be the summer of 1890 or 1891. It was also from 1890 that Guy de Maupassant was subjected to hallucinations accompanied by psychotic episodes that became more and more severe. He was finally interned in January 1892 and, like his younger brother, died of syphilis on July 6, 1893.

MAURIAC, François (1885-1970)

Autograph letter signed « François Mauriac » to Jacques Boulanger
[Paris] 89 rue de la Pompe, 31 Oct[ober] 1920, 1 p. in-12°
Autograph address on verso
Slight ink spots indicating that Mauriac folded the letter when the ink was not yet dry

Mauriac thanked his correspondent for the glowing review published in L’Opinion for his recently published novel, La Chair et le Sang


« Monsieur,
L’Argus devient aveugle : des amis me parlent aujourd’hui du compte-rendu que vous avez fait de mon roman [La Chair et le Sang] ; et je ne l’avais pas eu. Je ne veux pas attendre que mon libraire m’ait fait parvenir le numéro de L’Opinion, pour vous exprimer ma vive gratitude et ma sympathie.
François Mauriac »


Published in October 1920 by Emile-Paul Frères, La Flesh et le Sang est l’histoire is inspired by the suicide, in 1909, of Charles Demange, nephew of Maurice Barrès, one of Mauriac’s early literary masters. The writer also returns to his own personal questions and torments of love.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph (draft) letter signed « Lamartine » to Sainte-Beuve
Mâcon, [château de] St Point, 23 Nov[ember] 1836, 4 pp. in-4°
Several repentances by Lamartine’s handwriting revealing unpublished variants with the letter published in the correspondence

Long and admirable letter from Lamartine to Sainte-Beuve
Offering some metaphysical reflections, Lamartine gives some news and then evokes his conditions for a collaboration in the context of a political press with his correspondent – The poet also draws uncompromising portraits of Joseph de Maistre and Félicité de La Menais


« J’ai attendu, mon cher ami, pour vous répondre, la réponse de M. de Virieu1. Il vous l’envoie, m’écrit-il hier. Donc rien là-dessus. J’ai connu moi-même beaucoup le Prophète [Joseph] de Maistre2. Je vous ferai de vive voix son portrait physique et moral. C’était une grande et simple figure de la Bible égarée dans le 18eme siècle et ne comprenant rien du 19eme, que le mouvement et le style. Honnête âme, âme Sainte, mais esprit trop aiguisé par la scolastique italienne et catholique du moyen âge et cherchant la pensée dans le paradoxe.
Je le vénère comme homme, je m’en amuse comme philosophe mais je ne prends pas ses ultra-vérités au sérieux. Il n’y a pas une des conséquences de son système social qui ne mène droit à l’inquisition ou à l’avènement de la raison humaine. Jugez du principe.
Vous m’annoncez des vers nouveaux de vous3. C’était une bonne nouvelle, rien n’est venu que l’eau à la bouche. Des vers de vous, des vers intimes et disant au cœur tout haut ce que les ennuis et les tristesses nous disent si mystérieusement à la pensée, c’est une consolation4 toujours. Or nous avons bien le soin d’être consolés. Je suis bien profondément triste non des choses extérieures contre lesquelles il y aurait encore assez de réactions dans ma poitrine, mais d’un long combat qui se passe en moi et où il faut vaincre, pour Dieu, son amour propre, son orgueil, son respect de soi même, son respect humain. Pourquoi recevons-nous deux éducations ? Une des autres, qui le reçoit à priori, une de nous-même et des choses qui nous fait homme trop tard et qui nous fait éparpiller les forces d’une vie déjà trop courte, et d’une individualité déjà trop frêle pour le développement d’une même pensée ? Vous voyez que je veux parler de la question religieuse. Toutes les autres sont légères selon moi.
J’ai reçu l’abbé de la Mennais, mais non encore lu5. C’est un grand et saint athlète qui ne craint pas d’ôter son habit pour combattre et de se montrer nu au peuple.
Je vais le lire. Vous savez que nos deux pensées, l’une excessive, l’autre modérée, ne s’accordent pas, mais nos deux consciences s’estiment toujours.
Après cela parlerons-nous de presse politique ? C’est bien vil. Cependant j’en ferai si vous voulez, organisez cela, mais à condition que vous, Ballanche, Lamenais, Toqueville, Beaumont, Carné, Pagès etc etc. nous écrirons ensemble. Car la serait une force, en moi seul il n’y a rien qu’un instinct droit et rapide des choses.
J’ai passé une triste année ici. Mes affaires de fortunes sont malades, gênées, me préoccupent et inquiètent autour de moi, bien qu’il n’y ait pas ruine. Ma luxation au genou m’a privée d’exercice et de la santé. Le conseil général du département m’a privé de loisir pour la Pensée poétique. Il n’y a que six semaines que je dérobe à mes nuits quelques heures matinales pour nos douces et fortes rêveries de jeunesse. J’ai écrit quelques milliers de lignes comme disent les anglais. J’aurais besoin d’un coup de votre cloche mêlée d’argent et d’airain pour faire vibrer à l’unisson une âme composée en partie du même alliage que la vôtre6. Mais adieu. Voici quatre pages pleines de rien. Ceci vous dit combien je vous aime car je n’ai plus le courage à répondre même une page à personne.
Lamartine »


1- This letter was a response to Sainte-Beuve’s letter of 16 October. Lamartine had forwarded Sainte-Beuve’s request concerning Maistre to Virieu on 20 October.

2- Joseph de Maistre était l’oncle maternel de Xavier et de Louis de Vignet. Xavier, frère aîné de Louis, avait épousé en 1819 une sœur de Lamartine, Césarine. De plus, en 1815, Lamartine avait passé quelques jours chez Joseph de Maistre, à Bissy, près de Chambéry.

3- The epistle Pensée d’août, published on 2 September, and Monsieur Jean, maître d’école, which will not appear until 25 November, both in Le Magasin pittoresque.

4- Sainte-Beuve’s collection, Consolations, had been published in March 1830, three months before Lamartine’s Harmonies.

5- Les Affaires de Rome had just been published on 5 November, and Lamenais had sent a copy to Lamartine.

6- Lamartine never renounced the influence exerted on him by Sainte-Beuve in 1829; This is evidenced by the two Epistles in verse exchanged by the two poets at the time and collected respectively in the Consolations and the Harmonies.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Letter signed « Lamartine » to M. Meyer
Paris, 21st May [1842], 1 p. small in-8° on bi-folio with his initials on letterhead
Post marks

Lamartine asked his correspondent for a study of Montesquieu’s Persian Letters, which the latter had promised him


The letter was written by one of Lamartine’s secretaries and signed by him:

« Je m’empresse de répondre, monsieur, à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, en vous offrant mes félicitations sur votre nouvelle position.
Je n’ai pas reçu les commentaires sur les lettres persanes de Montesquieu dont vous avez la bonté de me parler.
Je n’aurais pas manqué sans cela de vous en adresser tous mes remerciements. Veuillez, Monsieur, les recevoir ici d’avance et agréer l’assurance de ma considération distinguée.
Lamartine »


An epistolary novel published in 1721 bringing together the fictitious correspondence exchanged between two Persian travellers, Montesquieu does not admit that he is the author, out of prudence. According to him, the collection was anonymous, and he presented himself as a simple publisher, which allowed him to criticize the French society of the time without risking censorship.
To our knowledge, there are no other occurrences of this famous work by Montesquieu in Lamartine’s correspondence.

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « EL VIEJO » to his mistress Jeanne Schneider
Fresnes prison, « QHS » 3rd March 1977, 2 pp. in-4°

Mesrine is furious with Robert Badinter following the latter’s objection to the publication of L’Instinct de mort – The number 1’s public enemy is nonetheless enthusiastic about the initial feedback from journalists and is counting on a vast editorial success.


« Bonsoir chaton. Ce matin à la radio RTL… très bon ce qui a été dit par un journaliste. Il est certain que ce sera un succès littéraire… il a même ajouté que déjà dans les salons on parlait de “L’Instinct de mort” […] J’ai fait une lettre à Badinter pour le remettre à sa place ! car j’accepte la critique… mais pas d’un type comme lui, qui en plus est payé pour défendre Michel (je crois) [Adrouin, jadis complice de Mesrine]. Samedi tu me diras les premières réactions. J’attends avec impatience les résultats sur le Canada […] Je voudrais que ça marche pour voir la gueule à [Henri] Lafont et ses regrets ! Lattès me plait, car c’est un “battant” qui fonce en édition… nous avons eu raison de le choisir […] Je m’attends à des critiques terribles et même des lettres d’insultes (si elles sont signées ! je les lis toujours). En as-tu donné à tes amies ? Tu me diras les réactions OK. […] Ce matin en me réveillant je trouvais que ma cellule avait une bonne odeur… c’est ton parfum ma puce ! Très agréable… C’est un peu toi que je respire ! oui.. avec de la patience ! et j’en ai pour ça et surtout une très grande confiance en l’avenir […] Il faudra secouer les avocats pour que ça bouge. Nous ne demandons rien d’exceptionnel. Nous désirons un représentant du ministère en audience et une amélioration de notre détention, car nous ne sommes pas là pour 2 mois ! avec nos sentences à vie ! Autrement tout est OK, je suis un peu fatigué ce soir et la tête vide… eh oui ! il n’y a pas que toi mon ange.
Je te vois samedi, tout sourire !
Ton vieux voyou pose sur tes lèvres de doux bécots d’amour. Bonne nuit mon ange.
Te quiero. El VIEJO »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider at the end of her divorce from Maria de Soledad. Jeanne is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had been staying on the night of the assassination). Mesrine escaped from the Saint-Vincent-de-Paul prison with five other inmates, including Jean-Paul Mercier, on August 21, 1972.

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « EL VIEJO » to his mistress Jeanne Schneider
Fleury-Mérogis prison, 20th January 1977, 2 pp. in-4°

Annoyed by a summons to a judge, Mesrine arranges a session in the visiting room with his mistress so as not to attend – he ends his letter by mentioning his autobiography, the final title of which he has just chosen


« Bonsoir chaton, ce soir deux lettres (lundi-mardi) et deux de la puce. Comme cela tu me retrouves “amoureux”… Je le suis toujours mon ange… mais il ne dépend que de toi pour que je l’exprime un peu plus. Tu sais petite fille, quand une lettre pass par bon nombre de mains… cela freine l’ardeur de ce que l’on aimerait écrire. Car on se sent violé dans ses pensées les plus intimes. Il est vrai que je retrouve unu amour plus prenant, car je te vois comme tu étais acant… il y a 7 ans 1/2… te je retrouve avec un rire franc… un rire libre.. pendant 7 ans 1/2 nous avons sauvegardé notre amour.. maintenant nous pouvons nous aimer… là est la différence. Et puis je te trouve désirable avec ta jolie petite gueule de voyouse et tes cheveux blancs qui te donnent énormément de charme […] Tu es de ces femmes qui font passer leur cœur avant leur ventre.. cela je le sais mon ange. Je te respecte et je t’aime, car je sais que tous les deux, cela sera toujours “blanc bleu”, nous préférons la vérité au mensonge […] Aujourd’hui j’ai reçu un avis de première audition par un juge d’Évry et cela le 1er février à 10h30. Cela tombe un mardi et j’ai écrit au juge pour lui dire que j’avais parloir avec toi à cette heure et qu’il lui faudrait venir plus tard ou pas du tout.
Donc le mardi 1er février fais en sorte de venir plus tôt et n’accepte aucun refus de parloir, ce qui ne serait pas conforme à tes droits OK.
Je ne sais pas ce que veut ce juge… c’est une commission rogatoire… encore une connerie, car je ne vois pas ! […] Tu me dis que la postface de mon livre [son autobiographie L’Instinct de mort, qui devait paraître au mois de mars suivant] est bonne… j’attends de la lire, (mais je l’ai faite avec Aïche [Me Geneviève Aïche, avocate de Mesrine] dans son ensemble)… tout au moins j’en ai donné le sens. Je te montrerai au parloir la photo que je désire te voir faire agrandir. J’aime le nouveau titre de mon bouquin… “il frappe bien”. Normalement tu as vu le juge Vuéret aujourd’hui […] Ton pirate pose ses lèvres sur les tiennes en une douce caresse d’amour. Bonne nuit “ma belle” je t’adore.. pour ton argent (sic). La bise à sale môme de mon cœur. EL VIEJO »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider at the end of her divorce from Maria de Soledad. Jeanne is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had been staying on the night of the assassination). Mesrine escaped from the Saint-Vincent-de-Paul prison with five other inmates, including Jean-Paul Mercier, on August 21, 1972.

GAINSBOURG, Serge (1928-1991)

Autograph notes
N.p.n.d [c. 1985-86], 1 p. in-4°
Ink stain on upper margin (see scan)

Preparatory notes by Gainsbourg for his movie Charlotte for Ever


« prénoms pour
long métrage
*herman [played by Roland Dubillard] producteur Koldhero
moi possible *stan [played by Serge Gainsbourg]
charlotte — lucienne ou lulue lucie *alice

second rôle léon [interprété par Roland Bertin]
gant de cuir bleu marine [Gainsbourg wears a navy blue glove on his right hand in the film]
s’en référer à la photo intérieure de mon disque live long trente trois [Gainsbourg Live – 1985 at the Casino de Paris, Gainsbourg is wearing a blue leather glove in the fold-out photo inside the disc-sleeve] »


Written and directed by Serge Gainsbourg, Charlotte for Ever was released in theaters on December 10, 1986. The scandal is resounding for the parallel between the film’s screenplay, dealing with the relationship between an alcoholic father and a fifteen-year-old girl in an incestuous atmosphere, and the relationship between Serge Gainsbourg and his daughter Charlotte.
Having been the object of attacks and insults while his film was pilloried by a large part of the press, Gainsbourg defended himself in a television interview a few days after the film’s release: “If my film is rejected analytically, O.K. But when puritans, piss-copycats who piss venereal diseases… »

CÉLINE, Louis Ferdinand (1894-1961)

Autograph notes on press clipping to the attention of Dr Gentil
[Copenhagen, 28th October 1945], 1 p. large in-4°
Press clipping cut out by Céline in the upper margin.
Some small tears, small restorations in the frayed lower margin, small central hole without damage to the text (see scan)

Céline’s autograph notes on a newspaper clipping from a Danish newspaper


[Céline notes the translation of the title in the lower margin:]
« Les libérateurs Danois à Stockholm
-Que l’on se dirait aux bons vieux jours de la Gestapo ! »

[Then he adds, in two places:]
« Danish pig! »
« Assassin! »


This clipping was originally attached to a letter addressed to Dr. Gentil. On October 28, 1945, Céline wrote to him about the atmosphere in Denmark: “There is no more censorship here – you can see this by the clipping I am sending you about a visit of the Danish maquisards to Stockholm that appeared in ‘Politiken’, the largest Danish newspaper […]”

Alexandre Gentil, a military doctor, is one of the figures close to Céline and Lucette’s entourage. They met in Val-de-Grâce in 1914, then in Mont-Valérien. Strongly marked by the butchery of 14-18, like Céline, he came back disgusted and very critical. In 1933, Céline recommended him to her friend Charles Bonabel, a surgeon in Beaujon. During the Occupation, Gentil was a member of the European Circle, as was Céline for a short time. It hosts collaborators, some of whom were sent by Céline. Gentil was one of Céline’s first correspondents when he was in prison. In 1945, he recommended his secretary, Marie Canavaggia. Gentil is the director and owner of the Clinique et Maison de Santé in Nogent-sur-Marne, which specialises in the treatment of thyroids. They have many mutual friends: Gen Paul, Le Vigan, Jo Varenne… and their colleagues, Dr. Clément Camus and Dr. Auguste Bécard.

STENDHAL, Henri Beyle, dit (1783-1842)

Autograph letter signed (with one of his numerous pseudonyms) « Dubois » to his sister and confident Pauline Périer-Lagrange
[Brunswick], « 29 8bre [October] 1808 » 5 p. in-4°
Frayed margin on last folio, tears repaired (see scans), usual folds
Red wax seal

From one of the most prestigious Stendhalian collections

A remarkable letter in which the young Stendhal, who was still only Henri Beyle deputy to the war commissioners stationed in Brunswick, describes his passion for music, Italy and women

« I am astonished every day at the little pleasure that German women give me, French women bore me, I place my happiness of this kind in Italy »


[Stendhal begins his missive by comparing the emotions of the arts to those of love. He confides in his younger sister, without arranging his thoughts, and describes the excitement caused by an organ playing in a street next to his own]

« Les arts promettent plus qu’ils ne tiennent : cette idée ou plutôt ce sentiment charmant vient de m’être donné par un orgue d’Allemagne qui a joué, en passant dans une rue voisine de la mienne, une phrase de musique dont deux passages sont neufs pour moi et, qui plus est, charmants, à ce qu’il me semble ; les larmes m’en sont presque venues au yeux.
La musique m’a plus pour la première fois à Novare [Commune dans la région du Piémont], quelques jours avant la bataille de Marengo [qui eut lieu le 14 juin 1800]. J’allais au théâtre ; on donnait Il Matrimonio segreto [opéra bouffe de Domenico Cimarosa] ; la musique me plut comme exprimant l’amour. Il me semble qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d’entendre. Ce plaisir est venu sans que je m’y attendisse en aucune manière, il a rempli toute mon âme. Je t’ai conté une sensation semblable que j’eus une fois à Frascati [Commune dans la banlieue de Rome] lorsque A[dèle Rebuffel, une jeune cousine dont il s’était épris] s’appuya sur moi en regardant un feu d’artifice. Ce moment a été, ce me semble, le plus heureux de ma vie. Il faut que le plaisir ait été bien sublime puisque je m’en souviens encore quoique la passion qui me le faisait goûter soit entièrement éteinte.
Tout cela me fait penser, ma chère Pauline, que les arts qui commencent à nous plaire en peignant les jouissances des passions, et pour ainsi dire par réflexion, comme la lune s’éclaire, peuvent finir par nous donner des jouissances plus fortes que les passions. Je suis tous les jours étonné du peu de plaisir que me donnent les femmes allemandes, les françaises m’ennuient, je place mon bonheur de ce genre, en Italie. Si le hazard me donnait 40 mille liv[res]. de rente, j’irais en Italie. Je présume qu’au bout d’un an ces belles romaines, ces spirituelles vénitiennes, seraient pour moi comme des Allemandes. Ces dernières ont la fraîcheur la plus parfaite, leurs couleurs sont de la santé visible, les autres ont la passion, mais la passion qu’on inspire et qu’on ne partage pas ennuie.
Dans les arts, c’est tout autre chose, il peut chaque jour y avoir du nouveau. Qui nous dit que nous ne verrons pas un musicien supérieur à Cimarosa ? Et quand il n’aurait pas tout à fait son mérite, il nous donnerait du nouveau.
Pour les autres à qui j’écris, j’arrange mes pensées : pour toi, non. J’ai remarqué que, quand une chose me gênait, quelque peu que ce fût, je finissais par ne la plus faire, et je veux t’écrire toute ma vie au-delà même, comme madame Necker
[Germaine de Staël] […]
Je crois m’appercevoir que ce bonheur est plus fort que celui que donne les passions. Si cela se confirme, je serai bien près du bonheur que je me figurais jusqu’ici dans une passion quelconque, l’Ambition, l’amour, etc. donnant continuellement des moments comme celui de Frascati.

[Finally, he goes on to talk about the situation of his sister, who is married to an “excellent” man, and whom he encourages to cultivate artistic pleasures. Pauline had married Daniel Perrier-Lagrange six months earlier, on May 25, 1808.]

Je ne puis te parler de ta position : je ne la connais pas ; mais ayant pour mari un homme excellent, elle ne peut qu’être heureuse. Cependant, il ne t’en coûtera rien de cultiver ce côté de ton âme auquel les arts font plaisir. Si tu as le bonheur de ne pas être grosse de sitôt [phrase remplacée dans l’édition Martineau par “si rien ne t’arrête”] tu pourrais faire un tour à Turin et pousser jusqu’à Milan qui n’est qu’à trente lieues. […]
Une nouvelle raison pour vous mesdames de cultiver la sensibilité aux arts, c’est le changement total qui vous attend au milieu de votre carrière. Il faut être diablement bien à cheval pour n’être pas désarçonné, au moment où les hommes commencent à dire de vous, ho, c’est une femme raisonnable. Je parie que cette réflexion te paraîtra outrée, c’est que tu t’es fait une âme d’artiste, tu as suivi d’avance mon conseil. Embrasse Périer pour moi. Je désire aller en Espagne. J’ai le projet d’apprendre la langue, et de revenir ensuite en Italie vers trente ans.

Dubois »


Appointed assistant to the commissioners of war and sent to Brunswick, Stendhal was busy with his job. Nevertheless, he found time to take riding lessons, to go to the theatre, to café-concerts, to balls… and falling in love with Wilhelmine von Griesheim, the daughter of the city’s former governor, while sleeping with other women. On 11 November, he received the order to return to Paris. A doctor confirmed that he had syphilis and ordered him to undergo rigorous treatment.

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « Ton viejo bandido » to his mistress Jeanne Schneider
[Prison de la Santé], 1st October 1976, 2 pp. in-4°

In the midst of writing his autobiography L’Instinct de mort, Mesrine wrote a letter to his mistress while revealing his resentment towards the prison administration


[Mesrine begins his letter with their mutual reading recommendations and then elaborates on one of his former fellow inmates]

« Salut à toi gamine de mon cœur […] sais-tu que Henri le Lyonnais auteur du livre “ancien détenu cherche emploi” était avec moi au dépôt le jour de ma première arrestation en mars 73 […] rien de bien spécial sinon que j’ai la forme du siècle… il le faut pour terminer mes “petits vingt ans” autrement que dans un fauteuil roulant. Bien qu’à ce sujet j’espère leur “imposer” ma réforme avant 1996… Bien que pour 1977 j’aurai déjà du sport et je ne voudrais pas manquer cela. Surtout mon procès pour l’évasion… j’en réserve de belles au sujet de l’administration des prisons. Je vais prendre mon pied au sujet de ces fameuses réformes et des quartiers d’isolement. Là on ne pourra pas me faire fermer ma gueule. J’ai la rancune tenace… on s’en rendra compte. Eh oui ma puce… je ne changerai jamais. Toujours en révolte ! Enfin qui vivra verra ! Tu te souviens de l’article que j’avais fait publier dans Libé… un vrai rêve prémonitoire !!
Je termine et vais me mettre un peu à mon bouquin [Mesrine était en train de rédiger son autobiographie L’instinct de mort] J’en suis à notre évasion…
Mes lèvres se posent sur les tiennes… Bonne nuit petite fille et n’oublie pas… que pour changer !! “je t’adore”
Ton viejo Bandido »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider at the end of her divorce from Maria de Soledad. Jeanne is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had been staying on the night of the assassination). Mesrine escaped from the Saint-Vincent-de-Paul prison with five other inmates, including Jean-Paul Mercier, on August 21, 1972.

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « Ton pirate » to his mistress Jeanne Schneider
Fresnes prison, « QHS », 2nd March 1977, 2 pp. in-4°

A long letter to his mistress, written on the eve of the publication of his famous autobiographical work: L’instinct de mort


« Bonsoir mon ange. Quel merdier a déclenché mon bouquin. Ce soir sur RTL j’ai eu droit au cinéma ; de plus [Robert] Badinter s’est ouvert la gueule… Il trouve cela scandaleux qu’un éditeur ait accepté de me publier… il aurait peut-être mieux valu laisser la plume à Patrick Henry. Enfin, libre à eux de me faire de la pub ! J’ai l’impression que mes lettres d’avocat sont retardées, car il n’est pas normal qu’un “Expres[s]” soit plus long à arriver qu’une lettre normale. Si la censure joue à ce petit jeu… elle risque des emmerdements très sérieux. Car je sais faire respecter mes droits de défense […] Je t’ai trouvée “mignone” aujourd’hui… notre petite douche froide nous a fait du bien… Oui j’avais regardé tes yeux et constaté ! C’est de cette façon que je désire te voir. Tu sais que je rigole, car même si mon bouquin est interdit en France… il ne pourra pas l’être au Canada et aux U.S.A. de plus, c’est le film qui est rentable pour moi… surtout s’il se fait aux USA […] Au fait Aiche [Me Geneviève Aïche, avocate de Mesrine] a téléphoné à la Chancellerie… elle te donnera la réponse négative du directeur de l’administration pénitentiaire. Il va avoir la surprise de sa vie dans Libé ! Ce refus à tout dialogue me fait sourire… […] Oui ma puce je suis un “sale con” avec mon maudit caractère… mais j’ai aussi mon bon côté… enfin… j’espère !!! […]
Autrement rien de spécial ici. Comme je n’ai aucun programme, tout est plus simple […] Voilà mon ange… ton vieux voyou va se coucher après le match de foot […] El viejo pose sur tes lèvres de doux bécots d’amour. Je t’aime ça j’en suis certain. Bonne nuit chaton… Ton pirate »


Realizing that it would probably be years before a new opportunity for escape presented itself to him, Mesrine decided to write his autobiography, L’instinct de mort, which was published on March 3, 1977 by J-C Lattès. He wrote it in the Quartier de haute sécurité de la Santé and Fleury-Mérogis. On 19 May, Mesrine was sentenced to 20 years in prison for armed robbery, concealment and carrying weapons by the Paris Assize Court, presided over by Judge Petit.

Jacques Mesrine met Jeanne Schneider at the end of her divorce from Maria de Soledad. Jeanne is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had been staying on the night of the assassination). Mesrine escaped from the Saint-Vincent-de-Paul prison with five other inmates, including Jean-Paul Mercier, on August 21, 1972.

DESBORDES-VALMORE, Marceline (1786-1859)

Autograph poem : « Romance » [Seule au Rendez-vous]
N.p.n.d [after 1833], 1 p. 1/2 in-8°
Slight missing bit on second folio (without affecting the text)

Formerly owned by Robert de Montesquiou and André Rodocanachi

One of Marceline Desbordes-Valmore’s most beautiful poems, from her collection Les Pleurs

« The only woman of talent and genius of this century and of all centuries » (Paul Verlaine, Les Poètes maudits, 1888)


Several unpublished variants are to be observed with the published version, including an inversion of stanzas 2 and 3

Entitled “Romance” here, the title of the poem as published is Seule au rendez-vous

« Ô menteur ! qui disait sa vie,
Nouée au fuseau de mon sort,
Criant au ciel que son envie
Était de mourir de ma mort :
Éclos sous le feu de mon ame,
Tremblant de s’y brûler un jour,
Il jeta des pleurs sur la flamme :
Ô menteur ! ô menteur d’amour !

Ivres d’un bonheur solitaire,
Nos ailes ont touché les cieux ;
Mais il est enfant de la terre ;
Il y retombe curieux.
à mes yeux plein de ses traits d’Ange
Le monde est voilé sans Retour ;
mais il a changé, le ciel change ;
Ô menteur ! ô menteur d’amour !

” Je n’ai fait qu’essayer de vivre,
Disait l’ange aux légers sermens :
” J’apprends tout ! j’ai trouvé mon livre
” Imprimé dans tes yeux charmans !
” Entre mon cœur et ta présence,
” Je ne peux plus porter un jour !… “
Entre nous il a mis l’absence :
Ô menteur ! ô menteur d’amour !

Je sais qu’une invisible chaîne
Jette son aimant entre nous ;
Je sais où finira ma peine ;
Mais je vais seule au rendez-vous.
La route sans fleurs et sans charmes
Fuira ! Pour se rejoindre un jour,
Doit-on passer par tant de larmes ?
Ô menteur ! ô menteur d’amour ! »


Although Desbordes-Valmore first entered the artistic life through a theatrical career, it was through poetry that she revealed all her genius, to the point of becoming a central figure of Romanticism. After the publication of his first collection Élégies, Marie et romances, in 1919, famous magazines and newspapers of the time showed a keen interest in her, such as La Muse Française. The poetess was immortalized by Verlaine in the enlarged edition of his book Les Poètes Maudits, published in 1888.

Married to the actor Prosper Valmore (1793-1881) in 1819, she became a wounded lover due to her brief extra-marital affair with the poet and journalist Henri de Latouche (1785-1851). They will almost always write to each other and almost never see each other again. While Latouche remains implicitly the dedicatee of many of Desbordes-Valmore’s poetic productions, he seems to appear here as a spectral figure.
This poem, written in the form of a lament, takes us back to the poet’s ethos of the Romantic movement. Marceline Desbordes-Valmore, whose voice seems to exhale in languid sighs, apostrophizes her suitor who, with fatalistic accents, ends up escaping her. Seule au rendez-vous is from the poetess’s most famous collection: Les Pleurs, published in 1833. From the point of view of metrics, this is four eighths in cross-rhyming octosyllables. Each end of the stanza is reinforced by an accusatory anaphora.

[ROPS] DANDOY, Héliodore (1831-1909)

Period albumen print
[Liège, c. July 1893], cabinet format
Mounted on thick cardboard in the photographer’s credit
Some light stains and tiny flaws (see scans), pupils post processed

From the Rops family archives

Precious unpublished portrait of the artist


We know of a variant of this portrait, in which Rops appears in profile, taken during the same photo shoot, and of which there are three known copies.
This unpublished portrait depicts the artist in a three-quarter bust. Elegantly dressed as usual, his fixed gaze seems to be looking at the horizon.

The Dandoy brothers, Héliodore and Armand (1834-1898) were close friends of Félicien Rops from their youth. Both of them made portraits of the latter.

ROPS, Félicien (1833-1898)

Autograph letter signed « Fély » to Octave Uzanne
[Paris, c. 1890], 1 p. in-12° on a “petit bleu”, small and tight handwriting

Violent anti-Semitic charge by the artist in this letter to his friend Uzanne


« Mon vieux Frérot
Me voilà revenu, sur pied, affadi mais au travail.
Je serai chez moi, pour toi, car les bavardages & les cris d’oison des Parisiens me deviennent tellement odieux que je finirai par me bâtir quelque Paraclet [Saint-Esprit] en pleine Drouot. Je suis saturé de la sottise “moderne ” qui flotte & que l’on respire dans l’air d’ici. Tout cela vient du foie évidemment &  j’ai rencontré depuis le matin trois Juifs à col de loutre que mon grand-père eut fait bâtonner il y a cinquante ans devers Segëd [Szeged, ville d’origine de ses parents en Hongrie].
Chaque fois que cela m’arrive j’en suis une heure à me remettre & mon vieux sang anti sémite fait six tours. – On devrait leur remettre le collet jaune à ces voleurs. Tâche de venir nous avons besoin de causer. Veux-tu me donner rendez-vous au Cardinal à 9 heures ? Je dois me coucher de bonne heure mais c’est dans le cas où tu ne pourrais pas venir. Si tu avais quelques épreuves fait voir. Cela me remettra du cœur au ventre.
À toi mon vieux
Fély

As-tu été au bal chez [Cyprien] Godebski hier ? »

[Adresse autographe au verso :]
« [M]onsieur Octave Uzanne
72 bis rue Bonaparte / Paris »


Considered to be the color of lies, avarice and felony, the color yellow was imposed on the Jews from the thirteenth century, by order of Pope Innocent III (and moreover amply respected by the civil authorities). Their distinctive sartorial sign in France was the Rouelle, forming a small piece of cloth. In this surprising missive, Rops implies replacing the otter collar worn by the three Jewish people he met with “the yellow collar.”

There are, to our knowledge, no other instances of Rops being so violently anti-Semitic in his correspondence.

BERNARD, Émile (1868-1941)

Autograph manuscript signed « Émile Bernard »
N.p.n.d. [Sept. 1936], 10 p. in-4°
Folds and small imperfections, more photos upon request

Émile Bernard’s fascinating manuscript on the art of Jacques-Louis David, against whom he delivers a harsh judgment, and Antoine-Jean Gros, whom he praises


[Bernard ajoute une épigraphe en marge supérieure droite du premier feuillet : « La peinture est chose mentale : Léonard de Vinci »]

« Il y a dans l’histoire de l’art des individualités néfastes. Si elles parviennent à la notoriété, leur méfaits s’étendent, tout puissants, pour produire l’étouffement et la mort des plus merveilleux tempéraments. Ces hommes de malheur réussissent généralement parce qu’à l’obturation d’une volonté aveugle ils joignent la médiocrité autoritaire. Doublement, ils ont ce qu’il faut pour triompher et régner. Au nombre de ces tyrans il faut mettre David et Ingres.
David n’avait point de dons natifs, c’était un homme de raisonnement ; il dirigeait sont œuvre comme il eut gouverné une section. L’insensibilité est son naturel, rien ne l’émeut que le devoir et la convention, c’est un ouvrier probe qui ne dépasse pas son sujet par un sentiment ou une idée : pas de génie chez David, point de ces emportements qui étonnent et restent inoubliables. Il a tout pesé, tout arrangé logiquement, froidement […]. Tout civique il reste dans sa peinture un politique qui vise à l’accomplissent de ses convictions. Il accomplit un programme ou nulle émotivité ne peut le faire sortir. Sous le nom de beau – idéal il expulse ce qui peut tenir du cœur et aux sens ; chassant de la peinture la forme vivante, le coloris et le mouvement […] Je ne méconnais point l’utile révolution que fît David dans l’art français de son temps. Certes il fallait en finir avec les polissonneries du dix-huitième siècle : La peinture était devenue malgré ses dernières saveurs exquises la négation d’elle-même et ne s’exerçait plus qu’à plaire à une aristocratie tombée de ses grandeurs […]. David eut donc le mérite d’être un censeur sévère et de vouloir remonter l’art à l’austérité. Il en sectionna la partie malade et tenta de soigner la part restée saine […] Son but était noble, mais ses moyens ne lui permirent pas de l’atteindre. Souvent ce n’est point l’auteur d’une tentative de ce genre qui en donne toute la mesure, et nous voyons que les élèves et amis de David n’ont jamais surpassé leur maître, parce qu’ils s’y étaient trop attaché ou que leur tempérament ne les poussait point au-delà de lui. Ce fut le cas de Girodet, de Guérin, de Gérard ; mais ce ne fut pas celui de Gros.
Fils d’un père et d’une mère peintres, Gros semble avoir apporté tous les pouvoirs de la peinture avec lui. À dix-sept ans et trois moi, il peint ce tableau extraordinaire “d’Eléazar refusant les viandes défendues et préférant la mort” qui est déjà un chef-d’œuvre qu’eût signé Rubens. On ne lui donne pas le premier prix de Rome que l’on réserve à un plus docile imitateur de David, mais le second. Il part alors pour l’Italie, avide de se retrouver en face des miracles de Michel-Ange, de Raphaël et du Titien […] La Sixtine eut souvent sa visite, comme le prouve le premier plan des Pestiférés de Jaffa […]
Incertain de sa route, Gros fait des portraits que malgré leur grande qualité, ne peuvent être considérés que comme des essais […] Gros, étant plus grand qu’il ne le pense, se surpassera à tel point dans ses œuvres lyriquement guerrières que ces reproduction exactes de la nature ne sembleront plus que des études froides auprès du chaleureux éclatement de son génie.
Jusqu’ici on a fort mal jugé Les Pestiférés et [Napoléon sur le champ de bataille d’] L’Eylau à cause des mauvaises places que ces toiles occupaient au Louvre. Les grandes machines de David ayant usurpé, par le prestige de leur gloire, la place qui revenait aux chefs-d’œuvre de Gros, on arriva, par le plan secondaire donné à ce grand peintre, à ternir leur éclat, à les faire presque oublier. Au Petit-Palais, sous le soleil estival, elles resplendissent et confirment l’opinion d’Eugène Delacroix, qui écrivait : “Gros est l’Homère de la peinture”. Quand on entre dans la grande salle ou s’étalent Les Pestiférés, L’Eylau et la Bataille d’Aboukir, on a véritablement le sentiment de se trouver en face d’un prodige que l’on espérait pas […] Sans doute ici rien de la vérité objective ne subsiste, seule y règne l’image agrandie de Napoléon sous ses plus généreuses apparences. En de tels combats, Gros n’a plus peint le militaire, mais le héros […] Dans l’Aboukir, le soleil même est de la bataille et ferraille de ses dards sous l’encens des fumées des holocaustes, soulevé par la mêlée où s’écrasent ces races diverses, ivres de conquêtes et de gloires : Beaux membres nus jetés hors des robes multicolores, mains désespérément accrochées en une dernière crispation à la selle ou au manteau du vainqueur […] C’est bien là le champ de bataille de l’Humanité ! […]
Et pourtant, l’artiste qui venait de renverser sans effort, en s’abandonnant à son souffle, les bons hommes en marbre de David, celui qui venait de doter la France du chef-d’œuvre le plus étonnant du dix-neuvième siècle, fut pris d’un doute voyant son ouvrage discuté, critiqué, blâmé. Subjugué par le prestige de David, il abdique et ne fit jamais plus rien que de raisonnable, c’est à dire qu’il procéda, par faiblesse, à son premier suicide, en attendant son second, le définitif, sa mort volontaire dans un bras de la Seine, à Meudon […]
C’est à cette époque qu’il fallut reconnaître la naissance d’action, de vaillance et de lutte qui descendra, après le tumulte des victoires, dans le romantisme mélancolique d’un René, réduit à se dévorer lui-même en la solitude du repos. De ces temps agités datent les plus belles conceptions de Gros : Jaffa, Aboukir, Eylau […]
Avec la chute de l’Empire, il perdit son génie et se traîna, sous les préjugés de son ancien maître, dans un art de plus en plus morne et compassé, son œuvre devint méconnaissable. Lui, qui avait été le grand classique de la peinture française, se rallia à l’académisme morne, où il nia ses qualités les plus notoires.
L’œuvre néfaste de David étant accomplie, Gros était mort pour l’art.
Il n’en demeure pas moins évident que le cris fut poussé, que trois chef-d’œuvre sans précédent enrichissent la peinture […]
En présence d’un maître aussi grand, aussi inspiré, aussi universel, je me suis rappelé ces paroles de Gluck : “Sans poésie, l’art restera toujours vain et sans raison”. Or, Gros a été un grand peintre et un grand poète ; qu’on le reconnaisse enfin.
Émile Bernard »


A post-impressionist artist associated with the Pont-Aven school, Émile Bernard frequented Vincent Van-Gogh, Paul Gauguin and later Paul Cézanne. His most radical works, marked by major stylistic innovations and considerable influences, date from the years 1887-1892. It gradually evolved towards classicism in the early twentieth century, inspired by the old masters. The present manuscript, in praise of Gros’s painting, is to be compared to his evolution towards classicism.
Contact form

DELACROIX, Eugène (1798-1863)

Autograph letter signed « E. Delacroix » to Félix Guillemardet
[Souillac], 30 8bre [October] 1820, 3 p. 1/2 large in-4°
Broken wax seal with small missing bit, tiny ink corrosion holes in places
A few words crossed off from his hand

Autograph address on fourth page:
« À Monsieur Félix Guillemardet, rue Louis-le-Grand, à Paris »

A scarce and long letter from Young Delacroix, evoking his artistic idleness and his ardent desire to reunite with his circle of friends


« Vous êtes des amis fidèles et exacts. Je vous remercie bien tous de ne pas m’oublier ; je te dois en particulier des remerciements. Au moment de rentrer pour longtemps dans la poussière d’une étude, c’est quelque chose que de sacrifier une promenade par un beau temps, pour prendre la plume pendant une heure ou deux. Mais je suis un sot et je dois juger d’après mes propres sentiments de ce que tu éprouves en écrivant à un ami. C’est un plaisir bien doux […] C’est une chose si pénible que l’absence ! avec quelle avidité on s’attache à ce papier qui vous apporte la pensée de votre ami. On prend en lisant sa lettre un plaisir d’avare […] Je ne pense jamais à aller en Italie1 sans être effrayé de ce que j’aurai à souffrir durant ce long voyage. Vous me manquez tellement depuis deux ou trois mois. De quel œil lirai-je donc vos lettres, quand je serai pour des années éloigné de vous, isolé au milieu d’une ville de silence et peuplée de tombeaux, qu’il me faudra de ferveur pour l’étude, pour adoucir cet ennui. Vous serez deux encore vous autres. Il y aura toujours des St-Sylvestre et des réunions amicales. Qu’il serait charmant de partir une caravane d’amis pour aller s’enfoncer et se faire oublier de la terre entière dans ce pays de poètes. Ma!… comme dit l’Italien : Ma et toujours Ma dans les affaires de ce monde. Si j’osais, je me marierais. Ma! je m’ennuie au milieu des requêtes, j’aimerais mieux voyager que de grossoyer… Ma!… je voudrais bien être philosophe et résister au choc de cent misères qui m’affligent, me domptent et ne méritent que le mépris d’une âme élevée… Encore une fois Ma. Ce serait pourtant par ce dernier point qu’il serait important de commencer : car lui gagné, tous les Ma qui naissent des contrariétés de cette vie perdraient tous leurs aiguillons, se dissiperaient en fumée à la première sortie d’une philosophie bien ferme et bien assise. Tu serais donc d’avis de ne pas inutilement user nos souliers sur le pavé St-Jacques, sans profit pour notre instruction. Quand nous sortons de là, nous allons nous promener et nous divertir au soleil, comme des académiciens qui ont dans leur poche leur jetons de présence et qui descendent les degrés de l’Institut avec un visage épanoui et un air de complaisance. Que dis-je : non satisfaits d’insulter la sainteté de la matière par notre paresse au travail, nous rions sans pitié de ces piocheurs vigoureux qui ne perdent pas un mot, qui couchent jusqu’à Messieurs sur le papier et qui pour rien n’y mettraient l’eau sucrée, les lunettes et l’Ave Maria s’il y en avait. Voilà des crimes : Voilà les nôtres de l’année tout entière. Et puis, ayez la fièvre, vous vous plaignez comme une femme, et cent autres faiblesses qui en dérivent. Pour en finir sur ce sujet, attendons et nous verrons si nos forces seront encore au-dessous de notre volonté.
Je suis bien aise de voir que tu apprécies Piron [Achille Piron (1798-1865), son ami d’enfance]. C’est un jeune homme sincèrement attaché à ses amis. S’il se pique quelque peu d’une légère négligence, c’est que lui-même ne néglige point, et qu’il fait tout pour leur être utile. Je me suis beaucoup attaché à lui. La dernière année que je fis au Lycée2 [Impérial, actuel Lycée Louis-le-Grand à Paris], je n’eus presque de commerce qu’avec lui : nous avons supporté ensemble les fureurs du Sieur Burnouf [Jean-Louis Burnouf (1775-1844), professeur de grecque et latin], nous avons ensemble dormi aux éternelles séances de ce flegmatique Dubos qui avait, je crois, le secret d’arrêter l’éternel sablier du temps. Durant les interminables classes, les fatigantes explications, les lectures fastidieuses de la prose de ces messieurs, nous nous consolions avec des bouts rimés, des vaudevilles et autres niaiseries qui avaient le mérite de nous amuser. Je pense toujours à ce temps avec plaisir et l’idée de Piron qui vient s’y mêler m’a fait m’attacher à lui davantage […]
Je ne te demande pas de me répondre, parce que mon arrivée à Paris ne tardera pas après ma lettre rendue. Je suis au reste assez incertain sur cet objet. Je désire ce moment avec bien de l’impatience : que cette diligence me semblera ennuyeuse : surtout par cette maudite route qui n’est qu’un enchaînement continuel d’ondulations de terrain ; monter, descendre et puis à recommencer. Je la pousserai je crois de meilleur cœur, que je ne me verrai de sang-froid lentement voiturer à travers toutes ces vicissitudes. J’arriverai pourtant s’il plaît à Dieu et nous nous embrasserons.
Je suis toujours aussi malheureux ici qu’on puisse l’être. Le temps ne cesse point ses rigueurs. La plaine n’est qu’un lac, et le vent mêlé de pluie qui assiège les montagnes me rencogne de plus en plus dans la maison3. Adieu croquis et études. Je vous regrette beaucoup. Je me venge de ces contrariétés en ne perdant pas un coup de dent à table. Je n’en sors jamais sans avoir le ventre tendu comme un tambour, et la jambe aussi alourdie que si j’avais chassé trois heures sous la pluie dans la terre fraîchement remuée. La cuisine est ma mignonne et l’objet de mon culte. Je me gorge de marrons cuits à la mode du pays, enfin comme je te le disais il y a quelque temps, je me dégrade.
[…] Je me rappelle que dans une de tes dernières [lettres] tu m’offrais obligemment [sic] ton entremise pour la location de l’atelier que j’avais en vue. Je t’en remercie bien. Je crois m’être arrangé de manière à m’en passer. Adieu, mon bon ami, porte-toi bien, n’aie pas de mauvais temps pour tes derniers jours de liberté. Ne m’oublie pas comme d’habitude auprès des tiens. Je t’embrasse tendrement.
E. Delacroix »


[1] Delacroix’s results in the competitive examinations and examinations of the École des Beaux-Arts thwarted his hopes of a stay in Rome. In 1820, he failed in the first part of the Prix de Rome. He also found small jobs: industrial design, apartment decoration, theatre costumes; But the small income from the family inheritance is not enough to fully support him.

[2] Imbued with nostalgia, he evokes his memories of the Lycée Impérial (now the Lycée Louis-le-Grand) in Paris. It was in this same establishment that the artist met his most loyal friends, including Jean-Baptiste Pierret (1795-1854), Louis Guillemardet (1790-1865), his brother and Félix (1796-1842) and Achille Piron (1798-1865).

[3] In the autumn of 1820, following several bouts of fever, Delacroix, then 22 years old, went to Souillac and Sarrazac (present-day departments of Lot and Dordogne) to convalesce. He lived longer in the Château de Croze, with Raymond de Verninac, who had married Delacroix’s sister, Henriette, in 1797.

Delacroix’s letters from his youth are peculiar in that they do not hide his feelings (those were much more reserved afterwards, as soon as he gained notoriety). It is thus easy to observe the natural prevailing over the thought. The ardent and excessive personality of the young artist is thus fully manifested here. He would later pass harsh judgment on his youthful letters, as evidenced by a note written in his diary on 18 Jan. 1856: “In the morning I had been at the house of my friend [Louis] Guillemardet… He gives me a packet of my letters written in the past to Felix, and it is easy to see how much the mind needs years to develop under true conditions. He tells me that he already sees the same man I am today… »

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Autograph poem signed « Alex Dumas »
N.p.n.d [after 1836], 1 p. [album amicorum] in-folio
Slight missing bits on corners, some browning and light stains, slight folds on edges (see scan)

Double poem in the form of a dialogue between the Angel and the Virgin, from his play Don Juan De Maraña


[Le bon] Ange

Vierge, à qui le calice à la liqueur amère
Fut si souvent offert,
Mère, que l’on nomma la douloureuse mère,
Tant vous avez souffert,

Vous dont les yeux divins, sur la terre des hommes,
Ont versé plus de pleurs
Que vos pieds n’ont depuis, dans le ciel où nous sommes,
Fait éclore de fleurs

Vase d’élection, étoile matinale,
Miroir de pureté
Vous qui priez pour nous, d’une voix virginale,
La suprême bonté

À mon tour, aujourd’hui, bienheureuse Marie,
Je tombe à vos genoux
Daignez donc m’écouter, car c’est vous que je prie,
Vous qui priez pour nous !

La Vierge

Parlez, car mes regards parmi ces blondes têtes
Dont Dieu s’environna,
Vous cherchèrent souvent. Je vous connais, vous êtes
L’ange de Marańa

[here Dumas adds two stanzas that seem unpublished]

Parlez et dites nous quelles Craintes étranger
vous causent tant d’Émoi
Ange que j’ai toujours chérie entre mes anges
Que voulez-vous de moi ?

Pour Calmer au plus tôt, votre douleur amère
Dites que pouvons nous
Parlez – mon fils n’a pas de refus pour sa mère
Ni sa mère pour vous !

Alex Dumas

[On the right hand side Dumas adds :] « Intermède de la Vierge – Don Juan de Maraña »


First performed on 30 April 1836 at the Théâtre de la Porte Saint Martin, Don Juan de Maraña or La Chute d’un ange is a play by Alexandre Dumas (father). It consists of five acts, divided into seven tableaux and two intermissions. A revision of the myth of Don Juan, the play tells the story of the Sevillian knight Miguel de Maraña, an insatiable seducer driven by the forces of evil, whose soul is fought over by good and bad angels.
From the point of view of metrics, Dumas uses in each of his quatrains an elegant alternation between the Alexandrine (some of them in the form of tetrameters) and the hexasyllable in cross-rhyme. The last two stanzas seem unpublished.

PIAF, Édith (1915-1963)

Autograph letter signed « Pupuce » to Yves Montand
Metz, 5th April 1946, 2 pp. in-4° on the Hôtel de Metz’s letterhead
Some light stains (see scans)

Tender and passionate love letter to her lover Yves Montand


« Mon chéri chéri chéri.
Voilà déjà quatre jours que nous sommes séparés, tu vois, plus que 4 jours et nous serons à nouveau réunis pour un long temps, mon tout petit, su tu savais comme tu me manques, c’est effroyable, et quand je pense que tu doutes de mon amour j’en suis [deux mots caviardés de sa main] stupéfaite. Es-tu content de ton film ? [Yves Montant venait tenir le rôle principal dans Les Portes de la nuit de Marcel Carné, sur un scénario de Jacques Prévert] Tout marche-t-il comme tu l’espère ? Moi pour mon travail je n’ai pas à me plaindre, le succès est exactement comme je le désire, et puis il y a une bonne ambiance, les compagnons de la chanson sont vraiment adorables avec moi et c’est en même temps un programme de classe, mon petit zoupinet [Odette Laure] fait un gros boum et j’en suis contente et pour elle et pour moi. Tu sais, je n’ai pu t’écrire les deux premiers jours car nous sommes arrivés le soir à huit heures et j’avoue que j’étais morte, le lendemain nous avions la radio, puis la répétition avec l’orchestre et la soirée et le lendemain départ à dix heures du matin, alors je me suis dis que mon petit homme comprendrait et ne m’en voudrait pas. Nous débutons à Nancy ce soir et j’ose espérer que tout marchera comme partout, j’ai un peu la trouille car j’ai fait une tournée avec qui tu sais et nous étions passés par Nancy, alors j’ai un peu peur d’une réaction, remarque, il y a une chose curieuse, quand j’arrive sur scène, les gens gueulent et je n’ai pas encore chanté, tu vois que ma réputation va loin… hein ! Mon grand chéri donne moi des détails sur mon [sic : ton] film, as-tu été le voir ? Je voudrais bien savoir la réaction du public enfin on verra bien hein ? Les jours passent lentement tout de même, c’est long la vie par moment, mais ne soyons pas si pessimistes et ayons du cran ! Comment va notre chez nous ? Et toi ? M’aimes-tu toujours ? Moi, mon amour va chaque jour en grandissant. J’ai voulu te téléphoner hier mais nous sommes arrivés à six heures et comme tu m’as dit que l’on venait te chercher à six heures je n’ai pas appelé, d’autant plus qu’il fallait une heure d’attente, et puis à vrai dire je n’aime pas te téléphoner, tu es tout drôle et ça me fou le cafard, je ne suis pas là pour te prendre dans mes bras, pour t’embrasser alors te sentir loin et ne pouvoir rien faire quand je ne te sens pas heureux me rend malade. Dans tes lettres je te trouve tel que je voudrais que tu sois toujours, écris moi mon tendre aimé, écris moi les belles lettres que tu sais écrire. Je te quitte mon adoré et je te supplie de croire que je t’aime, que tu es ma seule raison de vivre, que sans toi ma vie est vide, que j’ai besoin de toi comme de ma respiration, laisse moi me réfugier dans tes bras et m’endormir avec tous mes rêves.
Pupuce »


Piaf and Montand met in 1945 on the set of the film Star Without Light. She is 30 years old and already a huge celebrity. He, who is only 24 years old and only at the beginning of his artistic career, owes her a lot. According to her crazy generosity, the singer showers her new lover with gifts, but also songs she writes for him. She introduced him to all the notables of Paris, including Cocteau.
If Piaf indulges in tender declarations of love for Montand, as if perhaps to reassure herself, they nevertheless remain in the twilight of their relationship. La Môme was already beginning to hang out with Jean-Louis Jaubert, a leading member of the Compagnons de la chanson, with whom she would embark on a triumphant American tour the following year.

DAUDET, Alphonse (1840-1897)

Autograph letter signed « Alphonse Daudet » [to Timoléon Ambroy]
[Paris, c. 23rd August 1870], 4 pp. in-12°
Fold marks, some words blurred out on lower margin of fourth page, small tear on central fold

A long and fascinating letter revealing the writer’s patriotic impulses, just a few days before the fall of the Second Empire


« Ami très cher,
Je ne vous ai pas oublié et vous en particulier – parmi les vôtres qui me sont déjà si chers – vous êtes toujours une de mes meilleures affections. N’accusez donc point mon cœur du silence que j’ai gardé à votre endroit… Mille circonstances se sont jetées en travers de mes bonnes intentions.
De temps en temps du reste je voyais l’ami Fousson qui me donnait des nouvelles du pays… (il me semble par moment que je suis à Fontvieille ! [Commune dans le département des Bouches-du-Rhône, non loin d’Arles, où résidait Timoléon Ambroy]) –
Aujourd’hui un remord me prend : je vous envoie un bonjour tout décousu et bien triste. – quel temps !…
Voilà la France ruinée, l’empire fichu (sans rémission !), et ces horribles bêtes noires [the Prussians] qui avancent toujours… Paris se prépare à se défendre ; mais hélas !…
Moi je rage et je plume… c’est tout ce que je puisse faire. Je suis au lit depuis 40 jours. Je me suis cassé la jambe en me livrant à mes exercices gymnastiques, nautiques, etc… c’est un malheur mais [sa femme] Julia au fond n’est pas fâchée que je ne puisse pas bouger… Le fait est que si j’étais valide, j’aurais sûrement la gueule cassée à l’heure qu’il est ou sur le point de l’avoir… Que voulez vous ? c’est un nouvel instinct qui m’est poussé : l’instinct patriotique.
Si la bataille de Châlons est perdue – ce que je crains – nous irons nous abriter dans Paris. Ernest [Daudet, son frère aîné] est au Sénat transformé en ambulances qu’il inspecte. Mon beau-frère [Léon Allard] est sergent de la mobile ; il est au camp de St Maur sous Paris prêt à donner sa vie aux bêtes noires avec 18 000 autres petits parisiens de 20 ans…  Ernest a mis sa femme aux bains de mer ; moi Julia ne veut pas me quitter, et comme d’autre part je ne veux pas m’éloigner de Paris il est probable que nous y resterons… Pauvre Julia ! C’est la première fois qu’il y a dispute dans le ménage.
– mon père, ma mère et ma sœur sont partis hier pour Nîmes. Si Paris est assiégé nous ne pourrons pas les avoir ici. Papa n’est qu’un enfant, et deux femmes seules… la pauvre mère est partie toute en larmes.
Voilà la situation : à Châlons l’empereur se cache, à Paris il n’en est plus question.
– On ne veut que se défendre !…
Quel gâchis !… – Et au milieu de tout cela, voilà que je suis nommé Chevalier de la légion d’honneur. Jamais décoré du 19 août n’a été si surpris et en même temps si peu joyeux.
C’est une surprise que le ministre des beaux-arts m’a faite. Ernest avait demandé la croix pour moi, et ne m’en avait rien dit… au ministère on n’avait pas mon adresse ; et mon décret s’est promené de côté et d’autre avant de m’arriver.
Me voilà votre collègue.- J’aurais bien voulu que Louis [Ambroy, frère de Timoléon] fut notre supérieur dans l’ordre ; mais tout ce que j’ai pu faire s’est trouvé paralysé par la guerre et l’influence de Lavalette bien diminuée, sans compter que je n’ai pu qu’écrire et n’ai fait – grâce à ma jambe – aucune démarche moi-même.
Adieu, mon vieux et très cher Tim, je vous embrasse et les vôtres du fond du cœur pour Alphonse et Julia.
Alphonse Daudet
Mon fils [Léon] est un monstre charmant !
joli comme une fleur et colère comme un Daudet ! »


Daudet’s patriotic sentiments are well known. Three years after the defeat at Sedan, he published Contes du lundi, a collection of short stories inspired by the events of the Franco-Prussian War. The writer paints realistic pictures of life at the time: the people of Paris subjected to privation, the events of the Commune and the repression of the Versailles troops. He also exalts the sadness of the loss of Alsace-Lorraine through La Dernière Classe.
Daudet had broken his leg on 14 July. We can therefore place this letter almost exactly on August 23, 1870, a week before the tragic defeat at Sedan, which saw the fall of the Second Empire.
The end of the letter alludes to the decoration expected by Louis Ambroy (brother of Timoléon), a decoration that Alphonse Daudet took it upon himself to request through the intermediary of the Marquis de la Valette, son-in-law of Rouher, Minister of State. Both brothers had distinguished themselves in viticulture.
Timoléon Ambroy was a close friend and cousin of Alphonse Daudet (Madame Ambroy was a cousin of Jacques-Vincent Daudet, Alphonse’s father).

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Letter signed « Louis-Napoléon » to a gentleman
[Camden Place] Chrislehurst, 22nd March 1872, 1 p. small in-8°
Some stains (see scan), usual fold marks

An affectionate mark of recognition from the Prince Imperial to the French of his generation, with the hope of finding them again one day


« Monsieur,
J’accepte bien volontiers les vœux que vous m’avez adressés à l’occasion du seizième anniversaire de ma naissance. Soyez, je vous prie, mon interprète auprès de ceux qui ont associé leur nom au vôtre cette manifestation de fidélité et de sympathies. Ma seule ambition est de pouvoir un jour, dieu aidant, justifier les espérances des jeunes français de ma génération qui ne m’ont pas oublié.
Je vous envoie, Monsieur, à vous et à vos amis, avec mon remerciement bien sincère, l’assurance de mes sentiments.
Louis-Napoléon »


Throughout his short life, the Prince Imperial remained very attached to his country of origin, even though he had not set foot there since the debacle of Sedan on 1 September 1870. He kept a very close eye on the policies pursued by the various governments of the Third Republic, while at the same time devising numerous political projects, in the hope of a return of the Empire.

The letter was dictated to his tutor Augustin Filon (1841-1916) and then signed by the Prince Imperial.

DOSTOEVSKY, Fyodor (1821-1881)

Period albumen portrait by Vezenberg & Co
Saint Petersburg [1879], cdv format
Mounted on thin cardboard in the photorapher’s credit
Some superficial stains and flaws (see scan)

Very scarce portrait of the author of Crime and Punishment


This portrait, which has remained famous in the writer’s iconography, shows Dostoevsky with a piercing gaze and a slight smile.

Good condition throughout.

PAGNOL, Marcel (1895-1974)

Autograph letter signed « Marcel » to Maurice [Escande]
Paris, 6th June 1967, 1 p. in-4° on his letterhead
Usual fold marks

The nostalgic Pagnol sends a tender and amusing letter to his friend, the actor Maurice Escande, who shot his film Le Gendre de monsieur Poirier


« Mon cher Maurice,
Animer une soirée ! J’en suis tout à fait incapable, et je n’arrive pas souvent à m’animer moi-même !
Je regrette le beau temps du Gendre de Mr. Poirier… Il y a déjà 34 ans ; c’est une idée horrible.
Je t’embrasse,
Marcel »


The first film directed by Marcel Pagnol in 1934, Le gendre de monsieur Poirier tells the story of an aristocrat, a lover of frivolities, until the day he decides to change his life to devote himself to his wife and work. The actor Maurice Escande (1892-1973) played the role of Hector de Montmeyran.

HUGO, Georges (1868-1925)

A set of seventeen autograph letters signed, accompanied with an original drawing
Hauteville-House (Guernesey), Paris, Toulon and Lunel, between 1885 and 1917, 41 p. in various formats
Some flaws, spots, stains, fold marks, repairs on corners

Of this set, we distinguish:
-Three letters addressed to his “adopted” father Alphonse Daudet, whom he used to call “My good old father”
-Ten letters addressed to his close friend Léon Daudet
-Two letters addressed to an unknown recipient
-Two letters addressed to an unknown recipient
– An original ink drawing depicting his friend Léon Daudet and two of the Berthelot brothers

Important set of letters from Victor Hugo’s grandson, most of them written between 1885 and 1895
Some of them describe in a captivating way the atmosphere of Hauteville-House, as it was left by his grandfather, whose soul seems more than ever to permeate the walls. Others reveal the intimacy of the Hugo family, now devoid of its patriarchal figure.

We transcribe here only a few fragments


Autograph letter signed “Georges Hugo” to Léon Daudet
Hauteville House, Guernsey, September 2, 1885 3 1/2 p. in-8° on mourning paper
Small angular accident restored with adhesive tape and small marginal spots

Four months after the death of his revered grandfather, Georges Hugo makes some captivating discoveries at Hauteville-House

« Léon, mon bon vieux tigre, si tu savais comme ta lettre m’a fait plaisir. Depuis votre départ [Les Daudet avaient séjourné une partie de l’été à Hauteville-House en compagnie de la famille Hugo], il n’y a plus d’entrain ici. Nous ne sortons plus, il vente, il pleut, il fait froid. De sorte que voilà huit jours que nous sommes tout tristes. Je ne peux pas dire que je m’ennuie. On ne s’ennuie pas dans cette maison. Mais on manque de gaîté et d’esprit. […]
Ce sont les soirées qui sont longues. Maman [Alice Lehaene] prend un ouvrage, se met dans un coin avec moi près d’elle et nous ne disons rien. Ma sœur [Jeanne Hugo] a Bob dans ses bras et passe la soirée à le lécher et à lui enlever ses puces qu’elle dépose ensuite délicatement sur n’importe quoi. Quant à Mademoiselle Silvestre [institutrice de Jeanne Hugo] elle se dessèche dans un autre coin en cachant de temps en temps un de ces éclats de rires particuliers après avoir dit une bêtise qu’elle prend pour un mot d’esprit. Mademoiselle Grenier lit tout haut et très mal, Les Travailleurs de la mer, qu’elle n’avait jamais lus et qui sont “très intéressants”. Madame Grenier dort. – Quelque fois tante Chenay nous lit (oh ! horrible, horrible, must horrible) des lettres que son frère lui écrivait quand elle était toute jeune et qui forment dit-elle un “cours complet d’éducation à l’usage des jeunes filles de 10 à 15 ans” tu vois ça d’ici.
À 10h nous allons tous nous coucher […] Au lieu qu’auparavant nous nous endormions après de longues conversations… après des discussions interminables sur les tables tournantes. hein ! quelles discussions ! oh maladie !
Et puis nous étions réveillés par des fessées appliquées sur nos derrières par des pailles solides. Voici des réveils intelligents, au moins.
Dans la journée je visite la maison dans les moindres détails. Tu ne te figures pas tout ce que j’ai trouvé. Des cachettes à n’en plus finir, des murs tournants, des armoires à serrures secrètes, des chambres noires pleines de papiers les plus curieux, des caisses remplies de porcelaines anciennes… Si Trébuchet [cousin de la famille Hugo] était là quel œil louchant il ferait ! quel “épatant” il lancerait.
Quant à la bibliothèque elle est pleine de merveilles.
J’ai rangé hier toute la journée, les papiers qui remplissaient ce grand meuble noir ou nous avons fait cette découverte bizarre… j’ai trouvé dans ces papiers des autographes extraordinaires. Il y a du Corneille.
Quant aux dossiers de mon grand-père et à ses manuscrits “copeaux” etc. il y en a plein une armoire […]
Le lendemain de ton départ une tempête assez forte a éclaté ici et dure encore ce matin… Adieu mon bon vieux tigre. Mes respects à Monsieur et Madame Daudet. J’embrasse zézé. Ton ami
Georges Hugo »


Autograph letter signed “Georges Hugo” to Léon Daudet
Hauteville-House, Guernsey, July 14, 1886 “Long live the Republic!!”, 3 p. small in-8°

Description of Hauteville-House in the summer and harsh judgment on his aunt and his sister Jeanne’s teacher

« […] La maison est toujours la même, un peu plus propre, plus confortable, “plus anglaise”, dans les chambres seulement. Les salons sont toujours ceux de Victor Hugo, et la vue aussi. Il fait bon, bien chaud. Le jardin est tout plein de fleurs. Nous avons seulement deux vieilleries insupportables, Silvestre et Chenay, ça m’embête de causer toujours avec un squelette et une gâteuse. Si nous étions ensemble, tout ça passerait […] Je passe ma journée sur la terrasse, ou devant les fenêtres qui donnent sur la mer. Je ne m’ennuie jamais ainsi […]
Georges Hugo »


Autograph letter signed “ton Georges Hugo” to Léon Daudet
Hauteville House, Guernsey, July 25, 1886, 3 p. in-8°
Small holes in the top margin, without damaging the text

George Hugo, full of spleen in Guernsey, finds refuge in his grandfather’s house

« […] Je m’embête un peu depuis quelques jours, c’est tout le temps la même chose ici, quand on est seul. En dehors du temps consacré à la lecture ou au travail, je m’ennuie vraiment. je sors dans la ville ; mais j’y fait toujours la même promenade, je descends les escaliers, au bout de la rue, j’arrive au marché, je tourne à gauche et je monte lentement la grande rue. Je m’arrête à la poste et je reviens, toujours seul. Je rencontre les mêmes types. Je retrouve les filles que nous connaissions l’an dernier, mais je ne les reconnais jamais que quand elles sont passées en riant près de moi, qui ne comprends plus, et puis tous ces anglais me dégoûtent ; je trouve tout triste ; la propreté des rues, des boutiques devient monotone et agaçante. Je reviens alors très vite dans ma vieille maison, où je suis si bien. Tu m’as fait perdre l’habitude de voyager sans ami.
Ma mère attend Lockroy [Édouard Lockroy, qu’elle épousera en secondes noces en 1877], et comme il tarde à venir, elle est toute attristée. Je souhaite son arrivée le plus tôt possible […]
Il pleut aujourd’hui, une petite pluie fine et serrée, comme de la fumée, on ne voit pas le port, c’est très triste, très monotone, même pas de vent. Pas de bruit, les rues sont désertes, c’est dimanche. J’ai entendu tout à l’heure le son protestant de la cloche et puis des pas dans la rue, pendant dix minutes ; on se dépêchait d’aller à l’office, sans parler, maintenant on n’entend plus rien que la voix dure d’une femme qui chante des cantiques dans la maison d’en face, sur un harmonium […]
Au revoir, mon vieux […] envoie moi surtout des nouvelles de tes parents […] Ton Georges Hugo »


Autograph letter signed “your Georges Hugo” to Alphonse Daudet
Toulon, 27 August 1891, 3 p. in-12 on brown paper

Georges Hugo asks Alphonse Daudet for his opinion on his recent writings

« Mon cher vieux père, je suis bien malade de cœur et d’esprit. J’ai écrit, dans mes moments de liberté, ces deux choses-là. Je vous les envoie, vous me direz franchement ce que vous en pensez. Si vous êtes content ou non, s’il y a progrès ou pas progrès […] Quand j’écris des choses drôles, ça me donne envie de pleurer et je m’arrête à la seconde ligne […]
Je mène une existence farouche et sauvage depuis un mois. Je suis très mécontent de mon individu
[…]
Quand aurai-je encore la joie de découvrir mon nom écrit de vos fines lettres pointues, au milieu de toute cette calligraphie de papas matelots au grosses mains durcies par la mer ? Je vous embrasse
Votre Georges Hugo »


Autograph letter signed “your Georges Hugo” to Alphonse Daudet
Toulon, 6 September 1891, 4 p. in-12

Georges Hugo tries to comfort his dear old father and then talks about his difficulties in writing and his lack of inspiration

« […] J’ai beaucoup de peine à écrire. Je suis forcé de m’enfermer, de fumer, de boire du café, des choses qui réveillent. Alors, j’ai des éclairs, des lueurs dont je profite avec fièvre, et puis des engourdissements… qui durent des semaines, ou je ne pense pas, je suis un bête […] »


Autograph letter signed “Georges Hugo” to Léon Daudet
Toulon, 17 December 1893, 4 p. in-12

Allusion to Pauline Ménard-Dorian, whom he married the following year. From this union was born Jean Hugo, who had a brilliant career as a painter
The Georges Hugo couple held one of the most popular salons in Paris, where they received, in addition to political figures, the writers Marcel Proust, Émile Zola, Edmond de Goncourt, Jean Cocteau, Max Jacob etc.
Pauline Ménard Dorian’s mother, Aline, was one of Madame Verdurin’s models in Marcel Proust’s In Search of Lost Time

« […] Et puis tu as vu aussi ce qu’il y a de beau, de plus beau que tout au monde, en deux êtres qui se serrent éperdument l’un contre l’autre, qui se prennent doucement les mains et se disent des choses tout bas, les yeux dans les yeux […] Je suis tout seul maintenant, et très loin, mais je me sens si près d’elle, je la sens près de moi […]
Je t’embrasse mon frère chéri
Georges Hugo »


Autograph letter signed “ton Georges Hugo” to Léon Daudet
Guernsey, 3 July [18]95, 3 1/2 p. in-8° on La Marcherie letterhead – Guernsey – Channel Island – England

Evocation of the loss of his little horse, which could not withstand the journey between France and the island of Guernsey, then of his son Jean aged only one year

« […] Notre petit cheval, notre joli petit cheval, notre ami est mort. La pauvre bête a tellement souffert pendant la traversée, qui fut houleuse […] Heureusement que notre cher petit Jean rempli notre maison de cris de joie et d’éclats de rire. J’ai bien l’impression maintenant que nous sommes trois personnes de la même famille […] Pardonne cette lettre un peu enfantine […]
Ton Georges Hugo »


Autograph letter signed “ton Georges Hugo” to Léon Daudet
[Mas de Fourques, near Lunel], July 8, 1895, 3 p. 1/2 large in-8° on blue laid paper

The irruption of Georges Hugo’s in-laws into his relationship

« Mon bon Léon, nous voilà tout à fait installés, en plein soleil, dans notre jolie campagne. Existence paisible, charmante, et sans soucis.
Sans soucis ? Non pas pourtant, l’arrivée de mes chers beaux-parents a jeté un petit trouble. Je ne sais ce qui les gêne auprès de moi, mais ils ont l’attitude d’anarchistes chez des bourgeois. Rien n’est comme il faut. Les allusions pleuvent […]
Je t’embrasse, ton George Hugo »


Autograph letter signed “ton Georges Hugo” to Léon Daudet
[Mas de Fourques, near Lunel] , 4 December 1895, 3 p. 1/2 large in-8°

Evocations of his life at Mas de Fourques in the Hérault department, enriched by many anecdotes


Autograph letter signed “Georges Hugo” to Léon Daudet
Cowes, Isle of Wight, 4 Aug. 1898, 1 p. in-8°

George Hugo makes an emergency message to his friend Léon Daudet from the Isle of Wight


Autograph letter signed “ton Georges Hugo” to Léon Daudet
[Hauteville House, Guernsey], undated (c. 1890), 4 pp. in-8° on mourning paper

Storm on Hauteville-House and evocation of his grandfather’s book: Les Travailleurs de la mer

« Il fait une tempête abominable en ce moment.
La cloche du bout du port sonne tout le temps pour avertir les bateaux. Il est très tard et je suis seul éveillé dans la maison. Le vent souffre avec une violence extrême.
J’ai été obligé de mettre des cordes à mes fenêtres pour que les guillotines ne remontent pas – Il n’y a presque personne dans les rues. Pas un bateau dans le port […]
J’entends ici un tas de bruits terribles. Le look-out de verre, battu par le vent et la pluie, fait un fracas épouvantable. Je l’entends de ma chambre qui est au rez de chaussée […]
C’est pendant une de ces soirées là, au milieu d’une tempête comme celle-ci que mon grand-père a dû écrire les combats de Gilliatt… dans les Rocher Douvres [premier chapitre du livre sixième des Travailleurs de la mer]… C’est extraordinaire comme on est impressionnable et nerveux quand on se sent seul éveillé par ce temps-là et à cette heure de la nuit dans cette maison si pleine de souvenirs […]
Mes respects à Monsieur et Madame Daudet (à Monsieur Daudet, si vous pouviez entraîner tout votre monde ici comme nous serions heureux !).
Adieu mon bon Léon
Mon vieux crocodile (puisque tigre n’est plus à la mode)
Ton Georges Hugo »


Autograph letter signed “your son Georges Hugo” to Alphonse Daudet
[Paris], undated (c. 1890), 1 p. in-12 on “Petit Bleu” (telegram)
Autograph address on reverse
Small tear in the top margin

An affectionate letter to his “good old father”

« Mon bon vieux père,
Merci, merci pour jeudi, merci d’avoir pensé à nous. […]
Peut-on dire à Lucien de venir après le dîner ? Il a pour vous une adoration. Je ne sais que belle pitié il a trouvé dans votre regard ; cet enfant misérable et élégant vous a de la reconnaissance. Dites à notre chère Madame Daudet que nous l’aimons de tout notre cœur.
Je vous embrasse tendrement.
Votre fils
Georges Hugo »


Two other letters to Léon Daudet, one to an unknown recipient and finally two addressed to a lady complete this collection.

Georges Hugo evoked the moments spent at his ancestor’s side in a book soberly entitled Mon Grand-père, livre de souvenirs, in 1902, then republished in 1931. He died at the age of 56 in 1925, destitute and riddled with debt.

CÉLINE, Louis Ferdinand (1894-1961)

Manuscrit autographe (fragment) pour son roman Nord
N.p.n.d [Meudon, between 1957 and 1859], 1 p. in-4°
Paper clip holes on corners

Precious first draft manuscript fragment for his novel Nord


« 1092) et vlang ! referme la lourde ! malades ?.. je crois pas… mais au moins nous voici fixés !
– Tu comprends, la Vigue ?
-Oui !.. oui !.. ça va !
Y a plus qu’à retourner chez nous… oh, mais Léonard et Joseph ont bien biglé ! ils se foutent de nous… la queue entre les jambes et portant leur oreille”
eux veulent pas se montrer ! ils font signe que nous approchons… nous longeons l’étang… le purin… nous voici chez eux… ils nous font venir.
Alors ? je les stipule…
– Allez ! oust ! qu’est-ce que c’est ? il faut qu’on rentre ! »


The present fragment, folio 1092, has been much crossed out and corrected, and has many variations with the published version of the text. We can see the marks of an obstinate proofreading as well as the improvements made by Céline. This folio should relate to sequences 19 to 33 of the final manuscript that the writer will present to the publisher, i.e. pages 762-1141.

The second novel in the German trilogy, transposing into a novel the peregrinations in Germany at the end of the war, of Céline, his wife Lucette and their cat Bébert, in the company of the actor Le Vigan, Nord is a sequel to D’un château l’autre (1957). The writing lasted two and a half years, from the spring of 1957 to the end of 1959; the novel was published by Gallimard in May 1960. It is the last work published during Céline’s lifetime.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Autograph letter signed « Louis-Napoléon » to Édouard Frémy
Camden Place, 16th March 1872, 1 p. 1/2 petit in-8°
Usual fold marks

Nice letter from exile from the Prince Imperial, in gratitude for a book offered by its correspondent on the occasion of his sixteenth birthday


« Mon cher Monsieur Frémy,
Je suis profondément reconnaissant du cadeau si utile et si beau que vous venez de me faire, et l’affectueuse intention qui a présidé à cet aimable don, m’a vivement touché. Croyez que c’est avec émotion que je relirai ces pages, qui comme vous le dites si bien, sont faites pour nous consoler, et nous faire espérer en un meilleur avenir.
C’est le cœur rempli d’une vive gratitude, que je vous prie d’agréer l’expression sincère de mes sentiments affectueux.
Louis-Napoléon »


Historian and former diplomat, Édouard Frémy (1843-1904) remained a loyal member of the imperial family. Although we do not know which book the Prince imperial refers to, there is little doubt that it is in honor of the Second Empire.
The year 1872 was one of relative tranquillity for the Prince Imperial. He was admitted to the Royal Military Academy at Woolwich on 17 November, after passing the entrance examination (27th out of 30) with his friend Louis Conneau. He was destined for the artillery, a weapon in which his great-uncle had started. His military career was launched.

COLETTE, Sidonie Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Votre Colette » to the Guillermet
S.l, [15th April 1946], 2 p. in-8° in blue ink on light blue paper
Central fold mark
Bottom margin unevenly trimmed by Colette’s hand, as she was accustomed to

Colette regrets not being able to send her latest novel L’Étoile Vesper to her friends in Beaujolais


« Mes chers Guillermets, cela fait mal et bien de lire une lettre comme celle de Made[leine] !
Venir ? impossible maintenant. En juin il va falloir que j’aille à Uriage1, car je souffre vraiment un peu trop. On dit tant de bien de la nouvelle forme de traitement. Sept agneaux… Trente ans de mariage… Violettes et rosiers…
Je m’émeus devant votre féerie familiale et familière. Ne m’attendrissez pas trop ! Si au moins mon livre (L’étoile Vesper) avait paru à temps2, vous l’auriez eu pour votre anniversaire. Mais je ne l’espère pas avant septembre ou octobre. Et me voilà les mains vides. C’est vous qui toujours les emplissez.
Je vous embrasse. Ne me gâtez pas trop, anges donateurs que vous êtes !
Votre Colette »


1- The spa town of Uriage-les-Bains, in the Isère region, where Colette was treated for acute arthritis.

2- The book was eventually published on 3 November 1946 by Éditions du Milieu du monde in Geneva.

The critics unanimously praised L’Étoile Vesper. Initially subtitled “Souvenirs”, Colette opens up discreetly, through carefully edited fragments, integrating some earlier texts. “The Etoile Vesper is to be put in the very first row, next to the masterpiece La Maison de Claudine. L’Etoile Vesper is the perfect masterpiece of style, sensibility and reason, when age comes” (Émile Henriot of the Académie française, Le Monde, 29 October 1947).

A humanist and philanthropist, Jean Guillermet (1893-1975) strove all his life to make Beaujolais known. Among other things, he published an annual Almanac extolling the qualities of this terroir and in particular its wine. Colette met Madeleine, wife of Jean Guillermet, in the summer of 1943. Madeleine immediately invited Colette to stay at her home in Limas near Villefranche-sur-Saône, in the heart of the Beaujolais vineyards. It was therefore very natural that Colette, a great epicurean and lover of good wines, became friends with the Guillermet couple. They maintained a regular correspondence until the writer’s death in 1954.

[HUGO] QUINET, Alexandre (1836-1900)

Original photography of Victor Hugo by Alexandre Quinet
[Veules-les-Roses, c. 1882], 11,8 x 16,4 cm
Period albumen print mounted on yellow carton
Some light stains, low contrasts

From the Paul Meurice archives

Victor Hugo’s only period print portrait at Veules-les-Roses, at his friend’s Paul Meurice


This portrait can be dated to the year 1882, when the poet was 80 years old. Despite the great age, the pose is both full of energy and derision. Hugo, with his white beard and crossed arms, appears more than ever as an unshakable patriarch.

Paul Meurice’s house was located on the coast of Veules-les-Roses, in Normandy. During his stays at his friend’s house, Victor Hugo stayed below the house in a small pavilion, directly adjacent to the beach. This photo is taken on the promenade along the staircase of that same pavilion.

French novelist and playwright Paul Meurice (1818-1905) was one of Victor Hugo’s loyal friends. When the latter died, Meurice and the other great friend, Auguste Vacquerie, were named as his executors. In 1902, he set about building up a collection around his friend (drawings, manuscripts, photographs) in preparation for the opening to the public of his house on the Place des Vosges in Paris, which was inaugurated on 30 June 1903.

Photographer’s stamp on the back: Adre Quinet / Photographe / 42 rue Cadet, Paris

PIAF, Édith (1915-1963)

Autograph letter signed « Édit Piaf » to a friend
Paris, 6th June 1946, 1/2 p. in-4° on her letterhead
Usual fold marks, « a classer » inscribed on upper left corner by another hand

Stunning statement from the singer about her relationship situation


« Cher ami,
Je vous souhaite dans la vie d’être aussi heureux que je le suis en ce moment, même avec un homme qui ne m’aime pas !
Edith Piaf »


Is La Vie en Rose referring to Jean-Louis Joubert (director of the Compagnons de la chanson), with whom she was in a relationship until 1948? However, this letter is reminiscent of a line from Jean Cocteau’s play Le Bel indifferent, a one-act monologue created in 1940 at the Théâtre des Bouffes-Parisiens by Édith Piaf and Paul Meurisse. Édith Piaf played the female role opposite a distant lover, on stage as well as in life…

PIAF, Édith (1915-1963)

Contract signed « Édit Piaf » and « Bruno Coquatrix »
Paris, 29th February 1956, 1 p. 1/2 in-4°
Initialled « B. C. » by Coquatrix on first page
Some tiny stains, small missing bits on folds without affecting the text

The legendary original contract signed between Édith Piaf and Bruno Coquatrix for the three weeks show at the Olympia in 1956


This is the singer’s second season in the famous theater directed by Bruno Coquatrix. She performed three more series of dates, in 1958, 1961 and 1962, and although exhausted, saved the Olympia from bankruptcy.

It was with Piaf that the myth of the Olympia took shape in the mid-1950s
Her image has thus become inseparable from the Parisian theater.

The present contract includes the outstanding conditions granted to the singer, then at the height of her career, for her performances at the 1956 Olympia. We can see that she benefits from a fee of 300,000 francs per day (a considerable sum for the time) for a period of three weeks.
In addition to the fact that she has the full orchestra of the theater, she is first and foremost accompanied by her own musicians and benefits from three hours of rehearsals with the best equipment before each performance. Finally, no first part can take effect without first submitting the assessment of Édith Piaf.

The other characteristic of the theater, recognizable among thousands, is its illuminated sign on its front. Thus, as stipulated in the contract, the singer will have her name displayed on two lines for the duration of her performances.

It was with her songs L’Homme à la moto, Hymne à l’amour and Les Amants d’un jour that she immortalized her Olympian tour in 1956.

PIAF, Édith (1915-1963)

Autograph document signed « Édit Piaf »
[Paris], 23rd May 1956, 1 p. in-8° in turquoise ink
Letterhead « Théâtre de l’Olympia »

Édith Piaf fills in her data sheet on the eve of her first performance at the Olympia in 1956


The singer, who was in a relationship with Jacques Pills (aka Roger Ducos) and with whom she divorced the same year, also gave her maiden name: Gassion.
This was her second series of performances in the Olympia Hall, which was to last three weeks, beginning on May 24, 1956. Piaf played a major role in forging the myth of the famous theater in the 1950s.

67 Boulevard Lannes was her last residence. She lived there from 1953 until her death ten years later.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Marie Scheikévitch
[Paris], 102 b[oulevar]d Haussmann, 1st February 1915 (post mark), 4 p. in-8° in black in on laid paper
With autograph envelope
Paper clip marks on upper margin and envelope (see scans)

Proust prefers to suffer in bed rather than lead an “easy life” and thinks of the soldiers mobilized at the front


« Chère Madame,
J’ai toujours cru chaque soir être en état de sortir le lendemain. Et, depuis octobre j’ai pu me lever une fois et à minuit seulement1, c’est à dire sans possibilité de vous voir. Si j’avais cru être aussi incapable de bouger, je vous aurais écrit plus tôt. Mais je ne voulais pas vous répondre qu’il m’était impossible de fixer d’avance un jour (mes crises étant si imprévues), parce que j’espérais que cela allais devenir possible. L’expérience du passé ne m’a pas découragé d’espérer un avenir qui ne lui ressemble pas. Et même maintenant, au moment où je vous écris cette lettre, j’espère encore qu’une chance me permettra de vous la porter.
En attendant, je ne cesse de penser à vous. Je mets tout mon espoir dans votre fils2 et je pense que, seule au monde, sa faiblesse aura la force de vous aider à porter votre croix. Tout ce que vous me dites du frère que vous avez perdu et que je ne savais pas rend mon chagrin plus vif encore, en me faisant mieux imaginer votre désespoir3. Mais la décision de votre plus jeune frère me navre4. Je l’admire. Mais j’aurais préféré que sa douleur se consacrât à la vôtre au lieu de l’accroître d’une telle angoisse.
En attendant qu’on se décide à me faire passer un conseil de contre-réforme qui ne saurait, je crois, tarder, je bénis la maladie de me faire souffrir, car si cette souffrance ne sert à personne, du moins elle m’évite celle plus grande que me donnerait le bien-être, la vie facile, pendant que souffrent et meurent tous ceux que ma pensée ne quitte pas.
Quand vous aurez le temps de dicter pour moi une une ligne où vous me diriez “mon frère va bien et est moins exposé, mon, fils va bien, j’ai du courage”, vous rendrez bien heureux votre respectueux admirateur.
Marcel Proust »


[1] Proust went to Madame Edwards’s house that evening at midnight, as he states in a letter to Lucien Daudet sent the night before.

[2] André Carolus-Duran (1902-1972), son of Marie Scheikévitch

[3] This is one of Mrs. Scheikovich’s brothers, Victor Scheikovich (1885-1914), a lawyer at the Court of Paris, who fell a few days after being proposed as captain, on 15 September 1914, at Tracy-le-Val

[4] Here is the youngest brother of Mrs. Sheikevich, Valentin Sheikevich. He had left as medical officer of a battalion of cyclists, attached along the way to General Lanrezac’s staff, and had just been sent to the front line at his request as surgeon-major of the 2nd Infantry Battalion (Mangin division). He was to be cited at Neuville-Saint-Vaast.

Proust and the War:

This letter was a direct follow-up to the one sent to Marie Scheikovich three weeks earlier, on 9 January. Proust was shocked to learn of the death of Victor Scheikévich, the younger brother of his correspondent, who had been killed at the front in the early hours of the war. He is sorry to know that her younger brother, Valentin Sheikevich, has also been mobilized.
When the war came, the writer was in the middle of writing the sequel to Swann’s way (which had been published in November 1913). He was not called to the front because of illness and followed the progress of the conflict from his Parisian apartment at 102 boulevard Haussmann. The conflict, as we know, had a direct impact on the course of his novel. He turned the church of Combray into a German observatory, which was destroyed by the French and the English.

“Proust was following closely the entire duration of the conflict, in the first place to study the behavior of the society that he frequented during the war. He reads seven newspapers a day, (…) war is a constant concern” (Nathalie Mauriac Dyer)

An intimate of Proust who did much effort in using her network for the publication of the first volume of The Search :

Marie Scheikevitch (1882-1964) was the daughter of a wealthy Russian magistrate and art collector who settled in France in 1896. George D. Painter described her as “one of the smartest and most prominent ladies of the new generation.” Patron of artists and writers, she frequented salons and then founded her own. She was friends with Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, the Arman de Caillavet family, among others.
A feeling of singular quality united Marcel Proust to Marie Scheikévitch. Although they met briefly in 1905 in Mme Lemaire’s salon, it was in 1912 that they really get to know eachother. There followed a correspondence that lasted until 1922, the year of the writer’s death. Seeing each other “almost every day” as she would later say (friends writing all the less as they see each other more), we know only 28 letters from Proust addressed to her.
She opened to him the doors of her salon, frequented by all that Paris had of illustrious personalities in literature and arts, so that he paid tribute to her in Sodome et Gomorrhe under the veil of Madame Timoléon d’Amoncourt, “a charming little woman, of a spirit, like her beauty, so ravishing, that only one of the two would have succeeded in pleasing “.
A fervent admirer of the writer, she spent a great deal at the time of the publication of the first volume of The Search, trying everything to put Proust in touch with the Parisian personalities she considered most capable of helping him. It was she who recommended him to her lover Adrien Hébrard, the influential director of the newspaper Le Temps, to obtain the famous interview of November 12, 1913 by Élie-Joseph Bois, on the eve of Swann‘s publication: This was the first significant article published in the major press and devoted to The Search. To thank her, Proust sent her a major inscription (recently acquired by the BnF) when Swann was published.

JAURÈS, Jean (1859-1914)

Autograph manuscript signed « Jean Jaurès »
[Paris], c. 1st April 1905, 12 p. in-4°
Typographic annotation in blue pencil

Complete manuscript of an article relating to the famous law of 1905, published on the front page of L’Humanité on April 2 of the same year, a few days before the decisive debates in the Chamber of Deputies


« Plusieurs groupes républicains se préoccupent des moyens d’assurer le vote rapide de la loi de séparation des Églises et de l’État. Il en est deux et qui sont décisifs. Le premier c’est de proclamer que la majorité républicaine est résolue à aboutir, quelle n’ira en vacances qu’après le vote complet de la loin qu’elle siégera s’il est nécessaire, jusqu’au 1er mai, date de l’ouverture des conseils généraux, tous les jours et deux fois par jour.
Le second c’est de tenir ferme, comme centre nécessaire de ralliement, au texte sur lequel la commission et le gouvernement seront d’accord. Hors de là, il n’y a que chaos, impuissance, avortement. Il n’est point inutile que des contre-projets et des amendements multiples aient été déposés. Ils permettent à la commission de se rendre un compte plu exact, sur quelques points, des préoccupations de la Chambre […]
Ceux qui à cette heure proposent de soumettre toute la loi à une hâtive délibération des groupes de gauche commettent une singulière erreur de méthode. La délégation des gauches au eu compétence pour donner à l’action politique du Parlement une impulsion générale. Elle n’a pas qualité pour résoudre, en quelques heures, les difficultés d’application que soulève un problème aussi complexe que la séparation. Ce problème, la majorité républicaine de la commission l’a étudié à fond. Les divers auteurs d’amendement ou de contre-projets cèdent à une illusion bien naturelle quand ils s’imaginent apporter une solution nouvelle […] Tout ce qui tiendrait maintenant à affaiblir, à dessaisir moralement la commission, à ébranler les bases de son travail serait funeste. Et qui donc pourrait se flatter d’improviser en quelques séances de délégation un projet à l’abri de toute critique ? On n’aboutirait qu’à infirmer le projet de la commission sans être en état d’en construire un autre. Tous les systèmes se déchaîneraient et aussi toutes les intrigues. Encore une fois, il n’y a désormais pour la majorité républicaine, qu’un moyen d’aboutir. C’est de rester groupée autour de la commission à qui elle avait donné mandat. Tout autre méthode n’aboutira qu’à la dispersion, l’incertitude et le néant.
Jean Jaurès »


The law on the separation of Church and State, an emblematic measure of the Third Republic, owes a great deal to the action of the socialists. Three of them particularly contributed to the conception, the democratic inflection, and the adoption of the law in December 1905: the Jaurésien Aristide Briand, who was its rapporteur emeritus, the maneuverer who led the Commission of Thirty-Three where he wanted to take it, Francis de Pressensé, the inspirer, the initiator of the legislative process, and the deputy of the Tarn, Jean Jaurès, the recognized leader, who showed the way and intervened in decisive moments.

During the three-and-a-half-month debate in the Chamber of Deputies, from mid-March to the first days of July 1905, the 44 articles of the Separation Act were discussed in 48 sittings and 289 amendments were tabled and examined from February to July 1905.

[VERLAINE] MALLARMÉ, Stéphane (1842-1898)

Autograph subscription signed for the attention of Emmanuel Signoret
N.p.n.d [1892], 1 p. in-8°
Period fold marks

Mallarmé subscribes to Verlaine’s 1892 collection of poems Liturgies intimes


After entering his name and his Parisian postal address, Mallarmé asks that “3 newsletters for 3 subscribers” be sent to him, then signs with his elegant monogram “S.M”

This edition was sold by subscription, which was to be sent to Emmanuel Signoret, the founder of the Catholic magazine Le Saint-Graal. It is not known, however, for whom other subscribers Mallarmé made this order.

With Sagesse, Amour and Bonheur, Liturgies intimes completes Paul Verlaine’s Catholic work and thus completes his post-Rimbaldian period of redemption. With a print run of 375 copies, the collection opens with “To Charles Baudelaire”, for whom we know that Verlaine had an unfailing admiration throughout his life.
A second edition of the collection was published the following year by Vanier.

The friendship between the two poets is not recent. It was sealed in 1866 when Verlaine sent his Poèmes saturniens to Mallarmé. The latter made this famous reply: “At present I shall not have the courage to recite to you all the verses which I know by heart of the Saturnian Poems, preferring better, while I am still beside myself, to hang on to the voluptuousness which they give me than to explain it.”

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed « ton viejo » to his mistress and accomplice Jeanne Schneider
Fleury-Mérogis prison, 27th September 1976, 2 pp. in-4°

Mesrine evokes the family troubles and then, after a few gritty jokes, makes a disturbing allusion to his impending death


« Nanou d’amour,
Bonsoir petite fille. Ce soir ta lettre n°2 avec celles de Mury. J’espère que ta figure a eu pour effet de faire disparaître tes boutons… bien que j’en doute. C’est un empoisonnement que tu as eu, avec toute cette charcuterie pas étonnant. La bouffe est acceptable, mais moins bonne qu’à la [prion de la] Santé. Pas assez de viande saignante ici. Cela ne vaut la gamelle du chef… côtes d’agneau et petit rosé.
Au sujet de l’appartement de Clichy. Oui ma puce il y aura la télé. Si le poste n’y est plus je t’en ferai mette un OK. N’oublie pas que tu auras pour voisine madame Lauga qui est venue à l’auberge. Je suis certain qu’elle sera très gentille avec toi. Elle fait partie des gens sincères.
Mury me donne l’impression d’être plus calme et surtout plus raisonnable que Sabrina. Je viens juste de recevoir un télégramme de madame Sacazan me disant qu’elle ignore ou est Sabrina. Car je lui avais donné l’ordre de retourner chez Sacazan en attendant les évènements. J’ai l’impression que la môme est en « cavale ». Mon ange, ne la plaint pas cette fois. C’est une petite vacherie qui va apprendre le respect de certaines choses à ses dépens. La période des cadeaux est terminée. J’attends demain, le parloir avec ma mère, pour savoir si elle a été à ses cours. Si elle a déserté aussi sur l’école – je sais où la retrouver sans grand problème. Quel dommage qu’elle n’ait pas voulu comprendre – avec l’aide que je lui avais apportée, elle pouvait tout reprendre à zéro… « non » elle a préféré continuer son merdier. Enfin… n’en parlons plus pour ce soir. Tu me parles du cadeau que tu voudrais me faire pour notre mariage, c’est moi qui en ferai l’achat. Tu peux me faire confiance elle seront dans le pas mal ! mais nous avons le temps ! il faut avant que mon divorce soit prononcé. Normalement le juge vient le 6 oct. Là je serai à peu près fixé sur la date de ma « liberté »… il faut être fou pour la perdre à peine acquise… as-tu réalisé la peine que tu allais faire aux autres nanas, qui espéraient…
Je sais « à la vache » ! que veux-tu ma belle ! le mariage va faire tomber ma côte en bourse !! le vieux tigre piégé. C’est pas sérieux. Oui tu m’as eu ! tu n’auras pas de mal à me garder fidèle et dans vingt ans pour la nuit de noces Popole et les deux orphelines risquent d’être dans l’état de « Ramsès II »…  Il leur faudra un passage au Louvre pour la remise en état de marche. Je peux toujours les faire momifier pendant qu’elles sont encore présentables… Tu vas me dire qu’avec le progrès je pourrai toujours m’en faire greffer une de jeune étalon… pour satisfaire la vielle jument que tu seras devenue ! Rigole ma puce, c’est ça que j’ai voulu tirer de tes lèvres « un sourire ». Il faut bien rire un peu… il ne me reste que vingt ans à faire ! sauf si comme me l’a prédit il y a plus de 26 ans une femme… je dois casser ma pipe avant 40 ans. Il faut que la mort se dépêche car dans trois moi le cap sera passé. Tu n’auras pas cette chance de conserver ton célibat. Petite fille ton « Z ‘eune » « Z’époux » te bise et re-bise avec amour sur tout ce qui est toi… donc à moi. Je t’adore ça c’est nouveau !! Bonne nuit chaton x
Ton viejo »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider in 1968. She is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had been staying on the night of the murder).
Returning to France to serve her sentence in Fleury-Mérogis in early 1973, Jeanne learned that Mesrine had just been arrested in Boulogne-Billancourt and sentenced to 20 years in prison. From then on, the two lovers maintained a love correspondence. Tired of this gangster life, Jeanne Schneider ends up settling down and breaking up while he is still in prison. Mesrine did not stop, fiercely condemned his conditions of detention and escaped. He was shot by the BIS after 16 months on the run on November 2, 1979, at the age of 42.

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed on letterhead « J. Mesrine » and « Bibi » at the end, to his mistress and accomplice Jeanne Schneider
[Saint-Vincent de Paul prison, Québec], 9 August [19]72, 2 pp. in-8°

A tender prison letter from “public enemy number 1” to his mistress Jeanne Schneider, a few days before his incredible escape


« Janou chérie,
J’ai reçu ta lettre du 5 aujourd’hui ce qui est normal, la préposée au courrier a fait un petit effort ! espérons que cela va continuer?
A part cela petite fille toujours la même vie, avec les mêmes gens et le même spectacle !
On ne peut pas dire que cela rempli une vie, ni enrichi le cerveau ! Mais comme nous ni [sic] pouvons rien… eh bien ! il nous faut accepter la chose. Tu me dis que [Me Raymond] Daoust [l’un des plus grands criminalistes de l’époque] disait que sur 106 accusés de meurtre il a eu 100 acquittements. Ce n’est pas cela qu’il voulait dire car il a eu dans toute sa carrière peut-être 15 ou 20 acquittements, le reste c’était des changements d’accusation c’est à dire de meurtre. Il faisait tomber cela à homicide involontaire ! ce n’est déjà pas si mal… si le gars est coupable mais qui n’arrange rien si le gars est innocent comme nous. Enfin c’est la vie mon ange !
Cette semaine je dois passer mes radios… le cœur et les poumons… peut-être que sur ma radio du cœur ils verront inscrit le mot “janou” et me diront que c’est pour cela qu’il bat trop fort !! malgré que ton bibi sait autant contrôler ses sentiments que ses émotions !
J’espère que la maman de notre petite Fréda va mieux mais si comme tu le dis elle a le cancer, il n’y a plus rien à faire !… notre tour viendra aussi… c’est la vie de mourir. En attendant je suis bien vivant et je pose de gros bécos d’amour sur ta bouche de voyouse !
J’ai reçu une carte de Sabrina je te la fais parvenir. Je t’aime châton
Bibi »


Jacques Mesrine met Jeanne Schneider at the end of her divorce from Maria de Soledad. Jeanne is a call girl, whose pimps were shot by Mesrine, according to her. After several thefts committed in Europe, they fled to Quebec and continued their criminal activity. They spent several years in prison, despite the couple’s acquittal following the murder of Évelyne Le Bouthilier (owner of a motel in Percé where the Mesrine-Schneider couple had been staying on the night of the assassination). Mesrine escaped from the Saint-Vincent-de-Paul prison with five other inmates, including Jean-Paul Mercier, on August 21, 1972.

ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » [to Albert Lacroix]
Paris, 13 Sept[ember] 1867, 2 pp. in-8° in black ink, letterhead of the Librairie Internationale
« Zola » annotation (from period and in black ink) from another hand, small gaps in the lower margin affecting a letter, slits in the folds, discreet repairs with Japan paper

A remarkable letter from the very young Zola, a few weeks before the launch of Thérèse Raquin, the first novel that made him famous to the general public – Expressing a pressing financial need, the writer nevertheless cherishes high ambitions for the success of his work

It is in this very same letter that Zola first announces the final title of the book


« Cher Monsieur,
Si je ne vous ai pas envoyé les numéros de L’Artiste
¹ qui contiennent mon roman, c’est que M. Guérin [employé de la Librairie Internationale] m’avait assuré que vous deviez avoir ces numéros à Bruxelles. Aujourd’hui encore, il me dit que votre maison de Paris vous les enverra, si vous ne les avez pas. Donc je ne m’inquiète pas de ce détail. Quant au titre, il sera d’autant meilleur, selon moi, qu’il sera plus simple. L’œuvre s’intitule dans L’Artiste : Un Mariage d’amour, mais je compte changer cela et mettre : Thérèse Raquin, le nom de l’héroïne. Je crois que le temps des titres abracadabrants est fini et que le public n’a plus aucune confiance dans les enseignes. D’ailleurs, la question du titre n’en sera pas une. Je vous avoue que j’ai besoin d’argent et que je préférerai vous vendre la propriété de l’œuvre pour un certain nombre d’années, si vous croyez pouvoir m’offrir une somme raisonnable. Dans le cas où vous ne voudriez pas acheter l’œuvre, je vous demanderais le douze pour cent sur le prix fort, payable le jour de la mise en vente. Je tiens surtout à éviter les ennuis qui se sont produits au sujet de La Confession de Claude [son deuxième ouvrage, publié également chez Lacroix deux ans auparavant]. Il est préférable que la question argent soit réglée sur-le-champ entre nous, sans avoir besoin de recourir plus tard à des inventaires.
Veuillez, chez Monsieur, me donner une réponse définitive au plus tôt. Je tiens à ce que ce livre paraisse en octobre. Prenez connaissance de l’œuvre, laissez-moi choisir un titre bien simple
², et faites-moi à votre tour vos conditions. Dites-moi combien vous me donneriez pour la propriété de l’œuvre pendant un nombre fixé d’années. L’affaire peut être conclue en quelques jours, et c’est ce que je désire.
En deux mots, voici le sujet du roman : Camille et Thérèse, deux jeunes époux, introduisent Laurent dans leur intérieur. Laurent devient l’amant de Thérèse, et tous deux, poussés par la passion, noient Camille, pour se marier et goûter les joies d’une union légitime. Le roman est l’étude de cette union accomplie dans le meurtre ; les deux amants en arrivent à l’épouvante, à la haine, à la folie, et ils rêvent l’un et l’autre de se débarrasser d’un complice. Au dénouement, ils se suicident. L’œuvre est très dramatique, très poignante, et je compte sur un succès d’horreur.
Une prompte réponse, je vous prie.
Votre dévoué
Émile Zola »


1- Illustrated weekly magazine (from 1831 to 1904), renowned for having published prints and quality writers. The novel, originally titled Un Mariage d’amour, had previously been serialized in the magazine.

2- On November 9, 1867, A. Lacroix and Verboeckhoven, booksellers-publishers, informed Zola that they had given the proof to print the title and cover of Thérèse Raquin, adding: “We have suppressed the word study which was, in our opinion, of the worst effect on the cover and which, on the other hand, could have harmed the volume, in the sense that it might make people believe that your volume was an arid and too serious work, and thereby alienate a whole class of readers. In any case, this subtitle seemed useless to us; Isn’t that your opinion too? »

The young Zola, then 27 years old, already gives us a glimpse of the confidence that would later be known for, that of a writer who was quite certain of his work. He nevertheless remained in need, which he explains here to Lacroix, the latter being known among other things for having been the first publisher of Les Misérables.

« I think the time for crazy headlines is over… »
What is implied by Zola’s choice to call the book Thérèse Raquin tends to erase the stage of serialization in L’Artiste. The writer flatters the publisher and therefore defines the “second birth” of the novel. This sense of the title, which Zola was already refining at this time, would later become one of his great talents, giving decisive importance to this significant beginning.

« The work is very dramatic, very poignant, and I’m counting on a horror success »
By summarizing the story at the end of the letter, Zola shows us that he is always very scrupulous in adapting to the recipient’s preferences. He insists on the plot, the dramatic scope, the psychological dimension, and finally the stylistic innovations. He makes hypotyposis his trademark at key moments. At that time, Zola was the only standard-bearer of naturalism, a literary movement that succeeded realism, which he had exposed three years earlier in his famous missive to Anthony Valabrègue by means of the famous metaphor of the “trois écrans”. Zola’s reading effects are therefore data that can be easily converted into terms of editorial success.

Thérèse Raquin was severely judged by the critics, notably by Louis Ulbach, who published in Le Figaro a violent article entitled “La littérature putrid”. However, it was a success and Zola became known to the general public. His career as a novelist was definitively launched…

NAPOLÉON III (1808-1873)

Autograph letter signed « N » to Empress Eugénie
[Camden Place, Chislehurst], 2nd August [1872], 1 p. 1/2 in-8°, letterhead of the Imperial Family’s Exile Residence
Traces of period folds, tiny browning on the second leaf, small slit in the upper margin of the central fold
Slight discharge of ink from the second page on the opposite page, testifying to a folding by Napoleon III when the ink was not yet dry
Watermark “Joynson 1872”

Tender letter to his wife the Empress, then on a trip to Scotland with their only son, the Prince Imperial


« Ma chère Eugénie. Je te remercie de ta lettre du 31 juillet. Je suis bien heureux de savoir que ton voyage te plaît, que Louis [leur fils le Prince Impérial] va bien et que vous êtes bien reçus. Tous les matins je sais par le Times ce que tu as fait la veille. Cela est très agréable.
Ici rien de nouveau […] Camden est bien triste, le temps redevient froid […]
Je serai bien content de te revoir ainsi que Louis, car votre absence laisse un grand vide et quoiqu’habitant sous le même toit nous nous voyons peu, il est toujours bien doux de sentir près de soit ceux que l’on aime.
Je t’embrasse tendrement.
N
J’embrasse Louis aussi bien tendrement »


Empress Eugenie and her only son, the Prince Imperial, were on a trip to Scotland in the summer of 1872. Eugenie was, through her mother, of Scottish ancestry. The latter, whose full name was María Manuela Kirkpatrick de Closeburn y de Grévignée, an aristocrat of Scottish and Belgian origin, was the daughter of the Scotsman William Kirkpatrick, who was appointed U.S. consul in Malaga, and the niece of Count Mathieu de Lesseps.

MONTIJO (de), impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to an unknown recipient
[Camden Place, Chislehurst], 4 February [18]73, 1 p. 1/2 in-8°
Clipper mark on upper margin, central fold mark

The Empress’ moving response to her condolences on the death of Emperor Napoleon III, which had occurred less than a month earlier


« Je suis bien sensible à votre sympathie et aux regrets que vous m’exprimez pour celui que nous pleurons et je vous remercie de reporter sur mon fils [le Prince Impérial] l’attachement que vous lui aviez voué. Croyez à tous mes sentiments.
Eugénie »


On January 9, 1873, at 10:45 a.m., Napoleon III died at the age of 64 at his residence in Camden Place. Nearly 60,000 people, one-tenth of them French, including a delegation of workers led by Jules Amigues, gathered in front of the body and participated in the burial on 15 January 1873 in Chislehurst. Subsequently, his widow Eugenie de Montijo built a mausoleum for him at St. Michael’s Abbey, which she had founded in 1881, and where he has since been resting alongside his wife and their only son, Imperial Prince Louis-Napoleon, who was killed at the age of 23 during a patrol during the Anglo-Zulu War.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Marie Scheikévitch
[Paris], 9th January 1915, 4 p. in-8° in black ink, with envelope
Old paper clip marks on upper margin (see scans)
“R” inscribed by Marie Scheikévitch for “Replied”

A moving demonstration of the writer’s grief following the loss of his correspondent’s brother, killed at the front in the early hours of the war – Marcel Proust then evokes his brother Robert, mobilized as a doctor on “the firing line”


« Madame,
Je ne savais rien ! Je ne me doutais de rien. Je pensais, comme toujours, bien souvent à vous, j’y avais pensé dans les grands chagrins qui ont accablé pour moi l’été dernier, qui furent vraiment mon “avant guerre”1, puis depuis la guerre ou le cœur angoissé rassemble, même à soi les êtres préférés. Et puis, avant-hier, dans un journal j’ai vu une liste des membres du barreau… et ce nom ! J’ai eu un affreuse terreur mais j’espérais que c’était un même nom2. Et maintenant je sais. Je sais que vous, l’être entre tous que je voudrais épanoui dans la plus noble joie, que cet être-là a le cœur brisé, ma pensée ne se détache pas de cette idée, en souffre, voudrait s’en détacher et y revient encore comme on fait, comme on souffre, cent fois le mouvement qui fait le plus mal. C’est sans doute ce jeune homme que j’avais entrevu chez Larue3 ? Que j’aimerais vous voir, je suis tellement triste de votre douleur que ma compagnie ne serait une contrainte ni pour vous ni pour moi. Moi aussi j’ai un frère sur la ligne de feu, les obus allemands ont traversé tout une journée son hôpital pendant qu’il opérait, tombant sur la salle d’opération. Il est maintenant en Argonne. Moi j’ai le conseil de contre-réforme à passer et ne sais pas si je serai pris ou non. Je mets tout mon espoir en votre fils pour mettre la douceur de sa tendresse et de son charme comme le seul apaisement sur votre détresse4. Croyez que je ne cesserai plus de penser à vous avec une tristesse, une affection, un respect infinis.
Marcel Proust »


1 – An allusion to the title of Léon Daudet’s book published in 1913.

2 – An allusion, it seems, to the notice published in L’Intransigeant of 5 January 1915, p. 2, under the heading Nos Échos: “At the Palais, in the vestibule that precedes the Library of the Order, the President of the Bar, Me Henri-Robert, has just had a painting placed with a black frame surrounded by tricolour flag (French flag). It is that of the members of the Bar who died on the field of honour.
Forty names, forty already! Among them are those of: Simon Barboux, Victor Scheikévitch, Maurice Bizet, André Bonnet, Paul Proust […] »
It was one of Mrs. Scheikevitch’s brothers, Victor Scheikevich (1885-1914), a lawyer at the Court, who left as a second lieutenant in the 103rd Infantry Regiment, and who fell, a few days after being proposed as captain, on September 15, 1914, at Tracy-le-Val – Le Figaro of January 4, 1915, p. 3, publishes the complete list of the forty members of the bar who died in the war.

3 – Famous restaurant that Proust frequented regularly. It was in this same establishment that he famously encountered for the first time with Bertrand de Fénelon in the summer of 1902. The latter, ignoring what people will say, walked on the benches to fetch Proust’s coat, a friendly episode that he will never forget. Proust transcribes this proof of friendship in In Search of Lost Time.

4 – André Carolus-Duran (1902-1972), son of Marie Scheikévich

An intimate of Proust who did much effort in using her network for the publication of the first volume of The Search :

Marie Scheikevitch (1882-1964) was the daughter of a wealthy Russian magistrate and art collector who settled in France in 1896. George D. Painter described her as “one of the smartest and most prominent ladies of the new generation.” Patron of artists and writers, she frequented salons and then founded her own. She was friends with Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, the Arman de Caillavet family, among others.
A feeling of singular quality united Marcel Proust to Marie Scheikévitch. Although they met briefly in 1905 in Mme Lemaire’s salon, it was in 1912 that they really get to know eachother. There followed a correspondence that lasted until 1922, the year of the writer’s death. Seeing each other “almost every day” as she would later say (friends writing all the less as they see each other more), we know only 28 letters from Proust addressed to her.
She opened to him the doors of her salon, frequented by all that Paris had of illustrious personalities in literature and arts, so that he paid tribute to her in Sodome et Gomorrhe under the veil of Madame Timoléon d’Amoncourt, “a charming little woman, of a spirit, like her beauty, so ravishing, that only one of the two would have succeeded in pleasing “.
A fervent admirer of the writer, she spent a great deal at the time of the publication of the first volume of The Search, trying everything to put Proust in touch with the Parisian personalities she considered most capable of helping him. It was she who recommended him to her lover Adrien Hébrard, the influential director of the newspaper Le Temps, to obtain the famous interview of November 12, 1913 by Élie-Joseph Bois, on the eve of Swann‘s publication: This was the first significant article published in the major press and devoted to The Search. To thank her, Proust sent her a major inscription (recently acquired by the BnF) when Swann was published.

CLAUDEL, Paul (1868-1955)

Autograph letter signed « P. Cl. » [to Joseph Desclausais]
W[ashington], 15th March 1933, 3 p. 1/4 large in-8° in black ink
French embassy’s of the United State’s letterhead

Claudel’s violent Christ-like charge, carried away by an immoderate faith


« Cher Monsieur,
Je reçois à l’instant votre lettre non datée et j’y réponds immédiatement.
La nécessité de la Croix pour notre salut est un des loci theologici [terme appliqué par Melanchthon aux systèmes dogmatiques protestants et retenu par beaucoup jusqu’au XVIIe siècle] les plus solidement et splendidement établis. Je ne me sens pas le courage de le reprendre et de le développer une fois de plus et me permets de vous renvoyer à n’importe quel manuel. Je croyais que vous aviez fait des études théologiques et je m’aperçois que vous en savez moins qu’un enfant de 12 ans.
Vous êtes rempli des thèses monistes… panthéistiques, les plus fortes, les plus banales et les plus vomitives. Si j’ai un conseil à vous donner, c’est de vous mettre deux doigts dans la bouche et d’expectorer tout cela. Votre théorie du verbe immanent, ce sont les vieilles inepties écœurantes de Lamennais, de Mickiewicz, de la femme [George] Sand etc. – Combien vous feriez mieux de vous mettre à genoux et de méditer l’Imitation [de Jésus-Christ] !
Ce que vous dites de la Croix, qui est un instrument de résurrection et non pas de souffrance a peut-être un sens pour vous, il n’en a aucun pour moi. Depuis mon enfance je suis habitué à entendre le Credo m’affirmer que le Christ a souffert sous Ponce Pilate-.
Votre lettre n’est remplie que de J – J J J J – Je crois – Je ne crois pas – J’arriverai à telle ou telle chose etc. Et vous n’entendez pas le prophète qui dit : Malheur à l’homme qui se confie à l’homme. Il arrivera dans un lieu… de désolation, totalement inhabitable.
Votre répugnance à la Croix est celle de tous les fils de Satan – les Nestoriens – les Musulmans – les Protestants – les Épicuriens modernes – et les juifs […] Vous n’admettez que les grandeurs de chien. L’Église Grecque s’est éloignée de Jésus exactement dans la proportion où elle s’est éloignée de la Croix.
Ce n’est pas… S[aint] Augustinn, N[otre] S[auveur] Jésus-Christ lui-même qui annonce sa passion, et quand S[aint] Pierre lui dit : A Dieu ne plaise ! qui lui répond : Retire-toi de moi, Satan, car tu es pour moi un objet de scandale […] C’est lui que les prophètes décrivent comme l’Homme de douleurs, vernis et non homo […] C’est lui qui sur la croix s’écrit : Sitio ! […] Ce n’est pas lui qui doit descendre de la croix. C’est vous qui êtes invité à y monter. Non pas une croix symbolique d’un accessoire de théâtre, mais la terrible et salutaire passion qui est destinée à sortir l’enfant de Dieu de sa gangrène misérable et cadavérique.
C’est la grâce que je vous souhaite.
Quant à moi je n’ai suivi ni les grecs ni les latins ni les juifs. Je n’écoute que mon glorieux patrum…
Que Dieu vous garde !
P. Cl. »


Greatly influenced by Arthur Rimbaud and Thomas Aquinas, Claudel’s work was profoundly marked by the Christian faith, the revelation of which he said he received on Christmas Day 1886. In addition to his activities as a diplomat, he devoted the rest of his life to the study of biblical texts, transposed through his books and plays.

Writer and winner of the Academy Prize in 1937, Joseph Desclausais was an agent of Pierre Laval under the Vichy government. He was sentenced to four years in prison after the war for denouncing the Gestapo.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph letter signed « P. Verlaine » to Armand Gouzien
Paris-Montmartre, [September-October 1871], 2 p. in-8° in black ink on laid paper
Some ink stains, central fold reinforced with tape on second folio

At the time of his very first encounters with Rimbaud, the young Verlaine evokes the difficult pregnancy of his wife Mathilde, who is about to give birth to their son Georges


« Mon cher Gouzien,
Je suis véritablement navré de vous faire faux-bond aujourd’hui. Voici mon excuse. Ma femme qui est enceinte a été hier au soir et toute cette nuit horriblement souffrante et moi sur pied et sur les dents. Dans ces conditions il m’a été de toute impossibilité de me livrer à un travail intellectuel quelconque. Pour vous prouver toute ma bonne volonté, je vous envoie ci-jointe quelques l’informe ébauche de ma lettre projetée. Voyez si par hasard vous n’en pourriez rien tirer.
Je me propose de vous aller voir demain matin à l’effet de bien m’entendre avec vous sur l’esprit politique les nuances et les choses à mettre ou ne pas mettre, étant donné l’esprit de la rédaction.
Et vous pourrez compter sur la lettre d’après-demain. Ne me tenez pas trop rigueur et croyez-moi toujours bien vôtre.
P. Verlaine
14, rue Nicolet, Paris-Montmartre »


This letter can be dated with certainty between September and October 1871, because of the address from which it was sent and the fact that Mathilde Mauté, 17 years old, had not yet given birth. Rimbaud’s irruption into the life of the Verlaine-Mauté couple, however, marks their inevitable descent into hell. After various epistolary exchanges between the two poets, Rimbaud received hospitality at the Mautés’ home on September 10, 1871, on the second floor of 14, rue Nicolet in Montmartre. Things quickly escalate due to the numerous misdeeds of the two companions. A fortnight later, Rimbaud was forced to leave the Mautés’ accommodation, scandalized by his attitude. With his new friend gone, Verlaine became all the more irascible, as he hinted at in this letter: “I am on my feet and on my teeth.”
His drunkenness and physical violence against Mathilde follow one another. At the end of October, a few days before giving birth, Verlaine even went so far as to throw his wife out of bed, whose reflection on Rimbaud’s “indelicacy” had displeased him. Little Georges was born on 30 October without the presence of Verlaine, who was absent all day.

Armand Gouzien (1839-1892) was the director of the Revue des lettres et des arts. Verlaine produced “Les Loups” and “Un Grognard”, later collected in Jadis et Naguère. He had a good enough opinion of Verlaine as a journalist to invite him to contribute to Le Gaulois, in which he himself reported on the Fêtes galantes.

FLAUBERT, Achille Cléophas (1784-1846)

Autograph letter signed « Flaubert » to Charles Vacquerie
Rouen le 12 Xbre [December] 1838, 1 p. 1/2 in-4° in black ink
Autograph address on fourth page
Some tears on margins

Unpublished letter from Gustave Flaubert’s father, of whom it was unknown until today that Charles Vacquerie was a patient


« Monsieur,

Je ne vous ai pas défendu le sirop de digitale d’une manière absolue je vous ai dit de ne point en abuser, de le quitter de temps à autre puis de le reprendre si M. Huet le jugeait convenable. Je pense dans ce moment qu’une saignée de bras vous est utile. Suivez votre régime présent et si vous passez l’hyver au hâvre, rapportez vous en à M. Huet, homme d’expérience.
Agréez, je vous prie, les salutations affectueuses / de votre très dévoué serviteur
Flaubert
[…] »


Trained at the Paris School of Medicine at the dawn of the nineteenth century, Achille Cléophas Flaubert studied brilliantly there, with Alexander von Humboldt as a classmate. He decided to settle in Rouen in 1810 before being appointed chief surgeon of the Hôtel-Dieu in December 1815. His career continued there when he became director of the medical school until his resignation in 1840. He had six children, half of whom died before the age of three. Gustave was born in 1821.

Charles Vacquerie (1817-1843) met Victor Hugo through his brother Auguste. In the summer of 1838, he met the writer’s eldest daughter, Léopoldine (1824-1843), during a trip by the Hugos to Villequier, where the Vacqueries owned a family home. Léopoldine and Charles married in 1843, the latter becoming Victor Hugo’s son-in-law. It was also in 1843 in Villequier, during a canoe trip on the Seine, that the two young couple tragically died after their boat capsized following a violent gale.

[CHATEAUBRIAND] STAËL (de), Germaine (1766-1817)

Letter signed « Necker de Staël » to Claire de Duras
[Paris] Sunday 11th May [1817], 3 pp. in-8°
Address on fourth page
Broken was seal (fragment conserved), some browning spots (see scans)

One of Germaine Staël’s very last letters
The Baroness evokes her friend Chateaubriand’s Vallée-aux-Loups, from which he wished to part with at the time – Then she takes the opportunity to make a stern clarification with her correspondent


« L’ambassadeur d’Angleterre est venu me voir hier, my dear dutchess, et il m’a dit qu’il était persuadé qu’on trouverait parmi les Anglais quelqu’un qui achèterait la campagne de M. de Chateaubriant [sic] si l’on ne craignait pas le droit d’aubaine ; M. Egerton, possesseur de l’hôtel de Noailles dans la rue Saint-Honoré envoie pétition sur pétition à l’ambassadeur d’Angleterre relativement à cette difficulté, je ne vois si elle pourrait être surmontée.
Vous m’avez fait beaucoup de peine l’autre jour par votre manière de me parler de ma prétendue indiscrétion. Je me crois la personne du monde la plus sérieuse dans ses sentiments de quelque nature qu’ils soient ; et si j’ai donné l’idée de l’imprudence c’est si vous permettez que je le dise en me compromettant moi-même et précisément parce que j’aime mieux mes sentiments que mes intérêts ; je n’ai, Dieu merci, jamais nui à aucune personne avec qui j’ai eu des relations, et j’en ai servi plusieurs : je suis fâchée que vous m’obligiez à m’expliquer à vous, car il me semblait que l’affection que vous m’inspirez devait me révéler tout entier à vous.
Dimanche 11 mai
Necker de Staël »


It was in February 1817 that Germaine de Staël was stricken with paralysis when she arrived at a ball at the home of the Duke Decazes. This paralysis of renal origin deprived him of the use of almost all his limbs. However, she remains fully conscious and receives her guests at home. The Baroness’s letters written from this period until her death six months later were mostly dictated to her son.

Madame de Staël having spent the winter and spring of 1817 in Paris, she and her friend Claire de Duras exchanged only notes. In this letter, she replies to a reproach addressed to her by the Duchesse de Duras, which she considers unjust. She doesn’t accept it and responds rather sharply. This quarrel between the two friends soon subsided. Indeed, this was not the time to get angry with Madame de Staël. It was coming to an end and everyone knew it.

Claire de Duras (1777-1828) is best known for her novel Ourika (1823), which analysed issues of racial and sexual equality. She is considered today as a precursor of feminism.
From their correspondence, there is no doubt that Madame de Staël often turned her thoughts to this young friend. Claire de Duras was thus to represent for her one of the soothing figures of her last moments.

Madame de Staël expired a few weeks after signing this letter, on July 14, 1817. The Duchesse de Duras survived her by 11 years.

SEMPÉ, Jean-Jacques (1932-2022)

Autograph letter signed « Sempé » to Gérard Leman
Paris, 15th January [19]68, 1 p. in-4° with autograph envelope
Some wrinkles on right hand margin

Pretty letter from the cartoonist announcing to his correspondent that he is now working for the newspaper L’Express – He then draws up a list of his works already published and enriches his missive with an original drawing


« Cher Monsieur,
Merci pour vos vœux.
Recevez les miens et mes remerciements pour votre si sympathique lettre.
Je ne travaille maintenant que pour l’Express
Mais vous pouvez voir mes dessins dans les albums édités chez DENOËL
Titres :
RIEN N’EST SIMPLE
TOUT SE COMPLIQUE
LA GRANDE PANIQUE
SAUVE QUI PEUT
et MONSIEUR LAMBERT…
Si vous les connaissez déjà, il vous faudra attendre quelques mois car j’en ai un ou deux en préparation, mais je travaille tellement lentement que je ne sais jamais quand il seront terminés…
Avec mes sincères salutations
Sempé »


Déjà largement connu du grand public avec Le Petit Nicolas (paru en 1960), Sempé est invité en 1965 par Françoise Giroud à travailler pour L’Express. L’artiste, qui livre chaque semaine ses dessins à l’hebdomadaire, est alors à l’aube de sa consécration internationale. Sa collaboration avec L’Express prendra fin en 1975.

[PRINCE IMPERIAL] BASSANO, Napoléon Maret, duc de (1803-1898)

Letter signed « Duc de Bassano » to Jean Joseph Xavier Alfred de Morton de La Chapelle, Comte de la Chapelle, who was the friend and collaborator of Napoleon III
[Camden Place, Chislehurst] July 1879, 1 p. in-8° on mourning paper
Envelope enclosed (stamped on 8 October 1879, probably corresponding to a later letter sent by the Duke of Bassano)
Vertical tear on the first page, without damage to the text, a few small spots in the bottom margin

A moving response to the condolences addressed to the Empress Eugenie for the tragic loss of her son, the Prince Imperial, who had died a few weeks earlier in Zululand


« Monsieur le Comte,
Je suis chargé par sa majesté l’Impératrice [Eugénie] de vous transmettre tous ses remerciements pour les sentiments que vous lui avez exprimés dans son immense malheur.
Veuillez agréer, Monsieur le Comte, l’assurance de ma considération distinguée
Le Grand Chambellan
Duc de Bassano »


Secretary of State to Napoleon III, Napoleon Joseph Hugues Maret, Duke of Bassano (1803-1898) became Grand Chamberlain to Napoleon III and received, on 30 December 1855, the plaque of Grand Officer of the Legion of Honour. He is one of the few in the inner circle of the imperial family. After the events of 1870, the Duke of Bassano remained attached to the Emperor, and then, after the latter’s death, to the Empress, whom he did not leave until when, at the age of eighty, his eyesight being very weakened and having some difficulty in behaving, he had to retire to his children’s home.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Marie-Thérèse Bartholoni
Farnborough Hill, Hants, 4th November 1908, 4 p. in-8° in black in on mourning paper
On her crowned letterhead with her initials

The exiled empress is moved to see the former faithful of the Empire gradually disappear


« Chère Madame Bartholoni,
Je vous remercie, ainsi que vos enfants, de vos vœux anticipés pour le 15 novembre.
Je suis désolée d’apprendre que Kiki ne va pas bien ou, pour mieux dire, que tout en étant un peu plus forte, elle ne se lève que quelques heures par jour. A son âge, c’est bien triste d’être toujours malade. Je n’ai pas de photographie de moi-même, mais je vais m’en procurer et je m’empresserai de vous l’envoyer pour votre petit fils, comme vous me la demandez.
Le 15 novembre [la Saint Eugénie] n’est plus depuis longtemps une fête pour moi et les rangs de ceux qui me la fêtaient autrefois s’éclaircissent chaque jour, car la mort fauche tout autour de nous. Nos meilleurs amis disparaissent et, à mon, âge, on ne fait pas de nouvelles connaissances.
Nous avons eu un temps splendide mais l’hiver va commencer ; les brouillards et le froid ne peuvent tarder, hélas !
J’ai eu une lettre de Mme Gastaldi me faisant part du mariage de sa fille avec son beau-frère, dernier vœu de la pauvre morte.
Mes souvenirs à tous les vôtres et croyez à mes sentiments affectueux.
Eugénie »


Goddaughter of Chateaubriand and lady-in-waiting at the Tuileries of Princess Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) was, by her beauty, one of the ornaments of the Court of the Second Empire. Born Marie-Thérèse Frisell (1833-1910), she was the wife of Anatole Bartholoni (1822-1902).
Madame Bartholoni held a brilliant salon, which inspired Marcel Prous t. The writer actively frequented it in the years 1897-1899. He courted, for a time, one of Madame Bartholoni’s three daughters, Louise known as “Kiki” (1857-1933), goddaughter of Empress Eugenie.

MASSENET, Jules (1842-1912)

Autograph letter signed « JM » to his wife Constance de Gressy
Brussels, 24 Nov[ember] [18]81, 3 pp. in-8°
Typographical annotation with blue pencil, some tiny browning

The letter is enriched with an original drawing by Massenet, showing a Roman trumpet

A beautiful letter from the composer, with exalted feelings, during the rehearsals of his opera Hérodiade


« Ma chère amie, j’attends des nouvelles de toi, de Juliette… et je ne vois rien venir !
Les répétitions de succèdent avec le même entrain – aujourd’hui en scène pour les artistes – demain étude pour les trompettes romaines

[Massenet dessine à main levée une trompette romaine qu’il légende par divers endroits]
« pavillon » « embouchure » « 2 mètres 10 de longueur de tuyau ! » « barre d’appui sur l’épaule du Romain »

et les fanfares –
– Samedi grande répétition
artistes, chœurs, orchestre, fanfare !!!
– Jamais je n’ai écrit un ouvrage plus solide – pas une défaillance dans les effets – cela sort comme j’ai voulu – je suis même stupéfait ! –
– Dimanche je fais répéter encore les artistes sur scène – et lundi je repars pour Paris où je resterai 8 jours –
Puis, retour à Bruxelles pour les répétitions…
– Je ne parle pas du travail et je ne dis rien de ma fatigue –
– J’ai des douleurs atroces dans les reins…
– Pas de sommeil – et pas beaucoup d’appétit…
Enfin, je suis courageux malgré tout…
Je vous embrasse tendrement
JM »


Hérodiade is an opera by Jules Massenet, with a libretto by Paul Millet and Henri Grémont. Inspired by Hérodias, one of Gustave Flaubert’s Trois Contes, the work was premiered on 19 December 1881 at the Théâtre de la Monnaie in Brussels.

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « René Char » [to Marianne Oswald]
L’Isle-sur-Sorgue, 15th Oct[ober] [19]49, 1 p. in-4°
Fold marks, tears on folds

Beautiful letter from Char about the broadcast of his poems on the radio


« Ma chère amie,
Je suis peu souvent ici, restant accroché dans mes montagnes du Vaucluse. Je n’ai eu vos lettres que dernièrement. Votre projet m’a l’air très bien, cette lecture à la radio sera fort bonne. Je me réjouis que [Alain] Trutat soit le réalisateur de cette émission. A mon sujet il ne refusera pas de vous donner un coup de main car il connaît bien je crois ma poésie. C’est un bon copain.
Je suis toujours mal fichu, ayant peu la tête à mes livres faits ou à faire. La vie oscille sans cesse entre feu et fumier. Dommage qu’on sente tout cela
Je vous envoi ma pensée très amicale, vous savez cela.
René Char
P.S. Dois-je vous envoyer “les menus” ? Peut-être n’avez-vous pas un double de votre travail ? »


Alain Trutat (1922-2006) was a French radio director and broadcaster. He is the co-founder of France Culture. After the Liberation of Paris, he joined the French Radio where, at the request of Jean Lescure, he was in charge of literary and dramatic broadcasts. There, he produced poetry broadcasts.

Marianne Oswald (1901-1985), singer and actress, friend of poets, is a remarkable storyteller. She participates in his radio and television programs devoted to poetry.

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph carte-de-visite signed « Cl. » to Michel Alexandre Gaston Tournier
N.p.n.d, 1 p. in-24°
Slight browning on left margin

Nice business card from the ‘tiger’ to his friend


« La nature, mon cher ami, est ce qu’elle est. Nos désirs n’y peuvent rien changer. Que nous nous y accommodions ou non, il faut continuer.
Amitiés
Cl. »


Provenance: Tournier family, by descent

GAINSBOURG, Serge (1928-1991)

Autograph manuscript
N.p.n.d [c. 1980s], 1/2 p. in-4°
Watermark “Marais” with profile of a Hellenic portrait
Some stains (see scan)

Curious manuscript by Gainsbourg for a cooking recipe


« Cuire pomme en robe des champs
peler
émincer truffe crue
dans un ravier
mettre crème fraîche
ciboulette
fond de veau
jus de truffe
rapper et mettre au four »


Gainsbourg’s passion for gastronomy is well established. We remember an anthology sequence, filmed in 1969, between the musician, with his partner Jane Birkin, Christian Millau and Roger Lamazère at his side. Gainsbourg enthusiastically admits to being the cook of the household and reveals his recipe secrets for Irish stew (lamb meat base, served with potatoes).

The recipe here written by Gainsbourg the epicurean seems to be potatoes with veal stock. He (unsurprisingly) embellishes them with a grated truffle, as a sign of further refinement.

SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)

Autograph manuscript for Le Diable et le Bon Dieu
N.p.n.d [c. 1950], 2 p. in-4° in blue ink
Small tears on folds, old paper clip mark (see scans)

First version of the beginning of Act II for his play Le Diable et le Bon Dieu


Dealing with human nature, God, the Devil, and more broadly the question of the possibility of Good, Le Diable et le Bon Dieu is Sartre’s seventh play. It was premiered at the Théâtre Antoine on 7 June 1951 with a staging by Louis Jouvet. The present manuscript corresponds, with significant variants, to scenes I and II of the fourth scene, which opens Act II, and features Karl and the peasants, with a brief appearance by Goetz.
The scene is marked by a tirade from Karl: “You leave Goetz’s lands to-night, you will enter those of Baron Schulheim, and from there you will push on to those of Nossak. Everywhere your friends will lodge you: you have their names. In every village announce the news: “Goetz the bastard gives the land of Heidenstamm to his peasants.” […] Make them mad with rage”…


Le Diable et le Bon Dieu presents a generic dossier of rare complexity. The play went through a fairly long maturation and Sartre often changed his mind during the course of its writing. Since the writer’s death in 1980, the autograph drafts of the play have been bought almost systematically by the Bibliothèque nationale de France. The present folios are therefore among the few manuscripts still in private hands.

SAGAN, Françoise (1935-2004)

Autograph letter signed « Françoise Sagan » to « Henri »
Paris, 167 blvd Malesherbes [c. 1950s], 3 pp. in-4° in black ink on grey laid paper
Put in a brown sleeve from period, inscribed « Françoise Sagan » by an unknown hand

A witty letter of the young novelist, characteristic of the spirit of Françoise Sagan


« Supposant à priori que vous allez m’appeler Françoise, je vous appelle donc Henri.
Je trouve que vous avez eu une bonne idée, ce genre d’accostage (?) me flatte et me plaît beaucoup. De là à vous promettre des lettres intelligentes, j’hésite, mais un peu gaies, sûrement. Et cela aussi devient rare.
Je trouve ça très drôle parce que je ne vous ai vu qu’une fois et qu’au fond je n’ai rien à vous dire. Nous n’allons pas parler littérature ni des autres – en tout cas pas des autres ? Mais ces projets, voués semble-t-il à l’échec, sont les seuls intéressants au fond, et je serai ravie d’échouer avec vous de toute manière.
J’espère que vous me prouverez par votre prochaine lettre qu’il n’y a aucune raison d’échouer et que cette correspondance va être très amusante et je vous adresse toutes mes amitiés.
Françoise Sagan »


In this astonishing letter, the writer seems to be responding to his interlocutor’s proposal to publish a joint correspondence. This type of project, which she says is “doomed to failure”, is precisely what she seems to be excited about. However, she seems to hope that he will prove to her that her pessimism remains unfounded and that the experiment will prove to be amusing. Sagan says he likes this kind of “docking,” a colloquial term used in the post-war years to refer to a man’s acquaintance with a woman.
The address of 167 boulevard Malesherbes is that of Françoise Sagan’s parents, with whom she was living when she wrote Bonjour Trisesse, when she was only 19 years old. Quickly enriched by the success of her first novel and then by that of her second, A Certain Smile, she quickly left the family home to lead a festive life under the fascinated gaze of the press and the younger generations.

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Colette » to Jean Guillermet
[22nd March 1945], 1 p. 1/4 in-4° on blue paper
Period fold marks

Colette can’t wait to see her friends from the Beaujolais region


« Cher Jean Guillermet,
Je suis mélancolique parce que Waterman ne m’a pas renvoyé mes trois stylos, et je ne sais à qui, ni ou, les réclamer.
Quand revenez-vous à Paris ? Je vous envoie à tous deux mes pensées bien amicales. Quand j’aurai du gruyère et tout et tout, j’essaierai de réaliser la recette de soupe à l’ognon qui est dans l’Almanach 35 [Almanach du Beaujolais, edited by Jean Guillermet].
Votre vieux ami
Colette »


Colette’s concerns may seem futile here when we know that a few weeks earlier she was asked to defend Robert Brasillach (who himself had approached the German Institute to rescue her husband from the clutches of the Gestapo in 1941). She joined Valéry, Cocteau, Claudel and Camus in signing the petition asking for the writer’s pardon. De Gaulle refused to commute the sentence and Brasillach was executed by firing squad on 6 February 1945.

A humanist and philanthropist, Jean Guillermet (1893-1975) strove all his life to make Beaujolais known. Among other things, he published an annual Almanac extolling the qualities of this terroir and in particular its wine. Colette met Madeleine, wife of Jean Guillermet, in the summer of 1943. Madeleine immediately invited Colette to stay at her home in Limas near Villefranche-sur-Saône, in the heart of the Beaujolais vineyards. It was therefore very natural that Colette, a great epicurean and lover of good wines, became friends with the Guillermet couple. They maintained a regular correspondence until the writer’s death in 1954.

[SEDAN] NAPOLÉON III (1808-1873)

Autograph dispatch signed « Napoléon » to commander Charles Duperré
[Wilhlmeshoehe castle, 6-8 September 1870], 1/2 p. in-8° on bifolio
Browning on right margin, usual fold mark

Historical dispatch, at the heart of the tragedy after the capitulation of Sedan and the fall of the Second Empire


« Au commandant Duperré, à Hastings Angleterre
Reçois votre dépêche. Ou est l’impératrice
J’embrasse mon fils tendrement
Napoléon »


The circumstances under which this dispatch was written are, as we know, most tragic for the deposed emperor and his family. Napoleon III was taken prisoner after the defeat at Sedan on 2 September 1870. He was then taken captive to Wilhlmeshoehe Castle in Germany, where he arrived on 5 September 1870, where he remained until 19 March 1871.
The date of this dispatch can be placed almost exactly, between 6 and 8 September 1870, because Napoleon still did not know where the Empress was. He’s worried about her, and rightly so. The latter escaped from the Tuileries on September 4 when the crowd had already invaded the Palais Bourbon. Popular pressure in Paris was such that she was forced to flee, fearing for her life. She found refuge with Dr. Thomas W. Evans, her American dentist. It was Evans who organized his escape to England.
The emperor, however, knew his son was safe and sound. The latter had taken a train to Maubeuge on 4 September. On the 6th, he left Ostend where he spent the night at the Hotel d’Allemagne before embarking for England with Commander Charles Duperré, one of his four aides-de-camp. He was then taken to Hastings, where his mother the Empress joined him on 8 September.

A naval officer, Charles Duperré (1832-1914) was an ordinance officer to Napoleon III and aide-de-camp to the Prince Imperial from 1867 to 1870. It was he whom the Emperor commissioned to conduct his son to England after the defeat at Sedan. He did not return to command in the navy until 1872 and was promoted to admiral in 1878.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Autograph letter signed « Louis-Napoléon » to his « dear Charlot », Charles de Morny
Paris, 10th March 1865, 2 pp. in-8°
Previously mounted on fourth page

A moving letter from the very young Prince Imperial, then barely nine years old


« Mon cher Charlot,
J’ai été bien peiné en apprenant le grand malheur qui vient de vous arriver, et je partage bien votre chagrin parce que je sais combien votre père était bon.
Je serais bien heureux si ma lettre pouvait adoucir votre douleur, et à l’avenir je vous témoignerai autant d’amitié que l’Empereur en témoignait à votre père.
Je vous embrasse,
Louis-Napoléon »


In a very diligent handwriting, this touching letter from the Prince Imperial, who was still only a child, was written on the very day of the death of the Duke of Morny to his son Charles.
Charles-Auguste-Louis-Joseph Demorny (1811-1865) was the natural grandson of Talleyrand and half-brother of Emperor Napoleon III. She was one of the “linchpins” of the coup d’état of 2 December 1851 and one of the pillars of the Second Empire, an unwavering supporter of the Emperor and Empress. He was president of the legislature from 1852 until he died of pneumonia on 10 March 1865.

Nice signature.

BARBARA, Monique Serf, dite (1930-1997)

Autograph letter signed « Barbara » to Jean [Poissonnier]
N.p.n.d, 1 p. in-8°, black ink on grey paper
Watermark “Pineider – Firenze – Roma”
Slight missing bit on upper margin (see scan)

Troubling letter from the singer to former lover


« Cher Jean,
Votre mot me touche beaucoup. Je suis silencieuse, me débattant dans de sombres drames.
Je suis toujours votre amie – vous embrasse vous et votre charmante femme.
Barbara »


Jean Poissonnier, a songwriter, was Barbara’s former lover when they both stayed at the Château de Boisrenault in the Indre department, in 1957. They remained close friends, as evidenced by this intimate letter from the singer, clearly in the midst of a very difficult episode in her life.
Recognized as one of the greatest French voices with a singing style that is both mannered and dramatic, but also as an extraordinary songwriter, Barbara also has a fragile health. She died at only 67 years of age, and ended her career very weakened by an unbalanced diet, worn out by stimulants and drugs taken in massive doses to calm her chronic anxieties. His legendary songs such as Dis, quand revenirs-tu?, Nantes, Göttingen, L’Aigle noir and Ma plus belle histoire d’amour are now part of the pantheon of French songs.

CONDORCET (de), Sophie de Grouchy, marquise (1763-1822)

Autograph letter to Jacques Pierre Brissot de Warville
N.p.n.d [Paris, soon after the 24nd of March 1792], 1 p. 1/2 small in-4°, wafer seal
Autograph address on fourth page :
« A monsieur Brissot chés mr Claviere, rüe damboise »
Some tiny stains (see scans)

Very scarce letter from the Marquise de Condorcet to Brissot
In this copy of a note from her husband to General Dumouriez, the leader of the Girondins is informed of Condorcet’s objections to a letter from Louis XVI on his civil list


We reproduce the transcript ne varietur of the letter, as written by Sophie de Condorcet

« Mr de Condorcet me charge d’envoyer a Mr Brissot la copie suivante du Billet qu’il ecrit a Mr Dumourier en le priant de le montrer a Mr [Étienne] Claviere [financier et spéculateur suisse, ami de Brissot].

Voici 2 petites choses qui me paraissent propres a détruire leffet de la lettre du Roi.
1° que Mr de grave soit renvoyé qui a eu la betise de s’en charger soit renvoyé pour tenir compagnie aux revetus de la confiance publique.
2° que le roi déclare non a l’assem[blée] mais dans le chateau que son intention est qua lavenir la disposition de la Liste civile soit reglée par lui dans Le Conseil.
par le 1er moyen vous apprendriés a vivre aux jeunes gens qui ne se sont pas fait une idée assés éxacte des rois constitutionnels.
par la 2de vous ecarteriés touts les confidents secrets
voila les idées qui me sont venües en cheminant sur le boulevard après vous avoir quitté pezés les dans votre sagesse et songés que la liste civile est pr La splendeur du trône et que cette splendeur ne brille pas et que le pouvoir legislatif a droit de Lexiger

il est probable si vos ministres sont capables de se conduire ainsi que nous nentendrons plus parler dans le suplement du journal de paris de la vanité de toute espece de théorie en matiere de gouvernement »


The eldest daughter of the Marquis de Grouchy and sister of the future Marshal of the Empire, Sophie de Grouchy, renowned for her beauty and intelligence, was one of the most brilliant minds of her time. Her marriage to the Marquis de Condorcet (1743-1794), twenty years her senior, placed her a little more at the centre of the bubbling up of Enlightenment ideas. In their Parisian home at the Hôtel des Monnaies, she created one of the most sought-after salons in the capital. Thomas Jefferson, André Chénier, Nicolas de Chamfort, Benjamin Constant, Beaumarchais, Lafayette and Madame de Staël rubbed shoulders with others. The salon endured during the Revolution and even became the veritable laboratory of ideas for the Girondins, of which Brissot was one of the leaders. The Terror, however, was fatal for the Condorcet couple. The marquis is found dead in his cell. Once in need, Sophie would later hold a liberal salon during the Empire and the Restoration.

Pamphleteer writer and founder of the Société des amis des Noirs, Jacques Pierre Brissot de Warville (1754-1793) was elected to the Legislative Assembly and sat with the Girondins, of which he became one of the leading figures. He violently opposed Robespierre, then Marat and Desmoulins in the Convention. In an attempt to close the Jacobin Club and dissolve the Paris municipality, he was guillotined on 31 October 1793 as the leader of a conspiracy against the Republic.

LE CORBUSIER, Charles-Edouard Jeanneret dit (1887-1965)

Typed letter signed « Le Corbusier » to Charles Hary
Paris, 18th April 1854, 2 p. in-4° on his letterhead
Pinholes on upper left margin of both pages, tiny tears on folds (see scans)

In addition to his autograph signature, Le Corbusier added the date and circled four words on the second page.

Important letter in which Le Corbusier seeks subscribers for his Poème de l’Angle droit


« Le Corbusier s’adresse à ses amis :

Cher Monsieur et Ami,
Cette lettre est une lettre circulaire adressée à un certain nombre de mes amis et connaissances. Je la signe toutefois de ma main pour vous assurer que j’ai pensé à vous réellement en tant que personne et en tant qu’ami des arts.

De quoi s’agit-il ?

Tériade, le créateur et Directeur des Éditions Verve à Paris, m’a demandé en 1947 de faire pour lui un livre dans la série des “grands livres manuscrits et illustrés par les artistes”, tels que “DIVERTISSEMENTS” de Rouault, “JAZZ” de Matisse, “LE CIRQUE” de Léger.

J’ai ainsi conçu et réalisé le “POÈME de l’ANGLE DROIT”. Cinq années furent consacrées à ce travail dans lequel je désirais inclure un ordre de pensées que les activités de la vie quotidienne ne permettent généralement pas d’extérioriser. Ces choses ne sont pas seulement au fond de mon caractère mais aussi au fond même de mon œuvre bâtie ou peinte.

Or la réalité veut qu’une édition de grand luxe comme celle-ci, réclamant pendant plus d’une année la participation d’un atelier artisanal de la valeur de celui de Mourlot, ne puisse voir le jour que pas une qualité “hors série”, par conséquent “rare” par le nombre des exemplaires mis au monde (250) aussi bien que pas l’extrême exiguïté de la classe d’individus en état mental et matériel de s’intéresser à un tel ouvrage.

L’énorme travail de création du POÈME de l’ANGLE DROIT est fourni gratuitement par l’auteur, c’est à dire par moi. On ne peut pas payer la pensée exprimée sous cette forme exceptionnelle : livre grand format entièrement de la main de l’auteur. Il faut donc que vous sachiez que cet auteur n’entre pas dans le prix de revient de l’ouvrage ; sa collaboration est gratuite comme se doit d’être gratuite une joie de l’esprit. Car c’est une joie d’apprécier qu’en certains endroits de le [sic] production moderne l’argent a ses ponts nettement coupés avec l’Idée. Consolation de cette bête époque dont le “Time is money”.

Il faut encore que vous sachiez que si l’auteur a, de sa main, achevé son livre jusqu’en ses moindres détails, celui-ci toutefois ne peut être mis sous les presses de l’artisan que garanti par un certain nombre de souscriptions assurées d’avance.

Voilà donc la raison de cette lettre : je vous demande, cher Monsieur et Ami, de permettre à cette entreprise d’atteindre son but : franchir l’étape des machines à imprimer. L’éditeur attend de mon intervention un certain nombre de souscriptions récoltées dans le monde entier auprès de mes amis. Par vous, je m’adresse à vos propres amis [ces quatre mots sont entourés de la main de Le Corbusier] pendant que vous les convaincrez vous-même.

Le POÈME de l’ANGLE DROIT exige de moi cet ultime rôle d’apparence bien déplaisante : réclamer un service.

Merci d’avance,
et croyez, cher Monsieur et Ami, à mon fidèle attachement
Le Corbusier »


An architect, Le Corbusier was also a writer, draughtsman, painter and poet. He worked on the collection for nearly eight years. It will be published the following year in a limited edition (in 270 copies) by subscription from Tériade. At that time, Le Corbusier was moving towards what he called “the synthesis of the arts”. In this letter, he appealed to his friends, and in particular Charles Hary, director of the paint factories that had developed the colours desired by the architect for his large units in Marseille and Nantes.
Le Corbusier did most of the illustrations before he started writing the poems, the printing was entrusted to Mourlot. The book will include 20 original full-page colour lithographs, including the cover, and 70 black compositions in the margins of the text.

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed « Max Jacob » to Raymond Trillat
[St Benoît-sur-Loire], 12th September [1942], 2 p. in-4°, with envelope

Long unpublished letter from the poet alluding to the visits of the police to verify the wearing of the yellow star on the occasion of the second census of Jews in the Loiret department


« Cher Raymond,
Refaire l’Histoire avec la graphologie et l’Astrologie – Y compris l’Histoire littéraire. S’adjoindre un type calé en histoire, un agrégé de bon poil – oui – voilà une œuvre si tu avais le temps. Procéder par morceaux : expliquer Jeanne d’Arc par le Capricorne puisqu’elle ne savait pas écrire. Je voudrais bien entendre ta conférence… Procéder à froid sans idée préconçue l’astrologie en servant les passions de l’astrologue est perdue. 
Ici visites quotidiennes à tel point qu’on a fait un rapport (délation) à la police. Mon protecteur parisien a du mal à me sortir de là. Je m’attends au pire – et j’attends le pire. Sans y croire à cause de ma confiance en mon protecteur et en Dieu. Aucune inquiétude profonde.
J’ai tant vendu de peinture que je suis obligé de m’y mettre pour faire du stock. Me revoici peintre.
C’est tout !

Je voudrais me marier, dit ma célèbre logeuse, de préférence avec un oto-rino.
Eh bien, lui dit son interlocutrice, il faut mettre une annonce dans Le Chasseur français !
A-t-elle pris oto rino pour le nom d’un gibier ?
Car rino-c’est-ros

Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime,
Galamment de l’arène à la tour Magne à Nîmes [Marc Monnier (attribué à tort à Victor Hugo)]
***
Dans ses meubles laqués, rideaux et dais moroses
Danse, aime, bleu laquais, ris d’oser des mots roses [Charles Cros, Le Coffret de santal, 1873]
***
Par le bois du Djinn, où s’entasse de l’effroi,
Parle et Bois du gin ou cent tasses de lait froid. [Alphonse Allais]

Joyeuses Pâques
Il faut se spécialiser à tout prix, émonder, couper, concentrer

Max Jacob

Il doit s’être introduit dans mon graphisme quelque signe de folie (aliénation mentale) ou maladie de l’œil. 

Peut-être seulement insuffisance biliaire.

Embrassons nous »


It is difficult to know the identity of Max Jacob’s protector. Since the latter has never revealed any names, several of his friends can nevertheless be considered as “protectors” in the sense that they give Max Jacob crucial information because they are in strategic positions. In this case, Max Jacob was accused of “Jewish conspiracy” because he was entertaining a lot of people in the summer of 1942, and he opened up about it to Conrad Moricand, then private secretary to Georges Oltramare. Until Moricand’s resignation – in mid-1943 – it was in fact possible to consider Moricand as a “protector”.
Max Jacob was finally arrested on 24 February 1944 by three members of the Gestapo in Orléans. He died in the Drancy camp on 5 March.

Raymond Trillat was a reference graphologist for Max Jacob, whom he consulted in addition to his regular graphologist, Jean Tuset. It should be noted that with regard to Trillat’s handwriting analyses, the poet saw in them a contribution of astrology: “I do not believe that it is through textbooks that Trillat has arrived at a science in which he seems to me to be innovative… Rather, it is a gift of mediumship, but above all of observation and attention” (cf. Belaval, “La rencontre avec Max Jacob”, Vrin, p. 44)

BAKER, Josephine (1906-1975)

Typed letter signed « JBaker » to doctor Toussaint
Monte Carlo, 12th March 1971, 1 p. in-4° with envelope
Tears on folds

Josephine Baker regrets not being able to attend a banquet


« Monsieur le Président,
Je viens de rentrer de l’étranger et je trouve votre lettre à propos de votre banquet qui a eu lieu le 7. Quelle malchance pour moi car rien ne m’aurait fait plus de plaisir que d’être parmi vous.
Je vous suis très reconnaissante d’avoir pensé à moi.
Votre sincère
[signature autographe] Joséphine Baker »


Practically ruined at the end of the 60s, Princess Grace of Monaco, a friend of the singer, of American origin and an artist like her, advanced her the necessary funds to acquire a large house in Roquebrune. She invited him to Monaco for charity shows. She was first buried in the Monaco cemetery before her remains were transferred to the Pantheon on November 30, 2021.

MIRÓ, Joan (1893-1983)

Autograph letter signed « Joan » to Maria [San Lazzaro]
Folgarolas 9, Barcelona, 23rd December 1955, 1 p. in-4° in blue ink, on his letterhead
Tiny tear on Miró’s signature (by Miró himself)

Nice letter from Miró, then in the middle of work for his next exhibition at the Palais des Beaux-Arts in Brussels


« Chère Maria, juste ces mots pour vous souhaiter des joyeuses fêtes et une bonne nouvelle année 1956.
À notre dernier passage pour Paris j’ai été terriblement pris en préparant ma prochaine exposition et j’ai essayé de vous téléphoner.
Merci pour votre collaboration à l’exposition de Bruxelles et à la composition du numéro de “XXième” siècle.
Embrassez le docteur [Henri] Laugier de notre part.
Nous vous embrassons affectueusement,
Joan »
[his wife Pilar Juncosa Iglesias adds her signature at the bottom of the letter]


Maria Papa Rostkowska (1923-2008), wife of Gualtieri di San Lazzaro (1904-1974), edited alongside her husband the magazine XX Siècle, created by him in 1938. They were home to many of the most important writers and art critics of the post-war period. In these articles, the journal analyzes and supports the development of the works of the artists of the new École de Paris.
The exhibition dedicated to Miró was held in Brussels in January and February 1956 before moving to Amsterdam from February to March of the same year.
The year 1955 marked a tipping point in the artist’s career. Although he began to paint again, he devoted himself almost exclusively to ceramics, until 1959.

MASSENET, Jules (1842-1912)

Autograph letter signed « J. Massenet » to Antonin Proust, Minister of Fine Arts
Bruxelles, Tuesday 13th Xbre [December] 1881
Old trace of mounting on upper margin

Solemn request from the composer to the Minister of Fine Arts to attend the premiere of Hérodiade at the Théâtre de la Monnaie in Brussels


« Monsieur le Ministre,
La première représentation d’Hérodiade est fixée au lundi 19 décembre, au théâtre de la Monnaie à Bruxelles
Vous avez bien voulu, avec une telle bienveillance, me faire espérer l’honneur de votre présence, que je viens aujourd’hui me permettre de vous rappeler cette indigne faveur – non seulement pour moi, mais pour la ville de Bruxelles –
Veuillez,
Monsieur le Ministre,
Agréer l’expression de mon profond respect et de mes sentiments très reconnaissants.
Massenet »


Hérodiade is an opera by Jules Massenet, with a libretto by Paul Millet and Henri Grémont. Inspired by Hérodias, one of Gustave Flaubert’s Trois Contes, the work was premiered on 19 December 1881 at the Théâtre de la Monnaie in Brussels.

MASSENET, Jules (1842-1912)

Autograph letter signed « J Masse » to his wife Constance de Gressy
Bruxelles, vendredi 5h du soir [25 novembre 1881, according to a pencil annotation on upper margin], 3 p. in-8°
Usual fold mark from period

Superb letter from the composer on Hérodiade, which will be premiered on 19 December at the Théâtre de la Monnaie in Brussels


« Chère Ninon (Ninette, puisque tu me fais la gentillesse de signer ainsi) je te remercie de ton affectueuse lettre et je te gronde de n’avoir pas compris le sens de ma phrase : “c’est mon meilleur ouvrage”.
Oui, c’est peut-être le meilleur au théâtre, parce qu’il est écrit sous l’influence de Marie-Magdeleine
[Oratorio en trois actes et quatre tableaux de Massenet, crée en 1873 au théâtre de l’Odéon]
Même pays, même couleur – et cependant j’ignore encore s’il réussira –
J’ai mis un tel soin à l’orchestration – je l’ai tant travaillée ! (afin de la rendre facile, claire et nouvelle !)
Et puis tu sais que cet opéra représente tous mes œufs dans le même panier !!! –
Espérons que les œufs seront d’or ? – témoin la poule de la féerie –
Je suis très fatigué et je me réjouis de dîner avec vous, mes enfants – j’aime ce repos promis et désiré
Gros baisers
[il rajoute en marge de la troisième page] Prépare une bonne soupe pour lundi »


Hérodiade is an opera by Jules Massenet, with a libretto by Paul Millet and Henri Grémont. Inspired by Hérodias, one of Gustave Flaubert’s Trois Contes, the work was premiered on 19 December 1881 at the Théâtre de la Monnaie in Brussels.

MASSENET, Jules (1842-1912)

Autograph letter signed « J. Massenet » to a friend
Paris, 18th June [18]79, 1 p. in-8°

Massenet has to go to London but promises to be back on time for the composition competition in Paris


« Cher et excellent ami,
Je suis si touché de votre empressement !
On m’attend à Londres et je reviendrai à Paris vendredi prochain 27 pour le concours de composition
– Si vous voulez j’irai vous voir ce jour là avant la séance – c’est à dire à 1 heure de l’après-midi.
J’aurais bien envie d’aller vous voir avant…
Merci à l’avance !!
J. Massenet
38. rue Malesherbes »


The competition for the grand prize for musical composition was held on June 29, 1879. It was returned by the Académie des Beaux-Arts after the cantatas of the five competitors had been performed. A preliminary hearing of these scores had taken place the day before at the Conservatoire, in the presence of only the members of the jury: Messrs. Ambroise Thomas, Reber, Gounod, V. Massé, Reyer, Massenet, members of the Institute, and Messrs. C. Franck, Guiraud and Paladilhe, assistant jurors.

BOURDELLE, Antoine (1861-1929)

Autograph letter signed « Bourdelle » to M. Thiebaut-Sissou
Paris, 9th March 1920, 1 p. in-8° in black ink with autograph envelope
Fold marks, some tiny stains (see scans)

Immersed in his work and the creation of his works, Bourdelle is surprised not to see his correspondent visit him


« Mon cher ami,
Puisque vous m’y avez cordialement autorisé, voici des jours que je vous ai demandé de passer à votre loisir à mon atelier. Je ne vous ai pas vu et je n’ai pas eu de réponse.
Je ne fais pas d’exposition générale – je n’exposerai pas ou peu au salon. Je suis au grand labeur et cela seul m’attache.
En la franche et simple amitié,
Bien à vous
Bourdelle »


While continuing to exhibit at the Société Nationale des Beaux-Arts, Bourdelle founded the Salon des Tuileries in 1920 with Besnard and Perret. He exhibited La Naissance d’Aphrodite, one of his last great works that have gone down in history. The artist occupied his studio (to which he refers here) in the former Impasse du Maine in Paris from 1895 until his death in 1929. The street was later renamed after him.

OFFENBACH, Jacques (1819-1880)

Autograph letter signed « Jacques Offenbach » to Hortense Schneider
S.l.n.d, « Sunday » [after 1855], 1 p. in-16° in black in on bifolio
On his letterhead, old trace of mounting on fourth page

Charming note from the composer to his favourite soprano in one of the most sought-after restaurants of Paris


« Ma chère Hortense,
Donc demain à 6 h 1/2 Café Riche – Mme [Josefine] Gallmeyer est ravie de diner avec toi – et moi donc !
Jacques Offenbach »


A German composer who became a naturalized French citizen, Jacques Offenbach began his career as a virtuoso instrumentalist. In 1855, he opened his own theater, Les Bouffes-Parisiens, and began to compose operettas: Orphée aux enfers, La Belle Hélène etc. His genius was to turn this genre into a musical and social satire, parodying the noble genre of opera and the bourgeoisie of the Second Empire.

Hortense Schneider (1833-1920) met Offenbach in 1855 and became his favourite soprano. He gave her the title role in La Belle Hélène and established her as the darling of the whole of Paris. The operetta La Grande-duchesse de Gerolstein made him one of the greatest stars of his time.
Josephine Gallmeyer (1838-1884) was an Austrian soprano who was divided between operetta and popular songs. It was a great success with the Viennese public.
The Café Riche is one of the Grand Boulevard cafés that was fashionable during the second half of the nineteenth century. All the artists went there: Baudelaire, Goncourt, Zola, Flaubert, Mallarmé, Renoir, etc. The place is described in detail by Zola in La Curée, the second volume of the Rougon-Macquart.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph post-card signed « Votre P. Verlaine » to Jules Rais
[Paris, 16, rue Saint-Victor], 15th March 1895, 1 p. in-8°, in black ink
Autograph address on verso from Verlaine’s hand
Old and discreet trace of paper clip (see scans)

Bedridden and in pain, Verlaine gives detailed directions to his correspondent on how to reach him


« Mon cher ami, Avez-vous reçu mon mot à vous adressé à Nancy ? Quoi qu’il en soit, vous avez mon adresse. J’ai la vôtre et je m’en réjouis. – Mais ce qui m’a fort affligé c’est que vous soyez venu rue St Victor et que vous ne soyez pas entré – car la clef était sur la porte… Il faut frapper très fort, à cause d’une double porte. Quant à moi, je suis alité sans pouvoir bouger du lit (abcès sous le pied gauche, toujours ! coup de bistouri, pansement, etc.)
Retrouverez ici la chambre “touchante” de la rue des Fossés St Jacques [autre adresse de sa maîtresse Eugénie Krantz]et sa bonne et charmante locataire.
Quant au 21 rue Mr le Prince, fini : Kleptomanie ! Zut alors !
Venez-donc, j’y suis toujours !!! Frappez-fort et entrez… 16 rue St Victor.
Votre P. Verlaine »


Verlaine was discharged from the Bichat Hospital on January 21, 1895. After a final and violent quarrel with his mistress Philomène Boudin, he wrote to Gabriel de Yturri, secretary and lover of Robert de Montesquiou, who lodged him at 21, rue Monsieur-le-Prince (address mentioned in the letter). He said, however: “As for 21 rue Monsieur le Prince, no more Kleptomania! Damn it! ». Is Verlaine confessing that he stole from Yturri’s home? Be that as it may, the poet once again lodged with his other mistress, Eugénie Krantz, in a garret at 16 Rue Saint-Victor, near the École Polytechnique. Eugenie treated him, as he put it, of an “abscess under his left foot.” The last months of the poet’s life were to turn into torture.

The translator and writer Jules Rais (1872-1943) corresponded with Verlaine in 1895 to offer him a job with the magazine L’Image. These epistolary exchanges and the visits of the young writer had no doubt softened the last months of Poor Lelian’s life. Jules Rais died in deportation to Auschwitz in 1943.

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Colette Willy » to Alfred Diard
N.p.n.d (between 1893 and 1906), 1 p. in-8°

Colette asks for a box of Velvet Soap to be sent to her


« Mon cher [Alfred] Diard, voulez-vous me faire envoyer de chez Roberts [célèbre pharmacie de l’époque], 5 rue de la Paix, une boîte de Savon Velours. Si c’est envoyable par la poste, ça coûtera peut-être moins qu’un colis postal ?
Meilleur souvenir
Colette Willy
Est-ce que Marie-la-Bretonne a commencé à faire les parquets à la paille de fer ? »


Written in purple ink, this letter is characteristic of the years when Gabrielle-Sidonie Colette was in a relationship with Henry-Gauthier-Villars, known as Willy (1859-1931). The recipient of the letter, Alfred Diard, was the latter’s collaborator.

SUARÈS, André (1868-1948)

Autograph manuscript signed « Suarès »
N.p.n.d, 1 p. in-16°
Light old trace of tape on upper margin

A fine eulogy about Botticelli, excerpt from his most famous story: Voyage du condottière


« Botticelli est un inventeur de beauté qui n’a pas de maître, s’il a même un égal. On n’a pas vu beaucoup d’artistes avoir un sens si exquis de la ligne et de la forme la plus rare. Les formes de Botticelli sont des fleurs.
Suarès »


Published in 1932, Le Voyage du condottière is Suarès’ most famous story. Written following his travels in Italy between 1893 and 1928, the author vividly expresses his impressions of Italian places and artists.
There is a variant at the end of the manuscript: “Botticelli’s forms are flowers” does not appear in his published work.

BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph letter signed « H. Bergson » to Raphaël Cor
Paris, 22nd March 1935, 2 p. in-8°
Small tear on fold mark on second folio

Important unpublished letter from the philosopher in reaction to the article by the Nietzschean Raphaël Cor: De la morale bergsonienne à l’immoralisme


« Monsieur,
Je viens de lire avec grand intérêt votre article “De la morale bergsonienne à l’immoralisme”, et je tiens à vous remercier de me l’avoir envoyé, avec une aimable dédicace. Comme votre titre même l’indique, l’”immoralisme” n’a rien de commun avec la morale que j’expose : ce sont deux antipodes.
Mais je trouve intéressante la relation que vous établissez entre l’immoralisme et la question sexuelle. Sur cette dernière question je me suis expliqué moi même dans le livre dont vous parlez (page 326). –
Vous avez résumé avec une élégante précision (mais peut-être en la réduisant à une affirmation trop simpliste) la distinction que j’établis, dans le domaine moral et religieux, entre le statique et le dynamique, entre le clos et l’ouvert. D’autre part, pour ce qui concerne l’au-delà, je ne vois rien, dans mes explications, qui s’oppose à la “survivance personnelle” : il me semble, au contraire, que je l’ai affirmé dans toute la mesure où c’est possible si l’on s’en tient à la philosophie pure.
Tous mes compliments pour cette intéressante étude, avec l’expression de mes sentiments dévoués.
H. Bergson »


Henri Bergson refers in this unpublished letter to the article De la morale bergsonienne à l’immoralisme by Raphaël Cor, published on 1 March 1935 in Mercure de France (vol. 258, n°881, p. 225-246). Born in 1882, Cor is a writer and literary critic and contributes quite regularly to the magazine, where he has already published essays on Proust, Dickens and Anatole France. He was also the author of Essais sur la sensibilité contemporaine (1912), in which he compared Nietzsche to Bergson through the mediation of Schopenhauer.
In his article on Bergsonian morality, Cor relies on Bergson’s Les deux sources de la morale te de la religion, published by Bergson at Alcan in 1932. The pages of Cor’s article on the hypocrisy of sexual morality, in which he presents carnal love as a figure of mystical love, caught the attention of Bergson, who reminded Cor of his own critical reflections on the aphrodisiac character of our civilization. He is also keen to reply to Cor about the survival of the personal soul (see source below).

BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph letter signed « H. Bergson » to Michel Georges-Michel
Saint-Cergue, 1st August 1926, 3 pp. in-8°, black ink on bi-folio

An unpublished letter in reply to Georges-Michel, whose latest work is partly named after the philosopher


« Cher Monsieur,
Malade depuis bien des mois et particulièrement souffrant dans ces derniers temps, je n’ai pas encore pu vous dire avec quel intérêt je vous ai lu. Vos interview sont d’une fantaisie originale et singulièrement amusante, – diversement amusante d’ailleurs, car si votre interlocuteur n’a peut-être pas toujours tenu les propos que vous lui prêtez, du moins aurait-il pu les tenir : chacun de ces petits morceaux porte bien la marque d’une personnalité.
J’ai trouvé une saveur toute particulière à votre “goûter” avec Tristan Bernard, qu’on pourrait citer comme un modèle du genre. Que n’avez-vous choisi son nom, de préférence au mien, pour le titre de votre livre ? Vous auriez donné une idée plus juste du contenu, car il circule à travers ces pages un courant ininterrompu d’humour qui n’est pas, il faut bien le reconnaître, la caractéristique de mes travaux. Mais puisque vous avez voulu me témoigner votre sympathie en me faisant l’honneur de mettre mon nom en vedette, j’aurais mauvaise grâce à vous le reprocher.
Je ne puis vous dire combien j’ai été sensible à l’aimable pensée que vous avez eue de faire imprimer spécialement pour moi un superbe exemplaire du livre, ni combien j’ai été touché de la lettre que vous avez bien voulu joindre à votre envoi.
Laissez-moi vous adresser mes remerciements les plus cordiaux, et croyez, je vous prie, cher Monsieur, à mes sentiments tout dévoues.
H. Bergson »


Henri Bergson responds here kindly (perhaps with a hint of a slight annoyance) to Michel Georges-Michel, who had sent him his book En jardinant avec Bergson, published by Albin Michel in 1926.
The autographed copy sent by the author to Bergson is now kept at the Bibliothèque littéraire Jacques Doucet in Paris (ref. IV-BGN-IV-52, inventory BGN 1038).
The letter was sent from Saint-Cergue in Switzerland, where Bergson had spent his summers regularly since 1909.

PÉTAIN, Philippe (1856-1951)

Autograph letter signed « Petain » [to Jean-Louis Forain ?]
N.p, 10th August 1918, 1 p. in-8° on his letterhead

Marshal Pétain submits an idea for a drawing to his correspondent after the last great victory of the French Army during WWI


« Mon cher ami,
Il me vient une idée de dessin que je vous soumets.
Le “Nach Paris” des Boches serait représenté par quelques cadavres descendant la Marne au fil de l’eau.
Peut-être l’idée vous séduira-t-elle ?
Bien cordialement à vous
Petain »


This letter is probably addressed to Jean-Louis Forain (1852-1931), of whom we know a drawing depicting the corpse of a soldier descending the Marne along the river. This grease pencil drawing is entitled “LA MARNE in July 1918 / NACH PARIS… ».
The Marshal’s request to the artist came only a few days after the second victory at the Marne (27 May – 6 August 1918), the last major battle of the First World War. Following the Treaty of Brest-Litovsk, the Germans concentrated on the Western Front. A German offensive was launched on 27 May. The course of this battle was different from the others: the artillery supported the infantry with its fire, the air force intervened with its bombings. French tanks and British tanks accompanied the infantry to the battlefield. After three months and several defensive and offensive battles, the French army successfully repulsed the German army.

PRÉVERT, Jacques (1900-1977)

Autograph letter signed « Jacques » to Claudy Carter
S.l.n.d [Paris, c. 1947], 4 pp. grand in-4°
Some light browning, fold marks

A long letter to his passionate love that inspired him to write Les Feuilles mortes
The poet evokes daily life with his daughter with tenderness and then lets out his exasperation with Marcel Carné, with whom the break is recorded
He enriched his letter with a small drawing of his portrait


« Mon cher Petit,
Si je ne t’ai pas écrit plus souvent et pour mieux dire presque pas depuis notre départ de Saint-Paul [de Vence], c’est que nous avons été plongés nous aussi dans un hiver d’une vacherie, un des plus sales hivers que j’ai jamais vu de ma vie.
Pardonne-moi de te parler de mes ennuis mais tout le temps j’hésitais : ou ne pas trop donner de nouvelles ou en donner de mauvaises.
Et comme elles n’étaient pas bonnes du tout, j’attendais que ça change mais comme cela n’a pas changé je ne voulais tout de même pas que tu puisses croire que je t’oublie et que je ne pense pas tout le temps à toi et aux difficultés au milieu desquelles tu te débats pour vivre.
Pour nous c’est très sinistre aussi.
Une seule chose heureuse, la petite Michèle qui elle aussi a l’air d’une petite mandarine avec des yeux bleus, ou d’une enfant ogresse et douce, comme dans les contes chinois… et je lui souhaite pour plus tard une petite épée de cristal… et qu’elle vive comme dans ces contes où les amoureux s’aiment et se tuent sans se faire du mal.
En attendant elle est très difficile à nourrir… et la seule vue d’un biberon avec du lait la met en transe.
Elle n’aime que dormir, se réveiller et rire, elle n’aime pas pleurer, ni crier mais quand elle mange c’est un vrai mélodrame (drame mêlé de musique)…
Pas marrant pour Janine, qui est très fatiguée, et même très malade…
Pour moi qui n’ai pu me reposer depuis que j’ai été opéré je suis lamentablement surmené, par un travail incessant de cinématographe parlant (quelle tristesse)…
Mais je suis tellement content et bien partout que je n’ai rien à foutre.
Je suis tombé dans des pièges à con :
1° pas de grands films et autres superproductions
2°… et qui de ce fait ne rapporte même pas d’argent
Avec ça des arbitrages, des lettres recommandées, des menaces de procès et Marcel Carné qui décidément a chié dans ma malle jusqu’au cadenas… je ne veux plus travailler avec lui.
Quelle fatigue… et quelle tristesse…
Ce petit homme trépignant sans cesse… et ces incessants et dérisoires sautillantes petites colères….
Et avec ça, plus il est connu, plus on parle de lui […] Je préfère prendre mes cliques et mes claques que de lui en donner une paire.
J’ai encore 2 à 3 semaines de travail sur le plan que nous préparons et j’avais accepté ce travail que par nécessité…
Tout ceci pour te dire combien le cinéma est difficile aujourd’hui ; et les producteurs se mettent en grève : quelle connerie… […]
Non seulement moi, mais beaucoup d’autres, dont Margot [Capelier] très activement, cherchons du travail pour toi… et ce n’est pas facile…
[il change d’encre pour passer du bleu au turquoise]
Voilà, Manu va passer ces jours-ci à Nice et viendra nous voir.
Écris-moi, immédiatement, je veux savoir comment tu vas… ces jours-ci je t’enverrai un peu de fric…
On compte aller à Saint-Paul bientôt et pour longtemps…. Si certaines choses s’arrangent je travaillerai pour Monte-Carlo, spectacles et ballets… Et j’ai parlé de toi à Nestor pour le spectacle, il serait d’accord.
Voila, excuse cette lettre un peu décousue, moi j’ai très mal partout et à la [fait son autoportrait dans un dessin à main levée]
Embrasse le mandarin et beaucoup de choses à son père.
Je t’embrasse
Ton ami
Jacques »


At the time of writing this letter, Prévert and Carné were working together for the eighth time, crowned with the success of Quai des Brumes, Les Visiteurs du Soir and Les Enfants du Paradis, their joint masterpieces. However, the spring of 1947 marked a stormy end between the two men during the (ultimately aborted) shooting of La Fleur de l’âge, which was postponed a thousand times due to the financial embarrassments of two producers (to whom Prévert alludes here). Nothing remains of this shoot, except for a few sublime photographs by Émile Savitry.
The Carné-Prévert split thus marked the end of the golden age of poetic realism and the “Carné gang”.

Claudy Emanuelli was a very young actress of 15 years old when she met Prévert at the end of the 30s, he who was already at the height of his fame. They experienced a great passion for love that ended before the poet met his second wife Janine Fernande Tricotet in 1943. This letter testifies to Prévert’s affection for his former love, for whom he has great affection and tries to help in his professional career.

BOURDELLE, Antoine (1861-1929)

Autograph letter signed « Bourdelle » to a friend
Paris, 12th April 1920, 2 pp. in-8°
Ink stain on second page

Bourdelle evokes one of the busts he made for Anatole France and Rodin’s influence on his art


« Cher ami,
Combien je suis touché du très bel empressement à vous mettre en labeur de défendre.
Merci du secours de votre épaule qui aidera le grand labeur que je vais entreprendre […] On a insisté pour que je place à côté de l’effigie du grand prophète de Pologne celle du maître incontesté Anatole France.
Il y viendra demain matin à l’aube du grand vernissage du public = Cela sera le document direct, l’original… analysé directement sans le délicieux modèle – qui sans un instant de lassitude – parlais tout en pesant le langage de Jérôme Coignard ou celui de Maurice Bergeret.
Le buste, cette image, vous l’avez vu chez moi peut-être =
A. France y est nu jusqu’à presque mi-corps
Il a tenu à ce que son nom y soit gravé de sa propre main […]
J’ai voulu vous signaler ce nouvel arrivant = ce chef construit ou les initiés pourront étudier combien les raisons que vous dites – de ma technique apprise complétée de Rodin – s’inscrit même dans le portrait, et c’est là le point capital [qui] s’unit au sens du bloc, au sens qui porte du dedans – [qui] songe à épouser la lumière et l’espace.
Ce travail m’a valu l’amitié morale et spirituelle du maître.
J’ai donc vite songé à vous signaler sa venue tardive au salon.
Car il n’est pas au catalogue.
Encore toute ma gratitude et mon affectueuse estime.
Bourdelle
Les députés embêtés par l’autre sculpteur mettent une simple plaque au lieu de ma victoire. Mon pays ! »


Several original bronzes of Bourdelle’s famous portrait of Anatole France are now kept at the Musée Bourdelle and the Musée d’Orsay.
Rodin’s influence on Bourdelle’s works was considerable. He began his career as a practitioner in the master’s workshop in 1893. His aesthetic would detach itself from that of Rodin at the turn of the two centuries, when he created his Head of Apollo. Bourdelle would soon be seen as the embodiment of an aesthetic caesura, a fundamental alternative to the tabula rasa politics of the avant-garde and in turn a master for many major artists of the twentieth century.

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed « LF Céline » to Charles Deshayes
Korsør, 1st September 1947, 5 p. in-folio, with enveloppe
Small tear skillfully repaired on upper margin of first folio

Long letter with anti-Semitic overtones – The writer goes into detail about the various episodes that punctuated his legal cases, from his accusation of active collaboration with the Nazi regime to his prison sentence


« Cher ami.
Vous avez bien raison. Il ne faut rien tenter de plus… Sauf si j’avais des dizaines de millions à lancer dans l’affaire… Si j’étais nabab comme Guitry, choyé comme Montherlant, si j’avais gagné des Golcondes(1) avec le mur Atlantique(2)je pourrais gaver toute cette meute de chacals, robins, etc… Hors le fric pas de salut. Vénalité absolue. Jamais Pauvreté n’a été plus infamante qu’en ces jours. Pauvre = Coupable = Traître = Charogne = Bête à dépecer = Motus ! Jamais l’Humanité n’est tombée si bas, ni la France – même sous Mazarin. L’histoire du youtre Schwob n’a ni queue ni tête(3). 1° Bagatelles n’a jamais été interdit sous Daladier. (Il a été interdit en Zone Sud sous Pétain !)(4)
2° Denoël, non moins crapule que Schwob avait en effet ajouté cette bande, sponte sua [de son propre mouvement]. Soit 2 mensonges conjoints, deux crapules conjointes. Déconnages…
L’acte d’accusation était de la plume (de quoi je me mêle) du dénommé Guy de la Charbonnière (5) – ex résistant (?) à Vichy pendant toute la guerre, devenu diplomate on ne sait comment ? Enfila-t-il Mme Bidault ? On le prétend. Il est hideux en tout cas, imbécile, gaffeur et certainement 1/2 juif. Ses attaques forcenées, délirantes, m’ont fait d’ailleurs auprès des Danois beaucoup plus de bien que de mal. Je dois à ce petit forcené con, beaucoup. Le juge d’instruction qui a décerné contre moi le mandat d’arrêt en vertu de l’article 75 et est nommé [Alexis] Zousman(5) (Paris). Il n’était pas parait-il si défavorable… Ce Zousman n’est plus chargé de mon affaire… Quel autre ? Je ne sais pas… Je m’en fou… J’ai payé ne l’oubliez pas de 17 mois de réclusion mon refuge au Danemark, alors il faudrait qu’on apporte la preuve que je suis criminel de guerre pour qu’on m’extrade.
Les Danois ont été aussi loin que possible dans l’enquête. Ils ont envoyé à Paris un professeur de droit (maquisard danois, passé la guerre en Suède !) un juif dénommé Howitz, pour enquêter à Paris sur mon cas, trouver un fait qui leur permette l’extradition. Il est revenu bredouille… Howitz est l’auteur de la Loi Danoise contre les collaborateurs – qui est singulière et unique au monde par le fait qu’elle est rétroactive. Elle punit les faits de collaboration antérieure à 39 ! Elmquist frère du ministre de la justice danoise et avocat s’est aussi rendu à Paris pour enquêter sur mon cas : bredouille… Le g[ouvernemen]t Danois a offert par 2 fois à la justice française d’envoyer ici une Commission Rogatoire : Silence. Alors en désespoir de cause on m’a placé en liberté sur parole, ou plutôt prisonnier sur parole. Cas unique dans l’histoire du Danemark qui n’a jamais eu de réfugiés politiques de nulle part. Sauf les juifs d’Hitler qui sont citoyens du monde. C’est une autre histoire.
En vérité c’est le Solicitor General de la couronne Anglaise qui donne le ton en ces matières au g[ouvertnemen]t Danois. Il a été aussi consulté officieusement sur mon cas. Négative fut la réponse. Alors Charbonnière l’a eu dans le cul. Il s’y était pris aussi comme un manche, vitupérant, personnel, idiot. Ouf ! Toute la diplomatie française…
Les N[ouvelles] Paroles(7) sont vendues ou opportunistes tout autant que le Cheval Ailé. Tout ceci pue la police et l’enveloppe !
Que [Jean] Luchaire a de successeurs ! Comme il aurait fait merveille ! On assassine les techniciens ! Les juifs on leurs idiots comme nous. La preuve où ils en sont ! Et relisons Plutarque !
Votre bien sincère et amical
LF Céline »


1- Golconda, a city in India that had its heyday in the sixteenth and seventeenth centuries as the capital of a Muslim sultanate of the Deccan. Céline is referring here to the diamond mines of Golconda.
2- Funny argument used in all his correspondence of the time
3- René Schwob (1895-1946), author of an “Open Letter to Céline”, Esprit, n°6, March 1933
4- In May 1939, with Céline’s agreement, Denoël had withdrawn from sale the anti-Semitic pamphlets Bagatelles pour un massacre and L’École des cadavres. Les beaux draps was banned on December 4, 1941 in the unoccupied zone.
5- Guy Girard de Charbonnière (1907-1990), Ambassador of France in Copenhagen since September 1945. He had been appointed by Georges Bidault (1899-1983), Minister of Foreign Affairs in the provisional government, and instructed by the latter to request Céline’s extradition. See the article in Samedi-Soir of February 14, 1946: “M. de la Charbonnière wants to bring Céline back to Paris,” and the attacks in L’Humanité of June 24, 1946, both against the “filthy Hitler writer” and the “distinguished diplomat [who] had not much to complain about the Vichy government.”
6- Alexis Zousman (1908-1978) was appointed investigating judge in 1944. It was he who issued an arrest warrant for the writer, who was arrested in December 1945 in Copenhagen and imprisoned for 18 months in the Vestre Faengsel, until June 1947.
7- Les Nouvelles paroles française

GIONO, Jean (1895-1970)

Autograph postcard signed « Jean Giono » to Anna Robin
Manosque, [31st August 1941], 1 p. in-8°
Central fold mark, ink stains (see scans)

Affectionate letter-card of the novelist to his benefactor


« Chère Anna. Je continue à vous aimer fidèlement de toute mon affection. Nous parlons souvent de vous et il ne se passe pas de jour que je ne vous remercie dans mon cœur pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous dois en grande partie mon bonheur. Il est sans égal au monde. Combien de fois n’avons nous pas regretté que vous soyez si loin de nous. Un mot de vous me donnerai une grande joie et aussi de vous aider si c’était nécessaire. Je vous embrasse pour nous deux.
Jean Giono »

[Adress on verso]

« Jean Giono
Manosque

Madame Pierre Robin
Le Chaland qui passe
Montcourt – Fromonville
par Grez sur Loing
Seine et Marne »


Almost nothing is known about Anna Robin, his correspondent, to whom Giono seems infinitely grateful.
In the same year, 1941, the writer had just published his literary essay Pour saluer Melville, published by Gallimard. He had published a translation of Melville two years earlier, co-written with Lucien Jacques.

[RIVIÈRE] CLAUDEL, Paul (1868-1955)

Autograph manuscript signed « Paul Claudel »
Château de Lutaines, June 1925, 17 p. 1/2 in-4°
Some very light stains and spots

Complete manuscript of his preface to Jacques Rivière’s novel: À la trace de Dieu


Paul Claudel, who corresponded extensively with Jacques Rivière at the beginning of his literary life, speaks with emotion of a book that he was the first to discover and which retraces the spiritual journey of its author.
A la trace de Dieu, a diary of captivity, was published by the NRF in 1925, shortly after the death of Jacques Rivière, who had transcribed his experience as a prisoner of war during the 1914-18 war, and shared his philosophy as a Christian.
Claudel deciphers and analyzes Rivière’s vision of a life guided by Providence from the revelation of Christmas 1913 to the war years that imposed on him a severe tête-à-tête with God.

ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » to Fernand Desmoulin
Médan, 8th August 1895, 2 pp. in-8°

An affectionate letter from a solitary Zola and, as always, immersed in the writing of his novels – the writer gives us a glimpse of his lonely life and his passion for cycling


« Mon bon ami, ma femme [Alexandrine] allait vous écrire. Vous savez peut-être que les pauvres Charpentier(1) vont venir passer une semaine ici ; et nous rêvions de vous avoir en même temps. Mais, puisque vous nous revenez en septembre, ce n’est que partie remise(2). Nous comptons absolument sur vous.
Je n’ai pas revu Charpentier, car je suis cloué ici par le travail [Zola était alors en pleine rédaction de Rome, deuxième volume de son cycle romanesque Les Trois Villes]. Ma femme l’a revu, ainsi que madame Charpentier, avant qu’il partent pour Houlgate(3) ; et elle a été navrée du deuil de ces pauvres amis. Comme vous le dites très bien, leur douleur a dû grandir, dans le repos et dans la réflexion(4). Tout cela est affreux.
Ici, nous n’allons pas trop mal tous les deux, très solitaires comme toujours, et en attendant que l’été se passe. Le temps, d’ailleurs, est affreux. Moi, je fais beaucoup de bicyclette ; et, comme vous, j’y trouve une grande distraction(5). J’ai fini par mépriser le temps, par sortir sous les averses, ce qui fait que je rentre trempé, couvert de boue. N’importe, ça me fait grand bien. Je vous attends pour que vous m’entraîniez. Je veux tenter avec vous quelques longues course(6).
Et voilà, mon bon ami. Ne broyez pas trop de noir dans les tristes circonstances où vous vous trouvez. Portez-vous le mieux possible, et à bientôt, le ménage vous attend.
Bien affectueusement à vous de notre part à tous les deux.
Émile Zola »


1- The Charpentier couple had just lost Paul, their third child, who died suddenly at the age of 20.
2- Desmoulin, who had been a widower since 5 June 1894, was on holiday at Châtillon-en-Bazois (Nièvre); he had come to Paris for the funeral of Paul Charpentier. On 3 August he had written to Zola: “The other day, in the cemetery, I looked for you in vain, […] I have not been able to say good-bye to you, for I was leaving the next day for Châtillon, where I am still, all alone, and not cheerful, I assure you. I’ll be back in September, what about you? In fact, Zola met him in Paris on August 28.
3- The Fasquelle family spent the month of August in Houlgate.
4- “I have received several news from the Charpentier,” Desmoulin continued in the above-mentioned letter. “I believe that the present moment is even more cruel to them than the hours of struggle, during which a glimmer of light, very faint, but at last a glimmer of hope still remained. It’s a succession of sadnesses that makes me spend a strange holiday.”
5- Her bicycle, Desmoulin wrote, was her “dear comforter”
6- Zola was already taking long walks. On 31 August, his wife wrote to Élina Laborde: “He gave himself a velodrometer, and he was able to see that from the house on rue de Bruxelles, to here, at home, passing through Saint-Germain, it is 34 kilometres.” Passionate about photography, Zola often staged himself with his bicycle in the last years of his life.

Georges Charpentier (1846-1905) was a close friend of Flaubert, Maupassant and Zola. He promoted Impressionist painters and built up an important art collection with his wife, Marguerite.

French painter and engraver Fernand Desmoulin (1853-1914) was a contributor to La Vie moderne. There he met Georges Charpentier, with whom he became friends, and then, from 1887, Émile Zola.

GUITRY, Sacha (1885-1957)

Autograph letter signed twice « Sacha Guitry » to a gentleman
N.p.n.d « 3 in the morning », 1 p. in-4°, black ink on beige paper

Asked to write a poem, Guitry responds with humor and subtlety, enriching his letter with an original drawing


« 3 heures du matin – vraiment !

Monsieur
Voici le petit poème que je vous ai promis. Il ne m’a pas été possible de vous le donner manuscrit : il est trop long ! Et c’est pour la même raison qu’il n’est pas illustré. Pourtant, si je puis me permettre de vous donner un conseil, je ferai la mise en page de la façon suivante :
[Guitry dessine deux feuillets et une pendule affichant 3h du matin, puis signe]
Je voudrais bien avoir des épreuves, svp.
Avous des deux mains
Sacha Guitry »


A prolific playwright, Sacha Guitry wrote one hundred and twenty-four plays, many of which were great successes. He has also directed thirty-six films (including seventeen adaptations of his plays), starring in almost all of them, including Désiré, Mon père avait raison, Quadrille, Si Versailles m’était conté etc.

BALZAC (de), Honoré (1799-1850)

Autograph letter signed « de Balzac » to Charles Motte
[Paris], « 8 8bre » [October 1831], 2 p. in-8°, autograph address on fourth page
Some light stains, central fold skillfully repaired, slight missing on second folio (see scans)
Some words crossed of by the hand of Balzac himsef

Balzac sends his Romans et contes philosophiques to his correspondent, which include the legendary La Peau de chagrin and Le Chef-d’oeuvre inconnu


« Mon cher Monsieur Motte, je n’ai pas perdu le souvenir des obligations que j’ai contractées envers vous – Vous m’avez donné de charmantes lithographies et je vous promis de vous faire des articles. Ils n’ont point été faits et cette conduite constituerait une sorte d’indélicatesse très éloignée de mon caractère ; mais La Mode a changé de maîtres à cette époque(1); je me suis brouillé avec Le Temps ; et les occasions de vous servir n’ont pas répondu au désir que j’en avais. Voilà l’histoire de mon manque de foi apparent ; perdonate mi.
Je n’ai pas osé vous faire demander le prix de mon album, mais voulez-vous me permettre de vous offrir un échange de nos productions ; échange auquel vous perdez, mais au moins avec le temps, la quantité de mes produits finira peut-être par équivaloir à la qualité des vôtres et ma conscience sera plus tranquille – Maintenant permettez-moi d’ajouter sérieusement que je vous offre mon livre [Romans et contes philosophiques] comme un témoignage de notre ancien voisinage(2), et comme une marque de profonde estime pour vous qui n’êtes pas le moindre artiste parmi ceux dont vous traduisez les œuvres.
Agréez mes compliments affectueux
8-8bre de Balzac.
Il va sans dire, qu’aussitôt que par ma position journalistique je pourrai vous être utile vous n’aurez qu’à demander – pour le moment, je serais en mesure à l’Artiste(3) et j’ai des amis au Messager(4). »


1- Balzac ceased to collaborate with the weekly magazine La Mode (founded by Émile de Girardin) after December 1830
2- In 1826-1828, he had lived at 13, rue des Marais-Saint-Germain (Delacroix’s studio was at n° 17) and had therefore been Balzac’s neighbour the printer.
3- The first issue of L’artiste, founded by Achille Ricourt, was published on Sunday, February 6, 1831. In October 1831, Balzac was on good terms with Ricourt, but this was no longer the case in October 1832, when the director of L’Artiste had Le Colonel Chabert reproduced in Le Salmigondis without Balzac’s permission.
4- Charles Rabou and Philarète Chasles (who wrote the preface for the Romans et contes philosophiques in 1831)

Among the editions of the Romans et contes philosophiques sent here by Balzac to his correspondent are:
-La Peau de chagrin
-Le Chef-d’œuvre inconnu (published back then under the title Maître Frenhofer)
-L’auberge rouge
-Adieu
-Le Réquisitionnaire
-El Verdugo

Fifteen years later, these works were attached to the La Comédie humaine

Charles Motte (1784-1836) was one of the most important French lithographers and publishers during the Restoration.

[MANET] DAUDET, Léon (1867-1942)

Autograph manuscript signed « Léon Daudet »
N.p.n.d [Paris, June 1932], 4 pp. large in-4°, black in on pale green paper
Some typographic annotations, fold marks and light stains (see scans)

We transcript only a part of the manuscript

A delightful eulogy on Manet’s painting, on the sidelines of an exhibition dedicated the artist at the Musée de l’Orangerie in the summer of 1932


« Il éclate à l’Orangerie des Tuileries ou se presse, depuis quelques jours une foule immense d’admirateurs et d’admiratrices appartenant à tous les milieux et à plusieurs nationalités. Là se trouvent réunies les toiles célèbres, le “Déjeuner sur l’herbe”, le “Toréador mort”, le “Balcon”, les “Danseuses espagnoles”, les toiles les plus représentatives […] de Manet, traduisant les différents aspects de cette intelligence et pénétration des choix et des genres par la couleur. Courbet, l’autre moitié du duumvirat esthétique dans la seconde moitié du dix neuvième siècle, commande aux forces, notamment à la féminine, une maîtrise égale à Titien ou des fresques antiques […] Il est à la peinture ce que Rodin est à la sculpture. Alors que Manet c’est le beau chromique, la fête de la décomposition de la lumière par le prisme, et l’usage devant lui du mot profond de Goethe : “La couleur est l’expression et la souffrance de la lumière”.
Manet est à la peinture ce que Baudelaire est à la poésie : le révélateur d’un domaine nouveau qui a su catégoriser ses correspondances, ses interférences, ses exaltations, comme l’intelligence à les siennes. Il a un vert, un bleu, un jaune, un orange qui n’appartiennent qu’à lui, alors que les lignes sont issues de Goya ainsi que quelques unes de ses compositions (Espagne… Fusillade de Quertaro [L’exécution de Maximilien] etc…). Les aspects moreaux de Baudelaire, dans ses poèmes les plus caractérisés, ont aussi ce caractère étincelant et désolé qui nous joint à la lecture, comme les toiles de Manet qui nous joignent à la vision. À mesure que Manet, visiblement né pour la joie oculaire, la plus violente de toutes, marchait vers la maladie (le tabès) et la mort, il avançait aussi vers le soleil, par l’éclaboussement lumineux de ses dernières toiles. Il me fait penser à Henri [Heinrich] Heine, atteint du même mal […].
J’ai toujours pensé que l’exaltation chromique de Manet était une conséquence de sa maladie, déjà latente en lui, bien avant qu’elle se manifeste […].
Les Académiques ont reproché et reprochent encore à Manet de “n’avoir pas de sujet”. Mais tout est sujet au peintre ivre de couleurs, comme au musicien ivre de son, comme au poète ivre de rythme […] Les Lances, tableau historique de Velasquez, ne dépassent pas les Fileuses du même, qui sont des filles ayant chaud et travaillant à des tapisseries que de belles dames au fond estiment et choisissent […].
Vermeer de Delft n’a pas de sujet : une dame en toilettes qui lit un lettre devant une carte […] une rue au bord d’un canal, voilà les thèmes habituels, d’où ressortent des tableaux inoubliables, suggérant mille pensées diverses et procurant à l’une une volupté infinie. C’est du “sujet ressassé qu’est issue ce pompiérisme [art académique].
[…]
Je songeais en regardant ces Manet – dont Zola, il faut le reconnaître, eut le premier le sentiment net – aux colèresL’Olympia huée, conspuée, traité d’ordure innommable, d’offense à la pudeur, d’obscénité sans nom, a pris place tranquillement parmi les plus beaux tableaux du monde, aux côtés de Desnuda de Goya. Cette enfant de Paris, à la chair crayeuse par le manque de lumière des taudis, dans son petit visage fermé, buté, arrêté, mais belle de… proportion, a provoqué autant d’articles [et] d’éreintements que la Dante [allusion semble-t-il à Ugolin] de Carpeaux, ou les baigneuses de Renoir, ou le Balzac de Rodin, ou la Carmen de Bizet, ou le Tannhauser de Wagner, ou les Fleurs du Mal, ou Pelléas et Mélisande de Debussy. Mais de tous les beaux, le plus choquant, le plus irritant pour la foule ignorante et les académiques vernis…, c’est, je pense, celui de la couleur. Le vert et le bleu de Monet rendaient fous certaines personnes de ma jeunesse, comme le rouge exaspère le taureau. J’ai vu des gens sortir de table à propos du Déjeuner sur l’herbe qui leur semblait, peu chère, “de la dernière inconvenance”!…
[…] Je crois apercevoir Manet, avec sa barbe blonde et ses yeux gris, revenu d’outre tombe tout exprès pour savourer cette tardive revanche. Si vous voulez connaître l’artiste de plus près, et son entourage, lisez le joli livre d’Albert Flament [La vie de Manet, paru en 1928]… qui contient tout l’essentiel sur le magicien de la couleur.
Léon Daudet »


From June to September 1932, an exhibition dedicated to Édouard Manet was held at the Musée national de l’Orangerie, bringing together his most famous works. Daudet, who here engages in comparativism as a critical approach, praises for the master’s works. Léon Daudet’s criticism was profoundly innovative for his time, not without a certain paradox: it was his reactionary choices and the condemnation of decadence that ultimately allowed him to grasp certain authors and artists as singular in their century.

The fourth volume of his book Écrivains et artistes, published in 1928, contains an entire chapter on Manet’s painting.

HUGO, Victor (1802-1885)

Original proof copies for Aux Allemands, Aux Français and Aux Parisiens
Paris, September and October 1870, 12 pp. in-8°
Imperfections on margins (see scans), some spots

Proof copies for three of his speeches upon returning from exile


There are several variations in the present proofs with the versions published in Actes et Paroles – depuis l’exil, vol. III, published in 1876 by Albin Michel.
Introductory remarks for each of these speeches, which are absent from the present booklets, will be added to the 1876 work.

Aux Allemands, dated September 9, 1870 (four days after Hugo’s return from exile), appears in Actes et Paroles III in chapter II, p. 51

Aux Français, dated September 17, 1870, appears in Actes et Paroles III in chapter III, p. 59

Aux Parisiens, dated October 2, 1870, appears in Actes et Paroles III in chapter IV, p. 65


Back in France on September 5, 1870, after a 19-year exile, Parisians gave the writer a triumphant welcome. He actively participated in the defence of the besieged city, as demonstrated by these pamphlets, with their powerful and magnificent texts.

Nice set.

RODIN, Auguste (1840-1917)

Autograph name card signe « AR » to M. Drefuns
N.p.n.d [Paris, after 1880], 1 p. in-24°

Charming autograph name card signed by the master


« après midi
a samedi pour que nous puissions causer un peu cher Monsieur Drefuns [?]
AR »


It is known with certainty that this card was sent after 1880. It was during this same year that the State bought his sculpture L’Âge d’airain and granted him a studio at the Dépôt des marbres at n° 182, rue de l’Université, in the 7th arrondissement of Paris, a place of work that he would keep for the rest of his life.

MAURIAC, François (1885-1970)

Autograph letter signed « M » to André Malraux
[Paris, 6th February 1928], 1 p. petit in-8°
Small missing bit on upper margin (see scans)

Mauriac congratulates his friend Malraux on the publication of his latest novel


« Mon cher ami,
Je ne peux pas retrouver votre adresse. J’espère que ce mot vous parviendra. Je tiens à vous exprimer toute ma gratitude pour les renseignements que vous me faites parvenir. J’avais déjà acheté le Gilson. Ce n’est pas pour moi, d’ailleurs : c’est un de mes personnages qui le dit.
Grasset n’aime pas votre roman [possibly Les Conquérants, which had just been published] et Paulhan l’admire beaucoup. C’est assez bon signe.
Je suis vôtre
M »


Everything suggests that Mauriac is referring here to Les Conquérants (the first of three novels that Malraux devoted to the study of the human condition, through episodes of the revolutionary struggle in the China of his time), which had just been published.

HUGO, François-Victor (1828-1873)

Autograph letter signed « François Victor Hugo » to a friend
N.p.n.d [c. 1865-1866] « 21st April », 1 p. in-4° on mourning paper
Irregular margins, fold mark, previously mounted (see scans)

Victor Hugo’s second son offers hospitality to a friend in his home in Brussels


« Cher et illustre ami,
On me dit que vous avez l’intention de venir passer quelques jours à Bruxelles. Nous avons un petit étage disponible dans le cottage que nous habitons, rue de l’Astronomie, 3 bis. Ma mère [Adèle Foucher] serait charmée de vous y offrir cette hospitalité du cœur que vous m’avez vous-même offerte si gracieusement à Londres. Si nous avons la bonne fortune de pouvoir vous posséder, veuillez m’en avertir vingt-quatre heures d’avance.
A vous de cœur,
François Victor Hugo »


In the midst of their exile during the Second Empire, the Hugo family returned to Brussels in August 1865 to settle for a while. They lived in a Brussels house in the Saint-Josse district, 3 bis rue de l’Astronomie.

[NAPOLÉON III] DISDÉRI, Eugène (1819-1889)

Portrait of Napoléon III by Disdéri
N.p.n.d, c. 1868, cdv format
Photographer’s credit on verso : Disderi & Cie, Boulevard des Italiens, Paris

Famous and elegant full-length portrait of Emperor Napoleon III


Period albumen print.

The last French emperor is depicted in this elegant pose, with his hand against his hip.

Good condition.

DUMAS (père), Alexandre 1802-1870

Autograph manuscript signed « Al Dumas »
S.l [Naples], 18 9bre [November] 1862, 4 pp. in-folio
Fold marks, some tiny flaws (see scans)

Complete manuscript for one of his articles published in Italian in the newspaper L’Indipendente


In this article, speaking of Prince Skanderberg of Albania, Dumas states that he wants to keep his readers informed about European politics in general. This was his editorial line in the newspaper L’Indipendente.
The newspaper was founded in Naples by Dumas in 1860 in support of the Garibaldian cause. He resigned four years later to return to his business in Paris.

[POUGY] GHIKA, George (1884-1945)

Autograph letter signed « Georges Ghika » to Liane de Pougy, princesse Ghika
Le Clos-Marie, Roscoff, 2nd July 1924, 2 p. in-4°, blue ink on grey paper

Superb declaration of love from Prince Ghika to his wife Liane de Pougy on her birthday


« La saison, l’épuisement des petits espoirs, plaisirs et déplaisirs permis par notre amour et les entraves de ce temps, nous ont ramenés à la petite maison grise que borde la chanson liquide de la mer. Cette grande grâce, cette douceur nous est donnée d’y célébrer une joie de plus le jour de ta naissance. Il semble que ton corps nacré, ambré légèrement à cause des navigations lointaines et des alliances de tes aïeux, surgissent chaque fois, tout neufs et redonnant au monde sa lumière… Ton petit coin, dis-tu, – notre point fixé dans l’immensité et les tempêtes de la vie. Elle est en même temps grave et gaie, comme la véritable santé, comme tu es toi-même embellissant mes jours de la seule beauté que je comprenne et que je goûte encore.
Une année a passé comme  un coup de pinceau du phare devant nous. Quelques atomes un instant ont dansé dans ce rapide éclat, prieure du Carmel, femme d’un sénateur, princesse russe, etc. Les amitiés perfides ou bienfaisantes et tous les ornements, et tous les mots, et toutes les saveurs. Tout cela pour nos papilles et nos yeux vite amusés, vite déçus, emportés dans la sonde infernale ou divine et puis pour moi n’est vivifié que par ta présence que j’adore.
George Ghika »


A central figure among the courtesans of the Belle Époque, Liane de Pougy (1869-1950) married secondly, on June 8, 1910, the Romanian Prince Georges Ghika (1884-1945), nephew of Queen Nathalie of Serbia, fifteen years her junior. Their marriage was perfectly happy for sixteen years, until Ghika abruptly left her, in July 1926, for the ultimate conquest of his wife (who was openly bisexual), a young artist of twenty-three, “cute and delicate” Manon Thiébaut, whom he took to Romania. After this separation, Liane de Pougy will find her former love, Nathalie Clifford Barney (1876-1972). They will form with Mimi Franchetti (1893-1943) a ménage à trois. Threatened with divorce, the prince eventually returns to her, but their relationship becomes difficult and chaotic.

MALLARMÉ, Stéphane (1842-1898)

Autograph card signed « PAPA » to his daughter Geneviève Mallarmé
[Valvins, 12th July 1891], 1 p. in-8°
Autograph address: « [M]ademoiselle Geneviève Mallarmé – Châlet Suisse, route de Trouville, Honfleur – Calvados »
Central fold mark

Inside the intimacy of the Mallarmé family through a tender letter from the poet to his daughter


« Les petits gâteaux, me prie de t’écrire ta mère, sont arrivés hier soir : des merveilles, et l’on mangerait jusqu’à l’emballage. Ceci, pour te remercier tout de suite, et te rassurer, la poste ne laissant pas le temps de longuement écrire, par ce sot dimanche.
PAPA »


It was from the 1890s that Mallarmé stayed regularly in his small house in Valvins, not far from Fontainebleau. He had important work done there and settled there all summer, from April to October. In frail health, his daughter Geneviève (1864-1919) watched over him. It was also in this year 1891 that Geneviève Mallarmé stayed several times in Honfleur, in the chalet of Marguerite Ponsot, whose daughter Éva was one of her intimates.

[WAGNER] GAUTIER (fils), Théophile (1836-1904)

Autograph letter signed « Théophile Gautier » to journalist Louis Fourcaud of Le Gaulois
[Paris], 17th Jan[uary] 1886, 1 p. in-8°
Letterhead to his initials and Parisian address: « 27 rue de Naples »
Pinholes, slight missing bit on upper right corner, ink stains in last page (see scans)

Gautier’s son praises Wagner, who had died three years earlier, and takes the opportunity to castigate his contemporaries Saint-Saëns and Massenet


« Cher Monsieur,
Il faudrait bien que, dans la question du Lohengrin [opéra by Wagner created in 1850], on finisse par dire la vérité, par parler franchement et par mettre les pieds dans le plat.
Tout cette affaire, c’est l’éternelle lutte du protectionnisme contre le libre-échange, des maître de poste contre les chemins de fer et du gaz contre l’éclairage électrique.
Les neufs s’emballent sur le côté patriotique de la question ; mais les malins savent bien ce qu’il font. Il sentent parfaitement que le jour où l’on entendra amplifiés par la magie de la mise en scène, les accords merveilleux et la mélodie vraiment humaine des œuvres de Wagner, les imitations enfantines de la jeune école musicale française s’évanouiront comme un vague murmure. Saint-Saëns et Massenet ne seront plus que des ombres effacées et [Emil] Hartmann qu’une vague fumée.
Croyez à mes meilleurs souvenirs
Théophile Gautier
P.S Il est bien entendu que cette lettre est anonyme »


Charles-Marie Théophile, known as Théophile Gautier fils, was the son of Théophile Gautier with Eugénie Fort, and also the eldest of the poet’s three children.
Gautier son embraced a career as a civil servant: sub-prefect of Ambert (1867) and Pontoise (1870), head of the press bureau at the Ministry of the Interior from 1868, then secretary to Eugène Rouher, former minister of Napoleon III, he was very close to the Second Empire and the imperial family. He was particularly friendly with Princess Mathilde. He is himself a man of letters, who translates German authors (Achim d’Arnim, Goethe, etc.).

LONDRES, Albert (1884-1932)

Autograph postcard signed « Albert » to his daughter Florise
Bruges [14 December (1922 ?)], 1 p. in-8°
On recto: A view of one of the canals of the city of Bruges
Autograph address to « Mademoiselle Florise Londres – 43 r[ue] du maréchal Joffre – Vichy – Allier »

The traveling journalist informs his daughter of his trip to Belgium and gives her an appointment the following week in Vichy


« Bruges – Mercredi
Suis venu à Bruxelles, Anvers et Bruges pour affaires. Serai [à] Paris demain 15.
Et Vichy la semaine prochaine
Bises
Albert »


Journalist and writer, Albert Londres gave his name to the prize awarded each year in France a quality report that remains a reference for investigative journalism. He is also considered one of the most famous commentators of the Tour de France.
Through his many journalistic missions, Albert Londres wrote a large number of postcards to his daughter Florise [1904-1975] from various parts of the world. Many of these cards are now held by institutions.

RENARD, Jules (1864-1910)

Autograph-card letter signed « Jules Renard » [to Georges Moreau]
[Paris], 14th June 1895, 1 p. 1/2 in-12°
Embossed silhouette of a green fox on upper left angle

Jules Renard wonders about the possible remuneration of an unpublished chapter of Poil de Carotte


« Cher Monsieur,
Est-ce que la Revue Encyclopédique me doit quelque chose pour le chapitre inédit de Poil de Carotte paru dans son numéro du 1er avril ?
Si non, vous pensez bien que je ne réclame pas et que je me considère encore comme votre obligé.
Si oui, voulez-vous faire porter cette petite somme à mon crédit d’abonné. Elle servira pour un réabonnement.
Croyez à mes sympathies
Jules Renard »


Poil de Carotte was published in 1894 by Flammarion. The book then contains 43 stories. The number of stories was increased to 48 by the addition of five texts published in 1895 and 1896 in L’Écho de Paris and La Revue encyclopédique (“Le Pot”, “La Mie de pain”, “La Mèche”, “Lettres choisies”, “Les Idées personnelles”). One of these five texts is referred to in our letter.
An autobiographical novel, Poil de Carotte tells the story of the childhood and setbacks of an unloved red-haired boy.

[SATIE] JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed twice to the Salacrou couple
N.p.n.d [4th july 1925], 2 p. in-8°

Having just returned from Italy, the poet reacts to the death of composer Érik Satie


«  Les chéris chéris. Je vous aime tous les deux et je vous écris pour vous le dire en deux petits mots très courts : il y avait deux cent lettres et paquets dans un panier. Je pêche au hasard : j’en tire une puis une autre. Mais ma journée de vingt et une réponses est faite et je me repose pendant que vous êtes deux anges chéris et que vous serez bientôt des anges chrétiens ce qui sera infiniment beau. Je ne peux pas analyser le sentiment qui me prend ici : l’horrible poids de la destinée qui m’interdit les lieux où l’on pêche, les monastères orgueilleux et pompeux et les villes où l’on blesse les amis tous les soirs dans le couloir – la satisfaction de la paix des champs dans leur laideur, et la joie des visages doux de la maison de l’horreur de tous ces malheurs qu’on touche : les veuves, les parents pauvres, les maladies, les infirmités que le voyage oublie si vite dans la vie d’esthète. Si je puis parvenir à travailler, je resterai ici pour la pénitence de mes fautes. Au fond j’aime ces gens.
J’ai des amis ici.
Au revoir. Je vous embrasse. Je vais en finir avec mes cent dernières lettres. Il y a des choses terribles à « solutionner » dans ce paquet
Max
Oh ! Satie ! Cauchemar !
Le célibat et le désordre qui se paient.
Mourir seul ! seul ! sans enfants.
Je ne vous remercie plus mais la première gouache que je ferai je vous l’enverrai avec mon cœur en signature.
Mx »

This letter is one of the few contemporary testimonies on the musician’s death:
Érik Satie, who fell ill in the first half of 1925, was hospitalized at the Saint-Joseph Hospital. Among other things, he was visited by Max Jacob.
After several years of excessive consumption of absinthe, the composer died at the age of 59 of cirrhosis of the liver.
The relationship between the Salacrou and Jacob is extremely affectionate, which explains the incipit of the letter. Reading the text, we can assume that the Salacrou acquired a gouache or helped to buy one, which would explain the large number of letters pending on the side of Max Jacob.
CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter to Laure de Cottens
Paris, 24th March 1835, 4 p. large in-8°
Fold marks
Bespoke leather sleeve (demi-maroquin noir), golden “Chateaubriand” inscribed on the spine

Superb letter from an elderly and disillusioned Chateaubriand, delivering a dark observation at his personal situation and the politics of the country, without however losing hope for the future


« Vos lettres, Madame, me font toujours un bien que je ne puis dire. Elles sont bonnes, élevées et nobles comme vous. Je sais ce qu’il en coûte de quitter les lieux que l’on a aimés et soignés de ses propres mains. Mais la vie est un si perpétuel sacrifice que le mieux est de ne lui rien disputer et de la laisser nous emporter tout ce qu’elle nous dérobe chaque jour. Je suis toujours dans les mêmes résolutions et toujours arrêté par mes misères. Je veux toujours aller mourir hors de France, et ma première station sera certainement en Suisse, le plus près qu’il sera possible de vous, mais des affaires interminables, des arrangements qui se dérangent toujours, prolongent malgré moi mon séjour ici. Je ne m’occupe plus de politique ; je crois à une grande transformation sociale dont ni moi ni les générations qui me suivront ne verront la fin. Alors j’ai cessé de me débattre contre les décrets de la providence. Je n’ai plus de patrie, car la patrie est un lieu où l’on a des parents, des amis, des foyers paternels, et je n’ai plus rien de tout cela. Je bénirai le ciel, Madame, le jour où je pourrai vous revoir et espérer faire encore avec vous des promenades solitaires. Nous parlerons du passé qui fut meilleur et de l’avenir meilleur encore, car il sera avec Dieu.
Madame de Ch
[ateaubriand] n’a pas trop souffert cet hiver. Elle vous remercie de votre souvenir. Mille tendres hommages, Madame, ainsi qu’à toute votre famille. Je voudrais bien que cette lettre fût, pour vous, une petite consolation en quittant votre retraite [sans doute Madame de Cottens se trouvait-elle dans sa propriété de Begnin, avant de revenir à Lausanne]. Je pense qu’elle vous arrivera peut-être le jour de votre départ ! – »


The writer was then finishing the writing of the Mémoires d’Outre-Tombe, of which he had already read fragments, the previous year, at the home of his friend Mme Récamier. Laure de Cottens (1788-1867), daughter of a first cousin of Benjamin Constant, was also a friend of the latter. She helped the Chateaubriand to find accommodation in Lausanne in 1826 and often saw them again in Lausanne, Geneva or in her Begnins estate.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Marie Scheikévitch
[Paris], 16th April 1918, 1 p. in-8°
With envelope
Paper clip marks, previous mounting on margin (see scans)

Affectionate letter from Marcel Proust to Marie Scheikévitch in which the writer must, with regret, postpone the appointment made with her


« Madame,
Je ne pourrai pas venir jeudi et je le regrette beaucoup. Mais je m’arrangerai pour vous voir très prochainement car j’en ai un grand désir. Je ne vous écris que ces deux lignes parce que je souffre beaucoup des yeux.
Votre bien respectueux ami
Marcel Proust »


The abuse of night work, combined with the burning of constant fumigations, had tired the sight and damaged the eyes of Marcel Proust, who, however, as if he had known that time was running out, refused to rest.

An intimate of Proust who did much effort in using her network for the publication of the first volume of The Search :

Marie Scheikevitch (1882-1964) was the daughter of a wealthy Russian magistrate and art collector who settled in France in 1896. George D. Painter described her as “one of the smartest and most prominent ladies of the new generation.” Patron of artists and writers, she frequented salons and then founded her own. She was friends with Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, the Arman de Caillavet family, among others.
A feeling of singular quality united Marcel Proust to Marie Scheikévitch. Although they met briefly in 1905 in Mme Lemaire’s salon, it was in 1912 that they really get to know eachother. There followed a correspondence that lasted until 1922, the year of the writer’s death. Seeing each other “almost every day” as she would later say (friends writing all the less as they see each other more), we know only 28 letters from Proust addressed to her.
She opened to him the doors of her salon, frequented by all that Paris had of illustrious personalities in literature and arts, so that he paid tribute to her in Sodome et Gomorrhe under the veil of Madame Timoléon d’Amoncourt, “a charming little woman, of a spirit, like her beauty, so ravishing, that only one of the two would have succeeded in pleasing “.
A fervent admirer of the writer, she spent a great deal at the time of the publication of the first volume of The Search, trying everything to put Proust in touch with the Parisian personalities she considered most capable of helping him. It was she who recommended him to her lover Adrien Hébrard, the influential director of the newspaper Le Temps, to obtain the famous interview of November 12, 1913 by Élie-Joseph Bois, on the eve of Swann‘s publication: This was the first significant article published in the major press and devoted to The Search. To thank her, Proust sent her a major inscription (recently acquired by the BnF) when Swann was published.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Marie Scheikévitch
N.p, 17th April 1917, 4 pp. large in-8°
Pneumatique letter, with enveloppe
Paper clip marks, previously mounted (see scans)

Proust returns nostalgic from his visit to his friend Walter Berry, then worries about Reynaldo Hahn, mobilized at the Trench War


« Madame,
Avez-vous su que si je ne vous ai pas écrit, c’était que je voulais vous voir, profiter des heures sans crise.
J’ai essayé samedi, on a dû vous dire mon téléphonage, et hier soir, où on a rien dû vous dire puisqu’on n’a pas répondu.
Je suis allé un instant chez M. Walter Berry.
C’était la première fois, j’en suis revenu avec la nostalgie du Temps perdu, des époques lointaines, et aussi du temps perdu dans mon lit ou ailleurs quand on pourrait aller aux indes ou seulement en Italie. Je ne puis oublier ni sa baigneuse indienne ni sa Chinoise aux longues paupières abaissées.
Je rentre aussi fort souffrant, dans la grêle et la pluie. Et il me semble bien peu probable que d’ici jeudi je puisse retrouver q[uel]q[ues] forces, et si, par miracle, elles me revenaient,
me dégager d’une promesse.
Je vous ai envoyé l’autre jour une lettre qu’il m’a été assez doux de voir adresser à vous chez moi, bien que cela signifie seulement que l’expéditeur ne savait plus votre numéro rue de Fourcoy, et bien que vous ne soyiez [sic] plus tout à fait la même avec moi comme je vous l’ai écrit il y a quelques temps, avec, pour réponse, un silence, qui signifiait, je pense, que vous le saviez en effet, – quant à la lettre, l’expéditeur, j’ai reconnu son écriture, c’est Reynaldo. J’espère qu’elle vous disait que tout était expliqué et qu’il va bien. Il y a bien longtemps que je n’ai de ses nouvelles par lui, mes yeux m’empêchent de lui écrire. Mais je sais bien que son Etat-Major vient d’être soumis au bombardement le plus terrible et le plus prolongé et son général a été blessé.
Votre respectueux et reconnaissant
Marcel Proust »


Walter Berry (1959-1927) had recently invited Proust to visit his admirable collections of books, paintings and objets d’art. An American diplomat and jurist, Berry was President of the American Chamber of Commerce. It seems that Proust had a great friendship with him (nothing more, no doubt, given Berry’s age). It is also to his American friend that Proust will dedicate, with his agreement, Pastiches et mélanges, published in 1919.
Marcel Proust’s main companion, the composer and conductor Reynaldo Hahn (1874-1947) was mobilized in the early hours of the Great War, on August 2, 1914. Fighting in Argonne in 1914, Vauquois in 1915 and 1916, he was promoted to corporal on April 17, 1917, the same day this letter was written. For these services he received a citation of praise which underlined “his carelessness of danger and his enthusiasm” and reported that he had “also earned the recognition of the 31st by glorifying in the music he composed the dead of the regiment.”

An intimate of Proust who did much effort in using her network for the publication of the first volume of The Search :

Marie Scheikevitch (1882-1964) was the daughter of a wealthy Russian magistrate and art collector who settled in France in 1896. George D. Painter described her as “one of the smartest and most prominent ladies of the new generation.” Patron of artists and writers, she frequented salons and then founded her own. She was friends with Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, the Arman de Caillavet family, among others.
A feeling of singular quality united Marcel Proust to Marie Scheikévitch. Although they met briefly in 1905 in Mme Lemaire’s salon, it was in 1912 that they really get to know eachother. There followed a correspondence that lasted until 1922, the year of the writer’s death. Seeing each other “almost every day” as she would later say (friends writing all the less as they see each other more), we know only 28 letters from Proust addressed to her.
She opened to him the doors of her salon, frequented by all that Paris had of illustrious personalities in literature and arts, so that he paid tribute to her in Sodome et Gomorrhe under the veil of Madame Timoléon d’Amoncourt, “a charming little woman, of a spirit, like her beauty, so ravishing, that only one of the two would have succeeded in pleasing “.
A fervent admirer of the writer, she spent a great deal at the time of the publication of the first volume of The Search, trying everything to put Proust in touch with the Parisian personalities she considered most capable of helping him. It was she who recommended him to her lover Adrien Hébrard, the influential director of the newspaper Le Temps, to obtain the famous interview of November 12, 1913 by Élie-Joseph Bois, on the eve of Swann‘s publication: This was the first significant article published in the major press and devoted to The Search. To thank her, Proust sent her a major inscription (recently acquired by the BnF) when Swann was published.

[ZOLA] FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

1/ Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Émile Zola
N.p.n.d [Croisset, 26th May 1874], 1 p. in-8° on blue laid paper
Tear on fold, old trace of previous mounting

2/ Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Émile Zola
Croisset près Rouen, 3rd June [Croisset, 3 juin 1874], 4 pp. in-8° on laid paper
Three words underlines by Alexandrine Zola, old trace of previous mounting

Set of two letters on La Conquête de Plassans, forming undoubtedly Flaubert’s most detailed critique of a novel by his friend Zola


[First letter]

« Mardi soir.
C’est très fort ! mon brave homme ! Je l’ai lu tout d’une haleine, & j’en suis étourdi.
Dans 8 jours je le relirai lentement ! p[ou]r voir si j’ai raison d’être enthousiasmé.
J’ai reçu un g[ran]d choc, comme d’une machine électrique.
Vous ne serez pas poursuivi. La poésie vous sauvera. Mais je comprends les terreurs du jeune Charpentier.
à dimanche une longue bavette sur votre truculent bouquin.
tout à vous
Gve Flaubert
Je trouve Barbané très médiocre de fond & de forme,« quoi qu’on dise ». Celui-là, par exemple, je ne le relirai pas. Je le sais. »

[Second letter]

« Je l’ai lue, « La Conquête de Plassans, » lue, tout d’une haleine comme on avale un bon verre de vin puis ruminée – & maintenant, mon cher ami, je cause j’en peux causer, sciemment.
J’avais peur après Le Ventre de Paris que vous ne vous enfonciez dans le système, dans le parti pris. Mais non ! Allons, vous êtes un gaillard ! et votre dernier livre est un crâne bouquin !
Peut-être manque-t-il d’un milieu proéminent, d’une scène centrale, & (chose qui n’arrive jamais dans la nature) et peut-être aussi, y a-t-il un peu trop de dialogues dans les parties accessoires ! Voilà, en vous épluchant bien, tout ce que je trouve à dire, – de défavorable – mais quelle observation ! quelle profondeur ! quelle poigne !
Ce qui me frappe, c’est d’abord, le ton général du livre, la cette férocité de passion sous une surface bonhomme. Cela est fort, mon vieux, très fort, râblé & bien portant.
Quel joli bourgeois que ce Mouret, avec sa curiosité son avarice, sa résignation (p. 183-184) et son aplatissement ! L’abbé Faujas est sinistre et grand – quel un vrai directeur ! Comme il manie bien la femme, comme il s’empare bien habilement de celle-là, en la prenant par la charité, puis en la brutalisant !
Quant à elle (Marthe), je ne saurais vous dire combien je la trouve bien elle me semble réussie, & l’art que je trouve au développement de son caractère, ou plutôt de sa maladie. J’ai parti surtout remarqué les pages 194, 215 et 227, 261, 264, 267. – Son état hystérique, son aveu final (p. 350 & sq.) est une merveille. Comme le ménage se dissout bien ! Comme elle se détache de tout à mesure et en même temps son moi, son fond. Il y a là une science de dissolution profonde.
J’oublie de vous parler des Trouche, – qui sont adorables comme canailles – & de l’abbé Bourette [Bourrette], exquis avec sa peur & sa sensibilité.
La vie de province, les jardins qui se regardent, le ménage Paloque, les Rastoil, & les parties de raquette parfait, parfait.
Vous avez des détails excellents, des phrases, des mots qui sont des bonheurs, page 89 17, « … la tonsure comme une cicatrice », 181, « j’aimerais mieux qu’il allât voir les femmes » 89, « Mouret avait bourré le poêle », etc.
Et le Cercle de la jeunesse ! Voilà une invention vraie.
J’ai noté en marge bien d’autres endroits.
– Les détails physiques qu’Olympe donne sur son frère – la fraise,
– La mère de l’abbé prête à devenir sa maquerelle 152 – et son coffre ! (338).
L’âpreté du prêtre qui repousse les mouchoirs de sa pauvre amante parce que cela sent « une odeur de femme ».
– « Au fond des sacristies, le nom de Mr Delangre… » et toute la phrase qui est un bijou.
Mais ce qui écrase tout – ce qui couronne l’œuvre c’est la fin ! Je ne connais rien de plus empoignant que ce dénouement. La visite de Marthe chez son oncle, – le retour de Mouret, & l’inspection qu’il fait de sa maison ! La peur vous prend, comme à la lecture d’un conte fantastique, & vous arrivez à cet effet-là par l’excès de la réalité, par l’intensité du vrai ! Le lecteur sent que la tête lui tourne comme à Mouret lui-même.
L’insensibilité des bourgeois qui contemplent l’incendie assis sur des fauteuils est charmante. & vous finissez par un trait sublime : l’apparition d’u de la soutane de l’abbé Serge au chevet de sa mère mourante, comme une consolation ou comme un châtiment !
Une chicane, cependant. Le lecteur (qui n’a pas de mémoire) ne sait pas quel instinct pousse à agir comme ils font Me Rougon et l’oncle Macquart. Deux paragraphes d’explications eussent été suffisants. N’importe ça y est et je vous remercie du plaisir que
vous m’avez fait.
Dormez vous sur vos deux oreilles, c’est une œuvre
Mettez de côté, p
[ou]r moi, toutes les bêtises qu’elle inspirera. Ce genre de documents m’intéresse.
Je vous serre la main très fort, & suis
(vous n’en doutez pas)
vôtre
Gve Flaubert »


The fourth volume of Rougon-Maquart, La Conquête de Plassans was published in the spring of 1874 by Charpentier and tells the story of Father Faujas, a Bonapartist priest ready to do anything to reconquer the city of Plassans fallen into the hands of the legitimists (royalists). In this violent attack on the clergy, Zola depicts a Church complicit in political power, manipulative, using the naive piety of the faithful, especially women, through practices where faith is in fact only a veil masking other ambitions.

Flaubert first emits a brief hot reaction, after a first reading, having left him “dizzy”. He says he is “shocked”, and rightly so, because he will, a week later, give himself to a criticism this time without reservation, going so far as to quote passages, on the recently published novel of his friend Zola.
It should be noted that it is not without some apprehension that Flaubert undertakes the reading of this fourth volume of Rougon-Macquart having succeeded the much maligned Ventre de Paris. He does not hide it, this last novel had displeased him because according to him being too deeply in the naturalist doctrine, the “system, the bias” through the small Parisian people.
La Conquête de Plassans offers a different romantic formula.
We also notice that Flaubert revels in the way the bourgeoisie is portrayed, the same provincial bourgeoisie he himself had mocked in his previous works : Madame Bovary and L’Éducation sentimentale.
Finally, emphasizing the Abbot’s hold on the Mouret couple, and more particularly on Marthe, whose decline will sink into madness, Flaubert appreciates with what scientific precision and coldness Zola describes the ravages of the imbalance that strikes the two characters.

[RIMBAUD] VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph poem signed « Paul Verlaine »
London, 1873, 1 p. in-8°, on laid paper
Fold marks, slightly irregular right hand margin, pinhole on central fold

A highly significant poem, evoking the chaotic and miserable escape to London with Arthur Rimbaud
Verlaine makes an innovation from the traditional sonnet and does his first attempt in verses of thirteen syllables

« Rimbaud’s passage flashes in fiery strokes in Verlaine’s life and work » (Jacques Borel)


« Sonnet boiteux

Ah vraiment c’est triste, ah, vraiment ça finit trop mal.
Il n’est pas permis d’être à ce point infortuné.
Ah ! vraiment c’est trop la mort du naïf animal
Qui voit tout son sang couler sous son regard fané.

Londres fume et crie. O quelle ville de la Bible !
Le gaz flambe et nage et les enseignes sont vermeilles.
Et les maisons dans leur ratatinement terrible
Épouvantent comme un sénat de petites vieilles.

Tout l’affreux passé saute, piaule, miaule et glapit
Dans le brouillard rose et jaune et sale des Sohos
Avec des indeeds et des allrights et des hâos.

Non vraiment – c’est trop un martyre sans espérance,
Non vraiment – cela finit trop mal, vraiment c’est triste :
O le feu du ciel sur cette ville de la Bible !

Londres, 1873
Paul Verlaine »


This sonnet innovates both in its formulation and in the use of thirteen-syllable verses. It marks for Verlaine’s poetry a breakthrough with the classical sonnet and new metric perspectives. The period is for him conducive to these new experiments, alongside Rimbaud who, behind these verses, appears as a spectral figure; so strong was his aesthetic influence on Verlaine, and vice versa. There are two references to the city of Sodom, this “city of the Bible”, whose people suffered the wrath of an incendiary God. The evocation of the “Sohos” also refers to this famous district of London which, in 1872-1873, was well known for its free customs and prostitution, where many exiled Communards lived and which the two poets knew well.

Although it is impossible to formally date this sonnet, there is every reason to believe that Verlaine composed it in the prison of Mons in the autumn of 1873. The poet reveals here a great moral suffering, consumed by impurity, blasphemy and forbidden pleasures with his companion in misfortune.

Three manuscripts of this poem are known to date, with several variations. The first, attached to a letter to Edmond Lepelletier of October 1873, is entitled Hiver, and closes the Mon Almanach series for 1874 (now at the Bibliothèque littéraire Jacques Doucet). The second, which is a net, appears in Cellulairement, a collection composed at the prison of Mons between October 1873 and January 1875. Our manuscript, the third, was used for the first publication of the sonnet in La Nouvelle Lune of February 11, 1883. This poem then appears in Jadis et naguère, published by Vanier in November 1884. It was also at this time that Verlaine gave it its definitive title: Sonnet boiteux. Verlaine will add the dedication “À Ernest Delahaye” at the last moment, directly on the cut of La Nouvelle Lune prepared for the printing of Jadis et naguère (Bibliothèque littéraire Jacques Doucet).


We include:
An autograph letter signed by Verlaine to Philomène Boudin, known as Esther
London, [25 November 1893], 3 p. in-8°

The poet writes his mistress a tender letter from London while alluding to his tumultuous trip to the same city twenty years earlier, alongside Arthur Rimbaud, contributing to the break with his first wife, Mathilde Mauté.

“Don’t fear women. Besides, London brought me bad luck 20 years ago in this respect.”
(Bibliography: Correspondence of Paul Verlaine – Ad. Van Bever, Messein, vol. II p. 307)

VACHER, Joseph (1869-1898)

Autograph letter signed « Joseph Vacher » to doctor Lacassagne
[Prison of] Belley, le 30 Xbre [December] 1897, 4 p. in-8°
Old marks of adhesive on second and third folios, some little flaws (see scans)

Long letter of Joseph Vacher, one of the first French serial killers
With an anarchic and approximate spelling, the “Jack the Ripper of the South-East” writes his wishes before his very next transfer to the prison of Saint-Paul de Lyon


A highly educated character, Vacher nevertheless does many deliberate deviations with his spelling, conjugation and chords, up to slang formulas. We transcribe the letter as he wrote it:

« Dieu – Droit – Devoir
[…]
Messieurs les Docteurs,
Pour le second plan d’actualité il me reste à vous il nous reste les petites affaires les plus sérieuses –
J’ai oublié la question (par exemple) du bonnet bi-bi ordinaire… Ce n’est pas la moins importante dans mon affaire, quoioi qu’elle pourrait paraître (à certains) insignifiante. La providence qui seul me l’a donné, comme de ses mains, comme ainsi je vous l’ai expliqué… me rappelle que quoiqu’en peau de lapin, elle en vaut bien une autre (peau de chien ou de boucain etc…) et il est tout naturel que je me soit servi à cet effet de ce que le hasard me faisait tomber le plus souvent sur la main…
J’ai réfléchi sur cette question, et comme mon affaire a une portée sur chacun je me suis dis : oui le bonnet il me le faut et aussi blanc que celui que j’ai à ma tête sur mes photografies, que j’ai eu à mon entrée… Je pensais acheter un chapeau (pas cris [gris], car il y en a pas, peut-être, mais un des plus rapprochant, mais je me suis dit : « il faut dis-je, ne pas aller plus vite que les choses, que les profètes dans mon affaire et éviter autant que possible les aboiements de mes chiens (car je ne suis pas moi aussi, sans en avoir et faire en sorte que ceux qui ont bonne voix (petit ou gros) ne se fasse entendre qu’à l’heure des matines.
Pour cela je me suis dit : Il faudrait que mes hommes, m’achète eux-mêmes le chapeau et m’apportent la casquette que je remporterais entre les mains à l’hospice, ployée, dans un comme dans un petit colis. Mais comme cette affaire est entre les mains de Dieu avant tout, je vous averti, que je demanderai 5 minutes de solitude pour visiter mon petit colis… Faites en sorte qu’il me soit le plus facile à visiter…
Qu’il soit surtout fait pas les vautres.
Je m’emporterais avec moi que la Bible de la main droite pliyee en colis. Ma chemise est lavée, bien que celle-ci se soit un peu usé elle est encore cholide… Je n’étoierais et batrai autant qu’il me sera possible avec ma brosse de la main droite mes autres effets que je dois emporter sur moi afin de laisser près du Rhône ce que j’ai ramassé près du Rhône. Je mettrai mon antique B.[ible] ployé dans une feuille blanche dans la poche de ma veste.
Mes remèdes, livres et instruments seront remis à leur place dans la caisse en carton qui a déjà servi pour eux.
Le reste – petit sac, petite caisse pour mon accordéon que j’ai à l’instruction (au bureau) y restera rangé dans mon sac. Quant à l’acordéon j’espère lui redonner de mes nouvelles. – J’emporterais mon livret militaire et mon portefeuille que je demanderai à mon départ seulement à Mr le Juge d’Instructions en lui remettant pour joindre à mon sac la caisse du docteur…
J’ai réfléchi aussi sur les lettres qu’on m’a demandées ou photografies… Comme on dit plusieurs fois (ou ne reviendrai pas) que Comme on m’a dit plusieurs fois que je reviendrais à Belley (ou ne reviendrais pas…) je me réserve d’écrire ces lettres plus tard…
En tout cas depuis que j’ai commencé à demander régulièrement à la cantine du saucisson de Lyon je n’oubli pas de comender avant en même temps du fromage blanc et du beurre de Belley : Le beurre me représente mon pays (Beaufort) et pour le dernier jour (ou l’un des derniers) j’ai envie d’en graisser mes bottes puisqu’on m’a dit un joure que je voulais les graisser déjà (car je ne les porte que depuis une quinzaine de jours) que sur le tarif il n’y avait pas de graisse de marquée. Oui j’ai bien compris c’était pour éviter le contre coup de l’effet de l’huile de Mrs les Gons [cons]
Mais celles-ci pourvu qu’elles soit graissé c’est tout ce qu’il faut car elles aussi s’endurcissait de nouveau au bureau d’Instructions à côté du fourneau de Mr Fourquet… Je crois que
c’est tout… Agréez mes sincères salutations. Vacher. »


A reformed sergeant turned vagabond, Joseph Vacher is considered, after Martin Dumollard, as one of the very first French serial killers. Although he was convicted of only one murder, he confessed to 11 and remained suspected of being the author of about fifty particularly sadistic crimes, including the slaughter of at least twenty women and teenagers, subsequently mutilated and raped.
At the time of writing this letter, Vacher was in Belley prison (in the Ain), to be heard by the investigating judge Fouquet. Less than three months earlier, in early October 1897, he made his first confessions, promising more details in exchange for the publication of his confession letter in Le Petit Journal, Le Lyon républicain (which he read regularly), Le Progrès de Lyon, and La Croix. This provoked considerable media coverage of his crimes in the French and foreign written press. Knowing his imminent transfer to Saint Paul prison in Lyon, he writes here his instructions to Dr. Lacassagne whom he must find alongside doctors Pierret and Rebatel in charge of examining him. His case, at his trial (held in October 1898), was the subject of a lively debate on the theme of “mental health and criminal responsibility”. Dr. Lacassagne’s report highlights the degree of atrocity of the crimes of which Vacher is accused, and concludes: “Vacher is not insane; He is absolutely healed and completely responsible for the crimes he committed and confessed. He was finally sentenced to death and guillotined on the Champs-de-Mars in Bourg-en-Bresse on 31 December 1898.

Joseph Vacher’s letters in private hands are of great rarity

STENDHAL, Henri Beyle, dit (1783-1842)

Autograph letter to his sister, Pauline Périer-Lagrange
N.p, « Sunday », [13rd May 1810], 3 p. 1/4 in-4°
Autograph address on fourth page
Missing wax seal, without affecting the words, small tears on folds

Stendhal despairs to know Victorine Mounier escaping him and consoles himself in the arms of another woman


« Il paraît que je ne pourrai pas me dispenser d’aller faire un tour à Lyon. C’est un contre-temps très marqué pour les intérêts d’ambition. Pour les autres, tu sens si je puis m’affliger d’une destination qui me donne l’espoir de te revoir. Mais pendant mon absence, qui pressera ma nom[inati]on et, une fois nommé, qui sera là pour me faire employer à Paris et éviter la triste sous-préfecture ? Je serai C[ommissaire] d[es] G[uerres] de la place de Lyon, beau poste, mais accablé d’affaires pour lesquelles il faudra au moins trois ou quatre secrétaires que je ne pourrai pas engager, car au premier signe officiel que je suis nommé, je déserterai, non pas pour aller boire, mais pour me faire examiner. Mon ordre est du 8, j’aurais dû être à Lyon le 18 au plus tard. M. Charmat, mon ordonnateur, sera en colère d’avoir été chargé tout ce temps de l’ennuyeuse besogne de sous-ordre. Ce cruel-là me refusera la permission d’aller passer vingt-quatre heures à Grenoble. Voilà le plan du drame que je vais exécuter cet été. Je n’ai pas le temps de te parler de ta simple et charmante lettre. Tu ne  m’annonces que de mauvaises nouvelles et cependant, en lisant ta lettre, j’étais beaucoup plus occupé de la finesse et de la simplicité charmante que j’y trouvais, que du plat renard qui vient m’enlever ce qu’il n’appréciera pas et ce que j’aimais mieux que lui [allusion au mariage de Victorine Mounier]. J’ai pris, sans qu’il y parût, des renseignements sur l’homme. C’est l’égoïste le plus sec et le cœur le plus étroit que nous connaissions, me dit-on de toutes parts. Comment ton amie, à qui je fais la justice de ne pas la croire aveuglée par l’amour, ne voit-elle pas ce qui frappe tout le monde ?
Connais-tu quelqu’un à Lyon ? Envoie-moi une lettre de recommand[ati]on poste restante. J’y serai d’un beau sombre. Mes journées sont remplies ici par une femme, dont je ne suis pas amoureux, mais à laquelle je pense sans cesse. Depuis que je vois le départ sous mes pas, je ne puis plus lire, tant je pense à elle. Je crois qu’il ne faut qu’un peu d’absence à tout cela pour me remplir de la mélancolie la plus ridicule. Ce qui me le fait craindre, c’est que je ne l’ai pas. Je te conterai tout ça et tu te moqueras de moi ferme. Je me conduis comme un respectable membre de Lycée. Il me semble que je partirai d’ici à huit jours, par conséquent le commencement de juin me verra aux rives du Rhône, en grossissant le cours de mes larmes amères.
Ne dis pas mon voyage à Gr[enoble], même à nos parents. Il y a encore quelque possibilité de l’éviter. »


The feelings expressed here for Victorine Mounier (1783-1822) are not recent. Stendhal, who was still Henri Beyle at the time, made her acquaintance in 1806 in Grenoble, when his friend Édouard Mounier introduced him to his sister.Knowing her little, he imagines a thousand qualities and dreams of marriage. However, she remains a “disembodied” love. He wrote first to his brother, hoping that he would have his sister read the letters and then to Victorine herself, without receiving a reply. Stendhal learned, with spite, of Victorine’s marriage in 1811.
The year 1810 marked for Stendhal the beginning of his social ascent. Having been ordered to go to Lyon on May 11, 1810 but which he finally decided to ignore, he continued to frequent theaters, read, walk, and write. Appointed auditor to the Council of State on 1 August, he became inspector of furniture and buildings of the Crown in the autumn. Stendhal then frequented powerful characters and lived in the intimacy of Count Daru’s family. He bought himself a fashionable convertible, stamps with his initials, rents an apartment more in line with his new status. His social situation put an end to his financial worries and made him hope for the barony (mentioned at the beginning of the second letter), but left him dissatisfied. In need of love, he says: “This happiness of dress and money is not enough for me, I must love and be loved”.

Favorite sister of Henri Beyle, Pauline (1786-1857) had married in 1808 François-Daniel Périer-Lagrange and lived then at the castle of Thuellin near Brangues where will take place the news item at the origin of the novel Le Rouge et le noir.
Widowed at the age of 31, Pauline must have been embarrassed because her husband had mismanaged his property. She escaped with the help of her brother, who regularly paid her an annuity and bequeathed her modest possessions upon her death.

STEVENSON, Robert Louis (1850-1894)

Autograph letter signed « Robert Louis Stevenson » to Hubert Smith-Stainer
Edinburgh, [Pitlochry, 6th June 1881], 3 pp. in-8°
With autograph envelope

Long and beautiful Stevenson letter, from his native lands, evoking his difficult camps in California and the Cevennes


« Dear Sir,
I received only a few days ago your long and interesting letter.
I shall make it a point to see your book. I have since camped out in California, where things are mightily simplified by the absence of rain, but made more difficult by the rivers drying up. I recal some miseries after water to drink; and tracking with a compass through thick chapparal and chemise, did not always prove either easy or agreeable. But I was laid down with a fever, and passed some very melancholy nights, when I could not close an eye and could not tell whether I most disliked the glitter of the stars or the piercing cry of the crickets; and to have to cook one’s food became quite impossible. That fever was the beginning of a long illness from which I am still suffering; it may be many years ere I shall again be fit to go a-camping: and perhaps ere health returns, the taste may have departed. In the meantime, the very word is delightful to me to write or to read; and I still cling to the feeling, I fancy a delusion, that two or three nights under the stars would work marvels for my health.
With many thanks for your kindness in writing.
Believe me dear sir, very truly yours
Robert Louis Stevenson
P.S. You are very right in what you say. No one who has not tried it can know how much of a strain it is, to push such a journey through single handed, and to keep the hungry journal up to date. When I got to Alais, and had had a hot bath, I felt almost collapsed, though with all the pleasure of rest. »


In August 1879, Stevenson began his journey to California to join his betrothed, Fanny Osbourne, against the will of his family. He met this American painter, already married and mother of two, in Barbizon five years earlier. It is while waiting for Fanny’s divorce that the writer leads a bohemian life on the port of San Francisco, living shabbyly, according to small jobs, without ever finding a lasting one.
Stevenson’s long wanderings were the cause of his frequent illnesses and fragile health. He came close to death in March 1880, only to be saved by Fanny, who spent six weeks at his bedside. He will never get rid of this evil to which he refers in the letter “the beginning of a long illness from which [he] still suffers.” He knows he is fragile, but the intoxication of travel and adventure do not leave him. Thus he deludes himself “in thinking that two or three nights under the stars could work wonders on [his] health”.
The two lovers married on 19 May 1880 and returned to Scotland the following summer. Leading a peaceful life with his wife on his native land, Stevenson was in the summer of 1881 in the middle of writing one of his masterpieces: Treasure Island.

In a long postscript, the writer returns to this decisive episode that was for him the autumn of 1878. Between his unconditional love for Fanny Osbourne and his father’s threats to cut off her if he persists in this idea of union with a woman already married, Robert Louis who is not 28 years old and still not financially independent is plagued by doubt. He decided to go to Monastier-sur-Gazeille, in Auvergne. It is the starting point of a hike he makes in the company of a donkey, and until exhaustion. The specter of Fanny Osbourne is omnipresent. It is the main motivation of this journey during which he keeps a diary published the following year under the title Travels with a donkey in the Cévennes.

This letter, although written from his home in Edinburgh and presumably on 5 June, was sent from Pitlochry, 150 km further north, where Stevenson resided from 6 June to 2 August 1881.

SAND, George (1804-1876)

Autograph manuscript signed « G Sand » for her novel Consuelo [fragments]
[Nohant and Paris, between late 1842 and early 1843] 27 p. in-8° (13,5 x 20,5 cm)
Some stains, wetting marks and browning

Precious manuscript forming the last part of Consuelo, one of the greatest novels of the nineteenth century


The offered manuscript is composed as follows:

– Chapter 105, which constitutes the beginning of the sixteenth and last part of the novel
That is 10 p. in-8° [missing one page]
– Chapter 106
That is 10 p. in-8° [missing one and a half page]
– Conclusion
That is 7 p. in-8° [the very first lines of the conclusion are missing, that is half a page]

The missing pages mentioned above are now in a single private collection.

Consuelo was published in the Revue indépendante (co-founded by Sand) from February 1, 1842 to March 25, 1843, in 16 “parts”, representing 105 chapters (there was a numbering error by the Independent Review between chapters 19 and 29) and a conclusion.

The manuscript of the novel was taken apart already in the nineteenth century. Fragments exist at the Musée de La Châtre, the University of Ottawa Library, the Bibliothèque historique de la Ville de Paris, and private collections.
Consuelo’s manuscripts are very rarely put up for sale publicly. We note that of the Sickles collection, sold in April 1989, then that of the Cortot collection, in October 2019.

The manuscript presented is written in brown ink on the front of the sheets (often double), very full, of a first draft, fast and tight. It is punctuated by abundant erases, corrections and deletions. Some passages are added, leaving several variants with the final text.

A major work of the writer, Consuelo tells the social rise of a bohemian who will become a renowned singer and composer. The character will reveal herself by the strength of her talent in the very masculine world of musical creation, undermining the stereotypes of femininity and making the novel an avant-garde work, like its author.

RAVEL, Maurice (1875-1937)

Autograph letter signed « Maurice Ravel » to Maurice Emmanuel
[Le Belvédère, Montfort-l’Amaury (S. & O.)], « 14/10/[19]22 », 4 p. in-8°
With stamped autograph envelope (cut out in upper left margin)
Annotation “À Maurice Emmanuel” from another hand

Famous and important letter in which Ravel reacts to critics on La Valse, his first major work of the post-war period, while explaining its artistic significance


« Cher Monsieur,
En rentrant à Montfort(1), je trouve votre aimable lettre, et celle de M. Bleuzet(2). La partition que vous allez recevoir indique en effet les intentions de l’auteur. Ce sont les seules dont il faille tenir compte. Ce « poème chorégraphique » est écrit pour la scène. La 1ère en est réservée à l’opéra de Vienne, qui le donnera… quand il pourra.
Il faut croire que cette œuvre a besoin d’être éclairée par les feux de la rampe,tant elle a provoqué de commentaires étranges. Tandis que les uns y découvraient un dessein parodique, voire caricatural, d’autres y voyaient carrément une allusion tragique – fin du second Empire, étant de Wien après la guerre, etc.
Tragique, cette danse peut l’être comme toute expression – volupté, joie – poussée à l’extrême. Il ne faut y voir que ce que la musique y exprime : une progression ascendante de sonorité(3), à laquelle la scène viendra ajouter celle de la lumière et du mouvement.
Je pense que Durand a dû vous envoyer la brochure de Roland-Manuel, dans laquelle vous trouverez, mieux que je saurais vous les donner, tous les renseignements que me demande de votre part M. Bleuzet.
Veuillez croire, cher Monsieur, aux sentiments cordiaux de votre dévoué
Maurice Ravel »


[1] Ravel had just returned from Holland, where he had taken part in the festival of contemporary French music held at the Concertgebouw in Amsterdam from 27 September to 1 October.
[2] Louis Bleuzet (1871-1941), oboist, secretary of the Société des concerts du Conservatoire.
[3] In 1928, Maurice Ravel made an even more marked “upward progression of sonority” with the Bolero.

La Valse, a choreographic poem for orchestra, was composed by Ravel between 1919 and 1920 and publicly premiered on 12 December 1920 by the Concerts Lamoureux.
Its genesis, however, dates back to the year 1906. In agreement with Serge de Diaghilev, Ravel in face to compose for the ballet an Apotheosis of the waltz in homage to Johann Strauss. The First World War, however, forced him to postpone his projects and changed the composer’s initial ambitions. The romantic and sumptuous evocation of the Viennese court of the nineteenth century, so well represented by the Waltzes of Johann Strauss II, is replaced by the image of a decadent world.
Ravel composed La Valse fiercely, as an outlet, and completed it in less than five months, knowingly disfiguring the Viennese waltz while depicting a “fantastic and fatal whirlwind”. Refused by the Ballets Russes in 1920 during a first audition that marked the definitive break between Ravel and Diaghilev, and despite mixed reviews, the work was nevertheless a huge success at the concert and was finally adapted for the theater, in 1929, for the ballets of Ida Rubinstein.

La Valse bears the reference M.72 in the catalogue of the composer’s works drawn up by the musicologist Marcel Marnat.

POTOCKI, Jean (1761-1815)

Autograph letter signed « Jean Potocki » to Firmin Didot
Tulczyn in Polody [Russian province after the Second Partition of Poland in 1793] , 1st December [1810], 1 1/4 p. in-4°
Autograph note by Firmin Didot upper margin : « Reçue le 11 avril 1811 / répondue le 16 avril, 1811 »
Slight browning and tiny spots

Remarkable letter in which Jean Potocki sends his last works to his printer, while reminding him of his concern for accuracy prior to their publication


« Monsieur,
J’ai eu l’honneur de vous adresser de Petersbourg un exemplaire de mon Atlas Archéologique. Je vous en enverai un second fait avec plus de soin. Je seroi charmé que cet ouvrage fut connu en France.
Je vous envoye maintenant un exemplaire corrigé de mes principes de Chronologie. Je vous prie de le comuniquer à Messieurs de l’institut qui doivent avoir recu de moi quatre exemplaires que je n’avois pas eu le tems de corriger(1). Quant à la mise au jour de cet ecrit (qui est plustot un cahier qu’un volume), je l’ai confiée à Mr Gide(2) qui etant dans le commerce de la librairie peut etre connu de vous. Je lui ai beaucoup recommande d’employer quelque savant à cette édition, car vous jugez bien que de telles choses ne peuvent etre corrigées par un Prot. Si vous vouliez y donner quelques soins je vous en aurois une obligation extreme.
Je m’aper[ç]ois tout les jours qu’il est difficile de voir clair dans les sciences quand on est aussi loin du foyer des lumieres. Et ce foyer est là ou vous etes. Mais tout est compensé, car nous avons ici tout le tems de la meditation, qui est le veritable element des conceptions.
Ou en est on chez vous, pour l’inscription de Rosete. Je me propose d’envoyer à l’institut un travail sur la partie coptique(3).
Veuillez bien ne pas interrompre la correspondance que vous aves bien voulu commencer avec moi, et adresses vos lettres au Consul General.
Agreez les assurances de mon estime
Le Comte Jean Potocki
Ce 1. Decembre
A Tulczyn
dans le gouvernement de Podolie »

 

[1] On August 17, 1810, Potocki had sent his Principes de chronologie pour les temps antérieurs aux Olympiades to the Institute of France: “I have the honor to send you the result of my research on the ancient Chronology […] I am convinced that, through the errors of the writing, your indulgence will easily unravel the obvious marks of obstinate work” (letter now preserved by the Österreichische National Bib. In Vienna).
[2] Théophile Étienne Gide (1768-1837), printer. In 1813 and 1814 he edited fragments of The Manuscript found in Saragossa.
[3] The Rosetta Stone was discovered in 1799. His work on the “coptic part” has not been found.

An eclectic character, whose talent is not limited to literary qualities, Potocki’s many travels have made him a historian, archaeologist, geopolitical scientist, ethnologist and linguist. Two works crown his genius: L’Atlas archéologique de la Russie européenne (1797-1805) and The Manuscript found in Saragossa (several French versions between 1797 and 1811, two partial sets of non-commercial cupboards printed in St. Petersburg in 1804-1805, two partial versions published in Paris in 1813 and 1814).
The Atlas, which we are talking about here, is similar to what we now call a historical atlas, that is, the historical and geopolitical evolution of a geographical area through maps. Its author sees this project as an ultimate goal

Jean Potocki : chronograph
The chronology of antiquity appears as a logical continuation of his research as a historian of antiquity and his scholarly readings. To find his way around, Jean Potocki needs to deal with synchrony: these are his “cyclographic maps”, and diachrony: it will be his “chronologies”, which will constitute the essence of his research, once installed in his studious and solitary retreat of Uladowka. It is from 1803 that he undertakes a new work on the chronology of ancient periods: Principes de chronologie pour les temps antérieurs aux Olympiades (six volumes published from 1813 to 1815) which is also mentioned in this letter.


We attach:

A long autograph [draft] letter from Firmin Didot to Jean Potocki, who crossed that of the latter (supra), sent six weeks earlier
Paris, 30 January 1811 – 2 p. in-12°, in very tight writing

“Your research is very luminous and in general throws a great light on history”

« […] Vous m’avez fait l’honneur de m’adresser ainsi que le rouleau qui l’accompagnoit et qui renfermoit la 2eme edition de Votre Atlas historique […] Votre Atlas e[s]t intéressant la Carte m’en paroit bien faite, et quelque jours nous la ferons graver à la suite de plusieurs de vos ouvrages, tels que l’histoire ancienne de Podolie, celle de Wolhynie et en general de tout ce que vous avez ecrit sur l’ancienne histoire de la Russie, qui n’est pas assez connue ici. Vos recherches sont très lumineuses et en général jettent un grand jour sur l’histoire […] Didot then raises small historical objections to the Principles of Chronology of his correspondent, thus testifying to the publisher’s devoted attachment to the writer’s work.

Is it necessary to recall the utmost rarity of Jean Potocki’s autograph letters?
Of the 199 letters recorded in the correspondence, only three are in private hands, including this one.

PISSARRO, Camille (1830-1903)

Autograph letter signed « C. Pissarro » to Théo Van Rysselberghe
[Bruges, Hôtel du] Singe d’Or, 3rd July [18]94, 2 p. in-8°

Nice letter from Pissarro to his friend Van Rysselberghe, in the early hours of his exile in Belgium
The master takes the opportunity to do some scouting of the surroundings before getting to work


« Mon cher Théo
Deux mots pour vous demander des nouvelles de votre santé et celle de Madame Van Rysselberghe. J’espère que l’effet des terribles méduses n’aura pas de suite ; ma femme est
partie ce matin avec [notre fils] Félix.
J’avais presque envie de ne pas le laisser accompagner ma femme tellement il est fatigué des suites du bain, j’espère que cela se passera vite, c’est l’estomac qui est affecté.
Cela vous a-t-il fait le même effet.
Je viens de parcourir les environs pour me faire la main et l’œil, j’ai trouvé des choses charmantes, aussitôt que Félix sera ici nous allons nous mettre sérieusement à l’œuvre.
J’ai encore dans l’oreille le bruit des vagues et la couleur de la mer dans l’œil vous avez dû avoir de beaux effets hier soir.
Nous sommes arrivés juste au moment où une trombe s’est abattue sur Bruges, vous avez dû en jouir dans votre vigie.
Ma femme m’a bien recommandé de vous écrire combien elle avait été sensible de toute l’attention que vous avez pour nous et m’a prié de vous souhaiter le bonjour, moi et Félix bien entendu nous y joignons en cœur.
Poignée de main mon cher ami, et nouvelles sans tarder n’est-ce pas ?
De cœur
C. Pissarro »


His sympathies for anarchist and libertarian ideas forced Pissarro to take refuge in Belgium, following the assassination of President Sadi Carnot a week earlier, on June 25. He was wanted by the police like other non-violent anarchists.
Theo Van Rysselberghe, one of the leading figures of Divisionism, was also committed to the same ideas. Pissarro found in him a point of support during his Belgian exile, thus strengthening their friendship. He was joined by Van Rysselberghe in Bruges a few days later, as Pissarro testified in a letter to his wife on 6 July.

Pissarro mentions Felix, his third son, a painter like him, who regularly accompanied him to his workplace. He died prematurely in London three years later at the age of 23.

MAO, Zedong (1893-1976)

First edition of the Little Red Book, in first condition, with the superfluous typo on a character (corrected in the next edition)
[Beijing], Zhong guo ren min jie fang jün zong zheng zhi bu bian zhun. [General Policy Department of the People’s Liberation Army], [May 1964], 250 p in-16, (13.8 x 10 cm).
Paperback under white cover with its red vinyl cover incised with the title cold.
Heliograved portrait of Mao, a foreword by General Lin Biao in facsimile, 2 pages of preface and 2 pages of table
Some dirt on the inner cover; few spots

First edition of The Little Red Book


First print (slightly larger than later reprints) with the additional brushstroke to Lin Biao’s facsimile folio and including all the characteristics of Lei Han.
Handwritten mention in Chinese on the title in blue ink giving the date of the 1964 edition, as well as a red ink stamp of Gao Xing Zhong. The edition, with a print run of between 50,000 and 60,000 copies, contains the most important quotations from Mao’s thought in thirty chapters.
This book was not intended for sale. It was to serve as a guide for all members of the army. The copies with the red vinyl cover were intended for regular troops. At the time of the Cultural Revolution of August 1966, this red cover became the symbol of the People’s Republic of China and all copies were then covered with it.
A member of the Red Army, Commander-in-Chief of Chinese forces during the Korean War and then appointed Minister of Defence in 1959, Lin Biao was China’s most important man after Mao. Lin Biao was at the origin of this work and wrote a facsimile leaflet with three sentences from the diary of the hero of the Revolution Lei Feng: “Read Mao’s books, follow his teaching and act according to his orders”. Rumors of a plot to assassinate Mao by Lin Biao forced him to flee China. His plane was bombed over Mongolia on September 12, 1971. After this date, every citizen possessing the Little Red Book was asked to remove from their copy this folio and the preface mentioning the name of the traitor. These pages were never reprinted again.
Copy enriched with an ex-dono leaflet pasted on the guard (Youth Department of the People’s Army of China and dated June 1964) and a pink loose leaflet, slipped into the cover, of political recommendations of the revolutionary committee of the Kong steel factory.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed « Al. de Lamartine » to Stéphanie de Virieu
Paris, 14th April 1841, 3 p. 1/2 in-8° on laid paper

Lamartine mourns the death of his childhood friend Aymon de Virieu


« Hélas ! Je savais notre perte affreuse depuis deux jours. Que puis-je vous dire que vous n’ayez pas présumé de moi, en le sentant par vous-même ? N’était-il pas aussi mon frère, et plus que bien des frères. Je perds en lui autant que vous-même, tout le passé, tout ce qui me restait d’affection, de jeunesse dans ma vie. Je n’ai plus d’ami que dans mes souvenirs et dans le ciel.
Ce que M. de Miramon [beau-frère de Virieu] et vous me dites de ses derniers moments est consolant pour ceux qui croient fermement comme nous à la réunion dans l’éternité. Mourir avec cette pensée rendue sensible et présente dans la prière et dans une foi ce n’est presque pas mourir, ce n’est que partir le premier. Il l’a eue, et j’en suis heureux comme vous. C’est aussi cette pensée qui nous soutiendra dans notre reste de chemin bien morne et bien solitaire.
Quand Mme de Virieu pourra entendre un mot venant du dehors, je vous prierai de lui parler de moi et de mon dévouement absolu aux souvenirs, aux désirs, aux affection que notre ami a laissés autour d’elle et en elle sur cette terre. Mon seul bonheur sera de lui témoigner en eux qu’il a un frère ici-bas.
Adieu, Mademoiselle. Vous avez été longtemps le témoin d’une amitié qui ne finit pas par la mort de l’un des deux amis, soyez assez bonne pour ne pas en laisser effacer en vous toutes les traces et pour permettre que je les retrouve toujours dans le cœur et quelques fois dans le souvenir des deux personnes qu’il aima le plus, Mme de Virieu et vous.
Al. de Lamartine »


Aymon de Virieu (1788-1841) was undoubtedly Lamartine’s favorite friend. This affection was expressed by the romantic poet in several letters: in 1808 “I love you with all my soul and I am for life your most tender and sincere friend”, in 1839-1940 “Everything is indifferent to me, except us”; “I love you more and more as the emptiness is around the heart.”
The sudden death of his friend, which occurred on April 7, upset the writer. Virieu, who had always recognized in Lamartine one of the geniuses of romanticism, was his confidant. The poet gave him his thoughts, his ambitions and asked his opinion for essential decisions or his literary essays.
Lamartine spoke very little of his friend’s disappearance, except in this letter, the only straightforward testimony to his sadness.
This letter was preserved by Lamartine for his archives. We know the letter sent to Stéphanie de Virieu (whose address of the addressee and the postmark appear on the fourth page) published in the general correspondence. There is no variation between the two texts.

LACLOS (de), Pierre Choderlos (1741-1803)

Autograph letter signed « P. Choderlos Laclos » to Nicolas de Condorcet
Paris, 16th June 1793, 2e [an 2] de la République, 1 p 1/4 in-4°
Autograph address on fourth page
Some stains, old wetting marks, brownings

In the midst of the Revolutionary tumult, the author of Dangerous Liaisons requests a meeting with Condorcet in order to deny a slander against him


« Le citoyen Alquier, en me chargeant de vous remettre, Citoyen, la lettre que j’ai laissée chez vous aujourd’hui, m’avait fait espérer que vous voudriez bien me recevoir et m’entendre. Votre séjour habituel à Auteuil, où les circonstances m’empêchent d’aller vous chercher, me force de commettre une sorte d’indiscrétion, en réclamant de vous un rendez-vous dans votre maison de Paris, comme le seul moyen, de tenir la promesse que vous avez bien voulu faire au Citoyen Alquier. Je me reproche, jusqu’à un certain point, d’abuser ainsi de votre temps ; mais quelque mépris que m’ait donné pour les calomnies, en général, la longue habitude d’être calomnié, vous concevrez aisément que je cesse d’en juger ainsi quand on parvient à les faire répéter par des personnes telles que vous. Je vous prie instamment de me faire savoir le jour et l’heure où vous pensez me recevoir ; j’enverrai demain matin, chez vous, chercher la réponse que je vous demande en grâce d’y laisser.
P. Choderlos Laclos »


We attach:

The autograph letter signed by Charles Alquier to Condorcet (sent the day before), offering his intermediary to establish an appointment between the two interested parties
S.l, « Ce 15 » [June 1793], 1 p. grand in-8°

« Je pars pour Versailles, mon cher collègue […] j’ai à mon tour un bon office à vous demander, et vous êtes vous-même intéressé à ne pas refuser, puisque je vous offre l’occasion de réparer une erreur, et que vous n’êtes pas destiné à en commettre. Je vous ai parlé de Mr de Laclos qui est mon ami depuis quinze ans, je ne lui ai pas caché que vous aviez quelques préventions contre lui, et comme je m’y attendois, il offre de les détruire : je vous prie donc de recevoir et d’entendre Mr de Laclos, et je vous remercie d’avance du bonheur que j’aurai à vous entendre dire du bien de mon ami lorsque vous l’aurez connu. Ce 15. Alquier »


Interned on 2 April 1793 in the prison de l’Abbaye on arrest warrant from the Comité de sûreté because suspected of being Orleanist, Laclos obtained a relative release (he will undergo his captivity at his home) on 10th of May. This release seems to have been thanks to the intervention of his friend Alquier, a member of the Committee.
The relationship between Laclos and Condorcet, both from from Picardie (north of France), goes back to 1785, but especially since 1789 at the Club des Jacobins. Their relations, however, remained purely formal, as our letter shows. It was following “slanders” against him, unspecified but which Condorcet had seemed to approve, that Laclos, through his friend Alquier, requested an appointment with the mathematician.
Having only a day parole, Laclos could not go to Auteuil. It can be assumed that the interview took place between the two men – which remains conjectural – and had no other consequence, because both were suspicious and threatened.

Autograph letters signed from Laclos are exceedingly rare

KAHLO, Frida (1907-1954)

Autograph statement signed « Frida Kahlo »
Mexico, 2nd August 1947, 1/2 p. in-4°, with autograph envelope

Rare statement by Frida Kahlo, certifying five of her ink drawings for a friend


Translation:

“To whom it may concern:
The drawings that Mr. Arthur Sidon and the persons accompanying him are originals of mine, and are gifts that I have made to them, so they are free of [customs] duties. (There are five, in ink).
Frida Kahlo »

Original text:

“A quien corresponda:
Los dibujos que llevan en su poder los S[eño]res Arthur Sidon son originales míos, y son un obsequio que yo les hago, así que están excentos [sic] de derechos. (Son cinco, a la tinta).
Frida Kahlo”

Frida adds on the envelope (on the back of which her name is printed in full letters on the flap)

« Sr Arturo Sidon
Presente
De parte de Frida Kahlo »


This statement was likely intended to facilitate the crossing of the border between Mexico and the United States. Indeed, if the envelope (for the attention of her friend) indicates “Arturo”, Frida Americanizes the name of the latter on the document.
The artist had, in that same year, made one of her most famous works: Self-portrait with loose hair

It should be noted that a tiny proportion of the artist’s writings bear her complete signature “Frida Kahlo”, the latter having signed most of her letters “Frida”.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph draft of a poem fragment
N.p.n.d, [Guernesey, c. 1854], 1 p. in-12° on thin blue paper
Irregular left margin (see scan)

Precious first drat manuscript containing three stanzas of the poem Tout le passé et tout l‘avenir, published in La Légende des siècles


[We transcribe the fragment of the poem as published in 1877]

« Ils bravent l’océan plein de magnificence
Où flottent le mystère et la toute-puissance ;
Ils souillent le gouffre irrité ;
Sans prendre garde au vent qui s’épuise en huées,
Ils lèvent leur bannière au milieu des nuées,
Ces drapeaux de l’immensité !

Ils ont pour dieux la force et la ruse aux yeux louches ;
Ils font chanter des chants aux trompettes farouches
Dont nous, esprits, nous frissonnons,
Et rouler, balafrant la nature sacrée,
Sur les champs, sur les blés, sur les fleurs que Dieu crée
La roue horrible des canons.

Les générations meurent pour leur caprice.
Ils disent au tombeau : Prends l’homme et qu’il périsse !
Ô nains, pires que les géants !
Ils ouvrent cette nuit que nul rayon ne perce ;
Ils y font brusquement tomber à la renverse
Les pâles cadavres béants ! »


Written intermittently between 1855 and 1876, the poems of La Légende des siècles were published in three volumes during 1859, 1877 and 1883. Hugo contemplates the wall of centuries on which all the scenes of the past, present and future are drawn and mingled, and where the long procession of humanity parades. Carried by a poetic talent considered as unparalleled where all the art of Hugo is summed up, this collection, the “only possible modern epic” for Baudelaire, is a summit of French poetry.

Our manuscript shows important variations with the poem published in 1877 in the Nouvelle série de La Légende des Siècles, it has 106 stanzas in its final version.

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Autograph letter signed « Edmond de Goncourt » to a lady
N.p, 5 7bre [September] [18]93, 2 p. in-8°

Goncourt provokes the wrath of Madame Daudet and dreams of Sarah Bernhardt for the title role of her next play Faustin


« Chère Madame,
Je vous écris sous un sentiment de tristesse. Blanche [Blanche Passy, amie d’enfance de son frère Jules] est en train à grands coups de marteau, de fermer ses caisses qui rempliront un wagon, et le départ de cette pauvre folle que j’ai vue gamine me remplit d’ennui. Et je sens par ce départ la maison qui se décolle. Il y a une remplaçante dont au bout de huit jours Pélagie [Pélagie Denis, sa nouvelle domestique] est déjà fatiguée, écœurée…
J’ai passé cinq semaines chez les Daudet qui ont été toujours très charmants, mais à mon retour j’ai reçu une lettre légèrement furibonde de Mme Daudet, à propos d’une interview du Figaro où j’avais dit que l’homme de lettres devait rester célibataire ; enfin le courroux de mon amie s’est un peu calmé.
Je pars demain pour [le château de] Jean d’Heurs, avec le désir d’en être revenu, et de me trouver en octobre.
Je n’ai pas eu de crises depuis mon retour […] j’ai travaillé beaucoup et sur les huit tableaux que doit avoir la Faustin [La Faustin-pièce, qu’il écrivit à l’été 1893], j’en ai fait six.
Ah si vraiment j’avais pour interprète Sarah Bernhardt, il y a un beau rôle pour elle !
Donnez-moi ces jours-ci des nouvelles…
Votre bien affectionné
Edmond de Goncourt »

We attach:
N.p.n.d [Paris, c. 18th July 1896], 2 p. in-12°

An autograph letter signed by Gustave Geoffroy to Léon Hénnique, written in the days following the death of Edmond de Goncourt

« Cher ami,
Vous avez très bien fait de m’envoyer au cimetière. [Eugène] Carrière m’a accompagné.
Nous avons fait réunir les restes du père et de la mère, le cercueil de Jules est resté intact, et il y a donc maintenant, sans creusement nouveau, une place pour Edmond de Goncourt. L’inhumation est fixée à mercredi 5 août 8h du matin. Mais d’ailleurs le marbrier doit vous voir. J’écris à Daudet et à [Gustave] Toudouze en même temps qu’à vous. Je crois nécessaire que vous vous entendiez avec Daudet pour régler les invitations à la famille et aux amis.
Si vous avez besoin de moi, un mot, et je passerai chez vous, ou ailleurs, demain dimanche, le soir.
Affectueusement votre
Gustave Geoffroy
Toudouze était bien 40, rue de Petersbourg ? Si je me trompe, écrivez-lui ou voyez-le. »


Goncourt began writing Faustin in the summer of 1893. He seems satisfied with his piece, as evidenced by a letter to Daudet at the beginning of September: I really believe the original piece.” He finished writing on 28 September, exhausted and ill. Still to Daudet, he confides “On the 8th painting of the Faustin which was only draft, and that I finished anyway, I write to you by putting away my papers that in case of misfortune I will ask you to finish”.

“There’s a great role for her!”
Goncourt offered the role to Sarah Bernhardt on 17 October. Then begin the alternating troubles, difficulties and disappointments that are the lot of all theatrical projects, and which will last until the death of the writer, leaving in suspense this Faustin that will never be performed, to his great despair.
The play was not published until 1910 in the Revue de Paris by Léon Hennique, president of the Académie Goncourt.

The writer died of a rapid pulmonary embolism in Draveil in the villa of his friend Alphonse Daudet. He is buried next to his younger brother Jules in Paris, in the cemetery of Montmartre. Attending his funeral were Montesquiou, Barrès, Poincaré, Clemenceau, Tristan Bernard, François Coppée, Heredia, Catulle Mendès, Schwob, Jourdain, Princess Mathilde, among others. Emile Zola delivers his funeral oration.

GIACOMETTI, Alberto (1901-1966)

Autograph letter signed « Alberto Giacometti » to David Thompson
Paris, 2th August 1956, 3 p. in-8°

Fascinating and immersive letter of the master, at the heart of the creation of his masterpieces


« Cher Monsieur Thompson
Je vous remercie votre très gentille lettre et pardonnez-moi de n’avoir pas répondu plus vite, je n’ai pas encore envoyé la petite tête parce qu’elle était exposée à Berne, maintenant elle est de retour et je vais la donner à Foisset pour vous l’envoyer donc vous pouvez être sûr de la recevoir.
Je veux toujours faire les deux grandes sculptures et cela j’espère encore pendant cet hiver.
J’ai commencé plusieurs sculptures que je vais travailler pendant les prochains mois et celles-ci devraient me rendre possible de faire les grandes. A cause de la sculpture je suis obligé de négliger la peinture et le dessin pour le moment, donc je ne veux pas penser à faire en même temps des peintures pour votre nouvelle salle mais je vous dirai quand j’aurai des nouvelles peintures.
Pour le moment la seule chose qui compte pour moi c’est d’arriver à faire les sculptures que j’ai commencées.
C’est plus difficile que jamais et le temps passe trop vite et je ne suis pas encore prêt pour le voyage de Pittsburgh mais peut-être que cela sera-t-il possible un jour. Je vous écrirai dès que j’aurai quelque chose de nouveau.
J’envoie à madame Thompson et à vous même aussi de la part d’Annette toutes mes affectueuses salutations
Alberto Giacometti »


If the year 1956 was exhausting work for Giacometti, this letter makes it possible to take the full measure. Many projects marked the season, such as the Venice Biennale (of which Giacometti was the representative for the France), or the Kunsthalle Bern during which he exhibited, among others, Grande figure [high base]. On the sidelines of this one and still in 1956, the artist is also solicited by the Chase Manhattan Bank for a monument project. He also met Isaku Yanaihara, who served as a model for both painting and sculpture, to the point of obsession.
That year, Giacometti modeled Figure féminine debout, which he molded in clay in various versions. Ten of them, made between January and May, were exhibited in the French pavilion at the 1956 Venice Biennale, entitled Les Femmes de Venise, although some were shown for the first time in Bern the same year, nine of which were later cast in bronze (now at the Fondation Beyeler).
David Thompson (1899-1965), American engineer, made his fortune in finance during the Great Depression. An avid admirer and very good client of Giacometti, his collection of modern art also included works by Paul Klee, Jean Dubuffet, Joan Miró and Henry Moore.

GAUGUIN, Paul (1848-1903)

Autograph letter signed « Paul Gauguin » to a collector
N.p.n.d [Paris, 1st or 2nd November 1893], 1 p. 1/2 in-8°
Some tiny spots, ink stain

Back from his first trip to Tahiti, Gauguin launches his exhibition at the Durand-Ruel gallery


« Monsieur, J’ai reçu aujourd’hui la visite de monsieur Thaülow [Fritz Thaulow his step-brother] qui m’a remis une carte de vous. Vous voudriez – dit-il voir mon exposition avant la lettre. Cela devient assez difficile parce que je dois les porter [his paintings] mardi chez Durand-Ruel et cette fin de semaine je ne suis pas certain d’être à la maison. Mais lundi je serai toute la journée chez moi 8 rue de la Grande Chaumière – L’exposition ouvrira le 9. Agréez monsieur l’assurance de mes sentiments distingués.
Paul Gauguin. »


After two years of a bohemian life and passionate work in the Pacific islands, Gauguin returned to France and arrived in Marseille on August 4, 1893. The artist is penniless. Wishing to organize an exhibition of his Tahitian works as soon as possible, he will then play his relations, especially with Degas, whose support will allow him to exhibit at the Durand-Ruel, rue Lafitte, for a month. The opening is scheduled for November 4.
Gauguin struggles but already imagines a great success, money flowing, and the protection of a Parisian merchant; His Tahitian works are sublime. However, he made a big mistake, setting the prices of his works himself at too high sums – between 2 and 3000 francs, or nearly ten times the prices charged before his departure – claiming then to increase his rating.
The opening is postponed to November 9 and the whole Paris of the arts is invited: journalists, dealers, critics, collectors, writers, and the painters Pissarro, Monet, Renoir and of course Degas.
Gauguin exhibited a total of forty-four paintings including La Orana Maria (Ave Maria), Manao tupapau (The Spirit Watches), Metua rahi no Tehamana (My Ancestors of Tehamana), or Nafea faaipoipo (When do you get married?), which remain among his most famous works.

He is anxious and plays big. On the evening of the opening, the Durand-Ruel gallery is full but Gauguin quickly understands that the game is lost and that he will sell nothing, or almost nothing. Charles Morice recounts: “In the vast gallery where his painted vision blazed on the walls, he looked at the public, he listened. Soon he had no doubt: we did not understand. It was the definitive separation between Paris and him, all his great projects were ruined, and, wound perhaps for this proud, the cruelest of all, he had to admit to himself that he had badly combined his plans. »
Misunderstanding and too high prices, the exhibition at Durand-Ruel is a financial disaster. Only eight paintings are sold. The press was nevertheless generally very enthusiastic about the painter’s work: Mallarmé, Cardon, Darien and Mirbeau were unanimous, hailing the work of a great master.

Eighteen months later, Gauguin left for his second and last trip to the Pacific…

We attach :
The facsimile of the exhibition catalogue at Durand-Ruel, with the preface by Charles Morice and the list of works
1 vol. (13.8 x 21.2 cm), half leather burgundy with corners, nerved spine, golden title letters.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph poem signed « Paul Eluard »
N.p.n.d, 2 p. in-folio on thin green paper
Some slight browning on margins
Bespoke framing

Complete manuscript of one of the four poems published in Facile, a masterpiece of surrealism testifying to the artistic “ménage à trois” between Paul Éluard, his wife Nusch and Man Ray

From the Christian Genet collection


A LA FIN DE L’ANNÉE, DE JOUR EN JOUR PLUS BAS, IL ENFOUIT SA CHALEUR COMME UNE GRAINE.

« I
Nous avançons toujours
Un fleuve plus épais qu’une grasse prairie
Nous vivons d’un seul jet
Nous sommes du bon port

Le bois qui va sur l’eau l’arbre qui file droit
Tout marché de raison bâclé conclu s’oublie
Où nous arrêterons-nous
Notre poids immobile creuse notre chemin

Au loin les fleurs fanées des vacances d’autrui
Un rien de paysage suffisant
Les prisons de la liberté s’effacent
Nous avons à jamais
Laissé derrière nous l’espoir qui se consume
Dans une ville pétrie de chair et de misère
De tyrannie

La paupière du soleil s’abaisse sur ton visage
Un rideau doux comme ta peau
Une aile salubre une végétation
Plus transparente que la lune du matin

Nos baisers et nos mains au niveau de nous-mêmes
Tout au-delà ruiné
La jeunesse en amande se dénude et rêve
L’herbe se relève en sourdine
Sur d’innocentes nappes de petite terre
Premier dernière ardoise et craie
Fer et rouille seul à seule
Enlacés au rayon debout
Qui va comme un aveu
Écorce et source redressée
L’un à l’autre dans le présent
Toute brume chassée
Deux autour de leur ardeur
Joints par des lieues et des années

Notre ombre n’éteint pas le feu
Nous nous perpétuons. »

« II
Au-dessous des sommets
Nos yeux ferment les fenêtres
Nous ne craignons pas la paix de l’hiver

Les quatre murs éteints par notre intimité
Quatre murs sur la terre
Le plancher le plafond
Sont des cibles faciles et rompues
À ton image alerte que j’ai dispersée
Et qui m’est toujours revenue

Un monotone abri
Un décor de partout

Mais c’est ici qu’en ce moment
Commencent et finissent nos voyages
Les meilleures folies
C’est ici que nous défendons notre vie
Que nous cherchons le monde

Un pic écervelé aux nuages fuyants au sourire éternel
Dans leurs cages les lacs au fond des trous la pluie
Le vent sa longue langue et les anneaux de la fraîcheur
La verdure et la chair des femmes au printemps
La plus belle est un baume elle incline au repos
Dans des jardins tout neufs amortis d’ombres tendres
Leur mère est une feuille
Luisante et nue comme un linge mouillé

Les plaines et les toits de neige et les tropiques luxueux
Les façons d’être du ciel changeant
Au fil des chevelures
Et toujours un seul couple uni par un seul vêtement
Par le même désir
Couché aux pieds de son reflet

Un couple illimité.
Paul Eluard »

This poem, entitled À la fin de l’année, de jour en jour plus bas, il enfouit sa chaleur comme une graine, 66 lines long and in two parts, appears between L’Entente and Facile et bien.

An icon art book first published on October 24, 1935 by printer-publisher Guy Levis Mano, Easy was printed in 24 copies on Imperial Japan paper. This was followed by 200 non-commercial copies on vellum and a limited edition of 1250 copies.
Born from an artistic collaboration between Man Ray, Paul Eluard and his wife Nusch, the book magnifies the body of the latter by the word of the poet and the light of the photographer. After his collection Au default du silence, in which Gala was omnipresent, Éluard composed these four poems evoking Nusch, echoed, by a subtle set of layout, twelve photographs by Man Ray representing Nusch completely naked. His body never appears in its entirety according to a process specific to the Man-Light. The book contributed to the awakening of eroticism in the art of the 30s.

About Facile, Pierre Emmanuel writes in Le Je universel chez Paul Éluard (G.L.M, 1948): “Identical to oneself in its inexhaustible creation of self, woman is also like the sign or, better: the condition of the identity of all things. It would be necessary to quote almost entirely some of Facile‘s poems to give the right idea of the “understanding” that is established between feminine eroticism and the fertilizing energies of the earth – between the gestures of the woman and the movements of the human destiny… »

The handwritten poems of this collection, one of the most emblematic of the poet, are rare.

[EINSTEIN] BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph letter signed « Henri Bergson » to Jean Becquerel
Paris, 24 Sept[ember] 1922, 16 pages in-8° with envelope
Some typographic pencil notes

A highly significant letter, partly unpublished, on the issues and interpretation of the theory of relativity – This intervention of the philosopher continues up to this day to create multiple controversies


We transcribe here only a few fragments of this letter which, although known in its substance, has remained unpublished to this day

« Monsieur et cher collègue,
J’ai bien tardé à répondre à la lettre, si intéressante et si importante, que vous avez bien voulu m’adresser. C’est qu’elle est allée me chercher de divers côtés, et m’a atteint en Suisse, à un moment où j’étais pris, à Genève, par le travail de « Coopération intellectuelle » qui nous avait été confié par la Société des nations. Me voici de retour à Paris ; je profite de mes premiers instants de liberté pour vous écrire. Le passage essentiel de votre lettre est naturellement celui qui concerne le voyage en boulet. Laissez-moi reprendre ce que j’ai dit dans mon livre [Durée et simultanéité, paru à l’été 1922] en y joignant quelques explications complémentaires.
Il y a d’abord deux remarques importantes à faire.
Si l’on se place en dehors de la Théorie de la Relativité, on conçoit un mouvement absolu et, par là même, une immobilité absolue ; il y aura dans l’univers des systèmes réellement immobiles. Mais, si l’on pose que tout mouvement est relatif, que devient l’immobilité ? Ce sera l’état du système de référence, je veux dire du système où le physicien se suppose placé, à l’intérieur duquel il se voit prenant des mesures et auquel il rapporte tous les points de l’univers. […]
2° Si l’on se place en dehors de la Théorie de la Relativité, on conçoit très bien un personnage Pierre absolument immobile au point A, à côté d’un canon absolument immobile ; on conçoit aussi un personnage Paul, intérieur à un boulet qui est lancé loin de Pierre, se mouvant en ligne droite d’un mouvement uniforme absolu vers le point B et revenant ensuite, en ligne droite et d’un mouvement uniforme absolu encore, au point A. Mais du point de vue de la Théorie de la Relativité, il n’y a plus de mouvement absolu ni d’immobilité absolue […] Paul une fois lancé dans l’espace n’est plus qu’une représentation de l’esprit, une image — ce que j’ai appelé un « fantôme » ou encore une « marionnette vide ». C’est ce Paul en route (ni vivant ni conscient, n’existant plus que comme image) qui est dans un Temps plus lent que celui de Pierre. […] Le Paul qui sort du boulet au retour du voyage, le Paul qui fait de nouveau partie alors du système de Pierre, est quelque chose comme un personnage qui sortirait, en chair et en os, de la toile où il était représenté en peinture : c’était à la peinture et non pas au personnage, c’était à Paul référé et non pas à Paul référant, que s’appliquaient les raisonnements et les calculs de Pierre pendant que Paul était en voyage. […] Je ne voudrais pas clore sans saisir l’occasion qui s’offre à moi de vous dire combien m’a intéressé et instruit votre beau livre sur « Le principe de relativité » et la « Théorie de la gravitation » , – livre indispensable à tous ceux qui ont le souci d’approfondir la théorie d’Einstein. Veuillez, Monsieur et cher collègue, agréer l’expression de mes sentiments les plus distingués et dévoués
H. Bergson »


In publishing Durée et simultanéité (published by Alcan in the summer of 1922), Bergson was taking a risk that he probably did not measure himself. The purpose of this essay was to discuss the philosophical issues of the theory of relativity. The criticism of his scientific colleagues was not long in coming. Those of Einstein in the first place, deploring the “blunders” or “dumplings” of the philosopher. In France, it was Jean Becquerel who opened fire with a letter addressed directly to the author, and of which this document constitutes the reply.
At the time, Becquerel held a chair of applied physics at the Museum of Natural History. He wrote a textbook entitled Le Principe de relativité et la théorie de la gravitation (Gauthier-Villars, 1922), which made him one of the first introducers of Einsteinian theory in the French context. Two sources give an idea of the content of Becrerel’s letter: his article published the following year (“Critique de l’ouvrage durée et Simultaneity de M. Bergson”, Bulletin scientifique des étudiants de Paris, 10 (2), March-April 1923), and the extract given by Bergson himself in the first of three appendices added to the 1923 edition of Durée et simultanéité – appendix which also contains, with a few lines, the entirety of his answer. Bergson then chose to preserve the anonymity of his correspondent in order to avoid giving the impression of a “polemic” (according to the interview of December 30, 1923 with Jacques Chevalier). He merely evokes “a letter, very interesting, which was addressed to us by a most distinguished physicist.”
The discussion crystallizes on a specific point: the interpretation of the slowdown of moving clocks predicted by the theory. The famous “twin paradox” attributed to Paul Langevin provides a pictorial version of the problem, as part of a Jules Verne-style narrative: an astronaut (here “Paul”), embarked on a “ball journey”, would find himself, on his return, younger than his twin brother who remained on Earth (here, “Pierre”), as if time had passed less quickly for him! In his letter, Becquerel insists on the fact that the theory of relativity speaks of time actually measured on both sides by observers in relative motion. Bergson repeats, by clarifying it, the argument developed in his book, namely that the differences relate less to real times than to fictitious times, that is to say, times attributed to other observers who acquire at the same time the status of simple images, or “ghosts”. Thus the “dilation” of durations associated with the slowing down of moving clocks is only a “perspective effect”. Bergson is led to this conclusion by a strict interpretation of the principle of relativity: between two observers in relative motion, there is a “perfect symmetry”, each can consider itself motionless or mobile with respect to the other. Multiple empirical confirmations have since objectively proved the philosopher wrong, but the question of the status of time in relativity, as well as that of the relevance of the arguments exchanged, continues to fuel contemporary philosophical debates. In that sense, that letter constitutes a key part of the case.

[DELACROIX] SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed « G.S. » to Eugène Delacroix
[Paris] Postal mark [23rd December 1841], 1 p. 1/2 in-8°
Autograph address on fourth folio (wax seal) : « Monsieur Delacroix rue des Marais S[ain]t Germain, 17 »

Superb letter to her friend Delacroix about her desire to write “a few pages on painting”, the Femmes d’Alger, her contempt for the Ingresque school and other artistic news


« Vous avez bien fait, cher ami, de ne pas venir à l’Opéra. C’était ennuyeux à crever malgré la beauté et la pompe du spectacle. J’espère que vos truffes vous auront donné de meilleures inspirations musicales que la reine de Chypre n’en a donné à Mr Halevy.(1)
Venez ce soir comme vous me l’avez promis. J’ai à vous parler sur des matières artistiques !!! [le mot est entouré par Sand d’un triple trait de plume]. Sans plaisanterie, j’écris quelques pages sur la peinture, et j’ai besoin de vous pour savoir si je ne déraisonne pas. (2)
Bonjour et bonne nuit. Il est 6h du matin. Vous devriez venir dîner avec nous. Nous avons embelli notre existence d’un pot-au-feu quotidien et avec le dîner de l’anglais(3) et du bon café c’est supportable.
G.S.
La Lélia(4) avec son moine et son mort, me frappe et me plaît de plus en plus, c’est ce qui m’a mise en veine d’écrire sur la couleur et ce qu’il faut entendre par la forme. Avec ça j’ai vu vos femmes d’Alger(5) ce matin. Si vous m’encouragez, je suis capable de faire le prochain salon dans notre revue [La Revue indépendante], et vous savez que je ne caponnerai pas [ne se montrera pas lâche] avec tout cette école silhouettiste(6) qui se dit en possession du dessin ».


[1] La Reine de Chypre, an opera in five acts by Halévy to a libretto by St. George, took place the day before, December 22, 1841. Unlike George Sand, Richard Wagner, who was also present at the premiere, considered the music “noble, moved, and even new and exhilarating,” although he criticized Halévy’s failings in simple orchestration.
[2] In Horace, which George Sand was then writing, she staged a rapin, a pupil of Delacroix, but there were no “few pages on painting”. Is this an article intended for the Independent Review – which it has just created – but which it has renounced? The word written in postscript confirms that it is an aesthetic reflection that focuses on “color” and “form”.
[3] Possible reference to an English restaurateur or caterer frequented by George Sand.
[4] Lélia avec son moine et son mort is the third work offered by Delacroix to George Sand for the gifts of 1842. It is a pastel depicting Lélia kneeling near Stenio’s corpse, while the monk Magnus, “in the shadows, leaning stiffly against the wall of the cave, darted on her his sparkling eyes”. The subject was treated several times by Delacroix.
[5] This is the Femmes d’Alger dans leur appartement, a painting presented at the Salon of 1834, where it caused a sensation. A synthesis of orientalism and romanticism, this painting expresses a deep “melancholy” for the poet and art critic Baudelaire.
[6] George Sand refers to the school of Ingres as a “Silhouettist school”. We know the adversity between the two painters that animated the artistic scene of the nineteenth century. The writer had resolutely taken Delacroix’s side, that of “form” and “color”.

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed « Chateaubriand » to Laure de Cottens
Geneva, 12th July 1831, 3 p. in-8°
Old annotation with another hand in the upper left margin of the first page, referring to the first publication of the letter
Small ink stains

Tender missive to his friend Laure de Cottens


« J’allais vous écrire, Madame, pour vous remercier, lorsque j’ai reçu votre lettre. Oui, pour vous remercier de votre doux et gracieux accueil et vous dire en même temps tout le plaisir que j’ai eu à vous revoir(1).
Venez vite habiter votre retraite : il ne me faudra que deux heures pour me rendre auprès de vous(2). Vous voyez que j’avais raison. On se retrouve dans la vie ; et quand le cœur ne change point, qu’importe la fuite des années !
Je vous attends donc, Madame. Je meurs d‘envie d’être votre nouveau voisin, comme je suis déjà votre vieil ami.
Chateaubriand »


[1] Honoring his promise, Chateaubriand went to Lausanne to bring the Historical Studies to Madame de Cottens
[2] In addition to her residence in Lausanne, Mme de Cottens owned a property in Benins near Nyon, not far from Geneva.

A friend of Chateaubriand, Laure de Cottens had almost married her distant cousin Benjamin Constant. She lived in Lausanne and was the daughter of the Swiss woman of letters Constance Constant d’Hermenches, whose father had been a general in the service of the France and who was befriended by the Lameths, the Duchess of Biron, Madame de Genlis, or General de Montesquiou.
In his Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand briefly mentions Madame de Cottens, “an affectionate, spiritual and unfortunate woman.”

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter to Léonce de Lavergne
Paris, 6th August 1838, 3 p. 1/2 small in-4° on bifolio
Dry stamp “Weyne” in the upper margin

Remarkable letter of Chateaubriand evoking with romanticism his stay in the South of France and more particularly Golfe-Juan, on the path of Napoléon’s “last step”, marking the genesis of the Cent-jours that the writer he took up in his Mémoires d’outre-tombe


« Je relis, Monsieur, en arrivant à Paris, la bonne, aimable et longue lettre que j’ai reçue de vous en courant les chemins de notre aimable Languedoc. Quoi vous auriez accepté une place dans une pauvre catèdre ? … Combien j’aurais été heureux ! mais pourtant le temps ne vous aurait-il pas manqué ? Je n’ai pu voir ni St Rémy, ni St Gilles ; j’ai vu Aigues-Mortes, merveille du treizième siècle, coincée toute entière sur nos rivages. J’ai aperçu la Camargue qui seule mériterait un voyage exprès et où l’on retrouverait des villes oubliées. Enfin que voulez-vous ? J’ai couru, j’ai passé vite. Ne vaut-il pas mieux avoir peut-être laissé derrière moi quelques regrets que la fatigue de ma personne ?
Je ne voudrais pour rien au monde avoir causé de l’ennui à mademoiselle Cécile et Honorine.
J’ai vu hier un moment madame Récamier et M. Ballanche.
Vous avez bien voulu leur écrire, ils sont charmés de vous ; ils voudraient vous voir à Paris. M.B est à la campagne, j’irai déjeuner chez lui un de ces jours pour lui parler de vous comme vous le méritez et je ne sais ce que je donnerais pas pour que quelque chose de convenable put vous amener à Paris. J’aurai l’honneur de vous écrire aussitôt que je saurai ce qu’il y a de possible. J’ai terminé ma course par le Golfe Juan ; j’y suis arrivé la nuit. Vous jugez ce que devaient être pour moi cette nuit, le ciel, cette mer solitaire et silencieuse ; j’avais devant moi les îles de Lérins où la civilisation chrétienne a commencé et je foulais cette grève où Bonaparte a imprimé son dernier pas.
Tous mes respects, je vous prie à madame votre mère, mes hommages à mademoiselle [Honorine] Gasc et si vous voyez madame de Castelbague, ayez la bonté de me rappeler à son souvenir.
M. Contrias de l’académie des jeux floraux et Moniot maire à Toulouse voudront-ils bien agréer les remerciements sincères que je vous prie de leur offrir. Aurais-je bientôt un petit mot de vous, Monsieur ?
Rue du Bac n°112 »


It was on the advice of his doctors that Chateaubriand made a journey to the South in the early summer of 1838. The writer, then seventy years old, took the opportunity to document the writing of his Memoirs but did not linger in the Bouches-du-Rhône, having in his sights Golfe-Juan, starting point of the Cent-jours on March 1, 1815.
Chateaubriand’s feelings towards the emperor were complex. Although he worked as ambassador in the service of the latter during the Consulate, the assassination of the Duc d’Enghien created a breaking point between the two men. His fascination for the Emperor was no less strong, to the point that he went in his footsteps to Golfe-Juan at the end of July 1838, as recounted in this letter, twenty-three years after the beginning of the Hundred Days. As he recounted in Mémoires d’outre-tombe: “I left the beach, in a kind of religious consternation, letting the tide pass and repass, without erasing it, in the footsteps of Napoleon’s penultimate step.”

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « René Char » to Marianne Oswald
[Paris] 7th May 1960, 1 p. 1/2 large in-4°

Tender letter revealing the modesty of the poet who wishes to stay away from any “rowdy praise”


« Chère Marianne,
notre conversation m’a été agréable. J’ai été sensible que tu comprennes les bien simples motifs qui me tiennent éloigné d’un certain nombre de manifestations qu’affectionne notre temps. Ce n’est pas par orgueil que je me refuse à paraître, à dire, à parler, mais par une espèce de pudeur – ou d’interdit intime – qui, je crois, doit être attachée à la conduite du poète, valorisant ainsi le peu qu’il exprime sous forme de poèmes, dans ses moments les meilleurs. Bien entendu, ceci ne vaut que pour soi. Chacun reste libre d’agir comme il l’entend.
Si ton projet de film à la télévision se réalisait, ce ne pourrait être que dans ce sens, sans ma présence physique, en contumace, si j’ose dire, et sans éloge tapageur de ma poésie et de ma personne.
Ton tact m’en répond.
Tu t’es fait l’interprète de M. Albert Olliver auprès de moi. Je te prie de le remercier et de lui transmettre mes meilleures pensées.
Bien amicalement à toi
René Char »


René Char, although he was never fooled by his success, also knew that he was the one we loved to quote. Often acclaimed by an entourage in close contact with the media, including his friend Marianne Oswald (1901-1985), he always and stubbornly refused to be put in the spotlight.

CAILLEBOTTE, Gustave (1848-1894)

Autograph letter signed « G Caillebotte » to Claude Monet
N.p.n.d, Friday [Petit-Gennevilliers, after 1887 ?], 3 pp. in-8° in black ink
On laid bifolio paper, watermark « Delta Mille Fine »

Caillebotte makes an appointment with Monet in Vernon, close by to Giverny, and also hopes to encounter with their mutual friend Renoir


« Mon cher ami,
Nous passerons à Vernon mardi – nous y dînerons – Je compte sur vous pour diner.
Je ne sais pas où on dine mais vous aurez tous les renseignements au bateau.
Nous n’arriverons pas beaucoup avant l’heure du dîner car nous partirons de Poissy le où nous couchons lundi soir.
J’espère que Renoir sera avec nous.
Donc arrangez-vous de toute façon pour venir et même nous accompagner. Les occasions de se voir n’étant pas si nombreuses que cela.
Avez-vous travaillé ?
Moi j’ai couvert beaucoup de toiles et gâché pas mal de couleur. Si l’année continue à être passable comme temps je finirai peut-être par avoir travaillé.
Tout à vous
G Caillebotte »


The two painters had become friends as early as 1882, when they shared the same workshop. Horticulture, in addition to painting, was the other common passion of the two friends. Thus they experimented on their canvases but also in their respective gardens, in Giverny and Petit-Gennevilliers.

Caillebotte, in addition to his prodigious pictorial work, never ceased to maintain the links between the Impressionists, even after the break of the group in 1887. He organized many exhibitions, discreetly bought paintings from his friends, helped them when they were in need, like Monet or Pissarro. Caillebotte managed to forge close friendships with most of the Impressionists, as evidenced by his rich correspondence, even though he died at only 45 years old.

BOURDELLE, Antoine (1861-1929)

Autograph letter signed « Ant Bourdelle » [to André Fontainas]
Paris, November 1928 [in reality 25th December], 4 pp. in-4°
Some corrections and erasures by Bourdelle
Old repair of a tear with tape on the second folio
Small marginal lacks without affecting to the text

Long unpublished letter from the artist evoking his works and his career, on the sidelines of the largest retrospective dedicated to him during his lifetime, at the Palais des Beaux-Arts in Brussels
He enriches his letter with an original drawing representing one of his busts of Beethoven


« Mon très cher et grand ami,
J’ai lu d’un seul trait votre livre [Mes souvenirs du symbolisme, La Nouvelle revue critique, 1928] qui est capital. J’ai connu la plupart des poètes.
J’ai parlé à Verlaine une fois.
[Bourdelle donne ensuite son avis sur les poètes contemporains et récemment disparus]
Mon cher ami – Je crois que vous serez heureux de ne conclure votre conférence à propos de mon oeuvre à Bruxelles – le 1er ou deuxième jour, qu’après avoir vu cet ensemble qui s’assemble tout neuf.
Il ne m’avait pas été donné de voir, à moi le premier, l’ordre, le calme d’assemblage du tout. Du presque tout car il y a environ là-bas la moitié de mon oeuvre avec dans les esprits – des critiques d’art du pays – si enthousiasmés qu’ils font des erreurs inévitables. L’un croit que mon oeuvre capitale dans mon vouloir c’est Beethoven.
Et bien cher ami – Les deux Beethoven qui sont là-bas – sont le résultat : L’un celui qui est au Luxembourg – et qui est en plus grand format mais le même modèle à Bruxelles – est un travail, d’une heure tout à fait à mes débuts. Le deuxième celui aux grands cheveux est qui fait masse avec son socle est de même une improvisation.
[Bourdelle enrichit son propos d’un dessin original à l’encre figurant la tête de Beethoven sur son socle]
Le Beethoven plus haut bien plus haut dont je n’ai hélas plus que la photo fut détruit par deux élèves !!!!! idiots ou crapules les deux sans doute. Et je n’ai pu le recommencer faute de vie aisée et libre hélas ! De plus il y a des PRÉPARATIONS de figures d’un Beethoven entières = pas achevées car le temps m’a manqué – mais que je n’abandonne pas + voilà aussi des précisions que personne [d’autre] que vous ne connaît pour l’instant en Belgique.

Pour ce qui est des quelques pastels et peintures = exposition qui m’importe peu à moi – dont l’activité appartient au rude métier d’Architecte-sculpteur car toutes les architecture sont de moi – toutes. Un mot serait bon tout de même pour établir en passant que mon œuvre de peintre n’est pas rassemblée à Bruxelles. J’ai à mon acquit dans un tas de maisons et familles plus de deux cent grands portraits peints ou au pastel. Car je dois dans une dure carrière laisser 10 ans au moins la sculpture contractant des rhumatismes aux mains dans le métier de sculpteur pour y revenir deux fois invinciblement alors que la sculpture me donnait la misère – et que mes immersions dans l’illustration pour la maison Goupil et dans les portraits pastels m’apportaient une large aisance.
On n’a pas l’air de connaître là-bas mes fresques des Champs Elysées, alors que T’Serstevens a écrit et il n’est pas le seul, qu’il regarde ces fresques comme le sommet
décoratif de France depuis la mort de [Pierre Puvis] de Chavannes.
Mais prise en la masse des articles parus la réussite de l’ensemble des travaux est pour moi fantastique, inattendue.
J’ai l’amour du calme et de la grâce, mais je suis poussé par le pain à gagner à exécuter les commandes – je ne me suis jamais lancé de parti pris dans l’ouragan de l’épopée. Pensons ami à l’outillage d’ateliers, à payer le loyer, l’appartement. On verra tout cela un jour. Les études faites à mon gré.
Mes plus durs travaux se rangent lentement en bataille et quelques-uns vont nous précéder en Belgique ou nous suivre.
Avez-vous lu les articles ? Celui de C. Bernard, celui de L. Daudet, celui ce matin 23 nov[embre] de Le Goffic, au petit parisien. Ils ont vu l’exposition.
Enfin cher ami je termine ma longue lettre écrite à bâtons rompus. Hélas, J’ai le deuil et la mort du peintre ami Mathieu Verdilhan [décédé le 15 décembre 1928]
La vue partout sur la lumière c’était un coeur divin ce garçon là et un talent tout pur. J’avais pu l’ôter de dans l’ombre il a vécu 7 à 8 ans heureux, aimé. Mais un ami de moins c’est au cœur un peu moins d’aurore.
À vous tous
Votre Ant Bourdelle
[Il rajoute, en marge de la première page]
Cher ami
Le mieux pour me trouver serait de 4 heures à 5 heures 18 impasse [du Maine] Nous serions heureux si [vous] venez déjeuner ou dîner, après nous l’avoir dit par téléphone afin que je vous évite mon régime spartiate sans sel sans viande Brrr !!!
Téléphone lettré 35-65 »


In 1928, Bourdelle was celebrated as one of the greatest sculptors of his time, and the retrospective at the Palais des Beaux-Arts in Brussels was dedicated to him that year (3
November 1928 – January 3, 1929) allows us to take full measure of it.
His Beethoven, mentioned here, undoubtedly remain, alongside Archer Herakles, the best known of his prolific work. His first sculptures depicting the composer were sketched as early as 1888, from which many variants were produced. He opts for purity, rigor of forms. Bourdelle became one of the precursors of the monumental sculpture of the twentieth century, which aroused admiration, especially that of Auguste Rodin.
His work is considered the embodiment of an aesthetic break, an alternative to the avant-gardes of the time and will have a decisive influence on the folowing generations of artists.

A poet and art critic from Brussels, André Fontainas (1865-1948) worked from 1889 at the Mercure de France where he served as a link between Belgian symbolist and French poets. He kept the poetry column until his death. His friendship with Bourdelle began in 1921. He published the first book dedicated to the artist, simply entitled Bourdelle, published by Rieder in 1930.

BLIXEN, Karen (1885-1962)

Autograph letter signed « Karen Blixen » to american writer and adventurer Negley Farson
Rungstedlund, Rungsted Kyst, 20.12.1957, 3 pp. in-8° on baryta paper, in english

On first page :
Original film print (signed by photographer Lindequist) showing Karen Blixen and her dog at the doorstep of Rungstedlund, her Danish residence

Touching letter from Karen Blixen, looking back with nostalgia on her past in Africa


“Dear Negley Farson.-
Very many thanks for your kind letter and for your charming and delightful book [Last Chance in Africa] that I am reading with the very greatest interest. I seem to agree with you in almost everything you say! – How I wish, when you write that you had David Waruhiu to stay with you, that you had invited me with your house as well!- There are such a lot of things about which I should like to talk with you and him.- I did, of course, start with your chapters of Africa.- I have just had three letters from three of my old servants, whom I left 25 years ago. They are faithful people. And I can say myself that the greatest passion of my life has been my love for the Africans! Alas, I was not able to do them much good. Still Sir Philip Mitchell [Governor of Kenya from 1944 until 1952], when he dined with me here in Denmark, told me that it might have been a good, even a useful thing if I had been able to stay on in Kenya!-
I hope that we shall meet again,- please let me know if there is any chance of your coming to Denmark.
With my sincerest regards.
Yours ever
Karen Blixen”


Of Danish origin, Karen Blixen moved with her husband Bror von Blixen-Finecke to British East Africa to create a coffee plantation in 1914. They divorced in 1925. She described her seventeen years in Kenya in her book Out of Africa, published in 1937.
The writer draws touching portraits of her servants in his work. They remained faithful to her and she will maintain epistolary links with them, as evidenced by this letter. She eventually returned to Denmark in 1931 to join the family estate in Rungstedlund.
Ruined, sentimentally desperate and having to leave her farm and Africa, Karen considers her African farm experience a total failure. To fill the void in her life, she began to write in English, at the threshold of her fifties. “No one paid more for their entry into literature,” she would later say.

Karen Blixen’s letters refering to Africa are very uncommon

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph « VH » à Léon Gatayes
[Paris], 29th May 1843 (postal mark), 1 p. in-8°
Tiny stains, fold marks

Victor Hugo requires a service from the famous harpist Léon Gatayes before the performance of his historical drama Les Burgraves


« Envoyez-lui, mon cher camarade, au Théâtre-Français [la Comédie-Française], vers trois heures, le jour où on jouera Les Burgraves
Bien à vous, et toujours à vous
VH  »


Les Burgraves is a historical drama by Victor Hugo first performed at the Comédie-Française on 7 March 1843. There followed 33 consecutive performances that year (which is the sign of a relative success when we know that plays that did not meet their audience could be removed from the poster overnight after a single performance).

Léon Gatayes (1805–1877) was a French harpist, composer and music critic. Among his pupils was Juliette Récamier.

Unpublished letter

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Paule Sandeau
Croisset près Rouen, Sunday [26th August 1860], 1 p. in-8°
Period fold makrs, tiny spots, small tear on central fold

Facetious and flirtatious, Flaubert is impatient not to have received an answer from his correspondent


« Eh bien, c’est joli ! voilà trois semaines que j’attends une lettre de vous. pas de nouvelles, rien !
Comment ! Je me transporte à Bellevue afin de jouir de la vôtre (Pardon).
J’endure une chaleur africaine & la soif comme dans le désert. Je me rabats sur l’institut etc. enfin j’ai passé une journée abominable à courir après vous – vainement – & vous ne me dites pas que vous en êtes un peu fâchée.
Vous qui ne passez pas votre journée à écrire, – envoyez moi une très longue lettre.
Je m’ennuie de vous. J’ai bien envie de voir vos jolis yeux, votre jolie bouche & je vous baise les deux mains très longuement. Voilà tout ce que j’avais à vous dire, depuis que je suis
tout à vous
Gve Flaubert »


Very close to Jules and Paule Sandeau, Flaubert maintained a rich correspondence with the couple until his death in 1880. It is not known whether Paule Sandeau and Flaubert were lovers. The ambiguous tone of this letter might leave no doubt if one were not aware of the writer’s flirtatious tone among women.

Here is what Caroline Commanville, Flaubert’s niece, says about it in her memoirs Heures d’autrefois (Hours of the past), published 1999:

“As for his wife [Paule Sandeau], in spite of the enormity of the appendage she wore in the middle of her face, and a nasal voice, she was rather a beautiful person, pleasant, tall, slender, with slow and graceful gestures; She kept her drawing-room in the best order, talking to everyone and being aware of everything. She had taken a liking to me, and would have liked to have me often in her house; To lead me into the world was his desire. My grandmother still resisted, and her refusal to let me accompany her to a ball at the Tuileries brought tears to my eyes, when I was seventeen. In the desire to take care of myself, there was, I have since guessed, the desire to display his intimacy with my uncle. How far this intimacy has gone, I cannot say. She was certainly very coquettish with him, but he, I believe, distrusted her; He was in a way afraid of the ascendancy that a woman of this ambitious character might gain over him.”

This testimony contrasts radically with that of Maxime Du Camp, a close friend of Flaubert’s:

On August 5, 1861, he sent Flaubert a letter that may seem unequivocal as to Paule Sandeau’s feelings for Caroline’s uncle: “I saw Mother Sandeau several times before I left [for Baden-Baden]: she really has a lot of affection for you, and she touched me, she stirred my old heart by the good way she speaks of you. She is a very good woman, gentle and helpful; but I agree with you, there’s that damn nose; Since you told me about it, it seems to me to be longer than it used to be. I think he’d be happy to have a snack with you. Baste! Make an effort and break her, nose or no nose, what does it change? Fuck her doggy style, the bun will hide the nose. (Pleiade III, Appendix I, p. 840).

[HUGO] HUGO, Adèle (fille) (1830-1915)

Autograph copy of a Victor Hugo letter, written by his daughter Adèle, to Émile Allix
Hauteville-House, 29 7bre [September] 1861, 1 p. 1/4 in-8°
Some spots, brownings

Copy of a Victor Hugo’s letter, written by his second daughter Adèle
By a solemn request to Fabre Geffrard, Hugo tries to obtain a key position in a hospital in Haiti for the family’s doctor-friend: Émile Allix
This copy of the letter is addressed to the latter, as evidenced by the small note written to him on the back of the document


« Monsieur le Président,
Permettez-moi d’appeler votre haute et bienveillante attention sur le désir qu’aurait M. le docteur Émile Allix de se fixer à Haïti. M. Émile Allix quoique très jeune encore
[il n’avait que 25 ans en 1861], s’est déjà fait un nom dans les deux hospices de Bruxelles, enfance et vieillesse qu’il a desservi pendant plusieurs années, il y a eu des succès très remarqués, notamment dans la grave et difficile opération de la trachéotomie et il compte aujourd’hui parmi nos jeunes médecins les plus distingués. S’il se pouvait qu’il fût placé par vous, Monsieur le Président, à la tête d’un des hôpitaux ou hospices d’Haïti, il y rendrait de véritables services, et je suis convaincu qu’avant peu vous me remercierez de vous l’avoir recommandé, comme je vous remercie aujourd’hui de vouloir bien écouter ma recommandation.
Voyez, je vous prie, Monsieur le président, dans cette recommandation même, une preuve de l’intérêt profond et fraternel que m’inspirent votre généreux peuple et votre jeune république. Avoir délivré un peuple et rétabli cette république en sera là un grand honneur dans l’histoire ; c’est à vous, Général, que cet honneur revient.
Recevez, Monsieur le Président,
L’assurance de ma haute considération,
Victor Hugo
[Adèle Hugo fille] »

[Au verso du feuillet, Adèle rajoute un mot à l’attention d’Émile Allix :]

« Mon vieux que n’es-tu ici ! Que de choses j’aurais à te dire si je m’étais écouté ! Je te dis bonsoir, et je me souhaite une bonne nuit qui va [m’] emmener dès que j’aurai la tête sur l’oreiller. Je suis dans le cas de dormir douze heures pour reprendre le temps que je n’ai pas dormi sur mer la nuit passée.
Ton ami de tout cœur

Ch. [compagnon d’honneur] V. »


A brilliant doctor specializing in pediatrics, Émile Allix is an intimate and personal physician of Victor Hugo, as well as his family. He is one of the few relatives that Victor Hugo mentioned in his letters. It was he who, in 1868, assisted Adèle Hugo (mother) in her last moments.

The position requested here by Victor Hugo did not succeed. Allix, after having held a post in Brussels, returned to Paris to continue his activity as a doctor. His Belgian diploma not being recognized in France, he passed, during the academic year 1866-1867, the examinations that allowed him to obtain the degree of doctor of medicine from the Faculty of Medicine of Paris.

As evidenced by the friendly note on the back of the letter, Victor Hugo, just returned from a sea voyage, had resumed that year his annual travel habits with Juliette Drouot. These stays are moments of intense creation for Victor Hugo, as well for his novels and poems as for his drawings.

Adèle Hugo was the fifth child and second daughter of Victor Hugo and Adèle Foucher (also called Adèle Hugo). She is the only one who survived her illustrious father, but whose mental state, very early failing, earned her, from 1872, long years of internment in a nursing home.

STAËL (de), Germaine (1766-1817)

Autograph letter to Claire de Duras
N.p.n.d, “Sunday” [after 1815], 1 p. in-12°

Warm little note to her “Dear duchess”, Claire de Duras


« êtes-vous arrivée dear duchess, comment est votre santé ? voulez-vous me voir à 4 heures – allez-vous ce soir chez M[a]d[am]e de La Châtre ? enfin vous verrai-je c’est tout le but de mes questions –
Dimanche – »


Novelist, essayist, actress and philosopher of politics, Germaine de Staël was the most illustrious woman of her time — from the tormented years of the Revolution, the Napoleonic regime and the Restoration to its beginnings.

She left unfinished her Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, published posthumously in 1818.

Claire de Duras (1777-1828) remained famous for her novel Ourika (1823), which analyzes issues of racial and sexual equality. She is considered today as a precursor of feminism. Her friendships with Chateaubriand and Germaine de Staël opened Parisian literary circles to her.

The two women maintained an affectionate correspondence during the last years of Germaine de Staël’s life. The latter, in a declining state of health, endeavoured to see her “Dear duchess” as regularly as possible, as she liked to call him. It should be noted that Madame de Staël enjoyed using anglicisms in her correspondence with the people she cherished.

Marie Charlotte Louise Perrette Aglaé Bontemps (1762-1848), known as the Countess of La Châtre – of whom Vigée Le Brun made a sumptuous portrait at the beginning of the French Revolution – was the daughter of Louis Dominique Bontemps (1735-1866), first valet of King Louis XV and governor of the Tuileries Palace.

[LAMARTINE] LAMARTINE (de), Valentine (1821-1894)

Autograph letter signed « Valentine de Lamartine » to Victor de Laprade
Paris, 31st May 1872, 4 pp. in-8° on mourning paper

Long and precious letter from Alphonse de Lamartine’s niece in gratitude for a book dedicated to his poetry by his friend Victor de Laprade


« Cher Monsieur et ami,
[…] Je suis si heureuse du travail que vous voulez bien faire encore pour cette grande et chère mémoire que vous venez de glorifier dans de si belles pages [La Poésie de Lamartine, Didier & Cie, 1872]. Merci, merci de vous assouvir ainsi à mon travail, dernier culte que je puisse rendre encore à celui qui a été le Bonheur et la gloire de ma vie – Votre nom uni au sien portera Bonheur à mon livre […]
Il n’est pas besoin que je vous dire combien je compatis à vos souffrances […] Je pensais l’autre jours à vous en trouvant dans la correspondance avec M de Virieu [Aymon de Virieu, ami d’enfance de Lamartine], si pleine de trésors, cette pensée si vraie et profonde « Il n’y a pas moyen d’être impassible pour le corps ! Je crois en vérité que l’âme a plus d’empire sur ses propres douleurs ; elle a des consolations que le corps n’a pas ! » et il ajoute plus loin – Heureux l’homme qui croit ! […]
Veuillez, cher Monsieur et ami me rappeler en souvenir de Madame de Laprade et recevoir l’assurance de sentiments affectueux […]
Valentine de Lamartine »


Born on March 17, 1821 in Saint-Amour, Valentine was one of six children born to Cécile de Cessiat, the sister of Alphonse de Lamartine. The latter, widowed very early, in 1827, gets closer to her brother who, deprived of children since the death of Julia, tries to fill the void of his house by welcoming his nieces. According to witnesses, Valentine is ravishing, “big black eyes, tall, elegant, slim waist, graceful gait, kind voice as much as smile,” according to Marie-Renée Morin. Remaining unmarried, Valentine serves as secretary to a fallen and aging Lamartine. On 31 Aug. 1867 Lamartine adopted her and arranged for her to join her name to that of Cessiat. Universal legatee, she devoted herself to the glory of the poet, she edited his correspondence. She died on May 16, 1894 at the castle of Saint-Point where she rests near the poet.

Victor de Laprade (1812–1883) was a French poet and man of letters. His poems are inspired by Chateaubriand and Lamartine. He edited La Poésie de Lamartine in 1872 with Didier & Cie.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph manuscript (copeau)
N.p.n.d [Hauteville-House], 2 p. in-8°
Tears on two margins (see scans)

Precious working manuscript from which emerge some stanzas of first draft for his monumental poem Dieu, published posthumously


The present copeau [chip] (this is how Victor Hugo himself had adopted this metaphor for these pieces of paper on which he worked his poems and novels) includes a fragment of the third part of the poem DieuL’Océan d’en haut [The Ocean from above]. The passage in question corresponds to the raven’s speech:

« Allumant des blancheurs sur la cime des monts,
Et pénétrant d’un feu mystérieux les choses,

Il vient, et l’on voit l’aube à travers ses doigts roses ;
Et tout rit ; l’herbe est verte et les hommes sont doux.
L’autre surgit a, l’heure où pleurent à genoux.
Les mères et-les sœurs, Rachel, Hécube, Électre ;
Le soir monstrueux fait apparaître le spectre ;

Sur tout cet univers que l’ombre veut proscrire,

L’aurore épanouit son immense soutire !

[…]

L’ombre hurle Arimane et le jour dit Ormus ! »

This first-draft manuscript offers many variants with the published version.
On the back, another working manuscript, also by Victor Hugo.


Begun as early as 1855 (Hugo read passages to his friends and family that year), the poem met much the same fate as La Fin de Satan. However, unlike the latter, Hugo will sometimes draw entire groups of worms to reuse them in other projects. Dieu is part with La Fin de Satan and La Légende des siècles of an immense ensemble intended to describe the three faces of Being. The poem takes the form of an inner and mystical quest.
The poem was published posthumously in 1891.

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed « G Sand » to Charles Duvernet
[Nohant], 11th June [18]61, 1 p. in-8°, in blue ink on laid paper
Letterhead embossed on her initials “G S”

Affectionate letter from George Sand to her intimate friend Charles Duvernet


« Cher ami,
J’aurais déjà été te voir sans une petite indisposition qui m’a prise en arrivant [du 9 au 12 juin, Sand souffre de l’estomac. Le docteur Dachy a été appelé deux fois]. Il faut toujours payer un tribut au changement de régime et de climat. J’espère en être quitte avant que Berthe [fille de Charles Duvernet, dont George Sand est la marraine] ne retourne à Nevers, et embrasser ainsi toute ta nichée. J’ai beaucoup à te raconter de mes voyages et rencontres. J’ai vu [Sylvain] Bernardet [dont Sand avait reçu la visite le jour même] et je ferai de mon mieux pour m’arranger avec lui. À toi de cœur et à vous tous.
G. Sand »


Charles Duvernet (1807-1874) was a childhood friend of George Sand. Their friendship continued throughout their lives, until Charles’ death. They exchanged an abundant correspondence. They have in common an interest in literature and particularly in the theater – Charles set up a troupe of amateur actors at La Châtre; he wrote plays that were performed at the small theater of Nohant.
George Sand dedicated her novel Horace (1841) to him.
It was during a visit to Charles’ home at the Château du Coudray on July 30, 1830, that George Sand met Jules Sandeau, who would become her lover for a few months.

FRANCE, Anatole (1844-1924)

Autograph letter signed « Anatole Fr. » to Claudius [Popelin]
Hotel Kwartz, Hohwald, through Barr, Alsace Lorraine, 17 April [1882, by unknown hand with pencil], 1 p. in-8°
On laid paper, “Senat” letterhead
Previous mounting trace on fourth folio

The gallant Anatole France wishes to give a reading of one of his most famous poems to “pretty ladies”


« Mon cher Claudius,
sois assez aimable pour faire copier mes vers des Étrennes aux dames, [éd.] 82 Âmes obscures [paru dans son recueil Les poèmes dorés en 1873] et me les envoyer immédiatement. Il y a de jolies demoiselles qui me les demandent avant leur prochain départ et je ne puis me rappeler une seule strophe.
Nous faisons ici de belles promenades, mais il pleut et le temps est frais.
Tout à toi, à Étienne, à Fernand, à Noël,
Anatole Fr. »


Étrennes aux dames is an almanac of texts and poems published by Charavay library (where Anatole France had his habits) in four volumes, during the years 1881, 1882, 1883 and 1884. These publications include texts by Anatole France, Alphonse Daudet, Théodore de Banville, Judith Gautier, among others.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph manuscript
N.p.n.d [1841], 1 p. in-8°
On the back of a letter from the printer of Béthune and Plon, complaining of an incident about a seats reserved for him at the Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Autograph notes on ancient Rome and aphorisms on love


« à Rome on parle d’abord le vieux salien, puis le latin des douze-tables, ensuite celui de Caton-le-Censeur [Caton l’Ancien], enfin la langue de Cicéron, de Salluste et de César – »

« l’amour doit toujours augmenter ou diminuer
(code des cours d’amour)
l’amour a coutume de ne pas se loger dans la main de l’avarice (id.) »


We know the poetic production of Victor Hugo dotted with inspirations from antiquity, and more particularly the Roman Empire. There are many occurrences from this time, starting with his first collection of poetry: Les Feuilles d’automne (1831).

As for “love”, is it necessary to recall the omnipresence of the theme that was, without a doubt, dearest to the poet throughout his life?

These thoughts of the great man seem unpublished

BERNARD, Claude (1813-1878)

Autograph letter signed « Claude Bernard » to Mr Worms
N.p.n.d, 1 p. 1/2 in-12 on laid paper with his embossed initials
Three missing bits from corners on second folio, without affecting the text

The father of experimental medicine asks his correspondent about his recent studies on cholera


« Mon cher Mr Worms
Je vais un peu mieux. Si vous pouvez venir une de ces matinées (vendredi ou samedi) m’apporter les renseignements expérimentaux sur le choléra que vous avez eu l’obligeance de me promettre, je vous en serai bien reconnaissant.
Votre tout dévoué
Claude Bernard »


Considered the founder of experimental medicine, Claude Bernard left his name to the Claude Bernard-Horner syndrome. We owe him the notions of interior environment and homeostasis, foundations of modern physiology.

This note is probably addressed to Mayer Goudchaux Worms (1807-1881), doctor attached to the army health service in Algeria, then chief doctor of the military school of Saint-Cyr.

ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » to Berger de la Magne
Médan, 19th June [18]81, 1 p. in-8° on mourning paper
With autograph envelope
Tears on folds discreetly repaired with tape

Zola acknowledges receipt of the work of his correspondent and regrets not being able to talk about it in one of his articles in Le Figaro


« Monsieur
J’ai à vous remercier de l’aimable envoi de vos Récits nouveaux des premiers siècles chrétiens, que je viens de lire avec beaucoup d’intérêt. Les opinions religieuses du Figaro m’empêchent malheureusement d’en parler ; mais je tenais à vous complimenter de ce résumé historique qui est excellent.
Croyez-moi votre dévoué confrère.
Emile Zola »


It was through journalism, from the early 1860s, that Zola entered literature. His long collaboration with Le Figaro began in the late 1870s and ended with the Dreyfus Affair. At the time of writing this letter, the novelist was then in the middle of writing Pot Bouille, the tenth volume of the Rougon-Macquart saga.

[LOTI] MISTRAL, Frédéric (1830-1914)

Autograph letter signed « F. Mistral » to Pierre Loti
Maillane, 23rd April 1889, 2 p. in-8°

Mistral compliments Pierre Loti and his wife Blanche Ferrière for the birth of their son Samuel
He takes the opportunity to thank his colleague for sending his Japoneries orientales and sends him in return his poetic collection Les îles d’or


« Mes compliments de bienvenue au fils de Pierre Loti et de Blanche de Ferrière,
à Samuel Viaud
que Dieu bénisse !
Et mes félicitations au lieutenant de vaisseau Julien Viaud [Pierre Loti] – pour ses Japoneries d’automne rapportées si fraîchement de la mer orientale… un vrai charme de lecture
et longuement ainsi !
F. Mistral
J’ai signé, chez Lemerre (il y a bien un mois) un exemplaire de mes Îles d’or pour l’aimable commandant [Pierre Loti] du frère Yves »


On March 17, 1889, Blanche Ferrière gave Loti her only legitimate son, Samuel Loti-Viaud, aslo known as Sam

Japoneries d’automne, published in 1889, is a book gathering the travel impressions of Pierre Loti, who traveled several times in Japan between 1885 and 1901.

We note that Mistral has fun here by naming his correspondent by three different names. At the end of the letter, he alludes to Loti’s novel: Mon frère Yves, a semi-autobiographical story published in 1883.

Les îles d’or (Lis Isclo d’or in langue d’oc) is a collection of poems by Frédéric Mistral, published in 1875.

RENARD, Jules (1864-1910)

Autograph letter signed « Jules Renard » à Georges Moreau
[Paris], 22nd May 1896, 1 p. in-8° on laid paper

The writer thanks his correspondent for an upcoming article dedicated to his Histoires naturelles, a collection illustrated by Félix Vallotton


« Cher Monsieur,
Puisque vous voulez bien parler des Histoires naturelles dans La Revue encyclopédique, vous serait-il agréable de reproduire un des dessins ou les deux dessins qui forment la couverture de
[Félix] Vallotton ?
Si oui, je vous ferai communiquer les clichés par Flammarion.
Je pars lundi prochain pour la campagne où j’espère travailler pour La Revue encyclopédique. Auriez-vous l’obligeance de donner, puisque je suis abonné, mon adresse ci-dessous au service des envois.
Croyez-moi bien amicalement vôtre.
Jules Renard »

[Jules Renard ajoute son adresse postale]
« à Chaumot par Corbigny » [puis George Moreau rajoute :] « fait »  


Histoires naturelles is a collection of short texts by Jules Renard, published in 1894 by Flammarion and illustrated by Félix Vallotton. It is a series of portraits of fauna and flora, sometimes poetic, sometimes narrative. The collection was set to music by Maurice Ravel in 1906, under the same title, and bears the reference M.50 in the catalogue of the composer’s works established by Marcel Marnat.

GIONO, Jean (1895-1970)

Autograph letter signed « Jean » to Blanche Meyer
[Manosque] Friday evening [fall 1949], 3 p. in-8°

Tender letter of the writer to his secret love Blanche Meyer, who inspired the heroines of his most famous novels, including Pauline de Théus in Le Hussard sur le toit


« Chère Blanche,
J’espère que vous faites un bon retour. Je dis « vous faites » car à l’heure où je vous écris, vous êtes encore en route, vous êtes même si je ne m’abuse aux prises avec cette entrée de Marseille dont vous tremblez par avance. Entrée de Marseille dont moi aussi je parle comme je parlerais de l’Entrée de l’Enfer. Lasciate ogni
 speranza (ce qui, en bon français signifie Laissez toute espérance !). Je vous imagine donc en train de pénétrer dans les cercles de l’enfer au milieu des camions et des tramways. Cela se passe dans ces lointains bleuâtres et maléfiques que j’aperçois de la fenêtre de mon bureau du temps que je vous écris. Tout au moins puis-je espérer qu’il ne pleut pas là-bas où vous êtes. Il ne pleut pas ici non plus, mais quelle différence avec Grenoble. Le gréoulx boisé qui sent le champignon et la feuille morte. Ici le pays sent aussi le camion. Manosque n’est qu’une sorte de prolongation de Marseille et son parfum est d’huile lourde et d’essence brulée. Je me souviens du bruit de la pluie sur les feuilles et de ces grands gestes à la fois désespérés et amoureux que les grands arbres déploient sous la pluie d’automne.  Ces élancements de branches qui s’avancent comme le bras du compagnon s’avance à l’épaule de l’ami. Ces ramures qui s’ouvrent lentement de toutes leurs feuilles comme mains qui donnent. Où est cette épaule d’ombre vers laquelle s’avance avec tant d’amitié la belle ramure lourde de pluie ? À qui donne cette main de feuillage et que donne-t-elle ? J’aimerais recevoir d’elle si large et si fraiche une grande cargaison de bonheur et de paix.
Ici au courrier j’avais d’abord, le programme de Moby-Dyck qu’on joue à Paris
[au Théâtre Hébertot] avec grand succès ! Il contient un extrait de Pour saluer [Pour saluer Melville, essai paru en 1941, en hommage à l’auteur de Moby Dick(où se trouve un extrait authentique comme vous savez d’une lettre que vous m’écriviez de Nyons – en 1940 !!!). Si bien que vous êtes sur le programme. Je vous l’enverrai. Je joins aussi à ma lettre un morceau de la couverture de l’édition allemande de Triomphe de la vie… [essai paru en 1941] mais vous voyez qu’il annonce les aventures du Hussard Angelo [héro du Hussard sur le toit, qui allait paraître en 1951] et Faust au village [recueil de nouvelles publié en partie entre 1949 et 1951, et à titre posthume en 1977].
Ne tardez donc pas à les taper. Travail, travail, travail. Le sauvetage est pour moi de tourner les regards et le cœur vers une œuvre de plus en plus belle si possible. Me donner à l’œuvre. Mais, rien ne sera possible sans votre aide et votre affection.
Mes amitiés à Louis et Solaine.
Je vous embrasse
Jean »


Giono’s secret love from 1939 until his death in 1970, Blanche Meyer had a considerable influence on the writer’s work. She is the one behind the features of Adelina White in Pour saluer Melville, or the young Pauline in Theus in Le Hussard sur le toit. Giono will later on admit, it was “her”, or “pieces of her”.
As soon as Blanche has left, Jean imagines her in his letter in bad car traffic jams. Then between banter and magnificent metaphorization by the nature of his feelings in love, he tells her all his tenderness.

One of the very few letters from Giono to Blanche Meyer still in private hands
Almost all of their romantic correspondence was donated in 1975 to the Edwin J Beinecke Book Fund (Yale University).

GUYOTAT, Pierre (1940-2020)

Autograph manuscript
N.p.n.d, 6 p. in-folio

Precious working manuscript, forming a set of six folio pages (three pages double-sided) – With an uneven writing, sometimes feverish, the novelist has written many instant ideas – We find his most cherished themes such as sex, drugs and death


We transcribe here only a few fragments of the text:

The first folio talks about drug use, then on the back Guyotat continues with the “descent”, after consumption

 « Boire, me droguer, le meilleur système pour s’en sortir
Marc : sa crainte + ou moins indignée de la proposition d’Abraham (‘on joue une pièce ensemble ; mais on conclut ensemble avant !’) […]
Marc : son ‘gout’ du Dada, du ready-made, des ‘graphies’, de la littérature telle que la mienne aujourd’hui (a-t-il lu EEE ?), encore des garde-fous contre l’échéance de la pratique littéraire totale. 10 jours très riches humainement, merdiques matériellement (sexe compris), comme d’habitude.
Raisons de la note de T.Q : C’est que je ne perde pas mon temps à me démarquer… éloges rétrogrades qui sont faits de moi…
Le ‘fait’ que je deviens peut-être un ‘drogué’
d’où son ‘silence’
Tout tourne autour de ce sexe, image, membre du passé et pouvoir le devenir du futur.
Chambre Marolles :… [le mâle dans une chmabre ouverte plein d’outils et où ‘règne’ un grand buste noir de Beethoven. […] »

Second folio deals among other things with comics and the author’s desires to lend himself this field

 « -Que se passe-t-il dans la tête et la main de celui qui dessine un cul ou un triangle mâle (bande différent)
-La queue froide
-Bande dessinée et lutte de classes :
-Pierre Joubert, Farfadette […]
-Idéologie dominante-marxiste
-Au bord d’elles
-Je n’en lisais que les illustrations : Littérature aristocratique
(Marabout Junior)- importance de cette littérature illustrée dans la fixation (le ‘fixe’) des fantasmes […]

‘Les 7 boules de cristal’ cf le curée… :
Faire un conte pour enfants : l’enfant volé, puis, à la limite de la prostitution maligation
Je suis infantile : à la fois l’aventure et la sécurité familiale. Le tric infantile revient à l’armée
Le corps est la prison de l’homme : il ne peut sortir qu’en merde et autre liquides. À décelopper : Le symbolisme des humeurs…
L’inconscient judéo-chrétien, ouais ; mais l’inconscient romain pré judéo-chrétien… ?
[…] Ma famille – à la différence de celle de Fano, par exemple – ne voit en moi que lorsque je gagne de l’argent.  
Primo, suceur, enculé  (trouver une femme) et payé, et libre
Puis enculer non libre et non payé
-L’excuse, la raison adulte de ma production de ces derniers jours (6 jours sur 14)
C’est Daniel, cela vaut bien un drame […]
Photos de moi in n°3 de Luna Park – Chuck Berry
[…]
– E.E.E : Rédigé ‘sur le dos’ de 3 corps
– Mes écrits : j’y sexmoralise au maximum le monde […] »

The third folio is very composite. Guyotat deals with various themes, often in a disjointed way

 « Daniel : Le laisser maintenant agir, l’inquiéter
AMB : Ne pas oublier la version dactylographiée en 1970 sur laquelle sont les corrections et ajouts préliminaires à P.
L.I : Tout le rapport de certitudes littéraires – matérialistes
Un défense contre cet éclatement actuel […]
Le 2e texte (le ‘lyrique’, T.Q, A.P) tend à lyriciser le 1er E.P.Q
Du texte, toujours, ne pas tomber, sauf exception, dans le panneau ‘engagé’
Auto sabordage :
Des petits trucs biographiques, symptôme d’une antinomie
Me faire sortir du trou : j’en sortirai, mais ailleurs
Les grandes phrases d’Artaud : seul peut en écrire de telles et presque sans cesse, celui qui ne s’est pas mis sur le dos le harnachement d’un grand œuvre […]
Dans quelle posture attendre la mort ?
Jean de la Fontaine : Très beau garçon, très pute […]
Il enfonce des portes ouvertes et, comme tous, ne se parle qu’à lui-même »


Guyotat uses abbreviations here to talk about his works:

E.E.E : Eden, Eden, Eden (published in 1970)
A.M.B : L’autre main branle (published in 1973)
P. : Prostitution (published in 1975)
E.P.Q : Encore plus que la lutte des classes (audio text recorded in 1976)

A sulfurous author, a black legend of modern literature, Guyotat was continually nourished by an obsessive eroticism. Eden, Eden, Eden was banned from sale to minors when it was released in 1970.
His working manuscripts in private hands are scarce.

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Three autograph letters signed « Guy de Maupassant » to Dr Despaigne
Paris, October, November and December 1891, 9 p. 1/2 in-8° and in-12°

Moving testimony of Maupassant, drawing with lucidity the terrible report of his health condition, a few days before his internment
These three unpublished letters are among the last written by the novelist


Introduction

We present here three unpublished letters from Maupassant to Dr. Despaigne. These are among the last known autographs of the writer, only a few weeks before his internment at Dr. Blanche’s clinic, from where he will no longer write. Major testimonies on his physical and mental distress, these letters, unknown until 2023, thus complete a missing link of the last weeks of Maupassant “free”.
Little is known about Dr. Gaston Despaigne (1860-1918). It was through Dr. Jacques-Joseph Grancher (1843-1907) that Maupassant was introduced to this young doctor in the spring of 1891. Dr Despaigne, who had published his thesis Études sur la paralysie facial périphérique in 1888, thus represented a new hope for Maupassant, who in the autumn of 1889 began to present the first disorders of general paralysis, an aggravating consequence of syphilis. Alas, the writer could not but note the accentuation of the terrible symptoms of the disease.
In the autumn of 1891, he was afflicted with increasingly frequent delusions and memory loss, so much so that he knew he was doomed. He drew up his will on 14 December.
On the night of January 1 to 2, 1892, he made a suicide attempt with a pistol, (his valet François Tassart had removed the bullets). He then grabs a paper cup and tries to open his throat.
All doctors agree, a new suicidal crisis can occur at any moment, Maupassant must be hospitalized.
A nurse takes care of him in his Cannes residence and puts a straitjacket on him. He was interned on January 7, 1892 in the clinic of Dr. Blanche. After an interminable ordeal, and suffering from a general paralysis, he died on July 6, 1893.

In order to preserve their unprecedented character, we will publish only a few fragments.


Letter 1

“My eyes look like those of a madman”

The writer evokes the syphilitic symptoms that ravage him

« Mon cher Docteur
Y-a-t-il un contrepoison à la morphine. J’ai passé une nuit folle sans pouvoir rester au lit, allant de place en place, comme après ma piqure de cocaïne. Mes yeux, on l’air de ceux d’un fou. Ma mémoire disparue
[,] le regard si vague que j’écris les yeux fermés, et le gauche louchant.
Quant aux pilules elles m’ont piqué tout le ventre sans aucun résultat
[…] J’ai une migraine atroce, si violente que je ne puis rester couché […] Comment calmer l’agitation à laquelle je suis en proie. Je vous serre la main.
Maupassant »

The writer is in this month of October 1891 in his Parisian apartment at 24 rue Boccador. As his health worsened, he rarely went out. His visit, five days earlier, to Princess Mathilde (his only notable outing of the month), leaves a testimony for the least revealing. She wrote to her nephew Count Primoli: “God he is changed! It hurt me a lot. He stammers while talking, exaggerates the slightest things and thinks he is cured! ». Other testimonies from the end of October give credence to the fact that those around him find him profoundly changed, both physically and intellectually.
François Tassart, his servant, noted at the same time in his diary: “The eminent professor [Dr. Grancher] has just sent him Dr. D [espaigne], because he is in the grip of an invincible malaise. After a time of cordial conversation, the doctor withdraws and I continue my role as a nurse until 4 a.m.”
Having to reach Cannes, as he announced to his mother on October 19, Maupassant had to give it up.


Letter 2

“Crushed by trains, bitten by rabid dogs, chased by assassins”

Moving and pathetic letter in which Maupassant disagrees with his doctor’s recommendations
Like the narrator in The Horla, a constantly tortured self-destructive character, he delivers the most sordid details about his mental and physical state

« Mon cher Docteur
Vous me conseillez toujours le chloral et je vous ai toujours répondu que le chloral ne m’avait jamais fait dormir. Cet été sur le même conseil donné par
[le docteur] Grancher j’en ai bu une fine dose infinitésimale dans un jaune d’œuf battu. À peine le médicament eu-t-il touché mon estomac que j’y sentis une brulure terrible. Je quittais mon lit et marchais toute la nuit dans ma chambre. Le lendemain saignement de l’intestin. Quant au sulfonal c’est l’opium des grands cauchemars. Il a failli me tuer à Florence. J’en prenais tous les jours pour dormir. Or je me réveillais trois heures après écrasé par des trains, mordu par des chiens enragés, poursuivi par des assassins. Il en résultat une constipation féroce, puis, une nuit dix écoulements de sang par l’anus avec des mucosités […] Les médecins de Florence me croyaient perdu […].
Quant aux lavages au sel dans les fosses nasales ils me mettent encore dans un état de folie et de malaise physique invraisemblable
[…] Je passe une existence atroce dans cette lutte où je suis vaincu […] Mon cerveau chantonne des bêtises jour et nuit, ma mémoire s’en va et je perds les yeux […]. Je n’ai plus de salive car tout mon corps est salé comme un poisson mort. Rien ne me purge, rien ne me rafraîchit, je ne peux rien manger ni rien rendre. Et je halète car mes poumons sont secs comme le reste.
C’est la plus grande folie que j’ai commise.
Il n’y a pas de remède.
Bien cordialement à vous, mon cher docteur.
Guy de Maupassant
[…] »

[Then Maupassant reopens his letter at “Midnight”, in order to give an inventory of the situation on the moment to his doctor]

« Minuit
Je rouvre ma lettre à minuit. La salivation est revenue depuis neuf heures du soir, épouvantable non de la salive mais des colles filant comme du macaroni et salées comme la mer. Quand je les fais couler d’un verre dans l’autre elles sont deux minutes à glisser. Si j’avalais je revomirais tout. C’est odieux d’être dans cet état
[…] et me voici dans une situation de détresse où je n’ai jamais été.
Les piqures de morphine que m’a ordonnées Dr Grancher me font dormir quelques heures, mais avec de telles crises rien n’a de pouvoir
[…] L’état où j’étais à Paris, vous l’avez vu. Il n’était rien auprès de celui d’ici […]
Maupassant »

The writer recalls here his flight to Italy, and more precisely his stay in Florence, during the week of September 26, 1889, about which he gives sordid details about him.
He contradicts the prescriptions of his doctor and those of those who preceded him, convinced that they are harmful to him. Were they really? Later in his letter, he castigates the washing of the nasal cavity with salt (a common and harmless remedy) which, according to him, is the cause of all his ailments. Maupassant seems to indulge in paranoia, convinced that no drug produces its effect. It is actually syphilis that runs its course, inexorably and this letter, pathetic, depicts the most terrible details.


Letter 3

“If I have to go to a nursing home I will go”

Maupassant’s last letter to Dr. Despaigne, one month before his suicide attempt and internment

« Mon cher Docteur
Les accidents du sel s’aggravent si épouvantablement
[…] Je ne peux ni manger sans souffrances terribles ni aller à la selle. Ma tête est dans un état d’inflammation qui touche à la folie.
Et dire que j’étais guéri en arrivant à Paris.
Bien cordialement
Guy de Maupassant
Parlez-en sérieusement à notre ami
[Dr.] Grancher.
S’il faut aller dans une maison de santé j’irai
[…] »

In a final fit of lucidity, Maupassant seems here to resolve to his future internment. After his suicide attempt on the night of 1 to 2 January, the famous psychiatrist Émile Blanche deemed it necessary to bring him to Paris, then to intern him in his clinic in Passy, where Maupassant was hospitalized in room 15, which would become his only universe (and from which he would no longer write), until his death eighteen months later.
We only know of reported remarks concerning him during this long period of agony, like these lines of Goncourt in his diary, dated August 17, 1892: “Maupassant has the physiognomy of the true madman, with the haggard look and the mouth without spring”, then of January 30, 1893 “Maupassant is in the process of animalization”.

Thus ended Maupassant who had prophesied:
« I entered the literary life like a meteor and I will come out like a love at first sight. »
This letter is in addition to Maupassant’s rare writings of December 1891, the last known of him.

[BARBÈS] De LAVETIER

Original albumen print by de Lavetier
La Haye, 2th August [1869], cdv format

Scarce original print of Babès with inscription


This print represents one of the most famous portraits of Armand Barbès by the photographer de Lavetier.
On the back, Barbès adds:

« à Jules Claretie
Souvenir de sa bonne visite
La Haie, 29 août
[18]69 »


Very good condition throughout

[DUMAS] Ferdinand DUGUÉ (1816-1913)

Autograph manuscript signed « F Dugué »
N.p.n.d [1870], 2 p. in-8°

Famous eulogy of Alexandre Dumas (father) by Ferdinand Dugué, on behalf of the Society of Dramatic Authors and Composers


« Messieurs,
La Commission des Auteurs et Compositeurs Dramatiques m’a délégué ce grand honneur d’adresser en son nom un dernier adieu à l’homme illustre qui a rempli le monde de sa renommée et j’accomplis avec respect ce devoir douloureux, tout en regrettant qu’un voix plus autorisée que la mienne ne se fasse pas entendre au bord de cette fosse.
Tâche difficile, messieurs !… que dire, en effet, de celui qui a tout dit ? […] Comment peindre celui qui s’est peint et raconté lui même en tant d’esquisses et de portraits qui de populaires vont devenir historiques ? […] et puis, il faut bien l’avouer, l’imagination hésite et se glace devant ce critique formidable qui s’appelle la mort !…
Ce que je veux dire pourtant, ce qu’il importe de dire avant tout, c’est le regret poignant qui s’échappa de toutes les bouches, la douleur inouïe qui remplit tous les cœurs, lorsque éclatât cette lugubre nouvelle : Dumas est mort ! Vous vous en souvenez n’est-ce pas ? et l’émotion cruelle de sa perte nous accable encore tous […] Pour la France déjà si terriblement éprouvée [allusion au Siège de Paris], ce fut comme une calamité nationale, comme un nouveau et dernier désastre… irréparable, celui là !… […]
Ah…! C’est que son génie se doublait de bonté ! C’est qu’avant de l’admirer on l’aimait !… […] Il y a bien une louange qui est bien à la taille de Dumas, c’est celle qu’on peut faire de son cœur ! […]
Notre brave Dumas ! Ne vous semble-t-il pas, en vérité, qu’il soit encore là au milieu de nous, dominant de sa tête puissante la foule recueillie ? Son franc sourire s’épanouit, sa large main se tend vers les nôtres et nous croyons en sentir la mystérieuse étreinte….
Et ce n’est pas une illusion, messieurs, c’est une réalité ! De ce tombeau noir où l’ont descend nos mains pieuses, où l’accompagnent nos prières, un rayon se dégage, un espoir s’envole… D’Artagnan a vaincu la mort !… Le maître, si cher à nos cœurs, revit tout entier dans le fils qui continue son œuvre et agrandit sa gloire !…
F. Dugué »


Dumas died on 5 Dec. 1870 after a stroke that left him paralyzed in September of that year. His funeral took place on 8 December in Neuville-lès-Pollet. After the War of 1870, his son had the body transported to Villers-Cotterêts in April 1872. The transfer of his remains to the Pantheon was carried out on November 30, 2002, on the occasion of the bicentenary of his birth.

DUMAS (père), Alexandre 1802-1870

Autograph letter signed « A Dumas » to the « Patriarch of Jerusalem »
S.l, 15 April [18]47, 2 p. 1/2 in-8°, with autograph envelope
Embossed letterhead with a shield and a crown
Tears on folds

Harassed by serious financial difficulties and pursued by his creditors, the author of The Three Musketeers requires the power of attorney of Madame Dumas, in order to borrow a large sum of money


« Cher et très illustre Patriarche,
J’ai reçu vos lettres, et si quelque chose avait pu augmenter les ennuis au milieu desquels je me suis trouvé, par deux banqueroutes successives qui m’ont fait perdre près de 80,000 f ce serait que vous ayez cru un instant que mes retards dépendaient de ma volonté.
Je vais enfin me dégager de ma maison de plusieurs dettes dont elle était chargée. Et je veux emprunter dessus trente ou quarante mille francs – seulement j’ai besoin de la procuration de Mad[am]e Dumas [Ida Ferrier] pour faire ce prêt – elle doit le recevoir aujourd’hui… Alors je pourrai par le retour du courrier lui faire passer trois mille francs et ayant quelque argent devant moi m’entendre avec un banquier.
Je ne puis pas vous dire cher Patriarche à travers quelles luttes j’ai passé depuis mon retour – tous les créanciers de deux hommes que mad[am]e Dumas connaît bien elle même et qui se nomment Mr Laurey et Bethune sont tombés sur moi et ce n’est qu’en travaillant 18 heures par jour que j’arrive – non pas à faire face à tous – mais à me soutenir.
Que Mad[am]e Dumas fasse donc passer sans retard cette procuration à Dommange – et le premier argent touché sera pour elle.
Adieu cher Patriarche, croyez mieux de moi…
J’espère demain ou après demain envoyer en attendant mille francs à mad[am]e Dumas
Tous les respects du cœur
A Dumas »


The father of The Three Musketeers and The Count of Monte Cristo has always lived beyond his means. Thanks to generous annuities following the publication of his masterpieces, he built the castle of Monte-Cristo in Port-Marly in 1846. At the same time, his wife Ida Ferrier, with whom he was separated, asked him for a pension. Parties organized with hundreds of people, expensive lifestyle, the writer spends more than he earns, and the revolution of 1848 will ruin him. He is deprived of his usual income (stop from the theater and soap operas for several months) and will be forced to sell his castle after having enjoyed it for less than two years.
In this year 1847, Dumas began the writing of The Vicomte de Bragelonne, the famous sequel to The Three Musketeers.

DEGAS, Edgar (1834-1917)

Autrograph card-letter signed « Degas » to Albert Bartholomé
[Paris, 16th December 1899], 1 p. in-12°, autograph address on verso by Degas’s hand
Slight missing bit on left margin due to the opening, without affecting the text

Degas invites his sculptor friend Bartholomé to dinner with Forain and Rouart


« Lundi, mon cher ami, les [Jean-Louis] Forain viennent dîner avec les jeunes [Henri] Rouart.
Êtes-vous libre ?
Amitiés
Degas
Samedi »


One of the most important sculptors of the late nineteenth and early twentieth centuries, Albert Bartholomé (1848-1928) was one of Degas’ intimates.
Degas ironically describes his friend the painter Henri Rouart as “young”, given that he is the oldest of the group.

[ZÜRN] BELLMER, Hans (1902-1975)

Autograph letter signed « Bellmer » to Marc Duprat
[October 1970 ?], Friday evening, 2 pp. in-8°
Tiny sports, fold marks

A few days before Unica Zürn’s suicide, Bellmer tries to reconcile with her through their mutual friend and psychiatrist Marc Duprat


« Mon cher Duprat !
J’espère que ce mort n’arrive pas trop tard ! Il s’agit de quelques précisions que je voudrais vous donner à propos de votre intention d’écrire à Unica.
Vous ai-je donné l’adresse des amis à Berlin qui sont seuls à connaitre l’adresse d’Unica ? La voici :
Monsieur R.W. SCHNELL
BERLIN-CHARLOTTENBURG 9
STÜLPNAGEL STR. 3
ALLEMAGNE-OUEST
Schnell et sa femme ne seront de retour à Berlin qu’à partir du 28 octobre.

1) En écrivant, essayez de donner l’impression que vous écrivez quasi à mon insu !

2) Donnez à Unica votre impression personnelle que je (moi, Bellmer) regrette sincèrement d’avoir provoqué cette affreuse rupture d’une façon aussi brutale. Que, sans doute, si elle revenait chez moi, je la recevrais les bras ouverts et les larmes aux yeux.

Evidemment sa réponse va être : « dites à ce vieux qu’il aille se faire foutre ailleurs… etc – mais il s’agit de guérir un peu sa blessure et il est possible qu’un passage dans le sens indiqué peut y aider.

A bientôt ! Mais prévenez-moi par un petit mot, avant de venir ! Et ne venez pas trop tard si nous voulons faire un tour !
Votre ami
Bellmer »


[We attach:]
An autograph letter signed on behalf of Hans Bellmer (pneumatic) announcing the suicide of Unica Zürn the day before
[Paris, 20th October 1970], 1 p. in-12°

« Cher Monsieur Duprat
Je suis chez Monsieur Hans Bellmer aujourd’hui et par cette lettre il me demande vous annoncer une bien triste nouvelle.
En effet Unica étant à Paris dès dimanche s’est suicidée le lundi matin en se jetant du 5e.
Vous serez bien aimable de passer voir Hans dès que vous le pourrez.
p/p Bellmer
Mardi à 18h »


A cursed couple:
The two artists met in 1953. German painter and writer, Unica Zürn works alongside her companion Bellmer, poses for him, but already suffers from severe depressive and schizophrenic disorders. They live together on rue Mouffetard in Paris, however their relationship will be troubled by the mental health problems of Unica, who will make suicide attempts and will be interned several times.
Increasingly ill, Unica was interned three times between 1969 and early 1970 at the Maison-blanche psychiatric hospital in Paris. The following April, she wrote a breakup letter to Bellmer. Our letter was in all likelihood written a few days before Zürn’s suicide. On October 19, 1970, leaving the clinic where she was interned, she went to Bellmer’s house and killed herself by throwing herself out of the window of her apartment.

BRAQUE, Georges (1882-1963)

Autograph letter signed « G Braque » to a « dear friend »
Paris, 4th June 1943, 2 pp. in-8°
Central fold mark, slight piece missing on lower margin without affecting the text

Nice letter from Braque announcing the upcoming release of a book dedicated to him and metaphorizing his vision of painting


« Mon cher Ami
Nous ne vous écrivons pas souvent mais Tess porte et apporte des nouvelles, ce qui nous fait plaisir de savoir ce que vous faites. C’est bien de savoir que vous n’êtes plus menacé d’une opération. D’autant que
[ce] sont quelques ménagements cela ne vous empêche pas de travailler. Nous espérons voir bientôt ce que vous avez fait.
De mon côté je crois que je n’ai jamais autant travaillé que durant cette période. J’étais même arrivé à un point où j’ai dû prendre quelques semaines de repos à la campagne que je prolonge ici.
La vie artistique ici comme vous le savez
[est] bien animée.
Expositions, concerts, publications sont en abondance. On prépare sur moi un livre avec texte de Paulhan [Braque le patron,
éd. Les Trois Collines, 1946] qui sera suivi de mes réflexions.
Voici la dernière que j’ai noté
” La nature ne nous donne pas le goût de la perfection, on ne peut la concevoir ni mieux ni plus mal “
Pascal a dit on plaint celui qui perd un œil mais personne ne souhaite en avoir trois et Erik Satie
[of whom Braque was an intimate friend] à propos de l’amélioration de la race chevaline souhaitait pour le cheval une cinquième patte pour freiner.
Je crois que cela a quelque rapport avec la peinture.
Nous vous envoyons pour vous deux mille bonnes choses.
G Braque »


Although he says he has “never worked as hard as during this period”, the Second World War inspired Braque to do his most serious works. Cloistered in his studio, the artist devoted himself to the theme of Interiors with a strong return of black that gives an impression of stripping and severity. For Georges Braque, war was synonymous with austerity and overwhelming. At that time, “there is hardly any room for emulation in Braque’s life: no competition, no discussion, no joint work. It is in secrecy that he undertakes.” A woman sitting in front of a deck of cards, seen in profile, entitled La Patience, illustrates at this time his state of mind.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Letter written by his wife Marianne and signed by him « Lamartine », to Louis de Jacquelot
Paris, 8 9bre [November 1840], 2 p. in-8°
Pencil notes on first and second pages from another hand

Belle lettre de Lamartine au sujet de la situation politique à l’automne de 1840


« Pardon, mon cher monsieur, de n’avoir pas répondu plutôt à votre bonne et admirable lettre. J’en ai été bien reconnaissant, je vous assure, et je vous remercie du fond du cœur des sentiments qu’elle exprime.
Les circonstances graves dans lesquelles nous sommes trouvés m’ont fait sortir, à mon grand regret, de mon calme habituel en politique pendant mon séjour à la campagne. Je n’ai pu voir sans émotion l’abîme vers lequel on nous entraînait avec tant de rapidité ; je n’ai pu retenir un cri d’alarme. La sympathie des hommes de cœur et d’intelligence comme vous, m’est d’autant plus précieuse que c’est la seule à laquelle j’aspire, merci donc de celle que vous m’exprimez si bien.
Vous avez mille fois raison de vous plaindre, mais ce n’est pas un tort irréparable et dans la première édition des remerciements qui sera réimprimée, je réparerai ma faute bien involontaire, je vous le promets.
Adieu donc, mon cher monsieur, Mme de Lamartine vous remercie de vos démarches et de votre bon souvenir, moi je vous renouvelle l’assurance de mes sentiments dévoués et de ma haute estime.
Lamartine »


Lamartine is undoubtedly referring here to the third Soult ministry, dominated in fact by François Guizot, Minister of Foreign Affairs. It pursues a conservative policy favourable to the business bourgeoisie, which benefits from the censal vote, the development of large-scale industry, credit, commerce and the means of communication, without accompanying it with social measures to improve the situation of the urban proletariat. Less warmongering, Guizot pursued a policy of rapprochement with Great Britain. Thiers’ foreign policy in Egypt increased the threat of a Franco-British conflict.

FINI, Leonor (1907-1996)

Autograph letter signed « Leonor Fini » [to Gérard Leman]
N.p., « 29th of January » [19]68, 1 p. in-4° with red felt pen
Fold mark on upper margin

Pretty illustrated letter from the artist, decorated with a beautiful print of colors, about two books dedicated to her art


« Monsieur
Il existe chez Pauvert éditeur un livre sur moi texte de Brion et plusieurs reproductions
[de dessins] – dont certains en couleurs. Vous pouvez le commander dans toutes les librairies.
En octobre sortira une grande monographie sur moi à
[la maison d’édition] la Guilde du livre – en Suisse.
Je vous souhaite une bonne année
[19]68
Leonor Fini »


The artist refers here to two works concerning her works:

The first is Leonor Fini est son œuvre, by Jean-Jacques Pauvert, ed. Marcel Brion, published in 1962
The second is Leonor Fini, The Guild of the Book, ed. Konstantin Jelensky, published in 1968 as indicated in the letter

An important figure of surrealism, Leonor Fini was a very prolific artist in the fields of painting, engraving, lithography, theater decoration and writing.
Many poets, writers, painters and critics will devote monographs, essays, prefaces to exhibitions or poems to him.

STAËL (de), Germaine (1766-1817)

Autograph letter to Claire de Duras
N.p.n.d, 1 p. in-8°
Stains on verso

Charming note from Madame de Staël to her dear friend the Duchess of Duras


« Vous avez bien eu raison de m’écrire car j’y allais – est-ce bien fait de ne rien refuser et de le désirer plus – venez ce soir chez moi en allant au bal je vous en prie cela me fera honneur après du duc – »


Novelist, essayist, actress and philosopher of politics, Germaine de Staël was the most illustrious woman of her time — from the tormented years of the Revolution, the Napoleonic regime and the Restoration to its beginnings.

She left unfinished her Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, published posthumously in 1818.

Claire de Duras (1777-1828) remained famous for her novel Ourika (1823), which analyzes issues of racial and sexual equality. She is considered today as a precursor of feminism. Her friendships with Chateaubriand and Germaine de Staël opened Parisian literary circles to her.

GUITRY, Sacha (1885-1957)

Autograph manuscript
S.l.n.d, 5 p. in-folio, black ink
Central fold mark on each folio

Interesting first draft manuscript of the playwright in a composite style


Sacha Guitry tries here the prose poem, on various subjects.
On the first page, he praises the city of Pau :

« Pau,
Dans une ville qui s’endort, c’est une ville qui s’éveille.
Un casino tout blanc, tout neuf, qui semble
avoir été construit la veille. Un hôtel qui promet
d’être moderne – énorme ! – À peine commencé,
rougeâtre, avec des yeux d’aveugle. On le bâtit auprès
de vieux hôtels célèbres ou des monarques ont passé,
où dans les chambres, on voit encore des cheminées
– dont on se sert ! Et d’où l’on voit sortir entre
onze heures et midi des anglais de naguère,
de vieux anglais rhumatisants,
auxquels on n’a pas dit qu’on avait eu la guerre
et qui meurent à Pau – depuis quatre-vingt ans ! »

***

Then the author of Si Versailles m’était conté… gives a very personal look at the restoration of castles

« Les vieux châteaux que l’on restaure
on a souvent bien tort
de les restaurer trop
ça leur donne un côté « métro »
Qui leur enlève tout leur charme
J’ai vu des salles d’armes
Et des salles de fêtes
Qui semblaient avoir été faires
en 1929
Un vieux donjon qui est
tout neuf
Rend inquiet ! »

***

He then evokes the city of Basel through which the Rhine passes.

« Le Rhin, à Bâle, ce n’est pas un fleuve, c’est une catastrophe. Il passa en bouillonnant, verdâtre de colère, et les maisons, sur les deux rives, ont l’air ‘avoir été miraculeusement épargnées dans le désastre.
Les villes ne sont pas traversées par des fleuves, comme on pourrait le croire. Elles sont été construites là, d’abord sur l’une des deux rives – et puis, un jour, s’apercevant qu’un ville au bord d’un fleuve n’est qu’une demi ville, et, ne se contentant plus de leur reflet dans l’eau, elles ont reproduit ce reflet sur la rive opposée.
Bâle parait avoir été traversée de force par le Rhin – et même il a creusé de grands trous dans les murs. Ce sont les ponts. »

***

On another leaflet he discusses Italian fascism :

« Je ne suis pas fasciste. Je dois du reste avouer que je ne sais pas exactement ce que cela signifie – mais je crois bien que pour être fasciste, il faut être italein [Sic – Guitry inverse délibérément deux lettres dans le mot] d’abord. Chaque peuple a ses besoins et j’ai l’impression que le fascisme est spécifiquement italein. Et c’est pourquoi je comprends mal ceux qui considère chez nous que c’est une menace, un danger pour la France. Ou bien alors, si le fachisme n’est pas spécifiquement italein, c’est l’amour de son pays. Et dans ce cas je les comprends moins bien encore ceux de chez nous qui le considèrent comme un danger »


This manuscript seems entirely unpublished.

A prolific playwright, Sacha Guitry wrote one hundred and twenty-four plays, many of which were great successes. He also directed thirty-six films (including seventeen adaptations of his plays), starring in almost all of them. His attitude during the Occupation was the subject of much controversy.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed with his star drawing to à Jean Marais
N.p.n.d [1940], 1 p. large in-4°
Some tiny stains on top left margin (see scan)

Tender letter to his lover Jean Marais for whom he devotes an unfailing love, despite the vicissitudes of life and the chaos of the Second World War


« Mon Jeannot
Inutile de te décrire le réveil après ton départ. Tu te le représentes ! Mais je garde bon espoir en ton étoile et en le nôtre et je ne laisserai pas chômer la chance.
Ta petite maquette
[pour les décors de Britannicus] me tient compagnie et Cola aboie devant. J’ai décidé de tenir le coup et je le tiendrai même si c’est dur. Mes yeux me brûlent encore. J’irai chez l’occultiste lundi. Pour les impôts c’est grave et l’homme que nous avons ici va s’arranger pour que cela ne me ruine pas. De toute manière c’est énorme. Mon Jeannot ce n’est rien à côté de ta tendresse et de notre bonheur de vivre l’un contre l’autre de près comme de loin. Je vais laisser passer cette semaine très lourde à cause du théâtre. Ensuite je m’organise afin d’aller te voir coute que coute. J’adore et je te bénis. ☆ »


Jean Marais was mobilized on the front in the early hours of the Second World War. In May 1940, Germany invaded the France, Cocteau took refuge in Perpignan. After the armistice of June 22, 1940, the regiment of Marais having vanished, the tandem Cocteau – Marais returned to Paris, under German occupation. Like Sacha Guitry and many others, Cocteau decided to return to the stage with the revival of Les Parents terribles, a play that was quickly banned because, according to the collaborationist newspaper Je suis partout, “Cocteau embodies the decadence that has shaken the France”.
Marais and Cocteau remained united until the latter’s death, in 1963.

[POUGY] GHIKA, George (1884-1945)

Autograph letter signed « Georges Ghika » to Liane de Pougy, princess Ghika
N.p, 2nd July 1923, 1. in-4°, blue ink on violet paper

Beautiful declaration of love from Prince Ghika to his wife Liane de Pougy for their thirteenth wedding anniversary


« Anniversaire – 2 juillet 1923
D’une voix juste soutenant la plus juste des causes
Je me vante d’un privilège
Celui de t’avoir eue et de t’avoir gardée
Toi dont l’allure est mon avance même
Le rythme de mon pouls et de mon pas
Ma vie est une roue éclatante et légère
Elle roule et bondit
Entre le ciel et les cailloux où brillent les micas
Et ses rayons sont des tubas annonciateurs
De la gloire vivante et tendre de nos jours
Georges Ghika »


A central figure among the courtesans of the Belle Époque, Liane de Pougy (1869-1950) married secondly, on June 8, 1910, the Romanian Prince Georges Ghika (1884-1945), nephew of Queen Nathalie of Serbia, fifteen years her junior. Their marriage was perfectly happy for sixteen years, until Ghika abruptly left her, in July 1926, for the ultimate conquest of his wife (who was openly bisexual), a young artist of twenty-three, “cute and delicate” Manon Thiébaut, whom he took to Romania. After this separation, Liane de Pougy will find her former love, Nathalie Clifford Barney (1876-1972). They will form with Mimi Franchetti (1893-1943) a ménage à trois. Threatened with divorce, the prince eventually returns to her, but their relationship becomes difficult and chaotic.

FINI, Leonor (1908-1996)

Autograph letter signed « Leonor Fini » [to Gérard Leman]
[Saint-Dyé-sur-Loire] « 22 May » [1979], 4 pp. in-folio
With autograph envelope

The surrealist artist vehemently rejects any honor
She takes the opportunity to recommend to her correspondent several books dedicated to her


« Cher Monsieur,
Vous êtes bien aimable mais je déteste les ‘honneurs’. Je les refuse et ceux qui les acceptent deviennent plus ou moins suspects pour moi. –
Je vous excuse car vous ne me connaissez pas
. Procurez-vous donc I° le livre de L. Fini édition Clairefontaine… Vilo Paris. – C’est épuisé – mais la II édition ‘enrichie’ sortira à la rentrée. Vous pouvez trouver aussi au Musée de Poche 122 blvd Raspail la réédition récente (avec mauvaises reproductions – hélas) avec texte de Xavière Gauthier et notes biographiques éclairantes. –
Je vous signalerai d’autres publications ‘éclairantes’ en préparation.
Je vous signale aussi un beau livre à l’édition du Regard – 67 rue de Montorgueil – très beau texte – livre de dessins très récents. Je vous indique cela parce que il n’y aura pas d’exposition de moi cet été (il y en a eu
[et en] a eu 2 à Paris cet hiver nov[embre] Et dec[embre] de peinture et de dessins.
En octobre (vers la fin d’octobre) il y aura presque sûrement une exposition de livres (édition d’arts et gravures…) 46 rue du Bac. Je dirai de vous envoyer une invitation. Voilà. Et quant aux ‘honneurs’ j’en ai accepté une : d’être présidente d’honneur de l’École du chat (comité de défense des Bêtes libres)
Avec mes pensées amicales
Leonor Fini »


An important figure of surrealism, Leonor Fini was a very prolific artist in the fields of painting, engraving, lithography, theater decoration and writing.
Many poets, writers, painters and critics will devote monographs, essays, prefaces to exhibitions or poems to him.

DUMAS (père), Alexandre 1802-1870

Autograph letter signed « AlexDumas » to M. Bouquié
N.p.n.d [c. 1852], 1 p. in-12° on bifolio
Broken wax seal on second folio (see scan), tiny spots

Dumas wants to invite some ladies for an evening


« Mon bien cher,
Je comptais vous voir hier – ces messieurs sont venus dîner en pique-nique chez moi, chacun  s’était chargé de vous prévenir, tous ont oublié.
Voulez-vous que nous soupions ce soir – Vous plaît-il d’amener ou Adèle ou quelqu’autre – Je préviendrai Charlotte – ou plutôt vous la préviendrez  et nous passerons de bonnes heures ou bien si vous l’aimez mieux Elisabeth et Nathalie
Venez donc me voir et nous ferons à votre volonté
A vous, AlexDumas »

[autograph address on the verso of the second page]
« Monsieur Bouquié
Port Scarbeck [Schærbeek] rue du midi
n°2 Bruxelles »


This letter was probably written during Dumas’ exile in Brussels, alongside Victor Hugo. The two writers had protested against the Coup of Napoleon III. It was also at this time that Dumas began writing his Memoirs.

[NAPOLEON] DAVOUT, Louis-Nicolas (1770-1823)

Autograph letter signed « L Davout » to his wife, Aimée Leclerc
Osterode [current Ostróda in Poland], 16 April [1807], 6 p. in-4° on light blue paper
Slightly frayed margin on fifth folio (see scans), without affecting the words

Long and superb letter from Marshal Davout, written during the Polish campaign, to the defeat of the Russian army, a few weeks after the victory at the battle of Eylau


« Je reçois ta lettre du 3 avril, ma bien bonne petite Aimée. Je ne conçois point comment tu ne m’as pas encore fai[t] un mot de réponse sur la prière que je t’ai faite de louer un hôtel à Paris. Je désire que tu prennes ce parti-là. La petite maison de l’Orangerie [the Davouts then lived in this dwelling, in the Tuileries] n’étant plus tenable, tu aurois trop à souffrir du bruit des ouvriers dans le moment de tes couches pour que je ne désir[asse] point vivement t’en voir sortir. Je serois plus tranquille si tu te rendois à mes réitérées sollicitations. Il ne faut pas conclure de mon changement de quartier général qu’il y ait des événements de guerre, nous sommes ici comme dans la plus profonde paix et il n’y a plus d’apparence que les Ru[s]ses pense à la troubler : il leur en couteroit trop. Je suis venu ici, l’empereur en étant parti, parce que j’en ai eu l’autorisation, Ditterswald étant un mauvais endroit [Marshal Davout was previously stationed at Dietrichswald, now Gietrzwald in Poland, near Olsztyn]. Je te donne ces explications sachant, ma petite Aimée, que tu es ingénieuse à te tourmenter. J’ai reçu hier une lettre de ce pauvre général Dumas qui m’annonce la mort de sa femme [Mathieu Dumas had just lost his wife Adélaïde Julie Delarue]. C’est une grande perte pour lui et toute sa famille. J’ai eu une lettre de mon beau-frère [le frère de la maréchale Davout, le général Nicolas-Marin Leclerc Des Essarts, chef de l’état-major de la division Friant dans le 3e corps de la Grande Armée] du 29 mars, il me mande : “Est-ce que vous avez parlé de moi à S[a] M[ajesté] ? Vous avez mandé à ma sœur que j’aurois bientôt ce que je désirois”. Il me semble, ma petite Aimée, ne t’avoir point écri[t] cela , j’ai pu te mander que je profiterois de la 1re occasion pour exprimer ce désir et qu’il ne dépenderoit pas de moi qu’il ne fût bientôt réalisé, mais voilà tout – le fait est que j’ai eu occasion de parler de Beaumont, que l’empereur regrette que sa mauvaise santé l’ait empêché de faire la campagne, mais je n’ai pas eu l’occasion de pousser plus loin la conversation. J’ai vu avec plaisir que l’empereur étoit convaincu du mauvais état de santé de mon beau-frère. Les détails que tu me donnes sur notre Joséphine me sont d’autant plus agréables que je vois qu’elle te fai[t] passer des moments heureux et que tu es sans inquiétude sur les suites de sa dentition. J’envoie mille caresses à cette chère petite. J’ai rempli tes intentions pour la jument laissée à Francfort-sur-le-Mein Lorsque tu recevras cette lettre elle sera dans un herbage à Mayence et là elle y attendra mes deux autres juments que j’ai envoyées à Berlin. [Marshal Davout then deals with a project to acquire a house with meadows, and a possible remittance from him around May 20.] Peut-être que d’ici à cette époque j’aurai l’occasion de parler à l’empereur de tes embarras et de ta gêne. S’il y avoit jamais nécessité de l’entretenir de cela je le ferois, connoissant sa bienveillance, ainsi tu peux acheter cette maison… Tu as pris le bon parti de ne pas paroître vouloir l’acheter, c’est le moyen d’en faire l’acquisition à sa juste valeur… J’imagine que tu n’oublies pas de toucher mes appointements de maréchal qui sont de 3333 f. 33 c. par mois. Je t’ai laissé une autorisation à cet égard. Je ferai tes commissions près de Desessart. Nous ignorons ici si les intentions pacifiques de notre empereur prevaudrons sur les intrigues de nos éternels ennemis, mais dans tous les cas nous sommes plus en état que jamais de les faire triompher par nos armes – les armées sont plus nombreuses, bien disposées et bien reposées, et pour ce qui regarde le corps d’armée que je commande, il est, comme tous les autres, animé… du meilleur esprit et en outre il y a 3 régiments de plus. Mille choses à ta bonne mère et à M[adam]e Friand. Tranquilise-la sur son mari qui, ne pouvant faire la guerre aux Russes, la fait au gibier du pays [Marshal Davout’s brother-in-law, General Louis Friant, who distinguished himself at Eylau at the head of the vanguard of the 3rd Corps].
Pour toi, ma chère petite Aimée, reçois mille et mille baisers de ton amoureux et fidèl[e] sposo [fidèle époux, en italien] L. Davout ».


The only marshal of the empire to remain undefeated, Louis-Nicolas Davout, Duke of Auerstaedt, participated in the campaigns of Egypt (1798-1800), Italy (1800), Austria (1805-1809), Prussia (1806), Poland (1807), Russia (1812, where he was the only one to bring the survivors and his army corps in good order). He constantly asserted himself as an outstanding strategist and tactician, a leader of men, and won decisive battles, which earned him the dignity of marshal in 1804, then the titles of Duke of Auerstaedt in 1806 and Prince of Eckmühl in 1809. Napoleon I also called on him for various delicate missions such as the occupation of Poland in 1807-1808 and that of part of Germany from 1809 to 1812, or as Minister of War in charge of reconstituting an army under the Hundred Days. He always showed exemplary moral rectitude: thus, after the fall of the Empire, he was one of the few to testify in favor of Marshal Ney, then, after two years of disgrace, used his newfound credit to rehabilitate generals of the Hundred Days by personally assuming their actions then carried out under his orders.

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Colette de Jouvenel » to her « dear Sacha »
[Paris, 1923], 2 pp. in-4°
Fold marks, slight browning spots

Colette announces the upcoming release of Ripening Seeds (Le Blé en herbe) and regrets that she no longer has a large paper edition for her correspondent


« Ma chère Sacha,
Vous voilà donc atteinte d’une bibliophilie aigüe. Ce n’est pas moi qui la découragerai : je ne m’en défends que pour de sévères mesures préventives.
Je ne possède aucune Claudine à l’École sur grand papier ; pas même, je crois, une seule édition originale des “Claudine”. On m’a signalé une
1ère édition, mais sur papier ordinaire, rue de Châteaudun, et je n’ai pas couru le chercher. “Le Blé en herbe” va bientôt paraître, et je vous l’enverrai, mais je n’ai retenu, hélas, que deux « grands papiers », un pour Sidi[Henry de Jouvenel, son deuxième mari], un pour moi. Le reste appartient déjà à des amateurs, c’est-à-dire à vous. Croyez-moi toujours sympathiquement à vous
Colette de Jouvenel »

[she add on the top left margin for the first page] « Je vous renvoie la liste des livres »


Claudine à l’école (Claudine at school), a semi-autobiographical novel, had appeared in 1900, first under Willy’s signature, then attributed to Colette, his then wife. Of a natural style then new for the time, it created a real scandal.
Le Blé en herbe (Ripening Seeds) was published in 1923 and tells the sentimental and sexual initiation (by different but converging routes) of two Parisian teenagers. It shocked the public when it was released due to its nonconformism.

From November 1916, the Jouvenels settled in a small mansion, at 69 boulevard Suchet, in the 16th, on the border of Auteuil and the Bois de Boulogne. After their break and the departure of Henry de Jouvenel, in 1923, Colette lived there until 1926

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed « Max Jacob » to a friend
St Benoît-sur-Loire, Loiret, 23 Feb[ruary] 1926, 2 p. in-8°

Long, unpublished letter from the poet – recently returned from his famous trip to Spain – in which he lets himself go straight as an art critic


« Cher ami,
Je me demande si j’ai répondu à votre lettre du 30 janvier. En tout cas je vous dois des remerciements pour la rapidité avec laquelle vous avez aidé mon voyage en Espagne et la part que vous avez à mes joies. Je vous parlerai un jour de ce voyage. Sachez que j’y ai fait une conférence ! une conférence sur le sens des Évangiles, rien que ça ! oh ! ce n’était pas calotin du tout, ni scientifique, ni évangélique, c’était visuel[e]ment intéressant. Sachez aussi que j’ai vu en 8 jours assez de peinture pour en être rassasié. Mais je veux seulement répondre à votre lettre. L’église de ma gouache est celle de Landivisiau, près de Morlaix et mes costumes sont de ce pays aussi.
[Jules] Depaquit était un conteur inouï, un homme d’un esprit inventif et mordant bien qu’enfantin. Je sais qu’il a fait des tableaux, j’en ai peu vus ; les dessins sont des caricatures, plus fortes que celles qu’on voit généralement et d’une invention parfois exquise. Il y a de bons Depaquit. Je ne crois pas qu’il ait rien fait aux dettes de lui-même (ce qui est la marque des grands artistes). Il y a des amateurs, des collectionneurs de Depaquit : Je suis à mon aise pour dire que je ne serai pas de ceux-là ; il y a là trop de clarté, aucun mystère, aucune humanité vraie. Comparez avec [Honoré] Daumier ou même avec l’ancêtre direct : Caran d’Ache. Caran d’Ache allait plus loin à qui y pense ? Depaquit n’est d[an]s son dessin ni mordant, no mordu.
[Suzanne] Valadon est une grande artiste qui sent profondément et a une très grande science. Elle n’a pas la place qu’elle mérite. Voilà mon avis – mais n’attendez pas une force de verdict à mes modestes opinions.
J’ai vraiment un grand désir de vous voir et je me sens votre ami de tout cœur
MAX JACOB
Je vous signale un bourgeon bien intéressant : Mlle André Ruellan 50 rue Vercingétorix »


Max Jacob had been invited to give a lecture by the Society of Conferences in Madrid and to speak at the Student Residence in Madrid by José Bergamin. Many press releases will be published on this stay. In 1934, José Bergamin published in his magazine Cruz the two lectures delivered: « Le vrai sens de la religion catholique » and « Les dix plaies d’Egypte et la douleur ».
André Level helped finance this 1926 trip. Our letter, addressed to a friend, seems to thank his support – by the purchase of a painting (Church of Landivisiau). This is a business relationship of Jacob who requested information, in particular about Depaquit – friend of Jacob from the Montmartre period – and to whom the author recommends Andrée Ruellan, painter, companion of Jean Aurenche at the time.

The poet does not fail to salute the works of Suzanne Valadon, this “great artist”, once a model for Renoir, Toulouse-Lautrec, among others, who became one of the major figures of Post-Impressionism and the École de Paris.

MASARYK, Tomáš (1850-1937)

Autograph letter signed [in Czech] « Masaryk » to a political activist
S.l, 21st December 1893, 2 p. 1/4 in-8° on two separate folios
Tears on the folds, small spot in the lower margin on the second folio, typographical annotation on the fourth page

The founder of the Czechoslovak Republic gives a poignant testimony at the dawn of his political career


Translation from Czech:

If all trusted men have the will to take the free path, no conflict will occur. I could be invited to the meeting attended by a member of the party to agree on a way out of this embarrassing situation. […] If the party turns against me, it opposes the men of confidence, as well as the vote of confidence that has been granted to me. […]
Yesterday students asked me to leave the university. […] I would like to teach this terrorism a lesson. Faced with our indifference, it is difficult to decide what would be better, and above all, it is difficult to decide because one cannot count on direct attacks, but on confusion and lack of loyalty…
Masaryk »


At the end of 1893, Tomas Garrigue Masaryk had just renounced his mandate as Austrian Reichstag. He had represented the moderate wing in the Young Czechs Party, advocating for greater autonomy for the satellite territories of the Habsburg Empire. Here he came to leave the political scene in the face of growing pressure from radicals. He was not to return until 1907 (after founding the Realist Party in 1900).
This letter testifies to the embarrassment caused by Masaryk’s departure from within his party. He intends to silence the radicals who are harming those who, like him, had received the confidence of the people.
He became the first president of the Czechoslovak Republic, from the country’s independence in 1918 until his resignation in 1935.

[FLAUBERT] Paul NADAR (1856-1939)

Late print depicting Flaubert in bust
[Paris, c. 1910], cabinet format, laminated on thick cardboard to the photographer’s credit
Near fine condition except for a very slight defect on the right part of the portrait
“Flaubert” inscribed on verso by an unknown person
Stamp on verso: “E. Hautecœur – 35 avenue de l’Opéra – Paris”

Very rare and legendary portrait of the writer by Nadar, during the years of writing his novel L’Éducation sentimentale


Flaubert’s iconography is limited, to say the least. Only four photographic portraits of the writer are known:
-Two portraits by Étienne Carjat in Italian format, taken during two different sessions
-A portrait in profile by Giacomo Borelli, probably taken during the Universal Exhibition of 1867, which Flaubert attended
-A portrait by Felix Nadar, of bust in three quarters (the one presented here)

Paul Nadar, son of Félix Nadar (1820-1910) had begun to collaborate with his father in 1886. This late print is therefore based on the one taken by Felix between 1865 and 1869.

Flaubert’s photographic portraits, even later prints, are of great rarity.

When Flaubert died on May 8, 1880, his face was unknown. He is an exception in a century where the face of the artist has multiplied through engraving and photography. The absence of an image results from the express will of the author: he refused, consistently, to “deliver” his head to the public.

 

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Marie Scheikévitch
Cabourg, [5th September 1912], 3 p. 1/2 in-8°
With stamped autograph envelope
Small marks of paper clip, old trace of mounting, without affecting the text

Proust’s very first known letter to Marie Sheikevich
The writer is moved by the praise made by his correspondent on his article, recently published in Le Figaro: « L’Église de village », and some fragments of which will be taken up in Combray, the following year, at the publication of the first volume of The Search
Clearly troubled, he ends his missive by quoting Verlaine and Baudelair


« Madame,
J’ai reçu hier de l’écriture de Jean Cocteau, sous deux enveloppes similaires, deux brouillons de dépêches, adressées pareillement 112, boulevard Haussmann, et par symétrie sans doute (car il sait si bien que je demeure 102) ; l’une signée Jean était assez obscure ; l’autre était claire, chaleureuse, charmante, et je suis tout ému de prononcer pour la première fois votre prénom et votre nom, en disant qu’elle était signée « Marie Scheikévitch »(1).
Je suis si heureux de penser que cette page, cette description d’église à laquelle j’attachais plus d’importance depuis que je savais que vous la liriez(2), vous l’avez trouvée, comme vous disiez si bien, « organisée et dense ». Je ne savais pas si, dans les allées et venues de ce mois de septembre, vous auriez ce jour-là le Figaro et j’avais presque envie de vous l’envoyer avec ce vers de Verlaine :
Et qu’à vos yeux si beaux, l’humble présent soit doux(3).
Je pense aussi, par le soleil enfin revenu que je vois à sept heures du soir (ce qui est pour moi le levant) « rayonner sur la mer », aux vers de Baudelaire :
J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre…
… mais aujourd’hui tout m’est amer(4),
Et rien,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Merci, Madame.
Ah ! quand refleuriront les roses de septembre ?…(5)
Heureusement que je n’ai pas de mémoire et que j’oublie extrêmement vite les êtres qui m’ont plu(6). Daignez agréer, Madame, mes bien respectueux hommages.
Marcel Proust »


1 – “One day when Mr. Jean Cocteau was having lunch at Mrs. Scheikévitch’s, he had read together, in the Figaro of September 3, 1912, a charming and brilliant article by Marcel Proust, written about La Grande Pitié des Églises de France, which had just been published, and entitled L’Église de mon village [L’Église de village]. They had decided to compliment the author, and they had written two dispatches which M. Jean Cocteau had undertaken to post to the post, and which, remembering that Proust was absent from Paris, he had preferred to send him in an envelope . . . Lettres, p. 127, note 1.

2 – Proust is referring, it seems, to the two interviews he had with Marie Scheikévitch at Cabourg, during which he had to announce to her the forthcoming appearance of his article in Le Figaro.

3 – Verlaine, Green (Romances sans paroles, Aquarelles), fourth verse of the first stanza

4 – Baudelaire, Chant d’automne, fifth stanza. Proust does not dare to put, after the first verse of the stanza, the following words: Douce beauté. He omits part of the following verse

5 – Verlaine, L’espoir luit comme un brin de paille (Sagesse, third part), last verses

6 – Proust takes precautions. In a letter to Reynaldo Hahn a fortnight earlier, he wrote: “I had a second interview with Mrs. Scheikevich. And as here [Cabourg] I am very destitute, the slightest pleasant woman troubles me a little and I show her in spite of myself a kind of sympathy that I do not support afterwards. ”

An intimate of Proust who did much effort in using her network for the publication of the first volume of The Search :

Marie Scheikevitch (1882-1964) was the daughter of a wealthy Russian magistrate and art collector who settled in France in 1896. George D. Painter described her as “one of the smartest and most prominent ladies of the new generation.” Patron of artists and writers, she frequented salons and then founded her own. She was friends with Jean Cocteau, Anna de Noailles, Reynaldo Hahn, the Arman de Caillavet family, among others.
A feeling of singular quality united Marcel Proust to Marie Scheikévitch. Although they met briefly in 1905 in Mme Lemaire’s salon, it was in 1912 that they really get to know eachother. There followed a correspondence that lasted until 1922, the year of the writer’s death. Seeing each other “almost every day” as she would later say (friends writing all the less as they see each other more), we know only 28 letters from Proust addressed to her.
She opened to him the doors of her salon, frequented by all that Paris had of illustrious personalities in literature and arts, so that he paid tribute to her in Sodome et Gomorrhe under the veil of Madame Timoléon d’Amoncourt, “a charming little woman, of a spirit, like her beauty, so ravishing, that only one of the two would have succeeded in pleasing “.
A fervent admirer of the writer, she spent a great deal at the time of the publication of the first volume of The Search, trying everything to put Proust in touch with the Parisian personalities she considered most capable of helping him. It was she who recommended him to her lover Adrien Hébrard, the influential director of the newspaper Le Temps, to obtain the famous interview of November 12, 1913 by Élie-Joseph Bois, on the eve of Swann‘s publication: This was the first significant article published in the major press and devoted to The Search. To thank her, Proust sent her a major inscription (recently acquired by the BnF) when Swann was published.

BORGES, Jorge Luis (1899-1986)

Autograph card-letter signed with his initials to Ricardo Güiraldes
[Buenos Aires, 7th December 1926], 1 p. small in-8°
Autograph address (from Borges’s hand) on verso:
Sr don Ricardo Güiraldes – La Porteńa – San Antonio de Areco [the large rural estate of the Güiraldes]
Brownings and small spots

Güiraldes receives from Borges an affectionate letter for the recent publication of his cult novel: Don Segundo Sombra


«Ya con un pie en el estribo en literales vísperas de empamparme, porque me voy a Vértiz (F.C.S. por si acaso) esta noche, le garabateo rápidamente que ya Sáenz Hayes estará ufanándose de la pronta captura del padre o testigo de Don Segundo. Ya le avisé à S.H. su resignación y agradecimiento…»


A token of affection between two of Argentina’s greatest literary figures of the 20th century, Borges would later say that he preferred his friendship with Güiraldes rather than his writings. In an interview with Osvaldo Ferrari, Borges returns on Don Segundo Sombra, which reminded him of the “visible goodness” of his friend, but also the pampas, the gauchos, themes to which Borges remained very attached throughout his life.

Ricardo Güiraldes (1883-1927) came from a wealthy aristocratic family in Buenos Aires. He traveled all over the world, immersed himself in modern French literature and was one of the figures of Argentina’s avant-gardism. He remained, however, known for his novel Don Segundo Sombra, which he began writing in Paris. This novel, which depicts the life of a gaucho, is one of the masterpieces of Criollism, a regionalist literary movement exalting Spanish-American ethnic and geographical particularism.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Telegram to Marie Scheikévitch
[Friday 21st September 1917], 1 p. in-8°
Telegram addressed to: « Madame Scheckevvitch [sic] Trianon Palace Versailles », postmark « Versailles 21-9 17 »
Slight tear on left margin (without affecting the text), some autograph corrections

Nice telegram in which Proust responds to an invitation to go to the Trianon Palace in Versailles – He ends his message by quoting poets Agrippa d’Aubigné and Verlaine


« Madame,
Venir samedi est pour moi une joie mais pas une certitude [.] Ma santé si détestable en ce moment me prive souvent à la dernière heure des plaisirs les plus désirés. [.] Je compte bien venir [.] N’osant me citer moi-même je cite Aubigné et Verlaine
Une rose d’automne est plus qu’une autre exquise(1)
Ah ! Quand refleuriront les roses de septembre
(2)
Respectueusement
Marcel Proust »


Did Proust attend the invitation of Marie Sheikevich?
As Philip Kolb reports, she had to rely on this telegram to recall a visit in September 1917 that Proust made to her at the Trianon Palace in Versailles. She evokes it as follows:
“I see him again, on this September evening arriving at the Trianon-Palace, in the automobile of General Zankevich […] » (Souvenirs d’un temps disparu, Plon, p. 156).
It seems, however, that Proust was unable to travel to Versailles at that time. There is nothing in his letters of the end of September that indicate that Proust actually made his way to Versailles. Moreover, he asked to Montesquiou to come and walk with him “in the countryside, which I have not seen for so many years […]” (letter of following 10th October).
Eventually, General Zankévitch brought Proust to Versailles in his automobile in April 1918 (unpublished letter to Guiche).

1- Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques, livre IV, Les Feux, vers 1233
2- Paul Verlaine, Sagesse, IIIe partie, III, dernier vers du sonnet

Proust’s telegrams are rather uncommon

BELLMER, Hans (1902-1945)

Autograph letter signed « HB » to Joë Bousquet
Revel, Tuesday 11 Sept[ember] 1945, 1 p. in-4° on pink paper
Some tiny spots

Bellmer is moved to find his Doll, six years after being separated from her during the Second World War
The artist is also much enthusiastic about the project in common with the poet on an amplified version of the “justification of sodomy”


« Mon très cher ami !
Dès le moment où je vous ai quitté, l’autre jour, avant la fin de ma lettre précédente, ma vie a été sens dessus dessous : pensez ce que c’est d’être, de nouveau après six ans de séparation, parmi mes affaires : photos en couleurs immenses, livres qui me sont chers, notes, dessins, tableaux, objets, la Poupée, vêtements d’elle et d’autres, lettres, souvenirs, choses impondérables et émouvantes.
J’ai dû passer trois jours à Castres. Et, avec tout cela, je suis accroché avec obstination au texte de L’Anatomie, pour que cela se termine finalement. Mais quelle difficulté, mon français raide et artificiel. Tant pis, faisons une vertu de cette faiblesse, me dis-je pour ne pas désespérer.

Quand j’ai reçu et lu votre texte exquis qui inaugure la Justification de la Sodomie, j’avais de quoi nourrir mon désespoir individuel : oui, c’est comme cela qu’il faut que la pensée se pense et le mot s’écrive, aisément. (Moi j’écris comme une poupée articulée).
C’est un grand enthousiasme et je suis heureux que vous voulez me confier la publication de la “Justification” amplifiée. Ce sera un document de premier ordre et d’une portée encore mal calculable. J’aimerais vous dire : négligez tout le reste en faveur de cet ouvrage-confession-expérimentale. La poésie est un fait.
Aujourd’hui je ne vous parlerai pas en détail de vos pages. (La question “musculature et vision” est d’une importance première et sera à contrôler très froidement).

Je tâcherai de trouver un moyen (portrait) de continuer à vous voir à Carcassonne. Un de vos collègues d’école, homme d’affaires exubérant, Mr [Marcel-Yves] Toulzet, m’a demandé assez sympathiquement, de faire le portrait de sa femme et de sa fille. – Voilà donc de nouveau un début à Carcassonne !
Ce mot est trop court ! Il faut que je me mette au labeur !
Affectueusement votre
HB »


The Second World War was not easy for Bellmer. Residing in Paris since 1938, he was arrested as a German national and therefore a suspect in the eyes of the authorities. Imprisoned in the Camp des Milles near Aix-en-Provence alongside Max Ernst, he ended up taking refuge in hiding. The artist had created his Doll in 1934, and it is therefore not without emotion that he expresses here his reunion with his most famous artwork. He also evoked to Bousquet his desire to continue his illustrated project on L’Anatomie, which later became his famous illustrated book Anatomie de l’image, published in 1957.

Bellmer and Bousquet have known each other for a short time, but the mutual understanding between the two surrealists was already at its height. The artist unreservedly approves the poet’s text on his “justification of sodomy”, a pathetic but very real consequence of the wound on the sexuality of Joë Bousquet, bedridden since the Great War. He does not hide his enthusiasm to be entrusted by the poet with a common on the “amplified justification” of the text, which however remained in the embryonic state and was not published.

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « R. Char » to Marianne Oswald
N.p.n.d, 2 p. in-8°

René Char ostensibly refuses to appear on television in any form, but nevertheless encourages his friend Marianne Oswald to recite his poems


« Chère Marianne,
Je suis sensible – crois-le – à ta pensée que je viens de lire dans ta lettre cueillie au passage, mais, hélas !, la perspective d’un film m’est si odieuse (même avec toi) que j’ai juré mes grands dieux de ne pas m’y prêter jamais. Tu ne te vexeras pas, je sais, de ma réserve – à mon égard – Tu las comprendras, mon amie. Lis mes poèmes, ils sont écrits pour cela, mais ne me demande pas de me montrer, ni d’étaler mon existence poétique… sur un écran de télévision. Impossible réellement !
Je t’embrasse très amicalement
René Char
P.S. Je t’ai appelé au téléphone à l’hôtel St Martin à l’Isle, lundi matin, mais tu n’y étais plus. »


Marianne Oswald (1901-1985), singer and actress, friend of poets, is a remarkable storyteller. She entertained in her radio and television programs devoted to poetry.

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « R. Char » to Marianne Oswald
N.p.n.d [1957], 1 p. in-8°

The poet offers friend Marianne Oswald to recite his selected poems to be published by Gallimard


« Chère Marianne,
Je m’excuse de ne pas t’avoir écrit plus tôt mais j’ai été et suis encore réellement mal fichu. Je t’appellerai au téléphone ou t’enverrai un message ces jours-ci, dès que je serai moins podagre. Cela m’embête que tu puisses être retardée par moi.
Je te fais confiance, tu le sais
René Char
P.S. Un choix de mes poèmes va sortir chez Gallimard à la fin du mois. Tu pourras puiser dedans facilement.
Je me réjouis de ton bon travail au cinéma. »


Char is referring here to his book Poèmes et prose choisis, published by Gallimard in 1957.

Marianne Oswald (1901-1985), singer and actress, friend of poets, is a remarkable storyteller. She entertained in her radio and television programs devoted to poetry.

STALIN, Joseph (1878-1953)

Autograph letter signed « J. Stalin » to Marietta Sergeevna Shaginyan
N.p, 20th May 1931, 1 p. in-folio, red ink, in russian

Very scarce letter of the Russian tyrant, as General Secretary of the Communist Party, coming to the aid of the communist activist Shaginyan


Translation from Russian to English:

“Dear Comrade Chaguinian! 
I must apologize to you for the fact that I do not have the opportunity, at this time, to read your work, or even to give it a preface. Three months ago I could still have fulfilled your request (I would have done so with pleasure), but now – believe me – I am deprived of the opportunity to satisfy it due to a daily overload of practical work that exceeds expectations.
As for accelerating the output of “Hydrocentale” and protecting against attacks out of measure of a “critical” criticism – then I will do it without fail. Just tell me concretely who I need to put pressure on to get the case going forward.
J. Stalin. 20/V/31″

Original version:

Уваж. тов. Шагинян !
Должен извиниться перед Вами, что в настоящее время не имею возможности прочесть Ваш труд и дать предисловие. Месяца три назад я еще смог бы исполнить Вашу просьбу (исполнил бы ее с удовольствием), но теперьповерьтелишен возможности исполнить ее ввиду сверхсметной перегруженности текущей практической работойЧто касается того, чтобы ускорить выход « Гидроцентрали » в свет и оградить Вас от наскоков со стороны не в меру « критической » критики, – то это я сделаю обязательно. Вы только скажите конкретно, на кого я должен нажать, чтобы дело сдвинулось с мертвой точки.
И. Сталин 20/V/31″


At the beginning of the massive industrialization of Russia, Stalin wrote to the propaganda author Marietta Shaginyan: he proposed to him to ensure the release of his book and to suppress any hostile reaction to it! This signed autograph letter, of a remarkable rarity, is a new testimony to the omnipotence of the Soviet tyrant.

The Western gaze, no doubt biased by the Soviet contribution to the Allied victory in 1945, no doubt downplayed Stalin’s appalling dictatorship of Russia and the Soviet bloc. Let us recall the career of Iossif Vissarionovich Djougashvili, better known as Joseph Stalin. From an anonymous Bolshevik insurgent of the October Revolution, Stalin became in a few years the despot leader of the USSR. Establishing a regime of terror and the most accomplished personal dictatorship of the modern era, he is considered by historians to be the greatest mass criminal of all time, responsible to varying degrees for the deportation and death of nearly twenty million souls.

To rise to the head of this Empire, Stalin showed exceptional political sense: intriguing, maneuvering, and relying on the all-powerful bureaucracy of the Party and its police apparatus. Installed at the top of the state, he created an unprecedented climate of terror, suppressing all opponents, rigging trials, incessantly resorting to propaganda and encouraging a delirium of denunciations of all kinds.

In 1931, the year this letter was written, Stalin had just begun what he called the “collectivization” of land, five-year plans that actually abolished private property and starved his people. The peasant revolts that followed were drowned in blood.

This is precisely the subject of the novel Hydrocentral that is discussed in this letter. Marietta Sergeevna Shaginyan (1888-1982), the recipient of this letter, was a Soviet writer and activist of Armenian origin. She was one of the “Companions of Travel” of the 1920s led by the Serapion Brothers and became one of the most prolific communist writers of the time, experimenting with satirical-fantasy fiction. The content of Hydrocentral was precisely linked to Stalin’s economic and political objectives at the time. Marietta Shaginyan was one of the most interesting Soviet authors for the Stalinist system: she was read and adhered to the line of the Communist Party.

Behind the words, and beyond their original meaning, several ideas appear, and in filigree, the personality of their author, the all-powerful Stalin:

« Just tell me concretely who I need to put pressure on »

What appears very clearly in this letter is the propaganda work carried out by Stalin to serve his person and his regime. By offering support to an official message, and proposing, as one can read, the removal of any opposing person and any dissenting voice: “With regard to the acceleration of the release of ‘Hydrocentale’ and your protection against attacks beyond measure of a ‘critical’ criticism – then I will do it without fail.” “Critical criticism” must not exist in the USSR! This letter perfectly illustrates the organization set up and controlled by Stalin for the suppression of fundamental freedoms in Russia, and freedom of expression in the first place.

Even more terrifying to note: J. Stalin’s character trait underlying this letter: his absolute and constant concern to control EVERYTHING, his control over the smallest details. Let us consider that he is then one of the most influential men in the world. Nevertheless, he practices direct intervention, in a case of apparently low degree of importance, taking the pen to respond personally to the solicitation of a novel author, and to offer him his services directly. “I must apologize to you for not being able to read your work at this time, or even give it a preface.”

His biographers, and especially Montefiore, have placed great emphasis on this behavior and this way of leading. Endowed with a prodigious brain, capable of slaughtering two dozen hours of work a day, the Little Father of The Peoples wanted to establish a closeness with each writer, each general, each factory manager… all this for a single purpose: to maintain influence, control, and maintain an infernal pressure of deterrence on any potential opponent. It is also this impressive daily work that is discussed in this letter. “I am deprived of the possibility of satisfying [you] because of a daily overload of practical work that exceeds expectations,” Stalin apologizes.

His involvement in literary publications also speaks volumes about the Soviet system. The disguise of the truth into an official message truly responds to a desire for brainwashing. In the words of Andrei Zhdanov, “Writers must become engineers of souls.”

Paranoid, in search of absolute control, Stalin managed to master everything. Warned of all the attempts that could be prepared against him from the moment they began to organize, Stalin had understood, before Adolf Hitler, the need for a state police – the Gepu – allowing him to control collaborators and leaders. Hitler copied Stalin and the Gestapo was very closely inspired by the Gepu.

Joseph Stalin’s letters are remarkably rare.
Those written in ink, as is the case here, are even more so, since from 1933, Stalin will write only in pencil. We are thus in the presence of one of the last letters written in ink.

Indeed, as Yves Cohen explains in his article Des lettres comme action: Stalin au début des années 1930, published in 1997 in Les Cahiers du Monde Russe, a clear break took place in Stalin’s writing between the years 1931/1932 and 1933. Before this changeover, Stalin’s letters were written in ink (variously green, black or purple) and of a coherent and tight spelling. After that, Stalin writes his missives in pencil, systematically, giving an impression of greasy writing, and sometimes writing only one word per line. This change of writing is the indisputable sign of a mental shift in the mind of the Soviet tyrant.

The suicide of his wife Nadezhda Allilouieva in the Kremlin on November 8, 1932, pushed Stalin to infinite and constant paranoid delusions.

STENDHAL, Henri Beyle, dit (1783-1842)

Autograph letter signed with his pseudonym « D’Arlimpe » to his sister, Pauline Périer-Lagrange
Paris, 10th December [1810], 3 p. 1/2 in-4°
Traces of period folds, small paper hole caused by unsealing (fragment preserved, see photos), some slight brownings

Long and superb letter from Stendhal to his sister and confidante Pauline Périer-Lagrange
With a breathless rhythm and mixing French and English, the writer tells his sister about his last evenings spent trying in vain to attract the attention of Victorine Mounier, with whom he fell madly in love


« Je parie que d’après toutes mes lettres sur la b[aronnie] tu me crois devenu un vilain ambitieux aux joues caves et ridées, à l’œil envieux, etc… Pas du tout. Je suis plus joufflu que jamais, et j’ai fait avant-hier un trait de jeune homme sensible que je veux te conter pour me relever dans ton esprit. Donc, je dînais chez M. le Comte de Jaubert. Je trouvai à côté de moi M. Amdée P[astoret]. C’est un de mes collègues. Je me livrai donc sur le champs aux douceurs d’une reconnaissance, et nous parlâmes Gr[renoble] tout le temps du dîner. Je trouvais ce dîner long, parce que j’avais trois soirées: deux de plaisir et une de devoir. Quand M. A[médée] eut bien parlé de Gr[enoble], il me parla de la manière dont il était revenu, et me dit qu’il avait fait la route très lentement, parce qu’il était avec sa mère and the miss…, qui lui avaient même fait les plus grands éloges de Thuellin et de la maîtresse de maison. At the name of this once so beloved girl, all my sentiment were awackened. J’eus donc l’adresse d’apprendre from him that this very evening, il allait avec this miss to a box qu’il avait loué aux Variétés, pour voir la Chatte merveilleuse qui fait courir tout Paris. Je n’eus rien de plus pressé que de courir moi-même me débarrasser mon costume et gagner, aussi vite que mon cheval pouvait aller, le théâtre où j’espérais la voir. J’arrive: plus de billets, excepté de quatrième galerie (ce sont des espèces de sixièmes loges où se trouvent messieurs les laquais). J’y grimpe, et, à l’aide d’une lorgnette, je découvre the brother au fond d’une loge, sur le devant de laquelle étaient six femmes. Je ne puis jamais l’apercevoir distinctement. Tantôt, à un geste aimable, je croyais que c’était une femme en spencer noir ; un instant après, un chapeau bleu me semblait être elle. Je m’éborgne complètement. Je parviens à coups de poings à sortir de ce gouffre élevé et je descends aux premières, en séduisant successivement trois ouvreuses de loges. Aux premières, on m’offre une place à vingt pas d’elle. Je n’osais jamais la prendre. J’espère que voilà la timidité du sentiment véritable. Elle ne m’a pas vu depuis quatre ans, elle ne m’a, je crois, jamais vu en grand deuil; mais raison me disait tout cela, mais comme la raison n’est pas ce qui règle l’amour, je refusais la place des premières. Elle était unique. Je fus obligé de remonter aux secondes, d’où je la lorgnais à perdre les yeux, à travers le vasistas d’une loge. Impossible; je ne pus jamais la reconnaître. Je n’abandonnais cependant la place que lorsqu’elle sortit. Je courus tout triste à une de mes soirées et ai été obligé de faire mensonge sur mensonge pour m’excuser aux deux autres. Toutes mes courses au théâtre sont d’autant plus méritoires qu’il était horriblement rempli et que toutes les ouvreuses, inspecteurs, etc…, avaient redoublé de sévérité. Car le gros rat et les deux souris de Cendrillon, changés en un cocher et deux petits laquais gris souris, font pâmer tout Paris et, réellement, c’est une bêtise charmante. C’est aussi ce que je pense de ma soirée. Je veux cependant la voir.
Pour peu que ma vie actuelle dure et que tu ne viennes pas à Paris, je crois que mon cœur s’ossifiera tout à fait. Je suis comme ce célibataire qu’on pressait de se marier; je n’aime point ou presque point et ne suis point aimé. Et dans cette société, on n’est ridicule, quand on a quelque usage, que par l’expression d’un sentiment dont vous ne pouvez vous défendre. On prend l’habitude d’afficher la dureté pour échapper au ridicule du tendre. Adieu, écris-moi donc sur ton voyage qui n’est, je l’espère, que différé, et pousse ferme le maj[orat]. C’est fort essentiel, parce que nous sommes trop nombreux, qu’il faut qu’il y ait un triage et que les titres se feront.
D’Arlimpe
Mille amitiés à Périer, et à Mme Tivollier mes respects. Presse l’envoi du linge, des serviettes. Je vis d’emprunts en attendant.
Dis moi if she is pretty; she is said not pretty, mais je ne puis croire que les sentiments que je lui ai connus ne soient pas exprimés par quelque trait, et c’est une beauté pour qui sait la voir »


The years 1810-1811 mark for Stendhal the symbol of his social ascent. In the autumn of 1810 he was appointed Inspector of Crown Furniture and Buildings. He then frequented powerful characters and lived in the intimacy of Count Daru’s family. He bought himself a fashionable convertible, stamps with his initials, rented an apartment more in line with his new status. His social situation put an end to his financial worries and made him hope for the barony (mentioned at the beginning of the letter), but left him dissatisfied. In need of love, he says: “This happiness of dress and money is not enough for me, I must love and be loved”.

“She hasn’t seen me in four years”
His feelings expressed here for Victorine Mounier are indeed not recent. It was a reunion: he met her in 1806 in Grenoble, when his friend Édouard Mounier introduced him to his sister. Knowing her little, he imagines a thousand qualities and dreams of marriage. However, she remains a “disembodied” love to him. He wrote first to his brother, hoping that he would have his sister read the letters and then to Victorine herself, without receiving a reply. He learned, with spite, of Victorine’s marriage in 1811.

Henri Beyle’s favourite sister, Pauline (1786-1857) was his confidante in love and his ally in family dissensions.

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Ton G. » to Louise Colet
[Croisset] Saturday night [26 juin 1852.], 4 pp. in-4to, autograph envelope attached with postmarks and red wax seal
Traces of folds, small trace of rust on page 4, tiny missing in the upper margin on second folio

Long and remarkable letter on his life in Paris, Alfred de Musset, poetry and the painstaking writing of Madame Bovary


« Je viens d’écrire trois lettres, une à Trouville, à un capitaine, pour avoir 60 litres de rhum anglais, une à Henriette Collier pour qu’elle te ou me renvoie ton album et une au sieur [Maxime] Du Camp. Il y a, je crois, revirement. À propos de l’Ulysse de Ponsard il m’a écrit de but en blanc et il recommence a déplorer amèrement, c’est le mot, que je ne sois pas à Paris où ma place était entre Ponsard et Vacquerie. Il n’y a qu’à Paris qu’on vit, etc. , etc. Je mène un vie neutralisante. Je lui ai répondu strictement et serré sur ce chapitre. Je crois qu’il n’y reviendra plus et qu’il ne montrera ma lettre à personne. Je m’y suis tenu dans le sujet, mais je l’emplis. Ma lettre a quatre pages ; en voici un paragraphe que je copie et qui te donnera une idée du ton : “C’est là qu’est le souffle de la vie, me dis-tu. Je trouve qu’il sent l’odeur des dents gâtées, ton souffle de vie. Il s’exhale pour moi, de ce Parnasse où tu m’invites, plus de miasmes à faire vomir que de vertiges. Les lauriers qu’on s’y arrache sont un peu couverts de merde, convenons-en.
Et à ce propos, je suis fâché de voir un homme d’esprit renchérir sur la marquise D’Escarbagnas, laquelle croyait que “hors Paris, il n’y avait point de salut pour les honnêtes gens”. Ce jugement me paraît être lui-même provincial, c’est-à-dire borné. L’humanité est partout, mon cher monsieur, mais la blague plus à Paris qu’ailleurs, j’en conviens”, etc.
Ton long récit de la visite de Musset m’a fait une étrange impression. En somme, c’est un malheureux garçon. On ne vit pas sans religion. ces gens-là n’en ont aucune, pas de boussole, pas de but. On flotte au jour le jour, tiraillé par toutes les passions et les vanités de la rue. Je trouve l’origine de cette décadence dans la manie commune qu’il avait de prendre le sentiment pour la poésie.
Le mélodrame est bon où Margot a pleuré.
ce qui est un très joli vers en soi, mais d’une poétique commode. “Il suffit de souffrir pour chanter “, etc. Voilà des axiomes de cette école ; cela vous mène à tout comme morale et à rien comme produit artistique. Musset aura été un charmant jeune homme et puis un vieillard ; mais rien de planté, de rassis, de carré, de serein dans son talent ni sa personne (comme existence j’entends). C’est que, hélas ! Le vice n’est pas plus fécondant que la vertu. Il ne faut être ni l’un ni l’autre, ni vicieux, ni vertueux, mais au-dessus de tout cela. Ce que j’ai trouvé de plus sot et que l’ivresse même n’excuse pas, c’est la fureur à propos de la croix. C’est de la stupidité lyrique en action, et puis c’est tellement voulu et si peu senti. Je crois bien qu’il a peu écouté Melaenis. Ne vois-tu donc pas qu’il a été jaloux de cet étranger (Bouilhet) que tu te mettais à lui vanter après l’avoir repoussé (lui, Musset) ? Il a saisi le premier prétexte pour rompre là les chiens.
Il eût été plus fort de ta part de souscrire à sa condition et puis, le soir de la lecture, de lui répondre par ses maximes “qu’il faut qu’une femme mente”, et de lui dire “mon cher monsieur, allez à d’autres, je vous ai joué”. S’il a envie de toi il lira ton poème ; mais c’est un pauvre homme pour taire l’aveu que les petits journaux l’empêchent de tenir sa parole. Sa lettre d’excuse achève tout, car il ne promet encore rien ; ce n’est pas franc. Ah mon Dieu ! mon Dieu ! quel monde !
Voilà plusieurs fois que je t’écris et que je ne pense pas à te parler de l’article de Melaenis. Si tu crois que Monsieur Nefzer fera l’article, ça vaudrait mieux. Tâche de le savoir. Si non, nous rarrangerons un peu le tien et le reverrons.
Je n’aime pas tes corrections aux Résidences royales (nous verrons cela plus tard), ni ton sonnet. Tu mériterais bien que je te tirasse (excusez le subjonctif) les oreilles pour ton réintroniser, expression de droit canonique que tu me fourres là ! Tu emploies quelquefois ainsi des mots qui me mettent en rage. Et puis le milieu du sonnet n’est pas plein. Il faut que tous les vers soient tendus dans un sonnet, et venant d’une seule haleine. La pièce de Bouilhet sur Pradier avait, dimanche dernier, 12 vers de faits. Il a dû supprimer le commencement qui était mauvais. Il m’apportera, j’espère, demain la chose finie.
Je suis harassé. J’ai depuis ce matin un pincement à l’occiput et la tête lourde comme si je portais dedans un quintal de plomb. Bovary m’assomme. J’ai écrit de toute ma semaine trois pages, et encore dont je ne suis pas enchanté. Ce qui est atroce de difficulté c’est l’enchaînement des idées et qu’elles dérivent bien naturellement les unes des autres.
Tu me parais, toi, dans une veine excellente ; mais médite davantage. Tu te fies trop à l’inspiration et vas trop vite. Ce qui fait, moi, que je suis si long, c’est que je ne peux penser le style que la plume à la main et je patauge dans un gâchis continuel que je déblaye à mesure qu’il s’augmente. Mais pour des vers c’est plus net, la forme est toute voulue. La bonne prose pourtant doit être aussi précise que le vers, et sonore comme lui.
Je lis dans ce moment une charmante et fort belle chose, à savoir Les États de la Lune, de Cyrano De Bergerac. C’est énorme de fantaisie et souvent de style.
Peux-tu me dire l’époque à peu près précise de la lecture de ton prix ? Je pense avoir fini ma première partie à la fin du mois prochain. Nous irons à Trouville 15 jours au mois d’août. Si mon voyage à Paris se trouvait entre ces deux époques, ça m’arrangerait.
Adieu, chère femme bien-aimée, je t’embrasse sur le coeur. À toi, à toi. Ton G.
Sais-tu que ton récit de la visite de Musset est crânement bien écrit, sans que tu t’en sois doutée peut-être ; ça empoigne. »


Flaubert begins by disapproving of the credit given to Parisian life, proclaiming his taste for isolation, he, who likes to give himself the ethos of a martyr of art doomed to live far from the centralized tumult. Encouraging Colet to join him in the provinces, he wrote to him in his letter of 14 Aug. 1853: “Let us love each other in Art!” Perhaps here we can read the writer’s perpetual quest for perfection. And perhaps we can anticipate the rest of the letter, in which, on the one hand, he severely criticizes the poetry of his lover, of romantic style, and, on the other hand, evokes his own relentlessness: “I have written all my week three pages, and still of which I am not delighted.”

Although he gave up the contemporary conception of the family and “not made for happiness, nor perhaps for love” (letter to Louise Colet of 2 Dec. 1846), he had a passionate affair with Louise Colet (1810-1876), a poet and novelist, from 1846. Muse and mistress, certainly, Colet is also his privileged epistolary correspondent. This link was not obvious at first sight: the charismatic poet inspires what Flaubert disapproves of: the inter-self of the small literary milieu, with its torments and shenanigans.

From 1849, the break ups follow one another, until the last one, in 1855. A double revenge ensued: Colet publicly mocked Flaubert in Lui (1858), pointing to his “monstrous pride”, while Flaubert worked to denigrate the work of his former mistress, his words did not, however, come out of his private circle. This is not without consequences. Indeed, his literary success of the time, the popularity of the “small Coletian circle” was almost erased from posterity; it was not until 2014 that his novels – although praised by Victor Hugo – were republished for the first time.

The paragraph about Alfred de Musset (1810-1857) highlights Flaubert’s aversion to the idealism and sentimentalism of the first wave of Romanticism, of which Musset was one of the leaders. The qualification of “unfortunate boy” certainly refers to the famous Confession of a Child of the Century (1836), a novel of autobiographical inspiration in which Musset develops the “evil of the century”, a feeling of melancholy, anguish generated by nostalgia for the times before the emergence of a materialistic society and emptied of all spirituality.

Thus, Flaubert’s remarks towards Musset readily accuse this auctorial staging familiar to the Romantics. Nevertheless, we also detect a certain exasperation on the part of Flaubert, to see the eyes of his lover turn away: “Have I been jealous, me, in all this? – It may be. (“Letter to Louise Colet” (July 12, 1852). Recall that three weeks earlier, Colet recounted in his memento his meeting with Musset: “he arrives at one o’clock, breathless, coughing, spitting, looking gray; I offer him a glass of sugar water, he asks for a glass of wine. I tell him that I have only very mediocre ones, he tells me that the wine he prefers is the blue wine. He swallows a large glass of the wine I have for Henriette at 12 under the liter. Beyond literary differences and rivalry for Colet’s heart, similar descriptions of the alcoholic aristocrat contributed to Flaubert’s repugnance towards Musset.

Moreover, the novel Lui, which we evoked, seems openly inspired by the triangular love linking the three writers: a beautiful novelist torn between Léonce, misanthropic novelist, and Albert fallen alcoholic poet. The excerpt from Colet’s memento quoted above is reproduced as it is in the work.

Let us recall, however, that Flaubert, contrary to what the literary heritage tells us, does not categorically reject Romanticism; he even signed one of his last letters before dying “Gustave, the last romantic ganache” (letter to Léon Hennique, February 2, 1880), and he regretted that Madame Bovary had become the archetypal work of the so-called realist novel – he always rejected terms such as realism and naturalism.

An archetypal work of realism, although the introduction of decorum and the desire to “make a book on nothing” (“Letter to Louise Colet” (January 16, 1852), would hardly find an equal in romanticism, including the second wave – are for example hugo’s flagship novels.

When Balzac, of whom Flaubert claims to be the antipodes, writes seven versions of Father Goriot (1834) in forty-two days – make no mistake, it does not mean that all the work of the genesis and evolution of the work lasted only a month and a half! –, Flaubert, meanwhile, takes almost five years to write Madame Bovary, a work that André Versaille summarizes in La Bêtise, l’art et la vie. Writing Madame Bovary (1991): “He writes two pages a day, two-thirds of which he destroys the next day. (…) He is the sensation; experience the sensation, and slowly, manage to restore it. »

We all know the anecdote of the draft of Madame Bovary’s incipit longer than the novel itself. Indeed, the writer is convinced that there is only one good way to write things; we then understand the perpetual quest for the “right style”, a style that requires that “all sentences be different and, at the same time, that words cannot be changed when they [are] in a sentence.”, according to Yvan Leclerc in Flaubert. Life and Works (2005).

Finally, we can amuse ourselves with the mention of States [and Empires] of the Moon (1655) by Savinien de Cyrano de Bergerac (1619-1655). Indeed, this novel recounts adventures on the moon and the sun where daydreaming and imagination come to compensate for the lack of scientific knowledge. This seems to us to be far from the work of observation to which Flaubert devotes himself to describe in a very realistic way the society of his time.

[ZOLA] FLAUBERT, Gustave, (1821-1880)

Autograph letter signed « Gus Flaubert » to Émile Zola
[Croisset, 25th July 1876], 3 p. in-8°

Very nice letter to Émile Zola about, among other things, l’Histoire d’un cœur simple, L’Assommoir, and their mutual friends


« Je suis content de vous savoir au bord de la mer, et vous reposant. Ne faites absolument rien ! reposez-vous Le travail n’en ira que mieux quand vous le reprendrez.
Franchement, vous aviez besoin de repos répit. et à la fin de la f de l’hiver, nous commencions à nous inquiéter de vous.
Votre ami, présentement, pioche comme un bœuf. Jamais je ne me suis senti plus d’aplomb. Mais « l’Histoire d’un cœur simple » ne sera pas finie avant trois semaines. – Après quoi, je préparerai immédiatement mon Hérodiade (ou Hérodias)(1). & j’ignore tout ce qui se passe dans le monde ne vois personne, ne lis aucun journal, – excepté « La République des Lettres » dont le numéro du 16 m’a exaspéré, à cause de l’article sur Renan. Le connaissez-vous ? Comme j’aime mes amis je ne veux rien avoir de commun avec ceux qui les dénigrent aussi bêtement. Donc j’ai écrit à l’excellent Catulle(2), pr le prier 1° de rayer mon nom de la liste de ses collaborateurs & 2° de ne plus m’envoyer sa feuille. – Qu’on ne soit pas de l’opinion de Renan, très bien ! Moi aussi, je ne suis pas de son opinion ! Mais ne tenir aucun compte de tous ses travaux, lui reprocher les cheveux rouges qu’il n’a pas, & sa famille pauvre en l’appelant domestique des princes, [illis.] voilà je ce que je n’admets pas ! – Ma résolution est bien prise, je ne veux plus rien avoir de commun avec j’abandonne avec joie & définitivement ces petits messieurs-là. Leur basse envie démocratique me soulève le cœur de dégoût. – & ils ont des Doctrines philosophiques & Politiques ! C’est un grand mot pourtant « La République des Lettres » ! & qui pourrait être une belle chose. – Mais qu’ils en sont loin !
N’en parlons plus, hein ?
Je me souviens de Piriac(3). – C’est en face l’île Dumez [Dumet], une île toute pleine d’oiseaux – & de Guérande aussi – il doit y avoir dans l’église des bas-reliefs assez curieux représentant de bons Diables, à fourche et à ailes ? Mes souvenirs remontant à 1846, sont vagues(4).
Vous remercierez pr moi Charpentier de m’avoir envoyé ce livre anglais dont j’ai besoin.
Combien de temps encore restez-vous en Armorique ? Moi, je ne bougerai d’ici que pr aller à la Ière de Daudet. & probablement je ne rentrerai à Paris que fort tard, afin d’aller plus vite dans ma petite drôlerie juive.
Tourgueneff m’a écrit les mêmes choses qu’à vous. Je l’attends vers la fin du mois prochain. – J’ai reçu hier de notre jeune ami Maupassant une épître fort agréable, & pleine du détail de ses lubricités – canotières, avec une grosse femme(5).
Voilà, je crois, toutes les nouvelles.
Empifrez-vous de coquillages ! Ça rend gai. Amitiés & respects à « toute la Société ».
& à vous, mon vieux solide
une très forte poignée de main
de votre
Gve Flaubert
Nuit du 25 juillet.
___

J‘ai eu la Vertu de ne pas lire L’Assommoir dans La R. des Lettres, n’en connaissant point le commencement.
Quand votre roman y sera fini, j’imagine qu’il y aura descente du côté financier(6). »


1- The form “Herodias”, the most common, is inherited from the Bible, and is found in particular in the historian Flavius Jusèphe and in Renan’s Life of Jesus. Flaubert was able to find the variant “Hérodias” in J. Derenbourg’s Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine.

2- Catulle Mendès directs the Republic of Letters, which appears from December 20, 1975 to June 1877.

3- Zola stayed in Piriac, Brittany, from July 17 to September 6, in the company of the publisher Charpentier.

4- Flaubert was in Piriac on May 20, 1847

5- The “epistle” in question of Maupassant, not found, arrived the day before, July 22, as Flaubert tells his niece that day.

6- The Republic of Letters had resumed the publication of L’Assomoir in its July 9 issue. The first six chapters were published in Le Bien public, from April 13 to June 7.

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Colette de Jouvenel » to Charles Sylvestre
[Paris, 21st March 1922], 1 p. in-4° with envelope
Tiny missing bit on right margin, without affecting the text (see scan)

Charming letter from Colette, then literary director of the newspaper Le Matin


« Monsieur et cher confrère, vous m’avez fait grand plaisir. Hormis mes proches, personne ne s’avise que Colette a été sainte ! Comment va la chienne ? Je manque de temps pour écrire, mais non de mémoire, ni de sympathie !
Colette de Jouvenel »


In 1909, Colette met Henri de Jouvenel (1876-1935), a politician and journalist, whom she married in 1912 and who hired her to write articles in the newspaper Le Matin. She became its literary director from 1919. The writer responds here to a letter to her addressed by Charles Sylvestre, having wished her her feast day (March 6).

Charles Sylvestre (1889-1948) was a novelist of regionalist inspiration. A friend of Charles Maurras, he collaborated with Action française.

CLAUDEL, Paul (1868-1955)

Autograph manuscript signed « Paul Claudel »
N.p, 4th January 1951, 2 p. in-4°
Some autograph correction by the hand of Claudel, some old wetness on top margin of the folio

Fascinating manuscript on his dramatic oratorio: Jeanne au bûcher, for which he collaborated with Arthur Honegger


« J’ai toujours été attiré par cette forme primitive du drame, appelée dithyrambe, dont Les Suppliantes d’Eschyle demeurent le seul exemple subsistant. Un personnage unique, je veux dire seul doué de visage, parle au milieu d’un demi-cercle de voix qui, de par l’assistance qu’elles constituent, l’invitent, le contraignent à l’expression. Tout poète a connu cet horizon auditif, ce bruit confus de propositions entremêlées d’avance, génératrices de l’expression et préposées à l’écho. Le chœur grec lui a donné plus tard une forme en quelque sorte liturgique et officielle qui se perpétue dans nos églises […]
Schopenhauer, mal compris par Wagner, a dit profondément que la musique est l’expression de la volonté à la recherche d’une forme, ou disons d’une réponse. Ce n’est point répondre que s’associer à ce soulèvement obscur des forces élémentaires. Tout le monde est conscient du discord douloureux entre l’aire du chant et celle de la parole. C’est de ce discord même qu’Honegger et moi avons essayé de tirer un élément de drame et par là d’émotion.
Jeanne est attachée à son poteau qui représente la foi. Elle est enracinée à une certitude immuable. Elle ne fait plus qu’un avec elle. Autour d’elle, s’étageant dans la nuit, il y a les rangées superposées de ce peuple à qui a été livrée pour un être à la fois l’émanation et l’hostie. Ainsi dans l’amphithéâtre antique ces vierges livrées au bêtes. Et Jeanne aussi en effet à la première scène du drame est livrée aux bêtes.
Mais peu à peu elle prend le dessus, de rien chargée que de son sens, répond à une oreille de plus en plus attentive et qui s’est mise à comprendre. Tout ce qu’elle a fait, toute cette entreprise qu’obéissant à l’inspiration d’en haut […] Et peu à peu l’ambiance se transforme. Ce n’est plus le doute, l’injure, les cris de l’incompréhension et de la haine. C’est la foi, c’est l’enthousiasme. “Il y a la joie qui est la plus forte – il y a l’espérance qui est la plus forte. Il y a l’amour qui est le plus fort”. – Le feu prend de toutes parts comme dans le cantique de Saint-François […]
Et toute la pièce se termine par ces paroles trois fois répétées à une profondeur de solennité sans cesse accrue : 
Personne n’a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime
4-1-51
P. Claudel »


The manuscript of Jeanne au bûcher has disappeared. All that remains today is a typing of the text (now at the Paul Sacher Foundation in Basel, Switzerland), and our manuscript evoking this fascinating work.
Jeanne au bûcher
is a lyrical oratorio of 11 scenes by Paul Claudel and Arthur Honegger. The first version for orchestra was given on 12 May 1938 in Basel, in Switzerland, under the direction of Pail Sacher with Ida Rubinstein in the role of Jeanne. The first French performance took place at the Théâtre municipal d’Orléans, a very symbolic place, on May 6, 1939. The work was as successful as in Switzerland and Ida Rubinstein was praised by all critics.

In Jeanne au bûcher, the structure of the dithyrambe, which can be found throughout the Claudelian theatre, has never been more obvious. Claudel makes a Passion of the story of Joan of Arc, whose adventure is spiritual. He must consent to a horrible death. It is this passage from sacrifice to sacrifice that interests Claudel and that he explains in this manuscript.

We attach:
The original libretto (18.2 x 32 cm) of the first French performance at the Théâtre municipal d’Orléans on May 6, 1939, printed in 500 copies (our copy is n° 186)

PAGNOL, Marcel (1895-1974)

First draft poetic autograph notes
N.p.n.d, 3 p. in-4° on school paper
Small fold in the lower margin of the second sheet
Some corrections by the author

Precious preparatory notes for a poem


« Les fleurs si riches
Les fleurs si claires
Les voici mortes de ton mépris

L’ombre s’
Mais toi rieuse tu danses au château
Les pentes du coteau
Le soir remonte au flanc des coteaux
mais toi sans honte tu danses au château
d’un cœur épris
Les fleurs si claires, d’une si grand prix
Les voici noires de ton mépris…
La boue épaisse est leur linceul
[…]
La robe infâme
Fit naître ton émoi
Ainsi ton âme
Ne fut jamais à moi !

Adieu ma vie, adieu beaux jours
[…]
Adieu moulin d’un bel amour
Qui est fini !
Pourtant peut-être
[Etc..] »


The manuscript presented here consists of two preparatory versions of the same poem, which seems unpublished.
Pagnol detaches himself here from any poetic academics, laying down verses according to his inspiration, and resuming himself many times.

Very few poems of the writer are known, which he composed especially in his youth at the Lycée Thiers in Marseille. The present folios could date from this period.
In January 1914, he published some of his poems in the magazine Fortunio, co-founded with friends.

He later said: “What I admired in poetry was the difficulty overcome, and I simply thought that the prose writers had resigned themselves to writing in prose because they were not able to find rhymes.”

SUPERVIELLE, Jules (1884-1960)

Period photographic print, signed twice
N.p, 22 Dec[ember] 1952, 23,5 x 17,3 cm
Partial transcription of the autograph on verso (ball pen) from an unknown hand

Nice and large autographed print of the writer


« À Madame Marcelle
Son vieil ami
Jules Supervielle
22 Déc. 1952
et aussi de la part des Voleurs d’enfants
Shéhérazade
La Belle au Bos
Robinson
J.S »


In this elegantly contrasted portrait, the novelist appears dressed in a wide jacket, reading the magazine Saisons.
Here he quotes some of his most famous works:
Les Voleurs d’enfants (1926)
Shéhérazade
(1949)
La Belle au bois (1932)
Robinson (1949)

We know a variant of this portrait, taken during the same session, where the writer appears from the front.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Marie-Thérèse Bartholoni
Camden Place, Chislehurst [January 1873], 8 p. in-8°, mourning paper
“1” and “2” inscribed on top of page one and page five, slight missing bit on last page (without affecting the text)

Long and moving letter from the Empress, written only a few days after the death of Napoleon III
Devastated by her loss, Eugenie remains full of resentment towards those who have ostensibly turned their backs on the emperor since the defeat of Sedan


« Ma chère Madame Bartholoni,
Vous avez passé près de nous les derniers jours de l’année.
Je les croyais bien tristes, mais aujourd’hui après notre affreux malheur, je vois qu’ils étaient heureux ! Vous souvenez-vous ? combien nous avions de l’espoir ! Mais Dieu n’a pas voulu m’épargner cette dernière douleur.
Je ne sais encore si j’ai la force de la lui offrir car je sens quelque fois mon cœur plein de révolte. Le calme viendra avec la résignation ; je la demande de tout cœur.
Monsieur Bartholoni vous aura dit mon émotion en le voyant parmi les fidèles qui ont voulu rendre un dernier hommage à mon bien cher Empereur.

J’ai bien pensé que ce coup si imprévu avait altéré votre santé. Soignez-vous bien car plus que jamais nous avons besoin de nos amis.
La mort si rapide de l’Empereur a, pour ainsi dire, réveillé la conscience publique car il a fallu qu’il mourut pour qu’on pût mesurer les souffrances morales et physiques qui ont déchiré son cœur, avant de l’arracher à notre tendresse. Que doivent se dire ceux qui ont insulté un malheur si dignement supporté.
La croix que j’ai attachée le 15 août sur la poitrine de M. Bayard doit lui brûler le cœur, s’il lui reste une conscience.

Les médecins anglais, après avoir constaté sa maladie, n’ont eu tous deux qu’un seul cri : « cet homme est plus qu’un héros pour avoir supporté de telles douleurs cinq heures à cheval ! ».
Oui mon cœur se déchire et ma raison se révolte contre de telles infamies, mais la haine ne désarme même pas devant une tombe !
Je vous dis adieu car cela me fait mal de penser à un passé si douloureux et à un présent si désolé !
Nos souvenirs aux enfants et croyez à tous mes sentiments affectueux.

Eugénie »


On January 9, 1873, at 10:45 a.m., Napoleon III died at the age of 64 at his residence in Camden Place. Nearly 60,000 people, one-tenth of them French, including a delegation of workers led by Jules Amigues, gathered in front of the body and participated in the burial on 15 January 1873 in Chislehurst. Subsequently, his widow Eugenie de Montijo built a mausoleum for him at St. Michael’s Abbey, which she had founded in 1881, and where he has since been resting alongside his wife and their only son, Imperial Prince Louis-Napoleon, who was killed at the age of 23 during a patrol during the Anglo-Zulu War.

Goddaughter of Chateaubriand and lady-in-waiting at the Tuileries of Princess Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) was, by her beauty, one of the ornaments of the Court of the Second Empire. Born Marie-Thérèse Frisell (1833-1910), she was the wife of Anatole Bartholoni (1822-1902).
Madame Bartholoni held a brilliant salon, which inspired Marcel Proust. The writer actively frequented it in the years 1897-1899. Proust courted, for a time, one of Madame Bartholoni’s three daughters, Louise known as “Kiki” (1857-1933), goddaughter of Empress Eugenie.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Marie-Thérèse Bartholoni
Camden Place, Chislehurst, 10 10bre [October 1873], 4 p. in-8°, mourning paper
Autograph envelope (from the hand of the Empress) complete with its stamps
Light stain on fourth page

The Empress is moved by the ongoing trial of Marshal Bazaine, loyal to the Empire but nevertheless one of the main responsible for its fall during the Franco-Prussian War of 1870


« Vous comprendrez, ma chère Madame Bartholoni, les émotions qui m’ont empêché de répondre plus tôt à votre lettre pour le 15 novembre !
Nous avons suivi ce procès inutile et impolitique avec le plus vif intérêt.
Monsieur le Duc d’Aumale a recherché un singulier piédestal.
Le dévouement surtout ne se comprend pas au point de vue de l’armée, mais quand on veut une part de popularité malsaine, on ne sait ni absoudre ni condamner.

De tristes jours commencent pour vous ; chaque heure pour ainsi dire réveille un souvenir, mais je ne veux pas vous attrister en vous parlant d’une époque que vous avez aussi dû vous retracer !
Je vous remercie de vos vœux pour l’année qui va commencer, ainsi que de votre lettre pour le 15 et de celle de Marie.
Nos souvenirs à M. Bartholoni et aux enfants et croyez à tous mes sentiments affectueux.
Eugénie »


On 6 October 1873, Henri d’Orléans, Duke of Aumale (1822-1897), presided over the war council at the Grand Trianon of Versailles which judged Marshal Bazaine (1811-1888), commander-in-chief of the armies during the Franco-Prussian War of 1870. The latter will try to explain his capitulation in Metz on October 27, 1870 (having contributed to the defeat of France), in vain.
At the urging of the Duke of Aumale who had just sentenced him to death, the President of the Republic Mac Mahon (1808-1893) commuted his sentence to twenty years of detention and abolished the degradation that had been planned.

Goddaughter of Chateaubriand and lady-in-waiting at the Tuileries of Princess Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) was, by her beauty, one of the ornaments of the Court of the Second Empire. Born Marie-Thérèse Frisell (1833-1910), she was the wife of Anatole Bartholoni (1822-1902).
Madame Bartholoni held a brilliant salon, which inspired Marcel Proust. The writer actively frequented it in the years 1897-1899. Proust courted, for a time, one of Madame Bartholoni’s three daughters, Louise known as “Kiki” (1857-1933), goddaughter of Empress Eugenie.

[PRINCE IMPÉRIAL] Gösta FLORMAN (1831-1900)

Portrait of the Prince Impérial by Gösta Florman, period albumen print
[Stockholm, 1878], carte-de-visite format
Mounted on thick cardboard in the photographer’s credit on both recto and verso
Red frame slightly rubbed in some areas (see scans)

Superb portrait of the Prince Impérial by Gösta Florman, one of his finest


Taken a year before his tragic death in southern Africa, this portrait of the Prince Imperial is one of his most elegant. He appears in bust, three-quarters, elegantly suited up; from his gaze emanates an impression of strength mixed with tenderness.

Impeccable contrasts.

[VALÉRY, Paul] Henri MANUEL (1874-1947)

Portrait of Paul Valéry, period film print
[Paris, c. 20’s], cabinet format (9,7 x 13,8 cm)
Mounted on thick cardboard (10,6 x 16,7 cm) in the photographer’s credits
‘Valery’ inscribed on upper margin of the cardboard by an unknown hand
Some superficial scratches, three deeper scratches on right margin of the print

Handsome and scarce portrait of Paul Valéry by Henri Manuel


The poet and academician appears in profile, with his deep and melancholic gaze, more than ever visible on this print.
It was at 27 rue du Faubourg-Montmartre that Henri Emmanuel set up his studio at the beginning of the 20th century, specializing in the portrait of personalities from the political and artistic worlds.
The photographer will immortalize Paul Valéry by another print remained very famous, taken during another session, but appearing this time from the front with a bow tie.

[SCHUMANN, Clara] Fritz LUCKHARDT (1843-1894)

Portrait of Clara Wieck-Schumann, vintage albumen print
[Vienna, c. 1870], carte-de-visite format (5,8 x 9,2 cm)
Mounted on thin cardboard in the photographer’s credit (6,4 x 10,5 cm)
Name of the composer inscribed on verso

Famous portrait of Clara Wieck-Schumann by Fritz Luckhardt


In this famous portrait, the composer appears in a three-quarter bust, her face serene.
It was at this time that Clara Schumann had her greatest time of production, after the death of her husband, between 1856 and 1875. From then on, she accompanied vocalizations and recitals on the piano.

Uncommon print in such a good original condition.

[LISZT, Franz] Ferenc KÓZMATA (1846-1902)

Portrait of Franz Liszt by Ferenc Kózmata, vintage albumen print
[Budapest, c. 1965], carte-de-visite format (5,5 x 9,2 cm)
Mounted on cardboard in the photographer’s credit (6,4 x 10,5 cm)
Name of the composer inscribed on verso

Handsome portrait of Liszt in cassock by Kózmata


The father of modern piano technique appears with in bust, turned three-quarters.
Many medals and decoration adorn his cassock. Liszt retired to Rome in 1861 after joining the Franciscan Third Order in June 1857. In 1865 he received the tonsure and the four minor orders of the Catholic Church, giving him in France the title of abbot.

We know a slight variation of this portrait, taken during the same photographic session, where Liszt appears slightly more in profile.

[RUBINSTEIN, Anton] Julius Cornelius SCHAARWÄCHTER (1847-1904)

Portrait of Anton Rubinstein, vintage albumen print
[Berlin, c. 1847], carte-de-visite format (6 x 9,3 cm)
Mounted on cardboard (6,7 x 10,5 cm)
Some tiny spots, name of the composer written on verso
Photographer’s credit embossed on print (signature) as well as on verso

A rather uncommon and elegant portrait of young Anton Rubinstein


The piano prodigy appears very handsome, with an intense and pensive gaze

It was from 1844 that Anton, his mother and brother, Nikolai, moved to Berlin where he studied composition and theory with Siegfried Dehn. At this time he met Felix Mendelssohn and Giacomo Meyerbeer, who supported him.

Good overall condition

[HUGO, Victor] Charles GALLOT (1838-1919)

Portrait of Victor Hugo, period albumen print on thick cardboard
[Paris, 12th April 1885], cabinet format (10,5 x 14,3 cm)
Mounted on blue-grey Bristol (thick cardboard) in the photographer’s credit (10,8 x 16,5 cm) – [1 Boulevard Beaumarchais]
Some imperfections such as tiny sports, slight scratches, pinhole on upper margin of the print (see scan), cardboard with slightly frayed corners, otherwise nice contrasts

Rare original print of the last portrait of Victor Hugo alive, five weeks before his death


Very moving portrait of the poet, hands clasped with a pensive look, five weeks before his death.
It was in his mansion “La Princesse de Lusignan”, which was located at 50 avenue Victor Hugo in Paris, that Charles Gallot took this last picture of the poet.

Three days before his death, Victor Hugo wrote this last thought: “Aimer c’est agir” [to love is to act], which remains one of his most famous aphorisms.

Although this portrait of Hugo has been reproduced countless times in almost all the works dedicated to him since 1885, the original prints are nevertheless very rare.

[PRINCE IMPÉRIAL] Elliott & Fry

Portrait of the Prince Impérial by Elliott & Fry
[London, c. 1875], albumen carte-de-visite
(6,1 x 8,8 cm, mounted on the photographer’s cardboard : 6,4 x 10,5 cm)
Some tiny stains, otherwise good overall condtion
Photographer’s credit on verso

Elegant portrait of Prince Imperial, printed in his honor after his tragic death in Southern Africa


This print was made circa 1875. Louis-Napoleon appears with a clear and determined look.
We can note the mistake made by the photographer in the caption of the print: the Prince Imperial having been killed on June 1 and not on June 2, 1879. This error was reproduced several times on other prints of the young prince by the same photographer:

“Prince Louis Napoleon
Killed 2nd June, 1879, on the Hyotoyozi River,
South Africa”

Good condition

 

[PRINCE IMPERIAL] H. Marres

Photomontage on period albumen print
N.p.n.d, cabinet format (10 x 13,5 cm)
10 x 13.5 cm print, laminated on cardboard (10.8 x 16.5 cm) and credited to the photographer

Extremely rare photomontage depicting the killing of the Prince Imperial by the Zulus, in southern Africa


The Prince Imperial appears lying on the ground, surrounded by Zulu warriors and put to death by them.

At the beginning of 1879, and after having insistently requested its incorporation into the British troops in southern Africa, the Prince Imperial finally won his case. During a reconnaissance mission on June 1, 1879, after a stop at the edge of a river where his patrol believed it was safe, the latter was surprised by Zulu warriors. A gunfight broke out and two British soldiers lost their lives. The troop fled on horseback. The prince tries to get back to his mount by running. The saddle strap, which was used by his father at the Battle of Sedan and which the prince insisted on using, was out of order and gave way under his weight. He then falls violently. His right arm is trampled on. His weapon is a pistol, which he can only handle with his left hand. He succumbs pierced by seventeen iklwa strokes. The warriors eviscerated and mutilated the bodies of the two soldiers who died at the beginning of the attack but spared that of the prince, the only man to have fought. They just undress him and take his weapons. The leader of the warriors ordered that he be left with his gold chain, on which hung two medals and a carnelian stamp in memory of his grandmother, Queen Hortense, passed down from her father. Zulu warriors, who wear amulets around their necks, respect those of the prince. As a tribute, they return his personal belongings and uniform.

This photomontage seems unpublished, we have not found any publications in the bibliography dedicated to the Prince Imperial and his family.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Autograph letter signed « Louis Napoléon » to his friend Pierre de Bourgoing
Camden place, 23rd October 1870, 2 p. in-8° on bifolio
Previous trace of mounting on fourth page

Scarce from the Prince Imperial, then 14 years old, in the very first days of exile, less than two months after the defeat of Sedan


« Mon cher Bourgoing,
Je n’ai pas besoin de vous dire combien j’ai été touché de votre bonne lettre, cette nouvelle marque d’affection, ainsi que de cette bonne amitié que vous m’avez montrée dans les bons et dans les mauvais jours ; je vous la rends vous le savez, de tout mon cœur.
Nous sommes établis dans une assez jolie maison de campagne aux environs de Londres, à Chislehurst, dont vous ignorez à coup sûr le nom(1) ; Conneau(2) est arrivé hier au soir, il est plus grand que jamais ; je ne savais pas jusqu’ici que l’exil faisait allonger les jambes, mais à présent j’en ai la conviction et la preuve.
Je passe ma journée à travailler, à faire de lo[ngues] grandes promenades à pied ou à cheval(3).
J’ai été voir la Tour de Londres qui est très curieuse à visiter(4), la ville elle-même est assez belle, mais malgré tout l’Angleterre aura beau faire elle ne vaudra jamais la France !
Adieu mon cher Bourgoing Pierre, assurez de mes sentiments d’affection M. et Mme de Bourgoing. Que de choses nous aurons à nous dire quand nous nous reverrons(5) ! Je vous embrasse, votre affectionné ami.

Louis-Napoléon »


After the capitulation of Sedan, the Prince Imperial was taken on September 4 to Maubeuge, the same day that Empress Eugenie left the Tuileries in tragic conditions.
On September 6, the young Louis Napoleon arrived on English soil, at Hastings; he was joined by his mother on 8 September and by his tutor, Augustin Filon, the next day.
It was quickly decided to look for a home other than the Marine Hotel, a “fortune” residence, where circumstances had led them. The choice fell on an old red-brick building, of a certain charm, whose village – supreme consolation – housed a Catholic church: Camden Place, in Chislehurst.

[1] On September 24, 1870, the Empress and Prince Imperial moved into a house in Chislehurst, Kent, called Camden Place, named after the famous antiquarian, Lord Camden, who had lived there in the early seventeenth century. “The Prince entered a pale and melancholy child; eight years later he would emerge a proud and bold young man, radiant with intelligence, brimming with energy, happy to live, drunk with action” (Augustin Filon).

[2] Louis Conneau (1856-1930), – son of the senator and doctor of Napoleon III, Henri Conneau -, was part of the small plethora of comrades, among whom the young Louis Napoleon chose his definitive friendships. After the fall of the Empire, he followed the Prince Imperial into exile. He was to occupy the room at Camden Place above that of the son of the deposed Emperor.

[3] Mr. Jean-Claude Lachnitt describes, in his biography of the Prince Imperial, the one-day program: “Rise at six o’clock, breakfast in the English way, then work all morning until eleven o’clock. After lunch, physical exercise, most often horseback riding or outdoor games”.

[4] The Prince visited the Tower of London in the company of Augustin Filon, the Duchess of Mouchy and Princess Pauline de Metternich, both close friends of the Empress.

[5] Louis did not see Pierre de Bourgoing again until December 1871.

[NAPOLEON III] FLAMANT, Louis Emmanuel

Photomontage on period albumen vintage print
N.p.n.d, cabinet format (10 x 13,5 cm)
Tiny spot on upper right margin of the print

Famous photomontage depicting the death of Napoleon III, surrounded by his family and loved ones in Chislehurst


This photomontage is printed here wider than usual, measuring 10 x 13.5 cm and pasted on strong cardboard, to the credit of the photographer (10.8 x 16.5 cm)

The Prince Imperial is represented here with on knee on the ground, holding his father’s hand, lying on his deathbed.
Empress Eugenie de Montijo stands just behind her son. We can distinguish his portrait by Franz-Xaver Winterhalter, hanging on the wall, testifying to the memory of a bygone past.

Then a little behind appear, from left to right:
Eugène Rouher (1814-1884), former Minister of State of Napoleon III, he took the effective leadership of the Bonapartist party in 1873
Henri Conneau (1803-1877), father of his best friend of the Prince Imperial, Louis Conneau, and confidant of Napoleon III. First physician to the Emperor, deputy of the Somme, senator.
Félix Fleury (1815-1884), close to the emperor, grand squire of the crown, then senator.
Lucien Corvisart (1824-1882), baron, grandnephew of the 1st doctor of Napoleon 1st. Ordinary physician to the Emperor and assistant to the 1st doctor, Henri Conneau.
Firmin Rainbeaux (1834-1916), former wiper of Napoleon III, loyal to the emperor and devoted to the empress.

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Pauline Sandeau
[Paris], Wednesday, 3 h [20th March 1867], 1 p. in-8° on laid paper
Slight tear on lower fold mark with tape repair

The truculent Flaubert gives an appointment to his “dear” Pauline Sandeau


« Ah ! Sapristi ! comme il est difficile de se rencontrer, ma chère amie.
Nous qui vous attentions aujourd’hui, nous en sommes tout « marrys ! »
Je ne serai pas par chez moi vendredi dans l’après-midi, parce que j’ai un rendez-vous avec un commissaire de police, p[ou]r des renseignements littéraires. Mais j’y serai tout l’après-midi de samedi et en venant à 4 heures vous trouverez ma nièce [Caroline Commanville] qui rentrera p[ou]r vous recevoir.
Mille tendresses de votre vieux fidèle
Gve Flaubert »


Flaubert was very close to the Sandeau couple, with whom he maintained a rich correspondence, both literary and friendly, until his death in 1880.
This letter may be dated 20 March, for Flaubert wrote to his niece Caroline, in her letter of 13 March, that he was expecting her the following week; she left Paris before Thursday [March 28, 1867], according to a letter from Flaubert to her addressed that day.
Caroline Commanville, the niece of Flaubert, his “dear Caro”, is the daughter of the writer’s sister, who died a few days after giving birth to her, and abandoned almost immediately by her father. She was raised by her grandmother and uncle. Married at 17 to a wealthy merchant from Dieppe, Ernest Commanville, she always remained for Gustave Flaubert the daughter he had never had.

Although published several times, the actual autograph of this letter has nevertheless remained unpublished among academics. There are indeed some slight variations of semantic order with regard to its last publication, in the Pléiade.

[PRINCE IMPÉRIAL] BIZOT, Adrien (1848-1929)

Autograph letter signed « Adrien Bizot » to the Prince Impérial
Melun(1), 20th September 1878, 4 p. in-8°
Tears on folds, stain on first page, some sun marks

Remarkable letter addressed to the Prince Imperial by one of his three closest friends, Adrien Bizot
The latter, like the Prince, nourishes the hope of a return of the Empire in France


« Monseigneur,
J’ai voulu attendre le départ de Conneau pour venir vous dire avec quelle joie j’ai reçu communication de la lettre que vous aviez écrite à Louis(2). Il m’en coûtait trop de renoncer au charmant voyage que vous vouliez bien nous offrir, et en même temps je ne voulais rien faire à la légère, désirant ne pas perdre, par mon imprudence, les petits avantages d’une position que j’ai choisie avec l’intention de rendre, dans ma sphère bien modeste, le plus de services que je pourrai au Prince.
J’ai été droit au Soleil ; je me suis d’abord adressé à mon Général de division ; il a été charmant, m’a félicité chaudement d’avoir su inspirer à Votre Altesse une affection assez sérieuse pour qu’elle désire m’avoir elle dans une excursion aussi intéressante, mais en même temps m’a fait remarquer que par le temps qui court, je risquais fort de me voir remercié à mon retour en France, de quelque façon que je m’y prenne, ne pouvant et ne voulant pas, du reste, me cacher en quoique ce soit !
J’ai été au ministère à Paris, là, m’a-t-on dit, on ne me refuserait et on ne m’accorderait rien ; le ministre n’étant jamais sûr de son lendemain ne ferait rien qui pût rendre encore plus instable une position des plus branlantes ; en outre, m’a-t-on dit, le moindre accroc me ferait rappeler immédiatement, et me ferait refuser à perpétuité toute demande de congé à l’étranger ! – Dois-je ajouter à toutes ces raisons que j’ai le malheur d’être atteint d’une maladie grotesque, qui fera rire le Prince, mais qui me fait plutôt pleurer ! J’ai la coqueluche, Monseigneur, et ce depuis un mois ! Conneau vous dira à quelles extravagances de toux je me livre parfois et ajoutera que dans ces moments critiques ma conversation n’a rien d’attrayant ! Les médecins, réunis en assemblée consultative, déclarent que dans cinq ou six semaines je serai débarrassé de cette tuile, mais il n’en est pas moins vrai qu’à l’heure qu’il est je ne suis pas bon à grand-chose, sinon à continuer philosophiquement le travail régulièrement monotone de l’Etat-Major d’une division … même de cavalerie.
Dans ces conditions, Monseigneur, et un peu consolé de mon absence forcée, par les récits que me fera Conneau à son retour, j’ajourne au commencement de novembre(3) mon voyage près de votre Altesse.
Il reste cependant bien entendu, que si pour une raison ou pour une autre vous désiriez me voir de suite, dans un délai de huit jours je serai près de Votre Altesse, et ce avec une permission régulière, que je saurais toujours obtenir.
J’ai mon travail annuel à faire, et mes inspections générales successives, jointes au splendide déplacement !!!!! de la revue de Vincennes(4) ne m’ont pas encore permis de le commencer : c’est une étude intéressante, sur une période d’exploration faite par une division de cavalerie indépendante, et j’avoue que je désire y donner tous mes soins ! Peut-être si je ne suis pas trop mécontent de mon œuvre, demanderai-je au Prince la permission de lui communiquer mon travail lorsque j’aurai l’honneur de le voir en Angleterre !
Conneau vous racontera nos conversations, nos soirées à Meaux ; il vous dira combien nous avons parlé de vous, et avec quelle impatience nous scrutons l’avenir qui ne nous parait pas couleur de rose !
Vous rappelez-vous, Monseigneur, une phrase que vous m’avez dite en 1875(5) : “On me parle d’attendre ! Soit ! Mais pendant ce temps le pays se pourrit et je ne veux pas commander une nation lâche et énervée”.
Certainement je ne croyais pas à ce moment vous voir être à ce point dans la vérité : hélas aujourd’hui plus que jamais le français ressemble à l’écrevisse cuite : il devient rouge et marche à reculons, et dire que six mille braves gens déterminés, bien armés, bien commandés et n’hésitant pas, feraient de Paris ce qu’ils voudraient ! Triste pays, triste temps ! Mais patience, le soleil d’Austerlitz n’est pas mort !
Je m’arrête là pour aujourd’hui, Monseigneur : avec quelle impatience je vais attendre le retour de Conneau, pour recueillir tous les récits qu’il aura à me faire : il vous redira, Monseigneur, combien je vous aime ; j’espère qu’il n’apprendra rien au Prince ce qui suit qu’il n’a pas un ami plus fidèle, un serviteur plus absolument dévoué que son vieux et reconnaissant sujet.
Adrien Bizot
Il reste entendu, Monseigneur, si mon plan ne vous déplaît pas, que j’irai en Novembre vous demander l’hospitalité pendant une semaine à Chislehurst ; à partir du 1er Novembre je serai à vos ordres, et d’avance je me suis arrangé de façon à ce qu’on ne puisse me refuser cette permission »


1- Adrien Bizot was then garrisoned in Melun, as captain on the staff of the 4th cavalry division

2- Letter of September 6, 1878 to Louis Conneau (according to a note prepared by Adrien Bizot, listing the correspondence of the Prince to him).

3- Adrien Bizot will eventually travel to England at the end of November.

4- On September 15, 1878, the Marshal President of the Republic reviewed, on the field of maneuver of Vincennes, the 4th army corps, the troops stationed in the government of Paris and the 4th cavalry division.

5- Adrien Bizot, then settled in Oran as commander of active troops, had gone to Camden Place in March 1875. A correspondence between the two friends, the first dated April 6, 1875 (Bizot), the second most probably written in May (Prince Imperial), evokes this stay.

Adrien Bizot is the son of General Michel Bizot, killed at the siege of Sevastopol (1855), and Sophie de Lochner, former sub-governess of the Prince Imperial.
“Bizot was part of that trinity of soldiers which was so dear [to the Prince], which recurs so often in his letters, which is in his thoughts until the last day: Bizot, Conneau, Espinasse”
(Le Prince impérial, souvenirs et documents – Augustin Filon, 1912, p. 57).

[NAPOLÉON III] Levitsky – LeJeune

Portrait of Emperor Napoléon III by [Levitsky] LeJeune, period albumen print
[Paris, c. 1865], CDV format
Some slight imperfections

Famous portrait of the emperor, in bust 


One of the famous portraits of the emperor, which could be set during the year 1865, in the last years of his reign.

Provenance:
W.D Mason

[EUGÉNIE de Montijo, Empress] W&D Downey

Portrait of Empress Eugenie by W&D Downey, period albumen print
[London, c. 1871], CDV format
Photographer’s credit on verso, some tiny imperfections

Elegant portrait of the Empress, with a melancholic gaze


This portrait was taken around 1871, about a year after the arrival of the imperial family in the United Kingdom, forced into exile after the disastrous defeat of Sedan.
The Empress appears in a bust, seated three-quarters to the right, with melancholic and pensive gaze, a fan in her hand.

A rather uncommon print, in good overall condition.

[SECOND EMPIRE] The imperial family and its private circle

Nineteen period albumen prints
The Imperial Family and its entourage, CDV format

We believe it is important to note that some of the portraits presented here, including those of Corvisart, the Duke of Padua, Prince Bonaparte in uniform or that of Abbot Deguerry, are of great rarity.

Exceptional meeting of nineteen vintage albumen prints offering a wide panorama of the imperial family, its close circle and its supporters


The Imperial Family

Photograph of the Prince Imperial in grenadier’s guard uniform, standing, between his parents, 1865; cdv format (Levitsky)
Small sunstroke in the lower margin of the montage, credit of the photographer on the front of the print

***

Family circles
(clockwise)

1/ MURAT Joachim, Joseph, Napoleon (1834-1901). 4th Prince Murat. Cousin of the Emperor, Brigadier General, circa 1860; CDV format. (Disderi)
Photographer’s credit on front and back. Lower left and right corners of cardboard slightly trimmed.

2/ BONAPARTE Napoléon-Charles (1839-1899). Prince. 9th child of Charles-Lucien Bonaparte and Zénaïde Bonaparte. He served in the French army and took part in the Mexican campaigns of 1870, circa 1860; CDV format. (Levitsky).
Photographer’s credits on front and back

3/ MURAT Joachim, Joseph, André (1828-1904). 3rd Count Murat. Grand-nephew of the King of Naples. Member of the Legislative Body and then of the House. President of the Appeal to the People group, circa 1860; CDV format. (Disderi)

4/MONTIJO Maria-Manuela (de) (1794-1879). Countess of Montijo. Maternal grandmother of the Prince Imperial; CDV format. (Disderi)

***

The Inner Circle
(clockwise)

1/ CONNEAU Henri (1803-1877) Father of his best friend, Louis Conneau, and confidant of Napoleon III. First physician to the Emperor, deputy of the Somme, senator, circa 1860; CDV format. (Franck)
Photographer’s credits on front and back

2/ MARET Napoleon, Joseph, Hugues (1803-1898) Duke of Bassano. Son of the minister of Napoleon 1st. Diplomat, senator and grand chamberlain of the Emperor. On 20 June 1879, informed by Lord Sydney – sent by Queen Victoria – of the death of the Prince Imperial, he had the sad privilege of announcing the tragic news to Empress Eugenie, circa 1860; CDV format. (Disderi).
Photographer’s credit on the back. Small defect in the upper margin of the print, without affecting the character.

3/ CORVISART Lucien (1824-1882) Baron. Great nephew of the 1st doctor of Napoleon 1st. Ordinary physician to the Emperor and assistant to the 1st doctor, Henri Conneau. On 11 July 1879 he drew up with Dr Larrey, on the return from the ashes of the unfortunate Prince who had died in Zululand, the minutes of the identification of his body, circa 1860; CDV format. (Creamer)
Photographer’s credit on the back

***

The Faithful ones
(Clockwise)

1/ ROUHER Eugène (1814-1884) Former Minister of State of Napoleon III, he took the effective leadership of the Bonapartist party in 1873, circa 1860, cdv format. (Disderi)
Photographer’s credit on the back

2/ NOAILLES Antoine, de (1841-1909) Duke and Prince of Poix, Duke of Mouchy, Grand of Spain 1st class, company administrator, deputy of Oise and mayor of Mouchy, circa 1860; CDV format. (Lejeune)
Small superficial defects, photographer’s credits on the front and back

3/ MURAT Anna (1841-1924) Princess. Duchess of Mouchy, close friend of Empress Eugenie, circa 1860; CDV format. (Lejeune)
Photographer’s credits on front and back

4/ PADUA Ernest, Louis, Henri Arrighi de Casanova (de) (1814-1888) Duke. Senator, Minister. Under the Third Republic, he was one of the most active leaders of the Bonapartist party and spoke on 16 March 1874 at the rally he had organized, with 7000 guests, for the majority of the Prince Imperial; CDV format. (Disderi)
Slightly trimmed angles. Photographer’s credits on front and back

5/ NELATON Auguste, Jean, Baptiste (1807-1873) Surgeon to the Emperor, member of the Institute, senator, he operated the Prince Imperial of the hip in 1867, circa 1860; cdv format (Disdéri)
Photographer’s credits on front and back

***

The Army
(Clockwise)

1/ CAMBRIDGE, Duke of (1819-1904) Commander-in-Chief of the British Army, he accepted the request of the Prince Imperial to accompany the English troops to Cape Town, circa 1860; cdv format (Maull & Polyblank).
Photographer’s credit on front and back

2/ CANROBERT François, Certain (1809-1896) Marshal, senator of the Lot from 1876 to 1879 and of the Charente from 1879 to 1894, he took his place in the group of the Appeal to the people, circa 1860; cdv format (Disdéri).
Photographer’s credit on front and back

3/ BOURBAKI Charles, Denis, Sauter (1816-1897) General of division, aide-de-camp to the Emperor (1869), he commanded the imperial guard during the campaign of 1870. Governor of Lyon and commander of the 14th corps. Unwavering support of the Prince Imperial, after having been of his father, who considered, in 1873, relying on his loyalty to renew the “flight of the Eagle”. The death of Napoleon III on 9 January 1873 put an abrupt end to this project, circa 1860; cdv format (L. Pierson)
Photographer’s credit on front and back

***

The clergy
(Clockwise)

1/ DARBOY Georges (1813 – executed by the Commune in Paris, May 24, 1871) Bishop of Nancy (from 1859 to 1863), Archbishop of Paris (from 1863 to 1871) and Grand Chaplain of the Empire. He gave communion to the Prince Imperial on 7 May 1868, circa 1860; CDV format. (Bertall & Cie)
Photographer’s credits on the front and back, small spot in the left margin of the montage

2/ BONNECHOSE Henri Marie Gaston, of (1800-1883) Archbishop of Rouen and cardinal, he participated, at the request of the Prince Imperial, in the work of drafting a draft constitution in 1878. The Prince also enlisted the help of his friend Tristan Lambert and the journalist Eugène Loudun. This “committee” worked in the greatest confidentiality, circa 1860; CDV format. (Pierson).

3/ DEGUERRY Gaspard (the abbot) (1794 – executed by the Commune in Paris, May 24, 1871). Parish priest of La Madeleine. He was commissioned to make the religious instruction of the Prince Imperial and to prepare him for his 1st communion, circa 1860; CDV format
Photographer’s credits on front and back

[BAUDELAIRE] BRACQUEMOND, Félix (1833-1914)

Etching depicting the poet
[Second edition of The Flowers of evil – March 1861], 1 p. in-12°
Signed by Félix Bracquemond and Eugène Delâtre
Cropped margins (Baudelaire’s name engraved by Bracquemond below the engraving has been cropped off), mounted on modern vellum

First state proof that appeared in the frontispiece for the second edition of The Flowers of evil


The second edition, partly original, is printed in 1500 copies; 4 copies on China, and some copies on Holland and strong vellum that Baudelaire had printed at his own expense; and augmented with thirty-five new poems, does not contain the pieces condemned in 1857.

We attach:
A late steel engraving (1 p. in-8°) after a portrait of Nadar (appearing in the Complete Works at Calmann-Lévy – Paris, 1880), printed on laid paper. Some freckles.

[SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)]

Autograph letter signed « Christian Chapuis » to Jean-Paul Sartre
Maîche [Doubs], 21st June 1954, 4 p. in-8°
This missive was probably sent to Gallimard, Sartre’s publishing house.
An autograph note, from another hand, in the upper right margin of the first sheet, indicates the attention to which this letter is intended.

Long and disturbing outpouring of a teenager to whom Sartre’s works seem to have greatly troubled


« C’est un séminariste qui vous écrit, mais, je vous en supplie, lisez sa lettre et répondez-lui. je dis que je suis séminariste, mais je devrais bien plutôt dire que je suis un adolescent au séminaire car depuis bientôt un an j’ai perdu la foi.
J’ai lu deux de vos livres : “La Nausée” et “Le Mur”. Ce dernier m’a beaucoup plu. Il m’a semblé que je me retrouvais un peu dans l’enfance d’un chef. Non que je sois fils de patron (mon père est ouvrier) mais je crois que j’ai déjà éprouvé des impressions analogues à celles de Lucien.
Lorsque j’étais enfant (j’aurais bientôt dix sept ans) il me semblait que je vivais un rêve et que tout d’un coup, j’allais me réveiller. D’autres fois je croyais que mes parents n’étaient pas mes vrais parents et que j’étais un enfant volé. […] Je passais ma sixième dans une inconscience remarquable. En cinquième je me pris pour un saint et j’étais plein de ferveur enfantine.
Mais vinrent les grandes vacances. J’allais bientôt avoir quinze ans. Je fis connaissance peu à peu avec mes sens. Le soir au lit, je rêvassais. je ne m’amusais pas encore avec ma verge mais j’imaginais être martyrisé. Les premières fois, il y arrivait un moment ou j’éprouvais une drôle de sensation. Ensuite, j’avais envie d’uriner mais je n’y arrivais pas. Peu à peu, je m’aperçus que cela avait des rapports avec ma verge. Entre temps un livre m’était tombé entre les mains : “Satan conduit le bal” [roman de Georges Anquetil paru en 1925]. Ce roman décrivait comment l’on battait les femmes dans les chambres de flagellation. Ce livre me troubla beaucoup.
Pendant ma quatrième je m’excitais et trouvais le plaisir en m’imaginant d’être esclave. Au début, je rêvais d’être esclave d’un homme ou d’une femme puis, quelques mois plus tard d’une femme ou d’un enfant. Pendant les grandes vacances dernières, assez souvent, je me faisait lier dans des positions douloureuses par mon frère (11 ans). Il se figurais [sic] que je jouais tout simplement au prisonnier avec lui.
Au début de cette année scolaire, j’entrai en troisième (j’avais presque seize ans). je commençais à perdre la foi.
Pour m’exciter je pensais être esclave, mais esclave d’une jeune fille.
C’est aux vacances de Noël que j’achetais Le Mur. Au deuxième trimestre, je ne rêvais plus tant être esclave. Je rêvais tout simplement de m’amuser avec une fille.
Aux vacances de Pâque j’achetais “La Nausée”.
Le soir avec mon frère je connu un un plaisir plus parfait. Nous jouions aux cartes. Celui qui perdait était esclave de l’autre. Mais mon frère n’aimait pas être mon maître.
Maintenant voici où j’en suis.
Je n’ai plus envie de me tuer. Je n’ai jamais eu ni ami, ni amie. Je n’ai jamais vu de femme nue et je ne sais même pas comme elles sont entre les cuisses. (J’ai déjà bien acheté certaines revues mais on ne voit pas le principal).
Mon grand rêve pour les vacances c’est de trouver un adolescent de mon âge et de jouer parfois avec lui. Je serais son esclave, son jouet. Il me battrait, me ferait souffrir. Je m’adonnerait de faire toute sorte de chose (lui lécher sa verge pour l’exciter par exemple).
Que peut-on encore faire entre homme ?
J’ai lu dans “Intimité”, un chapitre du “Mur” qu’un homme reste couché deux heures avec une femme. Est-ce que cela est possible ? Est-ce que le jus ne part pas avant. Croyez vous que l’on risque beaucoup de mettre une fille enceinte en couchant avec elle ? etc-ce qu’elle y trouve beaucoup de plaisir et serait vite d’accord de coucher ?
Est-ce que je ne risque rien en étant “esclave” ? Est-ce que je suis pédéraste ? Est-ce que je peux trouver un adolescent qui prenne plaisir ) faire de moi son jouet et son esclave ?
Vous voudrez bien m’excuser de toutes ces questions assommantes et idiotes. Je vous en supplie, répondez-y le plus tôt possible. Je vous salue bien respectueusement et vous admire. Ch. Chapuis.
Voici mon adresse (ce n’est pas la réelle à cause de mes parents).
[…]
P.S. Si vous le voulez bien, donnez-moi votre adresse. Je voudrais aussi savoir ou je pourrait [sic] trouver les photos d’une femme vraiment nue […]
P.S. Croyez-vous qu’on puisse bander tous les jours et plus sans que cela porte atteinte à la santé ? Combien paie-t-on ordinairement pour coucher avec une femme ? Dans un bordel ou chez une particulière. »


It seems to us that this letter speaks for itself.

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed « Max » [to Estelle Isch-Wall]
N.p.n.d [before 1923], 1 p. in-4°
Incomplete (the beginning of the letter is missing)

Tender letter of advice from the poet to his goddaughter


« […] ne m’aimez pas mieux de loin – c’est très blessan ce que vous m’écrivez là. Que faire pour vous rendre très heureuse, quoi, sinon vous donner un bon conseil : ne restez jamais inoccupée. Je n’appelle pas être inoccupée l’état de méditation, bien entendu. Il faut vous atteler à une grande besogne énorme, vous coucher fatiguée, recommencer le lendemain. Ne jamais penser à soi même et toujours au bien qu’on peut faire autour de soi, par la plume ou autrement. Je ne vous dis pas d’être dame patronesse [sic] ce qui est ridicule mais il y a toujours moyen. Quand on est arrivé à s’oublier on est très heureux.
Vous êtes foncièrement bien portante et cette angine ne sera rien.
La lecture est un élément de bonheur quand on lit très lentement en prenant des mots ou en s’intéressant à telle ou telle science. Ne restez pas inactive : ne soyez pas enfant gâtée.
Vous êtes une charmante filleule que son parrain aime énormément.
Max »

Max Jacob adds on verso : « ne pas s’ennuyer une minute »


Estelle Isch-Wall, born in 1898, is the cousin and granddaughter of Max Jacob. She married the painter Louis Latapie (1891-1972) before dying prematurely in 1923, at the age of 25.

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed « Max Jacob » to Marcel Thiébaut
Monastère de St Benoît-sur-Loire, 16th May 1924, 2 p. in-8° on bi-folio
Period fold marks

Max Jacob welcomes the analysis of his latest book by Marcel Thiébaut, director of Calmann-Lévy publishing


« Mon cher confrère,
Je suis profondément touché de votre offre et rien ne peut me flatter davantage que de me voir dans une maison que j’ai été habitué à respecter et à aimer dès l’enfance.
En principe, j’accepte avec joie… il y a des contingences, hélas sur lesquelles je dois songer et sur lesquelles je vous écrirai.
L’analyse que vous avez eu la courtoisie de m’envoyer m’a fait un grand plaisir. Vous avez le don de lumière : vous avez dégagé le caractère de mes héros mieux que je ne l’ai fait moi même et l’essentiel du livre vous l’avez mis nettement en relief dans un esprit d’équité bien rare chez les critiques.
De toute façons, merci, mon cher confrère et recevez, je vous prie, mes très distinguées salutations avec l’assurance de mes sentiments de confraternité bien sympathiques et dévouée.
Max Jacob
P.S. n’êtes vous pas le descendant de ce général Thiébaut qui sous Napoléon 1er écrivit ses aventures en Espagne avec tant de talent »


Max Jacob alludes, at the beginning of the letter, to a possible acceptance on his part to be published by Calmann-Lévy, and of which Marcel Thiébaut is then the director. However, this proposal will remain unanswered, Max Jacob being under contract at Gallimard since 1923.
It is then very likely that Thiébaut welcomed the publication of L’Homme de Chair et l’homme reflet, published at the end of March 1924, and for which Jacob warmly thanked him in this letter.

There is no Thiébaut occurrence in Max Jacob’s correspondence, with the exception of this letter.

CAMUS, Albert (1913-1960)

Autograph letter signed « Albert Camus » to Jean-Louis Barrault
N.p, [Paris] Tuesday 6th October 1953
Period fold marks

Moving letter written to his friend and actor Jean-Louis Barrault after the revival of Paul Claudel’s Livre de Christophe Colomb, at the Théâtre Marigny


« Cher Barrault,
J’étais heureux, samedi soir en sortant du Marigny. Heureux d’une bonne et étrange manière, et plein d’une affectueuse admiration. Je disais : “Voilà, de retour, notre plus grand metteur en scène.” J’aurais dû dire : le seul que nous ayons. Et il y avait un peu de ce sentiment dans la salle de ce soir-là, parmi le public pourtant si prompt à applaudir la médiocrité sur commande. C’était là peut-être le bonheur dont je parlais : Voir la supériorité du talent et de l’invention reconnue, saluée pour ce qu’elle est, sans rivale, et triomphant par les moyens les plus francs et les plus droits.
Je ne t’étonnerai pas en disant que je ne suis pas fou de la pièce. Ce n’est, il s’en faut, ni le Soulier(1), ni le Partage(2). Mais tu en as fait un merveilleux livre d’images dont on peut être et, dont je suis, fou. Ta plus grande création, peut-être, avec Le Soulier et le Procès(3). Quelle prestesse, quelle invention constante, quel bonheur calculé dans les formes, les places, les lumières et dans le rythme, surtout dans le rythme, oui, où seul peut triompher le grand, le vrai metteur en scène. Tu vois, je suis enthousiaste… Et pas seulement enthousiaste, mais aussi ému, et vaguement fier, oui, c’est idiot, fier de je ne sais quoi. De toi et de vous sûrement (aussi vrai que tu n’es pas mon fils). Peut-être aussi de ce pays, de ce Paris, de notre génération, et pourtant Dieu sait si je suis parfois découragé. Mais justement l’occasion d’aimer et d’admirer, quand elle est rare, vous mouille le cœur. On a envie de dire merci et, comme tu vois, on le fait.
Et maintenant, courage pour la suite. Tu sais bien que cette bataille-ci ne connaît que des armistices, jamais de paix. Mais tu es armé. Embrasse Madeleine [Renaud] la Catholique, si belle et si simplement touchante dans Isabelle. Bravo à tous… Je te serre la main, très affectueusement.
Albert Camus

[Camus adds in the bottom right of the second page]
Pardon !
Ce sont mes boutons de manchette. »


1- Le Soulier de satin is a play by Paul Claudel and directed by Jean-Louis Barrault on November 27, 1943 and whose complete performance lasts about eleven hours.

2- Partage de midi is a drama in three acts by Paul Claudel, written for three and then four characters in 1905, created in a modified version on December 16, 1948 at the Théâtre Marigny by the Renaud-Barrault company.

3- Le Procès is a posthumous novel by Franz Kafka, published in 1925 and adapted for the stage by André Gide in 1947. Jean-Louis Barrault played the role of Joseph K.

Beyond his sometimes enthusiastic, sometimes touching words, this letter enlightens us on one of Camus’ great passions: the theater, a field in which he multiplied his experiences. He began first as a troupe animator in Algiers of the Travail de l’Équipe, popular theater mounted under the aegis of the Communist party from 1936 to 1937, then itinerant and occasional actor, playwright, adaptor …

The theatrical collaboration between the two friends, however, was limited to Barrault’s staging of L’État de siege, premiered on 27 Oct. 1948 at the Théâtre Marigny.

BERNHARDT, Sarah (1844-1923)

Autograph card signed « Sarah Bernhardt » to a lady
N.p.n.d, 2 p. in-8° on thick bi-folio

Sarah Bernhardt makes an appointment with her correspondent


« Madame
Je suis à vous demain de une heure et demie à deux heure 1/2. Vous plaît-il venir déjeuner sans prévenir après-demain. Enfin le jour qu’il vous plaira. Chez moi avant trois heures ou au théâtre après cinq heures.
Je suis heureuse Madame, de vous renouveler l’expression de mon amitié.
Sarah Bernhardt »


Nice card to her initials and motto “Quand même”

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel » to Robert de Billy
S.l [Paris], between the 11th and the 14th of January 1912, 4 p. in-8°
Watermark : “Imperial Diadem”
Period central fold mark

Proust went into debt after having lost at gambling in Cabourg and on the stock market


« Mon cher petit
Je vous écris un mot qui a l’air idiot et après lequel vous pourrez néanmoins me dire ce que vous voulez et que je ferai. Mais voici : j’ai non seulement tellement dépensé mais “fait jouer” pour moi à Cabourg, que je suis en déficit très gros au Crédit Industriel et à la Banque R.
[Rothschild]. J’ai trouvé un peu d’argent pour attendre un peu, et j’espère ne pas avoir de difficultés pour mon terme. Mais ce sera tout juste. Inutile de vous dire que si vous aviez besoin d’argent, il me serait facile de vendre une valeur et de vous en envoyer le montant. Mais comme je viens précisément de me livrer à cette opération avec une Bourse déplorable, j’aimerais mieux ne recommencer que si cela était utile. Or je suppose qu’il vous est absolument indifférent que j’envoie cet argent. Je vous supplie de ne pas croire qu’il y a nonchalance de ma part et indifférence. Si vous me dites de le faire je le ferai instantanément. Et ce n’est pas parce que j’aurais distrait 500 fr. de l’équilibre instable de mes dettes (quel style !) que cela changera grand chose. Mais enfin, tâchant d’être raisonnable, peut’être serait-ce mieux pas en ce moment. Surtout ne me renvoyez pas les précédents 500. Vous me les rendrez quand vous viendrez, ou me feriez un plaisir sentimental en ne me les rendant jamais et en me donnant l’illusion d’entretenir une dame avec qui vous auriez vous les relations amoureuses. Vous ai-je jamais dit pour Lord Kitchener qu’une compétence distinguée de la côte normande m’avait dit : « je crois bien que oui »(1). Que pensez-vous de Me Depret ?(2)… et de son époux ?(3)
Tendrement à vous
Marcel
Il me semble que l’Angleterre est moins chaude pour nous. Quel ennui ce serait. Et voilà le Times qui a l’air de prendre le parti de l’Allemagne »(4).


Forced to return to Paris on October 1st, 1911, when the Grand Hôtel de Cabourg closed doors and after losing to gambling, Proust had Rand Mines bought through his secretary at the time, Albert Nahmias. Marcel Proust’s stock market investments proved disastrous. He even alludes to it almost explicitly in The Search (see The Fugitive, Pléiade vol. 4. 219 and 1119).

Finally, it was Robert de Billy, previously a diplomat stationed in London from 1896 to 1899, who introduced Marcel Proust to the work of John Ruskin by offering him a copy of The Bible of Amiens in 1898.

SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)

Autograph preparatory manuscript for Les Mots
N.p.n.d [c. 1953-1955], 1 p. in-4°
Some words crossed off. We do purposely transcript only a part of the manuscript.

Precious unpublished preparatory manuscript for Les Mots, one of the densest that can be found of Sartre’s autobiographical masterpiece


« Je ne ressentais rien, toute mon énergie s’absorbait à produire cette mutation dans cette mue. Je fus atteint de distraction chronique ; possédé par mon absence, nulle part je ne me sentis présent tout à fait. Par comédie, par zèle, j’avais été l’enfant le plus sage ; par indifférence, je devins plus docile encore, je me prêtai aux éponges, aux brosses, au gant de crin :  pendant qu’on me bouchonnait, j’écoutais en moi-même le bruit des marteaux qui battaient le fer. Je gagnais tout à cette nouvelle imposture : jusque-là, quand je faisais le héros, je n’oubliais jamais que c’était un jeu, que j’étais un mal-bâti. Bref, je n’y croyais pas. Mais je croyais à ma vocation : cette certitude était d‘autant plus aveugle, d’autant plus inébranlable qu’elle m’était plus étrangère. En parant l’écrivant des plumes du héros. Mais quand. Lorsque je fis forgeais l’alliage du héros et de l’écrivain, je donnais à celui-ci les vertus de celui-là, à celui au second les vertus du premier, au premier la réalité du second. Ma valeur n’était qu’imaginaire : elle devint ma vérité future, je passai du jeu au bovarysme. À considérer les choses du dehors, il va de soi que je ne sortais pas du rêve : héroïsme, génie, vocation, tous ces mots enfantins perdent leur sens dans l’univers des adultes. Mais, au-dedans, il n’en était pas de même :
Je devins quelqu’un, un Autre
[…] »


Sartre began writing the book that would become Les Mots (originally titled Les Affections du cœur) in 1952-1953, then abandoned it in 1956 before resuming it and publishing it in 1963. We know several fragmentary preparatory texts (from one to ten folios for the longest), which are preserved at the BnF and were published in the edition of the Pléiade in a section entitled “Vers Les Mots”
The manuscript we present here, however, remains one of the most valuable that can be found because of its thematic density.

Sartre and “bovarysm”:
It should be noted that this occurrence does not appear in the final text of Les Mots. Sartre, as we know, had a strong interest in Madame Bovary, having read Flaubert’s work many times. For the young Sartre, Flaubert’s work was part of a life project, between the challenge to adults and the children’s comedy (Sartre et la tentation Bovary – F. Noudelmann)

It is finally interesting to observe the unity of this folio, with a ‘beginning’ and an ‘end’, unlike other isolated fragments that we find by the same author.

MAURRAS, Charles (1868-1952)

Autograph letter signed « Charles Maurras » to Louis-Xavier de Ricard
S.l, 31st December [1892], 15 p. in-8°, bespoke binding by Michel Kieffer
The binding is featured with an original lithograph by Auguste Leroux representing a portrait of Maurras

Long, unpublished missive of 15 pages by the young Maurras, two years before he began his conversion to the monarchical principle – This letter, fundamental, as much by the variety of the subjects it addresses as by their depth, already hints at the future of Maurassian thought’s backbone


« Monsieur et cher confrère
Me pardonnerez-vous ? Il y a cinq grandes semaines que je songe à répondre à la lettre excellente que vous avez voulu m’écrire le 23 novembre dernier. Je profite du jour de l’an pour vous mander enfin, avec mes meilleurs souhaits de bonne année, cette réponse dont je vous suis redevable depuis si longtemps.
La fin rapide du Langdocian nous a fort chagrinés [Frédéric] Amouretti et moi ; mais c’est une fin transitoire, et ceci nous rassure bien. Vous allez reprendre la campagne avec une revue, sur un plan plus large et dont les résultats seront plus heureux. Le Langdocian était d’ailleurs excellent. Avec la Cigale d’Oc, il tenait la tête de la presse d’Oc et je ne pense pas que son action ait été inutile. Vous aviez des détracteurs à la fois très intelligents et très ardement dévoués à l’idée fédéraliste. […]
Les gens de la Revue Bleue ont pu d’aventure [lire] mon article en ce moment. Ils le tiennent en réserve pour plus tard. Il paraîtra dans quelques semaines ou quelques mois. Pauvre article ! Tendre fédéralisme à l’eau de rose. Il sera probablement intitulé séparatisme ou décentralisation et il est bien certain que je n’y ai pas dit le quart de mes pensées. Vous aurez une épreuve la veille du jour où il devra paraître.
M. Ferrari est, en effet, le plus charmant des hommes. Mais il a, comme beaucoup de sceptiques d’aujourd’hui, une sorte de fanatisme, de « religion du scepticisme » qui est, assurément, la plus grande chinoiserie que je connaisse. Un sceptique sincère devrait arborer les esprits religieux, convaincus et un peu sectaires : car ne lui donnent-ils pas le plus savoureux et le plus vivant des spectacles ? Mais non. La tolérance, la modération, la peur de conclure, voilà leurs dieux à tous, qu’ils s’appellent Masuard ou Ferrari […] Pour moi, qui ait à cœur de réparer l’oubli bien involontaire où j’ai laissé Au bord du… et Autour des Bonaparte. Je parlerai bien volontiers – à la Baguette de France, peut-être ! – de votre Esprit politique de la Réforme. Malgré des désaccords sans doute très graves, – je vous avoue que le protestantisme est un peu ma bête noire, – il ne sera pas difficile de trouver là-dessus des conclusions communes, c’est-à-dire fédéralistes.
Je suis tout à votre disposition pour des renseignements et des documents sur votre idoles romane, et même sur le mouvement littéraire à Paris. Je ferai en sorte de vous les envoyer dès le reçu de vos questions par retour du courrier. Passerez-vous bientôt à Paris ? Ayez la bonté de nous prévenir, afin que nous organisions qque chose. Les jeunes qui nous viennent, [sont] de plus en plus nombreux. Hier soir, nous avons eu une réunion au café Voltaire. Radiguer y est venu. Il a fait un excellent effet. Nous tacherons de continuer la campagne de concert. Car il faut à tout prix que des septentrionaux se joignent à nous. Autrement, nous serons accablés sous la vielle imputation de séparatisme. Je la méprise infiniment pour ma part, car je me sens français autant que provençal, mais je la redoute pour notre idée.
Ne serait-il pas excellent de capter notre mouvement de réprobation qui se forme contre la finance cosmopolite en nous intitulant : Le parti national de la fédération – ou, si parti national rappelle trop Boulanger, le parti de la fédération nationale. Quel que soit le mot choisi, il serait important de nous montrer chauvin par quelque côté. Nous y gagnerons la répression d’une accusation dangereuse et un concours nouveau, celui de l’esprit national qui se réveille. J’aimerais assez que, sans nous confondre avec les antisémites ni les déroulédistes, nous pressions qque chose de leur devise : La France aux Français, quitte à ajouter la province aux provinciaux, la Commune aux membres de la communauté. Car je suis communaliste, autant que fédéraliste, étant originaire d’une de ces petites communes du midi qui jusqu’en 1789 ont formé des espèces de Républiques indépendantes ? Quelle émotion j’ai eue l’été passé à feuilleter les registres des assemblées municipales de mon Martigues ! Et ce que je suis humilié d’entendre raisonner mes compatriotes d’aujourd’hui, abaissé par cent ans de pseudo-liberté ! Mais ils se relèveront, et j’ai formé là-bas un petit noyaux « localiste » très ardent et très passionné.
Je reviens à la question nationale qui me passionne aussi beaucoup. Dites-moi, s’il vous plaît, votre opinion à cet égard. Il ne s’agit pas d’une alliance, mais d’une précaution à prendre contre une objection trop facile.
Sur le fond de la question, je vous avoue que je suis antijuif sans être antisémite. Les juifs, à mon sens, forment un état dans l’état : c’est le seul qui subsiste aujourd’hui dans notre France unitaire et centralisée, et de là vient son danger. Sous le régime fédératif, on pourrait rendre aux juifs leur nationalité, en prenant contre eux quelques indispensables précautions. Mais nous discuterons ces choses, dans nos assemblées de province, et lorsque que le fédéralisme aura triomphé. Il s’agit aujourd’hui de marcher ensemble et de chercher nos alliés où nous pourrons.
Amourette a lâché La Libre Parole [journal antisémite lancé par Édouard Drumont en avril 1892], depuis de long mois. Le journal est vraiment très hostile au midi. Mais il ne l’est point à l’idée fédéraliste. Dumont ne perd jamais une occasion de foudroyer la centralisation napoléonienne. Comment cela s’arrange-t-il avec son ancien bonapartisme, je n’en sais rien, ni peut-être lui-même.
Je ne voudrais pas non plus que me idées nationalistes vous fissent croire que je sois le moins du monde hostile à l’alliance latine. Je crois à la fédération des peuples romans, parmi lesquels je tiens à comprendre la Grèce. La Grèce est ma chimère et mon rêve de tous les jours. L’esprit latin tout seul me semble sec et rude, un peu « protestant » passez-moi l’expression, et j’incline à penser qu’italiotes et Gaulois, Hellènes, Ioniens appartenaient tous à la même souche pélagique. Je n’admets pas ou du moins j’incline infiniment à rejeter la théorie néo-latine de la formation du français et je fais grec – au grec mystérieux, un peu sauvage et rustique, retrouvé par un érudit de mes amis que j’estime et honore fort, – une part très considérable… grec ou latine – disons méditerranéens pour y comprendre les arabes et les Phéniciens. Nos peuples sont les premiers dans le passé – et peut-être qu’il dépend de nous qu’ils soient relevés d’ici peu et en état de tenir tête à l’invasion anglo-germaine qui commence à courir le monde. Fuore Barbaro ! Romanisme, fédéralisme, tout cela, du moins, n’y nuira pas.
Pardon, n’est-ce pas, de ces amplifications. Vous les jugerez un peu jeunes, comme je fais. Mais n’est-ce pas l’expression du sentiment qui nous anime et ne sont-ce pas des phrases pareilles qui nous vaudront peut-être un jour l’adhésion de tous nos « pays » ? Il me surprend beaucoup que Socrate et Jésus n’aient pas suffit à réhabiliter les bavards… […]
Je pense qu’il n’y a plus que deux termes possibles dans le cas où nous sommes : césarisme ou fédéralisme. Et comment le césarisme durerait-il ? Je sais très bien qu’il y a la « dictature ouvrière » dont Barrès a parlé, le marxisme qui vous écœure et que je hais aussi – mais où sera la force pour l’organiser ? Je vois beaucoup de forces destructrices. Je n’en aperçois point de créatrice, hormis celle que nous tentons de mettre en mouvement.
A vous mon cher confrère, en mes meilleurs souhaits de bonne année.
Charles Maurras »


Provençal influenced by the thought of Frédéric Mistral, Charles Maurras was part until 1892 of the Félibrige, movement for the revival of the langue d’oc. He was then sensitive to the ideas of Mauroce Barrès, Ernest Renan and Anatole France. At the time of writing this letter, the writer led an ardent federalist campaign within the Félibrige. There is no known older occurrence on the subjects he addresses here, such as Boulangism or Marxism. Not yet royalist (which he will become in 1895), this period is for the young Maurras at the crossroads the political and intellectual commitment of his thought.

As a polemist, Charles Maurras exerted a great influence on the intellectual life of France: he was at the origin of many intellectual and literary adventures. Many authors and politicians have been influenced throughout the twentieth century.

Louis-Xavier de Ricard (1843-1911) was a poet, writer and journalist. A native of Marseille, he was the editor of La Revue du progrès, in which Verlaine’s very first poem, Monsieur Prodhomme, was published in 1863.

LEVI, Primo (1919-1987)

Set of two letters signed « Primo Levi » to Roland Stragliati
Turin, 19th and 29th June 1980, 8 p. in-4°, with one envelope

Very rare letters from Primo Levi for the French translation of his novel La Chiave a stella – The writer shares with his translator many remarks, sometimes disagreements, on certain subtleties and expressions of the Italian language for the French version of the novel


In 1978, Primo Levi wrote the novel La chiave a stella, a book that is a dialogue, during a stay in a Russian city, between the author and a Turinese technician, who is sent around the world for the installation of industrial machinery, as part of major engineering projects, where in the 1960s and 1970s Italian companies are often involved. For the author, pride in a job well done is necessary for a fulfilling life. Primo Levi then had to face criticism from the left side of political parties, because his elegiac approach to work as a means of personal fulfillment neglected the most sordid aspects of workers’ exploitation, as well as any social criticism. Nevertheless, the book earned him the prestigious Strega Prize (equivalent to the Prix Goncourt in France), in 1979, and a success with readers.

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Autograph card-letter signed « Maupassant » [to Jacques Normand?]
24 rue Boccador, [Paris, 24th February 1891], 2 p. in-12°
Date added (probably by recipient) on verso, small stain on lower right corner of second page without affecting the text

Unpublished testimony of Maupassant, revealing the ever more violent symptoms of syphilis, contracted during his early years


« Mon cher ami,
J’irai au [Théâtre du] Gymnase tantôt, et j’y resterai si je peux.
Il faut d’ailleurs que je rendre à quatre heures, la Princesse Mathilde m’ayant annoncé qu’elle viendrait prendre une tasse de thé chez moi.
Quant au dîner, voulez-vous me permettre de ne vous répondre que selon l’état ou je me sentirai tantôt. Mais je ne crois pas que ce soit possible, tant j’ai la tête malade. Je vous en prie ne me faites jamais écrire même un billet […].
Je vous serre cordialement la main.
Maupassant »


As evidenced by the abundant correspondence addressed to his various doctors at the beginning of 1891, Maupassant was plagued by new and increasingly aggravating symptoms of syphilis. The writer is irascible and can no longer work. During his last years, he developed an exaggerated desire for solitude, a sickly instinct for self-preservation, a constant fear of death and a certain paranoia. Guy de Maupassant began in 1890 L’Âme étrangère, which he never finished.

The same year, he wrote: “This impossibility of using my eyes… makes me a martyr… I suffer excruciatingly… Some howling dogs express my condition very well… I can’t write, I can’t see it anymore. This is the disaster of my life »

Maupassant announces here that he will be attending rehearsals for Musotte, a play written in collaboration with Jacques Normand, at the Théâtre du Gymnase. The premiere took place a few days later, on March 4, and was a success.

COLETTE, Sidonie-Gabrielle (1873-1954)

Autograph letter signed « Colette » [to Jacques de Marsillac]
La Treille muscate – Saint Tropez [30s], 2 p. in-4° with envelope

Colette asks for a truce as columnist for theatrical reviews in the daily newspaper Le Journal


« Cher ami, nous y voilà.
Que ne puis-je dire « J’y suis, j’y reste » ! J’inaugure mon séjour par une petite maladie d’arrivée, quelque chose comme une grippe au ralenti, qui n’est pas absolument désagréable. Avertissement donné par l’état général.
Aussi demandé-je, cette année, un petit temps qui ressemble aux vraies vacances, et je n’enverrai de [sic] la copie au Journal qu’à partir du 15 août. Croyez que cette restriction m’est nécessaire. Au surplus, je ne saurais recommencer, sans risque de monotonie, des chroniques provençales qui ont donné leur jus. Et je trouverai fort juste que le Journal réplique à mon abstention par… une abstention.
Tâchez de venir bientôt.
Venez, et les coude sur la table inventons quelque chose qui m’autorise, sans quitter le Journal ami, à être dans ses colonnes autre chose que la critique théâtrale. C’est un affreux métier. Au bout de quatre ans je crie « Pouce ! ». Ne fais-je pas mieux d’avouer ma fatigue que de la mal déguiser ? Venez vite. Mangeons la rascasse farcie, la daube de bœuf, les raviolis, la sardine grillée.  Que notre cher Guimier [Pierre Guimier, rédacteur en chef du Journal] vous accompagne, – et toutes les grâces de Dieu. Je vous embrasse, cher ami. Maurice Goudetek [troisième et dernier conjoint de Colette] est quelque part par là, dans l’eau, ou bien avec les électriciens, car, est-il besoin de vous le dire ? Le moteur de l’eau a sauté. Mais je garantis les sentiments de Maurice, qui vous est très attaché.
Colette »


In the twilight of her career in the music hall, Colette embarked on journalism, multiplying chronicles and reports. This aspect of his activity played an essential role in the maturation of his writing. However, she says she is tired in this letter of four years as columnist and would like to renew her contribution to the Journal.

Pierre Guimier (1887-1856) succeeded François-Ignace Mouthon in 1930 at the head of the daily newspaper Le Journal and surrounded himself with a team including Gérard Dubot, Raoul Barthes and Jacques de Marcillac, editor-in-chief, while Lucien Descaves still occupied the literary section, the Journal’s strong point.

GRACQ, Julien (1910-2007)

Autograph letter signed « J. Gracq » [to Ariel Denis]
S.l, 5th August [1969], 2 p. in-8°
Year added with pencil from another hand

Long and important letter, in gratitude for a memoir dedicated to him, in which the writer looks back on his literary influences and the evolution of his work


« Cher Monsieur
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre mémoire, et je suis heureux-sans être du tout surpris- qu’il vous ait permis de passer votre examen dans les meilleures conditions possibles.
Je ne crois pas que je ferais miennes les critiques de M. [Jean-Louis] Leutrat, qui tiennent sans soute surtout à sa modestie, car le petit livre qu’il a écrit sur moi est très dense et nourri [Julien Gracq, Éditions universitaires, 1966]. Quant au thème de l’attente, qui avait été le sujet du mémoire de M. Leutrat, il ne pouvait pas concerner directement un travail portant sur les paysages. Je n’ai rien trouvé… qui me semblât réellement inexact : j’ai tout au plus été surpris (peut-être à tort) par le rapprochement entre Le Rivage des Syrtes et les livres de science-fiction. Peut-être aussi l’exposé est-il parfois exagérément coupé par des citations ; mais ici je sais bien qu’il y a des exigences proprement universitaires.
Il est certain que Pouchkine et Tolstoï ont dû avoir plus d’influence sur mes livres que [Dino] Buzzati, [allusion au Désert des Tartares de Buzzati, paru en 1940] dont je n’ai lu le livre qu’assez peu de temps avant la parution du Rivage des Syrtes, alors que le livre était pratiquement terminé.
Si je considérais votre travail, ou si je m’efforçais de le considérer, car c’est bien difficile, d’un point de vue objectif, c’est plutôt une émotion peut-être qui me frapperait (car j’ai beaucoup plus conscience que vous, forcément, du temps qui s’est écoulé d’un livre à l’autre, temps qui pour moi n’est pas cadre chronologique un peu abstrait mais maturation ou vieillissement).
Il me semble que du Château d’Argol au Balcon en forêtil a dû y avoir quelque évolution visible – même dans la façon de voir ou de présenter paysages. Mais sans doute cet angle qui était possible, aurait-il donné à votre travail une dimension exagérée, ou nui à sa précision.

L’essentiel est pour moi le sentiment que vous avez lu et que vous êtes entré dans ces livres d’une manière très juste et très sensible, et que vous avez su le montrer d’autant mieux que vous disposiez d’un jeu de références déjà très ample (parmi lesquelles je ne suis pas du tout choqué que figure aussi le cinéma).
Je vous remercie donc très sérieusement et très cordialement de m’avoir consacré ce très sérieux travail, et d’avoir eu la gentillesse de me le communiquer. Peut-être n’en avez-vous que peu d’exemplaires : veuillez me dire dans ce cas si je dois vous le renvoyer – sinon je le conserverai et le reverrai.
Agréez, cher Monsieur, avec mes remerciements, l’expression de ma sympathie bien vive.
J. Gracq »


With Le Rivage des Syrtes, published in September 1951, Gracq returned to novel-writing. The history of the declining principality of Orsenna, the atmosphere of the end of civilization that permeates it (and which transposes in mythical mode the eras of the rise of Nazism and the phoney war), the hieratic style of the author seduce the critics, who praise this novel against the current of a literary production dominated by ethics and existentialist aesthetics. The novel is also often compared to Dino Buzzati’s Desert of the Tartars, whose French translation had been published some time earlier, but Julien Gracq refuted the fact that it could have been influenced by the Italian writer’s novel, and evoked Pushkin’s The Captain’s Daughter as a source of inspiration.
Published in the middle of the literary season, Le Rivage des Syrtes is one of the novels selected for the Prix Goncourt. In accordance with what he had announced, Gracq refused the prize. He was the first writer to do so, which caused a major controversy in the medias.

[BAUDELAIRE] VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph letter signed twice « Paul Verlaine » to Léon Deschamps
Paris, 23rd August 1892, 3 p. in-12° on bi-folio
Perfect condition

“Double letter” in which the poet subscribes to a monument in tribute to Baudelaire


« Mon cher Deschamps, merci des cinq balles remises avant-hier.
Voici mon adhésion, ci-contre.
Envoyez donc moi une table des matières, et réservez-moi, if possible, 1 eau forte…
Annoncez que je travaille à un recueil d’Élégies, compléments de Chansons pour elle et d’Odes en son honneur, à paraître chez Léon Vanier etc, etc.
Venez donc me voir. Pour quelque temps encore ici, éruption de sang, furoncle, indépendant du rhumatisme antique et du diabète décidément patent.
Tous les jours de 1 à 3, Broussais salle Lasègue, 30 / 96 rue Didot.
Et tout à vous
P. Verlaine
Envoyez-moi deux ou 3 des prochaines plumes où il y aura « O mademoiselle etc. »

« Paris 23 avril 92
Parbleu ! mon cher Deschamps.
Baudelaire fut mon plus cher fanatisme et est, c’est-à-dire restera l’une de mes meilleures admirations.
A vous de cœur
Paul Verlaine »


On August 1, 1892, Léon Deschamps (1863-1899), editor-in-chief of La Plume, launched a subscription for a monument to Baudelaire. Rodin agreed to execute the work, as a medallion or bust.
Verlaine agreed to participate in the subscription, despite his eternal financial worries. He adds in the letter to be working on his new poem collection Élégies (1893), a supplement to Chansons pour Elle (1891) and Odes en son honneur (1893), all collections inspired by his stormy and passionate relationships with his mistresses Philomène Boudin and Eugénie Krantz.

However, as early as September, Ferdinand Brunetière (1849-1906), defender of rationalist classicism of the seventeenth century and ardent opponent of the literary schools of his time, castigated the project in the Revue des deux mondes. The controversy lasted several months, finally causing the project to fail.

« Baudelaire was my dearest fanaticism »
We know Verlaine’s unwavering admiration for Baudelaire. Although he never met his idol, the very young poet, 23 years old at the time, was- part of the famous funeral procession of September 2, 1867.
He wrote two articles about the event: one published the day after the funeral; the other, in the form of an “op-ed,” for La Plume for 19 Oct. 1890.

[CHAR] ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph letter signed « Aragon » (draft), to René Char
[Paris, 10th August 1946], 1 p. 1/2 in-4°
Slight missing bit on top right corner without affecting the text, fold marks – see scans

Autograph draft signed of an acerbic letter to René Char, listing his grievances in six points


« Mon cher Char –
1°/ nous n’avons jamais reçu de lettre de toi
2°/ je ne sais si tu as mêlé à cette affaire à l’histoire de l’année dernière pour calmer l’irritation d’Elsa et si cela s’est montré efficace ; mais, auprès de moi qui n’ai pas acquis, dans la résistance ou ailleurs, ton sens de la sérénité, ton sens commode de la sérénité, tu ne pouvais sereinement qu’ajouter cette singulière excuse au fait de nous laisser tomber avec désinvolture (c’est-à-dire, sans donner trouver le temps d’un coup de téléphone), ait pu me mettre, oh, sans dramatiser comme tu dis, d’une excellente humeur ?
3°/ Sur ce point : je n’ai pas pu répondre l’an dernier à ta lettre, parce qu’elle contenait une demande absurde, sur laquelle je ne savais même pas comment m’expliquer avec qui la formulait. Elle s’adressait non à moi, mais à un communiste, prié comme tel de faire une chose qui est contraire aux règles élémentaires, de se mêler de ce qui ne le regarde pas ; et j’avoue qu’une certaine affection pour toi, pas tout à fait effacée, m’a retenu de t’écrire ce que je pouvais seulement t’écrire, l’abîme d’erreur et d’indigence sur le rapport possible l’abîme d’ignorance devant moi, les interprétations possibles de toute lettre, préjudiciables non à moi ; j’ai préféré ne pas t’écrire. Il est bien inutile d’invoquer ici et tant pis si cela me coûte aujourd’hui Ceci dit, j’apprécie de loin que tu prennes de l’intérêt du Parti l’intérêt du Parti [Communiste]
Tu n’es pas juge de ma façon de le servir. Et ceci dit, ne dramatisons rien : de ma présence ou de mon absence il ne dépendait pas qu’il y ait ou non mort d’homme. Le faire résonner, en parallèle avec notre malheureuse petite affaire, est assez déloyal.
4°/ Bien entendu, tu n’étais pas obligé par quelques mots dits à dîner, qui nous avaient simplement (des gens très fatigués, pas jeunes, et n’ayant pas spécialement à payer à cette occasion te ou tel pêché) amenés à bouleverser nos projets de repos, l’emploi du pauvre temps comme volé qui s’appelle nos vacances – tu n’étais pas obligé à disposer de ton temps à toi en fonction de nous. Mais enfin, cela valait un coup de téléphone. Rien d’autre. Sans dramatiser. Et tout ce que je savais de toi, d’il y a quinze ans comme de plus récentes lectures me mettait à mille lieux de te croire capable de muflerie.
5°/ Tu m’épargneras de mêler à tout cela Mme Char, qui ne peut de tout ceci juger que par toi.
6/° Je n’admets pas qu’on me fasse la leçon, j’admets encore moins qu’on prétende la faire à Esla. Et le ton olympien de ta lettre me prouve que s’il en est qui se perdent, ce n’est qu’à l’image des coups de pied au cul.

Aragon 

6 r. Victorien Sardou XVIe »


It seems that the genesis of this imbroglio took shape, the previous year, between Elsa Triolet and René Char. Elsa is furious at not having been warned of the absence of Char when he had to show her and tell her some things about his region that could be used in his future novel about the resistance.
In a letter dated 9 August 1946 to Aragon, Char explains the causes of his hasty departure from L’Isle sur Sorgue : “I wrote to you and had a letter deposited at your home […] I will therefore repeat you and transcribe the addresses of qualified comrades in the Vaucluse to provide Elsa with facts of Resistance worthy of her book in preparation.”

Char finally replied to our letter the next day, August 11: “My dear offended, I acknowledge receipt of your little crisis. As for the final bugle blow you will simply allow me to find inappropriate and obscene the braggart of my ass and your foot […]. I consider you stupidly dangerous because not yet adult but madly persecuted”

CHAR, René (1907-1988)

Period film print, inscribed by Char
[L’Isle-sur-Sorgue], 1960, 1 p. in-8°

Elegant portrait of the poet with an affectionate dedication to his friend Marianne Oswald


René Char appears with a serene gaze, staring straight at the lens and surrounded by an elegant scarf
He adds:

« A Marianne, son ami proche
R.C. 1960 »


Marianne OSWALD (1901-1985), singer and actress, friend of poets, was a remarkable storyteller; she collaborated on his radio and television programs devoted to poetry.

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Jules Sandeau
[Paris, December 1863-early January 1864], 1 p. in-8° on bi-folio
Previous mounting mark on 4th page

Flaubert prepares to visit his “little mother” after helping his friend Bouilhet with his drama Faustine


« J’irai vous dire adieu, – demain matin. Je parts [sic] demain soir ou lundi matin. – Ma petite maman me réclame.
Bouilhet a promis les corrections de sa Faustine pr. [pour] la fin de la semaine prochaine. Nous sommes l’un & l’autre exténués. Voilà quatre nuits que je ne ferme l’œil.
Adieu. à demain. de 11 heures à 1h ? est-ce votre heure ? ou bien de vers de 3 à 6 . – ce quo m’arrangerait mieux. à vous toujours.
Gve Flaubert »


Flaubert, eternal bachelor who never wanted to marry, lived all his life with his mother in their house in Croisset, until the death of the latter in 1872. It is known, moreover, that he had a very tender affection for her.

Faustine is a drama in five acts by Louis Hyacinthe Bouilhet (1822–1869), published in 1864 by Michel Lévy Frères in Paris. A conscientious writer, but lacking originality, his name would be forgotten if Flaubert’s correspondence did not constantly remind him. He whispered to Flauvert the idea of “Madame Bovary”.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph poem, in honor of Gabriel Péri
N.p.n.d [after 1945], 1 p. in-folio (30,9 x 20,9 cm)
Period fold marks

Moving poem of Resistance, from the collection Au rendez-vous allemand, in honor of Gabriel Péri


« Un homme est mort qui n’avait pour défense 
 Que ses bras ouverts à la vie
 Un homme est mort qui n’avait d’autre route
 Que celle où l’on hait les fusils
 Un homme est mort qui continue la lutte
 Contre la mort contre l’oubli

Car tout ce qu’il voulait
 Nous le voulions aussi
 Nous le voulons aujourd’hui
 Que le bonheur soit la lumière
 Au fond des yeux au fond du cœur
 Et la justice sur la terre

Il y a des mots qui font vivre
 Et ce sont des mots innocents
 Le mot chaleur le mot confiance
 Amour justice et le mot liberté
 Le mot enfant et le mot gentillesse
 Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
 Le mot courage et le mot découvrir
 Et le mot frère et le mot camarade
 Et certains noms de pays de villages
 Et certains noms de femmes et d’amies
 Ajoutons-y Péri
 Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
 Tutoyons-le sa poitrine est trouée
 Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
 Tutoyons-nous son espoir est vivant »


Initially circulating clandestinely during the war, this poem was published in one of Éluard’s most famous collections: Au rendez-vous allemand, in 1944, high symbol of the French Resistance. It will later be reprinted in L’Humanité, Parrot, Paul Éluard, 1953, p. 147, le Sang des poètes and recueil 84, Gabriel Péri.

Great figure of the Resistance, Gabriel Péri (1902-1941) joined L’Humanité journal in 1934. Member of the Central Committee of the Communist Party (1929), deputy of Seine-et-Oise in 1932, he became, in 1936, vice-president of the Foreign Affairs Committee of the Chamber. Animator of the Cahiers clandestins du parti communiste during the occupation, he was arrested in May 1941 and shot by the Germans at Mont Valérien on December 15, 1941.

This poem appears as the celebration of a martyr, it simultaneously exalts the values of life and underlines the fraternity to which they invite. Like the entire collection, Éluard perpetuates the memory and calls for resistance.

SADE, Donatien-Alphonse-François, Marquis de (1740-1814)

Autograph letter to his wife, Renée-Pélagie de Montreuil
[N.p], 1st avril, [Vincennes Prison], 1 p. 1/2 in-12°
Small stains on lower margin

The Marquis asks his wife to bring him books, victuals and ointment for his hemorrhoids


« Commission pour le 14 avril sans faute parce qu’il m’est impossible de les attendre un jour plus tard.
Tout de suite et sans attendre le 14. Les voyages de Bougainville… et pour moi. Douze volumes au moins de la liste de livres de Mérigot dernièrement envoyé. J’avais un paquet de six volumes tout prêt à lui renvoyer. Il n’en recevra pas un (tant) que je n’aie ces douze volumes là. Je vous en donne une parole d’honneur. Pour le 14. De la grande bougie. J’en manquerai le 12. Les douze grandes serviettes et 6 torchons sans faute, ainsi que la veste du linge … surtout le linge si je pars.
Du sirop de guimauve.
Six belles plumes d’un sol moitié en fin moitié en gros.
Un ruban de tête.
Un joli petit peigne à friser. Un bâton à la moelle et pour quinzaine un excellent quartier de chevreuil ou une hare de sanglier ou rien si vous voulez. Ce 1er avril. Je vous salue.
L’onguent que vous avez envoyé est pour les hémorroïdes … envoyez bien à la térébenthine je vous conjure car je souffre comme un damné et quand je suis ainsi je ne peux pas absolument me relever sans crier. Surtout les soirs. »


Sade, during his imprisonment, read continuously. He consulted the catalogue of the bookseller Mérigot le jeune, at the corner of Quai des Augustins (now Quai des Grands-Augustins) and Rue Pavée (now Rue Séguier). After choosing history books, scientific works, philosophers’ texts, travel accounts, he commissioned them from his wife.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph postcard signed and countersigned by Nusch, to Mrs Grindel (Jeanne-Marie Cousin, Paul Éluard’s mother)
[Nice, 19th November 1934], 1 p. in-8°
On recto: humorous composition in color on the principle of collage, including a drawing of “Wounded Love” visiting the doctor, on a carnival float, pasted in the middle of a photographic view of Nice
Fold marl on lower right angle

Scarce reunion of signatures of the mythical couple in a tender postcard addressed to the mother of the poet


« Ma chère mère,
J’ai reçu ton mandat (le 17). Je t’en remercie beaucoup. Nous restons ici, par conséquent.
Je vais un peu mieux. Toujours mal à l’œil. Je l’écrirai bientôt une longue lettre.
Nos baisers les meilleurs
Nusch Paul »


Maria Benz, alias Nusch, had met Paul Éluard four years earlier near the Galeries Lafayette in Paris. They married on August 21, 1934, a few weeks before the card was sent.
Nusch Éluard will then be a permanent figure in her husband’s poetry, until his premature death in 1946.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed « Victor Hugo » [to Edgar Quinet ?]
H.H. [Hauteville-House, Guernsey], 7th July [1858 ?], 1 p. in-8° on blue bi-folio
Period fold marks, slight transparent stain on fourth folio, tiny ink corrosion on two words

Hugo vehemently proclaims his opposition to Protestantism, a symbol of narrowness and intolerance in England


« J’ai été absent, Monsieur. 
De là le retard de ma réponse. 
Je prends l’intérêt le plus vif aux grandes questions indiquées par vous si vaillamment abordées dans votre intéressant journal. Nous sommes en désaccord partout, non sur la base, la liberté, mais sur le moyen, le protestantisme. Je le vois en Angleterre, hélas, étroit et intolérant, et profondément ennemi du progrès. Tenons-nous-en à la philosophie. 
Une lettre est nécessairement écourtée et incomplète. Vous êtes un esprit élevé. Je serai heureux s’il m’est jamais donné de causer avec vous de ces hautes questions. Croyez à ma cordialité. 
Victor Hugo »

Translation:
“I have been absent, sir. 
Hence the delay in my answer. 
I take the keenest interest in the great questions indicated by you so valiantly addressed in your interesting journal. We disagree everywhere, not on the basis, freedom, but on the means, Protestantism. I see it in England, alas, narrow and intolerant, and profoundly hostile to progress. Let us stick to philosophy. 
A letter is necessarily shortened and incomplete. You are a high spirit. I will be happy if I ever have the opportunity to discuss these lofty questions with you. Believe in my cordiality. 
Victor Hugo”

This letter could be addressed to Edgar Quinet. In 1858 he published an autobiographical work, Histoire de mes idées, in which he associated the idea of Protestantism with the idea of progress. Victor Hugo since 1851 denounced on the contrary the conservative role of the Protestant religion, taking the example of England. The two men, convinced republicans, lived in exile far from the imperial France.
BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph letter signed « H. Bergson » to a friend
Paris, 2nd March 1920, 3 p. 1/2 in-8°

Long and remarkable letter of Bergson about philosophy, religion and art

We transcribe here only part of it

 


« Mon cher ami,
Voilà bientôt deux mois que je me propose de répondre à votre aimable lettre. Mais j’ai été, et je suis encore, extrêmement fatigué. Je voulais vous dire que j’ai déjà échangé des lettres avec Monseigneur Söderblom au sujet de la fondation Olaus Petri. Il me serait impossible de trouver en ce moment le temps de faire des conférences et surtout de les préparer. Depuis bien des années je pense au problème religieux ; mais je ne veux rien dire ni écrire là-dessus tant que mes vues ne seront pas tout à fait au point(1).
J’estime qu’en matière philosophique l’imprécis ne compte pas, et qu’il faut être trois fois sûr de ce qu’on apporte au public si l’on veut obtenir de lui un commencement d’adhésion.
Je vous sais toujours avec le plus grand intérêt. Récemment encore je lisais un article de vous sur Herbert Spencer(2) […]. Combien j’aime cette critique par le dedans, qui participe de la philosophie et de l’art(3), et qui commence par se placer au centre (sans toujours le dire au lecteur) pour rayonner de là vers divers points de la périphérie !Elle n’aboutit pas – heureusement pour elle – à ces effets un peu gros par lesquels on obtient tout de suite la faveur du grand public. Mais elle finira par s’imposer.
Quoique je tienne l’avenir pour imprévisible, je ne crains pas me tromper en faisant cette prédiction-là.
[…] Je suis heureux de l’apprendre et très impatient de vous lire. Que ne publiez-vous cette étude dès à présent ! Elle viendrait à point pour redresser bien des erreurs, – dont quelques-unes, hélas !, ne sont pas involontaires. Et surtout elle apporterait de la doctrine à une interprétation qui ne peut manquer d’être personnelle et suggestive.
Bien sympathiquement à vous
H. Bergson »


1 – Bergson devoted himself to the question of religion a few years later, in 1932, in one of his most famous works: Aux deux sources de la morale et de la religion.

2 – Bergson wrote that Spencer’s philosophy “was to take the imprint of things and model himself on the detail of facts. No doubt she was still looking for her point of support in vague generalities.”

3 – In La pensée et le mouvant (1938), the philosopher asks the question: “What is the aim of art, if not to show us, in nature and in the spirit, outside of us and within us, things that did not explicitly strike our senses and our consciousness?”

The philosopher will develop on the theme of religion twelve years later in The Two Sources of Morality and Religion, his last work.

TRENET, Charles (1913-2001)

Autograph letter signed « Charles Trenet » to Louis Cousseau
[La Varenne Saint-Hilaire], 11th October 1961, 2 p. in-4°
Period fold marks

Nice and long letter from the “Fou chantant” about several of his songs


« Cher Louis Cousseau,
Merci à vous et au Canard [enchaîné] qui parlez si gentiment de mon Kangourou.
Merci pour le folklore !
En réalité j’ai apporté en Avril dernier douze chansons nouvelles et le récital actuel n’est qu’une reprise [il s’agit de Récital 1961 – Théâtre de l’Étoile, paru chez Columbia]
Merci de rester sur votre faim, ça prouve que vous avez un rude appétit. J’ai écrit une chanson “Les Soldats” que par pudeur je ne chante pas.
Écoutez là en disque. Je pense qu’elle vous plaira.
L’inquiétude dans la vie ? Je crois qu’il vaut mieux essayer de la dissiper et justement vos copains d’Algérie, sous les drapeaux, m’écrivent souvent pour me remercier du petit réconfort que leur donnent mes refrains.
Vous citez des noms d’auteurs que j’aime beaucoup. Je les ai cités avant dans “Moi j’aime le Music Hall”.
Chacun de nous à sa manière et [sic] tache d’exprimer sa nature.
Pour ma part je pense que la vie ne soit pas être subie mais dirigée sereinement.
Ce n’est pas en hurlant sa grisaille qu’on la fera changer de couleur.
Vous avez vingt cinq ans ? Bravo ! Moi aussi (depuis 23 ans) et je vous souhaite de tout cœur de les garder “longtemps, longtemps… après que etc etc…” [allusion à sa chanson L’Âme des poètes]
Amicalement à vous et à tous ceux du Canard
Charles Trenet
Bien entendu cette lettre n’est pas écrite pour être publiée. Ça m’a fait plaisir de vous dire tout ça. »


We recognize here the energy of the “singer-poet” who seems to answer some questions asked by his correspondent, without forgetting to indulge in a few notes of humor.

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Paule Sandeau
[Croisset], Saturday [16th November 1867], 3 p. in-8° on blue laid paper
Fold marks, some paper frictions and tiny spots

Admirable letter from Flaubert, then in the middle of writing Sentimental Education


« Si je vous écrivais chaque fois que je pense à vous, je me ruinerais en timbres-poste. Comment d’ailleurs ne songerais-je pas à votre jolie mine, puisque je l’ai là, devant moi, clouée sur mon armoire aux pipes ! Je voudrais bien la voir en nature. C’est tout ce que j’ai à vous dire.
Que faites-vous ? Que lisez-vous ? etc. Et votre cher fils ?
Vous devez maintenant être revenue à l’Institut ?
Comment va madame Plessy ? On m’a conté qu’elle était ou avait été très malade.
Quant à votre ami, il espère, à la fin de janvier, avoir terminé la seconde partie de son roman
[L’Éducation sentimentale]. Comme il m’embête ! Comme il m’embête ! Après celui-là, bonsoir ! Je dirai adieu aux bourgeois pour le reste de mes jours(1).
J’oubliais de vous remercier de votre dernière lettre qui était ravissante. Le mot est bien usé, n’importe ! Ici, je le maintiens bon. Pourquoi est-on si attaché à vous ?
Une de vos prédilections m’est revenue à la pensée, dernièrement, en lisant, dans le dernier volume de Michelet
(2), son jugement sur Rousseau(3). Ce jugement-là(4) (qui est le mien et que, par conséquent, j’admire) a dû vous choquer. Car vous aimez ce vieux drôle, autrement vous ne seriez pas femme. À toutes les objections que l’on fait contre lui, on vous répond qu’il n’avait « tant de cœur » ! Moi aussi, j’en ai, mais je n’ai pas précisément toutes ses habitudes, ni sa descente(5) – ni son style, hélas !
Nous ne nous sommes pas vus depuis que votre ami Feuillet a publié Camors
(6). Je trouve cela très remarquable. Jamais il n’a si bien fait.
Et votre époux ? « a-t-il quelque chose sur le chantier » ?
Je voudrais bien produire une œuvre qui vous enchantât, car vous êtes une des personnes dont j’estime le plus le goût – malgré votre voisinage à l’Académie
(7)
Envoyez-moi quelques fois votre écriture.
Je vous baise les deux mains aussi longtemps que vous le permettrez.
Gve Flaubert »


1- Flaubert always railed against the bourgeois milieu in particular and from which he knew he came. He would have liked to see them behave differently, especially in the artistic field, which was so dear to him. We know one of his famous quotes on this subject: “I call bourgeois anyone who thinks low“.

2- Histoire de France au XVIIIe siècle had just been published.

3- Michelet draws in his work an unflattering portrait of Rousseau: “He [Jean-Jacques Rousseau] wants us to have in each State a moral code […]. Everyone must declare, confess and articulate their faith (and on death sentence, in the Social Contract). Rousseau’s discordance with the Encyclopédie and the very spirit of the century there was clear-cut. There begins a new course of ideas that will go straight to the Feast of the Supreme Being. – Then, reaction exploits it, from Robespierre to De Maistre”
Flaubert approved Michelet’s criticism of Rousseau and added it in a letter to him, four days earlier: “As for your judgment of Rousseau, I can say that it charms me, for you have specified exactly what I thought of it. Although I am in the herd of his grandsons, I dislike this man. I think he had a disastrous influence. It is the generator of envious and tyrannical democracy. The mists of his melancholy have obscured in French brains the idea of law.”

4- In his youth, Flaubert read the Confessions, with admiration. But his judgment changed when he approached the political writings of Rousseau, which he had read and annotated for L’Education sentimentale, circa 1864.

5- Rousseau probably suffered from an inguinal hernia of the bladder, which required him to wear a catheter.

6- Monsieur de Camors, by Octave Feuillet, published in 1867.

7- The Académie française is in the eyes of Flaubert a cenacle of bourgeois. We remember his amazement and irony towards the candidacy of his friend Baudelaire six years earlier.


L’Éducation sentimentale is the fruit of three youthful essays by Flaubert. Thus from January 1843 to January 1845 he produced a first Sentimental Education which succeeded the writing of November, completed on October 25, 1842, and a very first draft of youth entitled Mémoires d’un fou in 1838.
The definitive novel is the fruit of almost five long years of tireless work, written from September 1864 and completed on the morning of May 16, 1869.

“After that one, good evening! I will say goodbye to the bourgeois for the rest of my days.”
The bourgeoisie in the broad sense, evoked here by Flaubert, is embodied in his novel by the character of Jacques Arnoux. This one embodies libertinism and vice. Arnoux is also, in a way, proof of a certain weakening of the small bourgeoisie. He is unfaithful to his wife despite all the kindness she has for him. He is a scam specialist, sign of unscrupulous success.

VOLTAIRE, François-Marie Arouet, dit (1694-1778)

Autograph letter signed « de Voltaire » to George-Conrad Walther
Château de Lunéville, 6th April 1748, 3 p. in-8°
Fold marks from period, some stains (see scans)

Voltaire prepares the first publication of his Œuvres with editor George-Conrad Walther


« J’ay reçu l’honneur de votre lettre qui a croisé la dernière que je vous adressay de Lunéville. Il ne me reste que vous faire des excuses de l’empressement que j’ay eu à vous représenter des engagements que vous êtes disposé à remplir avec tant d’exactitude. Pardonnez à un homme amy de la paix cette chaleur qu’il met à la conserver, et cette crainte qu’il a de voir son ouvrage détruit. Je compte absolument monsieur sur votre parole, et quand même vous ne pouriez à Pâques donner que la moitié de la somme stipulée, vous trouverez auprès des contractans touttes les facilitez que méritent votre probité et votre envie sincère de vous acquiter. Je ne doute pas qu’en ce cas l’autre moitié ne suivît bientôt et je me flatte même que vous pourrez donner le tout à Pâques, afin de vous débarasser entièrement de cette malheureuse affaire qi troubloit si cruellement deux maisons respectables. Je ne cesseray de me croire très heureux d’avoir contribué à cet accomodement malgré les difficultez qui m’ont toujours traversé, et je me flatte que j’ay acquis par là quelque droit à votre estime et à votre affection. Si je peux obtenir de vous ces sentiments, ils ajouteront à la joye que me donne votre conciliation. Vous pouvez monsieur d’adresser, tous les papiers, billets de change, ou les pouvoirs que vous jugerez à propos. Je n’abuseray pas de votre confiance, je mettray tout en règle, je vous enverray les quittances et décharges valables. Tout sera fait dans le meilleur ordre.
Ayez seulement la bonté d’adresser vos paquets sous l’enveloppe de Mr de la Reinière fermier général des Postes de France à Paris. Pour plus de sûreté et de diligence, j’adresse cette lettre par la même raison à l’intendant de votre armée en Flandres.
J’ay l’honneur d’être avec le zèle le plus inviolable
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
de Voltaire »


Walther came to Dresden from Nuremberg in 1736 and joined the purveyor of books for the royal library, before becoming the court printer to Augustus III. He was, at his own request, recommended to Voltaire by Count Algarotti who wrote of him, “nella sua professione va dietro all’onore” [In his profession he goes after honor], and Voltaire quickly agreed to Walther’s proposal for the printing of a new edition of his works – there were in fact two editions, in 1748 and 1752.

The same year, Voltaire published Zadig, his first philosophical tale dealing with human destiny, happiness and destiny. He is little appreciated by the royal couple. Disappointed, disillusioned, he retired for a year, with Emilie du Châtelet, to the court of King Stanislas of Poland, in Lunéville, from where this letter was sent.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Louis Suchet d’Albufera
[Paris, 26th May 1908], 4 p. in-8° in mourning paper
Date of receipt of the composter on May 27, 1908 with the word “r[épond]u” [answered] by the recipient’s hand

Touching letter to the one who inspired Proust for the model of Robert de Saint-Loup in La Recherche
The writer tries here to obtain, among other things, notes on the evenings and socialite dinners attended by his correspondent


« Mon cher Louis, quand j’ai reçu ta gentille communication, j’allais justement t’écrire pour te dire que je n’étais pas dupe de ta charmante phrase “que tu ne me rendais aucun service en faisant cela” [Marcel Proust avait demandé à Louis Suchet d’Albufera des notes sur les soirées et repas mondains auxquels il assistait, pour pouvoir les transmettre au directeur du Figaro, Gaston Calmette]. C’est l’élégance des cœurs généreux et délicats quand ils rendent de grands services comme toi, de dire que ce n’est aucun service. Mais les cœurs reconnaissants (et le mien a ce mérite, je crois, s’il n’en a pas d’autre) ne voient là-dedans qu’une délicatesse de plus qui redouble leur reconnaissance. Sois donc remercié deux fois, pour ta gentillesse, et pour ta simplicité.
Pour les choses Murat, si je les ai le soir même, ou même le lendemain si ce lendemain Le Gaulois et le New York n’ont encore rien mis
[le New York Herald publiait une édition à Paris], cela m’est tout de même utile. Je ne suis pas censé savoir que les Murat le communiquent de leur côté. J’ai supprimé ton nom de la liste des convives. J’y ai vu celui du M[arqu]is d’Avaray qui doit être le “fils du duc” comme dit Robert de Rothschild. Mais je suppose que tu ne le connais pas ou trop peu pour me le faire rencontrer. Et puis je t’ai gardé une dent en ce qui concerne les “faire rencontrer” quand il s’agissait de personnes qui me tenaient à cœur comme Melle de K., Melle de S. etc. Ce n’est pas pour une chose aussi indifférente qu’un gigolo* indifférent que je te le demanderai [le « gigolo » auquel Proust s’intéresse ici est le vicomte d’Avaray, Bernard de Bésiade, neveu du duc d’Avaray, Hubert de Bésiade, et non le fils de celui-ci, le marquis d’Avaray, Antoine de Bésiade].
J’aimerais beaucoup savoir comment vont les choses dont nous avons parlé l’autre soir. J’ai l’intention d’écrire de ce côté [à Louisa de Mornand]. Est-ce mieux ? Est-ce moins bien ? Merci encore mon cher Louis et crois à ma profonde reconnaissance que je suis bien impatient de pouvoir te témoigner. Et crois que ce n’est pas une phrase.
Tout à toi.
Marcel Proust
As-tu pensé à dire
[à] dire à madame d’Albufera que loin de t’avoir “lâché”, je n’avais jamais été aussi complètement ton dévoué ami.
P.S. Me voilà pris d’une crise de rhumatismes : charmante diversion à mes malaises habituels !
»


Louis Suchet d’Albufera was the confidant of Proust’s creative years (the writer began writing La Recherche in 1907). Descendant of the Marshal of the Empire through his father and Lucien Bonaparte through his mother, a Cambacérès, marquis then duke (1925) of Albufera, Louis married Anna Masséna in October 1904. Marcel Proust seems to have met him in 1903, through Bertrand de Fénelon or Antoine Bibesco: they then formed a friendship which, despite the complex character of the writer, lasted more than fifteen years. If Marcel Proust sometimes made him feel his own intellectual superiority uncharitably, he recognized qualities of heart, and showed great kindness to him. Louis d’Albufera was thus for a long time his closest friend after Reynaldo Hahn: they shared their most intimate joys and sorrows, and Marcel Proust was admitted into the secrecy of the marquis’ relationship with a young woman of the demimonde, Louisa de Mornand (Rachel’s model in La Recherche), to whom Proust also alludes in this letter.

CASSATT, Mary (1844-1926)

Autograph letter signed « Mary Cassatt » to Achille Segard
Villa Angeletto – Grasse, 14th April [1913], 6 p. in-8° on mourning paper

Moving and precious letter from the American artist looking back on her entire career, her successes and regrets, in the light of the book dedicated to her – her first biography – that the art critic, Achille Segard, is about to publish


« Cher Monsieur, Je vous avais bien dit que je ne savais pas écrire. Certes oui je crois votre livre* très beau mais mettez-vous à ma place, je n’ai jamais été gâtée, et comment croire à tout ce que vous dites de bien de ma peinture ? Si j’avais gardé un peu de ce que j’ai fait, cela m’aurait permis de me voir en mieux. La seule fois que je me suis vue avec les autres, c’était chez Mme Havemeyer** et je ne faisais pas trop mauvaise figure. Je vous ai dit une fois que vous écriviez sur la peinture comme un peintre et c’est vrai. J’ai répété à Renoir ce que vous disiez sur son originalité et sur sa joie de peindre, cela lui a fait très grand plaisir, et j’étais bien contente de lui faire plaisire [sic], mais j’ai passée [sic] bien vite sur le fait que vos lignes sur lui se trouvai[en]t dans un livre sur moi, car je crois qu’il ne me trouve pas du tout à la hauteur.
Excepté Degas et Pissarro, tous ont eu cette opinion sur moi. Maintenant, Renoir trouve que Pissarro était en-dessous de tout ! Je suis ahurie quand je les trouve [sic] si peu de jugement – Comment faire. Je ne puis plus aller à Paris en ce moment cela serait perdre tout ce que j’ai gagné ici, malgré qu’il fait froid ici des tempêtes de neiges hier, mais bien moins froid qu’à Paris – Encore une fois, croyez que je trouve votre livre très beau, mais avoué [sic] qu’il y a de la vanité de ma part d’accepter cela. Et puis je voulais être un si grand peintre, Titien ou Rembrandt, rien que cela.
En même temps que votre lettre, j’ai reçue [sic] une lettre de monsieur Stillman*** qui me dit qu’en dix ans d’ici mes tableaux se vendront plus cher que les Degas !!! Et puis de New York et aussi de ma famille viennent des lettres demandant des explications sur les cubistes et autres farceurs, on ne parle que de cela là-bas. Je fais la tête – Je suis si peu connue que je comprends que vous avez trouvé difficilement un éditeur. L’autre jour, je reçois une lettre d’une journaliste, elle trouve que ma peinture mérite un article pour elle, et me convie à prendre le thé au Ritz, pour parler de cela, persuadée qu’elle est la première à me connaître, elle est américaine, bien entendu.
Néanmoins, je crois que votre livre se vendra. Peut-être que je me trompe, mais d’abord c’est si bien écrit, clairement, et on a tout de même une certaine curiosité sur mon compte. Nous vivons dans une période d’anarchie, en art ; aussi, il me semble en littérature, et on achète les tableaux tellement sans jugement, et on spécule tellement sur les tableaux, et on ne voit pas la différence entre la réclame et la vraie renommée – Depuis la vente Rouart**** n’importe quoi de Degas se vend à de grands prix, des choses indignes de lui, et heureusement Renoir fait fortune, lui qui ne pouvait vendre ses belles toiles, il travaille même dans son lit.
Si je pouvais vous causer, vous verrez que je sais parfaitement que vous avez fait un beau livre, de mesure, et sobrement, et que je suis très heureuse de la place que vous me donnez, peut-être tout de même dois-je survivre – Aussitôt que je peux je rentrerais mais je ne puis fixer une date il faut que le beau temps revienne à Beaufresnes*****. Croyez cher Monsieur à mes sentiments très amicals [sic] et reconnaissants. Mary Cassatt. »


Summoning the memory of her friends Renoir, Degas and Pissarro, Mary Cassatt returns over these lines with an open heart on her painting, her creative work, on the impressionists and this emerging art that she does not understand: Cubism
Spotted by Degas at the Salon of 1874, Cassatt – a rare female figure of Impressionism – was considered during her lifetime as the greatest American artist. The letter presented here, with testamentary accents, testifies to the creative twilight of the artist. Indeed, at the dawn of the year 1914, struck by cataracts, Cassatt had to give up painting definitively.

Reading the book that Segard dedicated to her, Cassatt was honored and humble: “How can I believe in all that you say well about my painting?” and evokes with disdain the emergence of the cubist current led by Picasso: “… Letters come asking for explanations about cubists and other pranksters. ” and his misunderstanding of the cultural artistic world: “We live in a period of anarchy, in art; Also, it seems to me in literature. »
Like an overview of a life, the final inventory of an existence devoted to beauty, the American artist testifies with emotion to his place in the history of art: “And then I wanted to be such a great painter, Titian or Rembrandt, just that.

Mary Cassatt is one of the Three Great Ladies of Impressionism (according to the formula of Gustave Geoffroy) alongside Berthe Morisot and Marie Bracquemond.

* Un Peintre des enfants et des mères. Mary Cassatt. A. Segard. Ollendorff. Mai 1913

** Louisine Waldron, wife of the American industrialist Henry Havemeyer, who had begun with him one of the most important art collections in the world, and who from about 1889 had recourse to the advice of Mary Cassatt.

*** The American banker James A. Stillman, who, retired in Paris in 1909, asked Mary Cassatt to advise him on the enrichment of his art collection.

**** The collection of paintings and drawings by Henri Rouart was dispersed in two sales, on 16-18 December 1912 and 21-22 April 1913.

***** The Château de Beaufresnes, located in the commune of Mesnil-Théribus, was acquired by Mary Cassatt in March 1894.

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed « A. G. » [to Élie Allégret]
Uzès [1st January 1892, added with pencil on first page by another hand], 6 p. in-8°
Frayed margin on last folio (p. 5 and 6) without affecting the text, period fold marks

Long and beautiful letter, with deep confidences, to his tutor and friend


« Mon ami,
Cette lettre ne t’arrivera pas le jour de l’an, mais au moins tu sauras que, le jour de l’an, j’ai pensé à toi, – puisque c’est aujourd’hui et que je t’écris.
Tu m’as envoyé la meilleure des lettres ; je comprends sans cesse un peu plus combien profondément je te suis attaché, et c’est tout spontanément – (pas beaucoup plus ce jour-ci pourtant que tous les autres) que je fais des vœux de chrétien et d’ami pour tout ce que tu veux faire. Tu n’es pas heureusement un de ceux à qui on veuille souhaiter seulement le bonheur, car tu ne places pas ton bonheur où le placent “les autres” – Je n’insiste pas là dessus, car nous nous entendons bien. Au moins puis-je faire de vifs et sincères souhaits pour le bonheur de votre futur ménage.
J’aimerais énormément causer avec toi, car nous avons vraiment l’un et l’autre trop de choses à nous dire pour qu’une lettre ne devienne pas d’une ridicule insuffisance. Nous avons pris l’un et l’autre l’habitude de vivre le plus possible dans le moins de temps possible. – Autrement dit, d’employer le mieux possible son temps. Aussi pour ma part j’ai terriblement évolué depuis que je ne t’ai vu. Ton agitation, rien qu’à y penser, me donne mal à la tête ; je te plains d’autant plus que je sors à peine de la plus lassante des vies. Je courais du matin au soir, et le soir j’étais si agité encore que je ne retrouvais plus le sommeil. Mais tandis que des devoirs acceptés te guidaient, ce qui me guidait, moi, c’était une fantaisie seule ou bien les ridicules devoirs du monde. Heureusement, j’ai lâché tout ça, car je commençais à me mépriser moi-même, à force de me traîner parmi des gens que je n’estime pas. Je crois décidément qu’il ne faut s’inquiéter du jugement que de ceux que l’on estime et, pour les autres, ne pas s’inquiéter de leur plaire – et c’est très difficile quand on vit au milieu d’eux.
Maintenant je suis à Uzès où je travaille à me désencombrer la cervelle de tous les faux biens que j’y avais entassés au hasard. J’ai commencé de me reprendre l’avant-veille
de Noël et j’étais déjà tranquille à peu près, pour goûter un excellent Noël. Maintenant, je lis, j’écris et je médite
. J’écris le soir le résumé de mes pensées du jour. C’est une méthode dont j’use chaque fois que je me sens perdu dans les choses, et que j’abandonne sitôt que je me suis retrouvé. Rien ne te dira mieux mes plus intimes pensées que de te copier ceci que j’écrivais les soir de mon arrivée ici.

Aucune chose ne vaut l’inquiétude qu’on se donne pour elle. Car bien peu de choses valent qu’on s’en occupe, et ces quelques là ont en elles une sûreté qui repose. On ne s’inquiète que loin de Dieu ; car pour toutes choses, elles passeront avant que nos désirs s’en soient rassasiés, ou bien elles resteront lorsque nous ne les désireront plus.
Les faux biens vous abusent ; on ne recherche plus Dieu parce qu’on
ne voit pas qu’on est pauvre. On se croit riche parce ces biens sont nombreux : on en a tant ! On ne les compte plus.

Il n’y a qu’un bien qui fasse riche, c’est Dieu. Et comme ce bien est unique, on sait bien quand on le possède ou quand on ne le possède pas ; on le compte facilement ; il est unique ; il vous remplit ; et c’est pour cela qu’il repose. Ô mon Dieu, quand donc viendra l’heure où tu m’occuperas tout entier.
Ce que tu me dis du livre de [Gaston] Frommel me fait plaisir. J’ai déjà relu l’étude sur [Pierre] Loti et celle sur [Paul] Bourget – et sois bien sûr que je lirai les autres car j’ai trouvé déjà dans celles ci un réel profit et un vif intérêt. Je regrette seulement, – et c’est certainement là un défaut, un grand défaut du livre, – qu’il n’ait pas paru il y a quatre ans – ou bien qu’il s’occupe de personnalités dont l’intérêt s’est déjà beaucoup épuisé et qui déjà ont un peu fait place à d’autres – (j’en excepte [Charles] Secrétan, qu’on commence seulement à aimer et aimer de plus en plus dans la jeunesse des lycées et de la Sorbonne).
D’ailleurs ce défaut d’actualité ne s’apercevra plus dans quelques années, car les types qu’à choisi ton ami sont importants et les études sur eux bien remarquables.
Nous n’irons pas je crois sur la Corniche – mais tout simplement à Montpellier.
Au revoir – à quand ?…
mais j’ai bon espoir.
Ton ami A.G »


A great literary ambition asserted itself at this pivotal time for the young André Gide; which was defined as a morality. He then experienced a period of religious exaltation — described as the “seraphic state.” He drew heavily on the Bible, Greek authors, and practices asceticism.

Élie Allégret (1865-1940), a Protestant pastor, was invited in 1885 by Juliette Rondeaux, widow of Paul Gide and mother of André Gide, to the Château de La Roque-Baignard to become her son’s tutor and direct both his readings and his religious education. Gide passionately loved the latter, and made trips with him, especially in Africa.
The writer maintained a relationship with the fourth son of his tutor (Marc Allégret), a few years later.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Marie-Thérèse Bartholoni
Farnborough Hill, 17th November 1892, 3 p. in-8° on mourning paper, with autograph envelope

Witnessing the splendour and wars of the Empire, the fallen Empress observes with hope the new boundaries between France with the former adversary of the Crimean campaign


« Chère Madame Bartholoni,
Le 15 novembre(1) n’est plus une fête pour moi comme autrefois en France, mais elle reste une occasion de rapprochement et je vous remercie de vos vœux affectueux.
L’emballement aux fêtes Franco-Russes a été général.(2)
Jamais on s’est tant embrassé et tant armé en Europe. Pourvu que ce soit un gage de paix !
Mes souvenirs à tous les vôtres et croyez à mes sentiments affectueux.
Eugénie
Je vous prie de remercier ma filleule de son aimable lettre. »


1/ Saint Eugenie was celebrated on November 15. Under the Empire, on the occasion of this event, great festivities were organized

2/ The Franco-Russian festivals, which began on October 18, 1893, lasted 16 days and were the pretext for grandiose and popular demonstrations in Toulon, Marseille, Lyon and Paris. They celebrated the political and military alliance with Tsarist Russia, the necessary “counterweight” to the “Triple Alliance” concluded between the German Empire, the Dual Austro-Hungarian Monarchy and the Kingdom of Italy on May 20, 1882.

Goddaughter of Chateaubriand and lady-in-waiting at the Tuileries of Princess Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) was, by her beauty, one of the ornaments of the Court of the Second Empire. Born Marie-Thérèse Frisell (1833-1910), she was the wife of Anatole Bartholoni (1822-1902).
Madame Bartholoni held a brilliant salon, which inspired Marcel Proust. The writer actively frequented it in the years 1897-1899. Proust courted, for a time, one of Madame Bartholoni’s three daughters, Louise known as “Kiki” (1857-1933), goddaughter of Empress Eugenie.

PISSARRO, Camille (1830-1903)

Autograph letter signed « C. Pissarro » to Noël Clément-Janin
Paris, 19th Feb[ruary] 1892, 1 p. 1/2 in-8°, with envelope

Wonderful letter from the master in response to a column published on the sidelines of an exhibition of his works at Durand-Ruel
Pissarro opens up in detail about his painting technique and ends his letter with a chronological evolution of the artists to which his artistic movement is attached


« Monsieur
Je vous suis bien reconnaissant de l’article que vous avez bien voulu consacrer à l’exposition de mes œuvres et surtout la franchise que vous me prouvez en m’écrivant la lettre accompagnant l’Estafette [journal dans lequel parut la chronique en question].
Je n’ai rien à ajouter à votre manière de comprendre mes œuvres au point de vue philosophique, cela est conforme à mes idées, de même la division des tons qui me permettent de donner plus d’intensité tout en conservant l’unité à l’ensemble en restant toujours clair et lumineux.
Cependant il s’est glissé quelques erreurs bien compréhensibles pour quelqu’un qui n’est pas tout à fait du bâtiment et surtout qui ne se trouve pas à même de connaître les secrets du métier, tout individuel de l’artiste.
Ainsi, c’est une erreur de croire que les aspérités servent à accrocher les rayons lumineux, non, vraiment c’est absolument indépendant à la lumière ; d’ailleurs le temps nivellera ces empâtements et je fais souvent mon possible de les enlever.
Je ne peint pas avec le couteau, ce serait impossible de diviser la couleur, je me sers de pinceaux de marthe fins et longs et c’est, hélas ! justement ces longs pinceaux qui occasionnent, malgré moi, ces rugosités.
Autre réflexion que je vous prie de me pardonner et qui sont d’une grande importance ; je ne comprends pas du tout votre manière de concevoir l’évolution artistique nous concernant ?… nous n’avons rien en commun avec Th. Rousseau, Harpigny, Bastien-Lepage, Roll, Binet, Raphaël Collin, non là n’est pas la marche, surtout Bastien Lepage que nous n’avons jamais pu comprendre ! Notre voix commence au grand peintre anglais Turner, Delacroix, Corot, Courbet, Daumier, Jongkind, Manet, Degas, Monet, Renoir, Cézanne, Guillaumin, Sisley, Seurat ! Voilà notre marche. 
Recevez Monsieur, mes sympathiques salutations et toute ma reconnaissance pour votre bonne volonté.
Votre dévoué
C. Pissarro. »


Pissarro thanked his correspondent for a column that appeared on the front page of the newspaper L’Estafette on the sidelines of an exhibition of his paintings at Durand-Ruel.
Although the artist appreciates Janin’s “philosophical” understanding of his work, and more particularly on the division of tones, he nevertheless disapproves with the greatest tact on the rough edges which, those, do not allow “to catch the light rays”. This was followed by a remarkable development of the master on his painting technique, as he very rarely expressed in all his correspondence.
Pissarro then wanted to rectify Janin’s conception of “artistic evolution” as far as he and his Impressionist friends were concerned. Indeed, Janin seems in his article to want to link the Impressionists to the painters of the Barbizon school and naturalism. The artist strongly objects to this belonging, and especially to that of Bastien-Lepage, which he and his colleagues have “never been able to understand!”
Finally, Pissarro ends his letter with a superb chronological list of the masters to whom his current belongs, their “march” he says.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph letter signed « Aragon » to Max-Pol Fouchet, head of Fontaine magazine in Algiers
[N.p] Sarturday 31st May [1941], 4 p. large in-4°
Paper clip mark on first folio with pinhole
“41” added on top of first page, possibly by Max-Pol Fouchet himself for his own records

One of the most important letters of the poet written under the occupation and acompagnied with a poem, a true manifesto of a poetic renewal of the Resistance


« Samedi 31 mai 41
Cher ami, je me sens terriblement en reste avec vous, bien que les lettres disent moins que les poèmes, et que j’aie essayé de vous parler de mon mieux, et sur ce qui me tient le plus à cœur par ces 4 poèmes(1) dont j’ai le sentiment qu’ils ont pris bien de la place dans le dernier Fontaine. C’est de ce dernier Fontaine, qu’il faut pourtant que je me décide à vous parler. Je l’ai tant fait ici avec tous les gens de rencontre, qu’en plus de la difficulté d’écrire les choses au lieu de les dire j’ai aussi la honte de me répéter pour la centième fois.
C’est une très grande réussite, un élargissement qu’on pouvait croire irréalisable de votre horizon. Le brillant de ce sommaire est-il une promesse de ce qui suivra, je veux le croire et tout le monde le prend ainsi. C’est le danger qu’il y a [à] de tels coups d’éclat : voilà qu’il vous faut vous maintenir à ce niveau, ne pas descendre au-dessous de vous-mêmes. Et cela à cause de la confiance croissante qui vous est faite de toutes parts, dirai-je de la mienne ? Vous voilà chargé de mission. De la mission la plus haute qui soit. Jamais la poésie, la culture française dont nous sommes les indignes dépositaires n’ont été à l’épreuve d’une époque pareille à celle-ci. Il faut pour en retrouver l’exemple remonter au Moyen Âge, et alors la France n’était pas une unité constituée, ni notre langue la cristallisation de toutes les grandes idées du monde. Les épreuves de notre pays sont celles des temps les plus noirs, mais ce qui est mis aujourd’hui est un million de fois plus précieux que ce qui risquait alors de disparaître et qui a survécu. Je ne sais si ce que je dis-là ne sonne pas disproportionné, mais que m’importe ! et la place que je crois voir assignée à une revue comme F[ontaine] à l’heure qu’il est, il se peut que ce ne soit qu’un rêve de ma part. Mais je rêve alors, et je rêve bien.
Ainsi suis-je bien fâché d’en être réduit avec vous au piètre truchement de la correspondance. Ah, si nous pouvions parler ensemble… Mais enfin, il faut se résoudre à la vie telle qu’elle est. Le certain est le désir profond que j’ai de vous aider de toutes les façons dans votre tâche, et pas seulement avec cette fausse générosité du collaborateur qui met de temps en temps un poème sous enveloppe, et allez donc. Le malheur veut que je ne sois pas riche et que je ne puisse vous offrir que de faire la retape autour de moi. Je la fais, d’ailleurs, et si vous m’envoyez encore des prospectus j’arriverai peut-être à faire mieux. J’ose à peine vous dire que par ailleurs de nombreuses et vieilles expériences, vingt-trois ans à faire des revues(2), me donnent l’illusion que le cas échéant cette expérience peut se communiquer. Mais sachez que si cela vous intéresse je suis capable de vous écrire non seulement ce que je trouve bien dans F[ontaine], mais aussi ce que je peux y trouver ou mal, ou absent, ou insuffisant. Le voulez-vous ? Dans ce dernier numéro par exemple, il faut voir toute la rudesse de mon amitié au fait que sans attendre votre réponse je vous dirai qu’à mon sens il y a un déséquilibre frappant entre la revue anthologique et les chroniques absentes, les notes insuffisantes et surtout pas assez systématiques, ne rendant pas compte du mouvement intellectuel dans l’intervalle qui sépare deux Fontaine. Vous savez que les gens, c’est un fait, vont toujours, le sommaire lu, à la fin des revues chercher cette mine de renseignements, de petits faits, de critiques, qui prolonge, amplifie le son des poèmes et des proses, les lie à la vie même de l’esprit. Il y a bien déjà tentative en ce sens chez vous. Mais tentative seulement. Voyons, il n’est pas paru que ce dont vous parlez, en deux mois. Il y a eu toutes sortes d’efforts, de pensées, d’erreurs, de démarches poétiques ou philosophiques que vous laissez filer dans l’ombre, sur lesquelles au numéro suivant il sera bien tard pour revenir. Le redoutable, si on s’en tient à la partie anthologique, si large que [ce] soit le choix des collaborateurs, c’est qu’on risque de pratiquer seulement une sélection, de prêter les mains à la création d’un milieu littéraire, peut-être distingué, mais une chapelle tout de même. Ce qu’il faut, n’est-ce pas pratiquer, grâce à l’arme réelle qu’est Fontaine, entre autres, le rassemblement de défense nationale de l’esprit, si j’ose dire, le groupement de toutes les forces susceptibles de pratiquer, suivant l’expression classique, la défense et l’illustration de la langue française ?
Oui, je vous propose de vous y aider. Mais encouragez m’y, mon ami ! et comme sans attendre je vais vous prouver que rien n’est de ma part platonique, je veux aborder une question, peut-être un peu à côté, mais qui a pour moi son importance. Je vous demande de m’aider à être le lien entre vous et d’autres, à éviter que la désirable émulation entre gens qui ont les mêmes buts dégénère en rivalité. Voyez-vous, ne vous fâchez pas, et considérez que ce que j’en dis, mon âge et l’expérience de chat échaudé de l’univers-en-bouteille surréaliste me donnent des droits de me mêler de ce qui semble ne pas me regarder. En bref, je voudrais établir la fraternité entre Fontaine et Poésie 41. La vraie fraternité. Je sais que vous ne pouvez avoir rien contre cela. Mais pour aller plus avant il faut vouloir positivement les moyens de fonder cette fraternité. Tout à fait en dehors de Pierre Seghers(3), que j’ai vu ces jours-ci, je vous envoie deux poèmes de lui que je vous demande de publier dans F[ontaine], pas seulement pour la raison déjà dite mais parce que je trouve ces poèmes magnifiques, et qu’ils seront pour F[ontaine] une aide et un ornement. Tel que je connais Seghers qui ne publie de poèmes de lui-même dans sa revue qu’autant qu’on le talonne et on l’y force, il ne vous les aurait pas envoyés, et pas par dédain ou mauvais esprit, mais par une modestie incroyable. Ce serait chic à vous de lui donner ce coup d’épaule qui lui donnerait un peu de confiance en lui, et il en a besoin. Comprenez bien que jamais je ne vous écrirais cela si je ne trouvais d’abord ces poèmes très beaux. Particulièrement le second (qui n’a pas de titre, et ce serait très bien d’écrire à Seghers pour lui en demander un).
Je vais aussi me permettre de vous rabattre un autre gibier poétique. Dans la même enveloppe (je mets à part cette lettre, et les poèmes sous une seconde enveloppe), je mets deux poèmes de Jacques d’Aymé, dont vous aurez peut-être vu la signature au dernier P[oésie] 41. C’est un grand ami à moi, et c’est moi qui avais donné ce Poème de Novembre à Seghers. À mon sens, ce que je vous envoie de lui est très supérieur à ce que P[oésie] 41 a publié. Le nom de Jacques d’Aymé hier inconnu risque très vite de briller, je pense bien faire en donnant à Fontaine la possibilité de s’associer à cette naissance d’un poète. Les Préludes que je vous envoie parleront [sic, pour plaideront ?] mieux que moi [de] la cause de ce fds [enfant ?] du Quercy, qui exprime comme pas un le grand espoir que nous portons :

Lorsque nos yeux pourront revoir
La longue naissance du monde
Il se peut que nos yeux succombent
Éblouis par tant de miroirs
Et vaincus par tant de revanches.
Peut-être que nos bras ouverts
Se casseront comme les branches
Se cassent au vent d’hiver ?


C’est cette maîtrise du langage et de la tradition d’oc qui dépassent très singulièrement ce qu’en écrivent pompeusement ceux qui ne la possèdent pas ! et je pense, je dois dire, aux
Cahiers du Sud(4)Enfin, de toutes mes forces, je voudrais que vous aimiez ces Préludes, et ce poète.
À part cela (et je dois dire que ça m’a fait encore mieux sentir comme j’étais en retard avec vous) je viens de recevoir un mot de Jean R[oire](5) (dites-lui que je l’ai reçu, que je lui fais mes amitiés ainsi qu’à Yvonne(6), pour ma femme et pour moi). Il me dit votre dessein très ambitieux, et très magnifique, de consacrer le no suivant de F[ontaine] au thème de l’Europe française, et me demande si je ne peux pas écrire très vite un article pour cela. Je dois vous dire que je trouve cette entreprise, ce thème, d’une actualité admirable, telle même qu’on craint d’être incapable de remplir un cadre pareil. Ce serait avec fierté que je vous y aiderais. Si vous le voulez, et s’il y en a le temps. Si vous me le demandez, vous, mon cher Max, je le ferai tout de suite, dans les dimensions et les délais que vous pourriez m’assigner par l’avion de retour. Je voudrais écrire de l’influence qu’au moyen-âge les poètes de France ont eu sur l’Allemagne et l’Italie particulièrement, et au-delà, la naissance des grands symboles de l’amour sur la terre de France, de la civilisation de l’amour qui précède les grandes philosophies de la lumière sur les routes de l’Europe, et qui viennent de chez nous. Le tout mêlé à quelques idées sur l’art fermé d’alors, et ses similitudes avec la poésie que nous imposent les événements d’aujourd’hui(7). Enfin, ce serait à écrire et non à raconter. Mais peut-être préférez-vous espacer mon nom dans vos sommaires ? Ne vous gênez pas pour me le dire.
Oh, il y a mille et une choses que je voudrais encore vous dire. Cette lettre est déjà interminable. Je remets cela à la fois prochaine. Et puis la poste est mal faite pour l’essentiel : je vous le dis, on ne peut l’écrire qu’en vers.
Bien amicalement
Aragon »


This letter, the first – and undoubtedly the most important – of the nine known from the poet to Max-Pol Fouchet, director of Fontaine, comments on part of his important past and future contribution to the Algerian review, then gives an account of his expectations, both ideological and editorial. In an excess of optimism, no doubt, Aragon wants to be part of the review, but its illusions will be seriously enamelled from the second half of the same year. This quarrel between the poet and his correspondent will become definitive a few months later. It can be explained, in part, by the emergence of phenomena of competition between literary magazines (Fontaine and Poésie 41) and Louis Aragon’s fear of seeing the poetic field hostile to the Vichy regime fragment.

A writing of resistance
The conflict of 1939-1945 marked a decisive turning point in Aragon’s writing. Indeed, his poetic writing takes the forms of a patriotic commitment. Whether it is the poems composed during the “phony war” and collected in 1941 in “Le Crève-cœur”, or others written during the Nazi occupation and assembled in 1944 in “La Diane française”, the poet denounces in both cases the conflict and testifies to a deeply marked lyricism, stemming as much from the suffering of being separated from his wife as from the horrors of war.
He never ceased to denounce Nazi crimes and encourage the French to unite around a common goal: resistance.

1- “Le poème interrupted”, “Zone libre”, “Richard II quarante” and “Elsa je t’aime” were pre-published in the magazine Fontaine, no. 13 (March 1941, pp. 220-225). Shortly after, they were reprinted, in a different order, in Le Crève-Cœur, which was completed on April 25, 1941.

2- That is to say, in 1918, the year in which Aragon signed his first texts in Nord-Sud and in S.I.C. Undeniably since then he has not only given many periodicals a constantly abundant and diversified collaboration, but he has “made” magazines, in the sense that he conceived, animated, realized.

3- At the end of September 1940, staying with Joë Bousquet in Carcassonne, Aragon receives the visit of the poet Pierre Seghers, ten years his junior, who becomes his devoted and close friend. Until then director of Poètes casqués, where Aragon published, in the April issue, “La Rime en 40”, Pierre Seghers founded a new magazine, Poésie, to which Aragon made a regular contribution, alongside the magazine Fontaine.

4- The Cahiers du Sud were born in 1925, from the redesign of the literary magazine Fortunio which had been created in 1913 in Marseille around Marcel Pagnol, then Jean Ballard. André Gaillard, close to the Surrealists, is the architect of this transformation. In the 30s, the magazine Chantiers de Carcassonne, led by Joë Bousquet, forged close links with Les Cahiers du Sud. While Aragon expresses reservations about this review, Joë Bousquet has been a regular contributor since 1928-29. In 1942, he wrote an article on Fontaine and Les Cahiers du Rhône.

5- Jean Roire had befriended before the war Aragon, whom he had met in the French Communist Party. From 1936 to September 1939, he worked at Regards, an illustrated weekly, as an editorial secretary, with Pierre Unik. Reading in the window of an Algerian bookseller the editorial of No. 10 (July-August 1940), “We are not defeated”, and immediately seduced by the tone, he then introduced himself to Max-Pol Fouchet who immediately hired him as administrator of the magazine Fontaine.

6- Yvonne Génova, professor of philosophy and contributor to the journal Fontaine for the critical part, was the companion of Jean Roire. It had been abruptly revoked, without pay, by the Vichy government in September 1940.

7- This passage in what precise intentions and circumstances Aragon undertakes to write “The lesson of Ribérac or French Europe” whose publication in June 41, in the number 14 of Fontaine in Algiers, increases the influence of the journal by its impact in France.

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « René Char » to Marianne Oswald
N.p, 11 January 1950, 1 p. in-4°
Tears on fold marks, tiny spots, some missing bits on angles without affecting the text

With a short and powerful autobiography as part of his portrait on the radio, the poet speaks bluntly about his brutal military action during the Second World War


« Chère Marianne
Vos lettres viennent seulement de me parvenir car je suis un peu par monts et par vaux tous ces temps ci. Je me réjouis de votre succès en Allemagne dont j’avais eu par un ami qui en revient des échos. Merci de votre courage et de votre amitié. Que voulez-vous dire à la radio sur moi ?
Ces trucs là sont toujours une exhibition de tripes. Je crois que vous me connaissez assez pour improviser un portrait n’est-ce pas ? Pour le reste je suis né en 1907 à L’Isle-sur-Sorgue – Vaucluse. Je me suis bien emmerdé jusqu’à 20 ans, beaucoup [trop] mal présenté au monde sous l’aspect d’un élève de lycée révolté et souvent puni. Puis j’ai “gagné” ma vie en veuvant de la chicoré et du whisky à Marseille (j’avais 18 ans !), j’ai traversé la Méditerranée et vécu en Tunisie. Revenu, je me suis occupé de la terre que j’aime bien et de matériaux de construction que j’aime moins. Voilà pour l’estomac.
Sous les nazis, le maquis, puis à l’État-Major. Interallié à Alger en fin de débarquement.
J’ai tué quelques salauds par nécessité miliaire et civique en 1940-44. Je ne m’en vante pas, il y a trop de survivants qui les prolongent et les surpassent en saloperie. À présent je suis contre la peine de mort qui n’arrange rien.
Fraternellement à vous
René Char
P.S. Pour l’instant on m’applique un traitement en clinique, contre mes troubles de circulation. Je pense que dans qqs jours ça ira mieux et qu’on pourra se voir. »

 


During the Occupation, René Char, under the name of “Captain Alexandre”, participated in the Resistance, which he called “school of pain and hope”. He commanded the parachute landing section of the Durance area. Its headquarters were then located in Céreste in the Basses-Alpes. It was in the maquis that the poet composed his most famous collection: the Feuillets d’Hypnos.

Marianne OSWALD (1901-1985), singer and actress, friend of poets, was a remarkable storyteller; she collaborated on his radio and television programs devoted to poetry.

MAURIAC, François (1885-1970)

Autograph letter signed « Fr » to priest Jacques Laval
7 February [1938 ?], 4 p. grand in-8°

Moving letter in which Mauriac talks about his temptations and his homosexuality


Mon cher petit Jacques,
Je devine à travers vos deux lettres bien des difficultés, bien des luttes. Elles ne sont pas nouvelles pour vous… Ce qui est nouveau, c’est de n’être pas pris, porté, par un milieu, par un règlement, par la mécanique du séminaire ; c’est de tenir votre rôle dans le drame secret que sont nos vies, seul et sous le regard d’un Dieu qui n’est pas toujours et à tous les instants « sensible au cœur ». Je ne suis pas sûr que l’arrangement de votre vie, tel que le décrivent Claude et Bruno sont le meilleur pour vous… mais peut-être est-il le seul supportable ?
Mon cher Jacques vous avez raison de croire que je vous aime, mais vous vous faites sur moi de grosses illusions. On a beau dire qu’on ne vieillit pas : si ! le cœur se dessèche. Je souffre moins, je ne souffre plus par le cœur. Je souffre mais, je ne souffre plus des abaissements et des misères charnelles, « on durcit par place… on pourrit à d’autres »
[…] C’est par ce qu’il y a en vous de dangereux, de périlleux, c’est par le côté le plus exposé de vous-même que vous ferez sans doute le plus de bien. Pour moi j’ai l’impression qu’il ne me reste que des gestes, un certain ton de ma jeunesse… ah ! n’ayez pas de chagrin quand on me juge trop sévèrement. Dites-vous que mon drame n’est pas d’être méconnu, mais au contraire de donner de moi une idée qui ne correspond pas à l’être que je suis réellement et dont la misère ferait peur à ces petits prêtres dont vous me parlez et qui me font trop d’honneur en me jugeant sur un certain plan.
Mon drame c’est d’avoir aimé par-dessus tout la sincérité et d’avoir abouti à ce mensonge de ma vie – car je suis lié par mes attitudes anciennes, par mes livres pieux. Dieu me punira en posant sur ma figure le masque que je hais le plus au monde : celui de Tartuffe… Et pourtant, il ne faut pas scandaliser… il faut se taire, n’est-ce pas ?
[Il lui parle ensuite de son neveu Bruno Gay-Lussac, qui lui a apporté un roman qui l’a étonné, mais il conseille de ne rien attendre de lui] « ce petit être fermé et glacé, sans la moindre tendresse. Pour moi, je l’ai toujours classé avec les frigidaires. Et je l’aime tout de même de tout mon cœur »
Cher Jacques croyez-moi aussi souvent que vous en aurez envie. Priez pour moi qui ne suis pas dans une bonne passe. (Je ne suis jamais dans une bonne passe !…) Les théologues me rassurent quand ils me disent que l’enfer, c’est la haine éternelle…je conçois le désespoir éternel, mais non la haine…
Adieu, cher petit Jacques – que Dieu vous garde – que le Christ qui vous aime, vous rende en amour tout ce que vous faites pour les pauvres, pour les enfants, pour les malades, ses cancéreux, ses hommes de lettres !
De tout mon cœur
Fr »


Although it is apparent through several of his correspondences, Mauriac worked to conceal his homosexuality until his death. It was also a major component of his sensibility and marked his work, as revealed in the Biography of François Mauriac 1885-1940, by Jean-Luc Barré (2009), which describes a homosexual tendency long kept secret.

Jacques Laval (1911-2002) began his ecclesiastical career as a priest in the Diocese of Reims (1937-1943) before joining the Dominican order. In the early 1950s, he served as director of the cultural sector of Vatican Television. He was in contact with many writers and artists, including François Mauriac. His homosexuality will never lead to his expulsion from the church.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie », to Marie-Thérèse Bartholoni
Camden Place, Chislehurst, 16th March 1880, 4 p. in-8°, mourning paper

Very moving letter from the Empress, evoking her imminent departure for Zululand
Written on March 16, the anniversary date of the birth of her son, this letter announces the pilgrimage that the bereaved mother is about to undertake to southern Africa, in the footsteps of the Imperial Prince, who died heroically on June 1, 1879


« Ma chère Madame Bartholoni,
Merci des vœux que vous faites pour moi au moment de mon départ !
Vous me dites que vous comprenez le sentiment qui me guide et me fait entreprendre, malgré toutes les émotions et les fatigues, ce long voyage ! Si peu le comprennent malheureusement dans notre temps de profond égoïsme, que j’aime à le voir approuvé.
On vous a dit la vérité en vous assurant que je ne voyais personne.
Je serais, du reste, hors d’état de faire des adieux. J’espère, à mon retour, ou être plus forte ou n’avoir plus besoin de compter sur mes forces, de sorte que je vous prie de remettre à ce moment-là votre visite. J’espère aussi voir vos enfants quoique vous ne m’en parliez pas.
Vous craignez, et je vous en remercie, de me faire constater la solitude de mon foyer, mais mes propres malheurs ne sauraient changer l’intérêt que je leur porte.
Mes souvenirs à tous les vôtres et croyez à mes sentiments affectueux.

Eugénie »


Imperial Prince Louis-Napoléon Bonaparte (only son of Napoleon III and Empress Eugenie) was a member in England of the Royal Military Academy at Woolwich. In a “Bonapartist” impulse, of which he was the last illustrious descendant, he insisted on his incorporation into the British troops of southern Africa to participate with his comrades in the fight against the Zulus.
Queen Victoria finally authorized him to do so, he embarked in February 1879. On June 1, 1879, he took part in a reconnaissance mission. On horseback with a few men, he arrived at a place called Itelezi, about fifty kilometers west of Dundee. During a stop by a river where they believed they were safe, the patrol was ambushed by Zulu warriors.
Two British soldiers were killed. The troop fled on horseback. The prince tried to run back to his horse. The saddle strap, which was used by his father at the Battle of Sedan and which the prince wanted to use, was out of use and yielded under his weight. He was eventually killed, pierced by seventeen blows of iklwa.

At the end of March 1880, less than a year after the tragic death of her son, Eugénie decided to undertake, against the unanimous advice of her entourage, a pilgrimage to South Africa to meditate on the exact place where her son had lost his life. She undertook this journey incognito under her usual name of “Countess of Pierrefonds”.

Goddaughter of Chateaubriand and lady-in-waiting at the Tuileries of Princess Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) was, by her beauty, one of the ornaments of the Court of the Second Empire. Born Marie-Thérèse Frisell (1833-1910), she was the wife of Anatole Bartholoni (1822-1902).
Madame Bartholoni held a brilliant salon, which inspired Marcel Proust. The writer actively frequented it in the years 1897-1899. Proust courted, for a time, one of Madame Bartholoni’s three daughters, Louise known as “Kiki” (1857-1933), goddaughter of Empress Eugenie.

[RIMBAUD] VERLAINE, Paul (1844-1896)

Les Hommes d’Aujourd’hui
Original edition, n°318, 4 p. in4°
Librairie Vanier, n°244 – Paris 19 quai St Michel
Fold marks, restored fold with Japon paper, some ink stains on the fourth folio

Proof copy with autograph corrections by Paul Verlaine rectifying a word of the Voyelles sonnet


Superb frontispiece in black made by Luque, representing Rimbaud painting vowels.

Printed booklet published by Léon Vanier (Paris, Jan. 1888).

We count in total less than five proof copies of this legendary publication. This particular copy, coming from one of the most prestigious Rimbaldian collections of the twentieth century, is all the more precious.

[ZOLA] FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Votre vieux Gve Flaubert » to Emile Zola
Croisset, Sunday [15 février 1880], 3 p. in-8°
Trace of previous mounting on fourth folio

Reaction on the spot after his reading of Nana
Unquestionably the most emblematic of all his letters to his friend Emile Zola


« Mon cher Zola,

J’ai passé hier toute la journée jusqu’à 11 h. 1/2 du soir à lire Nana. – Je n’en ai pas dormi cette nuit, & j’« en demeure stupide ».
Nom de Dieu ! quelles couilles vous avez ! quelles boules !
S’il fallait noter tout ce qui s’y trouve de rare & de fort, je ferais un commentaire à toutes les pages ! Les caractères sont merveilleux de vérité. Les mots nature foisonnent ; et la fin, la mort de Nana, est michelangelesque !
Un livre énorme, mon bon !
Voici les p. que j’ai cornées (dans l’excès de mon enthousiasme, – & à une première lecture)
33.                       (82, 87, un peu de longueur ?
45, 46.                             ou plutôt de lenteur.)51-52.      134.
79.         141.                     205. Mignon ! avec ses
105.        146.                         fils ! ineffable de
108.        156.                         Beauté !
126.        173
130.        192 (adorable)
195 id.
La vision de Me d’Anglars !
239.
256. Mais ce qui précède : la nuit passée dans les rues est moins personnelle. – Il était du reste, le plan donné, impossible de faire autrement. Car il fallait amener le « couchons-nous » – qui est excellent.
Tout ce qui regarde Fontan, parfait.
295.
Tout le ch. X.
377 ! « viens donc ! viens donc ! »
N.B. 401 « entre Le Havre & Trouville », impossible ! mettez Honfleur
415. plein de grandeur, épique, sublime !
427. La paternité de tous ces messieurs, adorable.
459.
Le suicide de Georges & sa mère arrivant en même temps : ce n’est pas du mélodrame (bien que certainement on le le dira dira que c’en est). – Car l’effet résulte des caractères – & des événements ingénieusement combinés.
483. très grand, très gd !

489.-90. Comme c’est vrai & intense !
500.
504. rien de plus haut.
XIV. Au-dessus de tout ! – Oui ! nom de dieu ! sans pareil –

Maintenant, que vous ayez pu économiser les mots sal grossiers, c’est possible. que la table d’hôte des tribades « révolte toute pudeur » je le crois ! Eh bien ? après ! merde pr les imbécilles ! – c’est nouveau en tout cas, & crânement fait !
Le mot de Mignon « quel outil » & tout le caractère de Mignon, du reste, me ravit.
Nana tourne au Mythe, sans cesser d’être réelle. C’est Cette création est Babylonienne.
Dixi.
& là-dessus, je vous embrasse.
Votre vieux
Gve Flaubert

Dite à Charpentier de m’envoyer un exemplaire car je ne veux pas prêter le mien.
Il doit être content, le jeune Charpentier ? voilà un petit succès assez chouette, il me semble ?
»


This missive, the last major literary letter from the “father of naturalists” to his friend Zola, was written less than two months before his passing. Flaubert indulges without restraint in comments of great precision, sometimes laudatory, sometimes more critical, as he wishes to address his friend frankly with no compromise. He corners the pages of the copy sent by Zola a few days earlier, corresponding to the passages that particularly marked him.
These are true reactions of a novelist such as Flaubert: feelings are noted, names are underlined. Flaubert is interested in scenes, secondary characters, and the technique of composition.

Published three years after L’Assommoir, Zola pursues a painting where illusions and raw reality are intertwined. Nana is the eponymous heroine of the ninth volume of the Rougon-Macquart saga, published in 1880. Nana was a huge success in bookstores even if some of its contemporaries called the author a writer of pornography. The young lorette [prostitute], reviving all concupiscence, offers her body, of ostentatious sensuality, to the aristocrat world of Paris. Like the demi-mondaines that the Second Empire gave birth to – such as Blanche d’Antigny, Valtesse de La Bigne, Hortense Schneider or Cora Pearl (and by whom Zola was strongly inspired) – Nana plays with her fate in the bed of her lovers. The writer composed a novel as moral as it is amoral and addressed both ends of a flawed society under the Second Empire. But her unbridled heroine is not a free woman. Mother – still heredity – she will perish abandoned, ruined, contaminated by her son whom she wanted to accompany in his last moments.

Famous letter, almost always reproduced in the works and books dedicated to the two novelists.

[ZOLA] FLAUBERT, Gustave (1821-1880)


Autograph letter signed « Votre Gve Flaubert » to Emile Zola
[Paris, 17 December 1874], 1 p. in-8°
Trace of previous mounting on last folio

Flaubert summons his friend Zola to attend their next meeting with Tourgueneff, de Goncourt and Daudet


« Mon cher ami,
Tourgueneff, de Goncourt & Daudet seront dimanche chez moi dans l’après-midi pour s’entendre avec vous sur le jour prochain de notre festival.
Donc je vous convoque – & suis
Votre
Gve Flaubert
Jeudi
Rien du gymnase ! Problème !
»


The first dinner of this small group was called the “Flaubert dinner”, then called the dinner of the “Auteurs sifflés” or the “dîner de Cinq”, which took place on April 14, 1874. The Five – Goncourt, Flaubert, Zola, Turgenev and Daudet – met first in various restaurants, and later at one of them. At the same time cenacle of good food, meeting of friends and literary tribune, this group of five meets around meals that are as many moments of life, laughter and excess.

Flaubert’s death in May 1880 shattered the sociability of the group, which had difficulty reconstituting itself.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph letter signed « P Verlaine » to Jules Rais
[Paris] 39 rue Descartes, 2 January [18]96, 1 p. in-12° on laid paper
Some tiny spots

Verlaine’s last known letter, in a very hesitant handwriting, a week before his death

FROM THE COLONEL SICKLES COLLECTION


« Cher ami,
Oui, j’adhère à votre journal. Imprimez-moi parmi collaborateurs et m’écrivez détails/
Très, très souffrant. Au lit et au lait. C’est pourquoi je vous écris si peu et si mal.
A vous de cœur.

P Verlaine
39 rue Descartes »


This letter is a response to a request from Jules Rais who announces to Verlaine, in a letter of late December 1895, the imminent creation of the magazine L’Image and invites the poet to become one of its collaborators:
« J’en suis secrétaire de rédaction. Des graveurs sur bois l’illustreront afin de lutter contre les procédés industriels et de rendre au livre sa beauté de jadis. Goncourt, Zola […] ont promis leur collaboration. Roger Marx en est. On annonce Huysmans, Geffroy, Descaves, Mendès, Barrès, etc. Des fonds permettront de faire appel aux grands en même temps que l’on accueillera les jeunes. Votre adhésion serait des plus précieuses, votre nom une garantie de succès… »

This affectionate and admiring solicitation probably softened the poet’s last days. Here he finds the strength, despite a very hesitant writing, to respond favorably. This is probably the last written testimony that has come down to us from Verlaine, who died six days later. The missives sent by the poet after January 2 were in the hand of his mistress, Eugénie Krantz.


We include:
[VERLAINE] Léon Vanier (1847-1896)
Les Hommes d’Aujourd’hui
Original copy from the second edition, 4 pp. in-4°
Librairie Vanier, n°244 – Paris 19 quai St Michel
Slightly frayed lower marging, missing bit on lower left angle.

Famous and nice original copy on which Verlaine appears crouching and holding a fancy lyre
Engraved stencil wood depicting the 244 pamphlet of Les Hommes d’Aujourd’hui. Paris, Vanier, 1885. The biography that accompanies the cartoon is by Paul Verlaine himself.
This copy is that of the second edition, published in 1896 after the death of the poet.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph letter signed « P. Verlaine », attached with an autograph poem signed, to Émile Bally
Paris, 31st January 1894, 3 p. in-12
Tears on folds

Recently returned from his last lecture tour in England, Verlaine announces his break up with his mistress Philomène Boudin, known as Esther, and attaches the sonnet “Toast” to his mail


« Cher Monsieur Bally,
Il y a longtemps que je me promets de vous écrire. J’en ai été empêché par toutes sortes d’ennuis dont… une séparation d’avec une personne de qui le caractère ne cadrait plus avec le mien
[Philomène Boudin] et une petite, mais très agaçante reprise de mon mal de jambe.
J’espère que nous saurons vous trouver en meilleure santé que moi.
Quand comptez-vous passer par Paris ? Il serait exquis pour l’époque à laquelle je dois aller « lecturer » :
Genève, Lausanne et Fribourg correspondît avec celle de votre « tour » dans votre pays.
En parlant de « tour », Mr
[Théodore] London vous a-t-il communiqué mon article du Figaro intitulé : Un tour à Londres ?
Je vous envoie un petit poème que vous voudrez bien remettre à Mr London avec tous
[mes] compliments à lui, à sa sœur et à son frère – et un sonnet que je vous prie d’agréer.
[…] Je vous serre la main.
P. Verlaine
187 rue St Jacques »

[Sur un feuillet séparé, Verlaine dédit son poème Toast à son correspondant]

« Toast.
à S. Em. Bally

Or vous m’aviez parlé français.
Je vous en aime d’autant mieux
Que vous êtes un Français vieux
Puisque Genevois, et je sais

Qu’en ces lieux où j’eus un succès
Immérité même es milieux
Où les paradoxes sont dieux
Mieux en français qu’en tels accès

Plus accessibles Racine
Qu’on ne le croit en tel endroit…
Et je vous pousse ce coup droit : 

« Prosit » à la langue divine
Que je parle et que nous parlons
« Prosit » à nous en des toasts longs ! 

30 Janvier 1894
Verlaine »


Eugénie Krantz, Verlaine’s other mistress, enlightened him on Philomène Boudin’s affairs with other men during 1893. He was seriously considering marrying her. Their break up will take effect in December 1893. The poet then moved with Eugénie to 187, rue Saint-Jacques, in a modest room on the fifth floor.

Émile Bally, a Geneva professor, served as Verlaine’s interpreter during his lecture tour of England. He is part of the group of artists and young poets who welcomed Verlaine, alongside Theodore London, a young pastor, among others.

The poem “Toast” appears in Poèmes divers. There is a variant with the published sonnet, at the beginning of the first tercet: “Plus accessibles à Racine” becomes “Inaccessibles à Racine”

RIMBAUD, Arthur (1854-1891)

Autograph letter signed « Rimbaud » to his family
Aden, 10th September 1884, 4 pp. in-8° on laid paper
Supplied with bespoke leather maroquin sleeve

From the former collections of  Louis Barthou and Baroness Alexandrine de Rothschild, from the Bernard Loliée sale

Imbued with fatalism, Arthur Rimbaud speaks of his difficult existence in Aden
One of his most significant travel letters still in private hands


« Mes chers amis,
Il y a longtemps que je n’ai reçu de vos nouvelles : j’aime cependant à croire que tout va bien chez vous et je vous souhaite bonnes récoltes et long automne. Je vous crois en bonne santé et en paix comme d’ordinaire.
Voici le troisième mois de mon nouveau contrat de six mois, qui va être passé. Les affaires vont mal, et je crois que fin décembre j’aurai à chercher un autre emploi, que je trouverai d’ailleurs facilement, je l’espère. Je ne vous ai pas envoyé mon argent parce que je ne sais pas où aller, je ne sais pas où je puis me trouver prochainement, et si je ne pourrai pas employer ces fonds dans quelque petit trafic lucratif.
2° Il se pourrait que, dans le cas où je doive quitter à Aden, j’aille à Bombay, où je trouverai à placer ce que j’ai à fort intérêt sur des banques solides, et je pourrai presque vivre de mes rentes : 6.000 roupies à 6% me donnerait 360 roupies par an, soit 2 francs par jour, et je pourrais vivre là-dessus en attendant des emplois.
Celui qui n’est pas un grand négociant pourvu de fonds ou crédits considérables, celui qui n’a que de petits capitaux, ici risque bien plus de les perdre que de les voir fructifier, car on est entouré de mille dangers, et la vie, si on veut vivre un peu confortablement, vous coûte plus que si vous ne gagnez, car les employés en Orient à présent son aussi mal payés qu’en Europe, leur sort u est même bien plus précaire, à cause des climats funestes et la vie énervante qu’on mène. – Pour moi je suis à peu près acclimaté à tous ces climats, froids ou chauds, frais ou secs, et je ne risque plus d’attraper les fièvres ou autres maladies d’acclimatation, mais je sens que je me fais très vieux très vite, dans ces métiers idiots et ces compagnies de sauvages ou d’imbéciles.
Enfin, vous le penserez comme moi, je crois, du moment que je gagne ma vie ici, et puisque chaque homme est esclave en cette fatalité misérable, autant ici qu’ailleurs où je suis inconnu ou bien où l’on m’a oublié complètement et où j’aurai à recommencer ! Tant donc que je trouverai mon pain ici, ne dois-je pas y rester, tant que je n’aurai pas de quoi vivre tranquille et il est plus que probable que je n’aurai jamais de quoi, et que je ne vivrai ni ne mourrai tranquille. Enfin, comme disent les musulmans : C’est écrit ! – C’est la vie, elle n’est pas drôle.
L’été finit ici fin septembre, et dès lors nous n’aurons plus que 25 à 30 centigrades dans le jour et de 20 à 25 la nuit, c’est ce qu’on appelle l’hivers ici. Tout le littoral de cette sale mer Rouge est ainsi torturé par les chaleurs. Il y a un bateau de guerre français à Obok où sur 70 hommes composant tout l’équipage 65 sont malades des fièvres tropicales, et le commandant est mort hier. Encore à Obok, qui est à quatre heures de vapeurs d’ici, fait-il plus frais qu’à Aden. Mais ici c’est très sain, et c’est seulement énervant par l’excès des chaleurs.
Et le fameux Frédéric, est-ce qu’il a fini ses escapades ; qu’est-ce que c’est que ces histoires ridicules que vous me racontiez sur son compte ? Il est donc poussé par une frénésie de mariage, cet homme-là. Donnez-moi des nouvelles de tout cela.
Bien à vous,
Rimbaud.
Maison Bardey, Aden. »


At the beginning of March, Rimbaud left Harar, abyssinia: the city where he worked had become “uninhabitable, because of the troubles of the war” (letter to his family, April 24, 1884). After six weeks of “desert travel” (same letter), he arrived in Aden, Yemen, around April 20. The Bardey house, which employed him, experienced serious financial difficulties and closed its two counters, in Harar and Aden. For a few months, he lived on his savings: if we believe what he wrote to his family on May 5, he set aside “twelve or thirteen thousand francs”. The horizon clears in the second half of May. His employer, Alfred Bardey, has gone to Marseille to seek funds and activities will resume. In mid-June, Rimbaud and Bardey signed a new contract, which committed them for six months, from 1 July to 31 December 1884.

The heat is unbearable in Aden during the summer months. Europeans who are not used to it get sick. Rimbaud resists. He has kept his temperament and the expatriate his sense of acclimatization. Yet homesickness is here. He eagerly awaits the letters that have come to him from France and the mail seems to him desperately slow between the continents. In the letter he sent to his family on September 10, 1884, he inquired about the “harvests” at the end of summer: as every year, his mother, Vitalie, and his sister, Isabelle, carried out seasonal transhumance, to come to work in the fields, passing from their residence in Charleville to their property in Roche, about forty kilometers away.

But what makes this letter highly exceptional is the feeling it expresses, of integral fatalism. As if he had to draw conclusions from everything he tells his family, from everything he suffers in the lands where he came in the hope of earning a living, Rimbaud, as if away from the practical, commercial, climatic questions that he develops in the letter, says what he understands about life, the meaning of life: “Every man is a slave to this miserable fate” from which, there or elsewhere, he cannot escape. This sense of fatality, and of “miserable fatality”, formulated here, far from Europe, was already formulated in this great programmatic text, or premonitory: A Season in Hell. And as radical as the rupture was and as real as the distance of someone who wanted to flee from all feelings, and all philosophical heritage, the idea of the man “slave” of fatality returns to him like the eye of Cain, whose presence he verified, “as much here as elsewhere”.

“I hate misery,” wrote Rimbaud, in the “Farewell” of A Season in Hell. He imagined then that he could free himself from Christian law, from the curse of his baptism. Life, misery and fate have caught up with him, to the point that he only has to quote the creed of another religion, that of “muslims”: “It is written”. He remained the Godless man he was in his late teens, except when it comes to hearing what religions say about universal misery and the tragic fate of every human creature.

Since there is only “life”, and it is “not pleasant”, as much to live “here as elsewhere”, writes Rimbaud, before adding: “better even here than elsewhere”. But does he really think so? The attention he pays to his family, to everything he has left and whose remoteness, following a well-known existential paradox, brings him closer together, suggests another feeling. We know this terrible logic of nostalgia, which the Romantics celebrated and which is only a way of experiencing dissatisfaction: the fir tree, in the snows, dreams of the sun of the East and palm of Egypt of northern chills. This is the meaning of Rimbaud’s life, which this letter and the purpose it makes, trivializing human misery, reveal.
Hence the attention he pays to his family, to the activities of his mother and sister, to whom he has become accustomed to addressing himself by calling them, in the masculine; “dear friends”, as if the circle to which his letters are intended should naturally widen. An attention that is focused on the work of the fields, the harvests, and on the erratic behaviors of his brother, Frédéric, his eldest of a little less than a year: Frédéric was born on November 3, 1853, Arthur on October 20, 1854.

At the end of the letter – in cauda venenum – Rimbaud speaks without amenity of his brother, “the famous Frédéric”, as he calls him with contemptuous irony: “famous”, in the sense that the youngest knows what to stick to on the elder, in the sense also that Frédéric’s reputation encumbers him: “it would bother me enough, for example, if anyone knew that I have such a fool as a brother”, he wrote in another letter to his family on 7 October of the same year.
Frédéric is desperate to get married. Rimbaud himself, when he imagines a happy future, thinks of marriage. But Frédéric makes a fool of himself. He struggles to the point of appearing “possessed by a frenzy of marriage.” It is necessary to imagine above all that he exercises this frenzy in the depths of the Ardennes society, which triggers the maternal fury: Vitalie will oppose with all her strength the marriage of his eldest son, to the point of referring to justice. Rimbaud may not share such social prejudices, at least in their provincial and bourgeois sense, but he has other reasons to despise his brother, whom he considers an inferior being, ontologically.
And he took his mother and sister as a witness to this atavism: “he is a perfect idiot, we have always known it, and we always admired the hardness of his caboche” (letter of October 7, 1884). It is necessary to weigh the weight of this “we” and this “always”, to imagine the power of a contempt that has its origins in childhood, as it is necessary to oppose this way of repudiating an elder brother, unworthy of replacing the absent father, to the image shown to us in the photograph taken in Charleville in 1866, where the two brothers appear as first communicants, in the deceptive resemblance of their young age, opening their big eyes to the horizon of life, a life that would install between them the impassable abyss of incommunicability. David Le Guillou gave the full measure of this incommunicability in a beautiful romanticized essay on “the other Rimbaud”, as he calls Arthur’s brother (L’Autre Rimbaud, Paris, L’Iconoclaste, 2020).

It is understandable that Isabelle, by communicating in 1896 the text of Rimbaud’s letters to her future husband, Paterne Berrichon, did not dispense with the last paragraph of this letter, whose published text was therefore incomplete for a long time. The disagreement with Frédéric was no doubt consummated, but she was reluctant to spread such family secrets, at a time when, after Arthur’s death, Frédéric and his descendants were called to bear the name Rimbaud.

RIMBAUD, Arthur (1854-1891)

Autograph manuscript signed twice « Rimbaud », to Armand Savouré
Harar, 30 March 1890, 1/2 p. in-4°, “R Turner Chafford Mills” watermark
Fold marks, tiny spots, slight tear repaired on lower right margin without affecting the text

Receipt from Harar intended to Armand Savouré, the last before Rimbaud ceased all activity with him
One of just two receipts signed twice and still in private hands


« Extrait de compte n°7,
Monsieur Savouré

Je vous dois : report de compte n°6 th 5 325. –
Reçu au cpte des cartouches : 23 janvier en piastres th 500.
10 février en piastres th 600.
11 février 443.13 café th 2 661.16.
Emballage 50 th 42.5.
Total thalaris 9 129.4.

Vous me devez :
1er février 90 ½ courrier Aden th 3.
22 février 50 th 3.
30 mars 50 th 3
2% commissions sur th 380 h th 76.4.
Réductions… sur 444… café th 211.
Total th 296.4.
Balance à V/crédit fin mars th 8 833.
Bal 9 129.4.
Harar 30 mars 90
Rimbaud.

Donné ordre à Mr. Vian à Aden de payer ladite somme de 8 833 à Mr. Savouré personnellement. Courrier n° 89 et suivant. 28 mars 1890.
Rimbaud
»


Twenty-two autograph receipts from Rimbaud dating from his last stay at Harar (1888-1981) are known, half of which are in public collections (nine at the Jacques Doucet Literary Library, two in Charleville). This receipt, which has remained unpublished, is one of the longest in existence (seventy-five words), and one of the few to be signed twice.

Account statement n°7 follows six others, numbered in the same way, which have been published. It is probably the last in the series. Rimbaud wrote a rageous letter to Savouré less than a month later: “I had no need of your horrible coffees, bought at the cost of so much trouble with the Abyssinians […]”.

The last great Rimbaldian adventure: the desert and weapons

Before joining Africa in 1878, Rimbaud roamed Europe: London, Brussels, Stuttgart, Naples, Milan, Liverpool, Vienna, Rotterdam, Stockholm… He planned to work in Alexandria, but eventually became a foreman in Cyprus. Subsequently, he went on to do small tasks as a coffee sorting supervisor, or a coffee buyer in Harar.
At the same time, in Africa, he paid close attention to the exploitation of musk, ivory and rubber. Then, as we well know, he embarked on arms trafficking in Tadjourah (now Djibouti) in October 1885. He continued by taking the lead of an important caravan to Ankober, crossing the deserts, the volcanic lands, to offer his goods to Menelik II (1844-1913), then king of central Ethiopia, soon that of Harar. The favors of the Abyssinian sovereign were solicited by the Europeans: after the opening of the Suez Canal, many wanted to establish a port on the Red Sea.
Christian and wishing weapons to extend his power, Menelik is quite willing to negotiate on this subject. He therefore welcomed with pleasure both the gifts of diplomats and the offers of traders, of which Rimbaud was a part of. The latter made his third and last trip to the Harar from May 1888 to April 1891.

[RIMBAUD] CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « René Char » to Marianne Oswald
L’Isle [sur-la-Sorgue], 25 April [19]68, 1 p. 1/4 in-8°
Central fold mark

Nice letter to his friend Marianne about their friendship and evoking Rimbaud


Chère Marianne,
Pourquoi mesurer l’amitié – ou douter d’elle – avec nombre de lettres échangées ? Nous rêvons sous la ceinture d’un enfer qui nous laisse bien peu d’air frais pour respirer librement et écrire comme nous aimerions avant d’être enfouis !
Je me doute bien que tu te bats et travailles avec toute ton énergie et ton cœur. Je pense à toi avec amitié.
R. Char
P.S. Mais oui : tu peux dire les poèmes que tu voudras, de moi, dans tes émissions, en premier : “Elisabeth, petite fille” et
[Char rajoute au verso de la lettre]
Plus que jamais je comprends Rimbaud d’être “parti”…»


This end of the letter inevitably recalls “You did well to leave, Arthur Rimbaud”, from his collection Fureur et mystère, published in 1948.

Marianne Oswald (1901-1985), singer and actress, friend of poets, was a remarkable storyteller. She participated in his radio and television programs devoted to poetry.

[RIMBAUD] VERLAINE, Paul (1844-1896)

Les Hommes d’Aujourd’hui
Original edition, n°318, 4 pp. in-4°
Librairie Vanier, n°244, Paris 19 quai St Michel

Famous copy representing Rimbaud painting vowels


First edition of this publication in two sheets with the famous text by Paul Verlaine.
On first page, color xylography depicting Rimbaud as a baby playing with vowels, in reference to his eponymous poem.
As published, of a perfect freshness with intact colors.
Scarce document, especially in this condition.

[RIMBAUD] VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph letter signed « Votre P Verlaine » to l’abbé Louis Le Cardonnel
Paris, 9 Feb[ruary] [18]86, 2 p. 1/4 in-8° on mourning paper
Fold marks, some stains

Verlaine is looking for the manuscript of Les Illuminations


« Mon cher Le Cardonnel
On ne vous voie plus ; que devenez-vous donc ?
Combien j’aimerais à vous voir !
Tâchez d’avoir le plus tôt possible les Illuminations et apportez-les-moi en toute hâte.
Très pressé
[en] vue [d’] une édition probable de Rimbaud complet[e].
– Hélas 15 ans tout ce que cette femme intelligente
[Mathilde Mauté] n’en détient ou a [deux mots caviardés] détruit.
Ma situation se fonce ou se défonce, au choix. Je ne sais vraiment où je vais, c’est ce qu’on appelle ne plus vivre. Une inquiétude animale que berce je ne sais quel zutisme qui est peut-être l’espoir en tel lieu.
Je travaille ferme cependant ? Voici presque les mémoires d’un veuf sur le « marbre », et je termine deux autres volumes en prose dont la seconde série des Poètes Maudits.
[…]
Apportez donc enfin les vers et à très bientôt, n’est-ce pas ?
Votre P Verlaine »


All the poems forming the Illuminations were given by Rimbaud to Verlaine during their last meeting, in February 1875, in Stuttgart. A few months later, Verlaine sent a file of “prose poems” (which he did not yet call Les Illuminations) to Germain Nouveau, according to a letter from Verlaine to Ernest Delahaye. The manuscript was then returned to Verlaine, who handed it over to his brother-in-law, Charles de Sivry. The latter kept it for many years before giving it to Louis Le Cardonnel, who entrusted it to one of his friends, Louis Fière. It was from there that Verlaine finally managed to have it sent to Gustave Khan, director of the magazine La Vogue, who published it in May and June 1886.
Verlaine takes on the features of a “Pitiful brother” in the poem “Vagabonds”, in Les Illuminations.

Les Mémoires d’un veuf was published the same year by his publisher, Léon Vanier. The other work to which Verlaine refers may be Louise Leclercq, also published in 1886.

The second edition of Les Poètes maudits appeared in 1888. In addition, there are three portraits in addition to those of Corbière, Rimbaud and Mallarmé: Desbordes-Valmore, Villiers de l’Isle-Adam and Verlaine himself, under the anagram of Pauvre Lélian.
Finally, it is interesting to note that Verlaine here openly accuses his wife of holding or having “destroyed” Rimbaud’s manuscripts.

RILKE, Rainer Maria (1875-1926)

Autograph letter signed « RM Rilke » to Eduard Korrodi
[Glion] 20 March 1926, 8 p. in-8° in blue ink
Fold marks and ink stains

One of Rilke’s most powerful letters, of paramount importance
A true poetic testament written the same year of his death to his friend Eduard Korrodi

Arriving at the twilight of his life, the poet evokes the critical reception reserved for his works, his memories, the influence of Switzerland on his work, his inspirations, then expresses himself on his past works and poems in French to be published, Vergers et Quatrains Valaisans


« Cher Monsieur Korrodi,
Si, dans l’affaire qui m’a tracassé récemment, vous n’avez pu jouer qu’un rôle, d’ailleurs efficace, d’intermédiaire, la grande obligeance de vos lignes a préparé à ma cause un véritable tremplin. Je saute donc (non sans avoir pris d’abord un peu d’élan).
Vous savez (j’ai presque honte de souligner sans cesse le même fait) que je ne lis jamais, en règle générale, ce que l’on publie sur mes livres (pour ne pas devoir abandonner ma position centrale à l’intérieur de mon travail) ; je n’aurai donc pas vu d’avantage certains petits calices où s’éventait, semble-t-il, tout espèce de lies, et que me tendaient des journaux et des revues allemandes (à l’occasion de l’impression de quelques poèmes écrits en français). Le goût de ces liqueurs néanmoins doit avoir été fort déplaisant, puisque, de plusieurs côtés, de jeunes amis ont tenu à m’offrir leurs forces et leurs armes pour me justifier ou me défendre. Dans un cas particulier, j’ai même accepté un service de ce genre ; en effet, dans un certain article que l’on mit sous mes yeux, l’attaque était si curieusement déplacée qu’elle semblait viser, plus que moi, tout un groupe de personnes à qui je ne dois depuis longtemps que bienfaits. Pour le reste, le bruit qu’avait fait un incident aussi secondaire devait finir de lui-même, comme tout bruit.
Mais j’ai eu entre les mains cette semaine les dernières épreuves de ce livre de vers français qui va paraître prochainement dans la collection
« Une œuvre, un portrait » (aux éditions de la Nouvelle Revue française). Je ne sais si la modeste apparition de ce petit choix va renouveler et aggraver les reproches qui m’ont été adressés. Mais dès aujourd’hui, cher Monsieur Korrodi, je vous demande la faveur de faire de vous le complice et le défenseur des vraies raisons qui sont à l’origine de cette production marginale et de sa publication. L’absurde apparaît, pour le moins, superflu ; et c’est dans cette rubrique de l’absurde superflu que je serai forcé de ranger les hypothèses auxquelles mes essais pour arracher à une langue qui n’est pas originellement la mienne un accent qui me soit propre, ont donné lieu.
Après tout (n’est-ce pas ?), personne n’est tenu de savoir quelle importance de plus en plus grande la généreuse hospitalité de la Suisse devait prendre après ces années d’interruption et de très profond trouble, pour la poursuite de ma vie et de mon travail ; et je me demande si je suis tenu, à mon tour, à m’exprimer sur ces rencontres ? J’ai jugé suffisant d’en présenter, un à un, les résultats. Il faut compter parmi eux, après les
Sonnets à Orphée et le recueil des Élégies [de Duino], cette réunion de vers français à laquelle eût parfaitement convenu le titre « Nebenstunden » (choisi par la Reine Christine de Suède pour certains cahiers). « Heures marginales » : mais dans lesquelles ne s’en imposait pas moins un sentiment essentiel. Le sentiment de ce pur et grandiose paysage d’où m’était venu, dans des années de solitude et de concentration, un secours incessant et inépuisable. Depuis ces premiers essais juvéniles où cherchaient à transparaître des influences de ma partie pragoise, je ne m’étais plus jamais senti entraîné à célébrer directement dans un poème un lieu vécu, à le « chanter » ; et voilà que dans la troisième année de mon installation là-bas, s’éleva en moi une voix valaisanne, si forte, si autonome que la langue involontaire s’imposa avant même que je lui en eusse accordé le moindre droit. Il ne s’agit pas ici d’un travail intentionnel, mais d’un étonnement, d’une soumission, d’une conquête. De la joie de faire ses preuves sur un paysage de mieux en mieux compris ; et de découvrir une possibilité d’échanges dans le domaine de la sonorité, de ses accents propres.
Enfin, s’il faut tout dire, du plaisir de se retrouver plus jeune, presque jeune, dans l’usage d’une seconde langue dont on n’avait fait jusqu’alors qu’un usage passif ou pratique, et dont la crue (ainsi qu’on l’avait éprouvé, jeune, avec la sienne propre) se mettait à vous porter, maintenant, dans l’espace de la vie anonyme.
Ainsi donc, de naissance, ce livre de poèmes et d’abord un livre suisse, et j’ai trouvé juste à côté du titre Vergers, choisi par des amis, le titre du groupe de poèmes le plus long, autour duquel s’étaient rassemblés les autres vers, les Quatrains valaisans, figure aussi sur la couverture.
La publication de ces poèmes n’a pas été plus intentionnelle que leur naissance. Et là, je dois sans doute avouer un peu de faiblesse. Certes, quand j’en confiais quelques-uns à Paul Valéry pour sa belle revue
Commerces, je jugeais presque invraisemblable qu’aucun pût satisfaire aux exigences de la revue. Même quand l’inattendu se fut produit et que la Nouvelle Revue française me demanda d’autres vers, j’étais encore loin de prévoir où cette docilité m’entraînerait. S’il en résulte aujourd’hui la parution imminente d’un choix (dû à mes amis) de mes vers français, c’est qu’une série de circonstances m’ont converti à cet accord et à ce risque. Le désir, avant tout, d’offrir au canton du Valais le témoignage d’une reconnaissance plus que privée pour tout ce que j’ai reçu (du pays et des gens).
Ensuite, celui d’être plus visiblement lié, à titre de modeste écolier et d’immodeste obligé, à la France et à l’incomparable Paris, qui représentent tout un monde dans mon évolution et mes souvenirs. Et, à l’arrière-plan, la pensée que ne pourrait guère réussir jamais pour ma poésie ce qui vient d’être atteint pour la prose des
Cahiers de M. L. Brigge : une transposition vraiment fidèle et légitime.
Par Maurice Betz : en préparation chez Émile-Paul frères, Paris, rue de l’Abbaye 14. La connaissance que l’on prend de mon travail par cette traduction risque finalement d’être mieux complétée par mes vers français (même si on ne voit en eux qu’une « curiosité ») que par tout effort pour donner de la structure allemande de mes poèmes adultes une imprécise approximation française.
Ici prend fin, autant que je peux voir, ma ronde autour de ma « cause », dont je n’ai nullement voulu faire, en tournant autour, une place fortifiée ; bien plutôt la révéler enfin telle qu’elle est, dans son ouverture, sa candeur et, si l’on peut dire, sa lyrique rusticité.
Il fallait bien déposer quelque part, pour demain ou après-demain, l’étalon qui aidera les esprits ordrés à donner au produit
Vergers sa juste place dans le contexte de ma vie. Ceux qui se scandalisent de ce petit livre, je n’ai rien à faire avec eux ; avec ceux qu’il étonne, je me sens lié par ma propre surprise heureuse.
Mais à vous-même, cher Monsieur Korrodi, je me sens, au moment de vous quitter, plus particulièrement lié par la conviction que, dans votre vieil et sincère intérêt pour moi, s’il se fût agi de trouver des arguments, votre intuition vous eût suggéré à peu près ceux que j’énumère ici.
A quoi s’ajoutent toutes les autres raisons de mon attachement durable et reconnaissant.
Votre dévoué
RM Rilke
PS : La « Revue de Genève » me fait l’honneur de publier dans son numéro d’avril dix ou douzes pièces des
Quatrains Valaisans. Le titre du petit volume, dans la série « Une œuvre, un portrait » est : Vergers suivi des Quatrains valaisans.
Et encore une chose : le livre ci-joint qui selon « la répartition des rôles » la plus stricte relève de votre domaine de compétence, a dû être ces temps derniers recommandé à votre attention et à votre appréciation. Je l’avais déniché fin janvier dans une petite mercerie à Glion avant même qu’il ne reçoive la reconnaissance d’un prix littéraire (le prix des « Amis des lettres françaises ») et il m’a réservé le soir même ce genre de surprise intense qu’on associe rarement à un nom nouveau et à un premier livre. Lisez-le sans tarder »


This eight-page letter was written by Rilke on March 20, 1926, during his penultimate stay at the Val-Mont sanatorium in Gelon, Valais, where he returned one last time a few months later to die there on December 29, 1926. (From a rose thorn that would have caused sepsis, says a legend, and more likely from leukemia that had weakened him for several years.)

The Austrian poet has just published for the first time poems that he composed in French, and it is this choice that he intends to defend and explain to Eduard Korrodi. The latter, in fact, was surprised in the newspaper where he reigns over the cultural notebook (the “Feuilleton”, in German) of the Neue Zürcher Zeitung, founded in 1780 and considered throughout the world as the Swiss-German daily of reference. From 1914 until his death in 1950, Korrodi served as a critic as a “pope of literature” or even as a “federal prosecutor” (according to Max Frisch).

[BAUDELAIRE] CARJAT, Étienne (1828-1906)

Period albumen print
[Paris, between late 1861 and early 1862]. Wet stamp « Et. Carjat »
Mounted on thick cardboard with embossed photographer’s credit
Cropped corners, some stains, eyes post processed by the photographer, some pen annotations on verso

Étienne Carjat’s masterpiece, the only known period print


Friend of the poet, the photographer is also a caricaturist and editor of periodicals. He hosts texts from Baudelaire in his weekly Le Boulevard. Above all, he left magnificent photographic portraits of him, taken during three sessions, at the end of 1861 or the beginning of 1862, in 1863 and in 1866. During the first session, Étienne Carjat takes three different shots, where Charles Baudelaire appears in three successive poses: standing, sitting, and, as here, in bust — the most intense with his dramatic close framing. These portraits were the subject of an advertisement for sale published in Le Boulevard on January 12, 1862.

This period print is not to be confused with the Woodburytype published later in the Galerie contemporaine series, this period print (during Baudelaire’s lifetime), infinitely rarer, is probably the only one still preserved.

The stamp at the address of rue Laffitte makes it possible to situate this print between the moment when the photograph was taken and the time when Étienne Carjat moved to rue Pigalle, in 1866. He set up his first studio at No. 56, rue Laffitte, in Paris, in 1861, but, facing money problems and disputes with his partners Georges-Mathurin Legé and Sosthène Bergeron-Danguy, he was forced to sell them in 1866 his workshop and his fund. Legé and Bergeron then used a dry stamp keeping the name of Carjat but with theirs added.

This portrait became the most famous of the poet

“It is a great portrait that has nothing to envy to nadar’s portraits, neither the extraordinary seating of the figure, nor the dramatic chiaroscuro that digs the lines, giving the eye an almost unbearable intensity as it is painful” (Cat. Nadar, 1994, p. 84)
Baudelaire may strongly disapprove of photography, but his notebooks report frequent visits to Carjat. Baudelaire says: “This is not perfect, because this perfection is impossible, but I have rarely seen something so good” (quoted from cat. Carjat, 1983, p. 22)

The precious example of Charles Baudelaire’s mother
Caroline Dufaÿs then Baudelaire then Aupick (1794-1871), with whom the poet maintained relations often stormy but passionate and in any case close.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph poem signed « Aragon »
N.p.n.d, 1 p. in-8°

Moving poem from La Diane française


« Dune petite fille massacrée

Vous pourrez revenir ce sera vainement
Surenchérir l’enfer et la bête féroce
Vous pourrez enfoncer la porte avec vos crosses
Allemands

Vous n’éveillerez pas cette enfant. Elle est morte
Avant d’avoir ouvert tout à fait ses grands yeux
Rien ne la tirera du rêve merveilleux
Qui l’emporte

Dans ses cheveux défaits elle dort. On croirait
Vraiment qu’elle va respirer qu’elle respire
Dans ses petites mains la nuit met son empire
En secret

Elle ne porte plus le poids de sa mémoire
La rose pour mourir a simplement pâli
Doucement doucement doucement elle oublie
Vivre et voir

Aragon »


“D’une petite fille massacrée” is written in memory of Jeannie Chancel, daughter of Jean and Mady Chancel, resistance fighters from Saint-Donat and friends of the Aragon couple. The day after a parachute drop of equipment on the night of June 14 to 15, 1944, supervised by Jean Chancel and in which Aragon and Elsa participated, the Germans organized a punitive operation in the village: they carried out looting and massacres. The thirteen-year-old girl, who is sick, cannot escape with most of the inhabitants. Staying with friends, she was raped and died on 24 August of meningitis.

This tragic existence finds an echo in each trissyllable that closes its quatrain of alexandrins, mimicking a death as premature as it is brutal.

This poem is one of six unpublished works included in the collection La Diane française. It reveals in filigree Rimbaud’s poem “Le Dormeur du val”; we do not ignore the admiration of the resistant for the Seer.

[DELACROIX] SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed « G.S. » to Eugène Delacroix
[Nohant, 13 August 1843], 4 p. in-8°, autograph address on fourth folio
Broken wax seal

Extraordinary letter, as Sand has only very rarely written, with the darkest confidences and testifying to her unwavering admiration for her friend Delacroix


« Cher bon vieux, Je vois que vous avez fait un assez ennuyeux voyage et une arrivée plus ennuyeuse encore. Mais vous allez vous plonger dans le travail, faire ­­­des choses superbes, avoir un coup de feu magnifique ; un instant de satisfaction légitime en regardant le réussi vous fera oublier les semaines et les mois de fatigue et de contrariété.
C’est nous qui devrions nous plaindre, nous qui menons une petite vie si monotone, si bourgeoise, et qui nous regardons tout ébahis de notre bêtise quand vous nous quittez. Et puis nous attendons un an pour recommencer avec vous quelques jours d’entrain et de joie. Cependant nous portons notre joug avec la patience de nos bœufs, Chopin avec sa santé souffreteuse et résignée, Maurice avec son caractère d’enfant au maillot, moi avec ma montagne de pierres qui à force de peser sur moi est devenue adhérente à mon individu. Ce n’est pas une grande force d’esprit qui me soutient comme vous le croyez. C’est une grande lassitude de toutes les satisfactions personnelles qui paraissent si grandes tant qu’on est jeune et qu’on les poursuit, et puis qui semblent si peu de chose quand on ne les espère plus et qu’on a plus de force de courir après. Bref, je n’existe plus, je vous l’ai dit. Il y a trois ans bien comptés que je suis morte, m’étant suicidée volontairement pour m’empêcher de mourir et ne pas trainer une ridicule agonie. Mon idéal n’est plus dans ma vie réelle. Il est dans un autre monde, dans un autre siècle, dans une autre humanité, ou je suis certaine de me réveiller un jour après le salutaire repos de la mort. En attendant, je fais des romans, parce que c’est une manière de vivre hors de moi. Ce parti pris de ne rien vouloir et de ne rien chercher pour moi, je suis devenue indulgente pour beaucoup de choses et la vie ne me parait plus si enivrante, ni amère. Vous conseillerai-je de vous annihiler comme moi ? Non, je m’en garderai bien. Puisque tant de choses vous paraissent encore émouvantes, pénibles, insupportables, c’est que d’autres choses vous apparaissent encore désirables et délicieuses. Il n’y a pas à dire, on ne sent vivement la douleur que parce qu’on sent vivement la joie. Vous êtes donc plus jeune que moi de dix ans, et je ne vous en plains pas trop. Vous avez encore les bénéfices de votre labeur, les consommations de vos souffrances. Vous travaillez dans l’amertume et dans l’ivresse. Excusez du peu.
Allons, travaillez ferme, voilà du beau temps. Je vois dans les journaux que les travaux de la Chambre doivent être finis pour la prochaine session. Vous allez en abattre et du bon. J’espère que cet hiver, vous me permettre d’y mettre le nez. J’ai reçu vos cigares qui sont délicieux et votre briquet qui enfonce les miens. Je vous remercie de votre bon souvenir, et de la peine que vous avez prise d’aller vous casser le nez chez Miss Solange, qui a eu beaucoup de regret de ne pas vous voir. Adieu, chez bon ami, soignez-vous selon la méthode Papet le plus possible, que nous vous retrouvions comme nous vous avons laissé.
Nous vous embrassons tendrement tous les trois, et Polite vous dit mille bêtises et amitiés de cœur.
G.S. »


The confession of this malaise can bring us back to the ethos of the romantic writer, who stands out here more than ever. Indeed, formulas such as “I no longer exist”, “I am dead”, “suicide voluntarily”, “the salutary rest of death”, “want nothing” reveal feelings typical of the evil of the century, theme of the romanticism of the first wave that anticipates the spleen. Thus, even if Sand was born in 1804, nothing prevents her from projecting herself under the Ancien Régime and claiming that “Her ideal is no longer in [her] real life. She is in another world, another century.” For the Revolution is not only the victory of the people, but also that of materialism, which dispossesses all spirituality. It is therefore not surprising to find an explicit mention of suicide.

An affectionate friendship was established between the novelist and the painter. Begun in 1834, it did not end until Delacroix’s death in 1863. They exchanged one of the most beautiful correspondences of the nineteenth century.

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « R. Char » to Marianne Oswald
[N.p.n.d], 1 p. in-4°
Tiny stains, fold marks, small tears on folds

In a letter with poetic tones, Char sends his texts to his storyteller


« Chère Marianne,
Si vous avez passé dimanche parmi les arbres c’était bien pour eux comme pour vous. Voici vos textes dont vous allez avoir besoin. C’est vivant comme un nid sur la fourche d’une branche. Non, c’est cela : parler l’encrier jeté par la fenêtre. Ne soyez pas mécontente. Ça pétille comme un feu de fine écorce.
On se voit ces jours-ci. Je vous appelle quand c’est possible.
A vous
R. Char »


Marianne Oswald (1901-1985), singer and actress, friend of poets, is a remarkable storyteller. She entertained in her radio and television programs devoted to poetry.

VERDI, Giuseppe (1813-1901)

Autograph letter signed « GVerdi » to M. Cartier
Busseto, 25th July 1898, 1 p. in-8° on laid bi-folio paper

Verdi sends his signature to his correspondent


« Mon cher Monsieur Cartier,
N’ayant pas depuis longtemps entendu parler de l’affaire Mollien, je vous avais écrit hier. Aujourd’hui je viens de recevoir votre billet, et je m’empresse de vous envoyer la signature que vous me demandez.
Recevez mes compliments distingués
GVerdi »


We will notice the hesitant writing of Verdi, here in the last years of his life. He was to die three years later at the age of 87.

Verdi’s letters written in French are rather uncommon.

GENET, Jean (1910-1986)

Fragment of an autograph poem
N.p.n.d [Paris, prison de la Santé – 1943], 1/4 p. in4°
Slightly frayed left margin

Precious first draft fragment of a poem composed in Prison and attached to “La Parade”, unpublished in its manuscript version


Canaille oserez-vous me mordre une autre fois ?
Retenez que je suis le page du Monarque.
Vous roulez sous ma main comme un flot sous ma barque.
Votre houle me gonfle, ô ma caille des bois.

ma caille emmitouflée et morte écrasée sous mes doigts.


Genet’s versified work translates into six long pieces collected in a 1948 collection soberly titled Poèmes.
By far the most composite of the poems published in the volume, and the last one that summons the prison universe, “La Parade” (whose title is also that of one of Rimbaud’s most enigmatic Illuminations) is composed of eight partially autonomous pieces, almost all of which were probably written in 1943.
This fragment is composed of a rhyming quatrain embraced and a monostic. We immediately note the presence of a punctuation, almost entirely absent (only two commas and an end period remain) in the collection published in 1948 and taken as it is in the edition of the Pleiade, as well as a variant: “et morte” becomes “écrasée”.
Finally, we note that the hyphenation at the hemstitch in the monostic does not show a comma, unlike the published version.

ZOLA, Alexandrine (1839-1925)

Autograph letter signed « Alexandrine Zola » to Gabriel Thyébaut
[Paris], 7 8bre [octobre] 1906, 8 pp. in-8° à l’encre violette sur papier de deuil

Long and moving testimony of Alexandrine Zola, inconsolable widow after the death of her husband Émile, her “dear friend”, whose soul permeates more than ever the walls of their old house in Médan


« J’ai été bien longue, mon cher ami, pour répondre à votre si bonne et si affectueuse lettre. Je ne m’étais pas imaginée que déjà vous seriez reparti si vite, et je m’en voulais de n’avoir pu aller vous dire bonjour à la mairie […].
Et comme vous, je ne me plains pas de l’été car il se prolonge d’une superbe manière ; et j’en suis satisfaite, quoi que n’ayant pas eu le temps d’en jouir beaucoup, car je ne puis m’en aller en Italie, cette année, je laisserai beaucoup trop de choses émouvantes derrière moi. […].
Le pèlerinage du quatrième anniversaire a été merveilleux, nous avons eu du monde à ne pouvoir se remuer dans ce désolant jardin, qui ne reprend vie que pour quelques heures depuis la terrible catastrophe. Je suis navrée que l’assistance n’ait pas su encore organiser cette douloureuse maison, où je crois toujours mourir à chaque marche, lorsque je monte à ce cabinet de travail dans lequel la vie est partie aussi, et dont l’inscription sur la hotte de la cheminée reste : « Nulla dies sine linea ». Hélas ! mon cher ami l’a suivi jusqu’au dernier jour ; et lorsque je vois le vide partout, je me sauve désolée de n’avoir pu garder tout cela. Son atelier, le billard, notre chambre tout, tout enfin, qui est encore si plein de lui, et si vide en même temps. Et, cependant, si j’avais gardé cette maison, après moi qui sait ce que serait devenu cette maison ? Je me reprends ainsi, en me disant que le destin l’a vendu ainsi et que peut-être était-ce la seule façon de la conserver toujours à sa mémoire. Il faut trouver des raisons sans cesse, pour ne pas s’en aller avant d’attendre la fin naturelle.
Mais qu’est-ce que je fais de tant ouvrir ainsi mon cœur pour vous attrister plus que vous ne l’êtes déjà ; excusez-moi cet instant de faiblesse, ce n’est qu’avec ceux que l’on aime que ces choses arrivent.
Merci de vos paroles si consolantes mais trop flatteuses pour le peu que je fais, je voudrais faire davantage si cela m’était possible.
J’espère d’après ce que m’a dit M. Mesureur
[directeur de l’Assistance publique] que cette pauvre maison reprendra un peu d’existence avec tous les petits être que l’on allait y mettre. Les travaux commenceront en janvier prochain […]
Je vous serre les mains
Alexandrine E Zola »


Émile Zola bought the famous house in 1878 thanks to the earnings of his novel L’Assommoir. The house was enlarged to his idea with the construction of the Germinal and Nana towers. Although the couple moved to 21b rue de Bruxelles in Paris in 1889, they kept Médan’s house until 1902. Zola seems to greatly appreciate the place and wrote eight of his novels including Germinal, Nana, The Beast Within and The Ladies Paradise.
It is also here that the legendary Group of Médan is formed, bringing together Émile Zola, Guy de Maupassant, Joris-Karl Huysmans, Henry Céard, Léon Hennique and Paul Alexis.
Since 1903, a year after the death of the writer, a pilgrimage has been held there in his honor, here evoked by Alexandrine.
In 1905, she donated the property to the Assistance Publique in order to build a convalescent hospital.

Gabriel Thyébaut, intimate of the Zola couple:
Thyébaut met the Zola couple in the course of 1881, the writer was then in the middle of writing his novel Pot-Bouille. Thyébaut then became, in Zola’s own words, “the great jurisconsult and legal counsel of rougon-Macquart.”
Having become intimate with the Zolas, he knew The House of Medan very well and was be invited there countless times for dinners in small groups.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed « V.H. » to pastor Nathanaël Martin-Dupont
Hauteville House, 3 7bre [September 1868], 1 p. in-12° on mourning paper

Victor Hugo grieves the loss of his wife Adèle


« Oui, noble cœur, j’aime.
Oui, noble esprit, je crois.
Au seuil de ma maison, à Hauteville, vous avez lu : Ama
[love], crede [believe]. La grande âme qui est dans la grande clarté voit que je pleure, et sait que j’espère.
Votre ami. V.H. »


This post is written in response to the condolences sent by Pastor Martin-Dupont for the death of Mrs. Victor Hugo.
Adèle Foucher Hugo died a week earlier of cerebral congestion in Brussels on 27 August 1868. She is buried in Villequier with their beloved daughter Léopoldine, who tragically disappeared in a drowning in 1843. Proscribed by the Second Empire, Hugo will only be able to follow the coffin of his late wife to the Franco-Belgian border.

KEROUAC, Jack (1922-1969)

Typed letter signed twice « Jack » and « Jack Kerouac » to Granville H. Jones
[Northport, New York, 22 November 1960] 2 p. in-4°, with envelope
Fold marks, small sport on lower margin of page 2

A fine letter, partly unpublished, in which kerouac speaks of his legendary novel On the Road and the criticism he has been the subject of, his faith in writing, his disgust with celebrity and his vision of the evolution of American society


“Dear Granville,
Your thesis was given to me by Jas. Benenson. It is such a neat volume, I mean the typing, the exhaustive bibliographies, the whole works. It is the only thing too that has made me happy in three years, since the publication of On the Road and the subsequent sickeningness of ‘being famous’ (being used by everybody and his uncle) and of course the nausea of phoney criticisms based on the wrong reasons (as for instance those who ‘admire’ for being so ‘wild & irresponsible’ etc.)
What you’ve written about me has restored my faith in my own writing
. What you say, I knew (not being vain), always knew. But no one ever said it out loud, or cared to say it. And I was becoming terribly discouraged by the scandalous lack of critical fairness.
All my fellow writers look at your title page green withe envy […] it’s the Academic recognition that will really take care of me in my old age (beans money & beans love), NOT the temporary admiration for the wrong reasons coming from the wrong thinkers.
The vision of America is being destroyed now by the beatnik movement which is not the ‘beat generation’ I proposed any more, but a big move-in from intellectual dissident wrecks of all kinds and now even anti-American, America-haters of all kinds with placards who call themselves “beatniks”.
What you’ve written about let’s say is the work of Kerouac the Younger. What comes now, after this, is that of Kerouac the Elder. It will be quite different, harsher, bitterer at times […] But I’m changing. I’m middle aged now and no longer an enthusiastic college boy lyrically feeling America. As Joyce says, first comes the Lyric, then the Dramatic, then the Epic. I hope for me too.
Well I only wanted to thank you and thank you and thank you and also for restoring my love of America which has finally come around for discovering one of her real lovers, but I rambled on like this. But thank you, and for the fine copy of the thesis, which I treasure on my shelf, and I hope you get it published with some university press someday.
Yes, and my “individuality” is such, today, that I fear for the worst between the camps of America-lovers & America-haters so called, the communists who hate America, the FBI who “love” it. Ouch. But fuck em, I’ll go on scribbling. And get a cabin in the woods too, where I just admire the same old eve star… which droopeth on Iowa tonight just as ever, right? no matter what I talk about on this sad letter of beholdenness & shame (shame that I might not live up to what you wrote about me)
Later
Jack […]”


Published in September 1957, On the road brought as much virulent criticism as laudatory praise that permanently affected its author. Kerouac becomes the spearhead of a generation called “Beat Generation”. As the symbolic father of the American counterculture, he exerted a considerable artistic influence on many creators. This letter gives the measure of what Kerouac is revealing in an almost absolute solitude, the example of which can only be found in the United States in Edgar Poe and Herman Melville before him: The presentiment of the completion of American culture and the closure of space, a renewal of literature conceived as a secret and angelic action. When we talk about Kerouac’s typed pages, they have more than for anyone else autograph a truly special value, as his typewriter (with which he wrote On the Road) remains inseparable from his character. It was with its complicity that he expressed the best of his reflections through his most accomplished letters, including this one. Kerouac’s distinctive format was inextricably linked to his process: he typed so quickly that he found the continual reloading of paper would interrupt his process. By joining ten rolls of Teletype paper into a 61-foot-long scroll, which he fed into his typewriter, he was able to more easily capture his spontaneous prose, much like a jazz musician or action painter.

Grandville H. Jones was then a young student at the Carnegie Institute in Pittsburgh and had just devoted his thesis to the writer (the first ever written) under the title Walt Whitman, Thomas Wolfe and Jack Kerouac: Common origins and common aims.

VERDI, Giuseppe (1813-1901)

Autograph letter signed « GVerdi » to John Palven
Busseto, Sant’Agata, 4 Giugno [June] 1897, 1 p. in-8°, with envelope
Pinholes on angles with rusty surface, not affecting the text (see scans)

Verdi wishes to have his pianoforte repaired


[Translated from Italian]

« Busseto.
Sant’Agata 4 June 1897
Dear friend,
If you come to Busseto I would be happy if you could repair my Pianoforte.
I warn you, however, that on Monday and Tuesday I will not be in Sant’Agata and that it would be good if you could write me me again to let me know when exactly you’ll be in Sant’Agata next week.
Cordially
G. Verdi »

[Original text]

« Busseto.
Sant’Agata 4 Giugno 1897
Egregia,
S’Ella viene a Busseto mi farà piacere dare una riparata al mio pianoforte.
L’avverto però che nelle giornate di lunedì e martedì io non sarò a Sant’Agata e sarebbe bene ch’Ella mi scrivesse ancora per darmi il giorno preciso nell’entrante settimana in cui sarebbe a Sant’Agata.
La ringrazio.
G.Verdi »


The fortepiano is a musical instrument with struck strings, played with a keyboard. Succeeding the harpsichord (plucked string instrument), it is the ancestor of the modern piano (struck string instrument). Pronounced piano-forté, the piano forte and pianoforte scripts are also correct.

Romanza per pianoforte remains a famous work in Verdi’s repertoire.

NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910)

Autograph letter signed « Nadar » to Ernest Vaughan from journal L’Aurore
Marseille, 26 8bre [October] [18]99, 2 page in-12, with letterhead « Quand Même »
With autograph envelope

Interesting letter from Nadar concerning an article for L’Aurore and relating to the lack of French mobilization with the Boers – The photographer draws a parallel with his own mobilization in 1848 in the Polish legion


Cher Monsieur Vaughan,
Me permettez-vous de m’adresser à vous pour me tirer d’un ennui ?
J’ai envoyé, il y a plusieurs jours [en] recommandé à Clemenceau un article signé : un volontaire de la légion polonaise en 1848 et relatifs à la présente carence de tout volontaire français à côté des Boers de 99.
Je priais Clemenceau s’il n’utilisait l’article de me le faire retourner d’urgence, vu l’actualité, ayant sa place ailleurs. Sans réponse de notre ami, je vous serais vraiment reconnaissant s’il vous était possible de me faire au plus vite rentrer en possession. Agréez, cher monsieur, l’expression d’une sympathie qui ne date pas d’hier.
Nadar
Et puis je ne vois plus Clemenceau dans mon Aurore de tous les jours. Serait-il malade ?…”


Nadar may not know that Clemenceau is leaving very soon. He left the newspaper (of which he was editor-in-chief) at the end of 1899.

BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph aphorism signed « H. Bergson »
N.p.n.d, 1/4 p. in-8°

Important and unpublished aphorism of the philosopher


« As soon as we love the best in life, we become indifferent to death

H. Bergson »


There are very few sentences about death in the work of the pro-life philosopher. And each one hits the commentators. This is the case of this aphorism, which does not fail to surprise. It marks by its depth and singularity. Admittedly, there are aspects of The Creative evolution (1907) and especially of a precise passage from The Two Sources of Morality and Religion (1932, ch. 3, PUF, coll Quadrige, p. 277).

PUCCINI, Giacomo (1858-1924)

Autograph letter signed « G Puccini » to Antonio Bettolacci
N.p.n.d [Torre del Lago, c. 1900], 3 p. in-8°, in Italian
Marks of previous framing, browning, fold marks

Nice letter from Puccini evoking his opera Tosca


« Caro Bettolacci,
Eccomi a Torre [del lago].
Vorrei vederti – tu mi dirai: sai dove sono – ma ora già mi trovo in piena baraonda e il mio occhio fino e vigile deve gettare lampi per i miei passaporti se mi succedono guai.
Vorrei parlarti circa il caro? – riempimento – Zone – cancellami – quanto? Come? Pensi farli?
Il marchese è di casa? – tu avrai istruzioni in proposito e me le comunicherai – avvertili da domani.
Domenica vado a Pistoia per tornare la sera alle 9, devo collaudare le campane di Tosca.
Lunedì hai occasione di venire al lago? Io resterò tutta la giornata in casa.
Tutto core del tuo
G Puccini »

[Translation]

“Dear Bettolacci,
I have arrived in Torre [del lago].
I would like to see you, you can tell me when: you know where I am; but I am already caught up in chaos, and my fine and vigilant eye must keep a close watch on my passports lest there should be trouble for me.
I would like to talk to you about the expenses – full seating – areas – cancellations; how much? In what way? Do you think we should do it?
The marquis has made himself at home? you will certainly have instructions on the matter and you can tell me about it starting tomorrow
On Sunday I shall go to Pistoia and return at 9 in the evening, I must refine the bells of Tosca.
Will you get a chance to visit on Monday? I am staying at home all day.
Wholeheartedly yours
G Puccini”


The composer alludes to the “campane di Tosca” (Bells of Tosca). These are the bells of the church of San Martino de Bargecchia, whose carillon he imitates in his opera Tosca, created in 1900.
Puccini had a villa in Torre del Lago in Tuscany (province of Lucca), from where an opera festival has been held every year since.

GAUTIER, Théophile (1811-1872)

Autograph poem signed « Théophile Gautier »
[N.p.n.d], 1 p. in-8° in black ink on blue laid paper
Old stamp residue, tiny missing bit on top right angle, fold marks

Famous poem from his collection Enamels and Cameos, the pinnacle of the romantic aesthetic that prefigures the Parnassism movement

« Gautier is the exclusive love of Beauty, with all its subdivisions, expressed in the most appropriate language » (Charles Baudelaire : Théophile Gautier, L’Art romantique – Théophile Gautier)


« Denier vœu

Voilà longtemps que je vous aime :
L’aveu remonte à dix-huit ans ! –
Vous êtes rose, je suis blême ;
J’ai les hivers, vous les printemps.

Des lilas blancs de cimetière
Prés de mes tempes ont fleuri,
J’aurai bientôt la touffe entière
Pour ombrager mon front flétri

Mon soleil pâli qui décline
Va disparaître à l’horizon,
Et sur la funèbre colline
Je vois ma dernière maison.

 Oh ! que de votre lèvre il tombe
Sur ma lèvre un tardif baiser,
Pour que je puisse dans ma tombe
Le cœur tranquille, reposer !

Théophile Gautier »

[English translation]

A long time have I known you… Why,
Full eighteen years, I must confess!
All pink are you; pale, blear am I.
Winters, mine; yours, spring’s comeliness!
 
White cemetery lilacs sprout
Over my temples; but soon, now,
The grove entire will bloom about
My head, to shade my withered brow.
 
Pallid, my sun sinks low, and will
Soon fade on the horizon’s face;
And on the mournful, doleful hill
I see my final dwelling-place.
 
Oh! May you from your lips let fall
A kiss, too long delayed, upon
My own, so that beneath my pall
I may rest, heart at peace, anon!
Théophile Gautier

“Last Wish” is the thirty-second of the thirty-seven poems that make up the collection Enamels and Cameos, which remains the poet’s most famous. Like most other poems, “Last Wish” is constructed of octosyllabic verses in crossed rhymes. If the celebration of spring and death hangs over the whole collection, it is more present here than ever.
Although the first pieces are part of the romantic aesthetic, the essence of the Parnassism conception of the poet evolves as publications progress, there are indeed no less than five between 1852 and 1872.

Manifesto of Art for Art Prefiguring Parnassism

Enamels and Cameos is part of the manifestos of Art for Art’s sake: the cult of beauty, the perfection of form guide the poet, who chooses to retain from the world only the fleeting visions of grace that he glimpses, even through death.

Gautier, the “impeccable poet”

Although Parnassism strives to keep this promise of Art for art’s sake, Gautier intends to put to work in his poetry a sensitivity like no other. The secret and dreamy man, a wonderful distiller of pure poetry, then leads a passionate quest for perfection. He was admired by the great poets of his time such as Mallarmé or Baudelaire; the latter, in his inscription of The Flowers of Evil, describes him as “perfect magician of French letters” and “impeccable poet”. He also conquered Wilde, across the Channel, and the musicians Berlioz, Gounod and Fauré, who made Enamels and Cameos famous by setting texts to music.

Autograph poems from the collection Enamels and Cameos are very scarce

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « René Char » to Marianne Oswald
[N.p.n.d], Tuesday, 1 p. in-4°
Small stains

Char arranges an appointment with his friend Marianne


« Chère amie,
Je ne suis libre qu’à des heures où il doit être difficile de me voir (le matin jusqu’à 10 heures).
J’ai pour 4 ou 5 jours encore de montage d’un petit film qui me prend le plus clair de mon temps. Après j’aurai plus de temps.
Si nous pouvons parler par exemple jeudi à 9 h 1/2 le matin donnez-moi votre acord et je viendrai. Sinon plus tard.
Bien à vous
René Char »


Marianne Oswald (1901-1985), singer and actress, friend of poets, is a remarkable storyteller. She entertained in her radio and television programs devoted to poetry.

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed « Louis Destouches (LF Céline) » to Léon Daudet
[Paris, May 1936], 8 pp. large in-4°
Ink stains, tiny tears on margins, typographical note on first page

Famous letter to Léon Daudet, a few days after the publication of Death on credit. In a solemn tone, Céline develops in detail on his writing style, evokes Journey to the end of the night, Death on credit, its origins, the criticism…
One of the most important letters about his literary work


« Cher Maître, la critique (en général) fait preuve contre mon nouveau livre d’une partialité écœurante. Il s’agit de me faire payer cher le succès du “Voyage” (acquis en grande partie grâce à vous). Tous les moyens sont bons pour me faire passer pour un rusé, un farceur, un maniaque, enfin et surtout, bien plus grave encore, pour un ennuyeux !… Rien n’y manque ! On ne me lit même pas. Le siège est fait ! Il s’agit de nuire le plus possible et de propos délibéré. Sans aucune élémentaire probité morale ou artistique. Évidemment tout ceci est classique. Dans un art quelconque, les ratés forment une proportion de 999/1000e – tout ce qui n’est pas nettement raté provoque une révolution, un déluge de haine. Bon. Mais il me peinerait beaucoup que ce mascaret bilieux vous empêchât au moins de me lire. Je me suis très sincèrement appliqué à cet ouvrage [Mort à crédit], énormément à vrai dire. J’y ai passé depuis quatre ans mes jours et mes nuits en plus de ma misérable pratique au dispensaire (1500 francs par mois). Je ne suis pas riche, j’ai une fille et une mère à ma charge. Le Voyage m’a rapporté environ 1200 francs de rente mensuels. Je situe tous ces chiffres parce qu’ils disent bien les choses telles qu’elles sont. Sur “Mort à crédit” je me suis crevé littéralement. Je l’ai fait le mieux que j’ai pu. Si ceux qui se permettent si lâchement, si impunément de me “piloriser” possédaient le vingtième de ma probité et de mon application, le monde deviendrait aussitôt un édénique séjour, et j’avoue alors que ma littérature deviendrait injuste. Mais nous n’en sommes pas là !
On me fait aussi, profondément je crois, le grief de rompre avec toutes les formes académiques, classiques, consacrées, j’écris dans une sorte de prose parlée, transposée. Je trouve cette manière plus vivante. Ai-je le droit ? Cette forme a ses règles, ses lois, terrible aussi. Vous le savez bien. Que d’autres essayent. Ils verront.
J’ai effacé mon travail derrière moi. Mais il existe. Autre chose, on me reproche aussi, de n’être point latin, classique, méridional (caractères bien définis… élégance… mesure… joliesse… etc…) Je suis très capable d’apprécier les diverses beautés du genre, mais bien incapable de m’y soumettre !…
Je ne suis pas méridional, je suis parisien, breton et flamant de descendance.
J’écris comme je sens.
On me reproche d’être ordurier, de parler vert. Il faut alors reprocher ceci à Rabelais, à Villon, à Brughel à tant d’autres…
Tout ne vient pas de la Renaissance.
On me reproche la cruauté, systématique – que le monde change d’âme, je changerai de forme. D’où me viennent tous ces puristes soudains ? Je ne les vois pas s’élever contre les films de gangsters ! contre “Détective”, contre tant de pornographies qui sont-elles sans excuses. C’est que ces puristes sont aussi des lâches. Ils ne risquent rien surtout anonymement, à vider leur petit fiel contre un auteur solitaire, ils risquent trop contre les formidables intérêts du film ou d’Hachette. Lèches-bottes d’un côté ou farouches défenseurs moraux, selon l’intérêt du bifteak. Sont-ils jaloux de mon expérience vivante ? Évidemment, je n’ai jamais été au lycée. J’ai fait mes bachots, ma médecine, tout en gagnant ma vie. On apprend beaucoup par ce moyen. C’est peut-être ce qu’on me pardonnerait le moins facilement.
Enfin, je suis médecin. On hait les médecins, leur expérience aussi.
En écrivant les livres du genre que vous savez, je risque beaucoup, d’être éliminé de partout, de perdre mes emplois. Je ne fais pas de littérature de repos.
Enfin on me reproche ce qu’on appelle la confusion. L’autre ne me trouve pas vraisemblable !
J’écris dans la formule Rêve éveillé. C’est une formule nordique. Ah ! comme je serais heureux que vous me réserviez un article, non pour me louer (cette demande ne serait digne ni de vous ni de moi) mais pour définir clairement comme vous seul pouvez le faire, avec votre immense autorité, ce qui existe et ce qui n’existe pas de mon livre.

Croyez-moi toujours cher maître très sincèrement reconnaissant et amical
Louis Destouches (LF Céline) »


In the spring of 1936, a lively controversy broke out around Death on credit, published on May 12 by Denoël. A large majority of critics are unfavorable or hostile. None of the book’s advocates had the prestige or enthusiasm of those who had praised his first novel. The two most illustrious positive reviews of Journey to the end of the night came from Descaves and Daudet. However, as for Death on Credit, they did not pronounce themselves, although Céline draws here a real plea to Daudet. The writer’s request for his support will not succeed. He did not hide his bitterness to Henri Mahé in a letter dated May 29: “The criticism has been filthy, right or left, I unite the pinnacle of envious hatred […] Daudet and Descaves have this time screwed up.”

This criticism, unfavorable as a whole, affects Céline all the more as he has “literally put his sould into it”. He feels that this second novel surpasses the first in the realization of his artistic project. He thought his work so successful that he had not planned any promotional gestures or approaches, with the exception of the copies printed nominally for Descaves and Daudet.

[RIMBAUD] Paul VERLAINE (1844-1896)

Autograph letter signed twice « P Verlaine » and « P.V » to Émile Bally
Paris [1st June 1894], 3 p. 1/2 in-8° with autograph envelope
Browning, tears on fold marks, document consolidated with Japan paper
Slight discharge of ink from the second page on the opposite page, indicating that Verlaine folded the document when the ink was not yet dry

The nostalgic Verlaine is looking for the Coin de table (“a Few Friends”), in memory of a tumultuous past alongside Rimbaud


« Cher Monsieur Bally,
[Verlaine commence par présenter ses condoléances suite à la mort de quelqu’un puis répond aux ambitions poétiques de son correspondant] Figurez-vous que je suis au lit depuis un mois, sans pouvoir faire un pas dans la chambre. (Toujours la même jambe gauche !). Or j’ai un tas de paperasses, sur ledit lit, un peu éparpillées partout […]
Elle est très bien [l’épitre poétique d’Emile Bally], autant que j’en puis juger, moi ignorant l’allemand mais connaissant parfaitement les deux Faust par les traductions de Gérard de Nerval, de Blaze de Bury et d’un traducteur très exact, parait-il, dont le nom m’échappe en ce moment. Les vers sont bien rimés, dans le genre encore un peu classique qui sied là. En un mot vous pouvez à bon droit risquer une conférence (est-il temps encore ?)
Un service, si vous pouvez ?
Je vous ai-je crois, déjà parlé d’un amateur de Manchester
[Richard Crowley], mort il y a quelques temps, possesseur d’un grand tableau du maître Fantin-Latour, titré : Coin de table, et représentant, au dessert, autour d’une table amusamment garnie de vaisselles fines et de fleurs, quelques poètes fumant pour la plupart, de buste, grandeur nature.
J’y figure, en compagnie de Rimbaud, Valade, d’Hervilly et trois ou quatre autres, assis ou debout.
Le propriétaire est mort vous disais-je, et son père aurait hérité de cette œuvre qui date de 1872. Si ce monsieur existe encore, s’il est encore en possession du tableau, en cas contraire quel est l’acquéreur actuel de ce tableau ? Voilà ce qu’il m’importerait beaucoup de savoir. Pourriez-vous m’aider dans cette tâche. […] Verlaine »


The third in a series of four “group portraits”, Fantin-Latour’s painting was originally intended to pay homage to Baudelaire in a manner similar to the one he had previously paid to Delacroix. This group portrait, now in the Musée d’Orsay, dates from the first half of 1872 and depicts the poets present at the dinners of the “Vilains Bonshommes”, which Edmond Maître had presented to the painter. Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Léon Valade, Ernest d’Hervilly, Camille Pelletan, Pierre Elzéar, Émile Blémont and Jean Aicard are among the artists. Albert Mérat had refused to pose with Arthur Rimbaud after the incident at the dinner on 2 March 1872.

The painting was exhibited at the Salon of 1872 under the number 604. In September 1872, the work was deposited with the famous art dealer Durand-Ruel and exhibited the work in his gallery on rue Le Pelletier. The painting was then exhibited in the dealer’s London gallery in November of the same year under the title “a Few Friends” (no. 22). It was at this same time that Verlaine and Rimbaud, who were staying in London, met again in the famous painting. Verlaine related it to Edmond Lepeltier in a letter dated November 1872:
« […] Nothing new here, except the presence, among other French paintings (Manet, Monet, Harpignies, Renoir, etc.) of Fantin’s Table Corner. We come out of seeing each other again. It was bought 400 pounds (10,000 fr.) by a richard [Crawley] from Manchester. Fantin for ever! »

Richard Crowley bought the work from Durand-Ruel’s London gallery on 16 November 1872 for the sum of 200 pounds. It remained in the family’s collection until 1897.

MARTIN DU GARD, Roger (1881-1958)

Autograph letter signed « Roger Martin du Gard » to a critic
Porquerolles, 30th June 1922, 6 pp. in-8°
Bespoke leather casing with golden scripts
Ex-libris of Angré Gutzwiller to his motto “In Silentum”

Long and wonderful unpublished letter about his literary career, his influences and more broadly his most famous novel Les Thibault


« Monsieur, je vous avoue que c’est la première fois que je n’éprouve pas une répugnance invincible à donner qqs renseignements sur moi. Mais je me souviens de l’article très remarquable, un des meilleurs que je connaisse, que vous avez écrit sur mon ami André Gide, lequel se trouve actuellement ici auprès de nous, et qui m’a redit l’estime qu’il vous porte. Je me décide donc à vous envoyer, au courant de la plume, quelques précisions biographiques dont vous ferez l’usage que vous voudrez. De cette lettre, écrite sur la plage, avec une plume qu’un mois de bains de mer ou de soleil ont passablement rouillée !
Né en 1881. 41 ans – « Bourgeoisie parisienne », depuis plusieurs générations !… […] À 18 ans, mes livres de chevet étaient les lettres de Flaubert et « Guerre et Paix ». J’ai toujours trouvé la forme habituelle du roman français, étriquée, essoufflée […] J’ai toujours été porté vers les œuvres longues […]
Depuis la guerre, « Les Thibault » […]. C’est mon attraction depuis toujours. L’amitié de Copeau, l’amitié de Gide, une seconde et importante rencontre aussi avec l’œuvre de Dostoïevski, n’ont fait que m’enraciner davantage dans mon sol.
Je ne puis vous parler des « Thibault, » comme vous le voudriez
[…]. Qu’on me laisse travailler tranquille. Ce n’est déjà pas si commode d’exécuter sans trop de défaillances, pendant dix ans peut-être, un plan conçu d’avance, dans un assez grand détail. Je puis vous dire ceci, en effet : le plan sur lequel je travaille prévoit 13 parties, sont 13 volumes au moins (je n’ai osé en annoncer que 7 ou 8 dans mon avertissement) […] Ce plan que j’ai mis plus d’un an à équilibrer, est assez précis, assez détaillé, assez ordonné, pour constituer à l’œuvre une armature solide et permettre de travailler 10 ans de suite sans, je l’espère du moins, compromettre l’unité de l’architecture ; mais je me suis appliqué à le laisser assez élastique pour subir des modifications […]
Une chose que je vous saurais grand gré de dire si vous en avez l’occasion, c’est que « Les Thibault » ne « prouveront » rien ; qu’il n’y a aucun conflit théorique d’idées […] Je voudrais que la pensée fût absente de ce livre. Des êtres, des êtres sans plus. Si je réussi à les évoquer devant vous avec toute la complexité que je vois en eux, l’œuvre vaudra quelque chose. Si je n’y parviens pas, si je ne sais pas donner la vie à ces êtres qui existent jusqu’à présent pour moi seul, faillite complète […].
Roger Martin du Gard »


This long letter, written in the summer of 1922, was most certainly addressed to a literary critic. “Le Pénitencier”, the second chapter of Les Thibaults, appeared on May 20 of the same year and it is probably in response to the questions of his correspondent that the writer proceeds first to a short summary of his career, then to his literary influences, finally to a curriculum vitae of his own work. Martin du Gard rarely came out of his reserve and his modesty prevented him from giving details of his person, as he admits at the beginning of the letter. He criticizes the “French novel”, a concept that he tries to renew through the saga of Les Thibaults.

“I tried to leave it elastic enough to undergo modifications”

It is clear that this is not so much a letter from Martin du Gard as a letter on his works. The writer then takes the side of the reserve by highlighting his work before his own person, as he explains: “Let me work alone”, and to continue on a detailed presentation of Les Thibault.

He evokes very widely the architecture of his novel, the permanent evolution that he infuses into it. If it is already pre-established, the writer will modify its layout over the following years, leaving this elasticity allowing subsequent modifications, modifications that will be an integral part of the final rendering. The last volume, Epilogue, was published in 1940.

It was following the publication of L’Été 1914 (1936), the penultimate novel of the cycle, and despite some controversy with considerable repercussions, that his Roger Martin du Gard received the Nobel Prize for Literature.

MODIGLIANI, Amedeo (1884-1920)

Autograph letter signed « Modigliani » to art dealer Léopold Zborowski
[Nice, New year’s eve 31th December 1918], 2 pp. in-8°
Browning, fold marks, pale ink on some letters, pinhole, small tears on margins

Very scarce letter from Modigliani written in a facetious tone on New Year’s Eve


« Minuit juste.
Mon cher ami.
Je vous embrasse comme j’aurai
[voulu] si j’avais pu… le jour de votre départ.
Je fais la bombe avec Survage
(1) au Coq d’or.
J’ai vendu toutes les toiles.
Envoyez vite l’argent.
Le Champagne coule à flot.
Nous vous souhaitons, à vous et à votre chère femme
(2) les meilleurs vœux pour la nouvelle année.
Resurrectio Vitae.
Ic incipit vita nova.
(3)
Il novo Anno !
Modigliani »
[Survage ajoute « bonne année ! » en russe puis, en français, « Vive Nice vive la première nuit de la première année »]


This letter was sent from Nice, where Modigliani stayed at the instigation of his patron, Leopold Zborowski. The latter managed to convince the painter to leave for the Côte d’Azur in the company of Soutine and Foujita, where he would meet Cendrars, Survage and Paul Guillaume. The artist and his partner, Jeanne Hébuterne, pregnant with their daughter, will stay there for a year. It is on this occasion that Modigliani returns to painting with enthusiasm. Some of his most beautiful works were made during this stay, among which Nu debout, Jolie laitière, Garçon à la veste bleu, but also two of the three landscapes that we know of him, and in a very Cezannian style.

A remarkable fact of this southern period for Modigliani: he is happy for the first time, despite his illness – which will take him away a year later – and his financial worries. He has plans, an optimistic consideration of existence, he has fun, and celebrates the new year with Survage at the Coq d’Or, a Russian cabaret in Nice.

The facetious Modigliani will even go so far as to tease Zborowski by telling him that he has “sold all the paintings”. This is not the case. In the next letter, addressed to the same, the painter will say to him “You are a bundle that does not understand the joke. I didn’t sell anything at all. ».
Survage, later, will also specify that the champagne was in reality only “red wine!”

1- Léopold Survage (1879-1968) arrived in Paris in 1908. He was close to Apollinaire, Férat and his cousin the Baroness of Œttingen, whose lover he became. Friends with Modigliani, he spent a few days by his side in Nice, far from Paris and the big Bertha which pounded the capital at the end of the war, and so that Modigliani could find a more conducive climate for work. Survage is one of the founders of the Golden Section.

2- Anna Zborowska (1885-1978) married Zborowski in 1914. She has often posed for Modigliani, but also for Vallotton, Utrillo, Derain, Foujita and Kisling.

3- Modigliani mistakenly writes “Ic” for “Hic”. There is here an allusion for the beginning of Dante’s Vita Nova: “Here begins the new life.”

GARCÍA LORCA, Federico (1898-1936)

Original drawing titled « Poesia »
N.p.n.d, 1 p. in-8° on double folio
Left margin slightly frayed

Touching drawing of the poet, soberly titled « Poesia »


This ink drawing originally appeared in Juan Ramón Jiménez’s Segunda antología poética, published in 1922. García Lorca had decorated it with two drawings, probably with the intention of offering it to one of his lovers.
The first drawing (this one) opened the chapter “Love Poems

This work, from which emanates a great delicacy, represents a young man, as often in the drawings of the poet, and observed by a personified half-moon. The lines, which are characterized by curved lines, confirm the poet’s aesthetic sense and sensitivity, his mental speed as well as his originality, intuition, hypersensitivity and creativity.

Two generations of Spanish poets:

Juan Ramón Jiménez and García Lorca met in Madrid in 1919. Federico had arrived in the Spanish capital with a letter of introduction from Fernando de los Ríos addressed to the poet de Moguer. When he arrived in Madrid, Federico was very young, and Juan Ramón evokes, many years later, this presence as that of the one who is in front of a very special, almost magical child, a “boy of the moon”.

LISZT, Franz (1811-1886)

Original photograph by Julien Ganz
Period albumen print (1882), cabinet format (14,5 x 10,5 cm)
Mounted on thick cardboard in the photographer’s credit (16,5 x 10,8 cm)
Dark red edge all around
“Liszt” annotation on back side from an unknown hand

Striking and unpublished portrait of the musician


Several variants taken on the same day are known. However, none of them show Liszt staring at the lens. His portrait is all the more intense here.

Some traces of an old assembly mounting on margins, small scratches, and small accidents at the lower corners of the cardboard (see scans), otherwise good condition.

[HUGO] Juliette DROUET (1806-1883)

Autograph letter signed « Juliette » to Victor Hugo
N.p, 12 February [1849], 4 pp. in-8°
Bespoke blue maroquin sleeve-case included
Collection stamp on first page

Fiery love letter to Victor Hugo with numerous erotic allusions


« Bonjour, mon doux petit homme, bonjour, bonjour avec le soleil et l’amour, bonjour.
Il est probable que vous êtes encore enfoui dans vos draps et sous vos couvertures mais je saurai bien vous trouver si vous voulez me laisser attenter à votre pudeur de représentant et d’ex pair de France. J’ai été étonnée hier de la facilité avec laquelle vous avez consenti à sacrifier votre soirée pour une gueulardise au risque de vous ennuier comme un spectateur de l’ile de tohu-bohu. Ceci m’a prouvé que vous vous apparteniez un peu plus que je ne croyais et qu’il suffisait seulement de vous payer de la viande pour avoir vos faveurs qu’à cela ne tienne je vous en fournirai de la viande et des chaires fraiches même si vous en usez.
Puisque vous ne rougissez pas de mettre en action sur vous-même et par vous-même cette infâme devise : Exploitation de l’homme par l’homme… pour l’homme. Je demande à être votre complice. Je vous achète toutes vos soirées à raison d’une bâfrerie tragaldabesque pour chaque. Je m’y ruinerai mais ça m’est égal. D’ailleurs un peu plus tôt un peu plus tard, j’aime mieux que ce soit tout de suite. En tout j’aime le genre violent et expéditif. Courte et bonne voilà comme j’entends la vie. Maintenant que je connais votre tarif je ne m’en priverai pas puisque mes moyens me le permettent. Je ne vous demanderai même pas de vous livrer au dessous du cours. Je veux au contraire tout à la hausse rien à la baisse.
Juliette »


It was at a reading of Lucrezia Borgia, where she played Princess Negroni, that Juliette Drouet met its author, Victor Hugo. They quickly became lovers and the actress’s life would follow the great man’s schedule. She submitted to a double constraint: she was forbidden to go out without him, and had to write daily what he called his “restitus”, the state of her health, her feelings and occupations. She abandoned her theatrical career to devote herself to her lover as a consenting victim. Their relationship was stormy, their jealousy mutual. Juliette, to console herself, sent him letters, sometimes several a day. Their relationship lasted for almost fifty years, until Juliette’s death in 1883.

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed « Le Vte de Chateaubriand » to a gentleman
Paris, 29th 7bre [September] 1815, 4 pp. in-8
Numerous corrections by Chateaubriand on page 2 and 3
Collection stamp on fourth page, previous mounting on left margin

Exceptional letter evoking his acceptance speech at the Academy and the fury of Emperor Napoleon that it provoked


« Je vous remercie, Monsieur, du manuscrit que vous avez bien voulu me communiquer. Il y a quelque chose de vrai dans la note de votre auteur [J.E. Chetwode] ; mais la phrase citée se trouvait dans mon discours même, et venait à la suite d’un morceau très vif contre les Régicides. Ce fut un morceau et un autre, où je réclamais la liberté de la pensée, qui amenèrent les fureurs de Buonaparte et ses nouvelles menaces de me faire fusiller, si jamais mon discours était prononcé en public.  J’avais reçu l’ordre du duc de Rovigo de me présenter pour candidat à l’institut, sous peine d’être enfermé pour le restant de mes jours à Vincennes.
Ne voulant occuper aucune place sous l’assassin du duc d’Enghien, et forcé de me présenter pour occuper celle de
[Marie-Joseph] Chénier, je fis mon discours de manière qu’on serait obligé de me défendre de le prononcer malgré l’éloge de droit don chaque récipiendaire était obligé de couronner son discours. Je réussi dans ce dessein, mais je pensais y perdre la vie ; et l’on se rappelle tout le bruit que cette affaire de l’institut fit dans le temps à Paris.
Je pense donc Monsieur, que l’anecdote racontée par M. Chetwode étant presque entièrement controuvée, elle peut être supprimée sans inconvénients.
Pour mon compte, je désire que l’on parle de moi le moins possible. C’est à vous Monsieur, de suivre là-dessus votre sentiment ; et je vous renouvelle encore mes remerciements pour votre politesse et la délicatesse de votre procédé envers moi.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Le
Vte de Chateaubriand »


Chateaubriand provides here details on his election speech at the Académie française. Marie-Joseph Chénier (brother of the poet guillotined during the Revolution) died on January 10, 1811. His death left vacant a seat at the Institute, in the “second class”, assigned to the language and “French literature”.
“Member of the Second Class” meant nothing to the public. Chateaubriand was therefore not concerned with an honor that would add nothing to his prestige. Moreover, in any case, it could not suit him to replace Chénier, for he would be forced to praise a man who had pursued Atala (Chateaubriand’s early novel), voted for the death of Louis XVI and dragged Catholicism through the mud.

The speech was read in April 1811, before the Academy, not by the author himself, as some voices had requested, but in his absence, and by one of the members of the Commission. Between praise of freedom, attacks on power, demanding the right of the writer to express himself without hindrance, the discourse takes turns of anti-empire pamphlet.
After a short debate that remained secret, a ballot was held deciding, by a majority, that the speech could not be admitted. Chateaubriand, who was waiting in a nearby room, was immediately notified of this decision. Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, one of the emperor’s first hand acquaintances, ran to report this incident, in his eyes more political than literary. Highly irritated, and for good reason, Napoleon took to his account the entirety of the subject, therefore of the attacks. Chateaubriand was forbidden to occupy his seat; he will do so only after the Restoration.

An enmity dating from the assassination of the Duc of Enghien

The personal relations of the great writer and Napoleon Bonaparte spoiled under the Empire, His admiration for Bonaparte was total since 1800, he is even assigned first secretary of embassy in Rome. However, Chateaubriand fell into defiance as soon as the Duc of Enghien was executed in 1804. He immediately resigned and moved into opposition to the Empire.

Chateaubriand will evoke in length to these episodes in his Mémoires d’outre-tombe, volumes III and IV.

GENET, Jean (1910-1986)

Autograph manuscript (first draft)
N.p.n.d [1971], 4 p. 1/2 in-4°
Numerous corrections from the author

Complete manuscript for After the Assassination, in reaction to the murder of George Jackson, and the whole of which takes the form of an advocacy for the black American cause


« Hier, c’est-à-dire quand la vie de George Jackson paraissait encore possible, j’ai parlé de son livre comme meurtre et je ne me doutais pas que le meurtrier serait descendu par la police américaine. Cet assassinat de Jackson par la police américaine, quel que soit le niveau d’autorité qui l’a décidé, c’est un coup monté : il a pu partir des salons de Reagan ou d’un bureau de simples gardiens, la cible restait la même : un Nègre qui pense, qui écrit ce qu’il pense, dont le livre est l’annonce et la préparation d’une révolution noire.
[…] Les Blancs peuvent rire de sa naïveté, Jackson était en effet naïf, c’est-à-dire neuf, c’est-à-dire nouveau, c’est-à-dire dangereux. Maladroits, les blancs l’ont tué. Ils ne l’ont pas grandi, par sa mort ils lui ont enfin donné ses proportions exactes, pourtant incalculables, trop vastes. […] Il n’y a jamais eu, il n’y a pas, il n’y aura jamais de victimes. Si Jackson est responsable de sa démarche révolutionnaire, de son livre et de sa mort, les policiers américains sont responsables, de la même façon, de l’assassinat de Jackson. Les Noirs américains sont responsables et non victimes quand ils acceptent de faire la guerre au Viêt-Nam, à Saint-Domingue, en Bolivie, pour ce que les Américains blancs appellent la grandeur de l’Amérique. Ils sont responsables quand ils acceptent même la plus petite parcelle des bénéfices de l’impérialisme qui s’enrichit des dépouilles des peuples dévastés. L’Europe fait partie aussi de ce vampirisme. Il n’y a qu’un moyen de prouver sa liberté pour une liberté toujours plus grande, c’est d’entrer dans la révolution […] comme tout homme et toute femme qui refusent d’asservir et d’être asservi. […]
Jonathan et George Jackson, Angela Davis, les Panthères noires, les mouvements révolutionnaires noirs ou blancs, ont porté au plus haut degré ou la trahison ou le combat démasqué, donc la conscience d’être responsable.
[…]
Qu’est-ce que la prison ? C’est l’immobilité. « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » (Baudelaire.) […] Même s’il m’est difficile ici de dire comment le monde sera changé, croyez bien qu’on y travaille. Nous ne négligerons rien. Cela nous gêne peut-être de dominer de moins en moins les Noirs, mais c’est qu’ils ne l’acceptent plus. Ils comptent sur leur propre force, non pour nous dominer mais pour nous regarder droit dans les yeux. Ils changent aussi le langage qui n’obéira plus à la définition des maîtres. […]
Qu’était le corps de Jackson dans cette cellule. Ni plus ni moins qu’un autre dans cet espace […]
Il faut porter notre attention sur David Hilliard (huit ans de prison), sur Angela Davis, accusée de complot et de tentative de meurtre, et de tous les Noirs emprisonnés – dans la prison ou dans le ghetto – qui risquent, à tout moment, d’être assassinés comme George et Jonathan Jackson, ou gâchés par le monde blanc. En fait, il faut apprendre à trahir les Blancs que nous sommes. »


George Jackson died in San Quentin Prison on August 21, 1971. The police version claims that he was shot dead following threats to a guard with a revolver while trying to escape, having taken advantage of a riot to flee the neighborhood courtyard, yet under high surveillance. However, official events do not agree with the conclusions drawn from a subsequent investigation, so much so that even today, the mystery hangs over the circumstances of his death. Indeed, Jackson’s trial was scheduled to take place two days later, a trial for which he had been actively preparing. At the end of this trial, he and his two comrades were found innocent for a crime committed nearly two years earlier, on January 13, 1970.

This text is an indispensable complement to Genet’s writings on Jackson. It is a continuation of an article published shortly before, which should be read together. The whole is written in the perspective of a collective work in tribute to the “brothers of Soledad” and, more generally, to all black political prisoners.

Genet’s political commitment took on its full scope from 1970. On February 25, an official of the Black Panther Party asked for his support. Genet refused to sign petitions but offered to conduct campaigns on the spot, in the United States, for the Black Panthers. For two months, he shared their lives and, in their company, tirelessly crisscrossed the American territory, giving countless lectures in universities or in front of the press.

Superb document in which Genet’s revolt for the black American cause explodes.

BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)

Autograph letter signed « Charles » to his mother, Madame Aupick
[Paris], 1st July 1853, 3 p. in-8°
Small tape repair on broken wax seal, without affecting the text

Remarkable introspective letter to his mother in which he develops on will, cornerstone of the Baudelairian creation


« Vendredi –
Je m’attendais bien vaguement à une petite surprise, mais je ne croyais pas que ce fût aussi beau. – Franchement, je suis très enchanté, et je conçois que dans deux ou trois jours, ayant tous les moyens de réparer une fainéantise de six mois, je n’aurai guère d’excuses.
– Quant à la question d’amour-propre, elle est nulle. – Il n’y a pas d’amour-propre possible avec ceux que nous aimons et qui nous aiment. –
Seulement, tu as été prodigue ; – il est possible que je n’accepte qu’une partie de ce que tu m’offres ;par exemple, je ne ferai peut-être payer la chambre le loyer que pour trois mois ; la question de santé, – je m’y connais assez, – peut se résoudre avec quelques drogues et quelques bains de vapeurs.
– Je n’ai maintenant plus qu’une seule inquiétude, c’est que mes créanciers ne se soient permis de bousculer mes précieux paquets et mes malheureuses paperasses, peut-être de les détruire. –
Le 15 juillet, je t’écrirai à Barèges, poste restante,
[ville d’eau et lieu de villégiature du couple Aupick] et il est possible que d’ici là j’aie pu rétablir un peu mes affaires. – Cependant, je ne dois pas me faire d’illusions, j’étais dans une belle situation aux approches du jour de l’an, et il faudra beaucoup d’adresse pour réparer ce qui est gâté.
J’ai à publier quatre volumes de fragments, je n’ai de traité que pour un seul, dont j’ai mangé l’argent. – Retrouverai-je un éditeur ? Pourrai-je rendre à celui-ci la confiance qu’il a perdue ? Je ne saurai tout cela que dans deux moi peut-être. – J’ai de plus la prétention de faire deux drames
[La Fin de Don Juan et L’Ivrogne], et je passe pour incapable de concevoir une donnée dramatique. – Qu’arrivera-t-il, je l’ignore. – Ce qu’il y a de bien certain, c’est que je ne veux plus rien donner au hasard dans ma vie, et que je prétends que la volonté en occupe toute l’étendue. – Je te remercie de tout mon cœur.
À trois mois.
Charles
Quant à Monsieur Aupick, je te supplie de ne pas faire de zèle, – et même d’être muette. »


We know in what financial situation Baudelaire spent much of his life. Thus he solicited his mother on numerous occasions, with whom he had a fusional relationship. This letter follows a more generous sending than usual to help him, which is not customary.
By evoking the publication of “four volumes of fragments”, Baudelaire has clear editorial ambitions: He wishes to bring together critics in different newspapers and magazines that he has previously published to make books. It is not excluded that he also thinks of The Flowers of Evil.
He then refers to projects for the theater; indeed, he did not dream exclusively of himself as a poet, as he recalls in My Heart laid bare:
“As a child, I wanted to either be pope, but a military pope, or an actor.
The pleasure I derived from these two hallucinations.”
However, Baudelaire had little illusion about his talent: “I pass for incapable of conceiving a dramatic piece”. It thus detaches itself from a certain bovarysm. The fact remains that if poetry is not theater, we can detect some theatricality in his work, as Roland Barthes explains in his introduction to the “Théâtre de Baudelaire” (1964): “This powerful theatricality is only in trace state in Baudelaire’s projects, while it largely runs the rest of the Baudelairian work. It is as if Baudelaire had put his theater everywhere, except precisely in his theater projects. »
Finally, the poet, far from attributing this difficulty to chance, seeks to escape it. The whole is thus based on the “will”, the keystone of his conception of creation. “Paysage”, in The Flowers of Evil (second edition, 1861), the first poem in the “Tableaux parisiens” section, praises it, by a quasi-sacralization of the creative will. Witness the incipit: “I want” and the lines “For I will be immersed in this voluptuousness, / To evoke Spring with my will”, which lead the entire poem. Baudelaire makes creation a divine mission.
In postscript, Baudelaire also alludes to what allows us to hypothesize a perspective of appeasement of his relations with his father-in-law.

CEZANNE, Paul (1839-1906)

Autograph letter signed « Paul Cézanne » to Octave Mirbeau
Aix [en-Provence], 11th July 1903, 2 pp. in-8°
Tear on central fold

Scarce letter from Cézanne, ever unsatisfied, in perpetual search for perfection in his art


« Mon cher Mirbeau
Je viens de recevoir une lettre de mon fils qui m’a mis au courant de l’intérêt que vous me portez. Votre point d’appuis moral m’est trop précieux pour que je vous en remercie.
Je continue à chercher à développer par le dessein
[sic] et la couleur l’idée d’art que je crois avoir.
Il me sera sans doute donné malgré mon âge avancé de vous revoir et ce sera une grande joie pour moi de pouvoir causer avec vous de cette donnée d’art qui préoccupe tant de bons esprits.
[He crosses off several words at the end of the letter] Veuillez me agréer croire mes bien cordialesment à vous salutations.
Paul Cezanne

[He adds on verso of first page] Avec tous mes remerciements »


As far as we know, the painter and the critic met only once, in Giverny, at Claude Monet’s house, on November 28, 1894. At the invitation of Monet, who had taken the initiative of the meeting, Mirbeau responded enthusiastically, but not without some fear. Indeed, he knew by reputation the wild character of the Provençal painter “We will go on Wednesday, it is understood […] But, damn, that Cézanne does not forget to come, because I have a violent desire to know him.”
However, despite Cézanne’s many stays in the Paris region over the following years, no other meeting is attested, which does not fail to surprise. The legendary shyness coupled with savagery of the painter, who fled contacts and showed, in society, a disconcerting clumsiness, probably helps to explain that he apparently made no effort to see his admirer again.

This letter is officially motivated by a letter from his son, Paul, who had to meet Mirbeau in circumstances we do not know. This was a new opportunity to draw his benevolent attention to artistic research: “drawing and color”, “the idea of art that I think I have”. – Thus, Cézanne did reveal to his friend Zola, more than twenty years before, in a letter “I always strive to find my pictorial way”. A painter in perpetual search for an absolute through primitive and organic contact, Cézanne has the features of the tortured artist eternally dissatisfied, so much so that he ends up destroying an important part of his work.
Cézanne’s letters alluding to his art were very rare, so he perhaps had difficulty formulating clearly, by means of words, trial and error linked to an evolution of his aesthetic sensibility rather than to rationalizable theories. Still, he expresses his strong desire to see Mirbeau again.
Cézanne appears as a continuator of the French classical spirit as well as a radical innovator through the use of geometry in portraits, still life and the many landscapes he painted. He is considered the “father of modern art”.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph manuscript on his vision of poetry
N.p.n.d [50s], 6 pp. in-4°
Fold marks, slightly creased

Reflections on Revolutionary Poetry


“La poésie est avec le peuple. Elle est contre les tyrans. De tout temps.
Mendiant Homère
Gueux François Villon
Dante l’exilé

Les thèmes de la poésie avec le peuple
La prison
La répression sanglante
La lutte contre la guerre
La construction du socialisme – Utopie – Lamartine / Hugo

De négatif en positif

Le passage du pessimisme à l’optimisme de la victoire
UN GRAND POÈTE LE PROLÉTARIAT

Deux sources à notre poésie révol[utionnaire] contemporaine
L’une la poésie écrite, l’héritage / plein d’approbations généreuses
L’autre le folklore
A côté de Babeuf, le poète athée Sylvain Maréchal
Sous la restauration et Louis-Philippe parmi les meilleurs poètes de la bourgeoisie
Gérard de Nerval
Petrus Borel

Mme Desbordes-Valmore

Béranger

Plus tard 1848
Développement industrie qui força la bourgeoisie française à revoir la méthode forte Empire

Ceci transforme le plus grand poète de ma période antérieure Victor Hugo en un véritable poète révolutionnaire.
Il devient le chantre de 1830 et insurrection contre l’Empire
Châtiments
Napoléon le Petit

Et avec incompréhension commune
Horreur de la répression
Défense de Communards

Depuis 600 ans la guerre
Il a été [Victor Hugo] le dernier des grands poètes que le peuple ait lu

Pourtant Arthur Rimbaud
Mains de Jeanne-Marie [Poème d’Arthur Rimbaud, hymne à la gloire des femmes de la Commune]

La guerre qui a fait naître le Feu a réveillé le folklore

[…]

Desbordes-Valmore
Lyon 1834

Nous n’avons plus d’argent pour enterrer nos morts.
Le prêtre est là, marquant le prix des funérailles ;
Et les corps étendus, troués par les mitrailles,
Attendent un linceul, une croix, un remords.

Le meurtre se fait roi. Le vainqueur siffle et passe.
Où va-t-il ? Au Trésor, toucher le prix du sang.
Il en a bien versé ! mais sa main n’est pas lasse :
Elle a, sans le combattre, égorgé le passant.

Dieu l’a vu. Dieu cueillait comme des fleurs froissées
Les femmes, les enfants, qui s’envolaient aux cieux.
Les hommes… les voilà dans le sang jusqu’aux yeux.
L’air n’a pu balayer tant d’âmes courroucées

Elles ne veulent pas quitter leurs membres morts.

[…]

La poésie est avec le peuple
Elle est contre les tyrans
De tout temps elle vient du peuple
Ses origines /
Homère
François Villon
Hans Sachs

Dante l’exilé
Si les seigneurs ont su se l’attacher
Si Racine et Shakespeare
Ce n’était que dans le temps où le

Pouvoir de la classe possédante était

Un instrument de progrès
Citation de Robespierre et prévision des temps actuels
Au XIXe déjà les grands poètes de la Bourgeoisie reflètent des contradictions et les plus grands, les plus généreux sont du côté du peuple.
En France / Hugo – Rimbaud
En Russie / Nekrassov – Pouchkine
En Angleterre / Shelley – (Marx)
En Allemagne / Büchner – Heine

[…]

Gérard de Nerval
Préface aux Odelettes 
Remarquez une chose, c’est que les Odelettes se chantaient et devenaient même populaires, [en] témoigne cette phrase du Roman Comique : ‘Nous entendîmes la servante, qui, d’une bouche imprégnée d’ail, chantait l’ode du vieux Ronsard’ :
Allons de nos voix
Et de nos luths d’ivoire
Ravir les esprits

[…]

Ce thème du prisonnier
Dans Petrus Borel, dont frère tué en 1830, sur les barricades, quand lui-même emprisonné par Charles X prison des Andelys
Oiseaux ! oiseaux que j’envie
Votre sort et votre vie

RAPPROCHER – TEMPS DU MÉPRIS”


These reflections can be dated from the 50s, when Aragon wrote a long review of the article French Literature of the Great Soviet Encyclopedia. He reviews the errors and inadequacies of this article, and rewrites whole sections of it. Aragon’s work was published in Les Annales n° 17 of 2015, at the same time as his correspondence with Romain Rolland.
This criticism required a bit of organization and a systematic character, even for a scholar like Aragon. These six pages can therefore be related to said review. The historical connections made, the perspective of writers with social and historical movements argue for a proximity with it.

DALÍ, Salvador (1904-198

Original drawings and autograph poem (charcoal on paper)
N.p.n.d [c. 1935], 1 p. in-8° (16 x 20,5 cm)
Some spots

Unpublished poem with superb pencil studies representing surrealist shapes, faces, as well as a masturbation scene


Superb pencil drawings, some of surrealist shapes, others representing faces or a scene of masturbation and fellatio.
The Catalan painter has added an exquisite corpse, which he calls “descriptive poem”, which to our knowledge remained unpublished to this day.

Dalí titled the poem “imperceptible outbreak of nutrition”, he writes, as usual, in phonetic French:

« ge pique ta nuque
ge coupe ton pique
ge nuque ta coupe
ge
j’avale ton mal
ge vide mon mal
J’avale ta male
[…] »

1935 is a turning point in the creation process for the Catalan master. Dalí found the surrealist works too limited, the impossibility of going further in the exploration of this world led him to proceed to a work of introspection leading to paranoia. He worked on this aspect of himself and studied the behavior of the mentally ill, especially people with paranoid tendencies. It will result from this research a method to open one’s mind to the things of the invisible, of the unconscious through the use of the paranoid character present in each of us; it is called the Paranoia-Critical Method, or M.P.C. In painting this will result in the double or even multiple image to which he will remain attached for most of his life.

ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Autograph letter signed « Antonin Artaud » to Adrienne Monnier
Psychiatric Hospital of Ville-Evrard, 4th March 1939, 2 p. in-4° with enveloppe
Tiny spots, fold marks

Delusional and famous letter, often reproduced and long remained the only known text of Artaud for the period 1938-1942


« Melle ADRIENNE MONNIER
Les amis des livres
7 rue de l’Odéon 7
Paris

Asile de Ville-Evrard, 4 mars 1939

ADRIENNE MONNIER

Le Livre de Monelle

Ma chère Adrienne,
Je n’ai pas encore eu le temps de répondre à ta dernière lettre. Et quand je dis le temps, je veux dire que je ne me suis pas trouvé jusqu’ici en humeur de le faire car il m’est arrivé entre temps un avatar des plus désagréables, et j’ai été transféré de Sainte-Anne à Ville-Evrard avec quelque chose de plus que de la brusquerie. Mais depuis je me suis ressaisi et je te réponds. –
– Oui, cette histoire des sosies et vieille comme les siècles, et tous les grands personnages à travers l’histoire se sont trouvés des doubles réels, qu’ils leur ressemblassent physiquement ou non, et qui jouaient leur rôle à leur place, pour le commun du peuple, et seuls les Initiés connaissaient le personnage réel. Tout cela, pour les non-Initiés qui ne savent pas que la vie est entièrement truquée, tient du roman et de la fable. C’est ainsi que j’ai entendu dire chez les Initiés cette énormité incroyable que ce n’est pas le véritable Nicolas II qui aurait été assassiné à Ekaterinenburg par les Bolcheviks et que le Tzarévitch serait encore vivant. C’est ainsi qu’on alimente les rêves des concierges. Mais pour qui sait que la vie est entièrement truquée par les Initiés, celui-là trouvera que les concierges n’ont pas tort. Et d’ailleurs les concierges ne pensent ce qu’ils pensent que parce qu’ils voient tout ce qu’ils voient ; Et n’est pas concierge qui veut !
C’est ainsi que tous les Initiés savent que Von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères d’Allemagne a été assassiné à Paris dans la nuit du 7 au 8 décembre 1938 et Mr Edouard Daladier est le seul à ne pas le savoir. Et c’est un sosie de lui qui a pris son nom et qui s’est fait réexpédier en vitesse de Varsovie à Berlin par R. Beck, lors de son voyage en Pologne. – Tu n’avais pas besoin de me confirmer le fait. Il y a longtemps que je suis au courant de cette histoire, que tout le monde connaît d’ailleurs mais que personne n’a eu le droit de dire, paraît-il, sous peine de se voir exécuter par la police des Initiés. La puissance du papier imprimé est très forte, je suis de ton avis et celle des Initiés sur l’esprit du grand public est aussi très forte pour qu’on ait réussi à cacher un fait aussi énorme que l’« exécution »  à Paris du ministre des Affaires étrangères d’Allemagne, et pour qu’on ait réussi à accréditer ce mensonge que l’homme de paille payé par les Initiés, qui le remplace, est ce Von Ribbentrop qui a signé la Déclaration franco-allemande du Quai d’Orsay. –
D’ailleurs toute l’histoire du monde est ainsi. Beaucoup des grands évènements du monde n’ont pas été provoqués par ceux à qui l’histoire les attribue. Ni Joffre ni Gallieni n’ont gagné la bataille de la Marne, mais de Langle de Cary y fut pour beaucoup. Et dans le domaine de la création littéraire, artistique ou philosophique c’est encore pire. J.S. Bach n’est pas l’auteur des œuvres qui lui sont attribuées. Il les vola à un autre et les signa de son nom. Les œuvres signées J.S. Bach sont d’un caractère musical unique en occident et l’ont sait d’ailleurs qui les a faites, mais les Initiés ont jeté l’interdit sur le nom de leur inouï créateur. De même le mystère Shakespeare est une histoire d’Initiés. Et tu sais pourquoi et comment. De même la fameuse « Guerre des Deux Roses » qui fut ignorée de ses contemporains. Et les envoûtements en oubli ne furent pas pour rien dans cette ignorance stupéfiante. –
Maintenant toi qui est une grammairienne et une linguiste consommée explique-moi donc le sens psychologique exact de l’expression suivante : « J’AI LA TÊTE PRÈS DU BONNET » car à y réfléchir ce n’est pas si simple que cela. Et pourquoi ne dirait-on pas aussi : « j’ai le cœur près du bonnet », puisque pour certaines sectes occultes, c’est le cœur qui tient lieu de tête, et la tête n’existe pas. – Voir artère coronale. En ce qui me concerne moi le cœur pour le peu qu’il m’en reste est certainement près du bonnet, car sans lui il aurait sauté.
Certains Mayas à Mexico m’ont parlé de l’artère coronale dans la tradition des Mayas du Yucatan, telle qu’elle a été recueillie par les Mayas Quichés. Et à ce propos qu’a-t-on fait de mon livre : Le Voyage au Pays des Tarahumaras. Les Tarahumaras sont au nord et les Mayas au sud, c’est entendu, mais c’est le Mexique et j’ai écrit un livre sur le Mexique, on l’a publié et je n’ai même pas vu l’édition. Ça fait le 4eme qu’on m’escamote. Si vous croyez que ça peut continuer, vous vous trompez, ÇA NE PEUT PLUS. –
Les choses sont allées trop loin et il va falloir renverser les choses et cela Monelle est ce que vous avez vu ;
Tu as raison, toutes les déesses de l’antiquité étaient des menteuses, par exemple Bogaïlla mais elles mentent mal et leurs mensonges ne les mèneront pas loin car elles ont fini par se cocufier elles-mêmes, et elles sont toutes actuellement en pleine déperdition. Et c’est le noyau même chez chacune d’elles qui est irrémédiablement gangrenée. Tout cela est une passe pour rien.
Une création à recommencer.
Antonin Artaud.

[Il rajoute en marge de la première page]
Je n’ai pas d’argent et pas de timbres pour mes lettres, en général Et mes Editeurs me doivent beaucoup d’argent !

[Il rajoute en marge de la deuxième page]
ET CE SERA LA PREMIÈRE FOIS DANS LA RONDE DE TOUS LES MONDES QU’UN ÊTRE À L’ÉTAT INCARNE AURA GAGNE LES VÉRITÉS DERNIÈRES. »


Artaud was subjected to intense physical pain attributed to hereditary syphilis that he struggled with for much of his life, pain that he alleviated with medication and drugs. He spent his last years interned in various psychiatric hospitals. On February 22, 1939, Dr. Longuet, at the Sainte-Anne psychiatric center, wrote: “Delusional syndrome of paranoid structure, active ideas of persecution, poisoning, split personality. Psychic excitation by interval. Old drug addiction. Can be transferred. In the aftermath, the writer joined the hospital of Ville-Evrard, where he remained a little less than four years, without receiving any treatment, his condition being considered incurable.

He wrote many letters during this period. The second was sent to Adrienne Monier, writer and editor, on 4 March, barely three days after his arrival. This missive evokes the “Initiated” and “Non-Initiated”. In the eyes of his correspondent, Artaud transforms what psychiatrists call “bouts of delirium” into a real imaginative richness.

“All the great characters throughout history have found real doubles (…) and only the Initiated know the real character”
In this letter, Artaud, plagued by paranoid delusions, envisions two parallel worlds that overlap, one being that of the “Initiated” and the other that of the “Uninitiated.” The second is a life “completely rigged” by the “Initiated”, a fake and manipulated copy, when the first is reality. By “Initiated” we must understand those pulling the strings of a plot to persecute the writer. This makes all the more sense when we know that he conceives of madness as an invention of society intended to exclude his detractors.

“An enlightened revolutionary” (Dr. Chanès)
The parallel reading of Artaud’s letter with Dr. Chanès’ “Certificate of Fortnight of March 14, 1939” gives us an interesting key to understanding in that we have a supposedly rational interpretation, so to speak, of the writer’s literally delusional remarks. Thus we read in this certificate that the “Initiated” are indeed “the people in power, at the head of politics, the police, the administration, etc.”, with the diagnosis that Artaud is “a poet who wanted to realize his revolutionary conception of the world.”

Commenting on this letter, published in April 1939 in La Gazette des amis des livres (n° 6-7), Adrienne Monnier revealed: “This is the first time in my life that I have received a letter from Antonin Artaud. I was sure I had never written to him personally. But after reading everything he says, I wonder with concern if my double has not made his own… and if things have not been devilishly far, since we are at the point of being very familiar to each other. »

BEAUMARCHAIS (de), Pierre-Augustin Caron (1732-1799)

Autograph letter signed « Beaumarchais » to comedian Préville
Paris, 31st March 1784, 2 pp. in-8°, watermarked laid paper
Autograph address on fourth page, some corrections
Spots and tiny browning, fold mark, missing bit on second folio (broken seal) without affecting the text

Very scarce letter from Beaumarchais entirely about to The Marriage of Figaro, written less than a month before the first official performance

From the Raphaël Esmerian collection


« Paris ce 31 Mars 1784
Nous nous sommes trompés tous les deux, mon vieil ami. Je tremblais que vous ne quittassiez le théâtre à Pâques ; et vous, mon vieil ami, vous étiez dans l’opinion que le Mariage de Figaro ne pouvait pas se jouer.
Mais il ne faut jamais désespérer de garder un acteur que le public adore ni de voir vaincre un auteur courageux qui croit avoir raison et qui ne se dégoûte pas par les dégoûts.
J’ai, mon vieil ami, le bon du Roi, le bon du Ministre, le bon du lieutenant de Police. Il ne manque plus que le vôtre pour voir un beau tapage à la rentrée. Allons mon ami. C’est bien peu de chose que ma pièce ; mais la voir au théâtre est le fruit de quatre ans de combats ; voilà ce qui m’y attache.
Quel mal ils m’ont fait ces méchants ! Deux ans plus tôt, mon ami Préville aurait assuré le succès de mes cinq actes. Aujourd’hui le charme qu’il répandra sur un moindre rôle fera bien regretter qu’il ne joue pas le premier !
On me conseille l’étude et les répétitions sans éclat ; et nous sommes convenus d’agir, mais sans rien dire. D’azincourt et La Porte se sont chargés d’écrire à tout le monde, en recommandant le silence, afin que notre bonne fortune ne finisse pas encore une fois par en devenir une de capucin.
Je vous salue, vous honore et vous aime.
Beaumarchais »


The Marriage of Figaro is a comedy in five acts by Beaumarchais written in 1778, read at the Comédie-Française in 1781, performed privately in 1783, but which official public performance did not take place until April 27, 1784 at the Théâtre François (now the Théâtre de l’Odéon), barely a month after our letter.

« My play isn’t a big thing ; but seeing it in the theater is the result of four years of fighting »
For years, the play was censored. Louis XVI described it as “execrable, which plays with all that is respectable” and assures that “the representation could only be an unfortunate inconsistency, unless the Bastille was destroyed”.
In March 1784, it was the positive opinion of the sixth censor, Bret, which was endorsed by a “court of decency and taste”, presided over by baron de Breteuil. The premiere of The Marriage of Figaro at the Comédie-Française, on 27 April 1784, was a triumph, confirmed by the sixty-seven performances that followed the same year.

The genesis of a popular rumble that prefigures the Revolution of 1789
A masterpiece of French and universal theatre, the play is considered one of the harbingers of the French Revolution. Indeed, it openly denounces the privileges of the nobility and the clergy, the unequal society and the venal justice of the Ancien Régime.
The climax of this political and social satire is the famous monologue of Figaro (Act V, scene 3), a piece of bravery attacking the established order. Moreover, this pre-revolutionary manifesto is then the longest monologue of the French theater.
Two years after its first performance, the play was adapted into an opera by Mozart under the title Le nozze di Figaro.

Préville (1721-1799), Beaumarchais’ favorite actor, had already been given the title role by Beaumarchais for his play The Barber of Seville in 1775. Aging at the time of the first official performance of The Marriage of Figaro, he finally embodies Brid’oison, secondary character, to leave the role of Figaro to Dazincourt (1747-1809).

One of the most important letters of Beaumarchais’ correspondence

APOLLINAIRE, Guillaume (1880-1918)

Epistolary autograph poem signed « Guillaume Apollinaire », to André Billy
Nîmes, 20th March 1915, 1 p. in-8° on Café Tortoni’s letterhead
Some spots, tears on margins, fold mark

A brilliant poetic epistle improvised from the Café Tortoni in Nîmes, where the poet had his habits


« De l’École et de la Roulette
Tu me fais un tableau charmant
Mais pour toi combien je regrette
O Billy ton emmerdement

Tu t’en iras bientôt j’espère
Près des Cocteau près des Romains
Peut-être y verras-tu Royère
Auquel je baise les deux mains

Car c’est un cœur et c’est une âme
et c’est un poète en un mot
Sur son beau front brille une flamme
Dans sa main fleurit un rameau

Mais moi pour l’Hellespont antique
Ne suis pas parti cette fois
Il fait un soleil électrique
Voici venir le plus doux mois »


It is always moving, even when the text is known, to discover its first handwritten version. This is the case for this poem, part of an epistolary correspondence between Apollinaire and his friend André Billy (1882-1971) during the great war, in March 1915, unveiled after more than a hundred years. We immediately note the absence of punctuation, dear to the poet.

Correspondence in epistolary poems with the man who was, two years earlier, the dedicatee of the poem L’Émigrant de Landor Road in the collection Alcools.
In March 1915, André Billy had remained in Paris, where he was annoyed, while Wilhelm de Kostrowitzky following his voluntary enlistment was training in Nîmes in the artillery and used abundantly the stationery of the Tortoni café where he had his habits. André Billy was a journalist and in August 1915 he was going to publish in the Mercure de France part of their “Correspondance poétique”, taking care, however, not to write the names in clear. The number in blue in the margin of the manuscript is probably intended for The Mercure. André Billy had commented on this publication almost on the spot: “Young writers, torn by the war from their favorite occupations, have adopted a charming use: they correspond in verse, which proves at least, we will agree, a morale of all rest. /We have before us a number of these poetic epistles. Let us hope that someone, later, will bring them all together.
They are valuable literary and psychological documents. ». This means that these poems written quickly without a doubt were however more or less clearly intended for publication. The authors were aware of the testimonial value of these poems and took care of their texts. As early as 1923, André Billy published this correspondence in his Living Apollinaire, with his own poems that shed light on Apollinaire’s allusions: their mutual friends, the Cevennes Léo Larguier, who was wounded in September 1915 and later sat like Billy at the Académie Goncourt, the young Cocteau, Jules Romains. : names that will become famous in the twentieth century. This poem imbued with nostalgia and melancholy is far from showing the slightest enthusiasm for war.

If we look more closely, it does not lack irony. Billy, waiting for an assignment in the administration, barracked in a school, complains by bantering about his inaction in Paris, furnished by the game of “roulette” that one has some trouble imagining. Apollinaire opposes his wish to see him join the Cocteau, the Romains, that is to say all those who for one reason or another are not in the trenches. Cocteau later enlisted to be finally reformed for health reasons; Jules Romains did not go to war. As for Jean Royère, born in 1871, he could not be mobilized. His presence in the enumeration is curious, we can suspect Apollinaire of having yielded to the constraint of the rhyme in “era”…. while paying tribute to a writer he admired. He was about to be sent to the Dardanelles, which did not happen. Between these two true friends, the humor of the first, which “adds” on his fate, perhaps to hide his embarrassment to be in the company of the “ambushes” as the irony of the second remain on a pleasant mode. On April 26, Apollinaire wrote to Billy: « Je te le dis, André Billy, que cette guerre/C’est Obus-Roi/Beaucoup plus tragique qu’Ubu mais qui n’est guère/Billy crois-moi/Moins burlesque, ô mon vieux, crois-moi c’est très comique ». The fun is gone…

This correspondence testifies, among other things, to the need for soldiers far from their intellectual and emotional background to keep in touch to endure the separation. If Apollinaire in March 1915 had not yet known the front, he already knew that death was lurking.

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed twice, « Des » and « Louis », then on letterhead « Destouches » , to his lawyer Thorvald Mikkelsen and his whife, Lucette Destouches
Københavns Fængsler’s prison, 22nd August 1946, 2 pp. in-4°
Typographic annotation “132” at the top of the first page

Long letter from prison, full of despair, between rage for his situation and tenderness for his wife


« Mon cher Maître, vous me voyez encore tout navré et repentant de vous avoir si fort indisposé par ma lettre absurde à propos de mon chat Bebert ! Vous metterez [sic] j’espère tout ceci sur le compte de la folie et aussi des heures longues de l’emprisonnement où certaines idées tout à fait grotesques s’emparent de l’esprit et puis de la plume… Quelle idiotie ! À mon âge ! Oubliez je vous en prie cette absurdité. Je demeure, avec raison alors je crois, tout à fait anxieux des suites de votre démarche auprès du Ministère. Quelle suite y ont donné ces messieurs ? Pensent-ils à donner une suite ? Pensent-ils à quelque chose ? Pensent-ils ? C’est de DESCARTES le fameux mot qui domine toute la raison française « Je pense donc je suis ». Ces messieurs sont-ils ? Tout est là. Et bien fidèlement. DL.
Mon petit mimi, tu penses que je ne me fais aucune illusion sur mon degré de solitude. Pardi ! j’en aurais des volumes de « solitude » à raconter. Tu dis que K
[aren] (1) te déteste. Et moi l’Hidalgo [Juan Serra] donc ! Te souviens-tu qu’il n’est venu qu’une fois rue Marsollier [adresse familiale de la famille Destouches] pour m’annoncer que toute ma fortune était confisquée (2). Avec quelle joie ! K[aren] ne l’a capturé et maintenu que par jalousie de moi ! C’est un vieux jeu qui prend toujours. Joins-y l’alcool, la fainéantise et puis l’âge. Mais tout ceci est normal, vétilles amusantes d’habitude on n’approche de tout cela que bien décidé à n’en prendre que ce que l’on trouve agréable. Ne pas dépendre de tout ce sale marécage de chichi fastidieux tout est là. Hélas, centuple idiot criminel que je suis, d’avoir perdu et mon indépendance et perte suprême, ma liberté !M’as-tu jamais vu avec une seule illusion sur le monde les hommes et les femmes – A moins que je ne le décide par agrément ? Tout ce que tu penses je le pense et par 1000 ! L’horreur de la prison fait le reste et je t’assure à fond. Je n’ai plus malheureusement assez d’années, de mois à vivre pour dégueuler tout ce que j’ai avalé en ces mois de rancœur, d’humiliation et de haine – une haine à mort – au-delà de la mort – pour cette effroyable injustice que je prends avec le sourire, que je subis gentiment.  Toutefois vers novembre j’aurai assez ri. Un an cela suffit. Tu suis combien je hais les cafouillages. Je me hais de tant cafouiller. Les élections seront faites en France (3). Si je ne suis pas sorti d’ici, je demanderai à rentrer. Que je reste indéfiniment enfermé à Fresnes ou ici quelle différence ? Encore là-bas on sera forcé de me donner une raison précise. On me jugera, les choses iront dans un sens. Ici rien. Je suis enfermé dans un nuage derrière des barreaux. Tout se contredit se modifie. C’est du joujou de mots sur place. Une seule chose est inflexible – la clef. Notre ami a fait des miracles. Je l’ai encombré de ma triste personne au-delà de toute patience humaine. Il me tarde aussi de le libérer. Je ne souffre pas, mais j’ai honte et je m’ennuie. Je m’ennuie du cafouillage, du balbutiage. Personne ne me dit jamais noir sur blanc pourquoi on me tient bouclé et pour combien de temps. Jusqu’à la prochaine guerre ? Jusqu’à ma mort naturelle ? ou que je demande à rentrer ? Cela plutôt je pense – il faudrait qu’une autre hystérie universelle se déclenche, que ces chiens d’hommes soient absorbés par un autre massacre. Nul autre salut pour moi, pour nous. En attendant pense bien à tes mains à ton physique à ton métier. Ne sois la boniche la cendrillon de personne. Cela à aucun prix. C’est déjà assez de la vie, servante en plus, c’est beaucoup trop. Je surveille tes mains – Mange des friandises – Les ultra-violets sur tout le corps semblent te faire du bien. Il faut une cure tous les 3 mois dans ces pays à soleil pâle. Et de la viande rouge. Ma seule dernière joie et de te voir coquette et fringante. Je hais la détresse, la mienne m’écœure assez. Prend encore 5 ou 6 kilos, au moins. Prend au moins 300 couronnes par mois du compte. Il le faut, de l’élégance – du prestige – des muscles – de la lutte – et de la garcerie – totale comme le disait Lesdain (4) – totale. Surveille les journaux, je ne les ai pas encore. Bises à Bebert et à Lucette mignon. Louis »


Hunted down, imprisoned, accused of treason, Louis-Ferdinand Céline does not understand, rebels, defends himself, attacks. Between February and October 1946, he was detained in Copenhagen’s West Prison (Københavns Fængsler). He never stopped writing, defended himself in all directions, read a lot and worked intensively on his next novel, the sequel to Guignol’s band, Féerie pour une autre fois.

(1) Karen Marie Jensen, dancer and former mistress of Celine who in 1942 placed the writer’s funds in the form of gold bars, in a copenhagen bank

(2) This address indicates the memory evoked between June 1939 and February or March 1941. But it is not known on what information Juan Serrat could rely at that time to announce to Celine that he was ruined, unless it was the opening of his safe at the Lloyds bank of Paris by the German authorities on March 14, 1941.

(3) The legislative elections will take place on 10 November, from which the Communist Party will emerge further strengthened.

(4) Jacques de Lesdain, mentioned in particular in D’un château l’autre (p. 234). Celine is probably referring here to comments heard in Sigmaringen.

From August 16, the day after her return to the cell, Celine has ink to write, and this until the end of November. With his new hospitalization will coincide the use, again, of pencil.
It therefore appears that prison letters written between mid-August and the end of November 1946 were written with ink.

GAUGUIN, Paul (1848-1903)

Autograph letter signed « Paul Gauguin » to Daniel de Monfreid
[Tahiti], November 1895, 3 p. 1/4 in-4°
Tears on folds, some spots and browning

Fascinating letter opening the last chapter of his life: his second trip to Polynesia
Gauguin evokes his settlement in Tahiti, his life of sexual and financial debauchery, his desires for painting and his family, who remained in Europe


« Mon cher Daniel
À l’heure où je reçois votre aimable lettre je n’ai pas encore touché un pinceau si ce n’est pour faire un vitrail dans mon atelier. Il m’a fallu rester à Papeete en camp volant, prendre une décision ; finalement me faire construire une grande case tahitienne dans la campagne. Par exemple c’est superbe comme exposition à l’ombre, sur le bord de la route et derrière moi une vue de la montagne épastrouillante. Figurez-vous une grande cage à moineaux grillée de bambous avec toit en chaume de cocotier, divisée en deux parties par les rideaux de mon ancien atelier. Une des deux parties forme chambre à coucher avec très peu de lumière pour avoir de la fraîcheur. L’autre partie a une grande fenêtre en haut pour former atelier. Par terre des nattes et mon ancien tapis persan. Le tout décoré avec étoffes, bibelots et dessins.
Vous voyez que je ne suis pas trop à plaindre pour le moment.
Toutes les nuits des gamines endiablées envahissent mon lit ; j’en avais hier trois pour fonctionner. Je vais cesser cette vie de patachon pour prendre une femme sérieuse à la maison et travailler d’arrache-pied, d’autant plus que je me sens en verve et je crois que je vais faire des travaux meilleurs qu’autrefois.
Mon ancienne femme [Teha’amana] s’est mariée en mon absence et j’ai été obligé de cocufier son mari, mais elle ne peut habiter avec moi, malgré une fugue de 8 jours qu’elle a faite.
Voilà l’endroit de la médaille ; l’envers est moins rassurant. Comme toujours quand je me sens de l’argent dans la poche et des espérances je dépense sans compter, me fiant à l’avenir et à mon talent, puis j’arrive vite au bout du rouleau. Ma maison payée, il va me rester 900 F et je ne reçois de France aucune nouvelle ce qui me fait un peu peur […]
Au reçu de ma lettre voyez Lévy rue St Lazare 57 et dites-lui que je suis très inquiet et de mon argent et de mes affaires de tableaux chez lui.
Si vous êtes à Londres, écrivez à Mollard.
On me dira : Pourquoi allez-vous si loin – Mais quand je suis absent tout près comme en Bretagne par exemple c’est la même chose. […]
Je vois dans votre lettre que vous avez été dans le midi et que vous vous êtes occupé de divorce. Mais vous ne me dites pas comment cette affaire s’est terminée. Que d’ennuis on se crée fatalement avec le mariage cette stupide institution. […]
Voyez ce que j’ai fait du ménage : j’ai filé sans prévenir. Que ma famille se démerde toute seule car s’il n’y a que moi pour l’aider !!!
Je compte bien finir mon existence ici dans ma case parfaitement tranquille. Ah oui, je suis un grand criminel qu’importe. Michel-Ange aussi et je ne suis pas Michel-Ange.
Bien le bonjour à vos amis et à Annette
Tout à vous grandement
Paul Gauguin
J’écris par ce courrier à Schuffenecker »


From the port of Marseille, Gauguin embarked on L’Australien, a steamboat, to arrive in Tahiti on September 9, 1895. Disappointed by the transformations of the small town occupied by more and more foreigners between his first stay (1891) and the new one, he decided to move 13 kilometers away from the capital to settle as close as possible to nature, in Punaauia. It is here that his new traditional Tahitian hut made of bamboo and palm leaves was built with the help of the locals, and which he describes here in detail.

He also evokes, without naming her, Teha’amana, a very young girl whom he married during his first stay (she was then 13 years old), but meanwhile the painter’s absence, between 1893 and 1895, married another man, Ma’ari. When he arrived in the autumn of 1895, Gauguin waved at her, she became his vahinée again. The romance lasted only a week, during which Gauguin boasted of having “cuckolded” the said Ma’ari: “My former wife married in my absence and I was forced to cuckold her husband.”
The painter refrains to say that Teha’amana was horrified by the syphilitic wounds covering her legs. She ran away and returned to her Ma’ari.

From then on, Gauguin enjoyed more than ever the pleasures of the flesh, spent without counting and multiplied the adventures with “wild girls“.
The painter is already at a loss barely two months after his installation: “As always when I feel money in my pocket and hopes, I spend without counting, relying on the future and my talent, then I quickly become broke“.
He married Pau’Ura a few months later to get out of this “life of couch potato to take a serious woman at home“, as he writes.

If the first Tahitian period (1891-1893) reflects a discovery of culture, it opens with the second on a new approach: “I feel in verve and I believe that I will do better work than before“. Gauguin paints a mythical world where Eastern, Western and Oceanian religious traditions, past and present, merge. His paintings are reflections of a world he believes in, an ideal world that he stages.

Gauguin is finally very direct with his correspondent, then in the throes of a conflictual divorce: “See what I did with the household, I spun without warning. Let my family go crazy on their own because there is only me to help them!!! »
Despite the violent remarks he makes towards his family, it is obvious that the thought of his children has never left Gauguin. The premature death of his favorite daughter, Aline, in 1897, will put him in deep of sorrow.

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter to Eugène Delacroix
Nohant, 25 Xbre [December] [18]52, 4 pp. in-8°

Long and rich letter from Sand to her friend Delacroix in the aftermath of Napoleon III’s Coup


« Cher ami, je comptais bien que j’irai vous souhaiter la bonne année à Paris avec Maurice Maurice. Mais au milieu de ces événements, j’ai pensé qu’il valait mieux aller rejoindre Maurice à Nohant, que de l’appeler à Paris. Ce n’est pas que je craignisse pour ma personne à Paris. Je ne suis pas très peureuse, vous le savez, mais, au milieu des éventualités d’une guerre civile, il vaut mieux être chez soi, pour préserver sa responsabilité au milieu des conflits possibles. Je savais bien que les habitants de la Vallée Noire, loin de se révolter, trouverait bon ce qui s’est fait. Mais l’orage pourrait venir de plus loin, et quoi qu’on en dise, les partis ne résonne guère.
Je suis donc revenue ici le 4 décembre, et nous y avons été fort tranquilles, sauf le chagrin d’apprendre les malheurs où se sont jetés les pauvres paysans du midi, prétendus socialistes. Le mot est bien ronflant pour eux, et je veux être pendue s’ils savent ce que cela veut dire. Je crois bien plutôt que loin d’être poussés par des idées ils ne le sont que par des intérêts mal entendus. S’il y a, comme les journaux le disent, des gens assez lâches pour les exciter et pour les abandonner ensuite, cela ne mérite pas de pitié. Mais nous ne voyons pas encore clair dans ses récits, qui n’entend qu’une cloche entend qu’un son. On pourra juger quand on saura. Nous voici donc dans une phase nouvelle, renouvelée du passé comme tout ce que nous faisons depuis longtemps. Espérons qu’on donnera du travail et de l’instruction à ceux qui en manque. Si l’on agit ainsi, les questions de l’avenir ne seront plus nécessairement résolues par des coups de fusil et de canon, triste et inévitable solution du passé et du présent… quel temps d’amertume et de mélancolie pour les pauvres artistes chercheurs d’idéal sur la terre ! Où sont les nymphes et les faunes de la peinture, les bergeries de la littérature par ce temps de émeutes et d’electoris ? Où retrouverons-nous nos paisible divinités ? Aussi faites-vous des monstres terribles foudroyé par l’Apollon vainqueurs.
À propos de peinture, n’oubliez pas, chers amis, que je vous ai demandé les étrennes de Maurice. Envoyez-moi une de vos moindres bribes qui sont des trésors pour nous, et soyez gentils au point de m’envoyer cela par les messageries Nationales, tout emballé, pour le 1er janvier ; à fin qu’il ait sa surprise.
Donnons-nous ses petites joies de famille pour nous consoler des agitations du dehors. Si la belle Lélia que vous avez commencée n’est pas finie, gardez-la-moi pour plus tard, et envoyez-moi un truc, un Lyon, un cheval, une odalisque, ce que vous voudrez, ce que vous aurez de sec dans un coin de vos bahuts. Mais pauvres humble 200 Fr. vous seront porté aussitôt après le 1er janvier, parce que je touche quelque sous Paris à cette époque-là. Ne me dites pas que vous n’en voulez pas. Qu’est-ce que ça vous fait de vendre à moi ou un autre, puisque j’irai le chercher chez votre Marchand de tableau, si vous ne vouliez pas me le vendre directement ?
Comment va votre coffre ? Mon pauvre vieux ? Le miens est fort endommagé, mon foie me fait cruellement souffrir et m’ôte le sommeil. Enfin c’est comme Dieu voudra. Écrivez-moi et penser à mon petit envoi. Je vous enverrai bien Monsieur Leblanc pour vous épargner l’ennui de l’emballage et de l’adresse, mais c’est lui qui a fait une scène tragique ou plutôt comique, à votre cordon de sonnette. C’est un brave digne homme, mais un peu fou, je crois, et j’aime autant, s’il est dans ses frasques, vous en épargner la rencontre. Faites donc faire une petite caisse sous l’œil de Jenny est adressé à Monsieur Édouard Davenat conducteur à Châteauroux pour Madame Sand. Vous enverriez cela aux messageries par votre portier qui retirerai le numéro d’enregistrement, vous le garde riez, en cas de réclamation affaire, si le paquet ne m’arrivait pas. Songé que ce n’est pas un envoi d’allumette, et qu’une chose de vous, mérite ses précautions.
Bonsoir, cher ami, Maurice et Solange, et Lambert, et Monceau vous disent des choses tendres ou respectueuse chacun selon son mérite, et je vous embrasse de cœur »


After some distances taken from each other following political differences, December 1851 and the coup d’état of Napoleon III seems to bring the two artists closer together in a peaceful quest. The failure of the Revolution of 1848 marked the end of George Sand’s militant activity and the beginning of disillusionment. Is the happiness of peoples a utopia, an unattainable ideal? The future unfortunately proves her right, she is content to move away from Paris by returning to Nohant on December 4 to escape the possibilities of a civil war. George Sand, however, decided to take up the cause of the convicts and political prisoners. She took many steps on their behalf during the months of January and February 1852. She wrote several letters to the Emperor who eventually granted her two audiences, the first of which took place on January 30, 1852.

CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « René Char » to Marianne Oswald
N.p.n.d, 1 p. in-8°
Central fold mark

The poet needs to postpone a meeting with his correspondent


« Impossible de me trouver à l’Isle[-sur-la-Sorgue] avant la fin du mois. Remettons cela en février, plus tard. Ce n’est pas indispensable tout de suite d’ailleurs.
Je te ferai signe à Paris dans qqs [quelques] jours.
Affection
René Char »


Marianne OSWALD (1901-1985), singer and actress, friend of poets, was a remarkable storyteller; she collaborated on his radio and television programs devoted to poetry.

LE CORBUSIER, Charles-Edouard Jeanneret dit (1887-1965)

Autograph letter signed « Le Corbusier » to Jean Guinand
Vichy, 13th March 1941, 2 p. in-8°
Central tear with missing text (see scans), skillful repair

Rare letter from Le Corbusier sent from Vichy


« Mon cher Guinand,
Reçu hier, pour la première fois de vos nouvelles (du 10/3/41)

Je suis ici sur la brèche, faisant l’impossible pour apporter au [……………..] d’effort sur ce qui nous intéresse
Ce n’est pas facile ! Bien des positions sont prises.
Je ne peux encore rien vous préciser.
Je ne sais pas, d’autre part comment plus tard se dispersent les services. Vous savez d’ailleurs ou peut être ne le savez pas que Vichy ne nourrit pas son homme. Vie horriblement chère et (soldes) façon militaire pour qui posent entre eux des problèmes insolubles.
Ceci n’est pas pour vous décourager mais aussi pour ne pas se bercer d’illusion, surtout si comme vous me le faites deviner, vous êtes chargés de famille […]
Je note votre adresse et soyez assuré, qu’à l’occasion je reprendrai le contact pour vos réformes
Bien cordialement
Le Corbusier »


Le Corbusier resides in Vichy and works at the Queen’s hotel. Already disillusioned not to have found a job that lives up to his reputation, he has only missions that do not pay him much. The Guinand family are close to his family and especially to his mother. This is not a crèche per se which is mentioned here, but rather a request from a family member to find work or propose reforms.

VERDI, Giuseppe (1813-1901)

Autograph letter signed « GVerdi »
Genova, 18 febb. [February] 1890, 1 p. in-8° on bi-folio
Fold marks, sun marks, both folios are glued, mounting marks on 4th folio

Letter of Verdi about a case involving a lady


Translated from Italian

“It’s really not worth it, but since she wants it that way, let her will be done.
Take care of yourself and believe me yours
De
GVerdi »

Original text

« Non ne vale proprio la pena… ma poiché Ella così vuole – sia fatta la volontà sua
Si conservi sano e mi creda Suo
Da
GVerdi »


Nice signature

ZOLA, Emile (1840-1902)

Corrected proofs for his novel The Beast within
Paris, January 1890, 45 proofs printed on recto
Very good overall condition except some slightly frayed margin on the first folios, some browning

Precious and complete set of proofs, abundantly corrected by Zola, for the original edition of his masterpiece The Beast within


The Beast within in gestation

The folios of this set of proofs evidence on the author’s progress in writing his masterpiece. Emile Zola indulged in a meticulous rereading of all the lines, refining the style, redacting and correcting for a greater accuracy of tone and rhythm. Thus, the whole is abundantly annotated, with the exception of folio #35 to #38. The most important corrections can be found on folio #2 to #13 and #40, which correspond to chapters I to IV and XI. Also, Georges Charpentier (his editor) added notes on the twenty-nine folios and two mentions indicating to Zola to henceforth respect the paginated division.

These proofs present an intermediate state of progress between the manuscript and the published text. It is evidenced by extracts such as:

– « Roubaud, près de sa femme écoutait, en fixant également sur elle des yeux vacillants. Il y eut une minute de mortelle angoisse » become « Près de sa femme, Roubaud écoutait, en fixant également sur elle ses gros yeux pâles » then, in the final version, « Près de sa femme, Roubaud écoutait, en fixant sur elle ses gros yeux vifs ».

– « Seulement, ce matin-là, Roubaud dut reprendre haleine, comme si sa respiration lui manquait, à la suite d’un saisissement inutile. Il hésitait, il chercha avant de se rappeler ce que lui avait dit son collègue » become « Seulement, ce matin-là, Roubaud, hésitant, dut chercher, avant de se rappeler ce que lui avait dit son collègue ».

Note also a great care given to typography, proof of a meticulous and demanding proofreading.

Folio #40 includes an important addition of seventeen lines, in which the author plays with the lyrical register. Love and death invite each other:

« – Dis, mon chéri, pourquoi donc ai-je peur ? Sais-tu, toi, quelque chose qui me menace ? 
– Non, non, sois tranquille, rien ne te menace. 
– C’est que tout mon corps tremble, par moments. Il y a, derrière moi, un continuel danger, que je ne vois pas, mais que je sens bien… Pourquoi donc ai-je peur ? 
– Non, non, n’aie pas peur… Je t’aime, je ne laisserai jamais personne te faire du mal… Vois, comme cela est bon d’être ainsi, l’un dans l’autre ! 
Il y eut un silence délicieux. » 

The novel

The Beast within, the seventeenth chapter of the Rougon-Macquart saga, was written between May 1889 and January 1890 and was published by Georges Charpentier the first week of March 1890, after a preview publication in the weekly La Vie populaire from 14 November 1889 to 2 March 1890. Like in Germinal (1885), Emile Zola targets an aspect of the industrial and proletarian sphere of the late nineteenth century.

In this novel, the main characters are murderers. Émile Zola has amalgamated several very real events, probably including the crimes of “Jack the Ripper”, painting a pessimistic, violent and monstrous fresco, where one kills oneself for reasons as diverse as greed, jealousy or even hereditary madness. By conducting this narrative and questioning remorse, he inscribes his work in contemporary discussions on the moral and social meaning of crimes. Zola nourished his novel with the reading of Dostoevsky’s Crime and Punishment (French translation published in 1885) and criminological works by Cesare Lombroso, Prosper Lucas and Gabriel Tarde. He took the opportunity to satirize a judiciary subservient to power by the character of Judge Denizet. The miscarriage of justice he commits underlines the limits of human justice and the impossible infallibility of any rational method.

The readership is seized by the encounter between tradition and modernity, by the breathtaking alloy between archaism of instincts and technical progress. The locomotive takes on human features and becomes an individual of its own, until the tragic “blind and deaf beast that would have been released among death“.

Finally, to this lyrical part is added a dimension of fantasy, as Henri Mitterrand explains: “The Human Beast survives by its fantastic aspects, by the intensity of its leitmotive and rhythms, and by the perfection of some of its pages – the last, for example – where the extravagances of the action and the baroque modernity of the setting are surprisingly harmonized“.

The literary relics of Emile Zola are very rare in private hands. Indeed, according to the novelist’s wish, Alexandrine Zola, his wife, placed almost all of his handwritten documents in the custody of the French nation in 1904. Thus, it is at the Bibliothèque Nationale de France that the precious files and a large part of the corrected proofs of the Rougon-Macquart are located, and therefore no longer transferable.

MERMOZ, Jean (1901-1936)

Autograph poem
S.l.n.d, 1 p. in-4°
Tear on fold mark, small repairs

Superb poem by young Jean Mermoz, whose only title already anticipates the destiny of the author


« Je suivais lentement le sentier de Ma Vie
Loin du Monde perdu et noyé dans l’Envie
Confiant en mon âme éprise d’Harmonie
Je suivais lentement le sentier de Ma Vie

Mon cœur n’avait pas une souillure de Fange
N’ayant jamais connu la Haine qui démange
Comme un nouveau-né enveloppé de langes
Mon cœur n’avait pas une souillure de Fange

L’Art était mon unique et ardente Volupté
L’Idéal mon But, le Beau mon Dieu athée
Glorifiant la Nature, créatrice Bonté
L’Art était mon unique et ardente Volupté

Je renaissais enfin à la Vie au Printemps
Le Passé s’éteignait dans les cendres du Temps
Les jours d’amertume étaient moins fréquents
Je renaissais enfin à la Vie au Printemps. »


This document, a poem of the aviator’s youth, is primarily of visual interest: the title and the first letter of each stanza are elegantly calligraphed in Gothic drop caps.

The poem recounts a path towards the rebirth of the poetic voice through art. If the first stanza takes on Rimbaldian allures, the tension between the spleen – “lost and drowned”, “The Past was extinguished in the ashes of time” and the ideal – two last stanzas – is reminiscent of the one who, according to Rimbaud, is none other than “the king of poets, a true God”.

Finally, although this poem follows the main lines of prosody – quatrains written in rhymed alexandrins – we notice distance from tradition: non-alternation between feminine and masculine rhymes, a obsolete “e” as forgotten in the count of syllables in the verses “Art was my unique and ardent voluptuousness” and “Glorifying the Creative Nature of Beauty”. This attests to the influence of poetic modernity, one of the leaders of which is Apollinaire.

CHAR, René (1907-1988)

Autograph poem signed « René Char »
N.p.n.d, 1 p. in-4°
Tears on fold marks, tear on central margin, spots, taped on verso

Famous and affectionate poem by Char with the eponymous title of his book Élisabeth, petite fille, published in 1958


« J’ai vu tes yeux bleus de vingts [sic] jours
Donner un frisson clair aux feuilles
De l’ormeau qui ferme le parc
Où bientôt tu trottineras.

J’ai vu ton père se grandir
En t’élevant sur sa poitrine,
Et ta mère se définir
En baisant tes joues d’algue douce.

Dans le berceau conciliant
Où tu rougis petite aurore,
Élisabeth, je te découvre
Comme la rose des sous-bois.

Et je suis heureux de cela,(1)
Moi, qui marche sous la pluie fine.

_René char

(1) variante : Je suis heureux de cela »


Elisabeth must be the daughter of the writer and essayist Jacques Dupin. René Char had met him in 1947. His daughter Elisabeth was born in 1954 when this poem was written. Thus, these two quatrains followed by a distich inspire tenderness and renewal.

HUGO, Victor (1802-1885)

Draft of an autograph poem
N.p.n.d [Guernsey, 1859], 1 p. in-8° (140 x 145 cm
Tiny ink corrosion, spots

Precious draft of a satiric poem openly against Napoleon III, published in Les Nouveaux Châtiments


« Tu n’échapperas point. Fais ce que tu voudras.
Fais-toi, dans le prétoire et dans la sacristie.
Chanter un Te Deum en guise d’amnistie
Par Troplong courtisane et Sibour courtisan
Chache-toi sous les Oui du pauvre paysan
Qui ne sait que le soc, la bêche et la faucille.
Qu’importe O traître ! à bout portant mon livre te fusille !
La vérité sinistre ouvre son feu roulant ;
L’histoire montre ton nom noir, plus croulant, plus sanglant.
Plus hideux, plus criblé que le mur de Grenelle ;
Nous mettons devant toi le siège, va, crénélé
Ton empire caverne, ô l’empereur bandit !
Ferme ta forteresse et reprends toi, c’est dit,
Nous l’allons écraser de nos vers projectiles.
Fais en d’abord sortir les bouches inutiles,
Veuillot, Jacquot, Nisard, tous ces bavard mangeurs.
Si chétifs que ton vers dans ses ongles vengeurs
Prend à regret leurs noms, strophe, et que tu les lâches.
Trouvant les uns trop vils et les autres trop lâches ! »


After the first edition of Les Châtiments, published in Geneva, New York and in a redacted version in Brussels in 1853, Victor Hugo wrote this poem in Guernsey in 1859. It is openly addressed Napoleon III. The poem was first published in Paris in 1910, in the posthumous edition known as “de l’imprimerie nationale”, produced by Ollendorff.

The aspect of the poem on this paper is almost that of a netting. Victor Hugo wrote it with a more applied spelling than that of his working drafts. However, the text contains some corrections, less than a dozen in total. It is, however, shorter than the final version, counting only nineteen verses against twenty-eight. The nine additional verses will be interspersed between the first and second verses of this version. This poem also has significant variations from the published edition.

TURGENEV, Ivan (1818-1883)

Autograph letter signed « Y. Tourguenieff » to Princess Troubetzkoy
Courtavenel, 24th August 1857, 1 p. in-8°

Rare letter from the great Russian novelist about the preparations for a wedding


« Chère princesse, je vous prierai d’avoir la complaisance de nous fixer, à [Louis] Viardot et à moi, le jour où vous nous permettrez de venir à Bellefontaine. – C’est Viardot qui m’a dit de vous faire cette demande car pour moi, je serais arrivé sans crier gare. – Il m’a demandé en même temps, s’il pouvait venir en redingote -(son habit étant resté à Paris).
J’ai cru pouvoir lui dire que la redingote ne vous effaroucherait pas. – Nous voici donc attendant un mot de vous, – seulement ; nous ne pourrions pas venir le 1 le 2 ou le 3 septembre – car [Afanassi] Feth (le poète) se marie le 2 à Parus et je suis son garçon de noce.
Voici mon adresse au château de Courtavenel, près de Rozay en Brie, Seine et Marne.
Je dis mille choses à tous les votres et vous prie de croire à mon entier dévouement.
Y. Tourguénieff »


Turgenev moved near Paris into the Château de Courtavenel, owned by the Viardots, where the composer Charles Gounod, author of the opera Faust, resided. There he frequented George Sand. Turgenev was forced to leave the France at the call of Nicholas 1st demanding the return of all Russian expatriates. He was held in Russia during the Crimean War. This letter was written on his return from Russia, a year after the end of the war.

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Autograph letter signed « Edmond de Goncourt » to Charles-Philippe de Chennevières-Pointel
N.p, 5th February [18]87, 1/2 p. in-8° with autograph envelope
Fold mark, spots

Edmond de Goncourt thanks his correspondent for having quoted him, as well as his brother Jules, in a book recently published


« Cher ami,
Je vous remercie du fond du cœur de la gentillesse et de l’amitié des paroles avec lesquelles vous parlez des deux frères dans vous souvenirs et regrette vivement que les paresses de la vieillesse creusent des séparations entre des gens faits par leur goût d’art et peut-être aussi par leur réactionnarisme, faits pour vivre un peu coude à coude.
Mes amitiés
Edmond de Goncourt »


Edmond de Goncourt is probably referring here to the work of Charles-Philippe de Chennevières-Pointel  Souvenirs d’un directeur des beaux-arts, Paris, éd. L’Artiste, 1883-1889

GONCOURT (de), Jules (1830-1870)

Autograph letter signed « J. de Goncourt » to a lady
Château de St Gratien, 29th July  [18]68, 1 p. in-8°
Tear on second folio without affecting the text

Rare letter of affection from Jules de Goncourt for the marriage of the daughter of one of his acquaintances


« Madame,
Nous sommes bien sensibles au témoignage d’affection que vous nous donnez en nous envoyant, comme à des amis de la famille, la bonne nouvelle du mariage de votre fille. L’amitié sincère et pleine d’estime d’action que nous avions tous deux pour Mademoiselle Claire, ce qu’elle nous semblait mériter de la vie, font que nous la félicitons de cœur sur une si convenable union et un bonheur dont elle était si digne. Et ne craignez pas, que dans cette séparation et cet isolement ou la dernière fille qui part laisse le foyer maternel, nous oublions la mère.
Nous avons trouvé la carte de votre fils en touchant à Paris ; dont nous sommes partis depuis une quinzaine de jours, mais ou nous espérons le revoir dans une semaine.
Ce serait pourtant bien gentil de serrer la main de M. d dans cette grande et bonne journée.
Nous sommes toujours, Madame, dévoués à vous et aux vôtres de souvenirs et de pensée.
J. de Goncourt »


Jules de Goncourt is a French writer, at the origin of the Académie Goncourt, which awards each year the eponymous prize. Part of his work is written with four hands with his brother, Edmond de Goncourt. Their works belong to the current of naturalism.

NERVAL (de), Gérard (1808-1855)

Autograph letter signed « Gérard de Nerval » to actor Pierre Bocage
[Paris], « ce mardi » [19 October 1852], 1 p. in-8°, autograph address on fourth page
Slight tears previously skillfully repaired with discreet tape. Slight missing bit on lower left margin without affecting the text

Loyal in friendship, Nerval tries to offer the services of his friend, the actor Pierre Bocage, to Arsène Houssaye, then director of the Comédie Française


« Mon cher Bocage,
J’ai enfin mis la main sur Houssaye ; il m’a paru fort irrésolu. Je ne crois pas que sa lettre soit une défaite, mais il craint les autres. Il m’a demandé quels rôles vous pourriez jouer qui ne soient pas tenus. Je lui ai parlé du Tartuffe du Misanthrope du Père de famille, d’une foule d’autres, tenus il est vrai, mais où vous pouvez vous produire à votre tour, ainsi que des pièces nouvelles. Je n’ai pu obtenir une réponse précise mais il me semble que la cause n’est pas perdue si vous vous y prenez bien. Voyez-le chez lui, Je lui parlerai encore de tout ça et de la nécessité d’avoir le dernier des grands acteurs, dont la génération semble s’éteindre
Votre bien affectionné.
Gérard de Nerval »


Pierre Bocage (1799-1862) was one of the great actors of the Romantic period. He then became director of the Théâtre de l’Odéon, where he staged Le Chariot d’enfant by Nerval and Joseph Mery in May 1850. A few weeks after the play’s premiere, Bocage was relieved of his duties as director for political reasons. Idle, the man who was once a brilliant performer in Tartuffe and Le Misanthrope began to wander from theater to theater. Here we see that Nerval, faithful in friendship, offers Bocage’s services to Arsène Houssaye, who had directed the Comédie-Française (Théâtre-Français) since 1849. Houssaye, however, did not follow up on this kind intervention.

[CAMUS] CHAR, René (1907-1988)

Autograph letter signed « René Char » to Marianne Oswald
N.p, 15th March, 2 p. in-8°
Fold marks, central and margin tears without affecting the reading, spots

Moving letter from René Char evoking, among other things, the memory of his friend Albert Camus on the occasion of a reading of his poems


« Bien sûr, j’écrirai demain à Oliver une lettre dans le sens que tu me demandes. Je n’ai jamais envisagé autre chose qu’un motif de cet ordre là.
C’est d’accord pour ton projet de soirée à Cologne en ce qui concerne la lecture de mes poèmes, dédiés à l’amitié d’Albert Camus (“Feuillets d’Hypnos” lui était dédié). Tu feras cela très bien, je n’en doute pas. Il faut surtout y parler d’Albert et du terrible vide que sa disparition a creusé. C’est à l’amitié qu’incombe de fleurir ce vide. La seule réserve concerne le film. Je ne puis répondre à la place d’Yvonne Zervos, car nous n’avons plus reparlé de ce film depuis beaucoup d’ans, elle est moi.
Un dernier mot à propos “du choc grave” que tu me dis avoir reçu. Les effets et la cause sont disproportionnés et excessifs. Il faut accepter de se tromper, d’agir parfois de façon erroné, de n’en plus parler, ou de le reconnaître, enfin. Ce n’est ni humiliant, ni affreux. Et bien des traces, des peines n’arriveraient pas – outre les malentendus – si l’on ne s’acharnait pas même par un orgueil mal placé dans son infaillibilité. La guerre m’a appris cela.
Je suppose que si madame [Florence] Delay et sa fille n’ont pas assisté à ta projection c’est tout simplement parce qu’elles étaient absentes de Paris. Rien qui doive te laisser “perplexe” comme tu écris.
Au revoir, mon petit, je t’embrasse sans rancune aucune.
René Char »


René Char and Albert Camus maintained a deep friendship, the ultimate seal of these two paths crossed at the end of the war with their similarities and differences.

In 1946, then reader at Gallimard, Camus published the Feuillets d’Hypnos of Char. In 1947, Char in turn read Camus, and described La Peste as a “great book“. The poet writes that “children will be able to grow again, chimeras breathe“, the novelist replies that he is “the only poet today who has dared to defend beauty, to say it explicitly, to prove that one can fight for it at the same time as for everyday bread“. The two authors, who have already come closer, acquire a great notoriety.

In 1949, they exchanged on love, indulged in some more intimate confidences. Gradually, they drift towards a true spiritual and moral sharing. The admiration was reciprocal: Camus wrote to him in 1956 that “Before [he] knew [him], [he] did without poetry“; Char praised his talent in Le Figaro in 1957, after his friend won the Nobel Prize in Literature. This was followed by a dense correspondence, which ended the day before Camus’ death on 4 January 1960. In our letter, Char evokes the “abyssal emptiness” he feels after the sad end of his friend in a car accident.

Marianne OSWALD (1901-1985), singer and actress, friend of poets, was a remarkable storyteller; she collaborated on his radio and television programs devoted to poetry.

JACOB, Max (1876-1944)

Autographe letter signed « Le pauvre Jacob » to a friend
N.p.n.d, 1/2 p. in-4°
Central fold mark

Nice letter about Paul Petit


« Cher ami,
J’ai donc écrit à [Paul] Claudel pour lui amener l’aventure de Paul [Eluard] et aussi lui parler de mon beau frère [Lucien Lévy]. Je reçois une lettre de Mme Paul [Nusch] qui me dit que Claudel n’est pas bien en court. Il est bien possible qu’il ne soit pas bien en court mais il est certain aussi qu’il a des partisans et des amis puissants n’importe ou. De sorte que la lettre ne restera pas inutile.
Amitiés
Le pauvre Jacob »


The letter can be dated after December 12, 1941 date of the arrest of Lucien Lévy and for Paul Petit.

SIGNAC, Paul (1863-1935)

Autograph letter signed « P.S. » to Henry van de Velde
N.p.n.d (c. 1911-1912), 1 p. 1/2 in -8°, Société des artistes indépendants letterhead
Fold mark, some ink spots, slightly de-colorized ink on lower margin

Moving letter from Signac about the passing of his mother


« Oui, mon cher Henry, je serai bien heureux de te revoir.
Viens donc dîner un de ces soirs, à ton gré, en nous en avisant. Si Erica et Ivo, peuvent d’accompagner, ce sera très bien.
On causera un peu ; on se voit si rarement !
Et tu es un de ceux que j’aime bien mon cher Henry.
Depuis la mort de ma chère mère, j’ai reporté sur ceux qui, comme elle, ne me font jamais tant que du bien, tout l’affection que j’avais par elle : et ta part est grande, car ils sont rares, ceux là !
Bien affectueusement.
P.S »


This moving letter is addressed to the Belgian architect henry van de Velde (1863-1957), with whom Signac was very close. Van de Velde had notably made arrangements in the painter’s house.

Héloïse Anaïs Eugénie Deudon (1842-1911) married Jules Jean Baptiste Signac (1839-1880). Paul was their only child.

BILLAUD-VARENNE, Jacques-Nicolas (1756-1819)

Autograph letter signed « Billaud-Varenne » to his colleagues
Sainte-Ménehould, 16th September 1792, 3 p. 1/2 in-4°
Fold marks, some spots, old tape repair on last folio

A historic letter by Billaud-Varenne about the march of the republican armies against the Prussians, two days before the crucial battle of Valmy, which resulted in the abolition of Monarchy


« Un petit accident arrivé hier, mes chers collègues, aussitôt que la lettre que je vous ai écrite a été partie, et que mal rendy, serait capable de répandre l’alarme et la consternation, m’oblige de vous écrire aujourd’hui ; pour vous instruire de la vérité et démentir tous les récits mensonger qu’on pourra faire. Vous saurez que dans notre retraite au camp de damartin, à 2 heures de Ste Menehoult, l’arrière garde de notre armée a été assez vigoureusement chargée mais le corps de l’armée s’était rendu au camps en bon ordre et était même déjà campé. Tout à coup des malveillants répandant l’allarme ont en annoncant que l’arrière garde a été entièrement raillée en pièces, et les ennemis marchant en force tombaient déjà sur le corps de l’armée ; et que tout était perdu. Les conducteurs des Barges en prenant les premiers l’épouvante, ont accru la terreur que cette nouvelle a répandue ; et dans un instant la confusion a été telle que cinq cent hommes auraient pu facilement mettre en déroute toute l’armée. Cependant le général est accouru au devant d’elle. Il a trouvé sa cavalerie dans le meilleur ordre, à savoir les fuyards se sont ralliés : Les bagages arrêtés, et la confusion dissipées. Tel sont les faits dans toute leur pureté. Le camps est réformé : Les fuyards éloignés arrêtés ; et il faut croire que cette leçon sera suffisante pour electriser et ne jamais leur permettre d’oublier qu’ils ont une tache d’infamie à laver dans le sang de l’ennemi. Suivant toutes les apparences les trois armées de MM. Dumouriez, Kelermann et Beurnonville vont se joindre demain. Aussitôt elle marcheront sur Châlons, cette place-ci n’étant pas tenable. Là avec des forces imposantes, nous ne craindrons plus l’ennemi ; et si pour nous éviter, il prenait la direction du côté de Reims ; alors il vous trouverait en tête ; et nous tombant sur ses derriere il n’en réchapperait pas un.
Faites donc vos dispositions en conséquence. Pressez les travaux du camps de Paris. Demandez à grands cris la masse des troupes de ligne qui se trouvent perdues dans les départements du midi. Hâtez autant que possible la marche des convois vers les points de réunion de nos troupes, et vous conserverez ce calme et cette énergie qui vous ont obtenu la victoire devant la Bastille et le château des Tuileries. Les hommes du dix aoust ne fuiront pas devant les prussiens ils ont trop envie de se mesurer avec eux. Adieu mes chers collegues, je pars pour le camp de Damartin où je compte retrouver des hommes dignes encore de la confiance de la nation.
Billaud Varenne »


Four days before this letter, the army of Brunswick (74,000 men) crossed the parades of Argonne. Billaud-Varenne begins by evoking the retreat of Châlons and the confusion thrown by melveillants who almost routed the army. The soldiers therefore have “a stain of infamy to wash away in the blood of the enemy“. He then evokes the armies of Dumouriez, Kelermann and Beurnonville, the first two of which will be decisive for the Battle of Valmy, two days later. With great defiance of the enemy, the conventional man shouts for the rallying of all the republican troops up to those who were “lost in the departments of the south“.

The Battle of Valmy was won by the French troops of Dumouriez and Kellerman (44,000 men) over the Prussian armies of Brunswick. Volunteers from the National Guard participated in the fight alongside professional soldiers from the Royal Army. Caught in reverse, Brunswick’s army retreated and returned to its starting positions on 23 October.
The next day, a first meeting of the National Convention proclaimed the abolition of royalty and the Executive Council constituted after August 10 (fall of the monarchy after the capture of the Tuileries) was maintained.

After August 10, 1792, Billaud-Varenne was a member of the Paris Commune. Appointed deputy prosecutor Pierre Louis Manuel, he witnessed the massacres of September 1792, during which he seemed to encourage the killers. Shortly afterwards he went to Châlons with the title of commissioner of the Paris Commune to monitor suspicious generals.

NERVAL (de), Gérard (1808-1855)

Autograph letter signed « Gérard de Nerval » to Arsène Houssaye
[N.p], March 1850, 1/2 p. in-8 on bi-folio, autograph address on verso
Some browning, spots and fold marks

Nerval asks his friend Houssaye for theatre tickets


« Mon cher Houssaye,
Voulez vous ou pouvez vous ce soir me faire donner ou donnez places stalles de dames ou une petite loge selon les prévisions de la recette.
Votre affectionné
Gérard de Nerval »


Arsène Houssaye (1814-1896) was a long-time friend of Nerval. In 1849 he had been appointed general administrator of the Comédie-Française.

Beautiful and complete signature of his nom de plume

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed « Chateaubriand » to Laure de Cottens
Paris, 27 December 1832, 4 pp. in-4°
Tear on lower margin

Superb and long letter from Chateaubriand, with a disillusioned tone, evoking his famous Memoirs and the publication of his Mémoire sur la captivité de la Duchesse de Berry


Vous avez bien voulu, Madame, vous intéresser à mon voyage en France. Voici ce qui m’est arrivé. J’ai presque toujours été malade ; un excès de travail m’a donné une fièvre de nerfs ; je suis encore, en vous écrivant, mangé par des sangsues qui me serrent le cou. Malgré toutes ces misères, mon ouvrage est achevé ; il paraîtra samedi [29 décembre 1832]. Je n’en espère rien pour la prisonnière [Marie Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry], mais je remplis un devoir à mes risques et périls sans m’embarrasser du reste. On dit qu’on n’arrêtera cette fois, ni ma personne, ni mon écrit. Peu m’importe. Je ne les aime, ni ne les estime, ni ne les crains.
J’ai été vivement contrarié, Madame, par le malheureux accident : J’espérais bien travailler en paix à mes mémoires et ne revoir jamais une patrie qui n’en est plus une pour moi. Désormais, je ne pourrai guères quitter de nouveau la France avant le retour de la belle saison. M[a]d[am]e de Chateaubriand n’est pas assez bien portante pour se mettre en route au milieu de l’hyver. Nos regrets et nos espérances, Madame, en partant de Genève, et en y retournant, sont toujours de vous quitter et de vous retrouver. Agréez, Madame je vous prie, avec tous mes souhaits de bonne année, mes respectueux hommages. Je me recommande au souvenir de votre charmante famille et de nos amis communs.
Chateaubriand
Vous savez, madame, que je n’ai pu communiquer avec la prisonnière et qu’on ne lui a pas fait passer mes lettres. Il en est de même pour tout le monde. Ceux qui ont dit que Madame avait agréé l’offre de leur service se sont trop avancés. Madame n’a écrit ni pu faire écrire à personne.


The adventurous Duchess of Berry: Marie-Caroline of Bourbon-Siciles, daughter of the King of the Two Sicilies François Ier Xavier and Marie-Clémentine of Austria, married in 1816 the Duke of Berry Charles-Ferdinand (assassinated by the Bonapartist Louvel in 1820), son of Charles X, by whom she had a son, Henri d’Artois (Henri V). Exiled to the July Revolution (1830), she returned to France in April 1832 and tried unsuccessfully to raise the people in Provence, Vendée and Brittany, with the aim of a legitimist restoration: arrested in Nantes in November 1832, she was imprisoned in Blaye, and released only in 1833.

Chateaubriand, one of the brilliant personalities of legitimism: although personally solicited by the Duchess of Berry, he initially disapproved her, but was arrested on suspicion of participation in the plot for a coup and held prisoner from 16 to 30 June 1832. After the Capture of the Duchess, he nevertheless worked to help her, publishing at the end of December 1832 (printed on the date of 1833) a resounding Mémoire sur la captivité de Madame la Duchesse de Berry (partly discussed in this letter), which in turn earned him a lawsuit. He was acquitted on 27 February.

Chateaubriand’s friend, Laure de Cottens, had almost married her distant cousin Benjamin Constant. She lived in Lausanne and was the daughter of the Swiss writer Constance Constant d’Hermenches, whose father had been a general in the service of France and who was befriended by the Lameths, the Duchess of Biron, Madame de Genlis, or the General of Montesquiou. In his Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand briefly evokes Madame de Cottens, “an affectionate, spiritual and unfortunate woman.”

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph fragments for a satirical poem on the backside of « The Social progress association » propaganda
S.l.n.d [Guernesey, 1870], two teared strips in-4°
Holes due to ink corrosion

Circa 25 verses thrown on 2 strips of paper

Precious draft for the satirical poem Un President, written during the last months of exile


« Est-ce ma faute à moi s’il s’appelle Brunet ?
Jadis…
On a un président et un Brunet ad hoc »

It was at the beginning of 1870, the last year of his exile, that Victor Hugo wrote this violently satirical poem intended to humiliate President Brunet, of the 6th Chamber who had convicted his son Charles of press offense. This president had a homonym, in the theater, specialized in the roles of Jocrisse. The poem, fierce, plays with this confusion. It begins with the sentence: “Is it my fault if it was called brunet”, the first appearing in the upper left part of this chip is the only one preserved in the original form.
Then, follow two parts: the first, made of allusions to the roles of the actor Brunet:

« Brunet jadis était un pître. Il rayonnait
Au-dessus des humains à force de bêtise. »

The second, assuming a metamorphosis of the actor into a judge, describes the profession in the same ironic way:

« Maintenant il attend les soufflets de l’histoire.
Son tréteau paraît noble auprès de son prétoire »

Victor Hugo revolved around these satirical verses, looking for pictorial formulas, the first drafts of which he carried on a membership form to an English society for social progress. For example, on the front of this bulletin, there is an original verse, not preserved in its form and punctuated by a question mark:

« Un éblouissement sortait de sa bêtise/ ? »

At the bottom of the other strip we also decipher the verse « On a un président et un Brunet ad hoc » which will survive in the form « on est Brunet : on rend des sentences ad hoc »

Finally, the bulletin of the association itself is of interest. It was used to recruit militants, obviously “writers”, to defend social progress.
One can imagine that Hugo received this kind of flyer during his stay in Guernsey.

 

 

BRAQUE, Georges (1882-1963)

Autograph letter signed « Georges Braque », to Daniel Wallard
N.p, 19th February 19[44], 4 p. in-12°
Date added by another hand, some spots

Braque wants to get back to work and painting following a heavy surgery


« Mon cher Wallard,
Moi non plus je ne vous oublie pas, mais j’ai été retranché de la vie pendant un bon mois. J’ai subit une opération pas grave certes mais qui m’a valu un mois de lit. Les choses ce sont très bien passées et je suis tout heureux de me sentir libéré d’une infirmité qui m’obsédait depuis 5 ans. Je vais maintenant me remettre au travail, j’en ai le violent désir.
J’avais bien reçu votre lettre ou vous me parliez de la nouvelle sur Pierre [Seghers], mais comme vous le voyez je n’ai pu donner suite à votre désir. Envoyez moi les L.F. que j’attends avec un désir attendri en pensant à ce jeune héros.
Nous avons bien reçu lard et beurre : Ça tombe à pic ! Merci.
Dernière minute –  recevons 3e colis lard, ici le beurre manque totalement.

Encore merci de la part de ma femme.
Mille bonnes amitiés pour vous et votre femme.
G. Braque »


At the writing of this letter, Braque had just undergone a surgery for a double ulcer in the stomach (Picasso will come to see him every day).
First a refugee in the Limousin, then in the Pyrenees, the Braque couple returned to Paris where they spent the entire time of the war in the workshop built by Auguste Perret, rue du Douanier. The painter’s last years, which stretched from the near end of the war until his death in 1963, were the most brilliant of his career, according to John Golding.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Corrected proofs for Bonheur by Paul Verlaine, accompanied with an autograph letter signed about the poem collection
[Léon VANIER] Paris, Léon Vanier, 1891, in-12°
The cover is titled in watercolor and bears the mentions of the print
A list of Verlaine’s poetic works in green ink can be found next to the title page.
Abundant autograph corrections and indications for the printer of Verlaine’s hand.

Corrected proofs by Verlaine for his poem collection Bonheur, accompanied with a long autograph letter signed by the latter


The genesis of Bonheur is known to us. The idea far precedes the execution, in fact, the notice of  Les Hommes d’aujourd’hui written on November 20, 1885 and to himself consecrated, Verlaine already announced the collection and his intention to give thus a Catholic “tryptic” of which Sagesse and Amour form the first two parts.

On 23 May 1887 Verlaine sent five first poems to his publisher Vanier: L’incroyable, l’unique horreur…, La vie est…, Après la chose faite…, Et, déjà très…. (qui deviendra la pièce VI : Puis, déjà très anciens), L’adultère, celui du moins

Consisting of a total of thirty-two poems, the very title of the future collection, in 1890, is not decided. Between Bonheur and Espoir the poet still hesitates; there can be no doubt, however, that he was at Bonheur, and that it was under this title that the work first appeared to him, as evidenced by the last lines of Pauvre Lélian, in the Poètes Maudits of 1888: “He writes and goes or wants, which is the same thing, to live Beatitubo”.

The manuscript was brought to the printer Capiomont at the end of January 1891. This is followed by the corrected proofs that we present here, still addressed to Capiomont and received by the latter on 27 and 28 February 1891. The collection probably appeared in late April or early May of the same year.

We attach a long autograph letter signed by Paul Verlaine to his publisher Léon Vanier of January 23, 1891 about the publication of Bonheur:

« Mon cher Vanier,
J’écris, en même temps qu’à vous, à [Albert] Savine.
Je lui dis, parmi les choses toutes particulières entre lui et moi (je retranscrits)
« Quant à Bonheur, parlons peu et parlons bien – et surtout franc.
« Voilà longtemps que complet,
« Ce livre aussi volumineux que
Sagesse, Maintenant, Vanier
« m’en offre 500 francs, tel qu’il est
« et vous voudriez le voir grossir,
« grossir sans cesse, oubliant que la
« quantité n’a
« jamais rien prouvé, surtout dans
« un volume de vers sérieux, des
« vers avec quoi on peut se permettre
« aussi bien, parlant généralement,
« des artifices typographiques, etc.
« et d’ailleurs, je le répète, Sagesse
« qui compte demeure
[un]
« livre important dans mes
« œuvres en contient pas plus de
« ‘matière’ que Bonheur tel
« que vous l’avez, 1400 et des
« veuillez, je vous en supplie
« m’écrire à propos de ce
« Bonheur là ? Que je sache sur
« quel pied véritablement
« danser…

C’est catégorique. Si pas de réponse, voici mon plan. D’abord consulter légistes. Envoyer manuscrit où il y a deux seules choses que je n’ais pas, pas les meilleurs, mais j’y viendrai ?
Puis publier avec un autre titre : Espoir
[…]
Je compte actuellement 640 vers à ajouter à vos 690, ce qui nous fait 1330 vers, plus deux choses en train presque finies, ce qui dépassera 1400.
J’ai tout recopié à votre usage, sauf une pièce facile à retrouver dans le n° de noël 1889 du Chat Noir, commençant par « La neige à travers la brume »
[…]
Je vais donc attendre la réponse de Savine et dès reçue, [vous] aurez mot mien. S’il tarde trop, [je] vous ferai signe et [nous] agirons de concert.
Voilà, je crois, bien parler. […]
Je n’ai rien reçu que 10 exemplaires de Sagesse et de Parallèlement […]
Quoi encore ? Ah, quand imprimons-nous Jadis et Naguère ou la Bonne Chanse [chanson] ? – à propos aussi, n’était-ce pas convenu que ce serait dorénavant 250 frs ? Expliquez-moi donc tout ça. Ça dépend, je pense du nombre d’exemplaires tirés, mais j’estime qu’il y va de notre intérêt commun de tirer plus que moins, au grand et franc jour ! Car, farceur ! mes livres se vendent bien, et que ce serait gentil qu’ils me procurent enfin une petite rente tout en faisant votre phortune à vous, non d’un chien !
Et tout à vous en N.D de la galtouze !
Verlaine
hop ! [hôpital] St Antoine
51 salle Bichot
Mettez donc un peu d’ordre dans mes autographes et paperasses reliées chez vous.
Procurez-moi donc au plus tôt – fables de La Fontaine.
Psyché et Amphitryon. »

COCTEAU, Jean (1889-1963) SAINT-SAENS, Camille (1835-1921)

Autograph letter signed « C. Saint S » [to Louis Gallet]
S.l, 5 February, 2 p. in-4°
Fold marks, small stain

Very graphic letter from Saint-Saëns about the writing of his opera Ascanio and enriched with a poem from which it is taken – The composer ends his letter by evoking Don César de Bazan by Jules Massenet and adorns it with an original color drawing representing a flower from Africa


« À l’ombre des noires tours
Dans le jardin plein de roses
Là-bas passent nos amours !
Espérances, fleurs écloses
D’un rayon de ses beaux yeux

Parfumez mon cœur joyeux !

Proche est l’heure désirée
O ma Colombe adorée
Et mon âme est préparée
À tous les combats pour te conquérir,
L’amour ne peut plus grandir ni mourir !

D’un rayon de ses beaux yeux
Emplissez mon cœur joyeux
Espérance, fleurs écloses !
À l’ombre des noires tours
Là-bas passent nos amours
Dans le jardin plein de roses !…

Voilà l’état actuel de la question, si « Parfumez » vous déplaît, si vous trouvez l’inversion de la dernière strophe trop décadente, je remettrai tout à l’état primitif, rien n’est plus facile.
Ordonnez, j’obéirai.
Ce morceau ne m’a pas amusé à faire. Il n’y a pas à dire ce monsieur qui vient jaboter sur la rampe pendant que les autres personnages se fourrent les doigts dans le nez pour se donner une contenance c’est vieux jeu, tout à fait vieux jeu, ça fait une tache dans l’acte.
J’ai rétabli « Pagolo, fais ta prière ».
Cela passe vite et fait très bien. Le tout était de ne pas s’étaler dessus.
J’ai vu hier « Don César de Bazan ». C’est très amusant : je ne comprends pas comment on avait réussi à le rendre ennuyeux quand on l’a mis en opéra-comique […]
Admirez cet échantillon de la flore africaine.

C. Saint S »


Composed in fourteen months, from September 1887 to November 1888, Ascanio comprises five acts and seven paintings. The libretto is due to Louis Gallet (this letter is most certainly addressed to him) who had already collaborated with the musician for three of his stage works (La Princesse jaune, Etienne Marcel and Proserpine); it is based on a drama by Paul Meurice dating from 1852, Benvenuto Cellini, himself inspired by Ascanio, a novel by Alexandre Dumas père composed in 1843, which had as its source the Memoirs of Benvenuto Cellini, first published in French in 1822.

The poem in question here is taken from Act II, Table III, Scene I.

VIGNY (de), Alfred (1797-1863)

Autograph poem signed « Alfred »
N.p.n.d, 1 p. in-folio
Fold marks, some small stains, notes on verso from another hand

Nice autograph poem signed from his early years


« Romance du Roman de la Rose

Le vin dame le pion
au plus vigoureux champion
il trébuche, il trébuche
sous sa cruche
Mais toi, buche,
très-buche
dis moi ce qui détruit l’us
l’us de la dive bouteille,
bulle de frère Bacchus
et du pape Philocus ?
Qui dame l’us de la treille ?
alors que bien malgré nous
nous nous mettons à genoux
et que notre oreille écoute
un te-deum laudamus ?
J’aime mieux quoi qu’il m’en coûte
t’aider, homme : l’eau dame us
ouf !!!!!
Alfred »


Poetic banter, concluded with a pleasant “phew”, probably written in a moment of intimate sociability, as suggested by the mentions of the time of another hand on the back, a quatrain and a quintil written on the same funny model based on calembour.

PRÉVERT, Jacques (1900-1977)

Typescript poem signed « Jacques » with original drawing representing a flower
Antibes, 8th March 1956, 3 p. in-4°, with envelope
Usual fold marks

Long and pretty poem entitled Paysage, to the attention of his painter friend Pierre Charbonnier


Pierre Chabonnier
est maître chez lui
libre d’ouvrir la fenêtre
sur les apparences réelles
les folles filles de la vie
et de laisser la porte ouverte
pour les amis de la peinture
et de ses mille et une figures

Le pinceau comme une rame a caressé les eaux
et les eaux se forment derrière le pinceau
Aux aguets le silence attend un vacarme nouveau

[…]

sur les murs des centrales électriques
sur les édifices du labeur
la lumière se promène nue

Le soleil
sur les quais de halage sur les gares de triage
sur les mines
sur les usines
fait son travail
comme le marinier et l’eau vive
comme la morte eau et le marteau
comme le sable et le sableur
comme le diamant et le mineur
comme le plaisir et la douleur

Toiles de Charbonnier
ardents et calmes paysages
couleur de sang secret
couleur de chair et d’eau
de joie de vivre séquestrée
et de rêves volés aux enfants

Toiles de Charbonnier
où jamais ne transparaît
en filigrane en faux trompe-l’œil
ou en véritable trompe-peinture
l’écriteau des néo-précurseurs :
Prenez garde à la nature.

Jacques Prévert

« Jacques à Pierre

Soleil d’Antibes mars 1656 »


A poet familiar with the dramatic arts, Jacques Prévert is known for his style that rhymes poetry and language plays.

A great friend of Prévert, the painter Pierre Charbonnier (1897-1978) was dedicated by the poet to his poem “Paysage” in March 1956, in Antibes, which resumed the mode of free verses without an apparent rhyme scheme, with attention to sounds. The poem is built in the manner of ekphrasis, offering both literary and pictorial creation.

BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)

Autograph letter signed « Charles Baudelaire » to Alphonse de Calonne
[Paris], 23rd February [18]64, 1 p. in-8° on blue paper, “BATH” embossed on top left corner
Autograph address on verso, signed « C.B. »
Old and discreet repair with tape on second folio, usual fold marks

Baudelaire asks Alphonse de Calonne to return the manuscripts of three sonnets and announces his forthcoming sending of prose poems, which would form Le Spleen de Paris


« Cher Monsieur,
Avez-vous publié trois sonnets de moi, Le Tasse en prison, Le gouffre, Bien loin d’ici, que je vous ai remis, il y a quelques temps ?
Si cela n’a pas été publié, vous me rendriez très heureux en les retrouvant et en les remettant au porteur. Il y en a un particulièrement (Le Tasse) que je cherche en vain da ma mémoire.
J’aurais prochainement  trois feuilles au moins à vous  donner ; un lourd travail, je vous assure, mais dont je suis assez content.
Veuillez agréer, cher Monsieur, l’assurance de mes parfaits sentiments.

Charles Baudelaire. » 


“Sur Le Tasse en prison d’Eugène Delacroix” was composed in 1844 (after a note by Albert de La Fizelière, the poet’s first biographer, in the upper margin of the manuscript and of which he is the holder at that time). At the end of 1863, Baudelaire had a copy sent by La Fizelière in the form of a letter to Alphonse de Calonne of the Revue contemporaine, but the latter never published it. The day before our letter, on February 22, Baudelaire asked La Fizelière to send him another copy because the poet wanted to have it published by Albert de Collignon in the Revue nouvelle, this time with more success because the publication will take place on March 1st. The same sonnet was later published in Les Epaves, a section added to Les Fleurs du Mal in 1866.
In these verses, Baudelaire seems to refer to his own physical and mental decay, embodied in the Torquato Tasso dans L’asile des fous (1839) by painter Eugène Delacroix. This sonnet also proves the poet’s deep (and one-sided) admiration for the painter in 1843-1844.

“Le Gouffre” was first published in the magazine L’Artiste on 1 March, then in the Revue nouvelle, exactly two years later, and finally in Le Parnasse contemporain on 31 March 1866. The poet’s voice becomes aware of death, generating distressing or even neurotic situations.

“Bien loin d’ici” was published in the Revue nouvelle and then in Le Parnasse contemporain on the same dates as “Le Gouffre”, but also a week before in another journal, on February 23rd. This proves once more that Baudelaire was approaching various publishers simultaneously. In this poem, he takes up topos from the Les Fleurs du Mal such as exoticism and sensual woman.

With regard to the “heavy work … of which [Baudelaire is] quite happy“, it is in all likelihood the Petits Poèmes en prose, a collection also known under the title of the Spleen of Paris (1857-1864). When we know the perpetual relentlessness of the poet to achieve perfection, such a statement may seem paradoxical.

Alphonse de Calonne, founder and director of La Revue contemporaine, never published the three sonnets mentioned by Baudelaire. They appear in Michel Levy’s posthumous edition of the Fleurs du Mal of 1868, section “Spleen et idéal”, under the numbers CI, CII and XCIX – according to the order of mention in the letter.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Marie-Thérèse Bartholoni
Prince’s gate SW [London], 26 November [1881], 5 p. in-8 on mourning paper
Numeration on two folios from another hand, slight stain on left margin, usual fold marks

Exceptional and magnificent letter from Empress Eugenie, making the moving story of her return to Paris after the disaster of 1870, exile and mourning – The shadows of a glorious past punctuate the melancholic journey, mingling with the inconsolable memory, with the tragedy of a present without a future


« Ma chère Madame Bartholoni,
Je vous remercie de votre lettre du 15. Je ne puis pas vous parler d’une date qui aujourd’hui ne peut plus que réveiller de douloureux souvenirs.
Mon passage par Paris a été pour moi triste mais il m’a procuré l’occasion de revoir quelques personnes que leur état de santé empêche de venir me voir.
J’ai aussi visité Fontainebleau, Les Invalides, Notre-Dame, St-Cloud et N.D. des victoires, recherchant partout la trace d’un souvenir.
J’ai passé aussi devant les Tuileries. J’ai vu les fenêtres de la chambre où mon fils est né !! et après un séjour de deux jours auprès de ma nièce de Mouchy, je suis repartie pour l’Angleterre.
Je n’ai voulu voir personne en dehors de ceux que j’étais venue voir et je n’ai prévenu pas même ceux-là qui ont été surpris de me voir arriver.
Le Figaro dit aujourd’hui que cédant à la nostalgie de Paris, je vais rentrer bourgeoisement dans cette ville. Je n’ai et ne puis avoir d’autre nostalgie que celle de cette patrie inconnue où l’on réjouit ceux qu’on a aimés. Jamais je ne consentirai à rentrer bourgeoisement là où les cendres des miens sont proscrites.
Si d’autres Princes de vieille race oublient ce qu’ils sont pour pouvoir jouir des plaisirs de Paris, je considère notre illustration trop récente pour en avoir perdu la mémoire et la dignité. La veuve de Napoléon III reste et restera près de ceux qui sont morts en exil.
Si l’auteur de l’article me connaissait, elle n’aurait jamais donné cette nouvelle, fort peu intéressante, du reste, pour tout le monde, car je dois être oubliée à présent, même dans la ville que j’ai tant habitée et tant aimée.
Mes souvenirs aux enfants et croyez à mes sentiments affectueux.
Eugénie »


In mid-October 1881, no longer representing a danger to the republican regime, whose base had been considerably strengthened after the tragic death of the Imperial Prince on 1 June 1879, Empress Eugenie asked the Government for permission to return to Paris. A strong desire to find the imprint of this prestigious and radiant past, but also the ghostly silhouettes of the beings and places that were dear to her, inspired this approach. Grief, powerful and violent emotions were to accompany her.

Goddaughter of Chateaubriand and lady-in-waiting at the Tuileries of Princess Julie Bonaparte, Madame Bartholoni (1833-1910) was, by her beauty, one of the ornaments of the Court of the Second Empire. Born Marie-Thérèse Frisell (1833-1910), she was the wife of Anatole Bartholoni (1822-1902).
Madame Bartholoni held a brilliant salon, which inspired Marcel Proust. The writer actively frequented it in the years 1897-1899, and was also the host of the castle of Coudrée, which the Bartholoni owned on the shores of Lake Geneva, between Thonon and Geneva. The spiritual conversation of the former “beauty of the Empire” seems to have strongly inspired him.
Marcel Proust courted, for a time, one of Madame Bartholoni’s three daughters, Louise known as “Kiki” (1857-1933), goddaughter of Empress Eugenie.

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Autograph letter signed « Guy de Maupassant »  to a gentleman
N.p.n.d [Cannes, after 1885], 1 p. in-12 on his letterhead Bel-Ami

Maupassant makes an appointment with his correspondent


« Cher Monsieur,
J’arrive de Paris et, j’y retourne demain, voila pourquoi je n’ai pas encore été vous voir.
Dès mon retour je choisirai un jour sombre pour être sûr de vous trouver. Dites mille amitiés à votre confrère Hayrignies, et croyez à mes sentiments très affectueux.
Guy de Maupassant »


Not hiding his aversion to society and endowed with fragile health, Maupassant took a cruise on his private yacht, named “Bel-Ami”, after his 1885 novel. This cruise, where he passes through Cannes, Saint-Raphaël and Saint-Tropez inspires him Sur l’eau. He retraces his journey in La Vie errante.

DALÍ, Salvador (1904-1989)

Autograph letter signed twice « Dalí » to a friend
N.p.n.d, 1 p. in-4°

Charming letter from the artist, enriched with an original drawing


In a phonetic French, he writes:

« Cher Ami,
Je sabe de satisfaction de tout ce que vous avez fait pour moi et j’espere au moi de novembre realisse pratiquement tous vos suhaits.
Vos embrasse
Dali »


The letter is enriched with an original drawing, also signed, representing a silhouette.

PRÉVERT, Jacques (1900-1977)

Autograph poem signed « Jacques Prévert », enriched with a small drawing representing a small cat
[Antibes, 1956], 1 p. in-plano
Some typographic annotation with pencil, fold marks, tiny tears on upper and lower margins

Very nice tribute in the form of a poem to his friend Pierre Charbonnier


« La couleur de la lumière
et celle de l’obscurité
sont deux sœurs
jumelles de la même clarté
Le brouillard sans la splendeur
du souvenir ensoleillé
ne serait qu’un faux aveugle
avec un chœur de fausse fidélité
Tout cela Pierre Charbonnier le sait
Un mur
Une peinture sur ce mur
éclaire la maison
Dans sa simplicité singulière
son apparente réalité
la rivière
dans le cadre comme dans l’écluse
garde sa fraîcheur première
Et comme au pied du mur
on peut voir le maçon
on peut voir en peinture
le peintre sur ce mur
Pierre Charbonnier qui regarde
la rivière
et ses écluses de fer
avec tendresse détresse et amitié
avec ardente lucidité
Jacques Prévert »


A poet familiar with the dramatic arts, Jacques Prévert is known for his style that rhymes poetry and language plays.

A great friend of Prévert, the painter Pierre Charbonnier (1897-1978) was dedicated by the poet to his poem “Paysage” in March 1956, in Antibes, which resumed the mode of free verses without an apparent rhyme scheme, with attention to sounds. The two poems are similar in that they are built in the mode of ekphrasis, offering both literary and pictorial creation. In our poem, this invitation to contemplate is all the more remarkable for the play on the homophony of heart and “choir”, as if to make each reader the voice carried to understand and say the respectful paintings. At times, the material descriptions are mixed with abstract notions, such as “tenderness”, “friendship”, “lucidity”, thus leading the reader to find his own feelings over the course of the text. Also, language games are numerous, the most remarkable of which is perhaps this association in the mode of an almost oxymoronic paronomasis, “tenderness distress”, reminding us that this is indeed the pen of Prévert.

NÉMIROVSKY, Irène (1903-1942)

Autograph card signed « Irène Némirovsky » to Robert Chauvelot
Paris, 30th May 1933, 2 p. small in-8°
Some small stains

Rare and tender unpublished invitation from the novelist


« Cher Monsieur,
Votre aimable lettre me touche beaucoup, je serais également très heureuse de vous avoir et de connaître Mme Chauvelot. Voulez-vous me faire le grand plaisir de venir chez moi samedi, (le 3 juin) prendre une tasse de thé, dans l’intimité, à la manière russe ? [she adds in Russian] По русскому обычаю ?
Croyez-moi, Monsieur, très sincèrement votre
Irène Némirovsky »


French-speaking Russian author Irène Némirovsky was born in Kiev in 1903 and died in 1942 in Auschwitz. She was a major success in France in the 1930s but was forgotten after the Second World War, she was the only writer to whom the Renaudot Prize was awarded posthumously, in 2004, for her unfinished novel Suite française.

Robert Chauvelot (1879-1937) was a lawyer, journalist, explorer and member of the Superior Council of the Colonies. In 1913 he became the husband of Edmée Daudet, daughter of Alphonse Daudet.

BEAUVOIR (de), Simone (1908-1986)

Autograph manuscript (fragments) accompanied by an autograph letter signed addressed to hes typist for La Longue Marche – Essai sur la Chine
[Paris, 1956] 15 pages in-4°, with two autograph envelopes
Usual fold marks

Some of the last remaining folios for her essay La Longue Marche – Essai sur la Chine, an account of the official trip she made with Jean-Paul Sartre to China, from September 6 to October 6, 1955


There are three parts in these manuscript fragments:

The first fragment bears in the lead: “2 to 5 September 55”, and is paginated 25 to 30 (with a bis). It corresponds to the “Preliminaries” and opens with observations of travelers in the waiting room of Orly Airport, well dressed, taking off for Boston, contrasting with other travelers, soberly dressed, who will fly on an “official expedition” to Moscow…
Simone de Beauvoir takes notes on the Soviets, Hungarians and Czechs at Moscow airfield, and on a South African, also an official guest of the Chinese government with whom the couple of philosophers speaks. This travelogue is enriched with glimpses of the landscape, recalling the Western presence in Mongolia since the seventeenth century (scholars, monks, adventurers, etc.):

« Comme Paris est loin ! Derrière moi le temps et l’espace se sont si bien embrouillés, le système de nos besoins – faim, soif, sommeil – et de toute ma vie a été si radicalement lissé qu’il me semble non avoir fait un voyage mais terminé un rite de passage, long, fatigant, et qui m’a jetée insensiblement ailleurs. J’écoute l’aimable discours qu’on nous adresse en chinois et qu’un interprète traduit. Les porteurs de hautes fleurs écarlates, la moiteur de l’air, la forte odeur végétale qui monte de la terre me suffoque. […] Jusqu’ici quand je pensais à la Chine, je pensais à une histoire, une civilisation, un régime […] mais la Chine n’est pas
une entité politique ; je devine avec joie, qu’elle a un ciel, ses couleurs, ses arbres, une chair »

On December 16, 1956, she sent a second fragment paginated 476, 486 bis. It corresponds to Chapter V, “Culture”:

« Sous les Mandchous, la décadence du monde féodal se réflète dans la littérature ; elle commença à s’évader des règles formelles ; des genres nouveaux se développèrent. Le roman devint autre chose qu’un divertissement […] Le Rêve de la chambre rouge entre autres est caractéristique de cette période »

On December 18, 1956, she sent a last fragment paginated 757, 781 and 782. It corresponds to Chapter VIII “Cities of China”:

« Elle fut la capitale des Song dont le règne coïncida avec le plus beau moment de la civilisation chinoise, et on la considère comme l’Athènes de la Chine. […] Les maisons ne ressemblent pas à celles de Pékin. Au lieu de se cacher derrière des murs, elles exhibent des façades de deux à trois étages, garnies de fenêtres »


In September-October 1955, Simone de Beauvoir was an official guest of the Chinese government, like many other European writers. She goes there with Sartre. On her return, she wishes to tell her experience in this country that has just completed its revolution. The essay was published by Gallimard in April 1957. The manuscript, on the other hand, has disappeared. These are the last remaining sheets of the work. The envelopes confirm unsurprisingly that she was working on this essay in 1956. Sylvie Le Bon de Beauvoir, the writer’s adopted daughter, notes that the set belongs to a version prior to the last draft, because her mother deleted almost all the sheets numbered from 25 to 30, profoundly modifying her “Preliminaries”.

ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Autograph letter signed « Antonin Artaud » to Jeanne Toulouse
Ivry-sur-Seine, 1st February 1948, 2 p. in-8vo with envelope

One of Artaud’s last letters and evoking Van Gogh le suicidé de la société


« Chère Jeanne Toulouse et amie
J’étais venu venu [sic] vous voir il y a un mois dans une détresse sans nom.
Je compte passer chez vous un jour très prochain vous apporter un exemplaire de mon Van Gogh
Voulez vous avoir l’obligeance de m’adresser un mot 23 rue de la mairie à Ivry sur Seine pour m’indiquer quel jour je pourrai passer vous voir
dans l’attente de ce petit mot je vous prie de me croire cordialement et affectueusement vôtre
Antonin Artaud
23 rue de la mairie
Ivry sur seine »


Thirty years before this letter, on the advice of Dr. Dardel, Antoine Roi Artaud, father of the writer and poet, came into contact with Edouard Toulouse, psychiatrist then director of the asylum of Villejuif. The latter welcomes Artaud to his own home and “understands[end], seeing [him] that he [has] before him a quite exceptional being, of this race which gives Baudelaire, Nerval, Nietzsche.”, in the words of Jeanne Toulouse, wife of Edouard Toulouse, of whom Artaud has also made a portrait.

This letter was written a month before the death of Artaud, then ravaged by drug addiction. Its nervous spelling and sometimes approximate punctuation testify to the physical and psychological damage of drugs.

The “Van Gogh” that Artaud mentions is his poetic essay Van Gogh, le suicidedé de la société (1947), published on the occasion of an exhibition dedicated to the painter, rewarded with the Sainte-Beuve prize the following month. More than a portrait of the painter, breathtaking of passion and violence, we can read in this prose a projection of Artaud himself. Indeed, to enlarge the features, he takes the side of madness as a social construction intended to exclude those who attack institutions. Thus he says about Nerval, a writer who also bore the brunt of this rejection, that he “was not crazy, but [he] was accused of being crazy in order to discredit certain crucial revelations he was about to make.” Van Gogh, Artaud under the guise of the painter, but also Nerval, Nietzsche, Sade – all three mentioned in the essay – share the ethos of the tortured handed over to psychiatry.

It emanates from this essay that creation can be perceived as a Faustian pact, in which “[the artist] has never written or painted, sculpted, modeled, constructed, invented, only to get out of hell.” The hell of addiction, the hell of instituted psychiatry from which Artaud emerges through writing and van Gogh through painting.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph notes
[Paris, 1883], on the back of an envelope addressed to him
Some tears (see scans) and one stain

Moving autograph notes of the great man on the back of an envelope showing his legendary mailing address


Autograph notes for accounts: laundry, outing to the theatre, accounts with Maris, furniture, Old Bank Guernsey etc.
A header of the Publishers Hetzel which was addressed to him (“Monsieur Victor Hugo, 130 avenue Victor Hugo, Paris”), with postmark of 18 November 1883

Victor Hugo lived the last years of his life in a hotel on the former Avenue d’Eylau, which was named Avenue Victor-Hugo in 1881, at n°502 (now n°124). He was therefore sometimes sent his letter as follows: “To Monsieur Victor Hugo, En son avenue, à Paris”

[BAUDELAIRE] FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Jules Sandeau
Croisset, 26 January [1862], 2 p. in-8 on blue laid paper
Fold marks, some frictions

Flaubert takes an ironic look at Baudelaire’s candidacy for the Académie française


« J’ai une singulière requête à vous faire, mon cher ami.
Voici l’histoire :
J’ai reçu hier une lettre de Baudelaire m’invitant à solliciter votre voix pour sa candidature à l’Académie.
Or, comme je trouve insolent de vous donner, en cette matière, un conseil, je vous prie de lui donner votre voix, si vous ne l’avez pas déjà promise à quelqu’un.
Le candidat m’engage à vous dire « ce que je pense de lui ». Vous devez connaître ses œuvres. Quant à moi, certainement, si j’étais de l’honorable assemblée, j’aimerais à le voir assis entre Villemain et Nisard ! Quel beau tableau !
Faites cela ! Nommez-le ! Ce sera beau. Il paraît que Sainte-Beuve y tient.
Je ne sais rien de toutes ces choses dans mon petit trou, étant acharné à la fin de Carthage [Salammbô], qui aura lieu dans deux ou trois semaines ; après quoi j’irai vous serrer les deux mains.
C’est ce que je fais à distance, en vous priant de me déposer aux pieds de Mme Sandeau et de me croire, mon cher Maître, tout à vous. 
Gus Flaubert »


On December 11, 1861, Charles Baudelaire, who had then published nine books, presented his candidacy to the Académie française. At that time, his literary reputation was fairly good: Victor Hugo and Théophile Gautier recognized his poetic talent and the relevance of his criticisms, and the wrath he had attracted following the trial of the Flowers of Evil (1857) attested to a certain success. It was in such a context that he wrote to his mother on 25 July 1861 that, in his opinion, joining the Académie française was the “only honour that a true man of letters can ask for without blushing.” Because the poet’s taste for provocation is not unknown, many of his peers wonder about the seriousness of his approach. Indeed, one hardly ignores his aversion to the bourgeois inter-self, not “as a representative of a social class, but as a representative of a way of life”, according to Hugo Friedrich. The latter adds that “This also applies to Flaubert”, who “becomes alongside Baudelaire the greatest enemy of the bourgeoisie (…) it is a suffering before the lack of spirit of men absolutely devoid of inner anxiety. However, the Académie française is par excellence a cenacle of bourgeois little open to singularity – needless to say that Baudelaire’s poetry largely distances itself from traditional codes. Moreover, the immortals all wear the same habit when Baudelaire is breaking with dress codes.

We then understand gustave Flaubert’s astonishment at this candidacy. Two days before our letter, on January 24, 1862, the poet wrote to the novelist: “I have made a whim, a madness, which I transform into an act of wisdom by my persistence (…) I am told that you are very closely linked to Sandeau (…) I would be infinitely obliged if you wrote him what you think of me [fragment taken up in Flaubert’s letter to Sandeau]. I will go to see him, and I will explain to him the meaning of this candidacy, which has surprised some of these gentlemen so much. » Thus Flaubert expressed his astonishment to Jules Sandeau, himself an academician, and wrote the same day to Baudelaire, informing him that he had asked the immortal to vote for him: “So without understanding anything about your letter, I have just written to Sandeau asking him to vote for you.” Two paradoxes emerge: on the one hand, Flaubert invites Sandeau to vote for his friend while ironizing his intentions and, on the other hand, he speaks much more freely – to the point of mockery – to Sandeau about Baudelaire’s candidacy than with Baudelaire himself.

The term “history” immediately announces Flaubert’s lack of seriousness about Baudelaire, and “seeing [Baudelaire] sitting between Villemain and Nisard” is almost an antithesis. Flaubert despises as much the perpetual secretary of the French Academy as the Bonapartist and humanist to the methods of the sixteenth century. This intuition is probably confirmed in Baudelaire’s letter to Flaubert of 31 Jan. 1862, in which the candidate already suggests that he will not be elected: “some academicians [have] declared that they would not even receive me at home. I made a whim that I do not think of. »

Flaubert adopted a marked position on Baudelaire’s candidacy: he made no secret of it to Sandeau, as if to compensate for his embarrassment in giving himself up frankly to his friend.

Baudelaire finally withdrew on February 17, 1862.

PSICHARI, Ernest (1883-1914)

Autograph letter signed « Ernest Psichari » to Maurice Reclus
Paris, 11th June 1902, 8 p. in-folio
Fold marks and some tears

Long and moving unpublished letter enriched with four poems, a few days before his first suicide attempt


« Mon cher Maurice Reclus,
Suis-je fou de t’avoir promis des explications à ce qui n’en comporte aucune ? Je ne crois pas qu’il y ait dans mes 16 pages « d’intention philosophique ». Ca serait vraiment trop ridicule. Ma seule intention fut, je le jure, d’accoupler des mots à la dérive, avec harmonie et rareté, autant que possible. Du reste, tu connais cela, et tout le monde connait cela. On se fiche pas mal de l’idée, en versifiant, et la joie est bien assez grande quand on a pu dénicher un mot sonore, même vain. Peut-être bien tout de même y avait-il en moi une pensée subconsciente, mais très sub[consciente]. Tenter de la dégager est peut-être audacieux et certainement vain.
Si je voulais étiqueter les concepts latescents au moment de l’écriture, je les alphabétiserais ainsi :

a) Glorification du suicide ; néant ; la mort, que la vie est tararaboum.
Idée banale que je développais jadis philosophiquement dans une conférence qui est en la possession de Jacques et plus jadis encore dans un exécrable sonnet, hybride et plat, que je reconstitue à peu près ainsi :

Ame, très douce amie, et sœur parmi les sœurs,
Tu cueilli tous les fruits au jardons héroïques…
Te souvient-il, parmis les jouvences mystiques,
De l’enfer des Baisers, du Paradis des Pleurs ?

Mais hélas ! le trésor est lourd de tes langueurs
Et si les pampres ont des errances magiques,
Moi, je veux éternels tes songes identiques,
Et clos ton rêve d’or en un flacon d’odeurs.

Tout bas tu confieras aux sépulcres bizarres,
Les emois trépassés des ardentes fanfares,
Et tu t’accoupleras aux noirs hippogryphes

Et tu seras la Sphinge enfin rassérénée,
Celle qui sut l’énigme inéffable des Soirs,
Et qui, comme une fleurs d’été se veut fanée.

Inspiration antipodique de celle d’A. France qui commence ses « Poèmes dorés » par une invocation à la lumière, et de celle de tous les poètes grecs, chez lesquels Yxos signifiat même bonneur [cf. Iliade XVII, 615 ; XXI, 538. Eschyles, les Verses, 300 Soph. Antig. 600] et aussi gloire, vie, etc… Chez moi, le mot ombre joue le même rôle et est aussi évocateur et multiforme que le Yxos greg. Je t’expliquerai un jour, comment, selon moi, il n’y a jamais eu de poédie en Grèce, à cause précisément de ce petit mot Yxos, et comment il n’y a jamais eu de poésie qu’en Allemagne, précisément par mépris dy Yxos.
Quant au suicide, il est de toute évidence la conséquence logique de l’amour. Mais ce qui fait la petite nouveauté de mon idée sur ce point, c’est que mes deux héros se suicident par bonheur. Je crois en effet, avec Schopenhauer qui a indiqué d’un mot cette théorie [Lichstrahlen… von F. Francus 3° ed. Leipzig 1874 p. 186] que le suicide a pour cause l’amour de la vie et non le mépris ou l’horreur de la vie. Cela, je le développe à fonds dans la conférence suiscitée.

[…]

e) J’en arrive à l’idée maîtresse et directrice. Elle sous entend Solness le constructeur. Le symbolisme touffu de Solness signifie selon moi ceci :
1° Solness construit l’idéal.
2° Pour ce faire, il tue les hommes et fait les 400 coups
3° L’idéal construit, tout s’écroule
4° D’où inutilité de Solness. Et absurdité d’iceluy.

Je dis :
1° Lui, poursuit l’idéal.
2° Pour ce faire, il fait, comme Solness, les 400 coups.
3° Tout cet aria aboutit au néant. Voir a.
Ne reproduit rien. Voir b.
4° Glorification de Lui. Car la recherche de l’Idéal est belle, même si elle n’aboutit pas.
Surtout si elle n’aboutit pas.

Solness a raison de tuer les hommes.
Solness a raison de construire une maison qui s’écroulera.
Il n’y a de belles que les maisons qui s’écroulent.
C’est un fait important et vraiment fécond que la maison s’écroule.
Cette idée était vague en moi quand j’écrivais mon poème. Elle n’est encore.
Mais ce fut là l’étoile lointaine, à laquelle j’accrochais ma charrue, puisque charrue il y a.
f) Je passe sur les petis symboles accessoires que tu as percé ede toi-même sans doute, et qui n’ont rien d’original : la Statue qui s’anime, les fruits murs, etc…
Au revoir
J’apprends Glatigny par cœur, intégralement.
Imite moi.
Dévotement à toi
Ernest Psichari »


Ernest Psichari (1883-1914) was the son of Noémi Renan (the daughter of Ernest Renan), and Jean Psichari, a philologist. He is known for his novels, Terres de soleil et de sommeil, L’Appel des armes, Le Voyage du centurion, and for his conversion to Catholicism, under the influence of Jacques Maritain in particular. He died in Rossignol at the beginning of the first World War. He will be used, by Barrès among others, to fight against the influence of Ernest Renan, still very important at the time, and will become one of the symbols of the nationalist right. His work, however, goes beyond this image that has been forged of him for ideological needs.

Psichari was 19 years old at the writing of this letter, dated June 11, 1902. He is going through a particularly troubled period. According to his biographer, Frédérique Neau-Dufour “It is partly a disappointed love that leads Ernest to [a] depressive state [p. 96]”, love for Jeanne Maritain, sister of Jacques and daughter of Geneviève Favre, the daughter of Jules Favre.
“Ernest tried to commit suicide, in a proven way, in August 1903, and perhaps, already, in July 1902. [p. 99] ». The letter was written shortly before his first suicide attempt, which was followed by a second attempt (from which he was saved by his friend Maurice Reclus, and after which he was interned for three months, from August to October 1903.

We will not be surprised then by the content of this letter.

The main themes are highlighted: suicide, “perfect love […] infertile”, individualism, evolutionism, taste for misfortune. The references are very numerous: we find Anatole France, Homer, Aeschylus, Schopenhauer, Mallarmé, Wilde, Ebing, Darwin, Haeckel, Tyndall, Kelvin, Tolstoy, Lombroso, Nietzsche, Wagner, Albert Glatigny… Psichari then prepared his “licentiate in literature with the philosophy option, which he failed in July 1902; it will only be received during the remedial tests in November.

The text is sown with symbolist poetry; note the sonnet Le fruit défendu, “description d’un amour féminin”, echo of the homosexuality of Ernest Psichari (whose friendship with Jacques Maritain “undoubtedly works in the mode of the romantic relationship”).

The letter ends with the evocation of a piece by Ibsen, Solness the builder, whose themes are the aspiration to the ideal, the fall and the failure.

 

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Autograph letter signed « Edmond de Goncourt » to a lady
Saint Gratien, 21 7bre [September] [18]90, 2 p. in-8
Fold and wet marks

Goncourt gives news of his literary circle


« Chère Madame,
Ah que je suis coupable à votre égard et que je m’en fais des reproches, mais pardonnez-moi j’ai tant travaillé, voulant à peu près préparer deux volumes de mon Journal, pour chercher à passer à d’autres exercices, que je ne me sentais plus après le travail de la copie, le courage d’écrire.
Après mon séjour chez [Alphonse] Daudet, j’ai passé une vingtaine de jours avec ma belle petite cousine que s’est montrée assez gentille avec moi cette année, et je revenais avec le dessein d’aller chez Daudet où devait avoir lieu une fête pour les fiançailles des Lockroy et Hugo, mais ne voilà-t-il pas que tout est à l’eau. Mme [Julia] Daudet est tombée malade, obligée de garder l’immobilité dans son lit et je ne sais plus si la fête aura lieu et si j’irai chez eux.
Dans ce moment je suis à Saint-Gratien où j’ai été malade comme un chien les premiers jours et où si je ne travaillais pas toute la journée, je m’embêterais princièrement.
Et je ne sais rien, si ce n’est que Mme Strauss [sic] qui fait du sport et du turf dans les villes d’eau a [tra]versé Meilhac, que M. John Lemoine vit de la vie heureuse d’un légume dans les environs de Dieppe, que le père [Jules] Zeller a été apuré heureusement de la pierre, et que la chère demoiselle a profité de cela pour escompter ma sensibilité et chercher à lui faire rendre de l’amour.
Et vous chère madame, allez-vous nous revenir, grasse, bien portante, l’esprit couleur de rose.
Votre bien affectionné
Edmond de Goncourt »


The Journal of the Goncourt brothers remains an interesting testimony on the second part of the nineteenth century. Until his death in 1870, Jules was the main author of the Journal, then continued by Edmond after Jules’s passing in 1870. Subtitled Mémoires de la vie littéraire, it consists of a set of notes, usually brief, taken on a day-to-day basis.
Close friends of Alphonse Daudet (and the naturalist circle), the two writers met regularly throughout their lives. It was at Daudet’s home in Draveil when Goncourt died on 16 July 1896.

Geneviève Halévy (1849-1926), known as Madame Straus, who first married to composer Georges Bizet and subsequently lawyer Emile Straus, is a French salonnière, also known for having been one of the models of the character of the Duchess of Guermantes in the novel In Search of Lost Time by Marcel Proust.

CARROLL, Lewis (1832-1898)

Autograph letter signed « C.L. Dodgson » to Mr Burton
Eastbourne, Aug[ust] 25 [18]77, 2 p. in-12° with pink ink

Astounding letter addressed to the father of his new “child-friend”, to whom he wishes to send a copy of Alice’s Adventures in Wonderland


“Dear sir,
I hope you will excuse the liberty I am taking in addressing you, as well as the liberty I took a few days ago in making friends with your little daughter, but I think that even one who is not, as I am, a great lover of children, could hardly fail to be attracted by her. Wishing to leave for her at her lodgings a little book (one I have several times given to little friends) I have made two expeditions, in vain, to find the lodgings. Not having the right address and seeing her no more on the beach, the only course seems to write to the town address. If you will allow me to present her with the book, would you kindly tell me whether to send it to London or to what address. (The book is called Alice’s Adventures in Wonderland).
Believe me truly yours,
C.L. Dodgson (of Christ Church Oxford)”


Addressed to Mr. Burton, this letter was written nine days after the writer’s meeting with his daughter, as reported in his Journal dated August 16, 1877: “Went to the pier in the evening and had another happy meeting. My new friend is Mabel Burton. She appears to be about 8 years old. (…) She is absolutely charming and without an atom of shyness. I have never been friends with a child so easily and so quickly. »

We do not ignore the writer’s taste for young girls. Carroll explicitly announces to a father – he does not know that the latter has died a couple of years ago – that he intends to befriend his daughter.  Despite these considerations, a friendship begins, which goes beyond the perplexity mixed with amazement of Mrs. Harriet Burton, mother of Mabel. The daughter did not intend to tell the mother of her encounter with the “strange gentleman”, expression of the girl herself. On August 28, Carroll wrote a letter to Mrs. Harriet Burton in which we understand that she had agreed to let him send a copy of Alice’s Adventures in Wonderland to Mabel. Although the novel predates Carroll’s friendship with the little girl, it is not forbidden to imagine Mabel as the shadow cast by Alice, a heroine by the power of the writer’s gaze.

MONTIJO, impératrice Eugénie de (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Elisabeth de la Croix de Castries (widow of Patrice de Mac-Mahon)
Abergeldie Castle, 20th October 1893, 2 p. 1/2 in-8 on mourning paper

Letter of condolence from the Empress on the death of Patrice de Mahon-Mahon
Eugénie evokes with emotion the sorrow she herself had felt twenty years earlier at the death of her beloved husband Napoleon III on January 9, 1873


« Madame et chère maréchale
J’ai appris ici en Ecosse le malheur qui vient de vous frapper.
Je sais que c’est un grand déchirement de cœur pour vous de sentir se briser les liens qui vous ont donné tant d’années de bonheur.
Je ne puis que sympathiser avec une douleur que j’ai moi-même éprouvé ; aussi c’est de tout cœur que je prends part à votre immense chagrin et à celui de vos enfants.
Croyez, Madame et chère Maréchale, à mes sentiments affectueux
Eugénie »


The death of Patrice de Mac-Mahon, Marshal of France and Duke of Magenta, occurred a week earlier, on October 17, 1893.
He succeeded Adolphe Thiers as President of the Republic in 1873 before resigning in 1879 following the constitutional crisis of 1877.
Abergeldie Castle is a residence located near Balmoral Castle. It was placed at the disposal of the Empress during her stays in Scotland with Queen Victoria.

MERMOZ, Jean (1901-1936)

Autograph letter to his grandparents
Mazamet 31st March [1935], 1 p. ¾ in-4
The bottom of the 2nd page has been cut off, probably to remove a passage too intimate

Poignant letter about the death of his brother-in-law, Édouard Chazottes, in a plane crash
A letter with a resonance all the more tragic as Mermoz in turn died the following year aboard a four-engine seaplane off the coast of Senegal


« Vous avez dû apprendre par le journal la triste nouvelle : l’accident mortel survenu à mon petit beau-frère Édouard à Istres. Alors qu’il descendait pour atterrir sans qu’il ait eu le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait, un autre avion est rentré dans son fuselage, l’a coupé en deux, les deux appareils se sont écrasés ! deux morts. Édouard n’avait fait aucune faute, l’autre a payé de sa vie une erreur qui fut lourde de fatalité… Vous dire le chagrin de Gilberte : c’est inutile…. Elle est très fortement touchée ; le mien est profond. Depuis trois mois qu’Édouard était à Istres, il avait bien changé ! L’aviation en avait fait un homme. Je le conseillais, le guidais : il remplaçait le frère familial que je n’ai pas eu… il était aussi mon petit frère spirituel en aviation… Je pensais en le voyant se transformer peu à peu qu’il me continuerait dans l’avenir. Il avait toutes les qualités pour cela : prudence, volonté, courage. Il naissait… mais il s’apprêtait à vivre l’existence dont je vis moi-même. Je n’aurais pas voulu qu’il puisse me précéder dans une aussi funeste voie. Qu’il m’y suivît plus tard, bien plus tard, c’eût été dans l’ordre… Lui ne souffre plus : il est heureux.
Demain était son anniversaire : il allait avoir vingt ans. Il est mort en plein rêve. Il en était à ses derniers vols d’école. Ils l’avaient fait affecter à Alger où il se faisait une joie d’aller : Il venait d’avoir son affectation, il était nommé caporal-chef. Il se faisait une fête d’aller au mariage de son cousin à Mazamet, où nous devions le retrouver ; le jour même où le mariage devait avoir lieu, c’est-à-dire hier, nous l’avons accompagné une dernière fois jusqu’au seuil de l’éternité.
Dieu régit nos destinées ; il faut savoir se résigner sans courber la tête et continuer toujours plus avant vers l’avenir.
Nous devions aller vous voir le jour de Pâques, le dimanche, j’ai pu prendre le train vendredi soir pour Istres. Nous étions depuis jeudi à Paris. Maman était au lit avec une bronchite et une menace de congestion pulmonaire… maintenant… »


On April 11, 1932, in Mazamet, Jean Mermoz is the wedding witness of Robert Henri Chazottes, known as “the American”, first cousin of Gilberte, and Marthe Marie Rives. His father, Numa Elie Chazottes, born on February 4, 1875 in Mazamet, a merchant like his brother Ernest in Argentina, married on July 30, 1906 to Ema Maynadié, with whom he had 2 children born in Buenos Aires, Robert Henri, on March 21, 1908, and Yvonne Adèle on February 11, 1910. Jean Mermoz and Gilberte separated in the summer of 1935, a break accelerated by the death of her brother, Edouard, a young pilot with a broken destiny in a plane crash…

CLEMENT, Jean-Baptiste (1836-1903)

Autograph manuscript signed « JB Clément »
N.p, dated 23rd April 1869,  4 p. in-8°
Sealed L’Eldorado, some corrections in the text

Very rare manuscript of the revolutionary composer entitled “Rondeau”


« Pan ! Pan ! c’est moi le chantre de Lisette
Et du grenier qui fut mon paradis ;
Du grand et Pierre attrapant la lorgnette
Ah ! Laissez-moi revoir mon vieux Paris

[…]

Sur ce refrain, au temps des grandes guerres,
Que nous culbutions Messieurs les Autrichien,
Vous mes enfants plus joyeux que vos pères
Vous chanterez l‘pied qui r’mue aux Prussiens

[…]

Si le temps fuit l’humanité demeure
Et chancelante et prête à tomber,
La lune trône et la misère pleure
Pâle, livide et lasse d’espérer

[…]

Bonsoir, enfan[t]s, je vais chez l’espérance
Parler de vous sous les grandes rumeurs vertes,
J’en couperai pour cette belle France
Dont j’ai chanté la gloire et les revers »


Consisting of 84 verses in decasyllables, this nostalgic manuscript on a war background seems to be unpublished and does not appear in the published texts of the composer. However, we will notice the stamp of L’Eldorado (on the left of the first folio), an establishment both café and theater opened in 1858 and located 4 boulevard de Strasbourg, in the tenth arrondissement. It is therefore possible that this song was produced there. It was in the same establishment that the famous Temps des Cerises, which became the anthem of the Paris Commune, was set to music the previous year.
After returning from exile in 1867, Jean-Baptiste Clément collaborated with various newspapers opposing the Second Empire. He was then convicted of publishing a newspaper not endorsed by the emperor. He was imprisoned in the Sainte-Pélagie prison until the republican uprising of September 4, 1870.

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Autograph name card to a gentleman
N.p.n.d, 1 p. 1/2 in-24

Goncourt urges a colleague to speed up his printer proofs


« Eh bien qu’est-ce qu’il fait votre imprimeur ? Il a très bien marché d’abord, et puis le voilà que ne m’envoie pas la 2ème feuille. Met[t]ez lui un peu l’épée dans les reins »


Edmond de Goncourt is a French writer, at the origin of the Académie Goncourt, which awards each year the prize of the same name. Part of his work is written with four hands with his brother, Jules de Goncourt. Their works belong to the current of naturalism.

GONCOURT (de), Jules (1830-1870)

Autograph letter signed « J. de Goncourt » to a gentleman
N.p.n.d, 1/2 p. in-8 on blue laid paper

Jules de Goncourt must decline a request


« Monsieur
J’aurais voulu me rendre plus entièrement à vos observations. Mais, hélas, je ne sais un peu qu’un siècle, qui n’est malheureusement pas le 17ième ; vous m’excuserez : c’est insuffisance et non mauvais vouloir qui m’a empêché de m’étendre ; et vous aviez, Monsieur, à vous les regrets d’un pauvre éditeur de documents qui se dit très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
J de Goncourt »


Jules de Goncourt is a French writer, at the origin of the Académie Goncourt which awards each year the prize of the same name. Part of his work was written in collaboration with his brother, Edmond de Goncourt. Their works belong to the current of naturalism.

FAURE, Gabriel (1845-1924)

Original albumen print, signé « Gabriel Fauré »
Original photograph by Benque, c. 1905, cabinet format (14 x 10,5 cm) mounted on thick cardboard
Some imperfections, spots, glue mark on verso

Beautiful portrait of the musician by Benque


The print is accompanied by a dedication of the composer in the lower margin: “à Mr René Thorel, son dévoué Gabriel Fauré”

René Thorel was an officer who published Souvenirs de guerre. He frequented the musical circle and was also in contact with Saint-Saëns and D’Indy.

APOLLINAIRE, Guillaume (1880-1918)

Epistolary poem signed « Guillaume Apollinaire », to André Billy
Nîmes, 9th March 1915, 1 p. in-8 on Café Tortoni’s letterhead
Fold marks, some small tears on margins, some spots

Admirable poetic epistle of Apollinaire, unpublished in its manuscript version, from the Café Tortoni in Nîmes where the poet had his habits


« J’ai reçu les rimes ou traînent

Nos souvenirs, à tous les deux ces sons de cor,
Ami, les jours aux jours s’enchaînent
Combien, combien de jours encor
Et les tristesses les emmènent
Combien de douleurs les emmènent

J’ai vu Larguier pendant huit jours
Il est au camp de Carpiagne
Nîmes aux tristes alentours
En est plus triste et la Tour Magne
En pâlit sous les cieux trop lourds.

Adieu, Billy, le travail sonne,
Trompette triste comme un cor,
C’est un printemps comme un automne
Quand nous reverrons-nous encor ?
Ah ! qui peut le dire ? Personne

Guillaume Apollinaire »


It is always moving, even when the text is known, to discover its first handwritten version. This is the case for this poem, part of an epistolary exchange between Apollinaire and his friend André Billy (1882-1971) during the war of 14-18, in March 1915, unveiled after more than a hundred years.

This poem is a response to a letter in verse by Billy, dated March 7, 1915 (we note the performance of the Post Office to the Armies!):

« Ta lettre, cher Guillaume, a rempli tout mon cœur.
Pars donc, puisqu’il le faut, mais sois bientôt vainqueur.
Et que ton canon gris et que ton cheval fauve
Reviennent avec toi de la Lorraine sauve.
Hier, j’ai vu Salmon, tout habillé de bleu,
Avec un passepoil jaune sur sa culotte
Et sur chacun de ses boutons noircis au feu
Un petit cor de chasse… O souvenirs qui flottent !
« Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent. »

We note the presence of a punctuation that will not be included in the publications. Billy punctuated his poems, Apollinaire could be trained in spite of himself to do the same, especially since in his epistolary poems punctuation often comes naturally under his pen. The first draft that can be deciphered in verse 2 under the corrections is replaced by a less banal expression (“Nos souvenirs, à tous les deux” becomes “Nos souvenirs, ces sons de cor”, echo of Billy’s last verses which quoted a poem by Apollinaire). In the 5th verse, “pains”, stronger, replaces “sorrows”.

Billy, in March 1915, had remained in Paris, where he was annoyed, while Wilhelm de Kostrowitzky following his voluntary enlistment was training in Nîmes in the artillery and used abundantly the stationery of the Tortoni café where he had his habits. André Billy, who also teased the muse, was a journalist and in August 1915 he was going to publish in the Mercure de France part of their “Correspondance poétique”, taking care, however, not to write the names in clear. The numbers in blue on the margins of the manuscripts are probably intended for Mercure.

André Billy had commented on this publication almost on the spot: “Young writers, torn by the war from their favorite occupations, have adopted a charming use: they correspond in verse, which proves at least, we will agree, a morale of all rest. We have before us a number of these poetic epistles. Let us hope that someone, later, will bring them all together. They are valuable literary and psychological documents. »

This means that these poems written quickly without a doubt were however more or less clearly intended for publication. The authors were aware of the testimonial value of these exchanges and took care of their texts. As early as 1923, André Billy published this correspondence in his Apollinaire Vivant, with his own poems reproduced above, which only Apollinaire’s allusions can illuminate: their mutual friends, the Cevennes Léo Larguier, who will be wounded in September 1915 and will later sit like Billy at the Académie Goncourt.

These exchanges testify, among other things, to the need for soldiers far from their intellectual and emotional background to keep in touch to endure the separation. If Apollinaire in March 1915 had not yet known the front, he already knew that death was lurking.

 

FAURE, Gabriel (1845-1924)

Autograph letter signed « Gabriel Fauré » to André Beaunier and his wife Jeanne Raunay
N.p.n.d [Lugano, summer 1910], 4 p. in-8to
Usual fold marks

Long unpublished letter, enriched with a quatrain, in which Fauré evokes his opera Penelope and alludes to his Preludes for piano n°4 to 7


« Cher amis,
Vous pouvez vous douter de l’immense joie que je dois à André Beaunier et vous pensez bien que si, c’était possible, je vous en serais encore plus affectueusement attaché. Mais, ça n’est pas possible ! Il n’y a que ce trop délicieux complet final qui me gêne, car si je le prenais à la lettre, je perdrais une qualité qui fût jusqu’ici ma sauvegarde : l’incertitude du soi-même ! Ce qui n’empêche, au fond, que je l’ai bu et rebu avec ivresse.
J’ajoute que ce bel article que, seul, [Eugène ?] Brieux peut trouver très mal fait, lui a valu plus d’un aimable petit mot et, notamment, de ce bon gros Buscheim, lequel ajoute à des félicitations émues celles dont lui aurait fait part – non moins vibrantes – [Paul] Hervieu. Allons, tout va bien, tout va bien, excepté mes bronches et c’est d’Ems, désormais, que je réclamerai de vos nouvelles – pas par dépêche !
Mais à ce propos, – (ma lettre va ressembler à un Jeudi de Claretie), – indiquez-moi, cher André, un bouquin pas trop gros où je pourrai retrouver l’histoire sur cette fameuse dépêche d’Ems. Cela m’intéresserait particulièrement sur les lieux mêmes, – (oh combien sur les lieux !)
J’ai bien travaillé ici, non pas à Pénélope, mais à des pièces de piano, pour m’entraîner, des sonnets, sinon de longs poèmes.
Et la température a été presque toujours exquise. Quant à l’hôtel, c’est un délicieux désert où je règne en maître très gâté.
Mais, deux ombres au tableau :
1° L’Ems inéluctable. 2°, la pénible pensée que l’on aura bien longtemps, trop longtemps sans vous voir.
J’ai envoyé à [Gaston] Calmette un télégramme en même temps qu’à vous-même. Je tenais à lui témoigner ma gratitude de ce qu’il m’a décerné si amicalement tous les honneurs [réservés] à vous, et la meilleures place du journal.
J’espère que votre combinaison de Boulogne vous plait et qu’elle n’est pas trop fatigante. J’espère aussi que le chant ne chôme pas. Etes-vous enfin renseigné au sujet de Monte-Calo ?
Si vous voulez envoyer un mot à Ems, Hôtel Prince de Galles, où je serai mardi prochain, vous me ferez un infini plaisir.
Encore à tous deux mille mercis et mille bien affectueux et bien dévoués sentiments.
Gabriel Fauré
Ci-jointe l’image
d’un vieil enfant bien sage.
Et, si attentive, au piano,
La perle de Lugano.

Brieux dirait plus mal !

Cher ami, voulez-vous prendre la peine de demander que le Figaro me soit envoyé, à partir de lundi, à Ems, Hôtel Prince de Galles ? Merci »


André Beaunier, a literary critic, and his wife, the singer Jeanne Raunay, were very close to Gabriel Fauré. The latter had witnessed their marriage. Jeanne Raunay had created many melodies for the composer, including the cycle of the Chanson d’Eve.
This letter was most likely written in the summer of 1910 (Fauré resided in Lugano from July to October 1910). He went to Ems from 9 to 25 August, which suggests that this letter was sent at the beginning of the month.
Fauré’s warm thanks perhaps concern an article that Beaunier would have devoted to La Chanson d’Eve. It was during this stay in Lugano that Fauré, innerrompating Penelope‘s composition, composed the Preludes for piano Nos. 4 to 7, to which he vaguely alludes.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph letter signed “Aragon” [to the “Red duchess” Elisabeth de Clermont-Tonnerre]
N.p.n.d, [1950], 1 p. in-4°

Violent reproaches of Louis Aragon against Thomas Mann – The poet explains his hostility to the idea of meeting the German writer, then on an official visit to Paris


« Excusez-moi, Madame, de ne pas vouloir déjeuner avec Thomas Mann, dont la conduite pendant la guerre, le pacifisme d’entre deux guerres, et la signature au bas de l’ignoble manifeste contre les exécutions en Russie ne peuvent pas me rendre plus aimable la détestable littérature.
Très respectueusement
Aragon »


Thomas Mann officially received in Paris in May 1950
At the beginning of May 1950, Thomas Mann had begun a European lecture tour. On May 12, he arrived in Paris, accompanied by his wife Katia. At the “Ritz”, where his French publishing house has booked a suite, they receive a very warm welcome.
If during his stay in Paris, which must have lasted a few days, Thomas Mann could not see André Gide himself, he spoke with Jean Schlumberger who had created with Gide La Nouvelle Revue Française. In the quick note he wrote for the bookseller Martin Flinker, Mann mentions the “incredible beauty” of the capital of France and a [French] civilization at the “forefront of progress”… while confiding to his Journal his great fatigue and the aversion he felt for “the French linguistic sphere”.
He is indeed irritated by interviews that he considers malicious – such as that of Dominique Arban for Le Figaro, who asks the author of Doctor Faustus if, judging by his book, it is possible to imagine a new Germany in which would have disappeared “the vertigo of obedience and blood”. The interviewers’ reminder of Paul Olberg’s letter, published in the Swiss newspaper Volksrecht, also disturbs him to the highest degree. The Swedish journalist had indeed asked Thomas Mann how “he who had fought without concession Nazi Germany had been able to accept in 1949 the invitation of a regime [that of the GDR] which trampled underfoot with the same brutality freedom and humanity”.

A German writer sensitive to communist propaganda
At the end of the Second World War – after the election in 1945 of Harry Truman as President of the United States and until 1949 – Thomas Mann was sensitive, like many intellectuals of the time, to stalinist propaganda that presented the United States as an imperialist power, ready to trigger a new conflict – and the USSR as concerned only with peace and the happiness of the peoples. Thus, in March 1949, he supported the initiative of Harvard professor Harlow Shapley to convene in New York a world peace conference – directed against the Atlantic Pact finally signed on April 4, 1949 – in which 24 delegates from communist countries participated, in which Thomas Mann saw only “pure idealists”. He telegraphed Dean Acheson, the U.S. Secretary of State and father of the Marshall Plan, to reconsider his ban on allowing other delegates from communist countries to enter American territory. Silent about the deportations and mass executions ordered by Stalin, he does not miss an opportunity to protest against McCarthyism and “anti-communist hysteria”, driven to this by his son Klaus and daughter Erika.

Thomas Mann still enthusiastically accepted the invitations – issued by the newly formed Federal Republic and the other part of Germany that would proclaim itself the “Democratic Republic” – to preside over the ceremonies given in July/August 1949 for the bicentenary of Goethe’s birth, first in Frankfurt (West) and Weimar (East). Flattered by the honors that are rendered, he wants to believe that it is only literature and does not want to see the instrumentalization to which he is the object of the communist leaders.

Mann disappoints the Communists and abjures politics
But soon after, sensitive to criticism and becoming more far-sighted, he refused to participate in the “World Congress of Supporters of Peace” which took place in Paris from 20 to 23 April 1949 under the patronage of Picasso (with his famous “dove”) and Aragon.

Louis Aragon’s refusal to see Thomas Mann on the occasion of his official visit to Paris in May 1950 was thus explained by the hope aroused in the communist camp by some of his statements. The most prestigious German writer of the time, an emeritus fighter of fascism since his American exile, fundamentally hostile to the western part of Germany which he thought had not really got rid of Nazism, represented a vector of propaganda of the highest order for the ideologues of communism. The spite felt by Louis Aragon and others following the defection of Thomas Mann is commensurate with their disappointment.

The many criticisms that Thomas Mann unleashed in the West helped to make him fully aware of the role that was intended to make him assume; this is how he declined the invitation to the 2nd Peace Congress organized in London from 13 to 19 November 1950. The English government banned Pierre Cot and Louis Aragon from entering British territory. The non-admitted delegates finally met in Warsaw. The organizers claim to have received a message of encouragement from Thomas Mann and even to have elected him to the office of the organization – which he firmly denies. In a scathing denial, Thomas Mann says “he no longer wants to do anything with politics”. All relations are permanently cut off.

MERMOZ, Jean (1901-1936)

Autograph poem signed « Mermoz », titled « Cauchemar d’éther »
[Cap] Juby [Morocco], 7th July 1926, 4 p. in-4

Magnificent and long poem of twenty quatrains, written from the fort of Cap Juby, legendary stopover of the Moroccan Airmail for the Casablanca-Dakar line


« Une tiède nuit d’été…sans un souffle de brise…
Un silence lourd…d’angoissante volupté…
D’étranges lueurs d’étoiles… un firmament teinté
De vertes pâleurs… une lune attardée… indécise…
                                   
La chambre…immense…gouffre de pénombre…
Le lit…bas…éclairé d’une lumière spectrale
Sur l’oreiller très blanc…une tache très sombre…
Tête brune de femme…face confuse…astrale…
                                  
Elle dort…Enigme vivante… mystérieuse…
Visage aux cils baissés… bouche sinueuse…
Front bas et tête d’enfant capricieuse…
Narine palpitante… Expression malicieuse…
                             
Elle dort… chair de pierre… marbre inerte…
Beauté indifférente… l’indifférence trop belle…
Présence affolante… et mon désir rebelle…
Elle dort… Sa pâle nudité découverte…
                            
J’écoute… penché… le rythme de son coeur…
Imperceptible… T’entendre ? Quelle ivresse !…
Ma main énervée…la violente…la caresse…
Elle dort…éternel Sphynx moqueur !!..

Une tête de femme qui sur mon front se penche…
L’énigmatique regarde aux yeux de pervenche…
Le plus d’amertume de la bouche sensuelle….
L’impudique nudité d’un corps l’incline… C’est elle…

[…]

“Je veux être l’Unique…Il me faut ta souffrance !…
“Le spasme de ta chair par moi martyrisée
“Et la sauce de ton sang par moi épuisée…
“M’appartiendra chéri…toute notre mon existence !” …

[…]

Fleur voluptueuse… Ivre, je la respire…
Sa possession !!.. Etreinte brève de satyre…
Spasme brutal… cruel baiser de fièvre…
Elle dort !… la lèvre écrase sa lèvre !…

Dans ma tête… une chose qui se brise…
Une langueur … un demi sommeil morbide…
Un immatérielle faiblesse… un vide…
Le néant incertain d’une obscurité grise…

[…]

Soudain la clarté jaunâtre d’un flambeau…
L’hypnose d’un cercueil où… rigide… je repose…
Un funèbre parfum d’encens et de tombeau…
Sur le grand drap blanc, la tache pourpre d’une rose…

La sensation d’un fer pénétrant dans ma chair
Le frisson intérieur de ma vivante dépouille…
L’étreinte acharnée d’une qui la fouille…
De l’arme effrayante le sinistre éclair…

La vision d’un vautour dépeçant sa charogne…
Le spectacle affolant de l’horrible besogne…
Du trou terrifiant qui lentement d’agrandit…
Et des lambeaux sanglants sous les ongles polis

[…]

De mon cœur arraché… le mortel déchirement !…
Une forme qui s’enfuit… oh ! ce ricanement !
La clameur éperdue de mon âme en déroute…
Et doucement ma vie qui s’écroule goutte à goutte

[…]

Mermoz »


A few weeks earlier, it was while trying to reach Cape Juby on foot, after a breakdown, that Mermoz finally surrendered to the Moors (from whom he was released for ransom) in order not to die of thirst when he had already drunk the liquid from the radiator of his plane. At the end of the following year, he met Saint-Exupéry, appointed head of aeroplace at Cap Juby (Tarfaya).

This poem, which Joseph Kessel quotes in his biography of the aviator, evokes the evenings when Mermoz, a young corporal, was engaged in drugs in the company of a drug-addicted woman. Thus the woman who sleeps by his side becomes the nightmarish figure of the devouring drug.

More than ever, the Baudelairian influence resonates in this poem, punctuated by eroticism, sweetness and violence through oxymorons, the union of opposites and the exaltation of the senses.

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gus Flaubert » to Jules Sandeau
[Paris], Monday morning [14 December 1863], 1 p. in-8vo

Flaubert is keen to attend the performance of his friend Jules Sandeau’s new play


« Je ne vais pas vous voir parce que je vous suppose dans tous les embarras d’une 1ère.
Quand a-t-elle lieu ? Est-ce demain, ou après-demain ? J’aurais besoin de savoir.
Et ma place (ou mes places) ? Comment les aurai-je ?
Bonne chance – & mille bonnes tendresses
Gus Flaubert »


Flaubert intends to attend the premiere of La Maison de Pénarvan, a comedy in 4 acts, in prose, by Jules Sandeau and Adrien Decourcelle, which took place at the Théâtre-Français on December 15, 1863. However, the play had been premiered in Compiègne on December 12, 1863, in front of their imperial majesties Napoleon III and Eugénie de Montijo. Hence the Parisian heckling.

The writer Jules Sandeau (1811-1883), was the lover of George Sand in 1831. Together they wrote a novel, Rose et Blanche, ou la Comédienne et la religieuse, which appeared in 1831 under the pseudonym Jules Sand. From this name, Aurore Dupin will keep for herself the pseudonym of Sand and will add the male name of George written in English (English literature being then fashionable) thus becoming in literature George Sand.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph letter signed « Aragon » [to the comtesse de Clermont-Tonnerre]
S.l.n.d, Vendredi, 1 p. in-4to
Fold marks, some tiny stains

Violent charge of Louis Aragon against Thomas Mann


« Excusez-moi, Madame, de ne pas vouloir déjeuner avec Thomas Mann, sont la conduite pendant la guerre, le pacifisme d’entre-deux guerres, et la signature au bas de l’ignoble manifeste contre les exécutions en Russie ne peuvent pas me rendre plus aimable la détestable littérature.
Très respectueusement
Aragon »


We know the attachment of Aragon to the communist regime of the USSR. Although we have not found the manifesto in question here, it is clear that Aragon intends here to undermine the career of the German writer, starting with his bias for Imperial Germany during the Great War. Concerning the interwar period, Mann chose to flee into exile in 1933 in order to stay away from the political turmoil that his country was then experiencing under the Nazi regime.

CENDRARS, Blaise (1887-1961)

Autograph letter signed « Blaise » to Louis Brun
[Biarritz], 7th January 1933, 2 p. in-4to with envelope
Slight missing bit on top right margin without affecting the text

Cendrars vehemently refuses to allow any official distinction to be associated with his literary work – Then, evoking the loss of his right arm, he claims not to be hostile to the idea of obtaining the Military Legion of Honor for his good services during the Great War


« Mon cher Brun –
Dans ta lettre du 21 déc. – tu me disais :
« Ne t’occupe donc de rien maintenant
« fiche-moi la paix ! laisse-moi faire »  
D’après les papiers ci-joint je vois que tu as fait beaucoup, beaucoup trop.
Alors, je te les renvoie, en te répétant :
1°) Je ne veux pas de la croix pour ma littérature.
Je n’écris pas pour une récompense.
Tout cela me gêne et m’horripile.
Je ne suis pas juif.
Je n’ai rien demandé.
Maintenant si tu tiens absolument à me forcer la main et à me faire avoir la croix tout en me fermant le bec et sans que je puisse la refuser parce que ayant déjà mis la main dans cet engrenage qu’est la voix hiérarchique j’ai déjà perdu un bras sans rien dire, – tu peux me faire attribuer la Légion d’honneur militaire pour laquelle
1° j’ai déjà été proposé en 1916 (j’ai les papiers de Tremblay),
2° à laquelle j’ai parait-il droit (mais je m’en suis jamais occupé) comme volontaire (engagé volontaire) ;
3° ou comme mutilé à 80%.
Mais, encore une fois, le fait d’écrire n’a rien à voir avec tout ça.
Je t’embrasse de tout mon cœur, traite-moi de grand couillon, etc. etc. mais ne te fâche pas.
Tibi
Blaise
P.S Je te renvoie tous ces papiers pour que tu puisses répondre sans faire esclandre, moi, je me tais. »


On September 29, 1915, Cendrars was seriously wounded in the right arm by a machine gun, he was amputated above the elbow (Cendrars is right-handed). He was then cited to the order of the army, decorated with the military medal and the croix de guerre.

Although mentioned in this letter, it was almost thirty years later that the writer, two years before his death, was made Commander of the Legion of Honor by André Malraux.

Cendrars joined Grasset during the heyday of the publishing house, in the 20s. It was then that he became close to Louis Brun (Bernard Grasset’s right-hand man), before the latter’s assassination by his own wife, in 1939.

JARRY, Alfred (1873-1907)

Autograph letter signed « Alfred Jarry » to Alfred Valette
Laval, 31 janv[ier] [19]07, 4 pp. in-12

Long letter, largely unpublished, punctuated by absurdity and with a ludicrous vocabulary, in which Jarry announces the death of one of his aunts


« Monsieuye
Il nous arrive des aventures bien imprévues. Nous croirions vivre un 5e acte de tragédie invraisemblable… remplacera-t-elle le Pantagruel au cours de 1907 ?
Nous recevons par le même courrier : 1° une lettre pressée de notre grand-oncle Le Restif des Tertres : « Ta tante est très malade » (malheureusement la lettre est d’abord allée 7, rue Cassette ; – et 2°… le faire-part, que nous vous adressons à titre de curiosité. Nous n’avons nulle envie, cette fois, d’adresser le nôtre individuel – Nous avons naturellement, en pareille circonstance, pu trouver les fonds minimes du voyage chez notre notaire, et serons demain à Lamballe, pour revenir d’ailleurs à Laval.
Ainsi que notre sœur, le soir même ou samedi matin, si nous sommes retenus, ce qui est probable, chez l’autre oncle Gorvel. Notre adresse est donc toujours à Laval.
Je ne doute pas – à moins que mon mot dernier ne se soit égaré – que vous n’ayez bien voulu consentir au service percepteur (au cas contraire, nous désirerions récupérer au plus tôt le papier « commandement » pour aviser d’ici). Il nous sera difficile d’économiser sur le voyage Lamballe, mais les rentrées rue de Bootz sont meilleures que nous ne pensions (notre présence y sert beaucoup).
Ce sera 40 au lieu de 30 cette semaine, dont 5 furent touchés hier. La situation provisoire n’est donc pas si mauvaise. C’est étrange comme la santé physique est liée intimement à la question santé… phynances. Nous nous persuadons de plus en plus que même l’été dernier nous n’avons pas été malades… sauf l’usure du moteur. Aujourd’hui – pardon du détail ! – il nous repousse, Monsieuye ! Des poils sur les bras et quasi dans les mains, au train de – quasi également – un centimètre par jour ! Si ça continuait, ça ne ferait jamais que 3m65 par an – la largeur presque du tripode, auquel M. Dubois a octroyé 3m69 – mais il faut savoir se contenter de peu, et c’est largement, sinon suffisant, du moins convenable.
Nous ne saurions trop vous glorifier de ce que – [la revue] Chanteclair aidant, duquel Chanteclair hélas ! si j’en juge par le silence de Franc-Nohain, nous ne verrons jamais rien autre chose – vous nous permîtes de paraître demain à Lamballe en des atours autres que la Grande Capeline. Les vielles familles de Bretagne sont d’autant plus simples qu’elles ont plus de bouteille, mais… tout de même ! Mes cousinages d’auront qu’un luxe, lequel réjouirait Madame Rachilde, les chevaux, pas pour aller au cimetière bien entendu mais pour regagner leur tripode respectifs : les bestioles attelées des La Salle, St Mirel (beau-frère de feu ma tante), Motte-Colas sont célèbres dans a région.
Il est remarquable que notre tante est décédé à 70 ans, alors que nos oncles on l’un 85 et l’autre 86 et se portent à merveille, ce sont nous nous réjouissons ainsi que de notre précieuse longévité à nous-même, laquelle doit être considérable si nous en jugeons par le nombre de fois que nous sommes oncle à la mode de Bretagne grâce au brav’ cap’taine Morinière : alternativement un neveu, une nièce, un ou une par an depuis 8 ans, ça ne nous rajeuni pas !
Bien cordialement, Monsieuye
Alfred Jarry »


Alfred Jarry used to use the vocabulary of his play Ubu Roi in his correspondence with Alfred Valette, who was director of the Mercure de France (he frequented since 1896 the phalanstery of Valletta located in Corbeil, near the Seine, where Sundays are the place of meals between people of letters). Towards the end of his life, Alfred Jarry began to look more and more like his character, speaking like him.

It was during the year 1904 that Jarry decided to buy, before a notary, a small plot of land to build his own holiday home and ordered from the carpenter Dubois, a hut of 3.50 m side mounted on four feet, called the “Tripod” because resting on four feet. On an estimate of one thousand two hundred and twenty francs, he still owed one thousand two hundred and eleven francs to the carpenter on the day of his death. Alfred Jarry came there only rare times, his poor health forcing him to take refuge in Laval with his sister and the hut having been finished eighteen months before his death.
The “Mémoire des travaux effectuées pour le compte de M. Jarry, propriétaire”, is sent by the charron Dubois in 1906, specifies that the package was 3 mothers 67 by 3 meters 33.

Following this letter, Jarry went the next day to Lamballe on the occasion of the sudden death, a few days earlier, of his great-aunt Lerestif des Tertres.

ZOLA, Emile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » to the journal L’Avenir national
Paris, 12th June 1865, 2 p. 1/2  in-8, Librairie Hachette & Cie letterhead

Beautiful unpublished letter from the young Zola in the form of a petition and in order to have his articles and Contes à Ninon published in the journal


« Cher monsieur,
Vous m’avez accueilli avec tant de bienveillance que je me crois autorisé à réclamer un service de votre bonté.
Depuis longtemps, je frappe à la porte de l’Avenir national, qui est bien lente à s’ouvrir. En ce moment même, M. Peyrat a un article de moi entre les mains, dont je ne sais encore quelles seront les destinées.
Vous avez bien voulu me promettre votre appui, et je me recommande à vous. Je sais que vous avez pour mission d’encourager les jeunes gens et que vous m’avez dit en outre
[…]. Veuillez donc avoir l’extrême obligeance de m’aider un peu dans ma lutte, et de m’obtenir une réponse que je n’ose aller chercher moi-même.
Je ne sais si je dois vous demander un second service. Je me hasarde à vous dire bien bas que je vous serais très reconnaissant si vous aviez l’occasion de dire un jour quelques mots de mes Contes
[à Ninon] dans l’Avenir qui m’en a point encore parlé.
Veuillez, je vous prie, pardonner mes importunités et me croire votre tout dévoué et votre tout reconnaissant
Emile Zola »


It would seem that the present letter is addressed to Henry Fouquier with whom Zola is then in contact. Fouquier is indeed part of the team of L’Avenir national of which A. Peyrat is the director and editor-in-chief. Zola did not publish articles in this journal until much later, in 1873.

Émile Zola’s literary itinerary is initially marked by hesitation and research that reflects a self-taught career following a difficult schooling. He was noticed at Hachette after delivering a poem, then hired by the house as a clerk where he finally held a job equivalent to that of modern press officers.

His first published work was a collection of tales, Les Contes à Ninon, the substance of which originated in texts written as early as 1859. He was in pain when he wrote this book. The twenty-year-old Zola expresses himself, already with talent, in a form that is easy to publish in the press and which the imperial administration is fond of.

TOULOUSE-LAUTREC (de), Henri (1864-1901)

Autograph letter signed « Your boy H » to his mother Adèle Zoë Tapié de Céleyran
[Villiers-sur-Morin, fall 1886], 4 p. in-12

Nice immersive letter in the art of Toulouse-Lautrec

In the middle of decorating the inn at Villiers-sur-Morin, the painter evokes his upcoming meeting with Louis Anquetin and Claude Monet in Normandy and then develops, in a poetic tone, his artistic disillusionments and consolations


« Ma chère Maman
Je suis dans la béatitude d’un pays frais. Après cinq jours de farniente je me suis enchargé dans une decoration de l’auberge de Villiers sur Morin. Au grand plaisir du patron de l’établissement qui me paie a boire toute la journée. Je voltige d’échelle en échelle.. et suis très content. Je vous remercie au nom de Grenier de votre hospitalité charmante. Nous viendrons vers le 25,26,27, approximativement.
Le Courrier Français me fait toujours des avances, et son dossier est toujours en train. Je tâcherai d’aller à Rivaulde, sans lacher Grenier. Car voici notre plan. A la fin de la semaine prochaine nous allons en Normandie embrasser
[Louis] Anquetin et Claude Monet. De la nous repassons par Paris. [Albert] Grenier revient embrasser la femme de ses pensées, (pendant ce temps je vais à Rivaulde) […] Mon plan de travailler tout l’été et reposer l’hivers a raté complètement. Les intempéries, et ma rousse [Suzanne Valadon] m’ont assez énervé.. je m’allège en canotant ferme entre les moulins de Villiers, qui ressemblent à des fusains de demoiselle.
Je vous embrasse et vous prie d’en faire autant avec bonne-maman [Léonce Tapié de Céleyran].
Your boy
H »


Although they frequented in the cabarets and workshops on the butte Montmartre, Toulouse-Lautrec stayed in the summer of 1886 with the Grenier couple (Albert and Lili), owners of an inn in Villiers-sur-Morin. The couple invited their friends, former members of Fernand Cormon’s studio: Louis Anquetin, Henri de Toulouse-Lautrec, Émile Bernard, Vincent Van Gogh, and brought to Villiers their Parisian parties – which earned Villiers-sur-Morin the name “Valley of the Painters”.

As mentioned in the letter, Toulouse-Lautrec alternated at that time stays with Anquetin in Etrepagny (Normandy) and with the Grenier in Villiers-sur-Morin

After moving to the same house as Toulouse-Lautrec, Suzanne Valadon (pseudonym of Marie-Clémentine Valadon) became the painter’s model but also his mistress. He will make of her, among others, the famous portrait entitled Gueule de bois. She accompanies him everywhere during his nocturnal escapades

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter to his mistress Louise Colet
[Rouen], Wednesday, 2 pm [« 2 décembre 1846 » by Louise Colet’s hand], 3 p. in-8°
Autograph address on 4th folio « Me Aglaé D. », crossed off by Louise Colet [Aglaé Didier was an intimate friend of Louise Colet], broken wax seal

Magnificent love letter with terrible confidences in which the young writer draws his moral portrait: portrait that will define him all his life and that he will transpose into his literary work
One of Flaubert’s most moving letters


« Je suis triste, je m’ennuie, je m’embête ; je n’ai pas une idée dans la tête. Sans ce bon Max[ime Du Camp, qui était revenu à Croisset avec les Flaubert], ce serait à en périr. Me voilà rentré dans ma vie plate et monotone qui n’a quelque douceur que par son uniformité, quelque grandeur peut-être que par sa persévérance. Sitôt que je romps à mon train ordinaire et que je veux m’y remettre, j’en éprouve une amertume sans fond. Aujourd’hui, par exemple, c’est quelque chose d’analogue à l’ennui des écoliers un jour après une vacance. Tout le temps se passe à rêver au plaisir qu’on a eu et on regrette de ne l’avoir pas mieux employé. Il y a 24 heures, nous étions en voiture, nous descendions, nous nous promenions à pied dans le bois. En As-tu éprouvé quelquefois le regret que l’on [a] pour des moments perdus, dont la douceur n’a pas été assez savourée. Pour C’est quand ils sont passés qu’ils reviennent au cœur, flambants, colorés, tranchant sur le reste comme une broderie d’or sur un fond sombre.
Je repense sans cesse à la voiture, et au soleil passant à travers les rideaux jaunes. Tu avais les lèvres et les paupières d’un rose vif…
Ne me dis jamais que je ne t’aime pas, puisque tu me fais éprouver des mélancolies que je n’avais jamais eues. Je sens plus la douleur que le plaisir ; mon cœur reflète mieux la tristesse que la joie. Voilà pourquoi, sans doute, je ne suis pas fait pour le bonheur, ni peut-être pour l’amour.
Je comprends bien combien je dois te paraître sot, méchant parfois, fou, égoïste ou dur ; mais rien de tout cela n’est ma faute. Si tu as bien écouté Novembre, tu as dû deviner mille choses indisables qui expliquent peut-être ce que je suis. Mais cet âge-là est passé, cette œuvre a été la clôture de ma jeunesse. Ce qui m’en reste est un peu de chose mais tient ferme. – Voilà pourquoi je me suis débattu longtemps contre l’idée d’avoir un enfant. Quel triste être sortirait de moi ! la Il voudrait seulement parler et demanderait à mourir avant d’avoir vécu.
Je suis né ennuyé ; c’est là la lèpre qui me ronge. Je m’ennuie de la vie, de moi, des autres, de tout. À force de volonté, j’ai fini par prendre l’habitude du travail ; mais quand je l’ai interrompu, tout mon embêtement revient à fleur d’eau, comme une charogne boursouflée étalant son ventre vert et empestant l’air qu’on respire.
J’ai cherché à éviter les passions ; elles sont venues
. Quand je ne suis plus dans l’exercice de l’une d’elles, quand je t’ai eue quelques jours, par exemple, et que je reviens ici, rien ne pourra te donner l’idée de ce qui se passe en moi.
Adieu, je t’embrasse, je suis abruti. Je ne sais pas ce que j’écris ni seulement si tu pourras le lire.
Adieu, mille tendresses ; mais j’ai le cœur serré comme avec un cordon »


This letter, written the year he met Louise Colet, reveals Flaubert’s dark image of his relationship with happiness, although he does not hide his feelings for his mistress:
“Don’t tell me I don’t love you, because you make me feel melancholy that I never had. I feel pain more than pleasure; my heart reflects sadness better than joy”, feelings that express a terror of what love is and its destructive form. We detect here a conception of love as a feeling vector of sadness, which is reminiscent of the eponymous heroine of his most famous novel: Madame Bovary.

Settles between them – to the great despair of Louise Colet – a little more than a geographical distance (she is in Paris, he in Croisset near Rouen), objects represent her and end up replacing her, so to speak. This conception is largely illustrated in L’Education sentimentale, where Rosanette and Mme Dambreuse replace Mme Arnoux when Frédéric moans with desire or gnaws at himself with spite.

As the years passed, Flaubert soon feared, then rejected, Louise Colet’s devouring love. The novelist shows a real haunting of the destructive woman. Thus, Emma seduces Rodolphe, the notary Guillaumin, Léon, and her husband was no more than a “puppet” that she corrupts even beyond the tomb.

As for the idea of having a child, Flaubert’s aversion to the family in general is well known: inveterate single, the writer has always refused the social straitjacket of marriage and the very possibility of being a father.

***

If you listened carefully to Novembre, you must have guessed a thousand unspeakable things that perhaps explain who I am. But that age has passed, this work has been the end of my youth

The hero of November “died, but slowly, little by little, by the force of thought alone, without any organ being sick, as one dies of sadness …“. (Œuvres de jeunesse vol. II, Pléiade, p. 256)

Novembre is a short story by Gustave Flaubert written in the autumn of 1842, published posthumously. This work, starting autobiographically, where the author exalts the pathos of a young man, similar to the Sufferings of the young Werther de Goethe, is today considered one of the first successes of his literary youth, although Flaubert denied it during his lifetime.

[BAUDELAIRE] VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph letter signed « Paul Verlaine » to Léon Deschamps for the journal La Plume
Paris, 19th October 1890, 1 p. in-8
Previous mounting mark on verso, fold mark, slight missing bit on upper margin affecting two letters

Famous and very moving letter published in La Plume of November 15, 1890 under the title: « L’Enterrement de Baudelaire »

One of Verlaine’s most powerful testimonies of admiration for Baudelaire

From the Pierre Leroy collection


« Mon cher Deschamps,
En lisant dans votre dernier numéro le si éloquent article de Cladel, je me suis remémoré une visite à la tombe de Baudelaire que je fis il y a cinq ans en Compagnie de Charles Morice. J’étais allé au cimetière Montparnasse pour porter une couronne à une personne qui me fut quelque chose comme Maria Clemns fut à Edgar Poe*. Ce devoir presque filial accompli, mon cher Morice et moi, nous nous enquîmes de la tombe de Baudelaire ; mais, comme je savais que le grand poète était inhumé dans la sépulture du général Aupick, nous n’eûmes pas à nous heurter à toutes les navrantes (et honteuses pour un pays) ignorances constatées par l’auteur d’Ompdrailles, et nous pûmes bientôt mélancholier et ratiociner devant la stèle mesquine sous quoi dort tant de gloire littéraire — et par surcroît, si l’on veut, militaire… et diplomatique !!
Bien des années auparavant, j’avais accompagné, moi tout jeune et tout obscur, le cercueil de Baudelaire, depuis la maison de santé jusqu’à la nécropole, en passant par la toute petite église où fut dit un tout petit service d’après-midi. L’éditeur Lemerre et moi marchions les premiers derrière le corbillard que suivaient parmi bien peu de gens, Louis Veuillot, Arsène Houssaye, Charles Asselineau et Théodore de Banville. Ces deux derniers prononcèrent quelques paroles d’adieu. Au moment où on descendait le cercueil dans le caveau, le ciel qui avait menacé toute la journée, tonna, et une pluie diluvienne s’ensuivit. On remarqua beaucoup l’absence à ces tristes obsèques, de Théophile Gautier, que le Maître avait tant aimé, et de M. Leconte de Lisle qui faisait profession d’être son ami, en dépit des relations, un peu ironiques de la part de Baudelaire, qui avaient existé entre le défunt et le barde créole.
J’ai cru de quelque intérêt de vous envoyer ces notes qui ne me rajeunissent guère, bien que, je le répète, je fusse fort jeune à l’époque dont je parle. Faites de ma communication ce que vous voudrez, et vale.
Paul Verlaine »


Verlaine, then twenty-three years old, had indeed followed Baudelaire’s funeral procession on 2 Sept. 1867. He noted his first memories on 7 September in La France artistique.
Prompted by an article by Léon Cladel published on October 15 in the same magazine, this letter was included in Verlaine’s Œuvres posthumes, published by Messein and appears in his Œuvres en prose complètes.
Verlaine was the true initiator of the first poetic generation from the author of Les Fleurs du Mal, who had with Rimbaud and Mallarmé, his greatest successors.

Verlaine’s admiration for Baudelaire:
In his collection Liturgies intimes (1892), Verlaine published the sonnet “A Charles Baudelaire”. In these verses an ambiguous relationship is woven between the two poets. If Verlaine has undoubtedly made Baudelaire a true model, he disavows the part of his work that takes christian morality on the wrong foot. Thus, although the first lines – “I did not know you, I did not love you, / I do not know you and I love you less” – of this poem may be surprising, it would be a misinterpretation to deduce a rejection of Baudelaire as a man. However, Verlaine did not develop his relationship with Baudelaire only through the prism of religion. He devoted an essay to him, published in 1913 in his Œuvres posthumes, vol.II. He then described him as “the modern physical man, as the refinements of an excessive civilization have done […] with his sharp and vibrant senses, his painfully subtle mind, his brain saturated with tobacco, his blood burned with alcohol.” We identify in this subject the Baudelaire of modernity, the decadent aesthete and the man of an extraordinary sensitivity.
The duplicity we suggested can make us think of the famous verse of the poem that opens The Flowers of Evil, “To the reader”: “Hypocritical reader, – my fellow man, – my brother!” For if Verlaine does not appreciate the immoral being, let us not forget that he has his vices, and that these have helped to forge the ethos that we know him … not very different from Baudelaire’s. From then on, the expression “Poète Maudit”, directly retained from the title of a work by Verlaine, became so popular that today, it is used somewhat anachronistically to describe the “prince of clouds”! Indeed, over time, the Poète Maudit has become the archetype of the inspired and misunderstood poet, who stands out for the rejection of morality and provocation.
Finally, this analysis by Edmond Richer (Verlaine, œuvres poétiques, Bordas, 1967) sheds light on how Verlaine views Baudelaire’s poetry: “Verlaine’s study of Baudelaire is far from being of the first order. At least it shows us that there was the merit of seeing as early as 1865 the greatness of Baudelaire, and to show on this occasion more insight than the too wise Sainte-Beuve. To tell the truth, he presents us with a very partial and truncated Baudelaire, the one who wanted to separate poetry from morality to give it “no other purpose than itself” and who denounced the ease of romantic inspiration. Verlaine adds with a lot of exclamations on these themes already a little worn; on the other hand, he persists in seeing Baudelaire’s “dark Satanism” only as a “harmless and picturesque artist’s whim”. In short, he retains above all from Baudelaire what goes in the direction of the Parnassians. »

MERMOZ, Jean (1901-1936)

Collection of 9 autograph poems
N.p [c. 1918-1919], 17 p. in-4to
Fold marks, central folio detached without affecting the text, some tiny stains

Remarkable set of nine autograph poems from his youth


Nocturne (4 tercets in alexandrins followed by 54 verses) :
« Le soleil couchant ensanglante l’horizon, / Et ses rayons de pourpre glissant sur le gazon / Teintent les paysages sous les cieux assombris. //
Il semble que tout se meurt avec volupté / Que le gouffre effrayant où chaque être va sombrer / Est un gouffre d’amour que l’on doit adorer. […] » ;

L’Épave (4 tercets) :
« Sur la côte déchiquetée, pareille à un squelette /
À demi dévoré par un fauve sanguinaire, / Un grand bateau de pêche dresse sa noire silhouette. […] » ;

Paysage (32 verses) :
«Les beaux soleils couchants / Qui meurent sur la grève, / Et donnent au flot d’argent / Une langueur de rêve. […] » ;

Le Glas (7 quatrains) :
« Quelqu’un est mort au village ? /… Est-ce un enfant ou un homme d’âge ? / Qu’importe ! Une âme n’est plus ici-bas / Écoutez sonner le sombre glas ! […] » ;

Banlieue (12 verses) :
« Un immonde tramway monte la rue en grinçant / Entre deux haies d’arbre de massifs poussiéreux… […] » ;

Pâques (4 quatrains) :
« Quand j’entrai dans mon village / Un gai carillon m’accueillit. Les cloches chantaient avec rage / En haut du clocher du pays. […] » ;

L’Ange de la Douleur (4 huitains) :
« Quand l’Ange de la Mort / Pâle messager du Dieu / Qui commande notre sort / Emporte vers les Cieux /
L’âme de l’être cher / De l’éternelle demeure / Descend l’Ange du Père / L’Ange de la Douleur. […] » ;

La Chauve-Souris (4 quatrains followed by 12 verses) :
« Quand le jour naissant brusquement apparu / Surprend la chauvesouris dans son vol nocturne /
L’animal eff rayé s’enfuit éperdu / Ne pouvant supporter que la clarté de la Lune. […] » ;

La Mort du Chien (32 verses) :
« Blotti dans l’excavation sombre d’une carrière / Le poile tout gluant de sueur et de poussière / La gueule saignante et dégoûtante de bave […] ».


During his childhood, the “Great”, as Saint-Exupéry nicknamed him, was a shy young boy, in love with poetry and sculpture. This poetic collection, which takes place between 1918 and 1919, reveals the remarkable precocity of the young Mermoz and the influence that the readings of Baudelaire and Verlaine had on him. It was only later and on the advice of an operetta singer, Max Delby, that he opted for aviation. After obtaining his pilot’s license, he went on a mission to Syria in 1922, and literally fell in love with his job and the Middle East despite some adventures in the desert. Mermoz, however, continued to compose poems during his various travels.

APOLLINAIRE, Guillaume (1880-1918)

Autograph quatrain signed « G.A. » to Paul Lombard
[Nîmes], 15th March 1915, 1/4 p. in-4to
Fold mark, some tiny missing bits on left and right margins (see photos)

Apollinaire sends an epistolary quatrain in alexandrins to his friend Paul Lombard


« Ainsi que Didier Lombard, ô Paul Lombard
Tu regardes debout sur la tour cette guerre
Prends garde qu’un conseil du civil de naguère
Ne fasse en un clin d’oeil un terrible soudard
G.A. »


This epistolary quatrain to Paul Lombard, of which this manuscript version is unpublished, is part of a set of poems exchanged between the two friends between February and April 1915, when Apollinaire, as volunteer, was studying in Nîmes. A journalist, Paul Lombard was one of the sons of Jean Lombard, a writer who had his hour of fame and to whom Apollinaire devoted a tasty echo in La Vie anecdotique, a column he held at the Mercure de France. Was Didier Lombard another of his brothers?

Thanks to the recent publication of the letters addressed by Paul Lombard to Apollinaire, it is possible to interpret the quatrain as a response to a previous quatrain of Paul Lombard, sent from Paris on March 13, 1915:

Anticipations
Ton profil de médaille antique, Apollinaire,
A précédé ton nom dans l’immortalité
Mais ton soixante-quinze, irritable et crotté,
Restitue au passé la horde sanguinaire.

The compliment is accompanied by an unveiled criticism of Apollinaire’s participation in the war. Apollinaire’s response denounces his friend’s entrenchment in his protective (ivory) tower and threatens him with a brutal metamorphosis. He too, if he becomes aware of the need for commitment, can become “in the blink of an eye” a brutal and rude soldier… Another way to recognize with lucidity the barbarity inherent in the war in which he wanted to participate, which will earn him a head injury and probably an early death.

Beyond private allusions, this exchange thus deciphered takes on its full value: it testifies to the misunderstanding that is established between the fighters and the “ambushes”, a misunderstanding that goes so far as to compromise the friendship of yesteryear.

BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)

[Second notice on] Pierre Dupont – Corrected proof by Baudelaire
[Paris] 6th June 1861 [stamped], 11 p. in-8vo bradel
3 ff. in-8vo paginated [201]-206, + 5 p. on 3 ff. paginated 132-136 for Dupont’s three songs that bear purely typographical corrections in ink, presumably intended for a printer’s assistant
Edge of binding slightly worn out

From the former collections of Baroness Alexandrine de Rothschild and Colonel Daniel Sickles, from the Albert and Monique Kies sale

Famous and precious proof dedicated to Pierre Dupont, abundantly corrected and signed by Baudelaire


Although it is a note dedicated to his friend Pierre Dupont, Baudelaire immediately evokes the “indefatigable faculties” of Victor Hugo, of whom the public has become “so weary”. We can thus observe all the ambivalence of the feelings experienced by the author of Les Fleurs du mal for that of Les Misérables. Baudelaire inherited the darkest part of Romanticism but could not help but repress the peer of France, father of a family on his knees before a nature that he [Baudelaire] despised.

Chronology of the text:
[First] proof corrected, more than a year earlier, for Eugène Crépet’s anthology: Les Poètes français / Recueil des chefs d’œuvre de la Poésie française // Les Contemporains. P., Hachette (end of July) 1862, vol. IV pp. [609] – 615 followed by three songs pp. 616-620.
Crépet had authorized, for a fee, the early publication in the Revue fantaisiste de Mendès of 15 Aug. 1861, published under the collective title since then retained: “Reflections on some of my contemporaries”

There is no doubt that our proof of June 6, 1861 precedes the Revue fantaisiste, for which there is also a proof with small corrections, all related to typography. Would Baudelaire have communicated to Poupart-Davyl, the printer of the Revue fantaisiste, a set of this second test? He asked the printer of the anthology [J. Claye] for a second proof to confirm his “retouching” and cuts.

Our first proof shows similarities with the Revue fantaisiste of 1861, for example: “[…] this glory was too great. But today they are too well avenged; because” (identical proof and Review) that we find in this form at Crépet in 1862: “[…] great, but […] avenged, for.” We can then wonder if Mendes was aware of the reluctance that displeases the poet.
The charge against Ponsard was removed from this first proof, as well as in the Revue, two months later: “This cloud vomited Mr. Francis Ponsard [crossed out, interline added:] the neo-classics, who was worth well on its own [crossed out, interline added:] certainly worth several legions of grasshoppers”.
Likewise certain nuanced fervor: “For it would be unfair to believe that all men, even in France, are all and always [crossed out] equally vile, stupid and ignorant [crossed out, interlined:] beasts and culprits.
Theodore de Banville had produced the Caryatids; (…) [“Already Théodore de Banville had, but vainly, produced” (in Revue fantaisiste), oversight by Pichois].

The solid friendship between Pierre Dupont and Charles Baudelaire is beyond doubt, as evidenced by themselves in writing, but also by the members of their entourage. Born in the same year – 1821 – one in Lyon, the other in Paris, nothing seems to predispose them to bind themselves in this way: backgrounds of origin, talents and different temperaments. From 1842 to 1854 perhaps, they do not seem to share so much a common struggle as a series of privileged moments made of encounters and adventures lived with intensity, involvement or nonchalance at will according to the moments and desires of each other.

Particularly rewarding, Baudelaire’s text is benevolent towards the chansonnier: “I know that the works of Pierre Dupont are not of a finished and perfect taste […] To finish in a few words, it belongs to this natural aristocracy spirits that owe infinitely more to nature than to art, and who, like two other great poets A[uguste] Barbier and Madame Desbordes-Valmore, finds only by the spontaneity of the soul the expression, the song, the cry, destined to be engraved eternally in all memories”
The years 1848 consecrated Dupont: “Love is stronger than war!” Baudelaire offers him a collective memory, almost among the greatest. (See the first notice of 1851, n°64)

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph letter signed “A” to Louis Emié
Nice, Friday [April 1942], 1 p. in-4to
Tiny spots, fold marks

Nice lettre from Louis Aragon expressing his admiration for the sonnet as a poetic form – He then evokes the writing in progress of one of his most famous novels: Aurélien 


« Cher Louis Emié,
Merci de votre lettre. Je suis très curieux de lire ces « sonnets », et ce me sera une raison de plus d’attendre avec impatience le prochain ‘Fontaine’
[Revue] Vous semblez vous excuser de cette forme traditionnelle… Vous dirais-je que sans en avoir l’air, il se glisse un sonnet dans ‘le Crève-Cœur’ ? Et que je viens de relire avec beaucoup de plaisir l’introducteur même de cette forme dans notre langue, [Joachim] du Bellay, dont la poésie est peut-être à cette heure-là plus voisine de notre pseudo Renaissance ? Et Chrétien de Troyes, qui est parfois grand comme… faut-il dire Rimbaud ? Mais ceci nous sort du sonnet.
Ainsi nous serons coupés à la fin du mois comme Grecs et Yougoslaves, et vous rentrez à Bordeaux… Sait-on si ce n’est pas mieux. Paris me manque affreusement, mais est-ce encore Paris ? Je suis heureux de penser que je pourrai vous écrire par Toulouse, mais pourrez-vous utiliser cette voir en retour ?
Mon roman… Cela s’appelle ‘Aurélien’, jusqu’ici, et peut-être pas pour toujours.
Une épigraphe de Chrétien de Troye :
Amants ne savent pas ce qu’ils font
Vous dira peut-être plus du livre que je ne ferais. Cela se rattache par les personnages aux Beaux Quartiers (Edmond Barbentane) et aux Cloches (Diane de Nettencourt), et même aux Voyageurs (Blaise d’Ambérieux). Ce n’est pas un roman politique. C’est une histoire d’amour. L’autre après-guerre, avec le fond intellectuel d’alors, et la désillusion des Anciens Combattants et le dadaïsme.
Que c’est pauvre quand on résume.
Donnez de mes nouvelles à Antonio Machado.  Et donnez-moi des vôtres.
Bien amicalement
A.
 »


This letter most likely dates from April 1942. Aragon was then in the midst of writing his masterpiece Aurélien. He stayed in Nice with Elsa Triolet from December 31, 1940, until their arrest on June 25, 1941 while trying to return to Paris with the resistant writers. The police released them and they returned to Nice on November 16, 1941 where they remained until November 1942.

In April 1941, Le Crève-Cœur was published (also mentioned in this letter). This poetic collection marks Louis Aragon’s return to the Alexandrine and to more traditional codes of poetry than in his collections of the Dada or Surrealist period. He begins a work of re-appropriation of tradition, returns to a simplicity of images and rhythms, far from the provocations of his previous collections, to show the link between his personal lyricism and his poetic commitment.

Founded in 1938, the magazine Fontaine took its final name in the spring of 1939. It appeared monthly from Algiers from 1941 until December 1944 and then from Paris until 1947. This review “of the resistance in full light” brought together committed poets such as Aragon, Artaud, Cocteau, Jacob, Ponge, Soupault or Jouve.

Strangely, Louis Aragon evokes Antonio Machado, as if he were still alive while the latter died tragically in exile in Collioure in February 1939.

POTOCKI, Jan (1761-1815)

Autograph letter signed “Jean Potocki” to Firmin Didot
Uladowka, 1st November [1814], 1 p. in-4to on double folio
Usual fold marks, turned slightly brownish on right hand margin, tiny hole on lower right margin

Extremely scarce and last known letter of the author of The Manuscript Found in Saragossa, a year before committing suicide
One of the last two letters of Potocki in private hands


“Je viens Monsieur de recevoir l’avis du banquier Guebhardt, qui m’anonce, que vous avez recu le premier livre de mes Principes de Chronologie pour les douze siècles qui ont précédé les olympiades.
Je vous demande donc de l’inserer dans quelque ouvrage Periodique, et je vous envoye le second livre, pour l’inserer aussi.
J’y ai corrige beaucoup de fautes, mais sans doute il en reste encore, car l’auteur ne peut corriger son ouvrage et je n’ai personne pour me seconder. Voyez donc je vous prie si quelque absurdité ne s’est point melée à mes arguments. Vous en aviez trouvé une bien forte dans mon appercu publié à Petersbourg. S’il s’en trouve de pareilles ici. Il sufit d’en avertir dans une note.
Adieu Monsieur Je me r
[e]comande toujours à votre amitié. Jean Potocki.
Uladow / dans le gouvernement / de Podolie. Le 1. Novembre
Mon adresse est toujours chez les freres Chaudoir, a Berdyczew mais il sufira de s’adresser à Gebhardt Rue Michaudier[e] N°8″


An eclectic figure whose talent is not limited to literary qualities, Potocki’s many travels have made him a historian, archaeologist, geopolitical scientist, ethnologist and linguist.: The Archaeological Atlas of European Russia (1797-1805) and The Manuscript Found in Saragossa (three published versions between 1794 and 1810).
The Atlas is similar to what we now call a historical atlas, the historical and geopolitical evolution of a geographical area in the context of maps. Potocki sees this project as an ultimate goal.

Manuscript is a novel as eclectic as its author. There interfere with libertine, Gothic, picaresque novels, all nourished by philosophical reflections. The book also includes mathematics: the character of Velasquez is interested – albeit sarcastically – in statistical laws concerning the length of reigns (these studies are also part of chronography).

Jean Potocki : Chronograph
The chronology of antiquity appears as a logical continuation of his research as a historian of Antiquity and his scholarly readings. To find his way around, Jean Potocki needs to deal with synchronicity: these are his “cyclographic maps”, and diachrony: it will be his “chronologies”, which will constitute the essence of his research, once installed in his studious and solitary retreat of Uladowka.  It was from 1803 that he undertook a new work on the chronology of the ancient periods: Principles of chronology for times prior to the Olympiads (six volumes published between 1813 à 1815) which the presented letter refers to.

WEIL, Simone (1909-1943)

Autograph letter signed “Simone Weil” to Henri Guilbeaux
Auxerre [Autumn 1932], 1 p. in-4to oblong
Lower margin cut diagonally, without affecting the text, usual fold marks, some small ink stains

Very rare letter from the philosopher showing her unwavering support to her comrades in the Socialist Workers’ Party of Germany, opponents of Stalin’s Comintern – This document reveals, beyond her deep humanism, the precautions used by Simone Weil to obtain the confidence of her correspondent by an intermediary


“Cher camarade,
Excusez-moi de vous écrire sans être connue de vous – j’ai connu
[Paul] Frölich durant mon séjour d’un mois à Berlin (en août) – il m’avait donné une lettre pour vous, que votre détention au cherche-midi m’a empêchée de vous remettre.
Actuellement, je suis, bien entendu, extrêmement inquiète pour les camarades de Berlin, et notamment pour Frölich
[…] Avez-vous des nouvelles de lui ? Avez-vous une idée de la manière dont on pourrait en avoir ? Je suis disposée à faire n’importe quoi de possible pour l’aider, s’il se trouve avoir besoin d’une aide quelconque (argent ou autre chose).
C’est
[Marcel] Martinet qui m’a donné votre adresse – Je lui ai demandé de vous écrire pour vous assurer que vous pouvez avoir confiance en moi, et me dire tout ce que vous savez.
Dites-moi aussi ce que vous croyez qu’on peut faire.
Bien cordialement à vous
Simone Weil
34 rue de Preuilly
Auxerre (Yonne)”


Paul Frölich (1884–1953) was a German journalist and socialist-revolutionary and communist leader. In 1922 he published a pamphlet in French: La Terreur blanche en Allemagne (Petite bibliothèque communiste, Paris). He was one of the leaders of the K.P.D. (Kommunistiche Partei Deutschlands), before creating the Sozial Arbeiter Partei (S.A.P.). Elected deputy to the Reichstag (1921-1924, then 1928-1930), he was arrested in 1933 and detained in a concentration camp for nine months (Simone Weil, who went so far as to foment escape plans for his comrade, sent money to pay for a lawyer).

The “comrades” in Berlin for whom Simone Weil is worried are above all the “oppositionals” (i.e. those who wanted a recovery of the German Communist Party) that she knew during her stay, and who fight against the apparatus of the Comintern Party and the Russian state. On her return from Germany, Simone Weil sought to help political refugees who were not part of either International and who, therefore, did not receive any assistance. She organized a number of successive accommodations with her parents (to the great despair of her father… who still accepted though).

“It was Martinet who gave me your address”

Simone Weil met Marcel Martinet (1887-1944), through Michel and Jeanne Alexandre, founders of the Libres propos or Journal d’Alain, in 1921. Author of Les Temps maudits (1914-1916), Martinet was close to the Libres Propos team and was actively involved with anti-fascist intellectuals. In 1918 he founded a pacifist magazine, La Plèbe. First literary director of L’Humanité (1921-1923), he resigned and left the P.C.F. to fight with the core of syndicalist militants grouped by P. Monatte around The Proletarian Revolution.

ZOLA, Émile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » to a colleague
Paris, 12th November [18]93, 1 p. 1/2 in-8°
Usual fold marks, some tiny spots

Exceptionnal letter, partly unpublished, written at the end of the Rougon-Macquart saga
Zola explains with sensitivity and emotion that he no longer feels “passions” for his already published works.


« Mon cher confrère,
Je ne préfère aucune de mes œuvres. Dans chacune, j’aime mieux certaines pages, celles où j’ai dit nettement ce que je voulais dire : voilà tout.
Lorsque j’ai terminé un livre et que je l’ai donné au public, il n’existe plus pour moi. Toute ma passion tombe, et j’en commence un autre, pour lequel je me passionne, jusqu’à ce qu’il soit aux autres. Il faut que je fasse un effort, lorsque je veux me souvenir des romans, hélas ! trop nombreux que j’ai écrits. Ce sont comme des tombes de parents et d’amis, autrefois bien chers, sur lesquelles il me serait trop triste d’aller m’attendrir.
Cordialement à vous.
Emile Zola »


The Rougon-Macquart saga came to an end with the publication, by Charpentier, of Docteur Pascal in the spring of 1893. Among the most famous of the saga are Germinal, Nana and L’Assommoir. A total of twenty novels were written and published between 1870 and 1893.

Zola is probably responding here to a fellow journalist wishing to make an article on the whole saga and what it represents in the eyes of the novelist.

A summary of the letter and the quotation of a sentence are published in Volume VIII of the correspondence, from an extract from the catalogue:
“They are like graves of relatives and friends […]” – This comparison illustrates the sadness that emanates from the moving statement and what Zola’s works represent for Zola himself. Personification of books or metonymy designating the characters to whom the author gave life, the “tombs” of course refer to death.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

« La Certitude d’avoir raison », autograph manuscript signed « Paul Eluard »
N.p.n.d, 1 p. in-4
Fold marks, paper slightly crumpled, some notes on verso from another hand

Superb first draft manuscript on his vision of poetry: influence on men, influence on the world, influence on the construction of the relationship of men to their world


« Il y a une tradition poétique et c’est la tradition de la découverte, de l’invention, la recherche d’un beau et d’un bien toujours nouveau. Le développement de l’imagination est lié à la transformation sociale : ils se commandent réciproquement. L’imagination change de monde. Il n’y a pas d’explorateurs ou d’inventeurs sans imagination. Cette reine du monde est la mère du progrès. Et, tout en donnant raison à [Vladimir] Maïakovsky, qui supposait l’existence dans la société de problèmes dont la solution n’est imaginable que par l’œuvre poétique », l’on peut espérer que l’œuvre poétique trouvera la solution par la résolution des problèmes sociaux.
La poésie est le reflet du monde. Ce que je dis, c’est ce que je vois et je dois forcément trouver un écho dans le cœur de mes semblables. Il n’y a sur terre qu’une vérité, celle de l’homme au service de tous les hommes, celle de tous les hommes au service de l’homme. La poésie ne sera bientôt plus un refuge. Elle devient la solution logique, car elle est la vie, une vie qui nourrit l’imagination, une imagination qui transforme la vie. Comme l’amour, elle doit être réciproque. Mais elle saut que cette réciprocité est entièrement fonction de l’égalité du bonheur matériel entre les hommes. Et l’égalité dans le bonheur porterait celui-ci à une hauteur dont nous ne pouvons encore avoir que de faibles notions.
Paul Eluard »


This reflection on what poetry is according to Eluard is worth a little overview of the different ways he had to consider this mode of expression: Already before the war, Eluard sees poetry as well as the fruit of an aesthetic, literary and political commitment. With Aragon and Breton, he closely followed the rising ideological conflicts, but refused to let art submit to these problems. It is also the collection Capital de la douleur (1926) that remained the best known of the poet at that time. However, during the Second World War, politics and poetics ended up becoming one under his pen, and his poetry became a weapon in its own right; one naturally thinks of the famous hymn to “Liberté” under the Occupation.

On November 28, 1946, shortly after the probable date of our manuscript, Nusch Eluard, the poet’s wife, died. The latter then renewed his vision of poetry, passing it “from the horizon of one man to the horizon of all”. This desire for universality is superbly expressed here: “What I say is what I see and I must necessarily find an echo in the hearts of my fellow men.” Moreover, the approach to poetry as the common of all stems from a philological reflection on the relationship of men to language, whose conclusion is that “The poet […] will give us back the delights of the purest language as well that of the man of the street as of the wise, as that of the woman, the child or the madman. (Les Sentiers et les routes de la poésie, 1952).

Part of this manuscript, the second and third sentences, can be found in the section Poèmes retrouvés (volume II of the Pléiade p. 873), under the title Aujourd’hui la Poésie: it is a fragment of a lecture given by Eluard, on April 9, 1946, at the French Institute in Prague.

Another part, the last sentence, is found in Avenir de la Poésie (Œuvres complètes, tome I de la Pléiade, p. 526). We know that Eluard made many conferences and declarations in Prague during the spring of 1946, then Italy and Greece. One can legitimately think that this manuscript dates from this time.

LONDON, Jack (1876-1916)

Autograph letter to Charmian Kittredge
Onboard the S.S. Siberia, 13th January 1904, 4 p. in-8, in english
Small tear on first page’s right margin affecting two letters

Tender and scarce letter – partially unpublished – to his mistress aboard the S.S. Siberia, in the middle of the Pacific Ocean


“Somewhat weak and wobbly, but still in the ring. Came down with a beautiful attack of La Grippe. Of course, didn’t go to bed with it, but spent the time in a steamer chair, for one day half out of my head. And oh, how all my bones ache, even now! And what wild dreams I had! And you were in all of them.
Honolulu is in sight, and in an hour, I shall be ashore mailing this, and learning whether or not there is war.
Dear woman, I’d cut off my toes to have you here with me on this trip. It is so wrong, so unfair.
Had a ridiculous dream about you last night, we had just been married, and you wrote your age on a card and handed it to me – “41” it read. Now will you be good?
Am, Grippe excepted, having a nice trip. The weather is perfect. So is the steamer. Sit at the Captain’s table, and all the rest. You know. But I wish you were with me. Dear heart, until Yokohama.
Wholly and utterly your own


In early 1904, Jack London agreed to cover the Russo-Japanese War for the San Francisco Examiner newspaper. His coverage, from February to May 1904, was marked by racist prejudices about Koreans. However, he expressed his astonishment at the rise of the unprecedented use of industry in the context of a war. He was arrested by the Japanese army for having rossed the valet of an officer and then released, on the intervention of Theodore Roosevelt. He was eventually expelled from Korea.

It was in the summer of 1903 that Jack London fell in love with Charmian Kittredge, whom he had met in January 1900. She is the niece of the wife of the editor of the Oakland newspaper. At the end of July, he separated from his wife Bessie, also leaving his daughters behind. Jack London married his mistress in Chicago on November 19, 1905.

The letter is unsigned, Jack and Charmian were keeping their affair secret at the time.
Jack wrote Charmian 33 letters between Jan 8, 1904 and June 30, 1904.

The Sea-Wolf is published from January to November 1904, one year after his wold-acclaimed novel The Call of the Wild.

CAILLEBOTTE, Gustave (1848-1894)

Autograph letter signed “G Caillebotte” to Claude Monet
[Paris], Jeudi [between 1883 et 1885] 1 p. in-12 on his letterhead: 31, bd Haussmann
Small spot on lower margin


Caillebotte plans to join his friend Monet in Étretat


“Mon cher ami
Charlotte
[Berthier] est au lit depuis quelques jours ce qui fait que j’ai remis mon voyage à la semaine prochaine. J’espère qu’elle se lèvera dans 2 ou 3 jours et j’ai l’intention d’aller vous voir à Etretat si vous y êtes encore mercredi prochain par le train du matin 8h et quelques minutes.
Tout à vous
G. Caillebotte”


A popular holiday resort for Monet between 1883 and 1886, Étretat inspired at least fifteen paintings by the painter, who depicted the famous cliffs.
Among the portraits of Monet by Caillebotte, there is one that remains famous and dated 1884, Monet à Étretat. It is kept in the Museum of the Petit Palais in Geneva.

Little is known about Gustave Caillebotte’s private life. Officially single, he lived with his brother, Martial, for a long time until the latter married. We know that Caillebotte got into a relationship with a mistress, 15 years younger, and with whom he lived discreetly in his property of Petit Gennevilliers. Known as Mademoiselle Charlotte Berthier, her real name is Anne-Marie Hagen, born Pagne.

 

NERVAL (de), Gérard (1808-1855)

Autograph letter signed “Gérard de Nerval” to the Journal des Débats
N.p.n.d, [summer 1851], 2 p. in-12

Rare letter from Nerval to the Journal des Débats for a laudatory article on Voyage en Orient, published the same year


« Monsieur
Je vous adresse deux volumes qui ont paru récemment [Voyage en Orient], regrettant que l’Editeur ne vous les ait point envoyés au moment où vous vous occupiez d’ouvrages du même format. Si vous pouviez dire un mot des miens, je serais heureux de voir mon nom reparaître dans le Journal des Débats qui en 1841 (mars) m’a consacré un article de Janin dans une circonstance bien malheureuse qui heureusement n’a pas eu les résultats que l’on craignait.
Si vous appréciez le soin littéraire que j’apporte à mes travaux comme j’aime et j’honore votre savante critique, j’espère que vous ne me reprocherez pas trop sérieusement le scepticisme que certains critiques ont cru reconnaître dans ce Voyage. Les portions incriminées ont paru dans une époque où ces sortes d’idées appartenaient à une fantaisie sans conséquence, et si vous avez lu dans la Revue des 2 Mondes l’étude que j’ai écrite sous le titre des Confidences de Nicolas l’année dernière, vous y aurez apprécié du moins le sentiment moral et même religieux qui à mon âge arrive à dominer mes pensées. Du reste, Monsieur, quoique vous écriviez sur mon compte, je serai heureux de recevoir vos conseils.
Votre bien dévoué serviteur
Gérard de Nerval
S’il fallait un exemplaire de plus pour le journal je vous serai bien obligé si vous voulez m’en prévenir, rue des Martyrs, 66 »


Nerval expresses here his strong wish to reappear in Le Journal des Débats, one of the major media of the literary circle in the nineteenth century. He evokes, however, to the ferocious article that Janin had written ten years earlier about him in the same newspaper, the latter already evoking the poet’s madness. It was indeed in February 1841 that a crisis forced Gérard de Nerval to seek treatment with Dr. Esprit Blanche (1796-1852) and to be interned in a clinic from March to November of that year. The crisis was so violent that he recovered, and only partially, in the summer of 1842.

After flattering his correspondent, Nerval ends his plea by evoking his recent study on Nicolas Edme Restif de La Bretonne (1734-1806) in his book Les Confidences de Nicolas. Histoire d’une vie littéraire au XVIIIe siècle (1850). This is a long study in which the romantic lets prevail his “moral and religious feeling”. Using very freely the autobiographical texts left by his model, Nerval tries to recompose Restif de la Bretonne’s life.

It was through a journey in 1843, having taken him to Malta, Egypt, Syria, Lebanon and Turkey, that Nerval completed his travel stories, somewhat romanticized in the manner of Chateaubriand. He built his work as well as an initiatory path in Voyage en Orient, which appeared in 1851. All his work is imbued with esotericism and symbols.

Beautiful and complete signature with his nom de plume

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Period albumen print by Benque & Co
[c. 1885], mounted on thick cardboard and signed on lower margin, cabinet format (10,5 x 15,4 cm)
Small stain on lower margin of the mounting

Very scarce original portrait of the novelist by Benque & Co


We know the reluctance that Maupassant had to be photographed. He threatened a lawsuit pending thy publisher Charpentier in 1890 for desmoulin’s unauthorized distribution of an etching from a photograph by Liebert.
He believed that they were part of private life and that the writer should be judged only by his works. This repugnance to see his effigy delivered to the curiosity of the crowd is certainly also proof of a certain “dull fear of a split personality, of a dispersion of his physical appearance, of a triumph of the Horla who would have taken his features and strutted in the world” (H. Troyat). Maupassant’s original photographs are therefore all the more valuable.

There are very few other copies of this print, including one sent “to count Joseph Primoli / his friend / Guy de Maupassant”.

Benque & Co was installed, at the time of this print, at 33 rue Boissy d’Anglas in Paris. Benque & Co was bought by Matuszewski around 1900.

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Original albumen print by Gustave Le Gray
[Paris, 1859], mounted on thin cardboard, 10,1 x 5,9 cm
Slight flaw on upper margin, tiny spots otherwise good condition

Elegant and scarce portrait by Gustave Le Gray, Alexandre Dumas’ favorite


This photograph was taken in the photographer’s studio, at 59 Boulevard des Capucines. Dumas was so enthusiastic about it that he reproduced it in his diary Le Monte-Cristo on 5 January 1860. The famous writer is here grasped between two ages, although he is no longer the slender figure of the first years, he is not yet the old big man of the last years. His gentle and deep look makes it one of the most beautiful portraits we have of him.

 

NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910)

Autograph letter signed « Nadar » to Léon Deschamps
[Paris], 28th January 1895, 1 p. in-4
Fold marks with tears, repairs with tape, tiny missing bits on margins (see scan)

Nadar urges his correspondent to visit the first posthumous exhibition of Constantin Guys


« Cher M. Deschamps,
Il faut enfin qu’on se rencontre !
Faites [l’] impossible pour venir jeter un coup d’œil sur l’ébauche de notre exposition Guys, rue d’Anjou, – en préparation de la très prochaine exposition publique.
Elle ne peut avoir lieu que demain mardi et le lendemain (clôture forcée).
Accourez-vous donc !
Nadar
Je crois bien que cette lettre vous arrivera en double. Tant mieux, si elle vous amène plus encore ! – Et si vous avez curieux auprès de vous, amenez aussi !… » 


Constantin Guys (1802-1892) was a French draughtsman and painter. He is the dedicatee of the poem Rêve parisien by Charles Baudelaire (published in the collection Les Fleurs du mal). Baudelaire writes about his work The Painter of Modern Life, which can be considered as an essay or a praise, and in which he defines in particular the notion of modernity.

ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Autograph letter signed three times to President Édouard Daladier
Paris [Hôpital Sainte-Anne], 6 December 1938, 2 p. ½ in-4, pencil
Fold marks

Paranoid and hallucinated protest letter
Artaud strongly denounces his internment and then explains the injustice of which he feels victim. With excessive pride and in order to justify his point he then draws up the list of his most significant works. He then explains that he is persecuted by personalities whom he describes as insiders and then theorizes about dramatic events that occurred a few months before
He ends his letter by brutally denying his mother, Euphrasie Artaud.


« Mr le Président du Conseil
Après la séance de présentations de « malades » qui a eu lieu dimanche dernier à l’institut Fournier
[qui jouxte l’hôpital Sainte-Anne], et où, sous l’instigation du Dr Lévy-Valensi j’ai pu exposer mon cas, et porter mes accusations devant 500 étudiants ou docteurs de la faculté de médecine de Paris, je pense que la prolongation de mon internement apparaitra à tous et vous apparaitra comme un déni de justice manifesté, et que vous voudrez bien donner des ordres afin de le faire immédiatement cesser.
Au crime de l’internement d’un écrivain notoire et que de l’aveu même de tous les docteurs qui l’ont examiné ne présentait aucun signe d’aliénation on a ajouté celui de chercher à l’empoisonner. J’ai patienté jusqu’ici dans un intérêt de pacification générale et parce que j’espérais que la vérité apparaîtrait enfin. Dimanche dernier elle est apparue de façon éclatante au vu et au su de tous : L’auteur de la Correspondance avec Rivière, l’Ombilic des limbes, de l’Art et la mort, du Pèse Nerfs, d’Héliogabale où l’Anarchiste couronné, du Théâtre et son double, et enfin et surtout des « Nouvelles Révélation de l’être », n’était pas un malade, c’était une victime, et, je vous en prie, qu’on en finisse une fois pour toutes avec l’absurde comédie administrative qui consiste à exiger qu’un malade soit réclamé, pour qu’on se décide à le sortir. Je suis assez connu et j’ai assez d’argent pour sortir sans qu’on m’impose plus longtemps les brimades des règlements qui ne doivent plus jouer pour un homme dans ma situation. Et qui doivent jouer d’autant moins que cet internement est arbitraire :
Je sais que vous êtes depuis longtemps éclairci sur mon cas, et que ma sortie m’aurait été accordée depuis longtemps sans les pressantes interventions d’un certain nombre de personnes appartenant à une secte d’initiés que j’accuse d’avoir provoqué mon internement et cherche à me faire empoisonner et au premier rang desquelles [sic] je range la Princesse d’Elchingen, Pierre Laval, André Tardieu et même Pierre Etienne Flandin, sans compter d’autres personnes moins haut placées politiquement mais qui n’en ont pas pour cela moins d’importance socialement parlant, telles que Louis Louis-Dreyfus, Raymond Bernard, Marcel l’Herbier, Germaine Meyer de la Banque Hypothécaire, Mary Marquet, José[e] Laval etc. etc.
Sans les manœuvres occultes de cette secte on ne peut comprendre les dessous de la vie politique actuelle et ne pas vouloir reconnaitre l’importance des initiés c’est se priver volontairement d’un moyen d’y voir clair dans les affaires du gouvernement. L’incendie de Marseille [incendie des Nouvelles Galerie, sur la Canebière, survenu le 28 octobre 1938 et ayant causé la mort de 73 personnes] où a trempé Paul [Simon, sic] Sabiani a été provoqué par les initiés comme la catastrophe de Lagny en 1934 [accident ferroviaire survenu le 23 décembre 1933 ayant provoqué la mort de 14 personnes et 300 blessés], comme les grèves de ces journées et l’assassinat de Vam Rath [diplomate allemand, mort assassiné à Paris le 9 novembre 1938 – son assassinat par un juif polonais servi de prétexte à l’Allemagne nazi pour déclencher la « nuit de Cristal »] a été en partie voulu, dirigé et provoqué occultement. Les initiés ont leurs émissaires un peu partout. La sûreté générale en est injectée et l‘un des principaux chefs de la Sureté qui porte le n° 0 à la Sûreté Générale est un certain M. Messeria ou Messerier qui pour tout le monde est un docteur dentiste très connu mais qui est en réalité un initié comme Pierre Laval, comme Tardieu et même comme Camille Chautemps. Tous ces gens-là n’auraient garde de révéler leur filiation occulte et ils sont arrivés pendant des années à cacher leur jeu et à dissimuler leur véritable identité. C’est parce que j’en sais trop long sur leur répugnantes manœuvres et parce qu’ils m’ont toujours considéré comme un gêneur au temps où j’étais celui que les journaux appelaient Saint Artaud, qu’ont cherché à se débarrasser de moi et qu’ils vous pressent maintenant de maintenir un internement que rien n’a jamais justifié. Je vous signale en passant que Von Ribbentrop, le ministre des Affaires Étrangères d’Allemagne et un initié, comme F. Sieburg l’auteur de Dieu est-il Français, où l’on raconte la vie de Saint Artaud. Je pourrais vous en dire long sur toutes sortes de manœuvres politiques occultes et vous révéler pourquoi la Banque Louis Louis-Dreyfus garde si jalousement un argent qui ne lui appartient pas. Vous devez voir par tout cela qu’il est temps d’en finir avec cette dictature occulte et je vous prie instamment de donner des ordres afin qu’on me fasse sortir d’ici au plus tôt, n’en déplaise à certaines personnes, du monde politique principalement.
Confiant en votre esprit de justice et en votre respect du droit et de la liberté des gens je vous prie de me croire très fidèlement vôtre.
Antonin Artaud
Antonin Artaud
PS : Léon Daudet, Robert Poulet, André Gide, P. Hardion du Quai d’Orsay, pourront me réclamer s’ils ne m’ont pas encore renié.
Je m’excuse encore de vous demander de vouloir bien faire cesser les manœuvres d’un certain nombre d’agents de la sûreté révoqués, au premier rang desquelles il faut placer un certain C. Bayard, et qui cherchent par tous les moyens à m’imposer d’être réclamé par une certaine Euphrasie Artaud que je n’ai jamais reconnu pour ma mère et avec qui j’ai brisé toute espèce de rapports depuis presque 2 ans. Les agents sont des émissaires de Pierre Laval, de la Princesse d’Elchingen ou d’autres initiés appartiennent à cette partie de la police qui prend ses mots d’ordre ailleurs que chez vous.
Ce sont les principaux complices d’une espèce de complot qui consiste à empêcher les véritables nouvelles de l’extérieur de venir jusqu’à moi, à me faire croire que je me trompe sur les évènements de ma vie passée et que mes véritables souvenirs sont faux et aussi à me priver d’argent. J’ai reçu 30 frs en 15 mois alors que mes éditeurs me doivent plus de 200 000 frs.
A.A
En vous remerciant et avec mes excuses »


After several excesses and disturbances to public order, resulting among other things from his excess of drugs, Artaud was declared dangerous and then interned in a psychiatric hospital (Asile des Quatre-Mares) at the end of 1837. He was then admitted to the psychiatric center of Sainte-Anne where he stayed eleven months. He was then diagnosed by Dr. Nodet who qualified him as “syncretic megalomaniac: goes to Ireland with the cane of Confucius and the cane of St Patrick. Memory sometimes rebellious. Drug addiction for 5 years (heroin, cocaine, laudanum). Literary claims can be justified to the extent that delirium can serve as inspiration

Artaud refused all visits, including that of his family.

This letter, which remained unpublished until 2015, was retained by the psychiatric administration, formerly in the Sainte-Anne file.

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed “Chateaubriand” to Charles-Henri Dambray
Paris, 25 January 1825, 1 p. in-8
Lower left margin slightly cropped off

Chateaubriand has to decline a dinner because of his health condition


« J’ai été si souffrant, Monsieur le Chancelier, que je n’ai pu aller à la Chambre, et qu’il me sera impossible d’avoir l’honneur de dîner chez vous aujourd’hui.
Agréez, je vous prie, Monsieur le Chancelier, mon hommage, mes excuses et mes regrets. Chateaubriand »


Chevalier Charles-Henri Dambray (9 October 1760 – 13 December 1829) was a French magistrate and politician. He was Chancellor of France and President of the Chamber of Peers from 1814 to 1829.

The Chambre des Pairs of the Restoration
The shift towards an English-style parliamentary system made the Chambre des Pairs under the Restoration (1814-1830) a French replica of the House of Lords.
France has a king again. But the revolution went through. Louis XVIII, then Charles X, will have to reckon with parliamentarians of all opinions who have taken a liking to freedom of speech.

PASTEUR, Louis (1822-1895)

Autograph letter signed “L. Pasteur” to Pierre Viala
Paris, 30 May 1884, 1 p. in-8, with autograph envelope
Previous mounting mark on left hand margin

Pasteur corresponds on the subject of anthrax and evokes the famous experiment he conducted on fifty sheeps near Melun in 1881


“Monsieur le Président,
J’ai pris connaissance avec grand intérêt du résultat de vos expériences. La plus grande durée de l’immunité après vaccination a été constatée à Melun. Vous la trouverez dans le livre de M. Chamberland qui contient tous les rapports connus à la date de sa publication. Je l’écris ici de mémoire : elle a été de 16 mois. Mais vérifiez-la, je vous prie. Recevez la nouvelle expression de mes sentiments les plus distingués. L. Pasteur”


In May 1881, at Pouilly-Le-Fort, near Melun, Pasteur carried out a famous anthrax vaccination experiment on fifty sheeps. Some authors accuse Pasteur of having misled the scientific public as to the exact way in which the experiments took place. It is today known as the “Secret of Pouilly-Le-Fort”

Physicist and biologist Charles Chamberland (1851-1908) was one of Louis Pasteur’s oldest collaborators. Associated with many of his master’s works, he was also a genius inventor, designing an autoclave and a water filter that bear his name.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph card signed « P. Verlaine » to Edmond Lepelletier
Aix-les-Bains, 2nd September evenning [1889], 1 p. in-12
Autograph address on verso, previous mark of mounting

In an amusing letter mixing French and English, Verlaine asks his friend Lepelletier if he has received his copy of Parallèlement


« Aix les Bains, 2 7bre soir. In a hurry for a hurry. Cher ami, Que devient ma nouvelle Extrêmes Onctions, que tu dus recevoir some months ago ? Serais heureux qu’elle eût paru, chiefly for money sake. Donne m’en des nouvelles. As-tu reçu Parallt [Parallèlement] ? En as-tu parlé ? Je vis en sauvage. You should help me, would my novel appear in the Echo [L’Echo de Paris], and would I get any recuperation of it, would it be per advance. Excuse me. Give my love to the comrades and believe me to be ton vieux P. Verlaine »


Verlaine arrived in Aix-les-Bains at the end of August 1889, on the advice of his doctor Dr. Chauffard of the Broussais Hospital in Paris, to treat osteoarthritis of the knee. He was welcomed by Dr. Henri Cazalis, a poet friend who lodged him at the pension Héritier close to the thermal establishment, route de Mouxy.

Parallèlement is the title of Paul Verlaine’s seventh collection of poetry in verses, published in 1889 by the publisher Léon Vanier, then enriched in 1894. Like previous collections such as Jadis and Naguère, this work brings together many pieces composed previously and of various inspirations (erotic poetry of Les Amies, remnant of Cellulairement)

Extrêmes-Onctions is a short story from Histoires comme ça, published in Le Chat noir on June 14, 1890.

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed « GS » to Eugène Delacroix
Saturday evening [Paris, 14 March 1840], 1 p. in-8vo, autograph address and wax seal on 4th folio
Slight missing piece of paper due to wax seal opening (see photos)

Tender invitation from George Sand to Eugène Delacroix


« Cher, voulez-vous venir nous voir mardi soir ? Peut-être aurai-je des gens aimables . Je n’ose plus vous promettre tel ou tel de peur d’être forcée de vous dire ensuite : nous n’avons ni Lambert ni Mohin. Mais si vous ne trouvez que des figures qui vous ennuyent, vous filerez en douceur. A toi de cœur
GS »


George Sand quotes boileau, Satire III: “We have,” he told me, “neither Lambert nor Molière…” The person who had invited the narrator to a ridiculous dinner had promised him the presence of Molière with Tartufe, and Lambert. This Michel Lambert (1610-1696) was a singer in vogue of the seventeenth century, highly sought after as a teacher by great characters, and who knew how to monetize his talents, to the point that he could give his daughter, when he married her to Lulli, a dowry of 200,000 pounds.

Sand’s familiarity at the end of the letter does not fail to surprise. According to Georges Lubin, this is the only time it is found in a letter to this recipient.

We know the answer of Eugène Delacroix (published in the Correspondance Générale, vol. II, p. 49) on 17th of March:

“Dear, I will not be able to go to see you tonight: it is the last day of my Italians and the Puritans [the Puritans of Scotland, Bellini’s opera]. But I am very deprived of it. Do you think I’m going to your house for this or that you promise me? […] It is you, your eyes, your dear little person that I love… »

Eugène Delacroix resided, as the address indicates on the last page, at 17 rue des Marais Saint-Germain in Paris from 1836 to 1844 (now rue Visconti). It was in this studio that he painted the famous portrait of George Sand and Frédéric Chopin.

George Sand, then in a relationship with Frédéric Chopin, resided in Paris at 16 rue Pigalle in Paris.

MALLARMÉ, Stéphane (1842-1898)

Autograph name card signed  « SM » to Edmund Gosse
[Paris, new year 1898], 1 p. in-24, with autograph envelope

Charming unpublished card of the poet for the new year 1898


« Avec mon meilleur souvenir et mes vœux de janvier les plus affectueux, cher Monsieur Gosse
SM »


Mallarmé had come into contact (epistolary) with the future writer and critic Edmund Gosse (1849-1928) in August 1875. By this time he had come to London to work on his edition of Beckford’s Vathek. Edmund Gosse was then working at the British Museum and had then contacted Mallarmé (through his friends William Bonaparte-Wyse, an Irish poet who was a friend of the felibres and John Payne, an English poet), to find out what steps to take to work at the museum. From that time on, Mallarmé and Gosse remained in cordial relations as evidenced by the reciprocal sending of books, and the letters of 16 December 1892, 10 January 1893, 2 July 1893, 18 January 1894, 24 February 1894, 2 March 1894 and the present name card.

LOUIS XV (1710-1774)

Autograph letter signed « Louis » to his grand son Ferdinand de Parme
Versailles, 26 October 1766, 1 p in-8, wax seal

Moving letter, entirely from the the king’s hand. Louis XV shows concerns about the health of the Dauphine Marie-Josèphe of Saxony, mother of the three future Kings of France


« Mon rhume est tout à fait passé mon très cher petit-fils. Je suis très aise que vous y preniez tant d’intérêt ainsi qu’à la santé de votre tante la Dauphine. Elle est mieux pour le présent mais elle vient d’avoir un premier assaut en allant à Choisy, où elle n’avait pas encore été depuis le jour que nous y passâmes en allant à Fon[taineble]au où mon fils commença d’être plus mal, et d’ici à Noël quels anniversaires nous allons avoir. Elle a repris le lait mais en mangeant un poulet le soir.
Votre chemin à la mer sera donc beau, je vous en félicite si vous en tirez avantage. Je vous assure mon cher petit-fils de toute ma tendresse, je vous embrasse en conséquence.
Louis »


Ferdinand was the son of Madame Elisabeth, the eldest child of Louis XV and Marie Leszczynska. In 1739, Madame Elisabeth married the Infante of Spain, who obtained in 1748, through international treaties and through Louis XV, the Duchy of Parma. It was there that Louis XV’s grandson, Ferdinand, was born, who acceded to the throne of Parma on the death of his father, when he was only 14 years old.

Louis XV became attached to this child and reported on him the affection he felt for his mother, who died in 1759 of smallpox. This was followed between the young man and the King of France by a regular, intimate and sometimes political correspondence over fifteen years, in which Louis XV appeared to be of unsuspected tenderness.

The Dauphine mentioned in this letter is Marie-Josephe of Saxony, the second wife of the Dauphin who died in December 1765 of tuberculosis (this is the fatal “birthday” in question here). The Dauphine, who watched over her husband during his illness, contracted the disease, which will gnaw at her for several months, until her death in March 1767, leaving orphans the future Louis XVI, Louis XVIII and Charles X.

PRÉVERT, Jacques (1900-1977)

Original drawing signed “Jacques Prévert” to Pierre Béarn
Paris, 20th October [19]67, 1 p. in-4to
Some very slight browning tone on lower margin with tiny spots

Charming drawing of the poet depicting the sending of a letter to his correspondent


Beautiful drawing by Prévert, simple and imaginative
He specifies the date, the address of his consignee and his own address:

Paris
Le 20 octobre 67
Cher Pierre Béarn…

Pierre Béarn
60 rue Monsieur le Prince
Paris 6

Jacques Prévert
6 bis Cité Veron
[Paris] 18

SÉVIGNÉ, Marie de Rabutin-Chantal, dite Madame de (1626-1696)

Document signed « Marie de Rabutin Chantal »
Paris, 30th July 1652, 1 p 1/2 in-8
Fold mark, traces of wear on edges (see photos), old repair with tape

Rare signature of the young Marquise de Sévigné, just widowed and refusing to assume the debts of her late husband to the Duchess of Rohan


« Fut présent en sa personne dame Marie de Rabutin de Chantal, veusve de feu Monsieur Henry, marquis de Sévigné, chevalier, sieur et baron dudit lieu, mère et tutrice des enfans mineurs dudit de Sévigné et d’elle, laquelle a fait et constitué son procureur maître Martin Giry, procureur en parlement à Paris pour plaider, appeller et eslire domicile, substituer, et par espécial pour comparoir à l’assignation à elle donnés à la requeste de dame Marguerite, duchesse de Rohan, princesse de Léon, dame de Blayn et autres ses places et illec declarer [et elle déclare] qu’elle est mal assignée en son nom pour reprendre le prest mentionné en ladite communion, attendu que dès le décès dudit deffunct, elle a renoncé à sa communauté, demander d’estre renvoyée, absoulte de ladicte demande. Et en ladite quallité de mère et tutrice de ses enfans, reprendre par ledit Giry en leurs dites quallités tous les prests auquel Monsieur René de Sévigné, conseiller au parlement de Bretagne, seigneur de Montmoron cy-devant curateur honoraire dudit deffunct Monsieur Henry, marquis de Sévigné, estoit appelans des sentences rendus par les présidiaux de Nantes le premier janvier 1644 et tous auctres et en ladite quallité présider sur ledit procès suivant les derniers courriers. Promectans avoir agréable tout ce qui par ledit Giry sera fait, observant, renoncans. Fait et passé à Paris es estudes des notaires subsignés, l’an mil six cent cinquante
deux, le trentiesme jour de juillet. MVIC cinquante deux.

MARIE RABUTIN CHANTAL
Mosthe
[notaire] »


The Marquise de Sévigné, married in 1644, lost her husband Henri de Sévigné in February 1651 during a duel with the Chevalier d’Albret. The two men, courting the same woman, came up with a duel. Henri leaves his wife two young children… and a very large amount of debts. During his lifetime, Henri did not hesitate to take out loans to be able to cover his mistresses with jewelry.
The Marquise, who loved her husband, lent him money, much to the displeasure of her parents and her uncle, the Abbé de Coulanges, who urged her to ask for a separation of property.

[JARRY] QUENEAU, Raymond (1903-1976)

Autograph letter signed « Queneau » [to Michel Arrivé]
N.p, 9th August 1964, 1 p. in 8vo, NRF letterhead

Interesting letter in which Raymond Queneau put himself as an intermediary for the publication of the works of Alfred Jarry at the editions of the Pléiade


“Monsieur,
J’aurais dû répondre évidemment bien plus tôt à votre lettre (fort intéressante) du 11 décembre mais ce n’est que tout récemment que j’ai obtenu de Raymond Gallimard qui s’occupe tout spécialement des classiques de la Pléiade (moi je ne m’en occupe pas, seulement de l’Encyclopédie) une réponse relativement assez favorable.
Ce qui revient à dire que, si vous en avez les loisirs, il y a une chance (petite mais non nulle) pour qu’un plan soigneusement établi par vos soins entraîne la réalisation d’un volume Jarry dans cette honorée collection.
Cela vous fait de grandes responsabilités, monsieur.
Veuillez croire, cher auditeur réel, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Queneau”


Michel Arrivé (1936-2017) is recognized as the main specialist of Alfred Jarry, of which he has published about twenty books and more than three hundred articles. He launched numerous searches for jarry’s original manuscripts with the Parisian literary milieu throughout the 60s.

[RIMBAUD] DELAHAYE, Ernest (1853-1930)

Autograph letter signed « Ernest Delahaye » to Marcel Coulon
Maisons-Laffite, 16th December 1924, 8 p. in-8vo
With autograph envelope

Entirely unpublished letter enriched with a precious bio-bibliographical record of Delahaye on himself with many unknown information to date
Rimbaud’s childhood friend, after having taken up a verse from Mauvais Sang, returns among other things to the impossible relationship between Paul Verlaine and his wife Mathilde Mauté


« Cher Monsieur Coulon,
Je suis très heureux et très fier de vous avoir plu en préfaçant Germain Nouveau (1). « J’attends avec gourmandise » – comme dit La Saison en Enfer (2) – votre Au Cœur de Verlaine et Rimbaud.
Même si c’est un peu sévère, j’ai par expérience la certitude que ce sera excellent.
Mathilde [Mauté] a bien le droit, en effet, que l’on parle en sa faveur (3). N’avoir su s’y prendre avec Verlaine n’est certes pas un crime. […] Mais, dès qu’elles ne sont plus jeunes filles, on ne peut exiger des femmes la gaieté… qui est un tic des hommes.
Vous voulez bien dire un mot sur moi dans votre histoire de Rimbaud. Bien reconnaissant, je vous envoie la petite (?) note relative à ma vie si insignifiante, pour peu que cela vous semble utile.
Mon plus grand désir, à présent, c’est d’avoir le plaisir de vous serrer la main chez notre ami Armand Lods.
Et j’allais oublier ! Saviez-vous que notre Adele Luzzatto a publié dans une revue romaine son pèlerinage en France « Sur les traces de Rimbaud »(4) ? Je ne connais pas l’italien, mais j’entreprends, avec un dictionnaire, de traduire cette jolie chose. Ce qu’il y a de piquant, c’est que la revue, Galleria, était une filiale du Corriere Italiano, journal de Cesarino Rossi, bel homme impliqué dans l’assassinat de Matteotti, qu’il est maintenant sous les verrous, en attendant que Mussolini le considère comme assez oublié et que Galleria était dirigé par Ardengo Soffici, un historien de Rimbaud (5) ? (Je ne devrais même point parler de Soffici, par pudeur, car il m’a donné autrefois son volume, je l’ai prêté et je ne sais plus à qui).
Excusez ce bavardage.
Et bien cordialement à vous
Ernest Delahaye »


1/ Germain Nouveau,  Valentines et autres vers,  préface d’Ernest Delahaye, Messein, 1921.

2/ « J’attends Dieu avec gourmandise » (« Mauvais sang , 3 »)

3/ Marcel Coulon consacra en effet un chapitre de son livre au « Divorce de Verlaine ». Delahaye, qui n’a rencontré Verlaine qu’en 187X, n’avait pas connu sa femme. Dans une lettre à Marcel Coulon du 25 juillet 1925, Delahaye parle de Mathilde comme « une petite parisienne comme il y en a des milliers », jugeant Verlaine « non mariable ».

4/ Adele Luzzatto avait rencontré et interviewé Delahaye à Maison-Lafitte en 1923. Elle devait rendre compte de son voyage en France sur les traces de Rimbaud dans Galleria en mars 1924, et devenir une des premières rimbaldiennes italiennes, auteur de nombreux articles défendant les positions de Delahaye, à qui elle consacra une élogieuse notice nécrologique (La Cultura, janvier 1931).

5/ Ardengo Soffici (1879-1964) est l’auteur de la première monographie consacrée à Rimbaud publiée hors de France (Arthur Rimbaud, Firenze, La Rinascita del libro, coll. Quaderni della Voce, 1911).

SADE, Donatien-Alphonse-François, Marquis de (1740-1814)

Autograph letter signed « de Sade » to his aunt Gabrielle-Eléonore de Sade
N.p, 22nd April [1790], 3 pp. in-8°
Slight browning, period fold marks, pencil annotation by an unknown hand

Newly released from the Charenton hospice, Sade goes enraged against his in-laws, these « monsters », and mourns his precious manuscripts – including that of the 120 Days of Sodom – lost during the storming of the Bastille


« Je manquerais au plus cher et au plus sacré de mes devoirs, ma chère tante, si je ne vous informais pas que je viens d’obtenir enfin ma liberté ; il ne manquerait à mon bonheur que la satisfaction de pouvoir vous embrasser tout de suite et j’y volerai sans doute, si des affaires majeures ne me retenaient encore quelque temps ici.
Ce n’est que dans votre sein ma chère et aimable tante, que je puis déposer les chagrins violents que je reçois à toutes minutes de ma famille de Montreuil ; ils se seraient alliés au fils d’un charretier qu’ils n’auraient pas pour lui de procédés plus atroces et plus humiliants. J’ai des torts avec eux, soit, mais dix-sept [ans] de malheur dont treize ans consécutifs dans les deux plus horribles prisons du royaume… dans des prisons où l’on m’a fait souffrir tous les tourments qui peuvent s’imaginer, cet assemblage, dis-je, de supplices et de revers n’a-t-il pas dû expier ses torts… qui dans le fait leur appartenaient plus qu’à moi. Ces gens-là sont des monstres, je vous l’assure ma chère tante et le plus grand malheur de ma vie est de m’y être allié ; j’ai acquis en les épousant beaucoup de cousins banqueroutiers, quelques marchands du Pont Neuf, un couple de pendus et pas une protection, pas un ami, pas un individu honnête ; les scélérats travaillent à me ruiner maintenant qu’ils ne peuvent plus m’enfermer. Ils veulent me séparer d’avec ma femme et comme dans les commencements de mon mariage ils me facilitaient exprès des déplacements sur la dot il faut maintenant que mon bien réponde de ces déplacements et cela me ruine. Il va me rester à peine de quoi vivre, et moi qui ne m’étais marié que pour trouver une société dans ma maison quand je vieillirais, me voilà délaissé, abandonné, isolé et réduit au triste destin dans lequel mon malheureux père a fini ses jours, de toutes les positions de la vieillesse celle que je redoutais le plus dans le monde.
Par un de ces plats coquins là, excepté mes enfants dont je n’ai qu’à me louer, pas un dis-je, ne m’a seulement tendu la main quand je suis sorti de prison. Je me suis trouvé au milieu de Paris avec un louis dans ma poche sans savoir où aller manger et dormir, sans savoir qui me donnerait un écu quand mon louis serait fini et ne recevant que des vilaines gens que j’implorais que des rebuffades et de mauvais compliments ; porte fermée chez tous et principalement chez ma femme ce qui est le comble de l’horreur ; non, non, ma chère tante, jamais on n’a vu de procédés pareils je vous le répète, ou n’en imagina jamais de semblables.
J’avais quelques meubles, un peu de linge, beaucoup de livres et plus de quinze volumes d’ouvrages manuscrits de ma composition, fruits des travaux de ma solitude ; par une négligence, ou plutôt une incompréhensible méchanceté, ces vilaines gens m’ont laissé prendre tout cela au siège de la Bastille. Ils venaient, de peur que je n’eusse ma liberté à cette époque, de m’en faire sortir pour aller dans une autre prison. Ils n’ont jamais voulu que je prisse mes effets avec moi ; ils ont fait mettre le scellé sur la porte, huit jours après est venu le siège, ma chambre a été enfoncée et j’ai tout perdu… des ouvrages précieux, Le fruit du travail de quinze ans, je n’ai rien sauvé… et tout cela par la faute de ces misérables coquins dont j’espère que Dieu me vengera un jour.
Pardon ma chère et bonne tante, vous que j’ai toujours adorée, mille et mille pardons de vous ennuyer si longuement de moi mais j’ai tant de chagrin dans le cœur qu’il m’est impossible de ne pas le confier à une aussi bonne et si chère amie que vous. Je vous supplie de m’écrire, de me parler de votre santé, de me dire si vous m’aimez encore un peu, et d’être bien persuadée que vous n’avez au monde personne qui vous soit plus tendrement et plus respectueusement attachée que moi.
Je vous prie de me rappeler dans le souvenir de celle de mes tantes et de mes cousines que j’ai le bonheur de conserver encor, sans oublier Madame de Raousset avec laquelle je vous prie de me raccommoder s’il lui restait encore quelque chose sur le cœur contre moi.
Je vous assure, ma chère tante, de mon profond respect, de Sade »


Written from 1782 on, the manuscript of The 120 Days of Sodom was entirely assembled by Sade in his cell at the Bastille. Every evening, between 22 October and 28 November 1785; he copied his drafts on thirty-five pieces of paper, eleven centimeters wide which, glued end-to-end, formed a roll twelve meters long and written on each side. Protected by a leather case, the manuscript was hidden between two stones of his cell. 
 On July 2, 1789, twelve days before the storming of the Bastille, Sade revolted:
« He sat at his window yesterday at noon, and shouted with all his rage, and was heard from the whole neighborhood and passers-by, that the prisoners of the Bastille were being slaughtered, that the prisoners of the Bastille would be murdered, and that they had to come to their rescue », reports the Marquis de Launay, governor of the Bastille. He obtained the immediate transfer of Sade to the asylum in Charenton. Sade was released the following year, on 2 April 1790.

BARTHOLDI, Auguste (1834-1904)

Autograph letter signed “Bartholdi” to Georges Glaenzer
Paris, 4th May 1882, 4 pp. in-8vo on his letterhead

Very scarce letter from Bartholdi about the Statue of Liberty. The sculptor is worried to no longer hear from the Americans about their share of funding for the pedestal. On the other hand, he assures that the statue will be ready in time.


« Mon très cher ami,
Votre bonne lettre m’a fait bien plaisir cela va sans dire, mais elle m’a réjoui d’autant plus que souvent je parle de vous quand j’en ai l’occasion et que souvent je disais je ne vois rien venir ; il nous oubli dans l’encrier et nourrit sa plume de bonnes intentions. Je suis heureux de voir les pensées parisiennes surnager sur l’océan de votre vie agitée des affaires. Cela laisse l’espoir de vous voir revenir ici plus tard.
J’avais la plume à la main pour vous écrire, il y a déjà un mois an reçu de votre lettre ; mais j’étais pressé et j’ai fait mon procrastinator comme vous dites dans le monde New-Yorkais.
Nous sommes heureux d’apprendre toutes les satisfactions que vous avez trouvées et que vous méritez si bien ; vous avez tout pour vous et par vous, vous savez rendre heureux ceux qui vous entourent et être heureux. C’est assurément en soi-même, qu’il faut toujours chercher les éléments de bonheur dans la vie et le moyen de le donner à ceux qui vous entourent.
Je me réjouis de venir vous voir dans ces éléments de satisfaction et de trouver bébé Glaenzer N°2 ; seulement je me demande quand ce sera !
Je trouve que les choses sont bien éteintes à New-York. Je j’entends plus parler de rien et je commence à être inquiet. Les photographies que je vous avais envoyées
[…] il faut les montrer, au besoin les vendre au cercle enfin que l’on voie ce que nous faisons.
Dites à M.
[Richard] Butler qu’il souffle le feu, il vaudrait même peut-être demander tout simplement l’argent au gouvernement.
Je vous remercie bien de tout ce que vous dites de moi ; mais il ne faut pas oublier que si j’ai été le moteur ; je suis néanmoins une chose très mondaine, il y a dans l’Union Franco-Américaine une manifestation qui est publique, qui se chiffre par cent mille signatures, qui a des noms très considérables pour drapeau.
Nous serons prêts, notre statue sera faite en temps voulu et ce serait presque un affront pour la France, si le piédestal n’est pas fait.
Il y a de temps en temps, des journalistes qui s’informent, je tâche de tourner la difficulté ; mais nous commençons à être bien inquiets.
Tâchez de faire comprendre cela, car au point de vue français, et ce serait bien pénible, nos travaux avancent, nous serons prêts et les américains n’auront rien fait !
Ce serait un peu dure.
J’espère toujours qu’il y aura un réveil ; faites votre possible tâchez de le faire savoir à votre cher beau-père qui rallumera les feux. Je vous envoie ci-joint la photographie d’un buste que vous verrez probablement là-bas, on le trouve réussi ! Sur ce cher ami, je ne causerai pas plus longtemps de peur que cette lettre ne parte pas cette semaine ; j’ai tenu à vous donner de nos nouvelles à vous remercier des vôtres. Ma femme d’être l’interprète de vos souvenirs affectueux auprès de votre chère famille et nous vous serrons la main bien cordialement à travers les flots atlantiques. Votre ami dévoué
Bartholdi »


Although the project was born in 1870 – it was a gift as a token of Franco-American friendship and to celebrate the centenary of the Declaration of Independence of the United States – it was only ten years later that all funding was provided on the French side. At the same time, in the United States, theater shows, art exhibitions, auctions as well as professional boxing fights are organized to raise the necessary funds for the construction of the pedestal, hence the Bartholdi’s concern. The necessary funds were complete in August 1884.

The statue was finally inaugurated on October 28, 1886.

Georges Glanzer (1848-1915) was the secretary of the French Commission for the Subscription to the Statue of Liberty. He was Bartholdi’s regular correspondent in New York.

Richard Butler (1831–1902) was secretary of the American Committee for the Statue of Liberty.

MISHIMA, Yukio (1925-1970)

Autograph letter signed « Yukio Mishima » to Dominique Aury
N.p, 28th March1970, 2 p. in-4to oblong, in English
Period fold marks

A disturbing letter from Mishima, written less than a year before his suicide by seppuku. He is delighted with the good critical reception of his novel Patriotism in France and wishes to inquire in particular about André Malraux’s opinion. He then speaks of his past and upcoming novels and develops on the explosive balance he seeks to inspire his mind. He ends with an equivocal allusion about his dark fate.


“Dear Madame Dominique Aury
Your letter gave me a delightful news that your son M. Philippe d’Argila is coming to Japan soon. Please let me know about his itinerary as soon as possible so that I can arrange everthing
[sic] he would like beforehand.
I am really looking forwards to meeting him.
I am delighted to know your beautiful translation of “Patriotism” is well received by your friends. Particularly I would like to know about Monsieur André Malreaux’s (maybe wrong spelling) reaction to it, besides if it is possible, also about his reaction to its film version. At your private screening, I am sure French ladies must be too sophisticated to be fainted away by looking at it.
I am now going to start the last (fourth) volume of my long novel. For writing, I always need some balance between the critical moment of the society and the essential uneasiness in my mind, but the present Japan seem to me not likely in a ideal circumstances to make me write, since the social crisis is likely already solved and becoming too quiet. My novel can reach the highest tension when I feel my inner bomb and the outside bomb as a critical balance. I don’t intend to assassinate anybody, on the other hand, I have no possibility to be assassinated, since nobody considers me worthy to be assassinated!
Have a nice, bright spring-time in Paris,
As always
Yukio Mishima”


Patriotism is a short story by Yukio Mishima published in 1961 in Japan. The story tells of the suicide by seppuku (suicide with a sword) of a Japanese lieutenant and his wife after the failure of the coup fomented by a nationalist military group on February 26, 1936.
An eponymous film adaptation of the book directed by the author himself was released in 1965. The film, believed to be a critique of the bloody seppuku ritual, is in reality only the premonitory staging of the writer’s suicide on November 25, 1970, at the headquarters of the Japanese Self-Defense Forces in Tokyo.
The Sea of Fertility is a fictional tetralogy by Yukio Mishima, often presented as his “literary testament”. The four novels in the cycle were written between 1965 and 1970. On November 25, 1970, just after putting this manuscript in an envelope on behalf of the publisher, Mishima led the brilliant action at headquarters.
All of Mishima is summed up and concentrated in this letter: his sensitivity, his tortured mind, his ego, his way of writing and his contemporary view of Japanese society. Written the same year as his suicide, it is all the more important and precious.


Yukio Mishima’s letters are of the highest rarity

GENET, Jean (1910-1986)

Autograph and first draft manuscript signed in the text « J.G »
N.p.n.d [Tangier, 1970], 1 p. in-12 on the back of an envelope

Powerful text in the form of an announcement, introductory his last posthumous book The Declared Enemy


« J.G. cherche, ou recherche, ou voudrait découvrir, ne le jamais découvrir, le délicieux ennemi très désarmé, dont l’équilibre est instable, le profil incertain, la face inadmissible, l’ennemi qu’un souffle casse, l’esclave déjà humilié, se jetant lui-même par la fenêtre sur un signe, l’ennemi vaincu : aveugle, sourd, muet. Sans bras, sans jambes, sans ventre, sans cœur, sans sexe, sans tête, en somme un ennemi complet portant sur lui déjà toutes les marques de ma bestialité qui n’aurait plus – trop paresseuse – à s’exercer. Je voudrais l’ennemi total, qui me haïrait sans mesure et dans toute sa spontanéité, mais l’ennemi soumis, vaincu par moi avant de me connaître. Et irréconciliable avec moi en tout cas. Pas d’amis. Surtout pas d’amis : un ennemi déclaré mais non déchiré. Net, sans faille. De quelles couleurs ? Du vert très tendre comme une cerise au violet effervescent. Sa taille ? Entre nous, qu’il se présente à moi d’homme à homme. Pas d’amis. Je cherche un ennemi défaillant, venant à la capitulation. Je lui donnerai tout ce que je pourrai : des claques, des gifles, des coups de pieds, je le ferai mordre par des renards affamés, manger de la nourriture anglaise, assister à la Chambre des Lords, être reçu à Buckingham Palace, baiser le Prince Philip, se faire baiser par lui, vivre un mois à Londres, se vêtir comme moi, dormir à ma place, vivre à ma place : je cherche l’ennemi déclaré »


Genet portrays both a vanquished and a victor. He ridicules himself in order to further compromise his victory and ultimately betray it.

Among genet’s texts and interventions in L’Ennemi déclaré are articles, interviews, statements, prefaces, manifestos or speeches that all testify to a paradox: the one who was the loneliest writer, the most entrenched of his time was also, during the last twenty years of his life, one of the most present on the public scene.

BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)

Autograph letter signed « CB » to his mother, Madame Aupick
[Paris] 31st December 1863, 4 pp. in-8, additional post-scriptum attached

Long and poignant letter to his mother, filled with introspective reflections and revealing the poet’s decline. Baudelaire also evokes, not without disgust, his next trip to Belgium. He eventually reveals his attempt “remained in vain” with Victor Hugo so that he takes his side with the Belgian publisher Albert Lacroix


« Ma bonne chère mère, il n’y a rien de plus désagréable que d’écrire à sa mère, l’œil fixé sur sa pendule ; mais je veux que tu reçoives demain quelques mots d’affection et quelques bonnes promesses, dont tu croiras ce que tu voudras. J’ai la détestable habitude de renvoyer au lendemain tous mes devoirs, même les plus agréables. C’est ainsi que j’ai renvoyé au lendemain l’accomplissement de tant de choses importantes pendant tant d’années, et que je me trouve aujourd’hui dans une si ridicule position, aussi douloureuse que ridicule, malgré mon âge et mon nom. Jamais la solennité d’une fin d’année ne m’a frappé comme cette fois. Aussi, malgré les énormes abréviations de pensée que je fais, tu me comprendras parfaitement quand je te dirai : – que je te supplie de te bien porter, de te bien soigner, de vivre le plus longtemps que tu pourras, et de m’accorder encore quelque temps de ton indulgence.
Tout ce que je vais faire, ou tout ce que j’espère faire cette année (1864), j’aurais dû et j’aurais pu le faire dans celle qui vient de s’écouler. Mais je suis attaqué d’une effroyable maladie, qui ne m’a jamais tant ravagé que cette année, je veux dire la rêverie, le marasme, le découragement et l’indécision. Décidément, je considère l’homme qui parvient à se guérir d’un vice comme infiniment plus brave que le soldat ou l’homme qui va se battre en duel. Mais comment guérir ? Comment avec la désespérance faire de l’espoir ; avec la lâcheté faire de la volonté ? Cette maladie, est-elle imaginaire ou réelle ? Est-elle devenue réelle après avoir été imaginaire ? Serait-elle le résultat d’un affaiblissement physique, d’une mélancolie incurable à la suite de tant d’années pleines de secousses, passées sans condition dans la solitude et le mal-être ? Je n’en sais rien ; ce que je sais, c’est que j’éprouve un dégoût de toute chose et surtout de tout plaisir (ce n’est pas un mal), et que le seul sentiment par lequel je me sente encore vivre, est un vague désir de célébrité, de vengeance et de fortune.
Mais, même pour le peu que j’ai fait, on m’a si peu rendu justice !
J’ai trouvé quelques personnes qui ont eu le courage de lire Eureka. Le livre ira mal, mais je devais m’y attendre ; c’est trop abstrait pour des Français.
Je vais décidément partir. Je me donne cinq jours, huit au plus, pour ramasser de l’argent dans trois journaux, payer quelques personnes, et faire des emballages.
Pourvu que le dégoût de l’expédition belge ne me prenne pas aussitôt que je serai à Bruxelles ! Cependant c’est une affaire grave. Les leçons qui ne peuvent me donner qu’une très petite somme (1000, 1500 ou 2000 francs), en supposant que j’aie la patience de les faire, et l’esprit de plaire à des lourdauds, ne sont que le but secondaire de mon voyage. Le vrai, tu le connais ; il s’agit de
vendre et de bien vendre à M. Lacroix, éditeur belge, trois vol[umes] de Variétés.
J’ai le frisson en pensant à ma vie, là-bas. Les leçons, des épreuves à corriger en venant de Paris, épreuves de journaux, et épreuves de Michel Lévy, et enfin, à travers tout cela, finir les Poèmes en prose
[Le Spleen de Paris]. J’ai cependant l’idée vague que la nouveauté du séjour me fera du bien et me donnera quelque activité.
J’ai trop parlé de moi ; mais je sais que tu aimes cela.
Parle-moi de toi, de ton esprit et de ta santé.
J’avais voulu prendre Hugo pour complice de mon entreprise. Je savais que M. Lacroix serait à Guernesey tel jour. J’avais prié Hugo d’intervenir. Je viens de recevoir une lettre d’Hugo. Les tempêtes de la Manche ont dérangé ma combinaison, et ma lettre est arrivée quatre jours après le départ de l’éditeur. Hugo dit qu’il réparera cela par une lettre, mais rien ne vaut la parole.
Je t’embrasse de tout mon cœur.
C.B.

[He adds on an additional piece of paper]
Avant de partir, je t’enverrai des étrennes de deux sols, probablement un livre à ton goût. Il est déjà choisi. »


Baudelaire, despite the opinion of his editors, had to fight a lot for the publication of Eureka. He has no illusions about the fate of a work that he deems illegible by the French public.

Highly indebted, it was to live his last years that the poet ended up in exile on April 24 for Belgium.

Le Spleen de Paris, also known as Petits Poèmes en prose, is a posthumous collection of prose poems, prepared by Charles Asselineau and Théodore de Banville. It was first published in 1869 in the fourth volume of Baudelaire’s Complete Works by publisher Michel Levy.

In a letter addressed to Hugo 15 days earlier, Baudelaire expressly asked him to say good things about three of his volumes – Les Paradis artificiels and Les Réflexions sur mes contemporains – which he wished to have published in Belgium by Albert Lacroix (publisher of Les Misérables):

“I learn that Mr. Lacroix is going to visit you. The big service would be to tell him what you can think of my books and me […] This will be, I repeat, a very big service, because Mr. Lacroix must have absolute confidence in your judgment.”

Although Baudelaire wrote to Lacroix to invite him to each of his readings, their collaboration did not see the light of day. The five lectures given by Baudelaire constituted propaganda organized to seduce Lacroix, but they were a total failure given the absence of the Belgian publisher.

Major letter of the poet’s correspondence

CASANOVA DE SEINGALT, Giacomo (1725-1798)

Autograph letter signed « Casanova » to his friend l’abbé Eusebio della Lena
Duchcov Castle in Bohemia, 11th June 1796, 3 pp. in-4° in italien, black wax seal and autograph address on 4th folio
Period fold marks

Remarkable letter which remained unpublished
In addition to the literary interests it reveals about the Venetian adventurer, the latter engages in resolutely anti-French comments, and more particularly on the presence of the young Napoleon Bonaparte, then in the middle of the Italian campaign of the French Revolutionary Wars, compared to a “prostitute” invader of the peninsula


[Original text in italian]

Aggradi oltro i suoi saluti il mio signor conte ch’e ancora qui, dicendo sempre da un mese in qua che partira domani per Vienna. Ma partir de[v]e: A due poste di corti ha quaranta cavalli che lo aspettano. Ella ricevera i due libri, Li ho raccomandati al cameriere, e son sicuro che li portera al suo alloggio. Cosi non direi se li avessi raccomandati al conte che non avendo mai l’anima dove ha il corpo non puo ricordarsi di nulla […] Non lice che il giglio in quel terreno abbia radice […] Roma christiana non fu mai tanto maltratta da At[t]ila, e da altri barbari come lo fu da cristiani, ma ora questi atei avrebbero gettato a terra Christo in sacramento per forgli un tabernacolo d’argento. Avvrebbero portato via non solo statue, ma tutti i musei: avrebbero spogliato gli altari come fecevo in Anversa, ed avvrebbero forse condotto il papa in trionfo a Parigi, o lo avvrebbero Dio sa in che guisa obbrobrisamente disonorato […] Cio che mi sorprende e che non mi sembre vero, a che quel Buonaparte e un giovine di 26 anni, come il Salicetti ambi Corsi. Due bardasse avranno conquistata tutta l’Italia […] Casanova

[Translation]

Accept greetings from my master, the Count [de Waldstein], who is still here while saying every day for a month that he will leave tomorrow for Vienna. But he will have to leave: two stints from here he has forty riders waiting for him. You will receive two books. I have entrusted them to the valet de chambre and am assured that he will bring them to your home. So I did not have to recommend them to the Count who never has the soul where he has the body and who can not remember anything […]We do not allow the lily to take root in any land […]Christian Rome was never as mistreated by Attila and other barbarians as it was by Christians; but today these atheists would have thrown Christ on the ground in sacrament to seize a tabernacle of money. They would have taken away not only the statues but all the museums; they would have stripped the altars as they did in Antwerp and perhaps have led the pope in triumph to Paris or would have, God knows in what way, ignominiously dishonored. […]What surprises me and seems difficult to believe is that this Buonaparte is a 26-year-old and Corsican, like Salicetti. Two prostitutes would have conquered all of Italy […] Casanova


The friendship between the two men dates back at least to the year 1783, in Venice, where della Lena, himself a bibliophile, also shared with Casanova the passion for the gamble.

Three letters from Casanova addressed to della Lena (besides this one) were published in Pompeo Molmenti’s Carteggi, published in 1916.

At the time this letter was written, the Italian Campaign was only in its infancy (it began on 24 March 1796). The offensive was no less striking: the battles of Montenotte, Millesimo, Dego, Mondovi and the bridge of Lodi, among others, were all won by the armies of the young general.

Christophe Salicetti (1757–1809) was a French politician. In January 1796, he was appointed commissary of the Army of Italy, where he played a role with Napoleon Bonaparte. 
In October 1797, he contributed to the reconquest of Corsica and the reorganization of the two departments that divided the island.

Napoleon will say of him : « Saliceti, on days of danger, was worth a hundred thousand men! »

APOLLINAIRE, Guillaume (1880-1918)

First draft manuscript for the poem “Le Voyageur”, from the poem collection Alcools
N.p.n.d [c. 1909-1910], 2 p. in-4to, black ink, multiple corrections.
Fold marks, very slight missing bit on top right corner without affecting the text, some small tears on left hand margin

First draft, mostly unpublished manuscript with multiple corrections for “Le Voyageur”, one of the most beautiful poems of the Alcools collection
Apollinaire has drawn, amongst various sketches of animals, a superb cubist portrait representing two sailors

The oldest and only manuscript of this poem still in private hands


This document contains two poems or draft poems. The poem, on the verso, is the declension of twenty-seven verses that develop the adventures of two sailors, verses that constitute the heart of the famous poem “Le Voyageur”, first published in the journal Les Soirées de Paris (1912), then in Alcools (1913).

On the front side are six verses that seem distantly related to the poem “L’Arbre” from the Calligrammes collection (1918).

An in-depth immersion in the poet’s creative process

Any lover of Apollinaire’s poetry immediately identifies these verses:

Deux matelots qui ne s’étaient jamais quittés

Deux matelots qui ne s’étaient jamais parlé

Le plus jeune en mourant tombe sur le côté

L’ainé portait au cou une chaîne de fer

Le plus jeune mettait ses cheveux blonds en tresse

In its first draft, this part of the poem seems to have nearly found its final form, except that in the published version, “tombe” [fall] is put in the past, “tomba” [fell].

Alcools was composed at the junction between symbolism and the avant-garde, as indicated by the mention “1898-1913” on the title page of the collection. We recognize in the poem “Le Voyageur” this eclecticism, especially remarkable in the amalgamation of regular verses and free verses, the respect of certain classical rules mixed with poetic licenses. Thus, the dates fit perfectly with this period of transgression for some, renewal for others, of the poetic canon.

We can date this sequence of twenty-seven verses thanks to the drawings that surround it. The link between the main drawing and the verses is evident from the subject, the ink and the insertion of the drawing into the text. The main drawing, of Cubist style, illustrates how Apollinaire drew in 1909-1910. The poet and Pablo Picasso, leader of Cubism, then met regularly. It is therefore possible to date these verses from the same period. Regarding Apollinaire’s opinion on Cubism, we remember the poet’s comments in a letter of November 12, 1911 to Henri Fabre: “I persist in thinking that despite its ugly name, this movement is the highest there is today in the visual arts.”
It should also be noticed that the sketch representing a dromedary strongly resembles a sketch on the sidelines of the poem’s proofs “Dromadaire”, present in Bestiaire (1911) and dated 1910. This date is also confirmed by the two polichinelles, identical to a polichinelle drawn in the margin of a manuscript of the poem “Vendémiaire”, dated 1909, and today kept at the Bibliothèque nationale de France. Finally, the Complete Works of the Pléiade collection mention a statement by Fernand Fleuret stating that Apollinaire and himself (who had met in 1909) had fun improvising as a walking in the street when they left the Bibliothèque nationale, and this poem was composed between rue de Richelieu and rue Notre-Dame de Lorette.

The five verses in question form the heart of the poem “Le Voyageur” in that they are taken up as a chorus. They naturally summon the theme of travel, a theme that nourishes the entire text while renewing the topos of reverie, of the quest for identity.

The adventures told in this poem are not without echoing Apollinaire’s own life, who transposes himself into a traveler whom he questions, as if to understand himself. This is how the “Two sailors who had never left each other” form a central point, a point of reference within the poem.

The drawing of the two sailors attached to the text reminds us of a photograph of the poet and his younger brother, as children, in Bologna. Apollinaire’s confession is remembered in a letter addressed to Henri Marineau on July 19, 1913, “Each of my poems is a commemoration of an event in my life. And most often it is about sadness“, the parallel between photography and drawing emerges naturally: One of the sailors drawn carries a chain and the other a braid, as in the verses. This is how Guillaume associates with Wilhelm, travels with him, lives with him… or simply inhabits him. The drawings and verses therefore complement each other perfectly.

The verses on the front side, on the other hand, are older than those on the back; they may date from the time when Apollinaire worked at 65, rue de la Victoire (the address appears on the header), at the Banque centrale de crédit mobilier et industriel between 1903 and 1904. This is evidenced by the spelling as well as the more classic style of the verses. Not appearing in any of the poet’s published works, they are unpublished. Nevertheless, the themes of Norwegian ships and Finland can also be found in the poem “L’Arbre” in Calligrammes (1918), but this is the only distantly related between the two poems.

[RIMBAUD] DELAHAYE, Ernest (1853-1930)

Autograph letter signed « Ernest Delahaye » to Marcel Coulon
Maisons-Laffitte, 28th May 1925, 4 p. in-8, with autograph envelope

Important letter, largely unpublished, in which Delahaye goes back in detail on the origin of Poison Perdu – Rimbaud’s childhood friend then analyzes the compositional faculty of the young prodigy


« Cher Monsieur Coulon,
Je viens de dévorer votre Au Cœur de Verlaine et Rimbaud
1. Je ne m’étendrai pas sur la beauté de l’édition, qu’apprécieront les bibliophiles. Je dois penser aux lecteurs simplement, uniquement lettrés.
Ils goûteront, de même que moi, la composition si heureuse, qui ne laisse pas une seconde s’affaiblir l’intérêt.
Cet après-midi où j’ai eu le plaisir de vous voir chez notre ami Armand Lods, je n’avais pas pu, à cause de la conversation très animée lire à loisir le poème inédit de Rimbaud
2. Maintenant je vais pouvoir, grâce à vous, le lire vraiment, le relire, le relire encore. C’est bien curieux comme moment de cette humeur fantaisiste – fantasque serait plus sévère, peut-être plus vrai – incessamment renouvelée, et variée, de notre Rimbaud ! N’avez-vous pas trouvé, comme moi, que le poème banvillesque est le frère – à peu près jumeau – de Mes petites amoureuses ? Louis Barthou, en effet, méritait d’être remercié publiquement, pour nous avoir laissé admirer ce collier de perles.
Vous avez dû penser – aussi comme moi – que c’est bien étonnant, ce goût de Rimbaud pour Banville à qui il ressemble si peu.
Et là peut-être est la clef du mystère que vous entreprenez d’«élucider» à propos de Poison perdu.
3
Rimbaud aimait en art des choses qui lui manquaient. […]
Il aimait aussi – j’en ai eu la preuve – la faculté de composition. Vous avez dû remarquer qu’elle lui manque plus ou moins.
[…]
Vous avez dû remarquer aussi que Poison perdu, c’est mené, d’un bout à l’autre, admirablement. Est-il si fou de supposer que Rimbaud a trouvé ce sonnet, qui lui a plu à cause de cela, et qu’il l’aurait copié ?
Nous aurions ainsi la raison de l’autographe, qui me paraît bien de son écriture, mais…. Qui n’est pas signé.
Je travaille en ce moment une étude sur la Saison en Enfer
4. Entre autres explications de la nature de Rimbaud, j’ai déjà sur le chantier plusieurs phrases concernant son amour de l’indépendance.
Combien je suis heureux de me rencontrer avec vous, et que vous dites bien « dévoré de liberté, comme le chien enragé, de rage » !
Excusez-moi d’avoir égoïstement savouré d’abord le plaisir esthétique apporté par vos belles études : j’aurais dû vous remercier avant tout du soin que vous prenez de rappeler souvent que je fus mêlé à la vie de Rimbaud. Et vous m’encouragez à le raconter à tout le monde. Vous recevrez prochainement mes Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine et Germain Nouveau
5, qui contiennent certainement trop de choses puériles : c’est des petites bêtises d’écolier, n’ayant d’autre intérêt que de faire revivre quelques minutes du « terrible adolescent ». Mais votre peinture à la Ribera aura suscité autour de lui tant de curiosités !
J’espère au moins que je vous amuserai un peu.
Bien cordialement à vous
Ernest Delahaye »


1 Marcel Coulon, Au cœur de Verlaine et de Rimbaud, with unpublished document, Le Livre, 1925.

2 This is Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs, first published by Marcel Coulon in Au cœur de Verlaine et de Rimbaud. Le manuscrit, dont le fac-similé est reproduit dans l’édition de luxe du livre de Coulon, appartenait à Louis Barthou. The poem, signed “Alcide Bava”, was sent to Banville on August 15, 1871 (Pléiade, p. 149-154).

3 Often attributed to Rimbaud, Poison perdu was first published in March 1882 in Le Gaulois, accompanied by a notice by Gardéniac. Asked about the authorship of the sonnet in November 1883, Verlaine first attributed it to Rimbaud, before expressing doubts a few days later (letter to Charles Morice, November 17, 1883) to revise himself later, “attesting” in the end to the Rimbaldian authenticity of these verses, “made on site” (La Cravache parisienne, November 3, 1888). Delahaye took a close interest in this sonnet, whose authenticity he also had to contest and then accept, unlike Marcel Coulon, who devoted an entire chapter of his book to Poison perdu “elucidated”.

4 Ernest Delahaye, « Les Illuminations » et « Une saison en enfer » de Rimbaud, Messein, 1927

5 Ernest Delahaye, Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine, Germain Nouveau, Messein, 1925.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel » to Albert Nahmias
N.p.n.d (after 1911), 4 pp. in-8
Slight tear on central fold, some freckles

Unpublished letter in which Marcel Proust settles his accounts with Albert Nahmias about his financial investments


« Mon petit Albert
1° Léon se trompe. J’ai compté. En mettant tout au prix, je lui dois 17.000 frs et non 101 [?], donc c’est lui qui me doit 3.000 frs et non moi 1.000.
2° Avant d’avoir compté et croyant que Léon ne s’était pas trompé, j’étais fort embêté, car (comme vous m’aviez dit d’une part que vous n’aviez pas besoin que je paye de suite la copie, de l’autre que j’allais avoir un solde créditeur), j’avais pris quelques petits engagements. […] . Bien qu’il ne les ait pas, je crois qu’ils me les donneront. Et si l’erreur de Léon n’est pas reconnue, vous pourrez passer demain matin (en m’avertissant le soir) les chercher sous enveloppe. Mais son erreur est certaine. De plus je vous dirai en quoi je trouve de plus en plus qu’il n’a pas très bien agi.
3° Je ne veux pas, je ne peux pas reprendre de nouvelles mines et recommencer un nouveau compte. Mais si (ce qui est sûrement impossible) le droit de report durait jusqu’à la liquidation payée, nous aurions pu prendre pour un jour mille R.M. [Rand Mines] au cours de compensation (150) que vous m’auriez revendu aussitôt au cours de 155 et le bénéfice n’aurait pas été pour pallier mes pertes mais pour partager entre vous et moi […]
Tendresses, Marcel
[In a long post-scriptum, he adds]
La différence pour les R.M. même en comptant le report 1 franc au lieu de 0,90 comme eux, est (pour les 1.000) ou 21 mille francs, pour les G.M. de 2.700 ce qui fait 23.700. En y ajoutant 250 R.M. et 300 C.M. [Crown Mines] au cours actuel (puisque je compte la différence dans la différence totale je ne peux pas la compter 2 fois) cela fait 48.000 francs et 30.750 ce qui fait avec les 23.000 du report 102.450 francs. […]. Reste donc à peu près 96.000 francs de dû par moi. Ajoutons-y mille francs de courtage. Cela fait 97.000. Ils devraient donc verser à mon compte 3.000 francs au Crédit Industriel en touchant le chèque de 100.000 frs ou sous toute autre forme me faire un solde créditeur de 3.000 frs que je ne ferai d’ailleurs pas long feu à toucher car comme je comptais sur lui je me suis fort démuni. Tendresses »


Proust had known Albert Nahmias since the summer of 1911 in Cabourg (Balbec in The Search). He deals with financial matters with him because Nahmias’ father was the financial correspondent of the Gaulois.
It was on December 11 of this year that Proust bought Rand Mines from Nahmias (Correspondance, t. X, p. 386).
Léon designates David Léon, the banker to whom Proust gives his orders of purchase and sale: we know a letter from him to Proust on March 25, 1914

Marcel Proust’s stock market investments will prove disastrous. He will even allude to it, almost explicitly, in his novel In Search of lost time (see The Fugitive, Pléiade vol. 4. 219 et 1119).

[RIMBAUD] DELAHAYE, Ernest (1853-1930)

Autograph letter signed « Ernest Delahaye » to Marcel Coulon
Maisons-Laffitte, 29th June 1929, 6 p. in-8, with autograph enveloppe
Some pin holes on lower margin, not affecting the text

Magnificent unpublished letter with multiple references and Rimbaldian allusions. Delahaye recalls the young prodigy’s journey in the Parnasse, between acceptance and rejection, and the briliant letter “Jumphe” that Rimbaud sent him in June 1872.

He then reports three unpublished quotations from Rimbaud, two of which followed the Brussels Affair.


« Cher Monsieur Coulon,
Il y avait une fois un enfant à qui un monsieur donna un gâteau. Cet enfant, très gourmand, se mit aussitôt à dévorer la pâtisserie délicieuse. Alors sa maman lui dit : « Au moins dis merci, petit vilain ! » Or il souriait à son bienfaiteur, mais, ayant la bouche pleine, était forcé de rester muet. C’est seulement après la dernière bouchée qu’il put proférer les deux mots requis. « On n’a pas idée » s’écria la mère, « d’un enfant aussi malhonnête et aussi goulu ! »
A quoi il répondit : « C’est que le gâteau était si bon ! »
Cela, j’espère, excusera mon retard. Lire d’abord, lire, lire, jusqu’à la fin, qui vient trop vite.
[Delahaye reacts here to the work published a few days earlier by the Rimbaldian Marcel Coulon, La vie de Rimbaud et son œuvre, Mercure de France, 1929]
Par exemple, quelles citations ! Je ne parle pas seulement de moi, que vous avez gâté, mais la lettre de [Léon] Valade, est-elle jolie ! Rimbaud lui avait plu, vous voyez. […] Je sais que Rimbaud l’aimait, qu’il fut affligé de son abandon – au moment des indignations dans le Petit Parnasse […]. Il me remit en souvenir un poème manuscrit que Valade lui avait donné. Si je n’étais pas le désordre en personne, j’aurais gardé cette belle œuvre. Elle doit avoir été publiée depuis. Je me rappelle les premiers vers :
Si froide je te veux, ô tombe, que la couche
Manque un mot (1) De terre où je vais m’étendre sur le dos
Eteigne enfin la fièvre ardente de mes os,
La fièvre qu’alluma le baiser de sa bouche !

-Peut-être le vers est-il ainsi
De terre où je voudrais m’étendre sur le dos
Ou plutôt :
De terre où je viendrai m’étendre… (oui, ce doit être la vraie forme)
[The poem quoted here is “Sépulture” by Léon Valade – collected by Paul Bourget and Jules Claretie]
Et j’ai eu enfin le plaisir que je vous dois, car vous faites revivre pour moi Rimbaud toujours un peu plus – Le plaisir de relire cette belle lettre de « Jumphe » [Jumphe 72 : Rimbaud represented himself in his work as a writer and informed his friend about the life he led in Paris with sensitivity and vivacity], si affectueuse et où cette adorable description de l’absinthe ! Or voici un détail qui me revient. Je lui demandais, quelques semaines plus tard :
« Alors qu’est-ce qu’ils disaient, les cloportes
[allusion to a fragment in the letter Jumphe 72*], quand tu fumais ta pipe marteau ? »
L’admirable poète me répondit, avec un doux sourire :
« Ça les faisait dégueuler »

Salva reverentia, n’est-ce pas, cher Monsieur Coulon, je ne conterai pas cette chose devant les dames, mais entre hommes… Et puis cela me rajeunit tellement !
Avec cette lettre j’avais conservé celle où Rimbaud m’annonçait (une venant de Roche) en ces termes la condamnation de notre pauvre ami 
[Verlaine, following the Bruxelles affair] :
« Une nouvelle à faire pousser des crêtes de paon sur un… »
Horresco à tel point referens
[« I shudder by telling it», Virgile – Enéide, II, 204] que je préfère les points de suspension.
« Verlaine a deux ans de prison ! »
Qu’est-elle devenue ? Qu’est devenue surtout la grande lettre de quatre pages, sur papier bulle, écrite au printemps de 71, à la bibliothèque de Charleville (où le papier blanc manquait ce jour-là, sans doute) ? Il m’y racontait son rendez-vous avec la jeune personne ainsi décrite : « Au physique, analogie frappante avec Psuké », ne la nommait pas mais ajoutait ceci : « Sa mère à l’âme catholique, son père a l’âme magistrate ».
[Delahaye therefore refers to two letters that were then lost and of which no one has heard of their whereabouts, the first probably dating from July / August 1872, following that of Jumphe 72, the other probably dating from August 1873, after the announcement of verlaine’s imprisonment. To these two missives is added the famous letter of May 1871 on the enigmatic Psuké, of which Delahaye later brought back only a few that he remembered]
Cela, n’est-ce pas ? doit expliquer pourquoi la petite vint bel et bien au square avec sa bonne : il semble qu’un magistrat pouvait avoir de ces curiosités narquoises, avec, bien entendu, quelques précautions tout indiquées. Il me parlait aussi de [Frédéric] Mistral, m’en donnait une longue citation. Oui, où est-il cet autographe le plus sérieux de tous ? J’en ai parlé à M. Barthou, qui ne le connaît pas. Où se cache le sournois collectionneur, cent fois plus sombre, mille fois plus jaloux que le More de Venise ?… [Verse translation of Othello by Alfred de Vigny, published in 1829] Combien de millions faudrait-il lui offrir ?… Je n’ai qu’une partie de la somme, mais enfin le monde entier se « cautériserait », pour parler comme La Dame aux sept petites Chaises, et la N.R.F. tirerait aussitôt à 14 millions d’exemplaires. On m’objecterait que si, moi-même, j’avais eu l’idée, très simple, de ne pas livrer le papier bulle… Je sais bien… Comme écrit Verlaine :
J’aurais dû ! J’aurais dû !…
[Amours, Lucien Létinois, XVI]
Mais encore une fois merci, cher monsieur Coulon, et très cordialement à vous,
Ernest Delahaye »


* In his letter to Delahaye of June 1872, known as Jumphe, Rimbaud reported to him:

“Je fumais ma pipe-marteau, en crachant sur les tuiles, car c’était une mansarde, ma chambre. À cinq heures, je descendais à l’achat de quelque pain ; c’est l’heure. Les ouvriers sont en marche partout. C’est l’heure de se soûler chez les marchands de vin, pour moi. Je rentrais manger, et me couchais à sept heures du matin, quand le soleil faisait sortir les cloportes de dessous les tuiles”

 

MALRAUX, André (1901-1976)

Autograph letter signed « And. Malraux » to Ventura García Calderón
Marrakech, 21st April [1952], 2 pages in-8, l’Hôtel de la Mamounia à Marrakech letterhead
Autograph envelope attached

Interesting letter from Malraux in response to a ferocious criticism directed against “the monster André Gide” by Ventura García Calderón


« Cher ami
Erreur et injustice : je ne vous ai pas laissé tomber, et vous ai même envoyé l’édition originale des « Voix du Silence », en même temps que je recevais de vous des plaquettes ;
[André] Salmon disait que les poètes s’envoyaient des livres entourés de faveurs pour se faire croire qu’ils échangeaient des cadeaux du jour de l’an. Et sur ce terrain j’ai sur vous l’avantage du poids (et celui des valeurs) !
Quant aux pages sur
[André] Gide, je pense depuis bien longtemps qu’en littérature toute attaque personnelle est vaine, pour des raisons que je vous donnerai quand nous nous rencontrerons. Mais je ne prétends pas imposer cette opinion… et suis très heureux, d’autre part, de ce que vous voulez faire pour Suarès ; je me bats (avec des édredons) depuis trois mois, pour qu’une rue de Paris porte enfin son nom.
Pour en finir avec Gide : je pense, de plus, que vous vous trompez. Et regrette d’être trop loin pour trouver dans le prétexte et l’espoir de vous en convaincre, l’occasion de vous retrouver, je vous croyais en Suisse, et supposais que le livre vous y arriverait.
Bien amicalement
And Malraux »


André Malraux also mentions the sending of his own book Les Voix du silence, and his fight to have a street in Paris given the name of André Suarès (which will be done in 1992)

Ventura García Calderón said of Gide:

«L’atroce bonhomme ! Dénué du génie de Dostoievski ou de Nietzsche, qu’il s’évertue a singer, il voudrait, petit bourgeois de France, reproduire l’angoisse congénitale de ces deux grands malades dont l’influence sur le xix siècle fut déterminante. – Ah ! Que n’a-t-il inventé, lui aussi, un mal du siècle ! Avare, mesquin, jaloux de toute gloire d’autrui, pédéraste par goût mais surtout par ostentation, il n’est pas fâché qu’on le trouve à la sortie des urinoirs en train de guetter les jeunes voyous. Il a inventé le tirage restreint sur papier de luxe pour y conter ses molles turpitudes et exciter si possible le grand public… »

CLAUDEL, Paul (1868-1955)

Autograph letter signed « P Claudel » to André Ruyters
Prague, 14th July [1910], 2 p. in-8 oblong, autograph envelope attached
Slight tear on upper central fold

Claudel’s very violent charge against Flaubert’s niece following the publication of the writer’s travel manuscripts


« Prague, 14 juillet, en attendant les visites officielles !
Cher Ruyters, la visite de ma femme à Paris a été retardée, mais elle est maintenant prochaine. Pour le manuscrit, je le considère maintenant comme la propriété de [André] Gide, qui le montrera à qui il voudra. Pour moi je ne vois aucun inconvénient à ce qu’il vous le communique, dès que les dactylographies seront prêtes. – Avez-vous lu dans ‘Les Marges’ les notes de voyage de Flaubert ? Je me demande quel intérêt cela peut avoir en dehors des grossièretés de gendarme que l’on y trouve. La conduite de Madame Commainville-Groult envers son oncle est inqualifiable. Elle finira par déterrer ses ossements pour les mettre dans son salon. Ces vampires littéraires sont de véritables criminels.
Je vous serre bien affectueusement la main.
P. Claudel »


Claudel did not have much admiration for Flaubert, and he shared with his contemporaries the negative judgments of his niece, Caroline Franklin Grout at the time, accused of treason by publishing his uncle’s letters when her veto on private life was known to all; also accused, after having ruined it, of profiting not only from works published during Flaubert’s lifetime but also from unpublished manuscripts, as is the case here for travel notes. In both cases, letters or manuscripts, it transgresses flaubert’s prohibition on the intimate.

André Ruyters (1876-1952) was a Belgian writer of French language, novelist, poet and traveler, whose name remains attached, with that of André Gide and Jean Schlumberger, to the creation of La Nouvelle Revue française.

PERET, Benjamin (1899-1959)

Autograph letter signed « Benjamin Peret » to René Alleau
Paris, 12th February 1958, 1 p. in-4

Long and poignant letter from Benjamin Péret, in the very last months of his life – The surrealist poet makes a pathetic observation of his personal situation, to the point of evoking suicide


« Cher René Alleau, J’ai souvent regretté, au cours de ces derniers mois, que Versailles en dépit de sa proximité apparente de Paris, nous ait tenu si éloigné. Jadis, au moins, pouvions-nous nous rencontrer ici ou là ; mais aujourd’hui cette possibilité même a si bien disparu que je tiens en réserve depuis plusieurs mois un livre qui vous est destiné et que j’hésite à confier à la poste de crainte qu’il ne s’abîme, à cause de son volume. Pourtant vous êtes un des rares hommes que j’ai plaisir à voir apparaître, d’autant que ce plaisir est toujours enrichissant. 
Me voici donc réduit à vous écrire pour rétablir un contact amical entre nous. Et pourtant, que je déteste écrire une lettre. Celle-ci en particulier puisque je dois vaincre toute pudeur pour étaler une situation devenue dramatique depuis le retour des vacances. A partir de cette date, je suis allé d’échec en échec, si bien que j’ai dû, en novembre, me résigner à rechercher un travail de correcteur d’imprimerie afin de subsister en attendant des jours meilleurs. J’en ai trouvé, mais dans de telles conditions matérielles que ma tension artérielle est passée de 16 a 21 en janvier. Or vous savez que je souffre d’une angine de poitrine. Il m’a fallu cesser et chercher autre chose que je n’ai pas encore trouvé. Il est vrai que les possibilités sont très limitées : journalisme interdit. Sauf emplois techniques, édition également, que reste-t-il ? Tout cela ne serait encore rien puisque ces chutes sont inhérentes à ma condition d’intellectuel indépendant et révolté, le comble est survenu hier. J’habite une chambre minuscule, dont on m’a soustrait l’air et la lumière pendant mon séjour au Brésil pour construire une cheminée qui me déverse nuit et jour suie et fumée. C’était déjà intolérable, mais hier un envoyé du service d’hygiène de la ville de Paris est venu m’annoncer qu’il considérait ce local impropre à l’habitation pour raison d’insalubrité. Insalubre, cette chambre ? Je le savais depuis longtemps par ma propre expérience, mais cette décision officielle va avoir pour conséquence de me faire chasser de ce lieu dont je ne suis que locataire. Où aller ? Depuis dix ans, je cherche en vain dans Paris deux pièces avec une cuisine et un cabinet de toilette (ou une salle de bain), voilà où j’en suis, à 59 ans, pour avoir refusé de me transformer en épicier, comme tant d’autres ! Bien sûr, il y a toujours la solution définitive, mais ce serait s’avouer vaincu, et je ne le veux pas.
J’ai hésité longtemps à vous confier cela et j’aurais peut-être reculé sans l’insistance d’André
[Breton]. Ne m’en veuillez surtout pas et considérez que ces lignes sont inexistantes si vous n’y pouvez rien. De toute manière un mot de vous me serait agréable. 
Mes meilleures amitiés à Madame Alleau et à vous de tout cœur. 
Benjamin Péret »


René Alleau (1917-2013), friend of André Breton, engineer by training who eventually turned to esotericism, he was a writer and alchemist. Also a Freemason, he had at heart to follow a middle way far from the excesses of scientism as well as occultism. He participated in the Encyclopædia Universalis and directed the collection of bibliotheca hermetica editions at Denoël.

[RIMBAUD] DELAHAYE, Ernest (1853-1930)

Autograph letter signed  “Ernest Delahaye” à Marcel Coulon
Maisons-Laffitte, 8th June 1929, 2 p. in-12, autograph envelope attached

Nice letter from Rimbaud’s childhood friend, quoting Bad Blood while waiting for a next volume dedicated to the poet


“Cher Monsieur Coulon,
Veuillez excuser ce format : c’est pour être plus léger, la poste est sévère.
[Georges] Izambard me charge de vous transmettre la Revue Méditerranéenne, c’est-à-dire une coupure envoyée par l’Argus.
N’est-ce pas ? Comme il est joli, son article, et que l’étude puissante publiée par vous dans le Mercure a eu un résultat que vous pouvez bien ne pas avoir attendu : rendre ses vingt ans à l’ami. Je pourrai dire : à l’auteur de Rimbaud.
Et j’attendrai – « avec gourmandise », comme s’exprimerait l’homme d’Une Saison en Enfer – ce volume de Marcel Coulon.
Votre, bien cordialement,
Ernest Delahaye”


Delahaye refers here to the article published by Georges Izambard (1848-1931) « Les lettres truquées d’Arthur R. », La Revue méditerranéenne [Tunis], avr. 1929, p. 737-744.
Georges Izambard was a professor of rhetoric who had Arthur Rimbaud as his pupil and with whom he befriended.

Ce que Delahaye attend “gluttinously” is Marcel Coulon’s forthcoming work La vie de Rimbaud et son œuvre, Mercure de France, 1929.

“Gluttinously” is an allusion to one of the most famous poems of A Season in Hell : bad Blood.

“I wait gluttinously for God.
I’ve been of inferior race from all eternity”

CHARLES X (1757-1836)

Autograph letter signed “Charles Philippe” to Charles de Barentin
Edinburgh, 4th March 1803, 1 p. in-4 on bifolio, address on verso, remains of black wax seal

Charles X, then in exile, renews his confidence in the last Ministry of Justice of Louis XVI


“Je viens Monsieur, de charger M. Dutheil de vous communiquer des instructions que je lui ai donné, par lesquelles vous serés informé de ce que je desire, et de ce que je me promets de nos dispositions habituelles a vous employer pour tout ce qui interesse le service du Roi mon frere [le futur Louis XVIII] et le mien. Je me suis attaché d’autant plus facilement aux mesures que j’ai adopté, quelles me donneront des occasions encore plus frequentes de vous marquer ma confiance, ainsy que les sentiments de veritable estime et d’affection que vous me connoissés pour vous Monsieur, et dont je vous renouvelle l’assurance avec beaucoup de plaisir.
Charles Philippe”


The Count of Artois, future Charles X, was one of the first to emigrate on 16 July 1789. He traveled the various courts of Europe to seek defenders for the royal cause. During his years in exile, he went to Great Britain where he spent the rest of the Revolution and the First Empire. He was accused by Napoleon 1st in his will of having maintained the men who sought to assassinate him, an attempt that was the origin of the killing of the Duke of Enghien.

BONAPARTE, Caroline (1782-1839)

Autograph letter signed “Caroline” to a gentleman
Portici, n.d, the 20th, 3/4 p. small in-4

Caroline Bonaparte hastens her correspondent to give her news and reassures him about the right order in her Kingdom of Naples


” Monsieur, je viens de recevoir une nouvelle télégraphique qui me met dans la plus grande inquiétude. Je vous empresse donnez-moi les détails des événements comme ceux-cy ont des milliers de petits fils et ramifications infinies qu’il est bon de connaître, tout est ici fort tranquille, mais ma surveillance va doubler encore, rien de ce qui peut contribuer au bon ordre n’est changé mais j’ai besoin de recevoir de vous des détails exacts et positifs
Je les attends dans les plus brefs délais possibles. Je compte sur votre attachement et vous renouvelle l’assurance du mien. Caroline”


Caroline Bonaparte was grand duchess consort of Berg and queen consort of Naples by her marriage to Joachim Murat. She is the younger sister of Napoleon 1st.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “Victor H” to Delphine de Girardin
N.p.n.d, this Tuesday, 1 p. in-8 on bifolio

Hugo puts himself at the feet of Delphine de Girardin


“Je ne dine pas chez moi aujourd’hui, Madame, et ma soirée est toute prise. C’est là avoir du malheur ! La fin de la semaine ne s’écoulera pas sans que je n’aille faire pénitence et chercher la réparation à vos pieds.
Mille tendres admirations
Victor H.”


Delphine Gay (24 January 1804, Aachen – 29 June 1855, Paris) was a French writer, poet, short story writer, novelist, playwright, salonnière and journalist. She exerted a considerable personal influence in contemporary literary society and in her salon regularly frequented, among others, by Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Alfred de Musset, Victor Hugo etc.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “VH” to Delphine de Girardin
N.p.n.d, this Friday, 1 page small in-8
Paper slightly crumpled

Nice letter from the great poet about a rendez-vous


A moins que mes yeux souffrants ne me le défendent trop impérieusement, Madame, demain soir à neuf heures je serai chez vous, et [il] va sans dire que vous ne m’attendrez pas passé cette heure-là. Mais j’espère pouvoir me rendre à vos ordres et à vos fins. Permettez-moi de vous refaire ici ma déclaration je vous admire je vous aime.
Mille tendres respects.
V.H.”


Delphine Gay (24 January 1804, Aachen – 29 June 1855, Paris) was a French writer, poet, short story writer, novelist, playwright, salonnière and journalist. She exerted a considerable personal influence in contemporary literary society and in her salon regularly frequented, among others, by Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Alfred de Musset, Victor Hugo etc.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “Victor H” to Delphine de Girardin
S.l, Lundi [15th November 1847], 1 p. in-8

Nice letter from the poet about the upcoming performance of Cleopatra


“Nous sortons tous de la fièvre typhoïde, d’abord mon fils, puis ma femme enfin ils sont hors d’affaire, et nous voudrons ressusciter tous jeudi à Cléopâtre.
Madame, nous demandons cette loge à grands cris et nous vous admirons de l’admiration qui adore.
Je baise vos mains.
Victor H
Lundi”


Cleopatra is a tragedy in verse by Mme de Girardin, first performed at the Théâtre-Français on November 13, 1847.

Delphine Gay (24 January 1804, Aachen – 29 June 1855, Paris) was a French writer, poet, short story writer, novelist, playwright, salonnière and journalist. She exerted a considerable personal influence in contemporary literary society and in her salon regularly frequented, among others, by Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Alfred de Musset, Victor Hugo etc.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter to Delphine de Girardin
Marine Terrace [Jersey] 2nd May [1854], 4 pages small in-8

Long and magnificent letter from the exiled poet openly mocking Napoleon III following rumors about his presence in Paris. Hugo then makes a remarkable self-analysis of his satirical poems Les Châtiments, published the previous year.


Puisqu’il pleut, je pense à vous, et je me fais du soleil comme cela, à travers les froides larmes de l’averse qui inonde les vitres de mes fenêtres-guillotines, j’évoque votre beau sourire, madame, votre grâce souveraine, votre esprit éclatant, votre conversation pleine d’un rayonnement d’Olympe, vous m’apparaissez déesse, vous me parlez, femme, vous m’enchantez l’esprit, et je me fiche de la mauvaise humeur du mois de mai. 
Ah ! ça, ne me dites donc pas que vous m’écrivez des lettres de huit pages, pour ne pas me les envoyer. À l’instant même, d’affamé que j’étais, je deviens goulu, et les quatre petites pages que j’ai dans les mains, si exquises et si ravissantes qu’elles soient, ne me suffisent plus. Tel est l’exilé, depuis Adam, notre ancien, à nous bannis. Conclusion : écrivez-moi douze pages la prochaine fois.
Comment ! vous me faites cette question : « Faut-il vous envoyer, etc. ? » — Est-ce que je suis de ceux à qui « la joie fait peur » ? Je veux, oui, madame, je veux mon exemplaire. C’est déjà bien assez de n’avoir pas eu ma loge. [Paul] Meurice me le fera parvenir. Remettez-le lui. Je sais déjà de la Joie fait peur deux choses : l’idée qui m’a charmé et le succès qui m’a ravi. — Retournez cette tête de phrase, je vous prie, car l’idée m’a fait encore plus de plaisir que le succès.
Donc, on a dit que j’étais à Paris, à l’Opéra, en domino, et que probablement je m’étais mis un faux nez pour ressembler à M. Bonaparte. Vous avez eu raison de répondre : « Il serait venu chez moi ». Ajoutez-leur ceci : que je ne me mettrai pas derrière un masque le jour où je me mettrai derrière une barricade. — En attendant, dans la Baltique et dans la Mer Noire, l’Anglo-France jette un triste fulmi-coton [allusion à la guerre de Crimée].
Ce que vous me dites du livre en question [Les Châtiments] m’enchante. Ce genre de succès est le bon ; c’est une lettre de change tirée sur l’avenir. Vous rappelez-vous le temps où ces gros dindons d’hommes dits d’État (ce dindondomdéta fait harmonie imitative) où ces dindons se moquaient des poëtes et disaient : « À quoi cela sert-il » ? — Cela sert d’abord à être exilé. Ensuite cela sert à leur mettre l’écriteau au cou, quand par hasard ces dindons s’avisent de devenir vautours. Voilà à quoi cela sert.
Quand la littérature empoigne la politique, voilà ce qui se passe. Nous serrons bien et nous serrons ferme.
Oh ! que je voudrais avoir ici une de ces merveilleuses glaces allemandes dont vous me parlez ! comme je sais bien quelle figure j’y ferais paraître ! Je me redonnerais à toute heure la splendide et douce vision du 6 septembre 1853, ce jour où, entrant dans ma serre, je dis : Tiens ! et où vous me dîtes : Oui ! — Je relis le livre Solution d’Orient. Entrez, je vous prie, chez le grand penseur d’à côté, et dites-lui de ma part que c’est un beau et profond livre. Je voudrais qu’il y eût au bout de vos doigts une tache de votre encre pour la baiser.
Quand vous verrez Th[éophile] Gautier et [Edouard de] Cabarrus, dites-leur que je les aime
Marine-Terrace f. vous embrasse, et Marine-Terrace m. se met à vos pieds (Voir pour les abréviations le dictionnaire.)”


Les Châtiments is a collection of satirical poems by Victor Hugo, published in 1853. Following the coup d’état of December 2, 1851, which saw the coming to power of Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo went into exile. These verses are, for the poet, a weapon intended to discredit and overthrow the regime of Napoleon III to which Victor Hugo devotes a vengeful fury.

La Joie fait peur evoked here by Hugo is a comedy by D. de Girardin created on February 25, 1854

Solution de la question d’Orient, et neutralité perpétuelle de l’Egypte is a book by Gaëtan de Raxi de Flassan published in 1840.

Edouard Tallien de Cabarrus (1801-1870), son of Thérésa Tallien, was a homeopathic physician; he was not involved in politics; a disciple of Hahnemann, he devoted himself solely to his patients; he was a close friend of Émile de Girardin.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed twice “Jean Cocteau” and “Jean” to Michaël Smithies
Saint-Jean-Cap-Ferrat, 3rd June 1956, 6 pages in-8° with autograph envelope

Long and beautiful letter from Jean Cocteau on his next reception as Doctor Honoris Causa at the University of Oxford


“Mon cher Michael
Je vous suis très reconnaissant, […] mais pour rien au monde je ne voudrais entrainer Francine [Weisweiller] dans une aventure désagréable. Le matin, à la demande du secrétaire du vice Chancelier (New collège) j’ai de nouveau envoyé mes mesure en lui expliquant pourquoi je désirais porter un costume qui me soit propre et que je puisse emporter en France. […] Le 10- je dinerai chez Lord Beaverbrook, le 11 je déjeunerai à notre ambassade et vers 7h je serai au Radolf où nous mettrons ensemble au point tout notre programme. […] J’ai été accablé de remords pour des besognes (que je refuse) en marge de notre programme. La télévision voulait me faire présenter la Tour de Londres et autres folies qui ne me représentent que de la fatigue sur l’estrade maudite de l’actualité. Je déteste les réunions mondaines et si la Garden party n’était pas obligatoire je me serais caché dans ma chambre d’hôtel pour ne pas m’y rendre. La seule chose qui m’importe est de vous voir, d’assister au cérémonial du 12, et de prononcer le discours du 14. Le reste est du domaine de la corvée (sauf les repas avec les amis de mes amis.) Vous savez que je m’efforce de vivre à contre époque et comme s’il s’agissait du Weimar de Goethe ou du Ten O’Clock de Mallarmé. Car nul ne s’avise de comprendre que l’art échappe au progrès et ne se fabrique pas à la machine. Ma lettre au laboratoire du Brigadier Firebace est restée sans réponse. Ce qui m’étonne… mon ami Denis Saurat était en contact avec leurs travaux.
Salut et embrassades de votre jean Cocteau.
PS :
Une dernière question de votre « raseur » et ami
Depuis mes misères de peau je ne me rase qu’avec le rasoir électrique. Or, il arrive que dans certains hôtels qui ne veulent pas se moderniser on ne trouve aucune prise pour les rasoirs. D’après ce qu’on me dit sur Randolf [sic – Macdonald Randolph Hotel] il y a des chances pour que ce danger me menace et les petites bêtises peuvent devenir un obstacle considérable lorsqu’un étranger s’explique mal dans la langue.

Renseignez-moi et si vous voyez que le Randolf oblige sa clientèle à employer le Gilette – n’hésitez pas à mous loger dans un autre hôtel – avec une voiture (nous en avons une) les petites distances ne comptent pas.
Si je vous embête avec cette histoire ridicule c’est que la chose m’est arrivée en Espagne et que je ne savais pas comment sortir de l’embarras dans une auberge andalouse.
Faites le détective et jetez un coup d’œil à Randolf.
Mais je crois que vous exagérez à cause de cette pensée (la mienne) qui pousse Nietzsche à médire sur l’Allemagne et qui me pousse à croire la France dans son lit de mort.

(Savez-vous que Nietzsche possédait une des premières machines à écrire qu’on avait exportée à dos de mulets sur les montagnes de Sils Maria2)
Je vous embrasse et jure de ne plus vous importuner. Jean


Le 12 juin 1956, Jean Cocteau ayant été promu au grade de docteur ès lettres honoris causa par l’Université d’Oxford, il y prononça, le 14, le discours, largement axé sur la poésie.

[NERVAL] COLON, Jenny (1808-1842)

Autograph letter signed “Jenny” to her friend Jouslin de la Salle
N.p.n.d, 1 p. in-8 embossed to her initials
Previous mounting mark on verso

Ver scarce letter of the one that inspired a violent passion to Gérard de Nerval in the last years of his life


« Je t’envoie mon bon Jouslin […] la romance, fais-la-moi tout de suite, car on va la graver. Je crois qu’elle aura du succès. Mon maitre d’harmonie dit qu’elle est fort jolie ; j’en ai fait une autre qui est encore plus jolie, mais elle n’est pas tout à fait terminée. Je te ferai bien des paroles à ma façon pour t’indiquer le rythme musical. A part la quantité des pieds, rien, ça n’aura pas le sens commun. Je t’en préviens et si tu peux à tes moments perdus m’en faire une autre dans quelques jours tu me ferais bien plaisir ; as-tu pu déchiffrer la lettre de William [Hope] ? Quant à moi, je n’ai rien qu’un seul mot c’est qu’il voulait s’en aller, le reste je n’ai pas pu le lire. Merci encore mon bon Jouslin Amitié toujours. Jenny »


Jenny Colon is an actress and opera singer (soprano). She frequented the salon of Madame Boscary de Villeplaine, where a love rivalry to conquer her pitted the financier William Hope against the poet Gérard de Nerval. She inspired the latter Aurélia ou le Rêve et la Vie.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph letter signed “Votre Eluard” to Joe Bousquet
[Arosa 4th November 1928], 4 pages in-4, autograph envelope attached
Some tiny spots, one word crossed off (by Bousquet’s hand?)

Magnificent letter, accompanied with 3 autograph poems, in which Eluard gives the plan of his next collection L’Amour la Poésie, dedicated to Gala


“Mon bien cher ami, voici les poèmes promis. De la 2e partie (la manière noire)
Ce livre aurait 5 parties :

Premièrement
Seconde Nature
Comme une image
Défense de savoir (1)
Défense de savoir (2)

Le tout : L’AMOUR LA POÉSIE
Et dédié à Gala

Aucun poème n’a de titre. Environ 100 poèmes. Mais de jour en jour, mon corps mange ma tête. J’ai hâte de partir d’ici. Trop de nerfs, trop de cauchemars.
Peut-être, puisque vous ne m’avez pas dit si vous avez un gramophone, détestez-vous la musique. Mais soyez certain que ce que je vous aurai conseillé n’a avec celle-ci que de mauvais rapports.
Ce que vous me dites sur la lâcheté de Paulhan [le nom a été caviardé au stylo rouge, peut-être de la main de Bousquet lui-même pour ne pas de compromettre ?] ne m’étonne pas.
Nous voudrions déjà être à Carcassonne. Je vous fais adresser le Tanguy de Nelli.
Je voudrais écrire des chansons et, c’est drôle, je n’ai jamais eu si peu envie de chanter. Avez-vous fini par obtenir l’Histoire de l’Œil ? Si oui, vous dites publiquement ce que vous en pensez. Et vous êtes le seul.
Votre Eluard”

[La lettre est enrichie de 3 poèmes autographes d’Eluard et annotés XXIX, XXXV et XXXVII]

XXXV Seconde nature [en haut de la première page]

Ils n’animent plus la lumière
Ils ne jouent plus avec le feu
Pendus au mépris des victoires
Et limitant tous leurs semblables
Criant l’orage à bras ouverts
Aveugles d’avoir sur la face
Tous les yeux comme des baisers
La face battue par les larmes
Ils ont capturé la peur et l’ennui
Les solitaires pour tous
Ont séduit le silence
Et lui font faire des grimaces
Dans le désert de leur présence.

XXIX Seconde nature [sur un feuillet séparé]

Toutes les larmes sans raison
Toute la nuit dans ton miroir
La vie du plancher au plafond
Tu doutes de la terre et de ta tête
Dehors tout est mortel
Pourtant tout est dehors
Tu vivras de la vie d’ici
Et de l’espace misérable
Qui répond à tes gestes
Qui placarde tes mots
Sur un mur incompréhensible

Et qui donc pense à ton visage ?

XXXVII Seconde nature [sur un feuillet séparé]

A genoux la jeunesse à genoux la colère
L’insulte saigne menaces ruines
Les caprices n’ont plus leur couronne les fous
Vivent patiemment dans le pays de tous.

Le Chemin de la mort dangereuse est barré
Par des funérailles superbes
L’épouvante est polie la misère a des charmes
Et l’amour prête à rire aux innocents obèses.

Agréments naturels éléments en musique
Virginités de boue artifices de singe
Respectable fatigue honorable laideur
Travaux délicieux où l’oubli se repaît.

La souffrance est là par hasard
Et nous sommes le sol sur quoi tout est bâti
Et nous sommes partout
Où se lèvent le ciel des autres

Partout où le refus de vivre est inutile”


This major poetic collection, part of the end of his relationship with Gala, Paul Eluard dedicates it as follows:
To Gala
This endless book

It was also at this time that Gala (who was openly Max Ernst’s mistress) met Salvador Dalí. Gala left the poet for the painter in 1929, the year the collection was published.

Paul Éluard will tell Gala: “Your hair slides into the abyss that justifies our distance.

The collection will finally be divided in 3 parts:
Premièrement
Seconde Nature
Comme une image
The three poems presented here by Eluard to Bousquet are from the second part of the collection, Seconde Nature.

The last two parts Défense de savoir 1 & 2 mentioned by Eluard in the letter will finally be grouped into a single collection and titled as such.

Histoire de l’Œil is a short novel by Georges Bataille. First published clandestinely in 1928, under the pseudonym Lord Auch, which describes the sexual experiences of two teenagers and their growing perversity.

NADAR JEUNE, Adrien Tournachon (1825-1903)

Autograph letter signed “Adrien” to Alcide-Joseph Lorentz
[Paris], 6 January 1858, 1 p. in-8 à with embossed letterhead, autograph address on verso
Some remains of wax seal, some spots

Very scare letter from Nadar Jeune, younger brother of Félix Tournachon Nadar


“Ma vielle,
Si tu veux venir demain matin chez moi nous recauserons de l’affaire de ce soir – si je te dérange mon ami, c’est que j’ai affaire indispensable à traiter et ne puis me rendre moi même chez toi.
Tibi
Adrien
PS : Si tu peux à 9 heures bene”


This probably concerns the lithographed advertising poster for the Nadar workshop broadcast in 1858, the date of this letter.
It should be noted that the previous year a judgment of the Imperial Court of Paris gave the exclusive property of the pseudonym Nadar to his elder brother Félix Tournachon, under whom the latter will sign his writings and which will be used by his photographic workshop under the direction of his son. In fact, the pseudonym Nadar had first been used by a company formed around Adrien Tournachon, in the forms Nadar jeune and Nadar jne, sometimes causing confusion.

BEAUVOIR (de), Simone (1908-1986)

Autograph manuscript for her essay Must we burn Sade ?
N.p.n.d [1951], 7 pages in-4 on grid paper
Some corrections, one crossed off paragraph from her hand, clipper mark on first sheet

Remarkable autograph manuscript for her famous essay Must we burn Sade ?


This manuscript contains slight variations with the published one.

« En quoi mérite-t-il de nous intéresser ? Ses admirateurs mêmes reconnaissent volontiers que son œuvre est dans sa plus grande partie illisible ; philosophiquement elle n’échappe à la banalité que pour sombrer dans l’incohérence. Quant à ses rêves, ils n’étonnent pas par leur originalité ; dans ce domaine, Sade n’a rien inventé et on rencontre à foison dans des traités de psychiatrie des cas pour le moins aussi étranges que le sien. En vérité, ce n’est ni comme auteur, ni comme perverti sexuel que Sade s’impose à notre attention : c’est par la relation qu’il a créée entre ces deux aspects de lui-même. Les anomalies de Sade prennent leur valeur du moment où au lieu de les subir comme une nature donnée il élabore un immense système afin de les revendiquer […]. Sade a tenté de convertir son destin psycho-physiologique en un choix éthique ; de cet acte par lequel il assumait sa séparation, il a prétendu faire un exemple et un appel : c’est par là que son aventure revêt une large signification humaine »

« Il y avait à cette époque bien des libertins qui se livraient à de pires orgies, impunément ; mais je suppose que dans le cas de Sade le scandale était fatal ; il est certains “pervertis sexuels” auxquels s’appliquent exactement le mythe de M. Hyde et du Docteur Jekyll ; ils espère pouvoir d’abord satisfaire leurs “vices” sans compromettre leur personnage officiel ; mais ils sont assez imaginatifs pour se pense, peu à peu, par un vertige où se mêlent honte et orgueil, ils se découvrent : ainsi Charlus malgré ses ruses et par ses ruses mêmes » […]

« Chez le héros sadique, l’agressivité mâle n’est pas atténuée par l’ordinaire métamorphose du corps en chair ; pas un instant il ne se perd dans son animalité : il demeure si lucide, si cérébral qu’au lieu de le gêner dans ses élans les discours philosophiques sont pour lui un aphrodisiaque. […] Grâce à cette démesure, l’acte sexuel créé cette illusion de jouissance souveraine qui en fait aux yeux de Sade le prix incomparable […] »

« À partir du scandale de 1763 l’érotisme de Sade n’est plus seulement une attitude individuelle ; c’est aussi un défi de la société. Dans une lettre à sa femme Sade explique comment de ses goûts il a fait des principes : “Ces principes et ces goûts sont portés par moi jusqu’au fanatisme” écrit-il “et le fanatisme est l’ouvrage des persécutions de mes tyrans”. L’intention suprême qui anime toute activité sexuelle, c’est qu’elle se veut criminelle : cruauté ou souillure, il s’agit de réaliser le mal »

[…] « Et puis sur le papier l’auteur, prolongeant indéfiniment l’agonie de la victime, peut éterniser l’instant privilégié où un esprit lucide habite un corps qui se dégrade en matière ; il insuffle encore un passé vivant dans la dépouille inconsciente : mais en vérité que ferait un tyran de cet “objet inerte” : un cadavre ? »


These pages were replaced to be typed for insertion in this essay on Sade which will be published in December 1951 in the n° 74 of Les Temps modernes, taken up with two others in Privilèges (Gallimard, 1955), and since then, collected with the same, under the title Must we burn Sade? The text of the manuscript contains slight variations with the published one.

In Must we burn Sade?, Simone de Beauvoir tries to show how the divine marquis, after having provoked the scandal, sought to reconcile his individual pleasures and his social existence; how, through his works, he wanted to assume his sexual practice by transforming it into ethics. It raises the question of the criminalization of sexuality, how society codifies it and the norm.

BIZET, Georges (1838-1875)

Autograph letter signed “Georges Bizet” to his friend Emmanuel Jadin
N.p.n.d [After 1863], 1 p. in-4 on onion paper
Repairs on backside with Japan paper, some tiny ink corrosion

Strange request for an appointment, almost mystical, by the author of Carmen


“Jadinus fulgens
Je ne suis pas là lundi — impossible. Mais dimanche ? Demain dimanche… 3 juin je crois, peux-tu ? Voici la chose : tu te lèves à 5h, 4h et demi même si tu veux. Tu attends l’heure du train — 9h35 gare Saint-Lazare — ligne Saint-Germain, station du Vésinet. Tu arrives à la gare du Vésinet à 10h10, 10h un quart. Tu demandes l’église. On te l’indique, si tu es poli. Tu arrives devant le porche, tu te recueilles, tu entres, tu ne vois rien ! Tu attends. Tout à coup des accents mélodieux s’élèvent jusqu’au plafond de l’église. C’est un de mes amis qui chante. Je tiens l’orgue. Tu t’attendris car tu as faim. La musique finie, tu sors, tu attends, je parais !!!!!!!!!
Déjeuner. Si tu veux passer la journée avec moi, merci. Tu dîneras et tu fileras tard. Si tout ça te goûte, arrive, pas bien mis… À demain j’éspère 9h35
9h35
A toi
Georges Bizet”


In his maisonette du Vésinet (bought by his father Adolphe in 1863), Georges Bizet alternated between compositions and food work. It was after the Commune that he finally settled in Port-Marly and the following year in Bougival, where he died suddenly in June 1875.

GOUNOD, Charles (1818-1893)

Autograph letter signed “Ch. Gounod” to Jules Delsart
N.p, 29 January 1889, 1 p. 1/4 in-8

Gounod declines an invitation to attend a Jules Delsart concert


“Mon cher Delsart,
Nous sommes très inquiets ! mon cher petit-fils Maurice a la scarlatine compliquée d’une diphtérie !…
Dans un tel souci je ne me sens pas le courage d’aller jeudi soir vous entendre et vous applaudir. Je vous retourne donc voter aimable billet, en y joignant tous mes respects et tous mes remerciements.
Bien à vous
Ch. Gounod”


In the latter part of his life, Gounod composed much religious music, including a large number of masses and two oratorios La Rédemption (1882) and Mors et Vita (1885).

DAUDET, Alphonse (1840-1897)

Autograph name card signed “Alph. Daudet” to Henry Houssaye
[Paris, 13 June 1884], 1 p. in-24, autograph enveloppe attached

Charming note of Daudet complementing a literary article


« Merci, mon cher Henri Houssaye, de votre critique et de vos sympathies. Je serais bien sot et susceptible si cet excellent article littéraire, auquel il ne manque selon moi qu’un peu plus de pratique de la vie, ne me satisfaisait pas. De cœur à vous. Alph. Daudet”


Henry Houssaye (1848–1911) was a French historian, art critic and literary critic.

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed “Chateaubriand” to Delphine de Girardin
Paris, 1st July 1833, 1 p. 1/2 in-4 on double-folio
Slight tear on top margin, without affecting the text

Flattering letter from Chateaubriand on the poetic narrative Napoline by Delphine de Girardin


“Je viens de recevoir, madame, un gracieux n° des Causeries que je dois à vos bontés ou à celles de Madame votre mère. J’ai été transporté d’aise quand j’ai lu que l’amie de Napoline aimoit René, mais hélas ! j’ai vite trouvé qu’un amour de roman change avec le livre. Ces personnes qui se disent rieuses et point méchantes, sont pourtant de grandes traîtresses. René est bien fâché, madame, de n’avoir plus que la perruque du maître d’écriture, et d’être le plus vieux de vos adorateurs et admirateurs.
Chateaubriand”


Les Causeries du Monde, monthly journal for female readership, was founded by Sophie Gay. Chateaubriand acknowledges here receipt of the June 1833 issue of passages from Napoline, which will be published at the end of the year 1833.

NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910)

Autograph letter signed on letter-head “Nadar” to Mayor of 8th arrondissement of Paris
Paris, 17 January 1883, 1/2 p. in-8
On his letterhead to his initial

Nice request for an appointment by Nadar


“M. Nadar a l’honneur de présenter ses respects à Monsieur le Maire du 8ème arrt. et de lui demander un instant d’audience”


This request was made to Alfred Koechlin-Schwartz (1829-1895), mayor of the 8th arrondissement of Paris between 1879 and 1888. His name was first embroiled in press controversies in 1887, when, presiding as civil registrar at the wedding ceremony of a princess of the Orléans family, he used the qualification of Monseigneur. Strongly attacked for this fact by various republican newspapers that demanded his dismissal, Alfred Koechlin was nevertheless kept in office by the government, until the day when his sudden membership of the Bakery movement caused him to be deposed.

NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910)

Autograph letter signed « Ton Nadar » to a friend
N.p.n.d [Paris, 1857], 1 p. in-8
Usual fold marks

Nadar, financially in a critical situation, demands accountability from a friend with whom he has invested


« Mon ami,
Ne sachant plus ton adresse je t’écris au Rabelais. Frederigotti est-il arrivé – ou quand arrive-t-il ? J’ai mis complètement mes intérêts en cette affaire dans tes mains et je te prie bien instamment de presser le résultat.
Il y a un besoin réel.
Ton Nadar »


In the same year 1857, a judgment of the Imperial Court of Paris remained the exclusive property of his pseudonym “Nadar“, under which he signed his writings and which was used by his photographic studio under the direction of his son. Indeed, the pseudonym Nadar had first been used by a company formed around his younger brother Adrien Tournachon, in the forms Nadar jeune and Nadar jne, sometimes causing confusion.

INDY, Vincent d’ (1851-1931)

Autograph letter signed “Vincent d’Indy“, enhanced with autograph CV
Bruxelles, 24th November 1896, 5 p. 1/2 small in-8, mourning paper
Usual fold marks, tears on folds

D’Indy passes on his repertoire to a Belgian critic


Cher Monsieur,
D’abord, merci de bien vouloir vous occuper de moi dans la Réforme, et excusez, je vous prie, mon outrecuidance de vous envoyer moi-même des mots sur moi-même. mais j’ai très peu l’habitude de ces sortes de choses et n’ai apporté avec moi aucun article biographique qui puisse servir en la circonstance.
Je vous envoie donc simplement une très simple histoire d’organiste, timbalier, chef de chœurs, compositeur en vous priant d’arranger toutes ces notes comme vous l’entendrez.
J’y joins l’énumération de celles de mes œuvres que j’aime le mieux en m’excusant de vous donner le travail de débrouiller tout cela.
Croyez, cher Monsieur Eckhand, que je vous suis très reconnaissant d’avancer ce que vous voudrez bien écrire sur moi et mes œuvres et veuillez agréer l’expression de mon entière, et déjà ancienne sympathie.
Vincent d’Indy
Hôtel de France
Rue Royale”


Vincent d’Indy attaches his Curriculum Vitae, signed in the header, showing all his main works.

MALIBRAN, Maria (1808-1836)

Autograph letter signed “M.F.Malibran” to an editor of the newspaper Le National
N.p.n.d, 1 p. in-8, autograph address on 4th page, some remains of the sealing
Usual fold marks, tiny spots, slight missing piece on 4th page due to seal openning

Rare letter from the Malibran defending herself from belonging to the society of the Saint-Simonians, she claims on the contrary to devote herself body and soul to her profession as a singer


“Monsieur,
L’on dit dans le public et quelques journaux ont répété que j’appartiens à la société des St-Simoniens, que je suis une de leurs prêtresses, que j’ai déjà prêché à la salle Taitbout, &a &a. Il m’importe de démentir ces bruits qui sont complètement faux. La société des St Simoniens ne m’est connue qye de nom, je n’ai vu aucun de ses membres, je n’ai jamais assisté à aucune de leurs séances.
Monsieur, exclusivement occupée de l’art que je professe, il absorbe tout mon temps et toutes mes forces – Je vous prie de vouloir bien insérer ma lettre dans un de vos plus prochains numéros.
Recevez d’avance tous les remerciements de votre obligée M.f. Malibran”


María-Felicia García, known as the Malibran, is a French lyric artist (mezzo-soprano) of Spanish origin. Her meeting with the French public took place at the Opera on 14 January 1828, but it was at the Théâtre-Italien that she decided to make a career, by multiplying the roles, including that of Desdemona, in Rossini’s Otello. She quickly became the idol of the Théâtre-Italien, in a period of golden age of lyrical singing in Paris. Her pleasant physique, graceful waist and strong beautiful eyes helped to mark the spirits of the time. Her untimely death at the age of 28 reinforced her myth.

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed “Max Jacob” to a colleague
St. Benoît sur Loire, 5th Januar 1927, 1 p. in-4

Max Jacob hands over his latest collection of poems to a colleague


“Cher confrère,
Je n’ai pu vous répondre aussitôt que j’ai reçu votre lettre : ma santé est très mauvaise. Je n’en ai pas moins été très touché de votre offre et m’empresse de vous soumettre mes derniers essais de poèmes. Je n’écris plus guère de prose.
Je vous prie d’agréer mes remerciements et l’expression de ma haute estime littéraire.
Max Jacob
PS : Soyez mon interprète auprès de Soupault qui connait mes sentiments


The collection of poems to which Max Jacob refers here is probably Fond de l’eau, published by Éditions de l’Horloge in 1927.

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Autograph letter signed “Edmond de Goncourt” to a dear friend
N.p.n.d [1895], 1/2 in-8 on laid paper

Charming billet by Edmond de Goncourt about a performance


“Mon cher ami,
Si vous venez déjeuner un de ces jours, ne venez pas jeudi, parce que je suis forcé d’assister à la représentation pour le bénéfice de Mme Crosnier.
Bien affectueusement,
Edmond de Goncourt”


Goncourt refers to a performance on May 30, 1895, at the Odeon, where the actress Irma Crosnier had been playing for more than forty years.

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Autograph letter signed “Edmond de Goncourt” to a lady
N.p.n.d, 1 p. in-8 on bifolio
Slight tear on upper margin, some old humidity stains

Edmond de Goncourt recalls his visits to Princess Mathilde and Alphonse Daudet


“Chère madame,
J’ai passé les deux journées de lundi et de mardi au lit, je n’ai pas été chez la princesse [Mathilde] mercredi, hier j’ai fait l’imprudence d’aller chez Daudet et aujourd’hui j’ai mal à la tête et tousse un peu plus. Je vais m’enfermer sur cette fin de semaine. Malheureusement je dois diner chez Mme Ganderax lundi. Or donc si je puis sortir au commencement de la semaine prochaine, venez-moi mardi. Du reste je vous préviendrai d’avance, si je ne pouvais aller vous voir. Que c’est ennuyeux, je serais si heureux de vous voir, j’aurais été si heureux d’avoir des nouvelles de Lezins.
Votre très affectionné.
Edmond de Goncourt
Je vous envoie en avant de moi un article sur le Goncourt qui vous amusera


Nice evocative letter of the writer’s daily life

GONCOURT (de), Jules (1830-1870)

Autograph letter signed “J. de Goncourt” to Édouard Dentu
S.l, 26 February [18]57, 1/2 page in-8
Some spots on left margin, missing piece on 4th sheet due to sealing breaking

Jules de Goncourt makes a recommendation to his publisher


“Monsieur
Mr Charles Expilly, auteur de plusieurs romans publiés dans les principaux journaux de Paris, a fait paraitre dans le journal le Pays une intéressante étude sur le Brésil Il désire une lettre d’introduction auprès de vous. Je la lui donne dans l’espoir que vous pourrez peu-être faire affaire avec lui.
Votre tout dévoué
J. de Goncourt”

AU VERSO :

“Monsieur Dentu”


Jean-Charles-Marie Expilly was a French writer, journalist and administrator. After having been a contributor to the daily newspapers La Réforme and Le National, he went into exile in 1852 in South America. On his return, he was deputy commissioner of emigration in Le Havre in 1866, and commissioner in Marseille in 1868.

[NERVAL] VILMORIN, Louise de (1902-1969)

Autograph manuscript signed “Louise de Vilmorin” addressed to the publisher Mazenod
N.p, [Hôpital Américain, Neuilly-sur-Seine], 14th June 1952, 2 p. 1/2 in-4
Some fold marks on margins, some spots

Exceptional manuscript by Louise de Vilmorin on Gérard de Nerval, probably the last stage version of a major text in the work of the writer. To our knowledge, this text has not been published by Mazenod.


Fragments of the manuscript:

“Le souvenir de mes belles cousines, ces intrépides chasseresses que je promenais dans les bois – belles toutes deux comme les filles de Léda, m’éblouit encore et m’enivre. Pourtant je n’aimais qu’elle alors. Les paumes de Gérard de Nerval, qu’il appuie tantôt sur son front ou ses yeux et tantôt contre sa poitrine sont imprégné de ce parfum qui nous vient des distances et que nous respirons parfois au lendemain d’un beau jour quand l’imagination, envahie par un soupçon d’amour, fonde un temps sans limite sur les délices d’un moment. […] Je traversais un soir les bosquets de Clarens, perdu au nord de Paris dans les brumes, lorsque j’aperçu un homme debout, immobile et penché au milieu d’une eau mouvante et légèrement surélevée […] Des formes, des ombres blanches, des silhouettes, des paysages et même des moments, modelés par le vent, se dégagèrent peu à peu de ce remue-ménage et s’ordonnèrent en un cortège qui défila devant moi à la suite des deux promeneurs que je ne voyais plus. C’était le cortège des regrets et des obsessions fidèles au plus fidèle des hommes […] Bruyères et digitales pourprées, colonnades et clair feuillage, Aurélie en amazone avec ses cheveux blonds flottants, se promenait dans un bois de peupliers, d’acacias et de pins qui bougeaient avec elle[…] Les tristes et merveilleux récits de Gérard de Nerval sont l’œuvre d’un explorateur du chagrin[…]
Louise de Vilmorin”


This manuscript was intended for an Anthology of Writers prepared by Mazenod editions. This sensitive text expresses Louise de Vilmorin’s attachment to Gérard de Nerval, the author of Pandora. The beginning of the text repeats a few sentences of this work. This praise of Gérard de Nerval is also a dream story, as is sometimes found in the intimate or poetic texts of Louise de Vilmorin. The dreamlike spirit that emerges from Nerval’s work resonates with Louise’s beautiful poem Entitled Le Voyageur en noir.

The text: There is an almost identical version of this text that the heirs of the author have deposited at the Doucet library where it is listed under the title “The memory of my beautiful cousins” under reference MsMs28893. The Doucet Library version is dated June 16, 1952. Two days after this manuscript dated June 14, it is dedicated to Raymond Queneau and bears the mention at the top of the page “American Hospital”. It was during one of her hospitalizations, in May and December 1952, where she was treated following hip operations that Louise developed this text.

Notice written by Geneviève Haroche-Bouzinac

BARTÓK, Béla (1881-1945)

Autograph letter signed “Béla Bartók”
Budapest, 10th April 1932, 3 p. in-8

Long letter by Bartók who settles his accounts with his correspondent


“Sehr geehrte Herren,
In Beantwortung Ihres Schreibens vom 4. April teile ich ihnen folgendes mit:
1. Ich habe sie mehrmals gebeten in (Ende Januar dann am 18. Februar) mir einen Teil des Honorars – 300 Mark – in Frankfurt am Main zur Verfügung zu stellen, weil ich in Deutschland verschiedene Zahlungen vorzunehmen habe. Hieraus konnten Sie ersehen, dass ich mit der Überweisung an  Rozzavölgyi nicht einverstanden war (in ihrem Brief vom 29. Januar schreiben Sie mir: nur ihr Einverständnis vorausgesetzt… Schreiben wir an Rozzavölgyi  … Etc.)
2. In ihrem Brief vom 23. Februar bestätigen Sie zwar den Empfang meines Briefes vom 8. Februar in welchem ich Sie ausdrücklich Ersuche mir 300 Mark durch ihren Vertreter in Frankfurt am Main gegen Mitte Mai auszuzahlen, doch reagieren Sie auf mein Ersuchen überhaupt nicht, weder mit ja weder mit nein – als ob sie den Brief bloß empfangen aber nicht gelesen hätten – ; sie wiederholen nur dass sie Rozzavölgyi ersucht haben mir den ganzen Betrag Auszuzahlen.
3: In ihren Briefe vom 4. April schreiben Sie mir: “da die Zahlung ihres Guthabens von Mark 850,90 laut Meldung der Firma Rozzavölgyi bereits vor einiger Zeit erfolgt ist…“
Dies stimmt schon überhaupt nicht: bis zum 4. April fand überhaupt keine Zahlung statt. Erst am 6. April Habe ich den Gegenwert von 550 DM von Rozzavölgyi erhalten.
Um sowohl Ihnen als auch Rozzavölgyi Einen Gefallen zu tun, habe ich eingewilligt diesen Teil des Betrages durch Rozzavölgyi zu erhalten, obzwar Ihre Überweisung ohne meine Zustimmung von Ihnen vorgenommen wurde und obzwar ich auch für diesen Teil des Betrages in Deutschland selbst eine entsprechende Anwendung gehabt hätte.
Über dies erfolgte die Überweisung ja gar nicht offiziell, sondern nur durch einen, von Ihnen an Rozzavölgyi geschickten Privat Brief.
Ich weiß nichts von einer Reichsdeutschen Verordnung, wonach ich in Deutschland persönlich während meiner Anwesenheit meine eigenen Honorare nicht beheben dürfte: jedenfalls erhielt ich im Frankfurter Rundfunk mein Honorar am 30. Januar ohne weiteres. Beschränkungen beziehen sich nur bezüglich der Ausfuhr von Geld.
Da ich diese 300 DM während meines Aufenthalts in Frankfurt am zwölften bis 15. Mai dort unbedingt benötige – alle meine Pläne und Berechnungen richteten sich danach, dass ich sie dort zu jederzeit zur Verfügung haben werde – ersuche ich Sie nochmals mir diesen Betrag dort durch ihren dortigen Vertreter auszuzahlen. Es tut mir leid, Ihnen hier durch eventuell Unbequemlichkeiten zu verursachen; Schuld daran trage ich nicht, denn sie haben jene Privatüberweisungen gegen meinen, Ihnen bekannten Wunsch und ohne meine Einwilligung vorgenommen. Ich Ersuche Sie auch die Adresse ihres Vertreters mir mitzuteilen.
Es wundert mich – offen gestanden -, dass sie meine gerechten Wünsche vollkommen ignorieren, umso mehr wundert es mich, da ich Ihnen gegenüber sowohl während der Verhandlungen im vorigen Sommer, wie auch jetzt in der Überweisungsangelegenheit in der zuvorkommendsten Weise gehandelt habe.
Ihrer baldigen Antwort entgegensehend verbleibe ich hochachtungsvoll.
Béla Bartók”


That same year Bartók composed Six Chants sicules, for homme choir with 6 voices and had just completed 44 duets for two Violins.

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph novel for his collection of articles Aux Embuscades de la vie
N.p [1903], 10 pp. in-4
First draft, numerous corrections

Remarkable manuscript of Clemenceau for his collection of articles Aux Embuscades de la vie. This is the full chapter: Simon, son of Simon, from the first part of the book: In faith


This is an extract of the manuscript:

« Simon, fils de Simon, arrivait au terme de sa carrière sans avoir pu jamais goûter le fruit d’un effort continu pour l’acquisition des richesses qui représentent le bonheur. Fils de Sem ou de Japhet, nous sommes fort enclins à rechercher le signe représentatif de toutes les satisfactions où aspirent les cupidités diverses de notre vie. Ce n’est pas que Simon, fils de Simon, de la tribu de Juda, eût jamais considéré l’avantage des félicités à venir de la possession d’un trésor. Non, la question de l’emploi possible d’une accumulation monétaire n’avait jamais occupé son esprit énergique mais simple. Toujours tendu vers le but unique de la convoitise, il ne s’en était jamais promis d’autre jouissance que de convoiter avec succès. Les beaux habits ne le tentaient pas. Il convient, quand on a pu fixer la richesse au passage, de la couvrir d’un voile de pauvreté, pour ne pas tenter le méchant, prompt à s’approprier le bien d’autrui. Les joyaux, les pierres rares, les vases précieux, la vaisselle de luxe, les tapis, les tentures, le luxe des habitations, les chevaux, ne sollicitaient point son envie. Il n’en avait que faire et ne comprenait point les vaniteuses joies venues de la possession de ces choses. Son rêve n’était pas davantage des beaux corps, parfois accompagnés d’une âme, qui s’obtiennent à des prix débattus pour des voluptés ineffables. Simon, fils de Simon, distinguait fort vaguement entre les esthétiques diverses de telle ou telle fille d’Ève et n’aurait pas donné le moindre maravédis pour la différence de l’une ou de l’autre.

Son désir ingénu n’allait qu’aux métaux en monnaie. Or, argent, bronze, découpés en rondelles, frappés. D’une effigie, lui paraissaient, comme ils sont en effet, la plus grande merveille du monde. L’idée de les entasser bien comptés en des sacs, de les empiler par hautes rangées brunes, blanches ou jaunes, en des coffres à serrures compliquées l’emplissait de délices surhumains. Et le miracle du métal est si grand que, même absent, simplement représenté par une feuille de papier pourvue des formules nécessaires, et portant avec l’estampille de César des signatures de poids, la jouissance de posséder ne se trouvait pas moindre. Certains raffinés même jugent qu’elle s’accroît à l’idée d’enfermer loin des cupidités du monde sous un si mince volume un si vaste trésor.

De tout ceci, d’ailleurs, Simon, fils de Simon, n’avait connu que les visions du rêve qui déjà lui semblaient infiniment plaisantes. Qu’eût été si la réalité avait pu suivre les folles chevauchées d’une imagination délirante ? Mais ce bonheur ne paraissait pas fait pour le Juif misérable qui jusqu’ici s’efforçait vainement à la conquête de l’or. L’or pour l’or et non pour les vains simulacres de plaisirs contre lesquels des malheureux l’échangent, dans leur folie. L’or était beau, l’or était fort […] »


During and after the disputes of the Dreyfus Affair, Clemenceau published collections of articles: Le Grand Pan (1896), in which he praised paganism preceding Judeo-Christianity; Au fil des jours (1900) and Les Embuscades de la vie (1903).

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed “André Gide” to Joseph Billiet
Cuverville, 15th MArch 1919, 2 p. 1/2 in-4
Usual fold marks, tiny tear on lower margin

Long and touching letter by Gide about his novel Les Nouvelles Nourritures


“Mon cher Billiet,
Votre lettre m’émeut beaucoup, et si j’étais encore à Paris j’accourrai ; mais je ne vis plus hors d’ici qu’une existence tourbillonnaire où grandit, avec la fatigue, une immense nostalgie de travail. Peut-être y a-t-il quelque cruauté à vous dire cela, à vous, dont la fatigue et la nostalgie n’ont encore trouvé que des satisfactions si précieuses… Je voudrais que vous ne vous mépreniez pas aux pages de moi que vous aurez lues dans le 1er IV° de [La Revue] Littérature et à qui votre lettre fait illusion. Sans doute était-il paradoxal de pousser un cri de joie alors que nous sommes encore si mal ressuyés de la guerre et que, de toutes parts, il ne nous est permis de voir que deuils, détresses et faillites ; ce qui est surtout paradoxal, c’est de les avoir isolées ainsi, de sorte que séparées de celles qui les suivent, ces pages prennent une toute autre signification que celle qu’elles retrouveront dans le livre – où la détresse humaine et l’impossibilité de parvenir à ce bonheur, qui pourtant devrait être naturel, les doublera. Il s’agit de retrouver le bonheur par-delà, au-delà de la détresse – et le dernier livre de ces Nouvelles Nourritures y tendra, comme il peut apparaître déjà dans le dernier fragment que j’ai cité.
Pourquoi je vous raconte tout cela ? Oh ! simplement parce qu’il me serait douloureux de penser que vous puissiez croire, comme d’autres lecteurs auront fait, à quelque “impiété” de ma part – je veux dire : qui que ce soit d’impitoyable.
Je suis tout à la fois rassuré de vous savoir hors de gêne, et pourtant inquiet de songer que c’est aux dépends de votre liberté. Je souhaite qu’au bout d’un peu de temps et de tassement vous arriviez pourtant, comme Philippe et tant d’autres…
Oh ! Je vous en prie, ne vous ennuyez pas trop vite d’une restitution qui peut-être est, pour vous, un peu prématurée et qui ne me causera que tristesse, si je peux un instant penser que je la dois à quelques privations de vous, de votre femme, ou de votre petit enfant… Je pense revenir à Paris dans quelques jours, et peut-être pour un peu plus de temps. Tâcherai de passer vous voir.
Croyez à mes sentiments bien affectueux.
André Gide


André Gide published extracts from Les Nouvelles Nourritures in March 1919 in the revue des Surréalistes Littérature, reprinted in 1921 in his collection Morceaux choisis (Gallimard), before delivering a complete edition in 1935 (Gallimard).

Les Nouvelles Nourritures presents itself both as a narrative in continuity and in rupture with Les Nourritures Terrestres. While the previous work has the appearance of a vast travel diary where romance and poetry mingle according to the scents of the East without any other common thread than the sensory fluctuations of the narrator, this new narrative takes on a new dimension: the moral dimension.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed “Jean C” to Henri Duvernois
[Ville de Monts] Indre-et-Loire, 26 September 1913, 1 p. in-8
Autograph address on verso, annotation on upper margin from another hand

Scarce letter from young Jean Cocteau in which he gets back in details on Henri Duvernois’s latest work : Nounette où la déesse aux cent bouches


Mon cher Henri,
J’ai cent yeux pour lire Nounette [où la déesse aux cent bouches] et je coudrai cent bouches pour la louer. Le “drôle” y est incomparable. Les “je le crain, mon enfant”, “il va pleuvoir” de Mr Hurlu et “lorsque je le veux” des vers que récite madame sont définitifs. La tendresse lucide me semble encore le meilleir. Incognito regorge de poésie ; d’exactitude, et si je me revoir avec Mad. Carlier, “Castiglione” pour la vie, avec un loulou noir, un kaléidoscope (!), et une brosse à dents. […] PS: J’adore la fin du restaurant momfié. Jean C.


Jean Cocteau was born into a wealthy and important Parisian family that supported his artistic career, although some biographies suggest that his fortune would have allowed him to leave his parents’ home on his 15th birthday. He published his first collection of poems on his own account, The Lamp of Aladdin inspired by the Thousand and One Nights, in 1909 and became known in bohemian artistic circles as the “Frivolous Prince”. It was under this title that he published his second collection of poems in 1910.
Later his meeting with Serge Diaghilev, whom he wanted to amaze, marked the first crisis in his creative work: He renounced his collections of poems and approached the Cubist and Futurist avant-garde.

LOUIS XVIII, Louis-Stanislas-Xavier de France, (1755-1824)

Set of 2 letters signed including one with autograph compliments to Jacques Necker
N.p, 26th August 1777, 1 p. on bi-folio
Some spots, fold marks

Nice set of 2 pieces signed by Louis XVIII, first as Count of Provence and then as King of France


«Je m’intéresse à Made de Chatenay et je la recommande à M. Necker. Louis Stanislas Xavier».

Saint-Cloud 9 août 1821,
Brevet de vice-consul et chancelier à Gênes pour le S. Priez (contresigné par Pasquier)


We attach 2 patents:
Letters of Knight of the Order of St. Louis (7 Nov. 1814, countersigned by Mal Soult, Duke of Dalmatia),
Bevet de chevalier de la Légion d’honneur (30 oct. 1816, contres. par Macdonald).

MAURIAC, François (1885-1970)

Autograph letter signed “Mauriac” to René Salomé
Vémars 7 Octover 1921, 1 p. in-12

Mauriac humorously evokes the sad profession of literary criticism, specifying that according to him there are no good Catholic novels


“Cher ami,
Je ne voudrais jamais recevoir la discipline que de votre main – tant j’ai de goût pour votre douce severité et votre aimable rigeur ! Je vais vous confier un secret :
Il n’existe pas, il n’existera jamais de bons romans catholiques (En Route n’est pas un roman mais une confession). Et il est bien plus facile à un critique d’entrer dans le royaume du ciel qu’à un faiseur de romans. C’est un triste métier. Et je voudrais n’y point trouver tant de plaisir !
Affectueusement votre et à bientôt
Mauriac”


En Route is a novel by Joris-Karl Huysmans, published in 1895. This volume opens the “trilogy of conversion”, which is completed by The Cathedral and then The Oblate.

[APOLLINAIRE] TOUSSAINT, Franz (1879-1955)

Autograph letter signed “Toussaint” to Gabriel Soulages
Paris, 23rd May 1914, 3 pp in-4
Fold marks, tiny tears and spots

Rich and fascinating letter by Franz Toussaint following his visit to Guillaume Apollinaire. He depicts an epic portrait of the poet, then evokes his collection Alcools and explains his choices regarding his writing method without punctuation. Toussaint then reports Apollinaire’s remarks on Cubism and then on painting in general, notably on Delacroix, Monet, Manet, Carco etc.


Je vais te faire le récit des événements, qui sont nombreux. J‘ai vu Apollinaire. Il fumait sa pipe au milieu de ses fétiches papous, de ses statuettes égyptiennes et grecques. Aux murs, des Picasso, des Marie Laurencin et des compositions cubiques affolantes. Sur la table des volumes dans toutes les langues. Il m’a promis qu’il irait voir le peintre Maury et qu’il en parlerait. Enfin pour m’honorer, il m’a donné son dernier volume Alcools que je t’envoie par ce courrier. Ce recueil de vers est épuisé. Il est donc précieux, lis-le avec attention. Rétablis la ponctuation, seulement. Admire le portrait de l’auteur par Picasso. Au cours de notre long entretien il m’a été impossible de dénicher comment Apollinaire s’y prend pour admirer en même temps une Aphrodite de Scopas et une marchandise du sculpteur cubique Archipenko […] Avant cette dernière visite je le prenais pour un mystificateur. Voici, selon lui, pourquoi il a supprimé et continue de supprimer la ponctuation dans ses écrits :
« Un véritable artiste, dit-il, doit laisser le lecteur ajouter ce qu’il écrit, le laisser libre de voir au-delà de la vision de l’auteur. La ponctuation limite la course des ondes harmoniques de plusieurs phrases. Du reste elle n’est pas du tout nécessaire. Voyez ce qui se passe dans la correspondance téléphonique, où il n’y a aucune ponctuation. On comprend tout, ajoutant autre chose : Lorsque des journaux ou des revues reproduisent mes vers, les typos rétablissent la ponctuation et la mettent exactement là où il faut. Donc, d’une part je permets à certains de mes lecteurs de déplacer à leur gré le rythme de mes vers, et, de l’autre, cette absence de ponctuation ne gêne pas ceux qui la regrettent »
[…] Là où il erre c’est dans ses théories sur le cubisme. Mais il est si fort, si documenté, il excelle tellement à décomposer les divers plans qu’il voit dans une Vénus de Milo, par exemple, il sait tant de choses, il a, dans la mémoire, tous les catalogues des musées du Caire, de Londres, de Vienne, de Constantinople, qu’il vous démonte et réunit presque à vous convaincre. Il dit, à propos de la peinture cubique : Riez, mais attendez. Les articles, jusqu’ici, les artistes que vous admirez (il les admire aussi d’ailleurs) sont en arrière du public. Le public va plus vite que les artistes, alors qu’il appartient aux artistes de dépasser le public. On a ri du Delacroix, du Manet, du Monet, etc… Et Pourtant ! Nos cubiques actuellement ne font pas de la peinture intellectuelle comme leur reproche les critiques les plus indulgents. Ils interprètent ce qu’ils voient. […]
Toussaint


Before Apollinaire, Mallarmé had already composed poems without punctuation as in Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, which is a work both graphic and typographic, as we had indicated during the examination of the theme devoted to silence.

Apollinaire took this form for his collection Alcools, devoid of any form of punctuation. The texts are redacted from dots, commas, etc. to give formal unity to unpublished poems.

This absence of punctuation clearly marks the emancipation of the poet with the classical codes, a strong sign of the anchoring of the work in Modernity.

Franz Toussaint is a French writer and orientalist, also a screenwriter, author of numerous translations from Arabic and Persian, Sanskrit and Japanese. His best-known translation, itself adapted into several other languages, is that of Omar Khayyam’s Rubaiyat
Around 1910, he moved to Paris where he embarked on a literary career and became friends with Ambroise Vollard, Jean Jaurès and Jean Giraudoux.

MALRAUX, André (1901-1976)

Typescript with autograph corrections
N.p [1937], 5 ff. 1/4 in-4
Important corrections with collage

Extract from the manuscript of his novel L’Espoir which was published in December 1937 by Gallimard. The text is taken from the second part of the novel, Le Manzanarès in the chapter entitled Sang de gauche, recounting the bombing of Madrid by the nationalists during the Spanish Civil War.


La foule n’était pas prises par la peur des fascistes, mais par l’épouvante d’un cataclysme ; et c’était bien un cataclysme, car la question de « se rendre » ne se posait pas plus que celle de se rendre à un tremblement de terre. Dans un fracas de foudre, les verres sautèrent […].
Suit un dialogue intense entre Malraux et un compagnon de Moreno ; J’ai vu des types jouer à la pelote basque sur le mur où étaient encore les morceaux de cervelle et les cheveux des prisonniers. Je n’avais pas d’âme, comme dirait Guernico. Ici, c’est curieux, c’est le contraire : après dix jours de première ligne, on n’a plus de corps. Je veux dire, on est un suicidé […]. On est de l’autre côté de la vie, au-delà peut-être…Et alors se passe une chose extraordinaire. On est délivré de soi-même, remis au destin […].


L’Espoir recounts the important events of the beginning of the Spanish Civil War, from the Franco military putsch of July 18, 1936 to the Battle of Guadalajara in March 1937, where the Republicans were victorious. Malraux plays with the limits of genres, the novel remaining, deliberately unclassifiable, out of the norm. War is omnipresent and is the central theme of the novel. It involves suffering, wounds, violence, death, fear, despair finally hope (which appears in the novel when everything goes wrong, when violence and absurdity triumph). Malraux describes the horror vividly, hotly, without detour.

[DUMAS] FERRIER, Ida (1811-1859)

Autograph letter signed “Ida
[Between 1840 & 1844] Saturday, 1/2 p. in-12
Previously mounted (mark on verso), spot on bottom margin

Ida Ferrier is in charge of transmitting thanks from her husband Alexandre Dumas


« Vous avez dépassé toutes vos promesses, Monsieur, vous avez été mille fois bon et aimable pour moi, recevez-en je vous prie mes plis vifs remerciements. J’avais chargé Alexandre [Dumas père] de vous les présenter mais je crois bien qu’il ait oublié ma commission.
Votre bien dévouée et obligée,
Ida »


Alexandre Dumas married in January 5, 1840 in Paris (1st) the actress Ida Ferrier (born Marguerite-Joséphine Ferrand, 1811-1859) and settled with her in Florence. Ida Ferrier and Alexandre Dumas separated in 1844.

DORVAL, Marie (1798-1849)

Autograph letter signed “Marie Dorval” to a doctor friend
20 April 1825, 1 p. ½ in-8
Previously mounted (mark on verso), some tiny spots

The famous actress offers a box for her next performance at the Comédie Française


« Mon cher docteur, voici une loge pour ce soir. Vous avez paru désirer voir les Enfants d’Edouard et je vous remercie de me donner cette occasion de faire une chose qui vous soit agréable.
Nous nous portons fort bien il n’y a que Caroline qui se gratte comme une enragée elle viendra vous voir un de ces jours. A vous de toute mon âme. Marie Dorval »


Marie Dorval is one of the most famous French actresses of the nineteenth century. His successes in the theatre and his busy sentimental life will contribute to making it a myth.

 

ELSSLER, Fanny (1810-1884)

Autograph letter signed “Fanny Elssler” to M. Eli
N.p, le 12 August 1826, 1/2 p. in-8
Previously mounted (mark on verso), some small tears on the fold marks

Very scarce letter from the famous Austrian dancer, then 16 years old


In sometimes phonetic French, she writes:

« Agréé je vous prie Monsieur Eli toutes mes remerciements pour la bontée que vous avez eu, de me prêter vos castagnettes, ne m’en voulez pas trop de les avoir garder si long temps. Le volà avec un million de remerciements. Adieu Monsieur Eli.
Fanny Elssler »


Considered one of the greatest performers of romantic ballet, Fanny Elssler captivated her contemporaries with her sensuality and her ability to make the most dramatic situations.
She was for a time the mistress of the Duke of Reichstadt, an affair that Edmond Rostand recalled in his play L’Aiglon.
Théophile Gautier, who greatly admired her, nicknamed her “the pagan ballerina.”

INGRES, Jean-Auguste-Dominique (1780-1867)

Autograph letter signed “Ingres” to M. Beroggi
N.d.n.p, Saturday, 1 p. in-12
Previously mounted, mark on verso

Ingres’ invitation to a modest dinner with accompaniment too unworthy of a Haydn Sonata


« Cher Monsieur Beroggi,

Il y a si longtemps, seriez-vous donc assez bon, vous et votre chère Mdame de me faire l’amitié de venir manger [à] notre modeste diner lundi prochain, avec accompagnement trop indigne d’une Sonate d’Haydn. Oui.
Tout à vous de cœur
Ingres »


Pupil of Jacques-Louis David, Ingres won the Prix de Rome in 1801 at only 21 years of age. After a long stay in Italy, he returned to Paris experienced official recognition, appearing as the champion of the doctrine of beauty and the primacy of drawing over color, in successive opposition to romantic and realistic currents. Appointed director of the Académie de France in Rome, he returned there from 1835 to 1842.

CHASSERIAU, Théodore (1819-1856)

Autograph letter signed “Thre Chasseriau” to M. Lanthy
Wednesday at noon [14 September 1853], 1 p. in-8 with autograph address
Previously mounted (mark on verso), slight tear on second sheet due to seal opening

Scarce letter from the young prodigy painter about a commission


« Cher monsieur Lanthy,
J’ai trouvé votre petit mot à mon retour – je suis en ce moment fort embarrassé, par pour longtemps j’espère. Aussitôt qu’il me sera possible je vous ferai porter les fonds.
Mille choses bien affectueuses.
Thre Chassériau »


Théodore Chassériau is a French painter. The portrait he painted at the age of 15 of Prosper Marilhat, makes him the youngest painter exhibited at the Louvre Museum.
Jean-Auguste-Dominique Ingres, his teacher at the École des Beaux-Arts in Paris from 1830 to 1834, deceated the talent of the young Théodore very early on and predicted that he would be “the “Napoleon” of painting.

GONCOURT (de), Jules (1830-1870)

Autograph letter signed “Edmond et Jules de Goncourt”, by Jules’s hand
23 March 1853, 1 p. in-8
Previously mounted, mark on verso

Request of the Goncourt brothers to be registered on the list of entries


« Monsieur,
Vous avez eu l’amabilité de nous écrire dernièrement que votre porte nous était ouverte à deux battants.
Quand nous nous y sommes présentés, il y a de cela une huitaine, la peste était toute grande formée.
Ne doutant pas de votre bonne volonté à notre endroit, nous vous serions bien obligés de nous faire réinscrire tous deux sur la liste des entrées.
Veuillez recevoir, monsieur, l’assurance de tous nos remerciements et de toutes nos sympathies.
Edmond et Jules de Goncourt »


Jules de Goncourt est un écrivain français, à l’origine de l’académie Goncourt qui décerne chaque année le prix du même nom. Une partie de son œuvre fut écrite en collaboration avec son frère, Edmond de Goncourt. Leurs ouvrages appartiennent au courant du naturalisme.

BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)

Autograph letter signed “Ch. Baudelaire” to F. Bichet
[Paris], 4 February 1860, 1/2 p. in-8
Previously mounted, mark on verso

Baudelaire writes about his text Enchantements et tortures de l’Opium


« Monsieur,
Mon ami Poulet-Malassis, imprimeur à Alençon, Place d’Armes, me réclame à grands cris la seconde partie de l’Opium.
Vous l’avez sans doute oublié.
Veuillez agréer tous mes compliments.
Ch. Baudelaire »


Baudelaire evokes here his text “Enchantments et tortures de L’opium” published in La Revue Contemporaine on January 15, 1860; a magazine directed by Alphonse de Calonne and of which Bichet was the administrator. This text will incorporate his book Les Paradis artificiels.

[BAUDELAIRE] BOYER, Philoxène (1829-1867)

Autograph letter signed “Ph. Boyer” to Charles Asselineau
N.d.n.p, 1 p. 1/2 in-8, with autograph address
Previously mounted, mark on verso

Boyer apologizes to Asselineau for not being able to obtain the requested theater seats


« Mon cher ami,
Je suis au désespoir – et je me souviendrai du procédé de Marc Tournier ! Il y a quinze jours, et plus, vous le savez, nous étions inscrits pour une loge de quatre places ou j’étais si charmé de rêver une bonne soirée avec vous. Aujourd’hui, cent sous dépensés en vingt voyages d’omnibus par ma pauvre femme qui ce matin encore y est restée de neuf heures à 2 de l’après-midi, nous avons conquis, par quelles ruses et par quelles furies nous ne voulons pas le savoir, deux places plus que mauvaises d’où nous ne verrons rien et que nous avons payées cher ! Je ne vous eusse pas, en eussè-je trois, mené dans cet abîme ! Mais comme je suis malheureux, et comme j’ai besoin de m’excuser auprès de vous, pour avoir cru à une parole si mal donnée ! Pardonnez-moi, ou plutôt plaignez-moi !
Votre Ph. Boyer »


Philoxène Boyer is a French writer. He wrote a lot of encyclopedia articles, books (some with Théodore de Banville, met thanks to Baudelaire and who introduced him to the Parnassian poets.) and in addition to many writers who gladly frequented him during his periods of pomp, he was the friend of Charles Baudelaire, but also of Victor Hugo, Théophile Gautier, Gustave Flaubert, Gérard de Nerval , and many others, having rubbed shoulders with parnassian evenings.

Charles Asselineau (1820–1874) was a French writer and art critic. He was one of the few faithful friends of Charles Baudelaire.

BALZAC (de), Honoré (1799-1850)

Autograph letter signed in the third person « M. de Balzac » to Maurice Schlesinger
N.d.n.p, Sunday [1837], 1/2 p. in-8 with autograph address
Previously mounted, mark on 4th sheet

Balzac evokes his masterpiece Gambara, from the Philosophical Studies of The Human Comedy


« M. de Balzac espère que demain lundi Monsieur Schlesinger sera chez lui entre dis heures et midi, car il faut absolument s’entendre sur Gambara, M. de Balzac le prie d’agréer ses compliments.
Dimanche »



Gambara is a short story by Honoré de Balzac, first published in 1837 in the Revue et gazette musicale de Paris at the request of Maurice Schlesinger, then reprinted in La Comédie humaine where it is part of the Études philosophiques.
We find in this work the formidable artistic intuition of the author of La Comédie humaine. While, in The Unknown Masterpiece, Balzac explored the genius of the painter and searched the soul of a sculptor in Saracen, he approaches musical art in Gambara through the character of an instrument maker turned composer of crazy music.

This small novel, which remained misunderstood when it was published, has since been recognized as a work of great scope.

GAUTIER, Théophile (1811-1872)

Autograph letter signed “Théophile Gautier” to Arsène Houssaye
S.l, 6 September 1855, 1 p. in-8
Previously mounted, mark left on verso

Théophile Gautier asks for the favor of a lodge for the performance of the day


« Je voudrais obtenir de ta gentillesse une baignoire pour la représentation d’aujourd’hui. Une baignoire sinon une autre loge même meilleure tu me feras un vif plaisir, tout à toi de cœur et de plume.
Théophile Gautier »


In 1855, Gautier left the editorial staff of the newspaper La Presse and joined the Moniteur Universel. A critic of art and entertainment, the author provides numerous articles on painting and cultural life every month, as well as his works in preview.

Arsène Houssaye (28 March 1814, Bruyères-et-Montbérault – 26 February 1896, Paris) was a French writer. He is also known as Alfred Mousse

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed “Chateaubriand” to a lady
S.l, 4 February 1822, 1 p. 1/4 in-8
Sold repair of tears on both first and second sheets

Chateaubriand settled his final preparations before his departure for London where he was appointed ambassador


“J’ai trouvé, Madame, en rentrant chez moi hier soir, le billet que vous m’aviez fait l’honneur de m’écrire ; je vous remercie d’avoir bien voulu me fournir l’occasion de faire quelque chose qui puisse vous être agréable. Je me chargerai très volontiers, Madame, de la boite pour Londres. Je vous prierai seulement d’avoir la bonté de la garder chez vous jusqu’au moment où je l’enverrai prendre, dans la crainte qu’elle ne se trouvât égarée ou perdue au milieu de toute la confusion de mes paquets.
Agréez, je vous prie, Madame, l’hommage empressé de mon respect.
Chateaubriand”


At the end of 1821 Chateaubriand was appointed Ambassador of France to the United Kingdom. He will hold this post for less than a year because he will take up his duties as Minister of Foreign Affairs from 28 December of the same year.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to French Republic president Patrice de Mac-Mahon
Chislehurst, Camden Place [June 1873], 4 p. in-8

With a very cursive writing, the Empress defends with rage the memory of emperor Napoleon III and apostrophes vividly the new President of the Republic.
The Empire speaks here to the Republic with excess and resentment.


« Monsieur le Marechal
Je vois dans les journaux depuis quelques jours des anecdotes qui ont l’intention de vous exalter au détriment de celui qui n’est plus, de celui qui vous fit en un jour maréchal et Duc ; je ne puis croire que votre cœur ne se révolte de ces flatteries qui se prodiguent à tout pouvoir, à tout succès.
Je suis la veuve de Napoléon III
Sa gloire et son honneur sont à mes yeux plus qu’une couronne, plus que la fortune. Faites taire ce qui vous font un piédestal sur une tombe, et songez qu’il n’y a de grandeur que ce qui à sa base sur la justice. Je ne vous demande rien pour l’avenir mais faites respecter un passé qui fut le berceau de votre gloire. Croyez monsieur le Maréchal à tous mes sentiments. Eugénie »


Marshal macMahon, newly elected President of the Republic (May 24, 1873), had been glorified in the press during his election, in particular because of his military successes under the Second Empire, which earned him the duke of Magenta and marshal of France during the Italian War (1859). These two titles were conferred on him by Napoleon III, general in chief of the Army of Italy, at the end of the victory won at Magenta (June 4, 1859) by the then General de Mac-Mahon.

Attached to this letter is the press article that raised the indignation of Empress Eugenie at the silence and the obvious lack of recognition regarding the intervention of the Emperor in the elevation of the Marshal-Duke. The document bears the handwritten mention “6 June”, probably inscribed by the latter, and probably corresponds to its date of publication in the press.

 

MASSENET, Jules (1842-1912)

Set of 4 autograph letters signed to his son in-law Léon Bessand and the father of his
Paris, year 1906, 4 p. in-8 et in-12, with one autograph envelope
Slight tear on one of the letters without affecting the text, usual fold marks

Correspondence of three letters addressed to his son-in-law, Léon Bessand (1859-1943), and a letter addressed to the father of the latter, Charles Bessand (1829-1915). Léon Bessand had married Juliette Massenet, the composer’s only daughter, in 1887. The couple had 3 children before divorcing in 1908.


1 – Lettre autographe signée «  Massenet» à Léon Bessand (25, avenue de Villiers à Paris),
s.l. [Paris, d’après le cachet de la poste], 23 août 1906, enveloppe autographe jointe, 1 p. in-8

« Oui – cher ami – si j’ai ma place habituelle [malgré les nouveaux règlements que nous avons votés contre nous !], cette place sera envoyée à votre frère Paul [Bessand, né en 1856] 2 rue du Pont neuf le samedi matin.
Tendrement. J. Massenet »

***

2 – Billet autographe signé «  Massenet» à Léon Bessand (25, avenue de Villiers à Paris), sur carte pneumatique,
s.l.s.d. [Paris, 17 octobre 1906, d’après le cachet de la poste], 1 p. in-12

« Mon cher Léon,

Si vous avez toujours le désir d’assister à une répétition avant la Générale, parlez-en à notre Directeur ; je serai heureux de satisfaire votre intérêt mais j’aimerai à rester neutre afin de pouvoir refuser… aux autres… et il y en a !!…

En affection. J. Massenet »

***

3 – Billet autographe signé «  Massenet» à Léon Bessand (25, avenue de Villiers à Paris), sur carte pneumatique,
s.l.s.d. [Paris, 1906, d’après le cachet de la poste], 1 p. in-12

« J’ai appris tardivement que vous étiez venu hier soir au théâtre… N’ayez pas déjà mauvaise opinion de l’interprétation et de la scène… Rien n’était réglé !!!
Enfin je me fie à vous pour ne rien dire encore…
A vous en hâte. J. Massenet »

[En post-scriptum] : « Dimanche ce n’est qu’une répétition musicale – sans costumes – en Travailleur ! »

***

4 – Billet autographe signé «  Massenet» à Charles Bessand (2 bis, rue du Pont neuf à Paris), sur carte pneumatique
s.l.s.d. [Paris, 1er novembre 1906, d’après le cachet de la poste], 1 p. in-12

« Très ému, très heureux, je vous remercie de votre pensée !!…
De nous deux si chèrement. J. Massenet »


These four letters refer to the rehearsals of the opera “Ariane“, created by Jules Massenet for the Opéra Garnier, whose first performance took place on October 31, 1906.

MASSENET, Jules (1842-1912)

Set of 10 autograph letters to his initial “M”, most signed or enhances with small drawings for signature. All addressed to his spouse Constance de Gressy
[Paris, Saint-Aubin-sur-Mer, Dinard, year 1906], 29 pages in-8
Small hole on one of the the letters without affecting the text, one of the letters is incomplete

Touching and affectionate unpublished correspondence addressed to his wife Constance de Gressy (1848-1938), known as “Ninon“. The first letters were written in August 1906 during a stay in Saint-Aubin-sur-Mer and then in Dinard, where the composer went for a few weeks to restore his health (Mme Massenet was then in their castle of Egreville, in Seine-et-Marne). The other letters were sent in the following months during the rehearsals of the opera “Ariane” and the finalization of the opera “Thérèse


1 – Lettre autographe non signée, incomplète [feuillets numérotés 3 et 4], à son épouse, s.l.s.d.,
[Saint-Aubin-sur-Mer ; 1906, d’après une inscription manuscrite en haut à gauche du 1er feuillet], 2 p. in-8

« Je n’ai rien fait ici – […] Je remarque – au contraire de l’opinion – que l’air vif de la brise de mer montante me calme et me fait dormir ; si – le soir – la mer descend je suis moins bien ; cela me rappelle le vent d’Egreville qui me plaît – et aussi la chaleur sans brise qui m’abât. […] Le matin je bois un quart de verre de Célestins chauffé tiède au bain marie – puis une tasse de bon bouillon avec un jaune d’œuf délayé dedans – C’est la femme de chambre qui m’apporte cela  dans mon lit – et je me lève alors – et j’ouvre la fenêtre sur la mer dont les odeurs d’iode m’arrivent aussitôt. Je t’embrasse tant bonne chérie !… »

***

2 – Lettre autographe ornée d’une petite arabesque pour signature
Saint-Aubin-sur-Mer, « Jeudi 9 août, matin» [1906], 2 p. in-8

« Pourvu qu’il ne fasse pas le soleil d’ici à Egreville – mais pourvu qu’il y ait là-bas aussi le vent frais qui entre dans ma chambre – cette nuit, il m’a fallu mettre les 2 châles et mon gros paletot sur le lit ! […] Gunsbourg [Raoul Gunsbourg (1860-1955), directeur de l’opéra de Montecarlo] me poursuit de dépêches que j’ai l’air de ne pas recevoir… – il s’agit du concours !!! et c’est avec effroi que je me verrais impliqué dans le gâchis… – [Camille] Saint-Saëns n’est pas trouvable non plus… et l’on voudrait tout me mettre sur le dos ! – Voilà pourquoi je désire me dérober et pourquoi il faut éviter que de ce côté l’on puisse m’écrire directement – alors je serais pris et obligé de répondre. […] – pas loin de la maison car je dispose d’un jeu de de pardessus selon la fraîcheur ou le vent !!
Je pense à toi : il est 7h – tu déjeunes… – tu as ouvert la fenêtre, il y a grand soleil… ah !!! – mais je m’étonne des gouttes de pluie là-bas – ici il n’y a pas eu d’averses… – […]
J’embrasse tendrement le bon front.
[En post-scriptum]
« Parti mardi.
Perséphone [alias Lucy Arbell, qui interpétera le rôle de Perséphone dans l’opéra Ariane qui sera créé à l’automne 1906] revient demain – Elle est allée à Lisieux avec son frère Richard !
[…]
Comme j’ai de la joie quand le facteur me donne la lettre chérie. »

***

3 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse,
s.l. [Saint-Aubin-sur-Mer], « Mardi matin» [août 1906], 2 p. in-8

« […] Ma lettre au sujet de « la présentation à Egreville » t’aura expliqué ceci : c’est que j’aurai une excellente raison pour revenir et pour éviter, au besoin, de rester davantage – [c’est « une urgence » que j’aurai à ma disposition.] – J’avoue que ce séjour est très sain. J’avoue que je suis traité admirablement – mais voici le dixième jour (presque neuf jours passés) que je suis ici. […]
Ce que je n’ai pas besoin de te dire, c’est que tu es la « Minousie » au-dessus de toutes les Egrevilloises !! – Je t’embrasse tant. »

***

4 -Lettre autographe ornée d’une petite arabesque pour signature,
s.l. [Saint-Aubin-sur-Mer], « Dimanche 26 août 1906», 4 p. in-8

« Ma bonne amie,
Jusqu’à ce jour j’ai été assez bien sans pourtant me sentir absolument guéri.
[…] J’ai vu la famille Clarétie hier et j’ai chanté des fragments de « Thérèse » [opéra dont Jules Massenet composait à cette époque la musique, sur un livret de Jules Clarétie].
Notre interprète [il s’agit certainement de Lucy Arbell] a toujours la voix excellente et elle semble n’avoir rien oublié des études d’Ariane ; mais pour « Thérèse », rien n’étant en train à cause des évènements de l’été… je vais essayer de risquer quelques leçons sur le rôle. […]
J’irai bientôt chez Henzel.
Je t’embrasse fort ! »

***

5 – Lettre autographe ornée d’une grande arabesque pour signature
Dinard, « Vendredi», mention manuscrite au crayon en haut à droite du 1er feuillet qui indique la date du 31 août 1906, 4 p. in-8

« J’ai été un peu patraque à cause de la chaleur qu’il fait ici… depuis trois jours !…
Pour le bord de la mer, c’est une rareté… mais c’est à faire tomber sur le sol !! […]
Aussi ? après les « fraîcheurs normandes » de St Aubin, les tropicales journées de Dinard m’avaient fort éprouvées ; je suis resté couché… mais c’est fini !! […] – S’il fait chaud, ce sera dur… mais je serai si heureux de te retrouver !!!…
[En post-scriptum] :
« Pour toi : Je suis chargé de tant d’amitiés de St Aubin et de Dinard… que j’en succombe sous le poids !…
Je regarde avec une douce joie… la porte de la remise… 4 heures ! l’arrosage ! toi, là !…
Ta carte postale [le château et la grange des dîmes] est très jolie mais… où est le château ?… Les photographes sont idiots ! »

***

6 – Lettre autographe ornée d’une grande arabesque pour signature
Paris, « dimanche » [1906], 3 p. in-8

« Très laborieuse répétition d’Ariane hier soir. On a terminé à minuit 10.
Il y a de bonnes choses et les musiciens ont été  encore très chaleureux.
Demain à 2h importante séance – 4e acte – puis, à 4h, séance avec Ariane.
Enfin… après : étude 1er violon solo et Perséphone au ménestrel.
Mardi soir grand ensemble…
Je t’embrasse fort.
[…] »

***

7 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse
Paris, « vendredi 28 septembre» [1906], 4 p. in-8

« Belle soirée hier…
4ème acte : ovation de tout l’orchestre et des chœurs à notre « Perséphone » [personnage interprété par la mezzo-soprano Lucy Arbell] que le personnel entier entendait pour la 2ème fois.
J’en étais bien sûr !
Gailhard [Pedro Gailhard (1848-1918), directeur de l’Opéra de Paris jusqu’en 1907], Mendès… [Catulle Mendès (1841-1909), librettiste de l’opéra « Ariane »] dans le ravissement ; ce n’était que bravos et embrassades reconnaissantes ; de loin, dans la salle je voyais cela et j’étais bien content.
L’orchestre a applaudi après chaque acte le « Vivat Minor »… et tout marche trop… trop… splendidement.
… J’en ai peur !…
Nous commençons avec Gunsbourg [Raoul Gunsbourg (1860-1955), directeur de l’opéra de Montecarlo] et les artistes les études de Thérèse [opéra de Jules Massenet, créé pour l’Opéra de Montecarlo le 7 février 1907] ; lundi matin à la maison.
[…]
Je t’embrasse fort.
En post-scriptum : « Ton cabinet de toilette est clair et gai ; joli papier. La terrasse a des lierres, des plantes superbes !
Ta chère lettre (avec citation Victor Hugo !) m’a été une joie en rentrant de l’opéra. »

***

8 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse ,
Au verso d’un avis de répétition pour « Ariane » à l’en-tête du Théâtre national de l’Opéra, l.
[Paris], « Mardi 25 [septembre 1906] »,  2 p. in-8

« Bonne amie, tu vois par ce bulletin le travail de ce soir.
Hier – Excellente répétition du 4e acte. [Catulle] Mendès a trouvé aussi d’excellentes choses.
Ton cabinet de toilette est terminé ; il est très joli maintenant !!!
Je t’embrasse fort. »

***

9 – Lettre autographe ornée d’une petite arabesque pour signature
s.l. [Paris], « Jeudi» [1906], 3 p. in-8

« Ce soir répétition d’orchestre ; la 1ère complète [orchestre seul].
On a travaillé l’acte du bateau : un enchantement promis… lorsque tout sera terminé comme peinture ; il n’y a que la carcasse.
Puis, on a remis en scène le 1e, 3e et 5e.
Samedi nous répétons encore l’orchestre seul.
Ta lettre m’a fait penser à tes contrariétés d’avoir des bourrasques sans pluie !! ou si peu !…

J’ai si hâte que tu aies fini avec les mollusques de là-bas ; que tu reviennes à Paris… et, qu’enfin, tu puisses songer à un repos n’importe où !…
[…]
Je t’embrasse fort !!!
[En post-scriptum] : « Pauvre amie, que de préoccupations pour toi !… propriétaire !!! » ;
« Compte-rendu de St Aubin : Excellentissime répétition d’Ariane et de Thérèse ! Je suis absolument satisfait ; très sérieusement content ; j’ai hâte de faire entendre !!! C’est beau ! »

***

10 – Lettre autographe signée (paraphe) à son épouse
s.l. [Paris], « Samedi» [1906], 4 p. in-8

« Je viens de chez Veech : séance peu agréable…
Enfin il me soigne avec l’espoir d’éviter l’extraction… et la suite.
Ce soir : seconde étude de l’orchestre.
Mardi : 2ème répétition (orchestre, artistes et chœurs).
Tout le monde assis.
A la même heure : Werther [opéra créé par Jules Massenet en 1892] à l’Opéra-comique.
Cette représentation remise a été un ennui aussi pour le théâtre : argent considérable rendu !
Après-demain lundi : répétition à l’opéra de 2 h à 4h (quatrième acte seulement).
La direction a télégraphié à Mlle Wallace afin qu’elle soit à Paris lundi ; à l’opéra on a sa réponse affirmative ; tant mieux.
S.A.I. est de retour… d’après les journaux.
[…]
On joue « Manon » la semaine prochaine.
Henzel rentre le 30.
Ninon [surnom donné à l’épouse de Jules Massenet] aime bien [illisible].
En post-scriptum : « Merci tard pour ta nouvelle lettre ! Ah ! ces lambris !!! »


Ariane is an opera in five acts by Jules Massenet with a French libretto by Catulle Mendès. This play was premiered at the Palais Garnier in Paris on 31 October 1906 with Lucienne Bréval in the title role.

Thérèse is a musical drama in two acts by Jules Massenet, libretto by Jules Claretie, first performed on 7 February 1907 at the Opéra de Monte-Carlo and revived at the Théâtre du Casino de Vichy on 4 July 1907.

Manon is an opéra-comique in five acts by Jules Massenet, libretto by Henri Meilhac and Philippe Gille, based on the French-speaking l’abbée Prévost, l’Histoire du Chevalier des Grieux and manon Lescaut (1731). It was premiered at the Opéra-Comique in Paris on 19 January 1884.

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed “George” to her friend Rozanne Bourgoing
[Paris, late November 1842], 6 pages in-4, her Gothic initials on letterhead
Usual fold marks, some slight tears on folds

Long and remarkable letter from George Sand on the art of the novel, on magazines and publishers, and on her novel Consuelo


Chère Rozanne, j’ai lu ton roman (1). Il y a de très jolies choses, des caractères, de la poésie, des vérités philosophiques, et beaucoup de cœur. Il n’y a pas assez d’incidents, trop de simplicité dans le sujet et dans les événements. C’est trop une histoire réelle et véritable, et pas assez un roman. Ce n’est point un tort de ton esprit et de ton caractère, au contraire c’est un mérite. Mais le roman demande plus d’animation et de variété, des scènes plus inattendues, des personnages moins faits d’une pièce, une intrigue plus compliquée, plus d’art enfin. L’art n’est pas fait pour toi, tu n’en as pas besoin. Mais le roman ne peut guère s’en passer, et à ta place je recommencerais celui-là, ou j’en ferais un autre. Ne prends mon avis cependant, que pour ce qu’il te semblera valoir. Il est possible qu’à force de faire des romans moi-même, j’aie le goût gâtée, comme on l’a sur le bon vin quand on a trop humé le piot de Boutarin. J’ai fort peu de confiance en mon jugement et te supplie de ne pas l’accepter sans examen. Si tu persistes à vouloir imprimer Héléna, je suis toute à ton service, mais les difficultés sont grandes. D’abord la revue indépendante n’a que trop de romans, outre les miens ; on lui en présente tous les jours, et elle demande au lieu de cela des articles de politique, de bibliographie et de science, dont le monde actuel est fort pauvre, ou fort avare. La Revue de Paris m’est fermée comme le Paradis l’est au diable. Buloz et Bonnaire en tiennent les clefs d’une main et celles de la Revue des 2 Mondes de l’autre. Ma recommandation serait donc très fâcheuse, brouillés avec nous, furieux, désespérés qu’ils sont dans ce moment-ci. Il faudrait trouver un éditeur. C’est bien difficile, je te l’ai dit bien souvent, et c’est aujourd’hui pire qu’alors, ces Messieurs ne veulent point se risquer sur un nom inconnu, et si le roi leur recommandait le livre de son neveu, ou de son cousin, ils lui diraient « à vos ordres, sire, mais quand votre majesté aura donné mille écus pour les frais d’impression et d’annonces ». Il n’y a plus d’éditeurs confiants en la parole d’autrui, encore moins d’éditeurs aventureux pouvant et voulant risquer une petite somme. Ils sont tous ruinés, le public est blasé. Le commerce va à la diable : et voilà qu’ils disent tous, et quand j’aurai essayé tout ce qui est possible, pour la centième fois de ma vie en pareille rencontre, j’aurais un refus.
J’essaierai pourtant, je te le promets, et si je réussis ce sera seulement à des conditions que je dois te faire savoir d’avance, car ce sont les mêmes qu’on propose toujours. On t’imprimera à condition que tu paieras les frais d’impression et les annonces si tu en veux (ce qui est indispensable au succès du livre et coûte fort cher (2)). Ensuite le libraire consentira à vendre en partageant avec toi les profits, mais il prélèvera sa part, et quand il l’aura prélevée, il ne s’occupera plus de la vente, ton livre sera épuisée, oublié, il n’en vendra pas vingt exemplaires à ton compte. Je le suppose seulement indolent et peu délicat comme ils sont tous. S’il est radicalement fripon comme ils le sont presque tous, il te dira qu’il n’a rien vendu et te demandera encore des indemnités pour s’être chargé de tout cet embarras. Car enfin, la surveillance de l’impression, l’emmagasinement des exemplaires, les démarches auprès des débiteurs en détail, etc. tout cela représente une peine qui demande salaire. Les moyens de contrôle sont impossibles. Dans ce moment-ci, je crois entre nous soit dit qu’on me trompe épouvantablement sur le tirage de Consuelo en volumes in-8º (3). Mais je ne puis le prouver et il faut que j’aie l’air de ne pas m’en douter. Il y a de grands éditeurs tels que Gosselin etc ; d’honnêtes éditeurs tels que Perrotin qui fait mon édition populaire. Mais ceux-là ne veulent point faire de petites opérations. Elles leur prennent trop de temps et nuisent aux grandes. Perrotin ne veut plus éditer un à un les romans que je publie en in-8º depuis qu’il a commencé mon édition complète in-18.
Tu vois que tout ce commerce présente aux débutants d’insurmontables difficultés qu’une espèce de miracle peut seul vaincre. Si tu veux faire paraître quelque chose, il fait que tu songes à débourser 2 500 à 3 000 f. par volume – sans beaucoup d’espoir d’être indemnisée par la vente. Si le roman a du succès, tu trouveras des éditeurs sans peine, et le second roman marchera tout seul. Mais le succès n’est-il pas aussi éventuel que le reste ? À quoi tient le succès ? On l’ignore. Je sais de très bonnes choses qui moisissent dans l’arrière-boutique, et de très mauvaises qui font grand bruit. Avant tout, il faut amuser le lecteur, ou l’étonner. Fais tes réflexions. Si tu veux sacrifier ladite somme, peut-être faudrait-il la risquer sur un roman plus travaillé et plus accentué qu’Héléna. Je suis à ta disposition pour les démarches, et en attendant, je tenterai de te trouver un acheteur, mais sans espoir de réussite (4).
J’ai pris sur moi de te réabonner à la revue indépendante. Ce n’est point Anselme Pététin (5) qui est à la direction, mais deux hommes qui sont dans les mêmes idées et les mêmes sentiments qui ont gouverné la revue jusqu’ici. Leroux leur a donné cette direction qui lui prenait trop de temps, et l’empêchait d’écrire et de faire paraître avec exactitude. Ces Messieurs ont apporté des fonds, et nous ont mis à même de faire un cautionnement et de paraître tous les 15 jours. Leroux continue à y écrire comme par le passé, et moi aussi assidûment, Consuelo étant encore destinée à faire beaucoup de numéros. J’y vais mettre aussi des morceaux qui ne seront pas de sitôt publiés à part. Enfin je crois que si cette revue t’a intéressée jusqu’ici, elle ne t’intéressera pas moins à l’avenir et j’y porte quant à moi le même intérêt de cœur et le même zèle. Pététin y écrira, mais il ne la dirigera en aucune façon.
Bonsoir, chère Rozanne, embrasse pour moi Don José, et crois bien que je t’aime de cœur. Mes enfants sont très grands, bien portants et te remercient de ton bon souvenir.
George
Pardon du griffonnage.  


1 – This “novel”, whose title is given later, is Helena. Rozanne published it in 1844, in Vienna. It is a short story rather than a novel.

2 – This is surely what Rozanne did, but the expense did not have to be high: 44 pages!

3 – Consuelo is a novel by George Sand  published in 1943. It is a historical novel set in Europe in the eighteenth century and recounting the social rise of a bohemian singer who gives her name to the novel. After the death of George Sand, many of her novels fell into oblivion and his work was quickly reduced to a handful of so-called “country” novels such as La Mare au diable. However, from the 1960s and 1970s onwards, the rest of Sand’s work began to be rediscovered through critical reprints, colloquia and scholarly studies. Consuelo is rehabilitated and recognized as one of her masterpieces.

4 – All this information on the conditions of the 1842 edition is full of interest.

5 – Rozanne could have known Pététin, who like her had ties with Lyon.

MAURIAC, François (1885-1970)

Autograph letter signed “FMauriac” to Louis Artus
[Paris], 31 Oct[ober 19]20, 4 p. in-8,autograph envelope attached
Usual fold mark

Long and great letter from Mauriac evoking faith, sensuality and homosexuality. This letter is a response to critic Louis Artus on his last novel La Chair et le Sang published in October 1920.


Si, cher monsieur et ami, vous avez eu raison de m’écrire. Pour que vous jugiez notre foi utile à ma fable et surajoutée, il faut que mon livre soit bien manqué [La chair et le Sang] : j’ai voulu montrer la grâce venant de mourir dans certains cœurs, ne remportant chez d’autres qu’une médiocre victoire – mon échec, et qui pèse sur toute l’œuvre, est de n’avoir pas su faire de Claude un saint, en qui la grâce triomphât. Quant à la sensualité éparse dans ce livre, j’avoue qu’elle m’a confondu moi-même.
Se pourrait-il, Seigneur, que ceci de moi vint ? [Citation approximative du poème Booz endormi de Victor Hugo paru dans le recueil La Légende des Siècles]

Donc je souscris à vos reproches et ne proteste – mais avec une affreuse colère – que contre ce petit mot : “…alors qu’il n’y a que deux sexes…”
Je ne vois, je vous jure, entre Edward et Claude, rien qui ressemble à ce que vous insinuez là. Je sais d’ailleurs quelle sorcière a trouvé ça dans sa marmite. Sa vertueuse indignation me déconcentrerait – mais je connais tout de même assez ce sexe là pour y attacher la moindre importance.

Tandis que votre lettre, mon cher ami, m’inquiète et m’attriste : et vous entendez que ce n’est pas ici le romancier qui parle. Quelle responsabilité redoutable que la notre ! Enfin, faites-moi crédit. Je n’ai pas eu le temps encore de guérir de ma jeunesse. Demandez-vous aussi ce qui peut représenter de luttes douloureuses, épuisantes, une si grande foi unie à ce goût charnel, à cette passion pour Cybèle. Ceux qui se convertissent après quarante ans ne savent pas ce que représente de débats tragiques, chez un artiste surtout, possédé par les couleurs, les odeurs, les formes, les êtres – la jeunesse et la foi. J’ai créé de ma chair même Claude et aussi Edward (mais j’ai bien plus que deux hommes en moi !) et voyez comme l’un et l’autre se penchent sur la mort.
Jusqu’à présent, les critiques n’ont pris ce livre au tragique et j’en remercie Dieu.
Toutes mes félicitations au jeune grand père. Veuillez les partager avec Maurice Artus à qui je vous prie d’offrir mes hommages respectueux.
Croyez-moi votre
FMauriac”


La Chair et le Sang is a novel by François Mauriac, published in October 1920 by Emile-Paul Frères. The story is inspired by the suicide in 1909 of Charles Demange, nephew of Maurice Barrès who was one of Mauriac’s literary masters of youth, but also by his own personal questions and “amorous torments”.

Based on written sources, the “intimate biography” of François Mauriac by Jean-Luc Barré published in 2009 describes a homosexual tendency long kept secret, perhaps platonic but which marked his work. From 1924 he had a burning passion for the young Swiss writer Bernard Barbey.

Louis Charles Artus (1870–1960) is a French writer and critic. He regularly frequented literary circles, collaborating with various newspapers, such as Le Gaulois, Excelsior, L’Intransigeant, Le Petit Journal, etc. He is a close friend of Marcel Proust.

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph letter signed “GClemenceau” to Michel Alexandre Gaston Tournier
Paris, 26 Oct[ober] 1901, 1 p. 1/4 in-8
Tiny spots, usual fold mark

Clemenceau reassures his correspondent on a recommendation made


“Mon cher Colonel,
Vous m’avez fait le plus grand plaisir en vous adressant à moi. La recommandation est faite, et bien faite, je vous assure. C’est vous dire que je compte sur le succès.
A la première occasion je prendrai acte de votre rectification en profitant de la circonstance pour expliquer ce que j’ai voulu dire.
A vous bien cordialement
GClemenceau
PS. Il va sans dire que je ne donnerai pas votre nom”


Provenance: Tournier family

NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910)

Autograph card signed “Nadar
N.d.n.p, 1 p. in-12

Nice card from the famous photograph


“Amitiés, Nadar”


Nice card with header “Quand même”, the same one used by Sarah Bernhardt

MONTIJO, impératrice Eugénie de (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Elisabeth de la Croix de Castries
Cap Martin, 11 May 1892, 3 p. in-8, with autograph envelope
Usual fold marks from period

Congratulatory letter addressed on the occasion of the marriage of the youngest son of the Marshal of Mac-Mahon, Marie-Emmanuel (1859-1930), with the daughter of Viscount de Fromessent. Their union was celebrated in Paris on June 2, 1892.


« J’apprends avec plaisir la nouvelle que vous me donnez du mariage de votre fils avec Mademoiselle de Fromessent. Je souhaite que cette union qui semble offrir de si grandes garanties de bonheur réalise toutes vos espérances. Je m’associe sincèrement à tous les vœux que vous faites.
Soyez, je vous prie, mon interprète auprès du maréchal [de Mac-Mahon], ainsi qu’auprès de votre fils et croyez, Madame et chère Duchesse, à mes sentiments affectueux. Eugénie »

[MASSENET, Jules] CHARPENTIER, Gustave (1860-1956)

Set of 10 autograph letters signed to Jules Massenet
N.p, between 1900 and 1906, 16 pages, various formats, mainly in-8 and in-12

Beautiful correspondence, adorned with a musical scope, in which all the admiration, gratitude and affection of the student for his Master, Jules Massenet, perspire. Gustave Charpentier talks about Manon and indulges in open-heartedness – evoking even the doubts that cross him – to the one whose success and genius he praises


Billet autographe signé « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, s.l., 16 novembre 1900

« Bien cher et triomphant Maître,

Quelles douces et fières émotions nous vous devons encore…

Quelle œuvre pure et forte ! si différente de vos œuvres qu’on se demande par quel prodige la plume qu’écrivit Cendrillon a pu se faire tout à coup si tranquille et sereine et puissante.

Un sourire de Dieu après un sourire d’enfant…

Merci de cette joie. »

Gustave Charpentier fait certainement référence à l’oratorio « La Terre promise », écrit en 1900 par Jules Massenet.

***

Billet autographe signé « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, sur carte pneumatique Paris, 31 décembre 1900 (cachet de la poste du 1er janvier 1901)

« Cher et bien aimé Maître,

En partant à Tourcoing, près de mes parents, je veux vous dire une fois de plus, mon fidèle attachement, et mon admiration passionnée.

Si vous vouliez me rendre bien heureux, vous me donneriez une de vos photographies car celles que je possède sont vierges de votre écriture.

Pardonnez-moi cette courte supplique. Vous êtes mon compositeur moral et physique. Vous m’avez inspiré l’amour du beau et procuré la joie d’être utile aux miens : Bonté oblige…

Veuillez présenter à Madame Massenet mes vœux respectueux et laissez-moi vous dire encore mon ardente affection, mon orgueil de disciple ébloui par votre prestigieux génie et ma gratitude toujours plus grande. »

En post-scriptum : « Je reste longtemps devant cette lettre, évoquant les doux souvenirs de la classe… »

***

Lettre autographe signée «  Charpentier» à Jules Massenet, Paris, mai 1901, sur papier en-tête de la Chambre syndicale des artistes musiciens de Paris

« Cher Maître,

A vous, le premier, je me permets de demander, pour nos fiers minors, votre appui nécessaire.

Depuis si longtemps on rêvait pareille solidarité ! Votre signature lui garantira la durée, et vous devez penser quelle fierté vos collaborateurs de chaque jour en ressentirait. »

***

Lettre autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, s.l., [novembre] 1901

« Bien cher Maître,

Je ne pouvais rêver de plus heureuse fin d’année.

Vous savant [sic] heureux, toujours plus grand, toujours plus admiré !

La réaction envieuse de vos succès muselée, anéantie par le magnifique referendum de Grisélidis !

Et ma toute jeune gloire qui vous doit tant fraternisant sur les affiches et dans les cœurs avec votre nom vénéré !

Oui, je suis heureux ! Et toute mon âme vous crie : Bravo ! ; mon orgueil : Merci !

A vous, aux vôtres,

En inaltérable et reconnaissante affection. »

Gustave Charpentier écrit cette lettre à la suite de la première représentation du nouvel opéra de Jules Massenet, « Grisélidis »,  qui eut lieu à l’Opéra-Comique le 20 novembre 1901. Cette œuvre rencontra un grand succès lors de sa création.

***

Billet autographe signé «  Charpentier» à Jules Massenet, s.l., 28 novembre 1901

« Cher Maître,

Les sentiments profonds s’expriment difficilement et quand je suis près de vous, je me « fais l’effet » d’un homme follement amoureux qui ne trouverait à dire à sa belle qu’un : Je vous aime, tremblant.

Vous êtes trop indulgent de me trouver une qualité que je témoigne si peu.

Mais vos yeux lumineux savent lire dans les cœurs ! »

****

Lettre autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, Saint-Raphaël, 1er janvier 1904

« Bien cher Maître,

Comme toujours vous m’avez devancé !

J’ai une excuse : la vie que je mène ici dans l’oubli de toutes choses. Mais elle n’est pas suffisante… Votre mot m’a rappelé que « l’autre » vie que je cherche à oublier me garde encore de douces émotions.

Merci de tout cœur et veuillez croire, mon cher et bien aimé Maître, aux vœux affectueux et filiaux de votre fidèlement dévoué. »

***

Lettre autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, Munich, 31 décembre 1904

« Bien cher Maître,

Je vous écris, tandis que dans l’atrium de l’hôtel Regina, un groupe d’instrumentistes interprète à souhait une fantaisie sur Manon [opéra de Jules Massenet, représenté pour la première fois en 1884 à l’Opéra-Comique]. Après tant de symphonies – (je suis ici un régime de suralimentation musicale dont j’avais besoin, vraiment) – après trop de semaines saintes en agréments, la surprise est extraordinaire.

Vous avez l’art de me souffler à l’oreille : « Hein ! une belle phrase, ça démolit bien des choses ». Oui, c’est du soleil après de splendides ouragans, et c’est bon le soleil !

L’ensoleillée musique de Manon m’emporte au-dessus des savantes bâtisses, et des splendides dômes, que j’admire tant cependant. Et je revois la classe, j’entends votre voix, vos yeux me fixent, inquisiteurs point terrifiants, mais allant tout de même jusqu’au fond de la conscience. Que pensez-vous de moi ? de mon silence : Paresse ? Hésitation ? Incertitude ?

Vos yeux voient plus loin, et ils ont raison.

Depuis que je vous ai quitté, je n’ai jamais pensé à d’autre juge que moi-même.

Mais quel juge terrible !

Il y avait ce bon Landry d’un goût si sûr qui me remontait souvent…

Il y avait mon père qui me criait : Victoire ! avant même que de savoir ce que je faisais…

Mais Manon me crie, en bousculant ces souvenirs, me crie, dans un enchantement, aime-la bien, ta chère musique, aime en elle ce qui est charme, tendresse, humanité… Là, il n’y a pas de place pour le doute pour ceux qui aiment !

Ah ! Cher Maître, comme il est bon de vivre libre, loin des spécialistes…

Et puis, vraiment, on serait fataliste à subir ces antithèses subites, voulues sans doute par le destin. Chère Manon, merci !

Vous devinez en les lisant que ces phrases sont publiées par vos phrases triomphantes. J’écris et j’écoute. Aussi suis-je un peu décousu. Vais-je recommencer cette quasi confession ? Moi, qui avait pris ce papier pour vous écrire mes vœux fidèles !

Mes vœux, je ne les oublie pas. Veuillez les trouver aussi affectueux attachés à votre cœur que ceux qui les précédèrent.

Et j’espère vous applaudir prochainement à Montecarlo, car ma mère est à Antibes et m’appelle. »

***

Carte autographe signée « Gustave Charpentier», avec son portrait photographique, à Jules Massenet, s.l., 1er janvier 1905

« Cher Maître,

Je vous envoie mon plus fervent souvenir avec toujours plus de reconnaissance et d’admiration. »

***

Billet autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, sur carte pneumatique, Paris, [janvier 1907] (cachet de la poste du 1er janvier 1907)

« Bien cher Maître,

Toute ma fidèle affection va vers vous en ce jour de souhaits, pour vous apporter l’hommage toujours plus ardent de mon cœur reconnaissant.

Plus de gloire s’il était possible ! Plus de tendresse autour de vous… et beaucoup de philosophie indulgente pour ceux qui ne savent plus vous témoigner celle qu’ils ont pour leur maître bien aimé.

Je vous embrasse filialement.»

***

Billet autographe signé « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, Montecarlo, mai 1909

« Bien cher Maître,

Quelle bonne leçon que la lecture de votre « Bacchus » [opéra de Jules Massenet représenté pour la première fois en mai 1909 au Palais Garnier]. Leçon de beauté et d’énergie. J’en suis tout émotionné et vibrant. Depuis longtemps, depuis vos bonnes classes, je n’avais connu pareil réconfort : [suit ici une portée de quelques notes].

Encore une fois vous avez massacré les ténèbres.

Mes bravos et mes affections fidèles. »


French composer and conductor, Gustave Charpentier was a pupil at the Paris Conservatory and won the Prix de Rome in 1887.

HAHN, Reynaldo (1874-1947)

Autograph letter signed “Hahn” to Léon Bessand
S.l [25, avenue de Villiers à Paris, 1892], 4 p. in-12 oblong with envelope

Beautiful and long letter from Hahn declining an invitation to a musical evening


« Cher Monsieur,
Quoique d’aspect robuste et puissant, je ne suis pas très fort, et je suis déjà extrêmement fatigué par les courses, les répétitions et le travail de ces derniers jours. Je craindrais donc en me couchant très tard demain – ou plutôt très tôt après-demain – de n’être plus bon à rien. Je me vois donc obligé de renoncer à la perspective très agréable de passer une charmante soirée ! Remerciez Mademoiselle [Sibyl] Sanderson pour moi transmettez-lui mes sincères regrets. Ces dames comprendront, j’en suis sûr, que ce n’est pas sans raison que je me prive de ce plaisir.
Quant à la date de la représentation, je vous jure que je joue des pieds, des mains, de la tête, des épaules, et surtout de la langue pour les retarder. Mais, nouveau Cassandre, ma voix retentit sans résultat. De plus, nous n’avons pas encore la femme !!! De plus, nous pensons à habiller l’homme en Pierrot ! De plus, nous avons besoin de beaucoup travailler ! Mais que voulez-vous ? Vox clamantis in deserto [La voix de celui qui crie dans le désert] (ne faites pas attention, c’est du russe !).
Tous ces messieurs disent que nous serons prêts – alors !…
Merci de votre bonne hospitalité, c’est vraiment bien aimable à vous !
Encore mille regrets pour demain soir, et mille sincères compliments. Hahn »


Intime de Marcel Proust (1871-1922), compositeur et chef d’orchestre d’origine vénézuélienne, Reynaldo Hahn est naturalisé français en 1907. Il sera l’élève de Jules Massenet au Conservatoire de Paris, où il entre en octobre 1885.

Sibyl Sanderson, born in Sacramento on December 7, 1864 and died in Paris on May 16, 1903, is an American soprano, particularly associated with the French repertoire.

Léon Bessand is the husband of Jules Massenet’s only daughter.

HAHN, Reynaldo (1874-1947)

14 autograph letters signed correspondence to Juliette Massenet
Paris and Versailles, between 1901 and 1926, 26 p. in various formats
Some small and non significant tears due to openings. One teared postcard (stamp removal) affecting a couple of words. Otherwise in fine condition.

Remarkable unpublished correspondence of 14 letters and cards, to the only daughter of Jules Massenet with whom Reynaldo Hahn maintained a long and warm friendship


Lettre autographe signée « Reynaldo Hahn» à Madame Bessand [Juliette Massenet] (25, avenue de Villiers à Paris), s.l.s.d. [Paris, 1901, d’après le cachet de la poste], enveloppe autographe jointe

« Chère Madame,

Vous pouvez compter sur ma présence et sur mon modeste concours. Je suis trop flatté du désir de mon Maître [Jules Massenet] pour ne pas mettre à votre disposition mes médiocres facultés pianistiques.

Votre dévoué. »

En post-scriptum : « Si je ne vous avais pas répondu, c’est que je ne pouvais pas ne pas être des vôtres ce jour-là ! »

***

Billet autographe signé « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet (159, avenue de Wagram à Paris), sur carte pneumatique, s.l.s.d., [Paris, 12 décembre 1910, d’après le cachet de la poste]

« Chère amie,

Je viendrai très volontiers dîner le jeudi 22 ou le vendredi 23, à votre choix. Dites-moi lequel de ces deux jours vous convient le mieux.

Votre respectueux. »

***

Billet autographe signé « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet, sur carte pneumatique à l’en-tête de l’Hôtel des réservoirs à Versailles, [Versailles, 1912, d’après le cachet de la poste]

Lettre de condoléances à la fille de Jules Massenet, écrite après la mort du compositeur survenue à Paris le 13 août 1912. Juliette Massenet se trouve alors au château d’Egreville, propriété acquise par son père et située en Seine-et-Marne.

« Chère amie,

Je ne vous enverrai pas les œillets. Je n’en trouve que d’indignes de la tombe chère et vénérée. Hier, je suis rentré trop tard, aujourd’hui les fleuristes sont fermés. Demain il serait trop tard de nouveau puisque vous partez mardi, et ici les horticulteurs sont à sec !

Mais comme je tiens à faire cette modeste et affectueuse offrande, je choisirai un des séjours de Madame [Jules] Massenet et la prierai d’être mon intermédiaire.

Votre affectionné. »

***

Billet autographe signé « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet (159, avenue de Wagram à Paris), sur carte pneumatique, s.l.s.d., [Paris, janvier 1914, d’après le cachet de la poste]

« Chère amie,

Je vous remercie vivement et surtout d’avoir associé le souvenir de mon maître [Jules Massenet] à vos pensées affectueuses. Je suis bien ennuyé de vous savoir préoccupée par la santé de votre fils. Est-ce sérieux ?

Votre affectionné. »

***

Lettre autographe signée « Reynaldo» à Juliette Massenet (7, Place Hoche à Versailles), s.l.s.d., [Paris, 14 juin 1920, d’après le cachet de la poste], enveloppe autographe jointe

« Chère amie,

Ne comptez pas sur moi pour dîner mercredi ; je crains de rentrer trop tard pour être à Versailles à temps.

Dès mon retour, je vous téléphonerai.

Votre respectueux. »

***

Lettre autographe signée « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet (7, Place Hoche à Versailles), s.l.s.d., [1922], sur papier de deuil, enveloppe autographe jointe

« Chère amie,

Maria [Maria Hahn (1865-1948), sœur de Reynaldo, qui fut l’épouse du peintre Raimundo de Madrazo] est encore très nerveuse, si déprimée après la secousse finale, qu’elle ne peut écrire et c’est moi qu’elle charge de vous exprimer sa reconnaissance pour votre lettre affectueuse. Elle a été affligée par la nouvelle de la mort de votre petit-fils et à la pensée du chagrin affreux de votre fille ; mais cet évènement douloureux a eu lieu au moment où mon beau-frère déclinait, lui aussi, vers la mort et dans son désarroi, Maria ne pouvait vous témoigner ses sentiments d’amitié compatissante.

Je travaille du matin au soir ; c’est pourquoi je ne vous ai pas demandé à dîner.

Votre ami. »

Une indication manuscrite en haut du premier feuillet indique que cette lettre a été écrite en 1922 suite à la mort de Jean-René Faillot (1908-1922). Il était le fils de René Failliot et de Marie-Mageleine Bessand, elle-même fille de Juliette Massenet et de Léon Bessand.

***

Carte autographe signée « Reynaldo » à Juliette Massenet (5, rue Maurepas à Versailles), s.l.s.d. [Paris, 1926 d’après le cachet de la poste), 1 p.

« Chère amie,

Voulez-vous que ce soit le samedi 18 ? Et, si possible, pas trop tard…

Affectueusement. »

*** 

Lettre autographe signée « Reynaldo » à Juliette Massenet, s.l.s.d., 4 p.

« Madame,

Madame [Jules] Massenet avec qui j’ai déjeuné ce matin m’a dit que vous aviez dans votre loge pour la rep[résentation] de Xavière (?!) [opéra de Théodore Dubois (1837-1924), représenté pour la première fois à l’Opéra-Comique en 1895] une place dont l’emploi n’était pas encore attribué et qu’elle m’autorisait à vous demander. Est-ce possible ? Répondez-moi sans détour, je vous en prie, car si c’était non, je m’en consolerais aisément. C’est une curiosité malsaine qui me pousse à aller entendre cette œuvre laïco-cléricale et c’est peut-être un service à me rendre que de m’en empêcher ! D’ailleurs, je viens bien tard et je ne fais cette démarche que pour me mettre en repos vis-à-vis de moi-même – car je suis certain que vous avez disposé de toutes vos places.

J’aspire à une minute de liberté qui me permette d’aller vous voir. Et je vous prie d’agréer, dear Mrs Bessand [Juliette Massenet], tous mes plus affectueux et respectueux souvenirs. »

***

Lettre autographe signée « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet, Toulon, 21 février [année non précisée], 4 p.

« Chère Madame,

Je serais très heureux si vous vouliez dire à Léon Bessand un petit mot en faveur d’un jeune homme, M. Raoul Chatelain, qui aspire vivement à être pris comme employé à La Belle Jardinière. Je sais qu’il s’est présenté au chef du personnel avec un mot de recommandation de M. Leblond, secrétaire de M. Gustave de Rothschild, mais on n’a pu, alors, que lui faire une promesse. Je pense que le temps est venu de s’en souvenir s’il est possible de la réaliser et si Bessand voulait bien être assez bon pour s’informer auprès du chef du personnel et le disposer en faveur de ce postulant méritoire et malheureux, je lui en serais très reconnaissant. Si je vous importune de cette requête, c’est que je suis sûr que passant par vous elle prendra plus de force, et je vous demande de m’excuser.

J’ai pensé à mon Maître [Jules Massenet] et à vous en voyant des champs d’oliviers ; je sais combien vous aimez ces robustes et petits témoins de l’éternel été.

Votre respectueux et affectionné. »

En post-scriptum : « On joue Manon [opéra de Jules Massenet créé en 1884] ce soir ici : j’irai ! »

***

Lettre autographe signée « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet, s.l.s.d., 2 p.

« Chère Madame,

Je crains de n’être pas à Paris le 20 ! J’attends d’un moment à l’autre une dépêche de Londres et une de Berlin. Permettez-moi de vous écrire un mot dans quelques jours. Mais si vous préférez, pour votre table à combiner, que je désiste dès à présent, dites-le moi sans vous gêner, en amie ; et si je suis encore à Paris, je viendrai vous demander une tasse de café. »

***

Billet autographe signé « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet (7, Place Hoche à Versailles), sur carte pneumatique, s.l.s.d., 2 p.

« Chère amie,

Il m’est arrivé la plus sotte aventure ; en recevant hier votre mot si aimable, je vous ai écrit pour vous en remercier chaudement et pour accepter votre gentille proposition ; et puis dans le trajet d’ici à la Place Hoche [Juliette Massenet réside alors 7, Place Hoche à Versailles], j’ai perdu ma lettre !! Je suis revenu un peu sur mes pas – mais sans succès – et j’avais un train à prendre !… Peut-être un passant l’aura—il portée ? Enfin, j’accepte avec reconnaissance – mais j’espère que vous et votre fils viendrez !!

Respectueusement.

Votre affectionné. »

***

Billet autographe signé « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet (159, avenue de Wagram à Paris), sur carte pneumatique à l’en-tête du « 9, rue Alfred de Vigny », s.l.s.d., [Paris, d’après le cachet de la poste], 2 p.

Lettre de remerciement suite à une lettre adressée probablement après la perte d’un proche.

« Chère amie,

Vous m’avez témoigné une sympathie touchante que je n’oublierai jamais !

Tristement vôtre. »

***

Billet autographe signé « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet (7, Place Hoche à Versailles), sur carte pneumatique [au verso sont inscrites des opérations comptables], s.l.s.d., 2 p.

« Chère amie,

Voilà que tout est chambardé ! Je suis convoqué pour le 17 à 2h au Conservatoire (examen et chant !). Je dînerai donc à Paris et irai chez les Duglé ensuite. Seulement si vous y venez, je vous demanderai de me ramener ici, car je ne crois pas, bien que l’examen continue mardi, coucher à Paris.

Que de complications ! »

Reynaldo Hahn évoque ici une de ces amies, Madame Duglé, née Angèle Aubé (1848-1929). Mme Duglé est la nièce de Charles Gounod et la petite-fille du compositeur Pierre-Joseph Zimmermann.

***

Carte postale signée « Reynaldo Hahn» à Juliette Massenet, s.l.s.d., 1 p.

« Merci, chère amie, je vais envoyer voir ces logis. Je sais que votre obligeance est toujours prête pour vos amis.

Bien affect[ueusement] vôtre. »


Intimate of Marcel Proust (1871-1922), composer and conductor of Venezuelan origin, Reynaldo Hahn was naturalized French in 1907. He was a pupil of Jules Massenet at the Paris Conservatory, where he entered in October 1885.

POULENC, Francis (1899-1963)

Autograph card signed “Francis” to his / her “dear cellist angel
N.d.n.p, 1 p. in-8

Poulenc does not hide his hatred for Shostakovich’s 1st Cello Concerto


« Merci, cher ange celliste pour tes vœux. Les miens, les plus tendres, sont pour toi bien sûr. Je t’ai merveilleusement entendu par radio à Genève. Tu étais au zénith de ta forme. Grâce à cela, j’ai pu écouter le concerto de Ch.[Shostakovich], musique que je déteste. Je n’ai pas entendu « mon » Jolivet [Le compositeur André Jolivet (1905-1974)] comme tu dis mais je crois que je préfère encore cela à cette plate mouture russe. Hélas je n’ai pas plus de génie que lui (pour le cello du moins). Je suis sage et vieillissant. Je t’adore et t’embrasse. Francis. »


French pianist and composer, Poulenc was close to the surrealist movement and one of the composers who formed the “group of six” in the early 1920s.

The back of the map depicts a view of a medieval Louvre from the “Très riches heures du duc de Berry” an illuminated manuscript kept at the Condé Museum in Chantilly.

Cellist Pierre Fournier, the recipient of this letter, gave a radio concert at Victoria Hall in Geneva on December 19, 1962. It was that evening that he was to play the 1st Cello Concerto of Shostakovich, apparently hated by Poulenc as evidenced by this letter.

MÉRIMÉE, Prosper (1803-1870)

Set of 2 autograph letters signed “Pr Mérimée” to Auguste Martin
[Paris, before 1848], 3 p. 1/2 in-8

Prosper Mérimée addresses the chief of staff of Adolphe Thiers (then President of the Council and Foreign Minister of King Louis-Philippe) for a passport to travel to Spain


Rue des beaux-arts, 10» [Paris], « 27 juin », 2 p.

« Aurez-vous la bonté de m’y faire inscrire avec la qualité de peintre. Si par hasard Mr. Balmaseda [général carliste] me prenait, il ne me ferait rien payer pour ma rançon, et il y a peu d’apparence qu’il me demandât son portrait. […]

Oserai-je vous demander encore un petit service, c’est d’envoyer vous-même le passeport à Mr. de Miraflores [diplomate et homme politique espagnol] en le prévenant que je ne suis nullement carliste. »

***

« Samedi matin» [avant 1848], 2p, fragment d’un cachet de cire rouge avec l’adresse du destinataire au verso.

« Mille remerciements pour votre passeport qui est excellent, bien que Mr. Thiers ne veuille pas m’accorder un titre que je mérite mieux qu’il ne pense»


Interesting set

INDY, Vincent d’ (1851-1931)

Set of 3 autograph letters signed, including 2 to Georges Hartmann
France, Belgium and Italy, between 1872 and 1900, 5 pages in-8 et in-12

Interesting set of 3 autograph letters signed including his compositions and The Magic Flute


Lettre autographe signée « Vincent d’Indy» à « Mon cher Monsieur Hartmann », [Vernoux (Ardèche)], 30 juillet 1872, sur papier de deuil, 2 p. in-8

Vincent d’Indy demande à Georges Hartmann les trois partitions – piano et chant – suivantes : Orphée de Gluck, La flûte enchantée et Joseph de Méhul, l’ensemble provenant de la collection Litolff.

Il termine sa lettre en le priant de saluer de sa part « [Jules] Massenet quand vous le verrez ».

***

Lettre autographe signée « V. d’Indy» à « Mon cher ami » [Georges Hartmann ?], Florence, 21 janvier 1894, 1 p. in-8

Il s’excuse de ne pouvoir honorer un rendez-vous demandé par son interlocuteur car il est « établi en Italie pour tout l’hiver afin de pouvoir travailler tranquille, ce que je ne puis faire à Paris ».

***

Carte autographe signée « V. d’Indy» à « Mon cher Hartmann » [Georges Hartmann], s.l. [Belgique], « jeudi » [entre 1897 et 1900], 2 p. in-12

Vincent d’Indy remercie Georges Hartmann suite à l’article qu’il a publié dans l’Illustration sur son opéra « Fervaal », (crée en 1897) : « Comme il est dans une note détonante avec bien d’autres critiques, il ne m’en a que plus frappé et je vous en suis vraiment reconnaissant. »

Il évoque ensuite le concerto qu’il finalise : « Je suis au milieu du final et pense pouvoir vous le remettre d’ici à 8 jours au plus. Mais je me souviens maintenant qu’il y a dans le final une non-conformité entre les parties et la partition. Tout cela, ainsi que les fautes, était signalé, si je ne me trompe, sur la partition (…) que vous devez avoir avec les parties d’orchestre. C’est là-dessus qu’il faudra vérifier pour la gravure (je m’en charge). »

Il lui annonce enfin sa venue la semaine suivante « à mon retour de Belgique ».


French composer and conductor, d’Indy was a pupil of César Franck at the Paris Conservatory. Wanting to revive the teaching of sacred music, he created the Schola Cantorum in Paris, thus working to renew the movement.

FAURÉ, Gabriel (1845-1924)

Autograph letter signed “Gabriel Fauré” to a lady
N.d.n.p, 1 page in-8 with letterhead 154 Blvd Malesherbes

Fauré gives an appointment to a lady student for a music lesson


« Le cours aura lieu cette année à la salle Aeolian, 32 avenue de l’opéra, mais le jour et l’heure restent les mêmes et notre première séance est fixée au lundi 17 novembre.  Je serai très heureux de présenter ce jour-là, Mademoiselle votre fille à Mme [Gabrielle] Krauss. Gabriel Fauré »


French pianist, organist and composer Gabriel Fauré was largest with Camille Saint-Saëns and Gustave Lefèvre. In 1896, he succeeded Jules Massenet as professor of composition at the Paris Conservatory.

Gabrielle Krauss (1842-1906) is an Austrian lyric artist. She has created major roles in operas by Anton Rubinstein, Charles Gounod, Gabriel Fauré, among others.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed « Victor Hugo » to Jules Janin
S.l., 10 November 1871, 1 p. in-8, mourning paper

Very nice letter of congratulations from the great man addressed to his friend Jules Janin following the reception of the latter at the French Academy on November 9, 1871


« Je n’étais pas hier à l’Institut, j’y étais pourtant ; ma présence publique vous était inutile ; mais vous savez bien que mon cœur et mon esprit étaient là où l’on vous applaudissait. Je suis fier d’être nommé dans votre noble et beau discours ; vous appartenez à la grande académie historique, composée des seuls noms qui surnagent, très diverse, une pourtant ; vous êtes dans cette légion d’esprits une lumière. Il y a en vous quelque chose d’Horace et quelque chose de Diderot ; on vous écoute comme le premier et l’on vous aime comme le second. Je suis à vous de tout mon cœur. Victor Hugo »


Victor Hugo, himself elected to the French Academy in 1841, congratulates the writer and critic Jules Janin (1804-1874) the day after he received at the Institute on November 9, 1871, in the place left vacant by the death of Sainte-Beuve. Victor Hugo says he is “proud to be named in your noble and beautiful [reception] speech.” Jules Janin quotes the man he describes as “Jupiter tossing” twice.

Lorsque Victor Hugo évoque Horace et Diderot, il fait certainement écho à une phrase du discours de réception prononcé le même jour par le dramaturge Camille Doucet (1812-1895), en réponse à celui de Jules Janin. Camille Doucet déclare en effet : « Ami d’Horace et de Diderot, vous deviez nécessairement être un jour le continuateur de l’un et le traducteur de l’autre. »

ARTOIS, Comte de Chambord, Henri d’ (1820-1883)

Two autograph letters signed “Henri” to Alexandre de Monti de Rezé
Frohsdorf, 1873, 4 p. in-8, with envelope

Two important letters relating to the organization of the legitimist party in the context of the presidential elections of 1873


Lettre autographe signé « Henri» à Alexandre de Monti de Rezé (1814-1896), Frohsdorf, 29 mars 1873, 2p.

« Je vous charge, mon cher Monti, de réunir le plus tôt possible nos amis du département des Deux-Sèvres pour l’organisation d’un comité que réclame la gravité des évènements. Vous connaissez trop bien mes intentions pour que j’aie besoin de vous donner des instructions détaillées. Je suis certain d’ailleurs que vous trouverez dans le dévouement de tous un puissant auxiliaire pour la mission que je vous confie. Dites-leur bien que je compte sur eux comme ils peuvent compter sur moi. Je vous renouvelle l’assurance de ma constante affection. Henri »

Lettre autographe signé « Henri» à Alexandre de Monti de Rezé (1814-1896), Frohsdorf, 17 juin 1873, 2 p., enveloppe jointe avec cachet de cire rouge aux armes du comte de Chambord.

« J’ai lu, mon cher Monti, votre intéressant rapport, et je veux vous en remercier moi-même. Votre frère [Edouard de Monti de Rezé (1808-1877), aide de camp du comte de Chambord] vous dira mes intentions, comme il vous a déjà fait connaître mon approbation sur l’organisation de la Loire-Inférieure, et les choix sanctionnés par moi. Je suis bien certain que tous nos amis et que Lareinty [Henri Baillardel de Lareinty (1824-1901), monarchiste légitimiste, sénateur et président du conseil général de la Loire-Atlantique en 1876], dont l’énergie et le dévouement me sont particulièrement connus, m’aideront à sauver notre malheureux pays, quand le moment sera venu. Je suis content de René [de Monti de Rezé (1848-1934), fils du destinataire de la lettre], et je sais gré à Madame de Monti et à vous de me l’avoir donné. Comptez sur ma gratitude, et sur mon entière affection. Henri”


On 24 May 1873, the Marshal of Mac-Mahon was elected President of the Republic almost unanimously. The monarchist majority that emerged from the legislative elections of 1871 and the legitimist sympathies of the new head of state seem to herald the future restoration of the monarchy in France. Nevertheless, the intransigence of the Count of Chambord regarding the restoration of the white flag put an end to these hopes as early as the end of 1873.

DELACROIX, Eugène (1798-1863)

Autograph letter signed « Eug. Delacroix » to a lady
N.p, “le 23”, 1 p. in-8

Nice letter from the painter quoting one of his famous mistresses, Josephine Forget


« Je vous en ai bien voulu malgré toute votre bonté, Madame, de n’avoir pas voulu que je vous visse hier un moment pour vous remercier. J’allais écrire à Mad. de Forget parce que je voulais lui parler de l’opinion de mon docteur. Je lui ai écrit effectivement hier et elle a ma lettre à présent. Je suis bien enchanté que vous alliez lui tenir compagnie. Cela vous fera aussi une agréable distraction, d’autant plus que le temps s’annonce très bien. Dites-lui mille choses pour moi et recevez, Madame, mille assurances de mon respectueux dévouement »


Eugene Delacroix refers here to his cousin, Josephine de Lavalette, Baroness de Forget (1802-1886), great-niece and goddaughter of Empress Josephine. In the mid-1830s, Madame de Forget was delacroix’s mistress, who nicknamed her “Consuelo” (Consolation). A strong friendship then united them until the artist’s death in 1863.

[PRINCE IMPERIAL] BASSANO, Napoléon Maret, duc de (1803-1898)

Autograph letter signed « Duc de Bassano » to Maréchal de Mac-Mahon
Camden Place Chislehurst, 30th July 1879, mourning paper, 1 p. in-4

Responding to the condolences sent to Empress Eugenie by Marshal Mac-Mahon and his wife on the death of the Imperial Prince
Letter written on behalf of Empress Eugenie to the man who was shortly before President of the French Republic


« Sa Majesté l’Impératrice a été sensible à la part que vous et Madame la Maréchale avez prise à l’immense malheur qui a si cruellement frappé son cœur.

Elle vous remercie des témoignages de votre sympathie et de l’expression de vos vifs regrets d’avoir été empêché de venir rendre les derniers hommages à Son Altesse Impériale Monseigneur le Prince Impérial en souvenir des hautes faveurs que l’Empereur vous a accordées et dont vous aimez à conserver la mémoire [Napoléon III avait en effet décerné à Patrice de Mac-Mahon les titres de duc de Magenta et de Maréchal de France].

L’Impératrice daigne me charger d’être son interprète auprès de votre excellence.

Veuillez, Monsieur le Maréchal, agréer l’assurance de ma haute considération. »


Emotional testimony

[SECOND EMPIRE / EUGENIE / BACCIOCHI] Marchal de Calvi (1815-1873)

Set of 3 documents regarding the last days of Comte Félix Bacciochi
1866, Palais des tuileries and Biarritz, 2 ALS of Marcal de Calvi and 1 telegraph dispatchde from Impératrice Eugénie, 1 p. in-4
Some slight tear on top margin of the telegraph, without affecting the text

Three documents relating to the last days of Count Félix Bacciochi, who died in Paris on September 23, 1866


MARCHAL DE CALVI, Charles-Jacob (1815-1873), médecin du comte Bacciochi.

Lettre autographe signée « Marchal de Calvi » à un « cher ami », Palais des Tuileries, 6 septembre 1866, sur papier en-tête de la Maison de l’Empereur, Service du Premier Chambellan

Le docteur Marchal de Calvi, médecin au chevet du comte Bacciochi, donne des nouvelles pessimistes de l’état de santé de son patient : « Quiconque ne voit le comte que pendant dix minutes ne peut avoir l’idée de ses souffrances ».

MARCHAL DE CALVI, Charles-Jacob (1815-1873), médecin du comte Bacciochi.

Lettre autographe signée « Marchal de Calvi » à un « cher ami »,
Palais des Tuileries, 7 septembre 1866, sur papier en-tête du Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, Surintendance générale des Théâtres

Le docteur Marchal de Calvi poursuit sa correspondance de la veille, et relève un mieux relatif dans les souffrances endurées par « notre cher malade » dans le but de rassurer le destinataire de la lettre.

MONTIJO, Eugénie de (1826-1920), épouse de Napoléon III, impératrice des Français.

Dépêche télégraphique de l’impératrice Eugénie à Antoine Bertora (1831-1906), secrétaire du service des chambellans de l’Empereur Napoléon III, Biarritz, 20 septembre 1866 [et non 1867 comme indiqué sur le document], en-tête du « Ministère de l’Intérieur, Direction générale des lignes télégraphiques, Cabinet des dépêches »

Affectueux message de l’impératrice Eugénie quelques jours avant le décès du comte Félix Bacciochi, premier chambellan de l’Empereur Napoléon III.

« Si le comte Bacciochi a encore sa tête, dites-lui que je pense bien à lui en ce moment et que je lui serre la main. »


Count Felix BACCIOCHI (1803-1866) is the nephew of Prince Felix Bacciochi (husband of Elisa Bonaparte, sister of Napoleon I), the first chamberlain of Emperor Napoleon III

PUCCINI, Giacomo (1958-1924)

Autograph card signed “da me” [from me] to his sister Ramelde Franceschini
[Milan, c. 19 June 1904], 1 p. in-8 oblong
Tiny missing bit on lower left margin, some small ink stains due to post stampings

Charming card from Puccini to his sister


This card is sent to his sister Ramelde Franceschini, Puccini says that he is not able to help her for what she needs.
He is going to Acqui Terme, a spa town close to Alessandria (Piemonte), where he will stay about ten days, and then he will go back home.
He signs “from me and Elvira”

“Cara Ramelde
Io non saprei a chi rivolgermi per quello che mi scrivi! proprio nessuno. anche quando si trattò di me non potei far nulla. Se avete l’abbozzo di F.M. sperate lì e pensate ancora. Parto oggi per Acqui [Terme] pensaci nel cuore. Per la fine o meglio per il I° luglio a Torre [del Lago]. Fa un caldo atroce. Saluti a tutti da me e da Elvira


In 1904, his opera Madame Butterfly was greeted by a scathing fiasco at the premiere in Scala, Milan. In particular, during the scene hen birdsong could be heard, the audience scoffed and heard shouts of a backyard of all kinds. This did not prevent it from becoming, three months later, another of his great successes, after a drastic revision.

MONTIJO, impératrice Eugénie de (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Jeanne de Pierres
Florence, 19 January [1877], 4 p. in-8, envelope attached

Tender letter by Empress Eugenie to the daughter of her former palace lady


« Ma chère Jeanne, votre lettre nous cause un véritable plaisir, car je vois que votre avenir est épuré et q[ue] toutes les chances de bonheur sont réunies, je n’ai pas besoin de vous dire, ma chère enfant, combien je me réjouis de vous voir entrer dans une famille dont je connais tant de membres et qui vous rapproche encore par les liens de la parenté de Marie d’Haogwroth q[ue] vous aimez tendrement depuis votre enfance.
L’espoir q[ue] vous nous donnez de venir en Angleterre nous fait bien plaisir et nous espérons q[ue] vous viendrez tous deux à Camden, j’ai des droits presque de mère et c’est ce qui me fait vous offrir une hospitalité qui est loin d’être une discussion. Mon fils me charge tout particulièrement de vous dire qu’il prend part à votre bonheur comme il a pris part à vos chagrins Mes vœux les plus tendres et croyez, chère Jeanne, à tous mes sentiments affectueux.
Eugénie
Mille choses au d’Haogwroth car je vois par votre lettre que vous êtes chez eux »


Jeanne de Pierre is the daughter of Jane Thorn, Baroness de Pierres (1821-1873), former lady of the Palace of Empress Eugenie de Montijo.
Following the sudden death of Jane Thorn in 1873, the Empress, closely related to her, had developed a great affection for her daughter Jeanne, concerned for her well-being and future.

JACOB, Max (1876-1944)

Autograph letter signed “Max” to Maurice Morel
St Benoît sur Loire, 23 September [19]43, 1 p. in-4, envelope attached
Usual fold marks, some tiny tears on folds

Pious letter from Max Jacob to his friend, Father Maurel


“Monsieur l’abbé, très cher ami,
Nous croyons aux miracles, vous et moi. Nous les appelons de toute notre foi. Le Seigneur vous connaît et vous aime. Il aime aussi votre vénéré père qui ne peut être digne d’avoir un pareil fils. L’histoire de l’église et de l’harpographie nous en rapportent de de plus incapables et combien d’autres miracles que ceux là ne sont pas connus !! Espérons donc ! Il n’y a pas de folie dans l’espoir. Nous ne sommes pas comme cette dame, pieuse catholique, qui me disait : “Je ne crois pas aux miracles !” Que venait-elle faire à la messe qui est un miracle quotidien ? Nous croyons aux miracles – aux miracles quotidiens de la messe. Nous croyons à la force prodigieuse de la prière, à la foi qui transporte les montagnes. Dieu dira quelque chose à celui qui a donné une prière ! Je n’ose aujourd’hui vous parler d’autre chose que la santé de votre pauvre père et me dit uni à vous dans la prière.
Votre ami Max”


In 1921, on the advice of his friend Abbé Weill, Max Jacob went into exile in Saint-Benoît-sur-Loire, where he was accommodated in the presbytery by Abbé Albert Fleureau and then in the disused monastery. He relieves himself of many manuscripts, no less than 8 poetic collections are published in a few months.

Maurice Morel (1908-1991), known as Father Morel, was a French priest and painter. He met Max Jacob during his second stay in Saint-Benoît-sur-Loire in 1937.
Five months after this letter, Max Jacob was arrested by the German police on February 24, 1944 and died at the Drancy camp on March 5, 1944.

ARAGON, Louis (1897-1982)

Autograph letter signed “Louis” to André Rousseaux
N.p, 24th July [1943], 1 page in-8

Rich letter by Louis Aragon for a literary article project, evoking his wife Elsa Triolet, Roger Martin du Gard and the timeless collection of Paul Eluard’s Poésie et Vérité


“Cher ami, j’ai été très heureux d’avoir de vos nouvelles directes. Et aussi que vous ayez accepté la proposition de ma femme [Elsa Triolet]. Au fait depuis qu’elle vous a vu, le père des Thibault [Roger Martin du Gard] a accepté aussi d’être des nôtres. Dites-le à mon vieil ami Paul [Eluard], puisque vous verrez certainement l’auteur de “Poésie et Vérité” pendant votre voyage, il en sera sûrement très content. Il vous expliquera mieux que moi ce que je devais vous demander si vous ne partiez pas (on m’en avait prié juste au retour de ma femme). Il s’agit d’écrire un éloge de notre grand maître de l’université (neuf pages environs) : personne ne la ferait mieux que vous certainement, surtout si [vous] l’écrivez tout à votre aise, sans considération autre que votre sentiment. C’est pour un keepsake de portraits de nos meilleurs écrivains, de M. des Lourdines à Bardamu. Il faudrait que cela soit fait pour le 30 juillet. Mais comme de toute façon vous n’entreprendrez rien avant votre départ, allez tout de suite voir Paul en arrivant, il vous parlera de cela. Faites-lui mes amitiés.
Mes respectueux hommages à Mme Rousseaux et comme toujours faites ma cour à Catherine.
Amicalement à vous
Louis”


During the war, engaged in the Resistance, Paul Eluard participated in the great movement that led to French poetry, and the poem Liberté opened the collection Poésie et Vérité published in 1942. The year in which, like Aragon, he joined the Communist Party, inseparable from the fight against fascism.
The texts that make up this collection are all poems of struggle. They must enter into the memory of the combatants and support the hope of victory: as was done for weapons and ammunition, the poem Liberty was, at the time, parachuted into the scrub.

Monsieur des Lourdines is a novel by Alphonse de Châteaubriant published in 1911 by Grasset. He was awarded the Goncourt Prize in the same year.

Ferdinand Bardamu is a character imagined by Louis-Ferdinand Céline, hero of his two best-known books, Journey to the End of the Night and Death on Credit, as well as Guignol’s Band, The London Bridge and The Church.

[POUGY] Tonia Navar (1886-1959)

Set of 7 letters addressed to Liane de Pougy
Various formats [circa 1930’s], 16 pages

Unpublished correspondence by Tonia Navar addressed to her close friend Liane de Pougy


“Je n’ai rien de particulier à vous dire… seulement ceci; que je vous trouve adorable non seulement belle, mais bonne et indulgente encourageante pour tout ceux qui luttent et veulent faire quelque chose de beau […]”

***

“Comme je suis contente de vous sentir calme […] Vous n’allez pas rester l’hiver à Roscoff ?”

***

“Je suis peinée que vous pensiez toujours que je dis du mal de vous – je ne pense que du bien et je n’ai aucune raison pour dire le contraire. La personne qui vous répète cela avait un intérêt personnel à vous faire fâcher […] Je vous en supplie ne pensez plus cela.
[…]
Inclus les deux places pour mardi soir [probablement pour une représentation théâtrale de Tonia Navar]”

***

“Ma pièce L’Amour en coulisses va être crée en octobre ou novembre enfin à la rentrée […] Notre joie et l’attrait au spectacle de voir votre beauté toujours si éclatante […] Il y aura autour de vous tout un essaim de femmes charmantes […] Je vous vois belle, longue, faisant une entrée sensationnelle […]”

***

“Ecrivez-moi, ne pleurez pas, priez. Songez à toutes les femmes qui sont abandonnées même à 30 ans […] Vous êtes belle […]


Tonia Navar is an actress and member of the Comédie Française. She forged a very strong relationship with Liane de Pougy and many other pre-war personalities.

[CHAGALL, Marc] Valentina Chagall (1887-1985)

Autograph greeting card signed “V. Chagall
1970, 1 p. in-12, original lithograph
Previous mounting marks on 4th page

Beautiful greeting card decorated with an original lithograph, written and signed, in the name of the Chagall couple, by Vava Chagall, the painter’s last wife


[Bonne année] 1970 de nous deux et merci pour vos vœux,
V. Chagall”


These greeting cards were printed between 200 and 350 copies

GENEVOIX, Maurice (1890-1980)

Autograph quote signed “Maurice Genevoix”
N.d.n.p,
1/2 p. in-4

Nice autograph quote signed by Maurice Genevoix from his novel Au cadran de mon clocher


“Je ne veux pas, je ne peux pas me résigner à croire qu’en cet été de 1914, dans la lumière du jour radieux où le clocher de mon enfance tremblait aux battements du tocsin, une civilisation mourrait toute, basculait d’un bloc et sombrait, s’abîmant corps et biens, corps et âme, dans un brusque et sanglant remous, effacé de dessous le ciel et dorénavant abolie comme si elle n’eût jamais été.
Ni la vie, ni la mort même n’ont jamais cette rigueur absolue. Fussent-elles mortelles, les civilisations ne meurent pas si vite, si elles ne meurent pas tout entières. Bien sûr, je sais que l’histoire s’accélère, qu’elle nous emporte irrésistiblement. Mais il est bon, dans ce branle haletant, de se retourner un moment, de reconnaître aussi notre image dans un monde qui a été le nôtre, au fond d’un temps que nous avons vécu et ou la vie nous a “chanté””


Au cadran de mon clocher is a novel by Maurice Genevoix published by Plon in 1960. The author wanted to evoke life in the old days, that of the pre-war period. After moving to Châteauneuf-sur-Loire to take over a family business, his parents set up a grocery store and a haberdashery. Genevoix Geneva will draw from this period, among others, most of his memories evoked in Au cadran de mon clocher. He will hold it to be a privilege to have spent his childhood in a rural town before 1914.

[POUGY] Harry Baur (1880-1943)

Set of letters addressed to Liane de Pougy
Paris / Brussels, various formats, 1931-1939, 7 pages and 1 telegram

Harry Baur : 2 typed letters signed to Liane de Pougy, 2 p. in-4
Rika Radifé (Harry Baur’s wife) : 2 autograph postcards signed, 1 autograph letter signed and 1 telegram 3 p. in-4 and 2 p. in-8

Poignant letter by Harry Baur to his friend and confidante Liane de Pougy


“Ma chère Liane,
Tes lettres m’ont fait tout le bien que tu en espérais et j’au eu quelque repos de me savoir moins seul dans mon chagrin.
J’essaie de suivre tous les conseils de courage que l’on me donne hélas ! Il est indépendant de ma volonté de ne pas sentir tout ce qu’il y a de désespérant dans la fin de ma vie.
[…]
Tu pries, dis-tu ? Ni plus ni moins que moi. Je prie même par habitudes et j’espère, par coutume. Je me demande à quelle foi il faut se rapprocher.
Pour moi, pleurer, tâcher d’envisager la vie autrement qu’avec des déceptions consentent à des efforts sans nom.
Tu t’es isolée pour penser à toi, pour rentrer en toi-même. Regarde de quels souvenirs nous sommes habités dès que nous essayons d’oublier ! Nous sommes si peu dans les autres ! Nous sommes un composite de tout ce que nous aimons, de tout ce que nous pourrions aimer, de ce que nous haïssons et de ce qui nous indiffère. Le travail myope qui consiste à se pencher sur soit et à regarder de près son âme nous fait voir tant de choses inconnues […]
Voilà ma pauvre Liane les consolations que j’essaie de me donner […] Il me faut travailler dans mon grand chagrin, n’ayant pour moi les lettres gentilles qui veulent me consoler, les amitiés qui veulent m’aider […]
T’embrasse et à bientôt
Harry Baur”


Harry Baur is a French comedian, considered one of the greatest of the first half of the twentieth century. He has distinguished himself in Les Misérables.

Rika Radifé (1902-1983) is a French actress. From 1953 to 1980, she directed the Mathurins Theatre in Paris. For the rest of her life, she worked to keep the memory of her husband Harry Baur alive.

Anne-Marie Chassaigne, known as Liane de Pougy, wife of Armand Pourpe and then, by her second marriage, Princess Ghika, is a French dancer and courtesan of the Belle Époque, then a nun, born in La Flèche on July 2, 1869 and died in Lausanne on December 26, 1950

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed “Jean Cocteau” to Louis Bonalumi
St Jean Cap-Ferrat, 29th May 1954, 1 p. in-4, autograph envelope attached
Usual fold marks

Nice letter by Jean Cocteau about his collaboration with Louis Aragon for the Dresden Museum


“Mon cher Louis,
J’aimerais des nouvelles de nos “Discours” et je te signale pour la liste des livres illustrés par moi “La Course des Rois” de Thierry Maulnier un de mes très beaux livres illustrés qu’on oublie toujours dans la bibliographie.
Penser aussi dans la liste des œuvres du musée de Dresde Dialogues avec Aragon.
Je serai à Paris le 1er juin ou le 2.
Mais j’aimerais avoir les épreuves ici.
A toi
Jean Cocteau *”


La Course des Rois is a 1947 book by Thierry Valmont. It was illustrated by 8 drawings by Jean Cocteau

In the spring of 1955, the U.S.S.R. decided to return to the R.D.A. paintings belonging to the Dresden Museum, taken away by the Soviet army at the time of the bombing of the city in February 1945 by the American army. The event motivated the organization of an exhibition of the paintings, first in Moscow and then in Berlin. Aragon, asked to write the catalogue of the exhibition in the spirit of socialist realism as he redefined it at the 13th Congress of P.C.F. in June 1954, proposes to Cocteau to do interviews on the paintings on display, from photographs taken in Berlin by Roger Pic and plates seen with a magic lantern.

Cocteau is probably anticipating here an Italian translation of the aforementioned works

PICABIA, Francis (1879-1953)

Autograph letter signed “Francis Picabia” to a gentleman
Paris, 27th November 1938, 1 p. in-4
Thin paper, binder folder holes on left margin, tiny tear on right hand margin, usual fold marks

Picabia declines to exhibit his works in a gallery


“Cher Monsieur,
Je m’empresse de vous écrire pour que cela ne dérange pas vos affaires et expositions [parce] qu’il m’est impossible d’exposer chez vous comme nous espérions le faire – mon ami G. Sorel en me parlant de la galerie Charpentier pensait que vous étiez marchand de tableaux et c’est ce qui m’avait poussé à aller vous voir – je m’excuse du dérangement que cela vous a causé, mais croyez bien que pour ma part je suis heureux d’avoir fait votre connaissance – j’espère que vous ne m’en voudrez pas, et maintenant que je connais le chemin de la galerie cela sera pour moi un grand de vous d’aller vous voir.
Très sympathiquement à vous
Francis Picabia”


At the end of the 1930s Francis Picabia emerged from a great diversity in his works: naturalistic, figurative paintings; new overlays in dominant green tones; landscapes that recall his impressionist and tawny period; forays into geometric abstraction, and finally a tribute to the Spanish War with the powerful painting, “The Spanish Revolution” of 1937.

The Charpentier Gallery is a former art gallery in Paris at 76 rue du Faubourg-Saint-Honoré.

MARTIN DU GARD, Roger (1881-1958)

Autograph letter signed “Roger Martin du Gard” to a friend
Nice, 21st Nov[ember] [19]36, 3 p. in-8

Long letter by Roger Martin du Gard who is trying to overcome legal setbacks with against his architect for his property château du Tertre


“Cher ami,
J’ai une bien grande chance dans mon malheur : c’est de vous avoir !
Votre lettre m’apporte un immense soulagement. Je n’ai, en effet, ici, aucun dossier des travaux du tertre [château du Tertre], rien qui me permette de donner à mon avocat des précisions indispensables. Tout est sauvé s’il peut entrer en rapports avec vous, et trouver auprès de vous tout ce que je ne puis, à distance, lui donner : sans compter une compétence et des avis qui lui seront précieux pour mener cette affaire vite et bien.
Je lui ai aussitôt écrit longuement, en le priant de vous fixer un rendez-vous et en lui disant qu’il pouvait s’en rapporter à vous comme à moi-même.
Je n’ai pas voulu vous déranger pour cette affaire un ami de mon père, le vieux bâtonnier Albert Salle, qui est un des grands pontifes du Palais. Je me suis adressé à un ami de mon âge, Me Levacon, 28 rue Scheffer, membre du Conseil de l’Ordre, qui a déjà une grande autorité au Palais, et qui est non seulement un de mes amis, mais le successeur de mon beau-père, dont il a hérité toutes les affaires ; c’est vous dire qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour nous rendre service et nous faire gagner ce procès. C’est un homme extrêmement énergique et droit, qui étudie à fond ses affaires, et dont le succès au Palais est entièrement dû à sa valeur personnelle et à sa haute conscience. Avec lui, avec vous, je crois que nous sommes en bonnes mains !
Ce que je vous demande, c’est de le presser, car vous êtes mieux que lui capable de comprendre l’urgence qu’il y aurait à pouvoir commencer le plus tôt possible les travaux, et le danger qu’il y a à ce qu’un nouvel hiver passe sur nos pauvres terrasses.
Encore merci de votre aide si amicale. Et de tout cœur !
Votre Roger Martin du Gard”


It was in 1906 that Roger Martin du Gard discovered this property belonging to his future in-laws. Seduced by their daughter and the house, he made many stays there and lived there from 1925 to 1940. This property captivated him to the point that he described it in The Lieutenant-Colonel of Maumort (Gallimard, 2008), his last unfinished novel. There he received many personalities such as André Gide, André Malraux, Albert Camus and many others related to the creation of the NRF and the publisher Gallimard.

CHAVANNES, Pierre Puvis de (1824-1898)

Autograph letter signed “P. Puvis” to Edouard Dubufe
Paris, 1890, 1/2 p. in-12

Pneumatic card by Chavannes to Dubufe about an assembly


“Mon cher Dubufe,
Savez-vous qui a communiqué aux journaux le compte rendu de l’assemblée générale ?
Amitiés, P. Puvis”


Puvis de Chavannes is probably referring to the meeting of the National Society of Fine Arts, founded with Meissonier and Rodin

CHAVANNES, Pierre Puvis de (1824-1898)

Autograph letter signed “P. Puvis” to Hippolyte DURAND-TAHIER,
Paris, 6 February 1896, 1 p. in-12

Letter by Chavannes about the Berlin exhibition


“Mon cher ami,
Vous seriez bien aimable de venir me voir demain matin. Il est urgent que je vous parle au sujet de Berlin qui continu de m’assaillir quand je croyais que tout était réglé et terminé.
Amitiés, P.  Puvis”


From 1890, Puvis de Chavannes created with Meissonier and Rodin the foundation of the National Society of Fine Arts. He later refused to exhibit in Berlin.

Hippolyte DURAND-TAHIER (1864-1899) is a French painter. He actively studied painting under the pseudonym “Paul FROMENT” and exhibited his works at the National Society of Fine Arts exhibitions from 1897. On February 7, 1899, he died prematurely from surgery at the age of thirty-five.

BERLIOZ, Hector (1803-1869)

Autograph letter signed “Hector Berlioz” to his brother in law Camille Pal
N.p, 13th July 1860, 2 p. 1/2 in-8
Few pinholes without affecting the text, usual period fold marks

Beautiful letter from Berlioz on the preparations of Les Troyens


“Mon cher Camille
J’ai reçu les cinq cents francs que vous m’envoyez de la part de mon fermier du Jacques. Merci de votre constante exactitude. Voilà mes nouvelles : Louis vient de subir avec succès ses examens, il est reçu Capitaine au long cours. Il cherche maintenant un navire qu’il trouvera sans doute à Marseille.
Je souffre de jour en jour davantage de ma névralgie, il y a des heures de douleurs à peu près intolérables. Combien cela va-t-il durer encore ? En tout cas, j’ai mis toutes mes affaires musicales et autres dans un ordre parfait. Je vais encore à Bade pour y diriger le festival ; et je prendrai les eaux de Luxeuil auparavant.
Pour les Troyens, ils attendent que leur salle soit construite ; on y travaille sur la place du Chatelet. Ce théâtre sera achevé dans un an. On commencera les études de ma partition au mois de Janvier prochain, on les suspendra au mois de mai pour les reprendre et les terminer au commencement de la saison suivante du Th. Lyrique c’est-à-dire de septembre à novembre 1861. Et si dieu nous prête encore quelques mois de vie, nous mettrons à flot ce grand navire.
Adieu mon cher Camille
Mille amitiés dévouées. L’heureux résultat des études de Louis m’ôte un grave sujet d’inquiétudes.
J’en ai assez d’autres.
Tout à vous
Hector Berlioz”


Pinnacle of the operatic repertoire, the five-act opera Les Troyens is the largest and most ambitious of all Hector Berlioz’s creations. The culmination of his creative abilities and the convergence of all the major influences, literary as well as musical, that formed his artistic personality. Of all his great works he was also the one which took the longest time to mature.

Inspired by Virgil’s Aeneid, Les Troyens was given for the first time, mutilated in many ways — the first two acts deleted, various pieces also cut, all being presented under the title Les Troyens à Carthage — on November 4, 1863 at the Théâtre lyrique in Paris (now Théâtre de la Ville Place du Châtelet). The first complete of Les Troyens in a single evening was not given until February 6, 1920, at the Théâtre des Arts in Rouen.

Born in 1834, Louis Berlioz made a career as a sailor: a novice at sixteen on a three-masted ship, he moved to the National Navy, then to the Maritime Messengers and the Transatlantic General Company. By the time he was thirty, he had become a great captain. His untimely death in Havana in 1867 from yellow fever interrupted a career that had become brilliant; Being the son of a great composer like Hector Berlioz was not easy. Louis suffered from the separation of his parents, the absence of his father and the harshness of his career.

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph name card signed “GL” to Michel Alexandre Gaston Tournier
N.d.n.p, 1 p. in-24

Charming card of the ‘Tigre” expressing his wishes


“Avec mes meilleurs vœux et mes remerciements pour votre bon souvenir, GC”

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph letter signed “GClemenceau” to Michel Alexandre Gaston Tournier
Paris, 20th December [18]99, 1 p. 1/4 in-8
Tiny spots, usual fold mark

Clemenceau announces that he is leaving the newspaper L’Aurore, a leading figure in Dreyfusism, and of which he was the editor-in-chief


“Mon cher Colonel,
Ma décision a dû vous surprendre moins qu’un autre puisque nous avions déjà échangé des pensées sur la question qui m’a mis dans l’obligation de partir. Je ne désire rien tant, comme vous le pensez bien que de reprendre le bon combat. Encore faut-il que j’en trouve le moyen. Ce sera une joie pour moi si vous venez aux sapeurs-pompiers de Paris. Je vous envoie, en atendant, ma plus cordiale poignée de mains.
GClemenceau”


Clemenceau joined the newspaper L’Aurore as editor in October 1897 and wrote nearly 700 articles relentlessly in the defense of Alfred Dreyfus. Although he was not initially convinced of Captain Dreyfus’s innocence, he gradually entered the Affair until Esterhazy’s acquittal on 11 January 1898. Two days later is published the famous J’Accuse…! by Emile Zola, of which the title was suggested by Clemenceau.

MONTIJO, impératrice Eugénie de (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » ato Jeanne de Pierres
Farnborough Hill, 16 July [18]96, 2 p. in-8 on mourning paper, envelope attached

Letter of condolence from Empress Eugenie to Jeanne de Pierres for the loss of one of her relatives


« Ma chère Jeanne, j’apprends avec peine le nouveau malheur qui vient encore vous attrister, je prends part à votre chagrin et je tiens à vous assurer l’expression de ma sympathie affectueuse. Eugénie
J’ai trouvé ici à mon retour votre lettre ce qui vous explique le retard dans ma réponse »


Jeanne de Pierre is the daughter of Jane Thorne, Baroness de Pierres (1821-1873), former lady of the Palace of Empress Eugenie de Montijo.
Following the sudden death of Jane Thorne in 1873, the Empress, closely related to her, had developed a great affection for her daughter Jeanne, concerned for her well-being and future.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Original photograph of Paul Verlaine by Paul Marsan, known as Dornac
Period albumen print, mounted on thick cardboard (140 x 190 mm) legended “Nos Contemporains chez eux” in the photographer’s credit “Dornac & Cie, 10 rue Adam Mickiewicz”
[Café François 1er, boulevard St Michel, Paris, 28th May 1892], 135 x 180 mm
Slight fold on lower left margin of the cardboard, tiny chip on lower margin of the photograph, otherwise very good original condition

Timeless portrait of Verlaine, sitting on a bench at café François 1er, in front of a large glass of absinthe


The poet’s eyes are a little murky; on the table, next to the glass lie a few sheets of paper, an inkwell, his cane and his hat.

This photograph immortalizes Verlaine in one of the cafés boulevard Saint-Michel where he had his habits and received writers, friends…

By the late 1880s, Dornac had undertaken a series of portraits of the celebrities of his time entitled Nos contemporains chez eux.
Verlaine’s photography portrait at the Café François 1er took place on May 28, 1892. The photographer made three of the poet seated in the same establishment. This photograph is akin to the one depicting the poet at another place in the bench, with a glass of wine in front of him instead of a glass of absinthe.

 

[VERLAINE] WEGENER, Otto (1849-1924)

Original photograph of Paul Verlaine by Otto Wegener
[Paris, 1893], cabinet format (10,8 x 16,8 cm)
Period albumen portrait mounted on thick cardboard and embossed in the photographer’s credit
Tiny spots, remarkable original condition

Famous portrait of the poet by Otto in preparation for his candidacy for the French Academy


Paul Verlaine commissioned the photographer to take a series of portraits when he considered applying for the Académie Française. Several tests are then carried out.
For these photographs, the poet poses with the famous scarf of the house Charvet, which had been given to him by Robert de Montesquiou.
Three years before his death, the poet appears the Socratic face, the hunchbacked forehead, his gaze sunk under the eyebrow arch, sporting the chamaré scarf of which he was so proud.

This portrait is one of the most famous of the poet, it is presented here in a remarkable state of preservation.

Swedish-born photographer Otto Wegener (1849-1924) moved to Paris, Place de la Madeleine, in 1883. He quickly became the portraitist of the worldly society.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph poem signed « V.H. »
N.d.n.p, 1 page oblong in-4, brown ink
Some spots

Beautiful last stanza from the poem À mes Odes, masterpiece of lyric poetry


« Le poète, inspiré lorsque la terre ignore
Ressemble à ces grands monts que la naissante aurore
Dore avant tous à son réveil

Et qui, longtems vainqueurs de l’ombre
Gardent jusque dans la nuit sombre
Le dernier rayon du soleil »


Odes et Ballades, published in 1828, is the collection of Victor Hugo’s early poems from 1822 to 1827. The sizain that Hugo takes up here comes from the poem À mes Odes (premiere of the book II of the Odes), with a very slight variant and singularly more beautiful than the original version. On the second verse, the poet replaces the word “new” with “emerging.”
This heterometric combination reveals two Alexandrins in rhymes followed and then four octosyllables in kissed rhymes, giving it a dynamism echoed on the whole poem. It should be noted that the collection Odes et Ballades, which not only revealed Hugo’s very early talent, won him several prestigious awards including the Lys d’or.

MONTIJO, Impératrice Eugénie de (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » on mourning paper to Jane Thorne
Chislehurst, [9 February 1873], 4 p. in-8, envelope included
Some traces of trombone without affecting the text

Exceptional letter from Empress Eugenie, widowed for a month, filled with nostalgia and despair, delivering a poignant message about the loss of the Emperor Napoleon III
The Empress does not know that at the very moment she wrote these lines her dear Jane, the recipient of this letter, had died two days earlier


« Ma bien chère Jane, il y a juste un mois l’Empereur nous quittait pour toujours ici-bas, Dieu a délivré cette âme si cruellement éprouvée mais en partant il a délivré mon cœur. Cette maison déjà si triste est désolée car c’était pour le distraire que nous tachions de faire du bruit autour de lui, à présent tout est silence et deuil. Il n’a pas su que son fidèle Varaigne l’avait précédé de quelques jours, nous lui avons caché sa mort car je savais combien il avait de l’affection pour lui. Chaque jour effeuille un ami et le souvenir même des jours heureux se perd dans le deuil et le malheur. Je ne peux plus regarder en arrière, je n’ose regarder en avant, mon horizon se perd dans ce présent si douloureux. Mon cher fils [Le Prince Impérial] est bien malheureux aussi, tous deux vous serrons la main à vous et aux vôtres, Eugénie »


On January 9, 1873, at 10:45 a.m., Napoleon III died at the age of 64 at his residence in Camden Place. Nearly 60,000 people, one-tenth of them French, including a delegation of workers led by Jules Amigues, gathered in front of the body and participated in the burial on 15 January 1873 in Chislehurst. Subsequently, his widow Eugenie de Montijo built a mausoleum for him at St. Michael’s Abbey, which she had founded in 1881, and where he has since been resting alongside his wife and their only son, Imperial Prince Louis-Napoleon, who was killed at the age of 23 during a patrol during the Anglo-Zulu War.

Jane Thorne (1821-1873) is an aristocrat, lady of the Palace of Empress Eugenie de Montijo. She is one of the ladies of honor depicted with Eugenie in Franz Xaver Winterhalter’s famous painting.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Original photograph by The London Stereosctopic & Photographic Company
Period print, n.p, 16 mars 1874, mounted on cardboard in the photographer’s credit. Name card format
Left and right margins slightly cropped, with lateral flaws. Stain on bottom right of the cardboard (see photo)

Rare portrait of the Imperial Prince with autograph dedication


Provenance : Famille de Pierres

“Monsieur le Baron de Pierres, ancien ecuyer de M. l’Impératrice
Souvenir de Chislehurst”


A moving portrait of the Imperial Prince. He appears in a great elegance, with a melancholy look like analog to his mother the Empress, and sketching a very slight smile.

The Imperial family and de Pierres family were very close. Jane Thorne (Baronne de Pierres) was one of the six ladies of the Empress’s Palace until the fall of the Empire in 1870.

ÉLUARD, Paul (1895-1952)

Autograph poem signed “Paul Eluard
N.d.n.p [c. 1925-1926], 1 page in-4 (240 x 240 mm)
Mounted on thick cardboard, framed
Two transparent spots

Stunning poem by Éluard, from one of his most famous collections Capitale de la douleur


La cruauté se noue et la douceur agile se dénoue.
L’aimant des ailes prend des visages bien clos, les
flammes de la terre s’évadent par les seins et le
jasmin des mains s’ouvre sur une étoile.

Le ciel tout engourdi, le ciel qui se dévoue n’est
plus sur nous. L’oubli, mieux que le soir, l’efface.
Privée de sang et de reflets, la cadence des tempes
et des colonnes subsiste.

Les lignes de la main, autant de branches
dans le vent tourbillonnant. Rampe des mois
d’hiver, jour pâle d’insomnie, mais aussi,
dans les chambres les plus secrètes de l’ombre,
la guirlande d’un corps autour de sa splendeur.

Paul Eluard


Considered one of Éluard’s most important poetic collections, Capitale de la douleur (its title was originally L’Art d’être malheureux) is published for the first time in The Révolution surréaliste (October 15, 1925).
This poem was taken up in the Cahiers du Sud, 1929, February, No. 108, not paged. The text bears the number VI in a set of studies entitled: André Masson. I. Les images d’André Masson.

The 113 poems in this collection could relate Capitale de la douleur to Les Fleurs du mal, much admired by Eluard (100 poems for the 1857 edition, 126 for baudelaire’s 1861 edition) and even in the euphony of titles rhyming with each other in chiasm: Flowers/pain, evil/capital(e).

This work questions happiness; it exalts sometimes the joy of living, sometimes the feeling of bitterness and disillusionment, and plunges the dreamer into the heart of the world and its darkness, like another Spleen de Paris that would mix verse and prose, in a redefinition of modern beauty.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Autograph letter signed « N » to Jeanne de Pierres
Florence, 23 February 1876[77], 1 p. in-8 on double sheet, autograph envelope attached
Period fold marks, annotations of another hand on the upper right margin and on the second page

Remarkable letter from the Imperial Prince proposing to wash the honour of Joan of Peter following a slander


« Mademoiselle,
Un affreux malheur vient de vous frapper et la rumeur du triste drame dont je veux croire que vous avez été la victime est parvenu jusqu’à nous.
Il y a quelques jours je vous croyais enfin heureuse, je m’associais du fond du cœur au bonheur qui semblait vous promettre l’avenir mais par discrétion je gardais le silence.
Aujourd’hui vous êtes accablée sous le poids d’une calomnie injurieuse et je viens à vous faire de nouveau l’hommage d’un dévouement qui peut être utile
Vous êtes hélas presque seule au monde maintenant mademoiselle, mais je vous prie de vous souvenir qu’il est un homme qui vous a sincèrement aimé et qui serait fier de payer de son sang le prix de votre honneur
N.
J’espère que vous me reconnaitrez sous l’acronyme et que vous me ferez un mot de réponse
M. Louis… poste restante Florence”


The imperial family was very close to the de Pierres family, and especially to Jane Thorne (lady of the Empress’s Palace) and her daughter Jeanne de Pierres.
Following the sudden death of Jane Thorne in 1873, Empress Eugenie and her son the Imperial Prince had developed a great affection for her daughter Jeanne, concerned about her well-being and marital status. It seems here that Jeanne was slandered by her future family-in-law and her marriage was cancelled. She eventually married Charles Olivier Jules Bellivier de Prin in 1891.

MONTIJO (de), Impératrice Eugénie (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » on mourning paper tao Jane Thorne, Baronne de Pierres
St Cloud, 26 September 1860, 2 p. 1/8 in-8, autograph envelope attached

The Empress mourns the sudden death of her sister Paca (Maria Francisca de Sales), which occurred ten days earlier


« Je vous remercie de votre lettre ma chère madame de Pierres. Je suis tellement sous l’impression douloureuse de la perte que je viens de faire qu’il me semble que je sors d’un pénible sommeil, et que rien de ce qui s’est passé n’est vrai. En effet comment cela pourrait-il être autrement j’avais saisi ma bien aimée sœur pleinne [sic] de vie et à présent je ne trouve plus que le vide autour de moi, les marques de sympathie que je reçois sont pourtant un adoucissement à ma douleur, et je vous remercie de tout cœur de votre bonne lettre. Je vous embrasse en recommandant ma sœur à vos prières. Eugénie »


Maria Francisca de Sales (1825-1860) was diagnosed in 1959 with turberculosis. While living in Madrid, Empress Eugenie did all she could to repatriate her sick sister to Paris. She died on September 16, 1860 at the age of 35.

Jane Thorne (1821-1873) is an aristocrat, lady of the Palace of Empress Eugenie de Montijo. She is one of the ladies of honor depicted with Eugenie in Franz Xaver Winterhalter’s famous painting.

PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)

Original photograph by The London Stereosctopic & Photographic Company
Photographer’s credit on verso
Period albumen print in an oval (c. 1880), name card format
Slight traces of trombone on the upper margin without affecting the oval of the portrait

A moving portrait of the Imperial Prince, the last before his departure for South Africa and from which he would not come back alive


In 1879, at the age of 23, the prince insisted on his incorporation into the British troops of southern Africa. If he and his woolwich comrades want to take part in the battle against the Zulus, it is because he remembers that he is Bonaparte:
“When you belong to a race of soldier,” he writes, “it is only through iron that one makes yourself known.” Since his father’s death, he wants to serve his country. Shortly before leaving for South Africa, he replied to his mother, who begged him to renounce his plan: “When I have shown that I know how to expose my life for a country that is not mine, there will be no doubt that I will know how to risk it even better for my homeland.”

Queen Victoria finally authorized him, and he boarded in February. He finally succumbed to an attack on 1 June during a reconnaissance mission.

MONTIJO, impératrice Eugénie de (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » (gaufrée à son chiffre) to Jeanne de Pierres
Farnborough Hill, 6th September [18]91, 1 p. 1⁄2 in-8 on mourning paper, envelope attached

While in exile, Empress Eugenie congratulates Jeanne de Pierres on her marriage to Charles Olivier Jules Bellivier de Prin


« Ma chère Jeanne, je vous souhaite tout le bonheur possible au moment de votre mariage. J’espère que le double deuil qui est venu vous attrister n’aura pas retardé votre union. Je vous prie d’être mon interprète auprès de votre frère et croyez à mes sentiments affectueux. Eugénie »


Jeanne de Pierre is the daughter of Jane Thorne, Baroness de Pierres (1821-1873), former lady of the Palace of Empress Eugenie de Montijo.
Following the sudden death of Jane Thorne in 1873, the Empress, closely related to her, had developed a great affection for her daughter Jeanne, concerned for her well-being and future.

GIDE, André (1869-1951)

Autograph card signed “André Gide” to Michel Levesque
La Souco, 14th February [19]30, 1 page in-12 on the verso of a postcard

Gide recalls his book Un Esprit non prévenu, published a year earlier


“Votre père me fait part de votre désir, qui me flatte très cordialement. A mon retour à Paris je regarderai s’il reste encore un exemplaire d’Un esprit non prévenu ; mais je crains bien que le livre, tiré à peu d’exemplaires, ne soit “épuisé”. Ah ! Que je voudrais avoir pu m’embarquer avec les Chadourne et vous rejoindre. Ce sera pour l’an prochain j’espère ! Mais je vous aurai revu en France d’ici là. Les Bussy, dont je suis l’hôte me chargent pour vous d’affectueux messages. Bien amicalement votre.
André Gide”


Un esprit non prévenu is a book by André Gide (published by Kra) from 1929, the same year as two of his other works L’École des femmes and Essai sur Montaigne.

MONTIJO, impératrice Eugénie de (1826-1920)

Autograph letter signed « Eugénie » to Jane Thorne, Baronne de Pierres
Biarritz, 24th August [1857], 4 p. 1⁄2 in8, autograph envelope attached

Empress gives jane Thorne news from her Palace in Biarritz


« Ma chère madame j’ai voulu vous écrire un petit mot avant de partir pour Biarritz pour vous remercier de votre charmante petite lettre mais ça m’a été impossible à cause des mille petites choses qu’on est obligée de faire au moment d’un départ, j’espère que vous vous soignez bien, et que vous ne montez pas à cheval car rien n’est aussi mauvais quand on a le malheur d’être souffrante, mais j’espère qu’avec du repos je vous retrouverai aussi bien portante que mon cœur vous le désire.
Je n’ai encore pris que trois bains, ce qui me désole car le beau temps se passe, mais j’ai un rhume qui m’en empêche, si demain je vais mieux, je pense recommencer. D’ailleurs nous menons ici au grand désespoir de Varaigne une vie trop sédentaire. L’air de la mer le rend méconnaissable, il voudrait des parties tous les jours. Aussi nous craignons les bains pour lui car son agitation augmentant il tournera sur lui comme un écureuil. On danse tous les dimanches les jolies femmes ne sont pas en nombre et surtout les jeunes filles, moi qui aime tant les jolies têtes blanches et roses, vous devez penser si je regrette votre plus jolie nièce comme mon ornement de mes bals.
Adieu ma chère madame de Pierres, je vous embrasse tendrement. Eugénie »


Jane Thorne, Baronne de Pierres (1821-1873) is an aristocrat, lady of the Palace of Empress Eugenie de Montijo.
In 1853, the Empress’s new court consisted of a Grande Maitresse, a dame d’honneur, and six (later twelve) ladies of the palace who each alternated a week of service, most of which were chosen by the Empress before her marriage with Napoleon III. Jane Thorne is one of the ladies of honour depicted with Eugenie in Franz Xaver Winterhalter’s famous painting.

MONTIJO, Impératrice Eugénie de (1826-1920)

Telegram under her usual pseudonym “Countess of Pierrefonds” to Jeanne de Pierres
September 7, 1876, envelope attached
Usual period fold marks

Telegram of condolence to Jeanne de Pierres for the death of her father Stéphane de Pierres, which occurred the day before


[7 septembre 1876
Melle de Pierres
Chinon
Mon fils et moi sommes bien tristement affectés et prenons une vive part à votre douleur. Comtesse de Pierrefonds]


Jeanne de Pierres is the daughter of Jane Thorne, Baronne de Pierres (1821-1873), lady of the palace of Empress Eugenie. The Empress had become fond of Jeanne following the sudden death of her mother in 1873

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed “André Gide” to Muni
[Paris] 29th December 1950, 1 p. in-8, autograph envelope attached

Emotional letter from Gide, one of the last, less than two months before his death


“Chère Muni,
Les fleurs sont merveilleuses, mais les phrases exquises qui les accompagnent leur donnent une éloquence qui me touchent au meilleur endroit du cœur. Je les écoute inlassablement.
Votre très attentif,
André Gide”


During the twilight of his life, André Gide’s main concern was the publication of his latest works, notably his Journal. As a despotic patient surrounded by his followers, he is on his way to a calm death, devoid of anguish and without the religious outburst that some still feared. He died at his home at 1 bis rue de Vaneau in Paris at the age of 81, as a result of pulmonary congestion. Gide will have these mysterious words on his deathbed: “I’m afraid my sentences will become grammatically incorrect. It’s always the struggle between the reasonable and what is not…

Actress Marguerite Dupuy, known as MUNI (1929-1999), played the title role of Amal and the Letter of the King, a play by Tagore adapted by Gide, given by the Rideau de Paris at the Théâtre des Mathurins on June 15, 1949, in a staging by Jean Marchat

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed “André Gide” to Muni
[Antibes, 6th July 1949], 1/4 p. in-8, autograph enveloppe attached
Central fold mark

Charming autograph dedication by Gide


“Avec mes souriants hommages et mes souvenirs les meilleurs”


Actress Marguerite Dupuy, known as MUNI (1929-1999), played the title role of Amal and the Letter of the King, a play by Tagore adapted by Gide, given by the Rideau de Paris at the Théâtre des Mathurins on June 15, 1949, in a staging by Jean Marchat

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed “André Gide” to Muni
[Nice, Clinique du Belvédère], 18 May [19]49, 2 pages in-8 on letterhead, envelope included`

Touching letter from convalescent André Gide with a hesitant writing, in the last months of his life


“Charmante Muni
Depuis bientôt 3 semaines en clinique et encore incapable d’écrire je veux pourtant que vous sachiez quel réconfort m’apporte le témoignage exquis de votre sympathie. Le sourire de ces rarissimes et merveilleuses fleurs vient aider à une convalescence. Je voudrais pouvoir vous envoyer cette photo que vous avez la gentillesse de souhaiter. Forcé de vous la faire attendre. Que de vœux pour ce spectacle auquel j’aurais eu si grand plaisir d’assister… Hélas ! Il n’en peut être question. Mais de cœur et de pensée avec vous.
André Gide”


During his stay at the Belvedere Clinic André Gide wrote the last pages of his diary (1942-1949) which were published the following year by Gallimard

Actress Marguerite Dupuy, known as MUNI (1929-1999), played the title role of Amal and the Letter of the King, a play by Tagore adapted by Gide, given by the Rideau de Paris at the Théâtre des Mathurins on June 15, 1949, in a staging by Jean Marchat

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed “André Gide” to Muni
[Saint-Paul de Vence], 22 June [19]49, 1 p. 1/4 in-8, enveloppe attached

Gide protests against the publication of photographs showing him with actress Muni


“Gentille Muni,
Très sensible à votre aimable dépêche. Mais pourquoi faut-il que l’excellent souvenir que je voulais garder de vous soit abîmé par la divulgation, dans de misérables journaux, de photographies que je pensais devoir demeurer entre nous et, pour ainsi dire, confidentielles – auxquelles certes je ne me serais pas prêté si j’avais pu pressentir qu’il en serait fait cet absurde usage. Je ne puis vous cacher que j’en ai été péniblement surpris. Je me dis que le mieux, à présent que le mal est fait, est de n’y attacher point trop d’importance, pour pouvoir rester de grand cœur avec vous.
André Gide”


Actress Marguerite Dupuy, known as MUNI (1929-1999), played the title role of Amal and the Letter of the King, a play by Tagore adapted by Gide, given by the Rideau de Paris at the Théâtre des Mathurins on June 15, 1949, in a staging by Jean Marchat

[VERLAINE] VERLAINE, Jeanne (18–/18–)

Autograph letter signed “J. Verlaine” to a gentleman (probably Edmond Lepelletier)
Rue Montholon [Paris], circa 1889, 2 pp. in-8
Tiny missing bit on lower left margin without affecting the text

Letter from the enigmatic Jeanne who claimed to be related to Verlaine, about the famous conflict between verlaine and Vanier


« Monsieur
Si une affirmation de plus peut être utile, je me permets de vous assurer que, venue à l’hôpital Broussais visiter Monsieur Verlaine, il m’a demandé le moyen de poursuivre son éditeur Vanier contre lequel il était extrêmement irrité, c’était sa pensée dominante, il m’en parlait avec grand écœurement, quand un de vous est entré, je me suis retirée par discrétion me réservant de vous en expliquer plus amplement à sa sortie, qui devait être prochaine.
Mais un incident qui nous a refroidis mutuellement m’en a empêché.
Recevrez Monsieur mes salutations.
J. Verlaine »


This person in question is a lady who claimed to be a relative of the poet, whom she met in Broussais hostpital in 1889, when she herself was hospitalized (the episode mentioned in the letter is that of Verlaine’s scramble with Vanier, following an insert attached to Parallel without the poet’s knowledge). Verlaine was in Broussais from July 8 to August 18, 1889, and the letter should be dated accordingly. Verlaine mentions this person a few times in his correspondence of August-September 1889, calling her sometimes “Mrs. J. V.”, or “Mrs. my namesake” (letter to Cazals of August 26, 1889).
According to Georges Zayed, she is the dedicatee of a poem issued from Dédicaces (2nd ed., 1894), “To Mrs. J…”, a second version of which is entitled “To Mrs. Jeanne“, which at the same time gives the key to the “J“.

[VERLAINE] VANIER, Léon (1847-1896)

Autograph letter signed “Vanier” ato Edmond Lepelletier.
Paris, 21 mai 1896, 1 page in-4 on letterhead
Fold marks, slight tear on lower margin, some tiny spots

Verlaine’s publisher claims 100 francs for the poet’s funeral expenses to Edmond Lepelletier


« Monsieur Edmond Lepelletier
Je viens vous demander les cent francs convenus pour votre participation aux frais de funérailles de Paul Verlaine. J’écris en ce sens à Mms [sic] Barrès, Catulle Mendès et de Montesquiou. Monsieur François Coppé m’ayant versé sa part la semaine dernière en acceptant la présidence du comité formé pour le monument de Paul Verlaine que nous voudrions faire ériger l’an prochain au jardin du Luxembourg. Voulez-vous accepter de faire partie de ce comité ? Pour couvrir les frais nous allons publier un volume à la gloire de Verlaine composé par les poètes et écrivains modernes. Vous seriez bien aimable de nous favoriser d’une page, prose ou vers.
Les quelques paroles prononcées par vous sur la tombe de votre ami, n’ont pas été reproduites, votre discours n’ayant pas été lu, serait-ce indiscret de vous demander le compte rendu. C’est pour le volume intitulé « Funérailles de Paul Verlaine » que je prépare, il ne me manque que ce renseignement.
Pardonnez-moi de vous accabler ainsi par tant de choses à la fois et veuillez je vous prie monsieur agréer mes empressées salutations. Vanier »


 

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Original period photograph mounted on thin cardboard
With voluminous “Nietzschean” mustache, an already balding forehead, the poet appears in an oval
Verlaine’s autograph inscription on the back: Lymington, 9bre [1879]. Albumin print business card format (100 x 60 mm).
Superficial surface black spot

Unpublished portrait which has never been reproduced or reported on Verlaine’s main iconographic collections. The poet, aged 35 in 1879, was a teacher at an institution in Lymington, a coastal town in southern England


Ex-dono autograph signed by Paul Verlaine on verso :

“Au cap’ral Devouge, le réserviste* Verlaine, Bien cordialement. * territorial ! (fortunate senex ! direz-vous peut-être, moi pas)”

« Fortunate senex » (happy old man), appear in the the first elgogue of Virgil’s Bucolics. Verlaine taught Latin, Greek and French and was languishing in England, then certain that he had wasted his life.

[VERLAINE] KRANTZ, Eugénie (18–/1897)

Autograph letter signed several times “Eugénie Krantz” to Edmond Lepelletier
Paris 29th January [1896], 4 p. in-12

Hospitalized a few days after Verlaine’s death and abandoned by all, Eugénie Krantz calls for desperate help


Eugenie Krantz was hospitalized at the end of January at Notre-Dame de Bon Secours on Rue des Plantes and called for help.

In a phonetic french, she writes:

« Monsieur Lepeltiée, je vous emprie de prendre ma demande en considération Je suis si malheureuse, couchez dans un lits d’hopitale rue des plantes 66 a l’hopitale notre dame de bon secoure lit n°13 salle notre dame […] Je croi que l’on me fera l’hopération au bras droit et de ce que j’ai une bronchite et personne ne viens me voire que monsieur le secretere de monsieur francois coppée. qui ma laisse quelque chose pour machette quelques bonbon […] Je vous prie donc monsieur le peltier de ne pas oubliée l’amie toute dévoué de Paul Verlaine. Veuliez je vous prie m’envoyé un reportère. J’ai toute sorte de chose à faire publiée […] Personne ne vient me voire que monsieur le secrétère de M. François Coppée […] Je lesse en qu’a de mord une lettre pour distribuer les quelque objets que Paul Verlaine ma donner puis le Louis 17 que j’ai confié à M. Dotelle… le docteur de l’hopitale ou je suis. Je vous salut et vous prie de ne pas m’oublie. Votre toute devoue et oblige eugénie Krantz»


Eugenie Krantz will be left behind by all after Verlaine’s death. She had a tragic ending. Hospitalized until the spring of 1896, she prostituted herself to pay for her home at 39 rue Descartes, then fell into alcoholism before dying the following year.

[VERLAINE] KRANTZ, Eugénie (18–/1897)

Autograph letter signed twice “Eugénie Krantz” to Edmond Lepelletier
Paris, 39 rue Descartes, 8th January 1896, 2 pp. in-12 oblong

THE DEATH OF VERLAINE

Very moving first-hand testimony on the last moments of Verlaine by his last mistress Eugenie Krantz, aka Nini-Mouton, former music-hall performer that had inspired 25 pieces for Chansons pour Elle.
Close to misery, running after money, she sheltered the dying poet in her apartment at 39 Rue Descartes. He died on the evening of January 8, 1896


In a phonetic french, she writes:

“Monsieur Paul Verlaine vautre dévoué ami est à la dernière extremite. Veuliez je vous emprie venire le voire desuite car peutetre demain il serai trop [tard]… Venez le plus vite posibl si vous vouloi voir votre ami. Monsieur mes amitiés empresse sons amie Eugénie Krantz. Priaire monsieur de venire desuite pour monsieur Paul Verlaine. […] Mlle Krantz 39 rue Descartes”


Verlaine died that evening at around 7:00 p.m., surrounded by Eugenie Krantz and a young man named Cornuty, a fanatic of his work. A priest had come for the extreme anointing. From the evening, and throughout the night and the next day, everyone heard of the poet’s death and gathered Rue Descartes.

In Lepelletier’s excellent book on his childhood friend, he mentions this missive: “On my way home . . . I found a rag of paper, at the address also badly put, informing me that if I wanted to see one last time my friend Paul Verlaine, I had only to go to Rue Descartes. It signed by Eugenie Krantz, the companion of the poet’s last days” (E. Lepelletier, Paul Verlaine, sa vie, son œuvre, 1907, p. 541).

[VERLAINE] ÉCHAUPRE, Gabriel (18– / 19–)

Autograph letter signed “Gabriel Echaupre” to Edmond Lepelletier, Editor-in-Chief of the Echo of Paris
Paris, 25 August 1896., 4 pp. in-8 on letterhead
Fold marks, tears on central margin, slightly frayed (see photos)

Violent charge of Echaupre against the publisher of Verlaine and siding with Lepelletier in the war of succession of Verlaine’s Complete Works


“Je suis avec une véritable passion, Monsieur, la campagne que vous menez en compagnie de MM. Laurent Tailhade et Bauer pour défendre la mémoire de Verlaine contre la calomnie des sots et contre le mercantilisme non moins redoutable de son éditeur… ». Les contrats avec Vanier sont si inégaux que Verlaine aurait dû passer à la concurrence. « Je n’ignore pas que Verlaine avait pour vous une affection solide et bien entière, aussi je crois devoir, dans la mesure où je le puis, vous éclairer sur quelques points de l’affaire Vanier. Cela vous donnera occasion de rendre un nouveau service à ce que reste de l’ami, à son œuvre.
En 1889, Verlaine me demanda ce que je pensais de ses contrats avec Vanier, et s’il pouvait se délier enfin de son pacte de misère.
Je lui expliquais que les contrats entre auteurs et éditeurs sont essentiellement temporaires et que si, par oubli ou par abus, une limite de durée n’était pas fixée à la propriété de l’éditeur, il appartenait aux tribunaux de combler cette lacune sur le vu des pièces et, au besoin, après enquête.
Comme Verlaine ne pouvait s’offrir le luxe de plaider et que, dans ce cas spécial, il ne pouvait compter sur l’assistance judiciaire, je lui conseillai de tenir pour nuls les traités existants et de publier ses œuvres chez un autre éditeur. Je pensais que Vanier était obligé de faire connaître qu’il avait acquis l’œuvre du maître pour un morceau de pain. Sagesse, notamment, aurait été payé cent cinquante francs ! Il y avait de quoi, la presse venait à la rescousse, soulever un tollé général.
Mais les éditeurs ont une certaine solidarité qui les empêche de repêcher les auteurs qui se noient. Tout ce qui pût être fait, ce fut une sélection de poésies éditée chez Charpentier avec le magnifique portrait de Carrière – édition à laquelle M ; M. Charles Morice et Félicien Champsaur donnèrent leurs soins.
J’ai conservé plusieurs lettres ou Verlaine se plaint de ce que le service de presse de « Parallèlement » ait été fait « à la 6,4,2 » et où il traite Vanier de « Salop ».
Mais, au retour d’un voyage en Angleterre que je dis dans les premiers mois de 1890, j’appris qu’auteur et éditeur étaient réconciliés. La fée verte avait passé par là.
Comme je n’ai aucun goût pour l’invective, je me contenterai de dire que M. Vanier dans ses rapports avec un grand homme misérable, a manqué de cette délicatesse qui est une pudeur et que les latins nommeraient verecundia. Vous prenez, Monsieur, la défense du monument de Verlaine. C’est bien, mais c’est, à mon sens, l’œuvre de demain. Le plus pressé serait de prendre en main la défense de ses ouvrages qui sont dans des mains indignes.
Parmi tant de lettrés dont Paris est Montmartre sont surchargés, ne s’en trouvera-t-il pas quelques-uns pour constituer le comité de l’Œuvre définitive de Verlaine ? L’édition se ferait malgré Vanier et si les tribunaux interviennent, ils fixeront, pour le moins, une limite aux droits forts contestables de Vanier et, dans un temps déterminé, les poésies et les proses faites en liberté pour des hommes libres échapperont au sevrage. Les droits sacrés du fils et ceux non moins sacrés des hommes de goût seront sauvegardés.
Sans nul doute, ce comité d’édition sera poursuivi par Vanier. Eh bien ! l’éditeur sans vergogne sera tenu de rendre compte du passé et ce sera sa condamnation.
Elle est, à mon sens, la solution pratique à donner à la polémique qui vient de s’ouvrir. Comme j’ai l’honneur du bruit et de la réclame, vous me désobligeriez en publiant cette lettre ou en me mettant en cause. Ce n’est pas au journaliste que je m’adresse mais à l’ami de Verlaine et je vous fournis simplement les renseignements que je possède sur une question que vous avez abordée. Cela fait, je rentre avec empressement dans mon obscurité.
Je saisi l’occasion, Monsieur, pour vous présenter l’expression de mes meilleurs sentiments.
Gabriel Echaupre.
PS – Pour me faire connaître à vous, je vous rappellerai que Verlaine m’a dédié un beau sonnet dans Dédicaces. Je puis vous dire aussi que je suis lié avec le Dr. Pilliet qui a soigné Verlaine à Broussais et Laurent
Tailhade à la Charité. Pilliet, le médecin des poètes ! Il ne ressemble pas à l’affreux médicastre de Cochin, qui jeta Verlaine dans la rue en prétendant que le pauvre bougre volait le lit des malades


Due to numerous financial and legal services rendered to Verlaine, Échaupre (who had been his lawyer during the dispute between the poet and his publisher) was the dedicatee of a sonnet in Dedications. Although Verlaine often quotes him in his correspondence, he remains an enigmatic figure.

CENDRARS, Blaise (1887-1961)

Autograph letter signed “Blaise Cendrars” to Mr J.P Morphée c/o André Gillois radiodiffusion française
Paris, Wednesday 4th [February 1953], 1 p. in-12 with autograph adress, stamp and seal on verso
Glue stains on lower margin, tiny missing bit on upper margin

Cendras makes a short autobiographical record of his main works for his correspondent of the French Broadcasting


“Cher ami,
Voici la notice demandée. Je pense que cela suffit. Ma main.
Blaise Cendrars

Né le 1 septembre [18]87 – Poète du Monde Entier (1919) – Voyageur et reporter : Panorama de la Pègre (1931), Holywood (1936), la Banlieue de Paris (1950) le Brésil (1952).
Romancier : L’Or (1924), Dan Yack (1925), Moravagine (1926), L‘Homme foudroyé (1946), La Main coupée (1947), Bourlinguer (1949), Le Lotissement du ciel (1950).
A la radio : Blaise Cendrars vous parle (1952)”


Cendrars participated in the Second World War as a war correspondent on the British side. Soon after, he retired to Aix-en-Provence to write a very free four-volume autobiography entitled L’homme foudroyé, La main coupée, Bourlinguer and Le Lotissement du ciel, a masterpiece that synthesized the experiences of an adventurous and extraordinary life and his poetic research.

BERGSON, Henri (1859-1941)

Unpublished set of seven autograph letters signed to Felix Sartiaux
Paris, between 1916 and 1928, 19 pages 1/2 in-8

Extraordinary unpublished set of seven letters by Bergson about Kant, mysticism and the sustenance of thought after the disintegration of the body


Lettre autographe signée « H. Bergson » [à Felix Sartiaux]
Paris, 31 rue d’Erlanger, le 27 janvier 1916,
6 pages in-8 sur papier vergé
Traces de pliure centrale.

« Monsieur,
La lettre que vous m’adressez du front me touche vivement. J’aurais voulu y répondre en détail, mais je suis surchargé de besogne et c’est à peine si je puis, aujourd’hui, disposer de quelques instants. Je tiens pourtant à vous dire que les idées que vous exprimez concordent entièrement, dans leurs grandes lignes, avec les miennes. La survivance de la personnalité humaine n’est pas mathématiquement démontrable, sans doute, mais elle me parait hautement probable. Je crois même avoir apporté un commencement de preuve expérimentale, en établissant que les diverses fonctions de la pensée, et en particulier la mémoire, sont loin de dépendre du cerveau autant qu’on l’a cru jusqu’à présent (voir « matière et mémoire », chap. II et III). Par une étude attentive des maladies de la mémoire, en particulier des aphasies, j’ai été conduit à la conclusion que le cerveau est un organe de réalisation ; il permet à la pensée de s’insérer dans la vie ; mais c’est tout ; et la pensée proprement dite, avec la mémoire, n’est ne doit pas être plus liée au sort du cerveau que le couteau n’est lié au sort de sa pointe, (car le cerveau est correspond bien à la pointe extrême de la vie mentale). C’est dire qu’après la désagrégation du corps la pensée subsiste très probablement, avec la mémoire, et par conséquent avec le sentiment de la personnalité. En tout cas, c’est à celui qui nie la survivance, bien plutôt qu’à celui qui l’affirme, que devrait incomber, en droit strict, l’obligation de la preuve. J’ai résumé mes vues à ce sujet dans une conférence qui forme le premier chapitre d’un livre « Le matérialisme actuel », dû à la collaboration de divers auteurs. Je vous adresserai ce volume dans un ou deux jours. Si je n’ai pas insisté d’avantage, dans mes livres, sur cette question et sur d’autres qui y touchent, c’est parce que mon but principal, depuis que j’ai commencé à philosopher, a été de transporter la métaphysique sur le terrain de l’expérience et d’en faire une recherche positive, susceptible de progrès, alors qu’elle avait été trop souvent une espèce de tournoi dialectique entre philosophes ; un jeu, qu’est perpétuellement à recommencer. J’ai donc laissé de côté les raisonnements sur lesquels on se fonde pour prouver la survivance, raisonnements auxquels on en opposerait d’autres qui pourraient, à la rigueur, prouver le contraire. En revanche, j’ai serré de près les faits. Et ces faits m’ont paru révéler une telle indépendance de l’esprit par rapport au corps que la survivance apparait, encore une fois, comme une conséquence très probable, sinon rigoureusement certaine. Beaucoup, d’ailleurs, arrivent à la certitude absolue en combinant mes conclusions avec des considérations morales, comme celles que vous me présentez. Si j’ai laissé de côté ces considérations, c’est que j’entends placer la philosophie sur un terrain aussi indiscutable que celui de la science positive. Sur ce terrain nous pourrons d’ailleurs avancer de plus en plus, et convertir finalement en certitude objective ce qui n’est encore, objectivement, qu’une haute probabilité. Laissez-moi profiter de cette occasion, Monsieur, pour vous féliciter d’être où vous êtes. Grande est mon admiration pour tous ceux qui défendent le sol de la patrie : leur héroïsme et leur ténacité sont sans précédent dans l’histoire. Mais à ceux d’entre eux qui se sont engagés volontairement, alors que leur âge leur permettait de rester chez eux, nous devons une reconnaissance particulière. Croyez, je vous prie, à toute ma sympathie. H. Bergson »


Dans Matière et mémoire (1896), Bergson soutient une conception dualiste de l’être : l’esprit existe par lui-même, ce n’est pas un produit de l’activité biologique du cerveau. Selon lui le cerveau est l’outil qui permet à l’esprit de connaître le monde physique et donc d’agir avec lui. Les substances chimiques affectent donc l’outil, mais nullement l’esprit lui-même. Aujourd’hui, la théorie de la localisation considère certaines fonctions dont la mémoire, les souvenirs (que Bergson attribue à l’esprit) comme des attributs du corps, localisés en des zones du cerveau. La finalité de cette théorie implique un décryptage possible du contenu physique d’un cerveau en un langage compréhensible, c’est-à-dire la probable lecture des pensées et des sentiments.


Lettre autographe signée “H. Bergson” [à Felix Sartiaux] S.l, le 6 déc[embre] 1916,
2 pages in-8 sur papier vergé
Traces de pliures d’époque, petites taches

“Monsieur,
Je vous remercie de l’aimable envoi de cet intéressant ouvrage. Vous avez serré d’aussi près que possible les idées morales de Kant, et vous avez montré avec force ce qu’elles ont d’arbitraire. J’ai toujours dit, pour ma part, que la morale Kantienne (dans ce qu’elle a d’intelligible pour moi) était extraordinairement surfaite. Je dispose de si peu d’instants que je n’ai pas pu lire votre livre aussi attentivement que je l’aurais voulu.
J’y reviendrai. Mais dès maintenant je tiens à vous envoyer mes compliments, avec l’assurance de mes sentiments très distingués.
H. Bergson”


Bergson fait ici référence au dernier ouvrage de Félix Sartiaux Morale Kantienne et morale humaine. Les deux philosophes se rejoignent ainsi dans leur jugement sur la morale Kantienne.
La morale kantienne fait référence à une théorie déontologique éthique développée par le philosophe allemand Emmanuel Kant qui est basée sur la notion que : “Il est impossible de penser à quoi que ce soit dans le monde, ou même au-delà, qui pourrait être considéré comme bon sans limitation sauf une bonne volonté”


Lettre autographe signée “H. Bergson” à Samuel Griolet
Paris, 31 rue d’Erlanger, 11 déc[embre] 1916, 3 pages in-8 sur papier vergé
Traces de pliures d’époque, petites taches

“Cher Monsieur Griolet,
Surchargé de travail, je n’ai pu lire l’ouvrage de M. Felix Sartiaux que bien superficiellement ; mais cette première lecture a suffi à m’en montrer l’intérêt et l’importance. Je le présenterai bien volontiers à l’Institut : Il faudra, pour cela, que l’auteur m’envoie directement l’exemplaire sur lequel il aura inscrit la formule réglementaire « offert à l’Académie des Sciences morales », j’apporterai le volume en séance avec un petit rapport très court, dont je donnerai lecture et qui sera imprimé dans nos comptes rendus. Mais pour rédiger ces quelques lignes, et surtout pour relire l’ouvrage, il me faudra du temps ; je crains que ce ne me soit pas possible tout de suite.
Croyez, je vous prie, cher Monsieur, à mes sentiments les plus dévoues.
H. Bergson
P.S. En relisant votre aimable lettre, je vois que vous m’annonciez la visite de M. Félix Sartiaux. Je le recevrai avec grand plaisir. Je puis presque toujours me trouver chez moi à deux heures, dans la première moitié de la semaine, si je suis prévenu deux ou trois jours auparavant.”


Le lendemain Bergson livrait un discours lors de la séance publique annuelle de l’Académie des sciences morales et politiques


Lettre autographe (minute)
S.l [Paris], le 12 dec[embre] 1916, 2 pages 1⁄2 in-8
Traces de pliures, nombreuses corrections et biffures

“Monsieur,
Je suis très heureux et très honoré de l’aimable lettre que vous avez bien voulu m’adresser et vous en exprime tous mes vifs remerciements.
Permettez-moi de profiter de cette occasion pour vous dire toute ma reconnaissance de l’influence que vous avez exercé sur mon esprit ma pensée. C’est dans votre philosophie que mon esprit s’est ouvert, qu’il s’est épanoui il y a quelques 24 ans, lorsque j’avais 16 à 17 ans. Ce fût un véritable enthousiasme juvénile, puis une longue intimité d’esprit avec vos ouvrages […] Mais, dans une attente plus intellectuelle la votre en philosophie, j’ai conservé les traces profondes dans la formation première tendance […] Votre œuvre si parfaite des données immédiates [de la conscience] et l’évolution créatrice […]”


Lettre autographe signée “H. Bergson” [à Felix Sartiaux]
Paris, le 6 oct[obre] 1919, 1 page 1⁄2 in-8 sur papier vergé
Traces de pliures d’époque

« Cher Monsieur,
J’ai trouvé chez moi, en rentrant à Paris, votre très intéressant et très instructif exposé sur ‘L’Asie mineure grecque”, et je tiens à vous remercier de me l’avoir envoyé.
Je profite de l’occasion pour vous dire avec quel intérêt j’ai lu votre étude sur « Kant et la Révolution » :
J’étais pris, au moment où vous me l’avez adressé, dans de véritables tourbillons d’occupation.
Bien cordialement à vous
H. Bergson »


L’Asie mineure grecque est un ouvrage de Felix Sartiaux publié par de Chaix en 1919.
Kant et la Révolution, plus largement assimilé à Kant et la philosophie française du XVIIIe siècle, Kant et la Révolution est un autre ouvrage de Félix Sartiaux publié également en 1919 par F. Fonfraid.


Lettre autographe signée « H. Bergson » à Felix Sartiaux
Paris, 32 rue Vital, le 4 juillet 1822, 2p 1⁄2 in-8 sur bifeuillet
Trace de pliure centrale

« Cher Monsieur,
J’ai lu avec grand intérêt –sans en accepter toutes les idées- l’article que vous avez bien voulu m’adresser, et j’aurai grand plaisir à en causer avec vous. Je n’ai pas besoin de vous dire que je serai très heureux et honoré de faire connaissance de Madame Sartiaux. Voulez-vous venir lundi prochain à cinq heures et demie ?
Si ce jour ne vous convenait pas, à vous et à Madame Sartiaux, je vous en proposerais un autre, vers la même heure ; mais il m’est difficile d’indiquer dès à présent un autre jour de la semaine prochaine où je sois sûr de me trouver libre. –
Croyez, je vous prie, cher Monsieur, à mes sentiments tout dévoués.
H. Bergson »


Lettre autographe signée « H. Bergson »
Paris, le 16 décembre 1928, 2 pages in-8
Traces de pliure centrale. Lettre imprimée avec complément autographe

Monsieur Bergson regrette que l’état de sa santé ne lui permette décidément pas de répondre, comme il avait espéré pourvoir le faire, aux lettres de félicitations qu’il a reçues. Profondément touché, il s’excuse, et envoie ses plus vifs remerciements.
Paris, le 16 décembre 1928
« Mais je veux vous dire très spécialement, cher Monsieur, le plaisir que votre lettre m’a fait. Je garde un bien vivant souvenir des entretiens que nous avons eus ensemble, et je souhaite que nous puissions les reprendre bientôt. En ce moment, il m’est difficile d’indiquer par avance un jour et une heure ou je sois sûr de n’être pas pris soit par la maladie elle-même, soit par le traitement. Mais si vous le voulez bien, je vous ferai téléphoner dès que j’irai un peu mieux. Veuillez transmettre tous mes remerciements, avec mes respectueux hommages, à Madame Sartiaux, et croyez, je vous prie, à mes sentiments très dévoues.
H. Bergson »


En 1925 Henri Bergson développe un rhumatisme déformant qui le fera souffrir jusqu’à la fin de ses jours. Vivant avec sa femme et sa fille dans une maison modeste située dans une rue calme près de la porte d’Auteuil à Paris (47 blvd de Beauséjour), il reçoit le prix Nobel de littérature en 1927. À demi paralysé, il ne peut se rendre à Stockholm pour recevoir son prix.

NICOLAS II, Nikolaï Aleksandrovitch Romanov (1868-1918)

Original photograph by Vezenberg – Co. in S. Petersburg
Period albumen print (1896). Name card format (8.7 x 5.2 cm)
Mounted on thin card in the photographer’s name (10,4 x 6,4 cm).
Brown surrounding line. Advertising paper from I. Boulatov’s stationery on verso.
Tiny tear in the upper left side of the photograph
Outstanding state of preservation

Remarkable and moving portrait of the Romanov family at the beginning of 1896. Tsar Nicholas II appears serene, his wife Tsarina Alexandra carries their first child Olga Nikolaevna in her arms


Nikolai Aleksandrovich Romanov, known as tsar Nicholas II, is a Russian emperor of the Romanov dynasty. He is the tsar of all Russias. He ruled from 1894 until his abdication in 1917. While his empire is experiencing rapid economic and demographic growth, he is unable to effectively manage the cultural and socio-economic changes and the political demands as a result. Russia’s disastrous involvement in World War I culminated in the February Revolution in 1917, which ended the imperial regime.

Princess Alix of Hesse-Darmstadt (1872-1918), Tsarina Alexandra Feodorovna Romanova, is the wife of Tsar Nicholas II, the last Empress of Russia. Her reputation for encouraging her husband to refuse to abandon autocracy and the blind trust she placed in Grigori Rasputin seriously damaged her popularity and that of the monarchy in the last years of the regime.

Olga Nikolaevna Romanova (1895-1918), Grand Duchess Olga Nikolaevna of Russia, is the eldest daughter of the imperial couple. She was passionate about reading, even telling her mother that she herself had to check whether the books she owned were good for her.

During the Russian Civil War, Nicholas II, his wife, his son, his four daughters, the family doctor, his personal servant, the maid and the cook were murdered by Bolsheviks on the night of 16-17 July 1918.


Original photographs of Tsar Nicholas II with his family are scarce

PROUST, Jeanne WEIL (1849-1905)

[5th December 1904], original period film print. Round photography (159 mm diameter), mounted on thick paper frame in the photographer’s name.
Tiny spot on lower margin of the mounting, slight brownish stain
Stamp on verso from collection [Suzy] Mante-Proust

One of the last portraits of Jeanne Weil Proust, less than a year before her death


This portrait was taken on December 5th 1904. At this time, aged 56 years old, Proust’s mother has been a widow for a year. The translation of his son’s The Bible of Amiens was published that same year. She died of nephritis a year later, on September 26, 1905. Nadar did process her portrait, and removed the shadows and various flaws on her face.

Michel Schneider notes that the narrator’s mother in the Search is obviously inspired by the mother of the author himself. Jeanne Proust was born Jeanne Weil in 1849 from a Jewish family of the enlightened bourgeoisie. Much has been said about the intellectual complicity that united her with elder son. Marcel Proust, who during his mother’s lifetime wrote only beautiful things in the spirit of the times (Pleasures and Days) will not become the novelist of Research until after the death his mother, an event that has somehow freed his creation. In the novel, the grief he felt at his death is shifted to that of the grandmother and that of Albertine. In the Search, Mom doesn’t die, she is also mentioned more than 500 times.


Provenance:
-Proust Family
-Suzy Mante-Proust (only daughter of Robert Proust), by descent
-Patricia Mante-Proust (granddaughter of Suzy Mante-Proust), by descent

PROUST, Adrien (1834-1903)

[20th November 1886] Original albumen print from period. Cabinet format (147 x 106 mm), mounted on thick card in the photographer’s name.
Tiny spots, bottom right of the card slightly corrugated.
Stamp on verso from collection [Suzy] Mante-Proust

Famous portrait of Dr. Adrien Proust who was then fifty-two years old


Adrien Proust died on November 26, 1903 at which time Marcel does not show immense grief. Although he never affirmed it, but it is not impossible that he felt a sense of cowardly relief and deliverance now that he no longer had to justify himself to this father who did not understand him in his literary ambitions.

On the very day of Adrien Proust’s death, however, Marcel wrote to Robert de Montesquiou:

“I now bless those sick hours spent at home that have made me enjoy Dad’s affection and company so much in recent years. They now seem to me the happiest years, the ones when I was closest to him.”


Provenance:
-Proust Family
-Suzy Mante-Proust (only daughter of Robert Proust), by descent
-Patricia Mante-Proust (granddaughter of Suzy Mante-Proust), by descent

LOUIS XVIII, Louis-Stanislas-Xavier de France, (1755-1824)

Autograph letter signed “Louis Stanislas Xavier” to François Charles de Raimond de Mormoiron, comte de Modène
Verona, 22 September 1794, 3/4 p. in-12, adress on verso, red wax seal to his symbol
Small tear due to original opening, without affecting the text

A few weeks after the fall of Robespierre, the future Louis XVIII announces a false rumor about the death of Louis XVII, then incarcerated at the Temple Tower


“J’ai reçu vos deux lettres presqu’à la fois, mon cher Modène, je serois fort aise de rendre service à M.M. le chevalier Du Plessis et de St-Pern [les officiers de vacalerie Jacques-Auguste Hays Du Plessis et Jean-Louis-Marie-Bertrand de Saint-Pern], mais je ne crois pas qu’on songe en ce moment à lever des corps de cavalerie.
Pour ce qui vous regarde plus particulièrement, vous sçavez si je désire rien de plus que vous être utile, mais je pense absolument ce que d’Avaray [Antoine-Louis-François de Béziade d’Avaray, ami et proche serviteur du futur Louis XVIII qui le ferait duc] vous écrit à ma décharge, ainsi ce serait à vous à nous éclairer sur cela.
La nouvelle de la mort du roi s’est heureusement trouvée fausse, Dieu nous garde et surtout moi que la rage des Jacobins, qui paroissent reprendre un peu le dessus en ce moment, la vérifie jamais !
Adieu, mon cher Modène, vous connoissez mon amitié pour vous.
Louis Stanislas Xavier”


An unwavering prince during exile
The future king had voluntarily left France on 20 June 1791 and had reached Mons on Austrian territory on the day of his brother’s arrest in Varennes. Thus began this long wandering which occupied a third of his life: Deprived of his rights in France, he nevertheless proclaimed himself regent on January 28, 1793 after the execution of his brother Louis XVI, then king on June 24, 1795 after the death of his nephew Louis XVII. His fate was not assured, however, and he had to relocate rather frequently, at the whim of chance and expulsions: After Mons, he stayed in Brussels, Koblenz, Hamm, Verona, Riegel, Blankenburg, Mittau, Warsaw, Blankenfeld, again Mitau, then England from 1807, first at Godfiled Hall, then at Hartwell House.

The tragic fate of the young Louis XVII
Louis-Charles was incarcerated with the rest of the royal family at the Temple Tower after the day of August 10, 1792. He was then abducted from his mother by an order of the Comité de Salut Public of 1 July 1793 and to be placed in the care of the shoemaker Antoine Simon, the designated “teacher”, who could barely write. Locked up on the second floor, the aim was to make him an ordinary little citizen and make him forget his royal condition. After Simon’s departure in January 1794, Louis-Charles was locked incommunicado in a dark room, without hygiene or relief, for six months until 28 July 1794. His food was served through a counter and few people talk to him or visit him. This living condition lead to a rapid deterioration of his health. After the fall of Robespierre, the Comité de Salut Public appointed Laurent, a member of the revolutionary committee of the Temple section. Louis-Charles’s fate improved relatively but he was plagued by tuberculosis. He eventually died on June 8, 1975, at the age of 10, in his cell, isolated from all.

Close friend of the future Louis XVIII, François Charles de Raimond de Mormoiron, Earl of Modena (1734-1799), of a family of very old Provençal nobility, served first as french ambassador to Germany and Sweden, before becoming an honorary gentleman of Monsieur, future Louis XVIII. During the Revolution he left France along with him, but was unable to follow up due to shaky health, and settled in Bayreuth.

 

MALLARMÉ, Stéphane (1842-1898)

Autograph card signed “Stéphane Mallarmé” to Aurélien-François Lugné-Poe
Paris, [11th] February [1895], 1 page 1/2 in-12

With his exquisite calligraphy, Mallarmé agrees to advise Lugné-Poe on the reading of a theatrical performance


“Mon cher ami
Vous vous en tireriez si bien seul 1 ; mais, puisque vous me donnez ce plaisir de vous entendre par avance, voulez-vous que ce soit, à la maison, un peu avant neuf heures du soir, par exemple lundi prochain le 19 2. Vous serez revenu de la Haye 3 et j’aurai juste fini quelque chose qui m’occupe ces jours-ci.
Toutes nos amitiés, votre main
Stéphane Mallarmé”


1- Lugné-Poe had written that he had offered Allys Arsel to say “Le Corbeau” on his scheduled morning on Poe (scheduled for 25 February), and asked to see Mallarmé for not being “too offside”.
2- Sic, for Monday 18
3- Where he was going to play Rachilde’s L’araignée de cristal, Regnier’s La Gardienne and Courteline’s La Peur des coups.

The very contents of this letter is illuminated by the letter of Lugné-Poe to which Mallarmé replies :

“Mon cher maître,
J’ai offert à ma camarade Arsel de dire le “Corbeau” à sa matinée sur Poe. — C’est une heureuse responsabilité q. je prends. — Je pars demain à La Haye, je serai de retour à Paris d’ici 4 jours. Auriez-vous dans la quinzaine quelques minutes pour que je ne sois pas trop à côté? —
La matinée doit avoir lieu le 25. — Je fais cette chose parce qu’elle me plaît, le reste ne me regarde point. — Mon souvenir respectueux à Madame Mallarmé. —
Tout à vous, cher Maître,

A. F. Lugné-Poe”

It must be understood that it was Lugné-Poe who offered to read “Le Corbeau“. So he wanted to ask Mallarmé for advice on how to read properly.
Allys Arsel was an actress who had been reading Jean de Mitty’s literary talks at the Bodinière since December 15, 1894. The session devoted to Mallarmé had taken place on January 10, 1895, this session (talk and readings) had displeased Mallarmé. On 15 February, Lugné-Poe wrote to Mallarmé that he would no longer know whether the morning dedicated to Poe was still relevant, having no more news from Allys Arsel.The “something” that occupied Mallarmé at the time of writing this letter was probably the second of the “Variations sur un sujet“, entitled “La Cour“, which was to be published in the Revue Blanche of March 1st, 1895.Lugné-Poe (1869-1940) is a French actor and theatre director. Founder of the theatre of the Work, he is, with André Antoine, the architect of a revival of Parisian theatre at the end of the 19th century.
.
SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)

Autograph letter signed “J.P Sartre”  to Georges Agiman
N.p, 17th October 1957, 1/2 page in-folio
Usual central fold mark, autograph note on verso “R” [responded] by recipient

Sartre claims foreign rights to the film adaptation of La putain respectueuse (The Respectful Whore)


“Cher monsieur Agiman,
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir verser à la maison [d’édition] Borderie jusqu’à concurrence de 750 000 X toute somme qui me reviendra sur les droits étrangers de “La Putain Respectueuse” (film) ainsi que toute somme devant revenir aux éditions Nagel chez qui je suis créditeur de sommes encore impayées. Croyez, cher Monsieur, à mes sentiments les meilleurs.
J.P Sartre”


La Putain Respectueuse is a one-act play by Jean-Paul Sartre published in 1947 (Nagel Editions) and performed for the first time on November 8, 1848 at the Théâtre Antoine. The story is inspired by that of the Scottsboro boys.
The story was also adapted for film in 1952 on a film directed by Charles Brabant and Marcello Pagliero.

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed “Chateaubriand” to Pierre-Narcisse Guérin
N.p, 13th July 1832, 2 pages in-8 on double sheet, autograph address by his secretary Hyacinthe Pilorge
Usual fold marks, some tears, various traces of wear and brown spots

A disillusioned letter from Chateaubriand, then on the cusp of a long retreat from politics


“Madame Guérin a très bien fait, Monsieur, et je l’en remercie. La petite persécution que j’ai éprouvée était bien bête. Heureusement elle a été courte. Je vais comme vous, Monsieur, aller chercher, mais hors de France, une retraite où je n’entendrai plus parler de politique et où je ne recevrai ni ne lirai aucun journal. Il faut en finir et laisser le monde à ceux qui n’en sont pas aussi ennuyés et fatigués que moi.
Recevez, Monsieur, je vous prie, l’assurance de mon vieux dévouement et mes compliments les plus empressés.
Chateaubriand”


Increasingly opposed to conservative parties, disillusioned with the future of the monarchy, Chateaubriand retired from business after the Revolution of 1830, even leaving the House of Peers. He only signaled his political existence by scathing criticism of the new government and by paying visits to the fallen family.

Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833) was a French painter of the neoclassical movement, grand prix of Rome in 1797 for The Death of Caton d’Utique. He is best known for The Return of Marcus Sextus (1800) and Napoleon forgiving the revolts of Cairo (circa 1805). In 1810, he ran a workshop frequented by Géricault, Ary and Henry Scheffer, Delacroix… Appointed a member of the Academy of Fine Arts in 1815, he was called to the management of the Medici villa, which he headed until 1829. Back to Paris for some time, he returned to Rome with his successor Horace Vernet. Chateaubriand’s support earned him the title of Baron in 1829. He was elevated to the rank of Officer of the Legion of Honour in 1833, the year of his passing.

LAGERFELD, Karl (1933-2019)

Autograph letter signed “Karl Lagerfeld” to Charles Hochstetter
S.l, [Received on 7th June 1985], 1 page in-folio on bespoke stationery to his initials “KL”
Large autograph envelope attached

Karl Lagerfeld shows strict tastes for his furniture collection


“Cher Monsieur,
Je vous retourne ces photos avec mes remerciements mais je ne collectionne pas du tout ce genre de choses. Seulement du Louis XV – transition – Louis XVI.
Avec mes meilleurs sentiments
Karl Lagerfeld”


Considered a true fashion icon, Karl Lagerfeld sppeared to be of a great talent at a young age. After numerous years as director of art at Fendi, he finally overtakes the lead at Chanel in 1983 and would remain director until his passing in 2019. Postmodernist, he blends elements from the past with modern references.

FOUCAULT, Michel (1926-1984)

Autograph letter signed “M Foucault” to Claude Bonnefoy
N.p, 14th December [1965], 1 page 1/4 in-4
Slight yellow stain, usual fold mark

Scarce Michel Foucault letter, evoking his admiration for Saint Genet, actor and martyr by Jean-Paul Sartre


“Cher Claude Bonnefoy
Merci de m’avoir envoyé votre Jean Genet. Je viens de le lire. Avec passion. Vous avez écrit un petit chef d’œuvre. C’était une gageure – me semble-t-il – de parler de Genet après Sartre (son Saint Genet est sans doute ce qu’il a fait de meilleur). J’ai bien l’impression que vous avez réussi le tour force. C’est de la grande et forte «analyse littéraire». Et bravo d’avoir publié ce texte parmi des «classiques» (même s’ils sont du XXe s.) et dans des Éditions universitaires. Tout ça, c’est un plaisir pour l’esprit (et pour la conscience). Merci du bon moment que j’ai pris à vous lire. Et croyez moi je vous suis très fidèlement vôtre.
M Foucault”


Michel Foucault refers here to Jean-Paul Sartre’s 700-page essay, a fascinated portrait entitled Saint Genet, an actor and martyr published by Gallimard. This book, the first edition of which dates from 1952, is a masterful introduction to the complete works of Jean Genet.

Claude Bonnefoy (1929-1979), French literary critic and editor, had published an essay on Jean Genet in 1965.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Printed poem with autograph corrections, titled « À Horatio »
Newspaper clipping Le Hanneton from 8th August 1867. 63 x 80 mm mounted on larger sheet 193 x 152 mm.
Some brown stains

Rare proof corrected by Verlaine for a poem from his collection Jadis et Naguère


Poem first published on August 8, 1867 in the periodical Le Hanneton, directed by poet Eugene Vermersch, and then, with variant here absent, in La Nouvelle rive gauche on January 5, 1883.

It was finally published in his poem colletions in 1884 in collection Jadis et Naguère.

4 autograph corrections not transposed into the final printed version:
at verse 4, in “Et de cette gaîté banale,” Paul Verlaine corrected “ordinary” into “trop bête”;
verse 8, in “Cher diseur de jurons,” he corrected “diseur” as “cracheur,”
and at about 19, in “sur mon honneur,” he corrected “mon” to “notre.”

The last correction is spelling: at verse 3, Verlaine has s whistled “des pipes aux chapeaux” and inscribed “des pipes-aux-chapeaux”.
Having the pipe in the hat marked the carelessness and lack of wealth of the sailors, the marginalized.

COMMUNE DE PARIS 1871 – VALECKE, Jules Queval, dit Jules

2 stereoscopic views of Paris during the Commune of 1871
Original photographs, albumen prints 7,7 x 7,4 cm.

Mounted on printed Bristols titled “Insurrection de Paris

Labels printed with particular captions on the back: Barricade of Place Vendôme, Barricade of St.Florentin Street

MALRAUX, André (1901-1976)

Autograph letter signed « André Malraux » to a Monsieur
N.p, 8th Oct[ober 1942], 1 page 1/2 in-8
Usual central fold mark

André Malraux discusses the publication of his final novel Les Noyers de l’Altenburg


Monsieur – Je v[ous]s suis reconnaissant de votre proposition, qui m’est parvenue assez tard : J’étais en voyage, et votre lettre m’a suivi. Mais Monsieur Blanc [aux éditions du Haut-Pays à Lausanne] est propriétaire de mon texte pour la Suisse, et m’en annonce la publication prochaine.
Je suis heureux que votre lettre me donne votre adresse, et me permette de v[ou]s remercier des beaux livres que v[ous]s avez bien voulu m’envoyer : ils sont parmi les premiers de l’édition contemporaine en typographie parue. Et notre ami [Pierre Jean] Jouve v[ou]s aura dit, peut-être, que je ne suis pas tout à fait ignorant d[an]s ce domaine.
Veuillez me croire, Monsieur, bien sympathiquement à vous
André Malraux
Mon adresse n’est pas : Roquebrune, Var (d’où retard dans la transmission de votre lettre), mais Roquebrune-Cap-Martin, Alpes Maritimes…”


In January 1941, Malraux moved with Josette Clotis to Roquebrune-Cap-Martin, villa La Souco where he stayed until the autumn of 1942. It was at this time that he resumed contact with writers based on the Côte d’Azur such as André Gide and Roger Martin de Gard, among others.

Malraux refers here to his latest novel, La Lutte avec l’ange, part one. The book was published at Éditions du Haut-Pays in Lausanne (the Gestapo would have burned the rest of the manuscript), this volume was later re-titled Les Noyers de l’Altenburg and reissued by Gallimard in 1948.

BERNHARDT, Sarah (1844-1923)

Autograph letter signed “Sarah Bernhardt” to a Monsieur
[Paris], 4 rue de Rome, n.d, 1 page in-12, “Quand même” letterhead
Usual fold mark

“I’m guilty”


“Cher Monsieur,
Je suis bien coupable. Je vous promets d’être très exacte cette fois. Veuillez m’indiquer un autre rendez vous !
Merci et toutes mes excuses Monsieur
4 rue de Rome, Sarah Bernhardt”


In 1868, a fire completely destroyed Sarah Bernhardt’s apartment, as well as all her belongings. However, she was able to buy an even larger residence, with two lounges and a large dining room, at 4 rue de Rome. There she maintained a highly theatrical lifestyle where she kept a saton-lined coffin in her room and slept or lay down there to study her roles.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed “Marcel” to Louis d’Albufera
N.p, c. 21st December 1904, composter’s date of reception [24th december 1904] 2 pages in-8, mourning paper
Reciptient autograph note “rép[ondu]
Usual fold marks, very slight tear on central margin

“The sad embarrassment that I am…”


“Mon cher Louis, bien que je n’aie pas reçu de réponse de toi (ce qui signifiait que je ne devais pas sortir), j’ai tout de même réfléchi, conclu que tu devais le préférer. Et j’ai fait téléphoner. La réponse a été : Partie pour dîner en ville, on ne sait pas où. J’ai pensé que c’était une manière d’éviter le triste gêneur que je suis. Et j’ai renoncé à sortir et à m’habiller. Maintenant, je me dis que c’est peut-être un peu trop pessimiste de ma part d’avoir conclu cela et j’envoie un mot pour demander la visite chez moi. Je ne sais quelle sera la réponse. a toi.
Marcel”


Confident of Marcel Proust’s creative years, Louis Suchet d’Albufera is descendant from the Marshal of Empire by his father and Lucien Bonaparte by his mother, a Cambacérès. Marquis and then Duke (1925) of Albufera, he married in October 1904 a Masséna allied with the Ney and Murat. Marcel Proust seems to have met him in 1903, through Bertrand de Fénelon or Antoine Bibesco: they then forged a sincere friendship that, despite the writer’s complex character, lasted more than fifteen years. Although Marcel Proust sometimes made him feel little or not his own intellectual superiority, he recognized his qualities of heart, and showed himself with him of great kindness- despite some unjust outbursts. Louis d’Albufera was for a long time his closest friend after Reynaldo Hahn: they shared their most intimate joys and sorrows, and Marcel Proust was admitted in the secret of the Marquis’ relationship with a young woman of the half-world, Louisa de Mornand

ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Autograph letter signed “Antonin Artaud” to his sister Marie-Ange Malausséna
Espalion, 11th April 1946, 4 pages in-8
Usual fold marks, some tiny spots

From the Marie-Ange Artaud estate

Poignant letter of the reflecting his deep addiction to drugs
Artaud ends his letter by evoking his support by the greatest artists of the time, including Picasso, Braque and Giacometti


“Ma chère Marie Ange, ne vous étonnez pas de ce que je vous ai demandé : Je vous répète que j’ai subi à Saint[e] Anne en mars 1938 dans le service du docteur Nollet un empoisonnement à l’acide prussique qui m’a laissé une terrible suffocation pulmonaire et cardiaque et quelque chose comme une carie des tissus. Cela explique mes étouffements, rhumatismes et points de côté, ensuite je n’y vois presque plus et j’ai été obligé de me faire lire votre dernière lettre par quelqu’un. 
Le remède eut été de l’héroïne à hautes doses. L’héroïne à hautes doses ne provoque pas de toxicomanies quand elle est de bonne qualité. J’ai étudié tout cela et je sais sur toutes ces choses par expérience des choses que les médecins moisis dans leur conformisme ne savent pas. Mais c’est un remède qu’on ne peut avoir sans violer les lois. En attendant donc les temps de l’apocalypse où le monde sera renversé je vous ai demandé ces comprimés contenant de la codéine. Le sirop Famel en contient mais en doses infinitésimales, les comprimés aussi. 
J’ai trouvé une spécialité qui en contient plus, 1 centigr[amme] par comprimé mais il y a avec du bromoforme qui ne me réussit pas parce qu’il engourdit le cerveau en desséchant le corps typhoïde.
J’ai donc demandé à George s’il ne pourrait pas me trouver un certain nombre de comprimés de codéine. Une centaine c’est un remède qui agit un peu comme l’héroïne mais moins fort, et qui jusqu’à présent n’entre pas sous le coup d’une interdiction réglementaire. J’ai d’ailleurs expliqué tout cela à votre mère dans une lettre, demandez-lui de vous en parler…
Si George ne trouve rien envoyez-moi tout de même 5 tubes de Codoforme je vous enverrai un mandat. Car j’ai trouvé de l’argent, plusieurs peintres de Paris, Picasso, Braque, Giacometti, Gruber, veulent faire une vente aux enchères pour me procurer 5 ou 600 mille francs.
A vous, Antonin Artaud.
[He adds]
Les comprimés ni le sirop ne me sont encore parvenus”


Antonin Artaud arrived in Rodez in 1943 under the supervision of Dr. Ferdière, chief medical officer of the Parraire psychiatric hospital, then known as the departmental asylum for the insane. Borrowed from delusions and hallucinations, Artaud was interned there for several years and will continue to undergo electroshocks despite his many refusals to this devastating therapy. Under the constant influence of drugs and, when he did not have access to them, high-dose medicine, he would not cease to ask his sister and brother-in-law George to obtain them.

Artaud writes April 11. However, since the letter had been sent from Espalion, he must have made a mistake in registering the calendar and it had to be written on 10 April. Indeed, as administrative difficulties had been raised regarding his final release on 10 April, at the end of the afternoon, Dr. Ferdière sent the car from the psychiatric hospital to Espalion with two nurses who were responsible for immediately bringing Antonin Artaud back to Rodez. He reports his brusted return to Colette Thomas in a letter dated April 10, which was inserted in Suppôts et Supplications…

He refers at the beginning of the letter to Dr. Nodet of the Sainte-Anne psychiatric hospital. Dr Nodet will write about Artaud in 1938 the following:
“Syncretic megalomania: goes to Ireland with Confucius cane and St Patrick’s cane. Sometimes rebellious memory. Drug addiction for 5 years (heroin, cocaine, laudanum). Literary pretensions may be justified within the limits where delirium can serve as inspiration. To be maintained.”

Thanks to the mobilization of his friends, and especially Of Martha Robert and Arthur Adamov, Antonin Artaud manages to leave Rodez and settles down at the Ivry health home run by Dr. Achille Delmas where he enjoys all his freedom.

An auction was indeed organized for his benefit during the year 46 thanks to the “Friends of Antonin Artaud’s Support Committee” chaired by Jean Paulhan, of which Jean Dubuffet is secretary. This committee includes Arthur Adamov, Balthus, Jean-Louis Barrault, André Gide, Pierre Loeb, Pablo Picasso and Henri Thomas.

ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Autograph letter signed « Antonin Artaud » to his sister Marie-Ange Malausséna
Espalion, 7th April 1946, 2 pages in-8
Tear repared with tape and some ink stains (by Antonin Artaud himself), fold mark, slightly crumpled

Plagued by drug addiction, Artaud asks his sister Marie-Ange for medication


« Ma chère Marie-Ange excusez ce papier mais aujourd’hui c’est dimanche et tous les magasins sont fermés.
Je me suis trompé au sujet des comprimés que je vous ai demandés. Ce ne sont pas des comprimés Famel mais des comprimés Codoforme de Bottu. J’en avais trouvé ici un tube et cela m’avait admirablement calmé un point dans le dos. 
Mais il n’y en a plus.
Vous me rendriez un grand service en m’en envoyant 4 ou 5 tubes. Si les pharmacies n’en ont pas vous en trouverez chez le fabricant
Codoforme de Bottu
114, 117 rue notre dame des champs.
Pardon de ce dérangement et merci à vous »


Antonin Artaud arrived in Rodez in 1943 under the supervision of Dr. Ferdière, chief medical officer of the Parraire psychiatric hospital, then known as the departmental asylum for the insane. Borrowing from delusions and hallucinations, Artaud was interned there for several years and will continue to suffer electroshocks despite his many refusals. Under the constant influence of drugs and, when he did not have access to them, high-dose medication, he would not cease to ask his sister and brother-in-law George to obtain them.

This letter was written one month before his return to Paris. Indeed, after many pleas from the poet, Martha Robert and Arthur Adamov, very impressed by the environment of Artaud in this asylum, considered it was necessary and urgent that he return to the capital. This finally happened after many negotiations with the hospital.

Two days later, on April 9, he wrote to his sister apologizing for the “torn and stained paper” of the above letter, explaining that he needed his medication in a hurry.

Codoform Bottu (codeine, bromenamine, terpine, sodium benzoate) is a cough suppressant derived from morphine. The codeine it contains potentiates the effects of psychotropic drugs. This drug, at the time over-the-counter, causes sleep, and in some cases a loss of consciousness if ingested in high doses.

BOUSQUET, Joë (1897-1950)

6 autograph letters signed, all adressed to Variétés journal
Carcassonne, 1946-1947, 21 pages in-8
Fold marks, some tiny pinholes and flaws, some paper clip marks

Remarkable correspondence evoking several of his texts: “Les Trois miroirs” (on color, published in 1946 in the magazine No. 3 of the magazine Variety), “La rainette du noir” (on the painting of Jean Dubuffet, published in Le fruit de l’ombre est la saveur in 1947), and an essay on sexuality for a special issue of Variétés


Carcassonne, le 4 mars 1946

«The future alone could give the price of the link I want to see between color and its cosmic reality»

« Messieurs
Je tiens pour incorrecte la liberté que je prends, en un âge mûr, de proposer un texte à une grande revue qui ne m’a pas fait signe et, probablement, ne me connait pas.
Le contenu de l’écrit que je vous expédie par le même courrier ci-joint me justifiera, au moins à mes propres yeux ; non que sa qualité littéraire autorise plus d’assurance, mais parce qu’il implique un sentiment très particulier des réalités plastiques et m’ouvre des perspectives que je voudrais situer aussitôt.
Moquez-vous de moi si j’ai fait surestimé l’aspect sensible de mes premiers aperçus. Evidemment, l’avenir seul pourrait donner du prix du lien que je veux voir entre la couleur et sa réalité cosmique. Mais ce que je sais de vous tous m’autorise à vous croire plus attentif à un élément brut de création poétique qu’à la trouble et trompeuse leçon d’une réflexion critique m’en ferait retirer.
Au tryptique d’impressions que je coiffe du titre : Les trois miroirs, je pourrais – il est vrai – ajouter des vues plus élargies et qui, sans tomber dans le commentaire, composeraient un ensemble plus éloquent.
Mais ces « textes d’appui » ne m’ont pas paru nécessaires et, de toutes façons, ne vous auraient pas imposé mon écrit si, sur ce que je vous en livre, il devait vous paraître inopportun.
Le premier et le troisième texte fixent deux regards posés sur une reproduction en couleurs de Walter Pater : L’un, à la lumière du soleil, l’autre, par hasard, à travers l’ombre et dans le jaune rayonnement d’une lampe à pétrole. De façon très inattendue, un fait réel m’a imposé un sentiment semblable de la couleur vivante et « habitée ». J’ai cru devoir l’insérer entre les deux autres versions, fixer ainsi la forme la plus directe d’une intuition créatrice que l’attrait littéraire de la narration dénaturera dans le livre.
Excusez-moi de vous avoir intéressé de force à ce petit problème. S’il ne vous captive pas, je sais hélas, qu’il n’intéressera pas personne ? Oubliez ce qu’il entre d’impertinent dans mon procédé : je ne vous demande que la faveur d’être traité comme un débutant. Bien sincèrement à vous.
Joe Bousquet »


Carcassonne, le 3 mai 1946

« It is important to me to know if you intend to publish this text »

« Mademoiselle,
Je me suis permis de vous proposer, il y a quelques temps, des pages qui m’auraient paru à leur place dans la revue Variété. Vous n’avez pas tardé à me répondre que Mademoiselle [Marie-Aimée] Dopagne m’écrierait elle-même.
Il m’importe de savoir si vous comptez publier ce texte ; vous me rendriez service en me le retournant s’il ne vous convenait pas. Vous pouvez me dire en toute liberté que le texte ou le nom de l’auteur ne vous satisfait pas. Dans le premier cas, je pourrais même remplacer ces pages par un poème très récent ; et dans le deuxième cas rester à ma place d’abonné, en toute admiration pour une revue si bien composée.
Recevez l’assurance de ma sympathie.
Joe Bousquet
P.S. Je n’ai publié de poèmes en librairie qu’en tirage de luxe aux éditions du raisin. Les poèmes que je pourrais vous proposer paraîtront chez Gallimard, dans la collection Métamorphoses. » 


Carcassonne, le 10 novembre 1946

« If you have to reproduce in color a Dubuffet, please review my text, please tell me enough in advance »

“Madame,
Confus de vous avoir harcelé. Mais je vous aurais pressé davantage si j’avais pu me représenter la très belle apparence de ce fascicule. Mes compliments.
Il manquait à la coupure de l’argus l’eau-forte d’Adam. Je ne sais si je dois plus admirer les dons de l’artiste ou son entrée dans ma pensée. Comment a-t-il compris que je pensais à Dubuffet, et sous-entendu une admiration unique pour le peintre capable de découvrir le taux intime de la couleur et de fixer son timbre et son ascendance géologique ?
J’admire davantage encore l’allusion élégante et puissamment libre à mon peintre – Félicitez, je vous prie, cet artiste de ma part. Il paraîtra cet hiver, préface, plaquette, articles, des textes de moi susceptibles d’introduire une intuition particulière du jour et de la nuit – et d’annoncer une définition de la couleur un peu suggérée dans les Trois miroirs. Ce sera le moment de faire connaitre quelques pages très courtes qui servent de corollaires plastiques à mon intuition. Ces pages sont une interprétation de la peinture de Dubuffet à travers les lois d’un monde à deux principes : Elles supposent une nuit active et non suspendue au jour, posent sur des plans nouveaux la question de la forme ; (et voient la main de Jean Dubuffet comme la Rainette du noir). Si vous avez à reproduire en couleurs un Dubuffet, qu’il vous plaît d’examiner mon texte, sachez me le dire, je vous prie, assez à l’avance. Ces pages ne sont pas au point, et auront, de toutes façons, cet air de suffisance ignorante qui distingue les vues trop neuves. Je n’en disposerai pas avant la fin de l’année. Vous avez le temps de vous consulter sur la question de principe. – Autre cas, très différent : Je viens de confier à un agrégé des lettres la traduction d’un grand poème latin découvert par hasard dans une édition hollandaise du XVIIIe siècle. Il s’agit d’une thérapeutique mêlée de recettes pour la beauté du corps et contre l’impuissance. Il s’en dégage un très étonnant sentiment des ressources vitales de la nature et de l’homme : Exploitation de l’horreur, notion singulière des éléments. J’ai mis en français quelques articles isolables et pense à les publier en revue, sous la signature de mon jeune camarade Michel Brol au lycée, à Carcassonne. Je les vois dans une revue d’art et vous les propose avant de frapper ailleurs. Il y a une préface à écrire. Michel pourrait l’écrire, ou tout autre à qui nous fournirons les éléments. J’ai déjà, en français : Le texte sur l’impuissance et les maladies vénériennes. Sur le mal caduc – ou mal des comices, ce mal se communiquant aux élections qu’il fait annuler, d’accès dans la salle du vote « nul ne peut voter s’il voit son semblable foudroyé sans foudre » Recettes pour rende les cheveux blancs – et pour obtenir des enfants des yeux noirs à l’enfant qui va naître. (Alimenter la maman de pattes de souris).
Pour la tenue des seins (Couronnes de lierre à brûler après voisinage). Je ne sais pas du tout si l’idée de publier dans Variété des extraits de Samoniens [Quintus Serenus Sammonicus] (c’est son nom) ne va pas vous paraître absurde – je ne sais pas davantage sous quelle forme les éditeurs que par la suite je pressentirai envisageront la publication. Je vois ce texte illustré par un caricaturiste. J’y vois une préface insistant sur le choix de la forme, non pas seulement en raison des ressources mémo-techniques du vers, mais par cette raison à suggérer et prouver devant toute la poésie que le poème est surtout un « arrangement merveilleux de spirale », un texte ou l’on ne peut changer un mot. Donc, langage utilisé sous un aspect scientifique, par une séance en formation. Mais tout ceci est à débattre. Excusez-moi de vous avoir si longtemps ennuyée. Merci encore de m’avoir si bien placé dans la revue. Sincèrement votre. Joe Bousquet.
[Il rajoute]
Pour l’éditeur d’art à pourvoir du texte entier je suis à peu près fixé et suis presque sûr de convaincre. C’est pour la publication avant contrat des articles significatifs que je vous sollicite.”


Carcassonne, le 21 novembre 1946

« I will send you in a few days the texts of Samonians »

“Chers Camarades,
Je vous enverrai dans peu de jours les textes de Samoniens [Quintus Serenus Sammonicus] bons à prendre place dans le fascicule de Variété consacré à l’amour. J’y ajouterai les pages sur les poisons, sur l’accouchement. Vous éliminerez le superflu.
Voulez-vous, je vous prie, me faire savoir,
1°) S’il faut vous envoyer aussi les fragments correspondants du texte latin.
2°) Puis-je vous demander, pour mon camarade Michel, auteur de la traduction, le tarif appliqué pour la revue Variété.
3°) Je vous donnerai l’adresse de Michel – à qui vous réglerez directement – après publication – le prix correspondant aux pages traduites. La préface, dont je me charge, serait réglée à part.
Ceci n’est pas conditionnel. Nous acceptons, dans tous les cas ; la publication de ces pages de Samoniens. Elles sont excellentes.
Monsieur Michel, sur mon conseil, vous proposera en même temps – en traduction – de très singuliers poèmes érotiques de troubadours provençaux. Tout cela vous sera expédié dès le commencement de la semaine prochaine. Bien à vous
Joe Bousquet
PS : Samoniens n’est pas « un ouvrage latin moderne ». C’est un authentique médecin latin, très inconnu et dont je n’ai trouvé la thérapeutique que dans la vielle édition hollandaise. Les soins de beauté et les remèdes n’en sont que plus curieux.”


Carcassonne, le 6 janvier 1947

 « My allusions to scholarship are genuine. I did not specify the most libertine. This is a machiology »

“Cher Monsieur
Ne vous inquiétez pas. Je mettrai à la poste, demain, sous deux plis différents, les textes traduits par Michel et mon texte – préface. Je vous envoie les manuscrits pour éviter un nouveau retard. Ils sont lisibles. Vous verrez que j’ai dû corriger la traduction en plus d’un endroit. J’y fais joindre des textes à-côté, facultatifs par conséquent. Vous éliminerez ce qui sera de trop.
La préface vous paraîtra peut-être un peu longue. Vous couperez si vous la trouvez trop étendue. Je me suis attaché à expliquer le disparate apparent des textes, mais surtout à justifier les recherches sur l’amour, à suggérer une nouvelle mythologie de l’amour. Mes allusions d’érudition sont authentiques. Je n’ai pas précisé la plus libertine. Il s’agit d’une maéchiologie. Traité des pêchés – ou un savant casuiste explique en latin qu’éveillé au seuil d’une pollution nocturne, il fallait éviter le flux, et il donne la recette. (Utilisable à des fins profanes).
Je n’ai plus le texte, pourrais peut-être le trouver. Je crois que l’allusion suffit. Incompréhensible au public en latin, le texte du curé, en français, est infect. Il s’agit d’appliquer l’index entre l’anus et la racine de la verge.
(Il ne s’agit toujours que de ma préface[)]. Le secret de Ninon de Lenclos, que je divulgue, je l’ai trouvé dans un livre d’Edouard Fournier – érudit du siècle dernier.
Enfin, vous allez recevoir tout cela – Mademoiselle Dopagne ne nous a pas écrit. Je suis bien sincèrement à vous.
Joe Bousquet”


Carcassonne, le 9 janvier 1947

« How did you not think to ask Hans Bellmer for drawings, not erotic, but coming out of the love dynamic » 

Chers camarades,
Après réflexion, j’adopte une disposition possible sur l’ensemble, et vous la soumets, en un seul envoi, sans émettre de préférence.
Ma préface, ainsi rédigée, permet qu’on y encarte le seul poème de la comtesse de Die [Beatriz de Dia] que j’ai obtenu de Louis Michel. Elle ouvre naturellement sur les extraits de [Quintus Serenus] Sammonicus. Vous pouvez éliminer ceux de ces textes qui n’ont qu’une relation latérale au sujet. J’exclus les passages concernant « les méfaits du froid » et « l’épilepsie ». Ils m’ont paru trop éloignés du sujet.
Il est possible que certains passages de ma préface vous scandalisent (tout le monde est aujourd’hui si timide) En ce cas, je vous autorise à opérer des coupures.
Mais, dans ce cas évidemment, et dans tous les cas si ce n’était pas trop demander, voudriez-vous me faire l’amitié de m’envoyer le plus tôt possible une copie dactylographiée du manuscrit – que, bien entendu, vous garderez. Je voudrais garder ce texte sous les yeux en exploitant pour moi certaines des vues qui y sont suggérées. Ce n’est pas à moi qu’il appartient de vous dire que ce texte est important : de toutes façons, j’y il est très important pour moi.
Je ne vous rien de plus à vous dire, sauf ce conseil : Avez-vous pensé à fouiller les Maechiologies : J’en cite une, non pas les textes ironiques écrits contre ces casuistiques, mais ces casuistiques elles-mêmes pourvues de l’Imprimatur et écrites partie en français, partie en latin. Vous y trouverez des textes prodigieux sur l’amour avec les canards, les volailles : une recette, comme je le dis, pour empêcher l’éjaculation quand on s’éveille à temps d’un rêve érotique, etc…
Avez-vous pensé à réunir des lettres d’amour écrites par des enfants ?
J’ai dans un coin – mais où ? – des images de piété confiées jadis à une pucelle, au dos desquelles figuraient des déclarations échangées par des fillettes. Mais j’aurais beaucoup de mal à les retrouver et elles tenaient toute leur originalité du véhicule utilisé. L’éditeur, certainement, reculerait.
Comment n’avez-vous pas pensé à demander à Hans Bellmer des dessins, non pas érotiques, mais ressortant à la dynamique amoureuse. Il a fait, ces temps-ci, des choses extraordinaires. Jugez d’après cette photographie très manquée (il s’agit d’une femme-phallus).
J’espère que ma préface vous plaira. Croyez à ma vive sympathie.
Joe Bousquet
[Il rajoute au sujet de Bellmer]
Il ne manque pas d’images plus publiables, sa poupée, pour commencer.
P.S.
1) L’adresse de Louis Michel, le traducteur est :
Louis Michel, professeur agrégé au Lycée 1, rue de Lafontaine. Carcassonne. Il serait bon que Madame Dopagne, qui ne m’a pas écrit, entre en rapports directs avec lui. La traduction de ces fragments doit lui être payée à part, évidemment, et à moi la préface.
2) Je vous laisse libre de bouleverser l’ordre que j’ai adopté.

BECKETT, Samuel (1906-1989)

Autograph letter signed “Samuel Beckett” to André Marissel
15 November 1966, 1 page in-12 on Bristol, with enveloppe

Scarce letter from Samuel Beckett


“Cher Monsieur,
Merci de votre lettre.
J’ai demandé hier à monsieur [Jérôme] Lindon de vous envoyer la photo dont vous avez besoin. En vous remerciant de nouveau pour l’intérêt que vous portez à mon travail. Je vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments très cordiaux.
Samuel Beckett”


André Marissel (1928-2006) is a French poet, literary critic and essayist. He collaborates with a large number of magazines including the N.R.F, les Cahiers du Sud, Esprit, La Table Ronde etc. In 1980, he created and directed the magazine “Les cahiers de l’archipel” until 2005. He has also been a lecturer specializing in contemporary French poetry. André Marissel was a member of the jury of the François-Villon Poetry Prize.
Marissel published an essay on Beckett at University Publishing the following year.

Jérôme Lindon (1925-2001) is a French publisher. From 1948 until his death, he directed Les Éditions de Minuit, through which he had a major influence on French literature, notably the promotion of the authors of the Nouveau Roman as well as two future Nobel Prizes in literature, Samuel Beckett and Claude Simon.

BONAPARTE, Lucien (1775-1840)

Autograph letter signed “L” to Paroisse
S.l.n.d, 1/2 page in-8 on laid paper
Usual fold marks

Lucien Bonaparte asks his correspondent to be ready for a departure


“A 6 heures vous partez avec moi : Soyez à la maison tout prêt – ces messieurs partiront demain, L”


Lucien Bonaparte was the third son of Charles-Marie Bonaparte and Maria-Létizia Ramolino and the second brother of Napoleon Bonaparte. A French politician, he was a member of parliament and then president of the Council of Five Cents in 1799, Minister of the Interior from 1799 to 1800 and tribune in 1802. He was Roman prince of Canino, French prince in 1815, then prince of Musignano in 1824 and Prince Bonaparte in 1837 before his death in 1840.

BONAPARTE, Lucien (1775-1840)

Autograph letter signed “Le Pce Canino” to Mme Lethière
London, 8 August 1833, 1/2 page in-8
Usual fold marks

Charming note from Lucien Bonaparte


“Je ne veux pas, ma chère Mme Lethière, laisser partir votre fils sans lui donner un mot pour vous : J’ai trouvé en lui des sentiments d’attachement dignes de ses bons parents et je me plait à considérer que je lui ai donné ma confiance. Agréez mon souvenir et croyez moi de cœur votre très affectionné.
L. Pce de Canino”


Lucien Bonaparte was the third son of Charles-Marie Bonaparte and Maria-Létizia Ramolino and the second brother of Napoleon Bonaparte. A French politician, he was a member of parliament and then president of the Council of Five Cents in 1799, Minister of the Interior from 1799 to 1800 and tribune in 1802. He was Roman prince of Canino, French prince in 1815, then prince of Musignano in 1824 and Prince Bonaparte in 1837 before his death in 1840.

TALLIEN, Thérésa Cabarrus, dite Madame (1773-1835)

Autograph letter signed “Princesse de Chimay” to a friend
S.l, 27 May [circa 1816], 2 pages in-8
Usual fold marks

Beautiful plea from Notre-Dame de Bon Secours to help an incarcerated lady


“Je ne dois pas avoir besoin de vous dire mon vaillent [sic] ami que j’ai vivement regreté de ne pas m’être trouvée cher moi hier ; j’avois été cherché le beau tems à la campagne ou effectivement j’en ai trouvé un passable, mais comme les joies de ce monde ne sont rien moins que parfaites pour moi, en arrivant on m’a dit que mon voyage m’avoit fait perdre votre visite.
Vous serez aussi barbare que ch. Mais qui a peut être pour être sérieusement barbare des raison que vous ne pouvez pas avoir, si vous laissez Mme Barbault à St Michel elle périra de honte, de maladie et de désespoir – Vous n’avez point envoyé le médecin qui devait constater son état de souffrance et autoriser la translation dans une maison de santé –  par grace par charité par tout ce qui vous plaira mon ami soyez humain, généreux, sensible ce dernier mot aurait suffi et envoyer Mme B dans le F[aubour]g Poissonnière – je vous coute une petit lettre qui vous prouvera que la grace que je vous demande est urgente –
Je vous envoi cette lettre à l’assemblée parce que vous pourrez si vous êtes aimable et bon en parler de suite avec le Garde des Seaux.
Adieu mon ami faites encore cette bonne action, c’est la meilleure manière d’employer le tems et puis je vous en aimerai d’avantage n’est-ce pas là une raison déterminente ? – Nous verrons –
Princesse de Chimay”


This letter reflects the legacy of the image that Mrs. Tallien gave during the revolution by using her influence (and that of her husband Jean-Lambert Tallien), so the proconsul brought less severity in the execution of the decrees of the Comité de Salut Public under the Terror. Her dedication earned her the nickname Notre Dame de bon Secours, before becoming Notre Dame de Thermidor for causing the fall of Robespierre.

SAXE, Marie-Christine de (1770-1851)

Autograph letter signed “Marie Carignan” to Citoyen Accoyet
16 Brumaire an 9 [7th November 1800],  1 page in-8 oblong, original was seal to her initials
Usual fold marks

Rare letter from Marie-Christine of Saxony, Princess of Carignan, arranging the transfer of the remains of her late husband who died a few months earlier


“Je n’ai point reçu de réponse à la notte que vous vous étiez chargé de faire parvenir au Ministre de l’intérieur. Je vous prie de tacher d’obtenir une réponse quelconque ou bien de m’indiquer une autre voye par laquelle nous puissions enfin obtenir une permission illimitée pour le dépot dans l’église de Chaillot des tristes restes de ce que j’avois de plus cher au monde. Le jour de mon départ et celui de l’expiration du terme accordé par le préfet de Police [Louis-Nicolas Dubois] étant très prochain je désirerois connaitre avant ce tems le résultat de la démarche que j’ai fait compte toujours. Je vous prie d’[accepter] l’inalterabilité de mes sentimens pour vous. Marie Carignan”


Marie-Christine of Saxony is a princess of the house of Saxony, born in 1770 in Dresden, Germany. Sometimes called Marie-Albertine de Courlande, she was the daughter of Charles Christian of Saxony, Duke of Courland, and therefore the granddaughter of Frederick Augustus, prince elector of Saxony and king of Poland under the name Augustus III.
She married Charles-Emmanuel de Savoie-Carignan (of which we are talking about here) in Augsburg on 24 October 1797, who died in 1800.
Widowed in 1800, she then went into exile in Geneva and Paris, joined the Empire, refused to have her son, the putative heir to the Savoyard throne, raised by the king of Sardinia, but found a Calvinist pastor who instilled in the young man liberal ideas.

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Autograph letter signed “Guy” to “Mon Bien”
N.d.n.p, 1/2 page in-8 on laid paper
Usual fold marks

Charming billet from Maupassant


“Mon bien,
Je serai à Sartrouville tache de venir
à toi
Guy”


For 8 years, from 1872 to 1880, Maupassant’s main distraction was canoeing on the Seine. Always in gallant company, on Sundays, and during the holidays, he practiced this hobby in Bezons, Argenteuil, Sartrouville and Chatou.

BERGSON, Henri (1859-1941)

Original photography by Paul Marsan, known as Dornac
Period silver print on citrate paper (November 1914), cabinet card format (17.4 x 12cm)
Counter glued on hard cardboard to the photographer’s credit
A few spots, very slightly trimmed in the lower right side

Elegant portrait of the philosopher, seated with a serene gaze


The philosopher is represented by three-quarters, his gaze to the right. The head a little bald and the hair graying. His serene gaze and cross-legged legs are enough to make his presence intense.


Henri Bergson is best known for his philosophical works Matter and Memory and Creative Evolution.
He won the Nobel Prize for Literature in 1927

DREYFUS, Alfred (1859-1935)

Autograph letter signed “Dreyfus” to Alfred Bruneau
N.p, 20th Nov[ember] 1901, 1 page in-8
Usual fold marks

Scarce letter from Dreyfus, contemporary of the Affair, struggling to find a new home


« Cher Monsieur, 
Je vous remercie bien vivement de votre lettre et je vous serais très reconnaissant d’être mon interprète auprès de M. Frantz Jourdain pour le remercier de son aimable et cordiale obligeance. 
Ma femme a été visiter aujourd’hui même l’appartement du 86 rue Corvisart, il est trop petit comme dimensions des pièces. Espérons que nous finissions par dénicher ce que nous cherchons
Mes respectueux et sympathiques hommages à Madame Bruneau et croyez-moi bien votre,
Dreyfus”

Alfred Bruneau is a musician and friend of Emile Zola. Through architect Frantz Jourdain (another friend of Zola’s), Bruneau helped Dreyfus find an apartment. Although he had been pardoned by Emile Loubet a year earlier after the trial was re-reviewed in Rennes, Dreyfus had difficulty finding a new home in 1901, the majority of the owners rejecting his name.

 

LOUIS XVIII, Louis-Stanislas-Xavier de France, (1755-1824)

Autograph letter signed “Louis” to a Gentleman
Kalmar, 27th 7bre 1804, 1 page in-8 on laid paper
Received 20th 8ber” written by recipient on top left margin
Some stains, very slight tear

Nice letter of exile from Louis XVIII, forced to emigrate to Sweden under Napoleon’s pressure towards King Frederick William IIIof Prussia


“J’ai reçu, Monsieur, votre lettre du 21 Aoust et j’y suis très sensible. Partout il y a des scélérats, mais partout aussi la Providence veille sur ceux qu’elle daigne protéger, je l’ai moi-même éprouvé dans des lieux où j’étais bien moins à l’abri des complots, que dans les Etats du souverain puissant et généreux auquel j’ai prouvé à la fois ma reconoissance et ma confiance, en lui laissant en dépôt ce que j’ai de plus cher au monde.
Je suis fort touché des sentimens des magistrats dont vous avez été en cette occasion l’organe auprès de moi et je vous charge de le leur exprimer en mon nom.
Vous connoissez, Monsieur, tous mes sentiments pour vous.
Louis”


After the coup d’état of 18 Brumaire and the establishment of the Consulate, Louis XVIII entered into negotiations with Napoleon Bonaparte, with a view to the restoration of the monarchy. However, after the explosion of the infernal machine on Rue Saint-Nicaise on 24 December 1800 and the discovery of the guilt of the royalists, the First Consul finally broke off all negotiations. Louis XVIII remained in exile.
In 1804, following napoleon’s complaints, the Prussian king Frederick William III resolved to part with guests who had become compromising; Louis XVIII and the other emigrants who made up his court were ordered to leave Prussian territory and settled in Kalmar, Sweden.

BLACAS, Duc de (1771-1839)

Autograph letter signed « B » [probably to Baron de Fremilly]
Prague, 14th March 1835, 4 p. in-8°

Long historical letter from the Duke of Blacas detailing the death of Emperor Francis I of Austria a few days earlier and the political situation in Europe


“Il y a bien longtemps, Monsieur le Baron, que je n’ai eu ni le plaisir de vous écrire, ni celui de recevoir de vos nouvelles; un voyage à Vienne et une multitude d’affaires au moment de mon retour ont été la cause de mon silence et je profite du premier instant dont je puis disposer pour le rompre.
Quel funeste évènement que la mot de cet excellent Empereur
[François 1er d’Autriche], tous ses sujets le pleurent comme un père, et tous les étrangers, comme le plus vertueux des hommes, comme le soutient des anciens principes monarchiques, et comme l’espoir de la tranquillité future de l’Europe. J’étais à Vienne pendant sa maladie, j’ai été témoin de tous les vœux de ses sujets pour la conservation de ses jours. Quand je suis parti il était mieux, ou était plus rassuré, et cependant il n’existait plus douze heures après mon départ. C’est un malheur irréparable malgré les heureux augures dans lesquels s’annonce le nouveau règne, tous les actes qui en émanent sont parfaits et tout semble promettre que rien ne changera sous aucun rapport.
Madame la Dauphine est parti d’ici il y a deux jours pour aller mêler ses larmes à celles de la famille impériale, elle l’avait désiré et elle y a été invitée par l’Impératrice
[Caroline-Auguste de Bavière].
L’empereur
[Ferdinand 1er] s’est empressé d’écrire au Roi[Louis-Antoine d’Artois, fils de Charles X] la lettre la plus amicale, voila où nous en sommes pour le moment.
Mr le Duc de Bordeaux
[Henri d’Artois, fils du Duc de Berry assassiné en 1820] a été assez souffrant pendant long-temps de douleurs rhumatismales il en est quitte, et en résultat il a beaucoup grandi, ainsi à quelque chose malun est bon. Le Roi se porte bien, quoi qu’il soit encore un peu enrhumé le reste de la famille Royale est à merveille.
On dit M.
[Hector] Lucchesi [second époux de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, veuve du duc de Berry]parti pour Vienne.
Mad. la Comtesse Lucchesi est toujours à Brandeis, elle vient assez souvent à Prague. Elle y voit ses enfants, mais personne autre de la famille Royale depuis plus de quatre mois, époque où elle devait partir, ce qu’elle a ensuite refusé, pour ne pas se soumettre aux désirs du Roi…. cette pauvre princesse a été bien mal conseillée.
Je ne vous parlerai ni de la France dont vous connaissez la singulière situation, ni de l’Angleterre, où l’aristocratie est aux prises avec le radicalisme, ni de l’Espagne dont mes dernières nouvelles sont celles que donnent les papiers publics, nous sommes toujours dans l’attente des évènements que recèle l’avenir, fasse le ciel qu’ils soyent moins malheureux que ce que nous déplorons.
Je sais que Mad. votre fille est à Fribourg et j’éspère que vous en avez de bonnes nouvelles.
Mad
[adame] de Blacas y retournera je crois, au mois de mai prochain.
Il me semble que M.
[Maximilian von] Wimpffen ne pense plus à vendre Brunsee et des habitants de la Styre que j’ai vu dernièrement à Vienne m’ont fait compliment de ce que je ne l’avais pas acheté en assurant que cette terre rendait bien peu de chose. Je crois cependant que M. de Konsty le sait bien mieux que les personnes qui en parlent. on m’avait fait offrir une terre de Wall auprès de Marbourg que l’on dit fort grande et on m’en offre plusieurs en Bohême que j’irai voir incessamment. Donnez loi, je vous prie, Monsieur le Baron, des nouvelles de votre santé et recevez l’assurance de mon bien sincère attachement. B.”


Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d’Aulps, Count, then 1st Duke of Blacas (1821), peer of France, 1st Prince of Blacas (1837), born in 1771 and died in 1839, is a French politician and diplomat. A fervent Royalist, he followed the Bourbons into exile in 1830 with the establishment of the July Monarchy. Together with other determined legitimists, he defined a political agenda with a view to restoring the older branch, the reform edict of the kingdom.

INGRES, Jean-Auguste-Dominique (1780-1867)

Autograph letter signed “Ingres” to Adolphe-Marcellin Defresne
N.p [Paris], Friday 9th June [1843], 1 page in-8, address on verso
Usual fold marks

Ingres announces to go to dinner at the Minister of the Navy


“Digne ami,
Je dine mardi notre chez le Ministre de la marine [Albin Roussin], mais j’espère aller vous donner le bon soir.
En attendant, recevez cher ami l’assurance de mon plus parfait attachement.
Ingres”


Ingres was a close friend of Defresne, and he made his portrait in 1825, which is now in the Thaw Collection.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed “Ton Jean” to Marianne
Milly, Monday 20th May [1958], 1 page in-4 ornated with an original drawing
Usual fold marks

Beautiful letter from Cocteau, adorned with an original coloured pencil drawing, about his collaboration with Karajan and his exhibition Terre et Cosmos


“Ma chère petit[e] Marianne,
Il est probable que je serai les premiers jours de juin à Vienne ou je vais faire un travail avec Karajan à l’opéra.
Du reste je ne me porte pas à merveille et je souffre de douleurs après un trop long travail penché sur des mètrages de toiles peintes (pour Terre et Cosmos).
Je t’embrasse, ton Jean”


Jean Cocteau went to Vienna a few days later where he was received by Herbert von Karajan (1908-1989) to perform a trio collaboration with Igor Stravinsky (1882-1971) for the opera Liberi, Vos Liberabo: Oedipus, Act I.

Terre et Cosmos is an exhibition on which Jean Cocteau had been working since 1957. These were canvases painted to illustrate the conquest of space. It was held at the Champs de Mars the following year.

BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph letter signed “H. Bergson” [to Félix Sartiaux]
N.p, 6 Dec[ember] 1916, 2 pages in-8 on laid paper
Fold marks, tiny spots

Unpublished letter from Bergson delivering a lapidary judgment on Kantian morality


“Monsieur,
Je vous remercie de l’aimable envoi de cet intéressant ouvrage. Vous avez serré d’aussi près que possible les idées morales de Kant, et vous avez montré avec force ce qu’elles ont d’arbitraire. J’ai toujours dit, pour ma part, que la morale Kantienne (dans ce qu’elle a d’intelligible pour moi) était extraordinairement surfaite. Je dispose de si peu d’instants que je n’ai pas pu lire votre livre aussi attentivement que je l’aurais voulu.
J’y reviendrai. Mais dès maintenant je tiens à vous envoyer mes compliments, avec l’assurance de mes sentiments très distingués.
H. Bergson”


Henri Bergson is a French philosopher. Among his entire work, the four main are the Essay on the Immediate Data of Consciousness, Matter and Memory, Creative Evolution and The Two Sources of Morality and Religion. Bergson was elected to the French Academy in 1916 and was awarded the Nobel Prize for Literature in 1927. His pacifist ideas influenced the drafting of the statutes of the League of Nations.

Kantian ethics refers to a deontoligical ethical theory developed by German philosopher Immanuel Kant that is based on the notion that: “It is impossible to think of anything at all in the world, or indeed even beyond it, that could be considered good without limitation except a good will.”

[JARRY] QUENEAU, Raymond (1903-1976)

Autograph letter signed “Queneau” [to Michel Arrivé]
S.l, 21 February 1968, 1/2 page in-8, NRF letterhead

Queneau responds to a request for Alfred Jarry manuscripts


“Cher Monsieur
Michel Leiris parlera à Picasso de la question qui vous préoccupe, mais il pense “utopique” d’espérer quoi que ce soit, tout au plus savoir quels manuscrits il a en sa possession.
Veuillez croire, cher Monsieur, à l’expression de mes sentiments les meilleurs
Queneau”


Michel Arrivé (1936-2017) is recognized as the principal specialist of Alfred Jarry, of whom he has published twenty books and more than three hundred articles. He conducted extensive research on Jarry’s original manuscripts with the Parisian literary community throughout the 1960s. It was under his direction that the writer’s works were published in the Library of the Pleiade.

CLAUDEL, Paul (1868-1955)

3 Autograph letters signed “P. Claudel” [to Emile Fabre]
S.l, 1934, 7 pages in-8

Interesting correspondence of three letters of Claudel expressing his opinions for the staging of his play L’Otage represented at the Comédie Française in 1934


August 1934

“Cher Monsieur
J’ai bien reçu votre lettre et je suis heureux d’être en contact avec vous. Si je n’ai pu m’y mettre plutôt [sic], c’est que j’ignorais votre adresse exacte. M. Bourny [régisseur général de la Comédie Française] que j’ai vu à Paris a dû vous transmettre sans doute les diverses idées de mise en scène que je me suis permis de lui suggérer.
Je réponds aux différents points touchés par vous.
1/ Pour l’acte 3 M. Bourny avait eu l’idée que je crois bonne de faire parler Turelure au peuple du haut d’un balcon, ce qui permettrait de le voir de dos. Dans ce cas une porte fenêtre serait [a]ménagée dans la paroi droit[e] du salon.
(Il n’y a pas à tenir spécialement compte des indications éminemment modifiables de la brochure)

[Claudel procède à un croquis à main levée pour la représentation de la scène et y émettre ses suggestions]

2/ Je ne vois pas la nécessité de faire établie des décors par un artiste c[ô]té. Si même vous aviez en magasin les éléments d’un beau salon Empire pour le 3e acte, cela serait suffisant. Le décor pour moi n’a aucun autre rôle que de fournir des commodités pour l’action.
Ce qui est très important, c’est le crucifix qui pour moi est un personnage du drame et même le plus important.

3/ Je préfère donner à Turelure le rôle essentiel jusqu’à la fin. C’est lui, le persécuteur et le tentateur, mais aussi l’ancien serviteur, représentant d’une longue lignée de serviteurs, qui est chargé d’exprimer Sygne, de faire sortir d’elle tout ce qu’elle peut donner.
D’ailleurs dramatiquement il y a un interlude, tout est prêt, les ordres ont été envoyés de toutes parts, il n’y a plus qu’à en attacher la réalisation. Turelure est dans son G.Q.G et ne doit plus en bouger. Le chapeau a été amené. Il n’y a plus qu’à se préparer à accueillir le nouvel ordre de choses par-dessus le corps des représentants de l’ancien.
Je rentrerai à Bruxelles le 10 septembre. A partir de ce moment je serai entièrement à votre disposition pour causer avec vous et vous fournir tous les éclaircissements désirables.
Croyez, je vous prie, cher monsieur Fabre, à mes sentiments les plus amicalement dévoués.
Paul Claudel”

September 1934

“Cher Monsieur
J’ai longuement réfléchi aux observations sur la mise en scène de l’Otage dont vous m’avez récemment entretenu et entre autres de vos objections à l’idée du crucifix reflété dans une glace. Elles sont de deux natures et je suis loin d’en méconnaître la gravité.
1° Pourquoi cette grande glace dans la bibliothèque d’une maison conventuelle ?
2° Le public ne comprendra pas cette idée d’un crucifix invisible que ne se manifeste à ses yeux que par reflet.
Je vous ai expliqué les raisons de ma proposition. La scène essentielle du drame, c’est celle de la renonciation de Sygne à elle-même et l’occupation au pied du crucifix du sacrifice qui s’impose à la fois à son amour de l’église et à son goût pour le surhumain.
Or depuis 20 ans que je vois jouer la scène, j’ai toujours constaté qu’elle était gravement contrariée par les dispositions adoptées. Il faut que Sygne soit à la fois du côté de son confesseur et au pied du Christ. Si le Christ est placé au fond du théâtre comme la logique semble l’exiger, il en résulte trois inconvénients :
1° Sygne est placé de dessous de profil par rapport au public ;
2° Elle est au fond de la scène, tandis qu’il est essentiel qu’elle soit aussi près du public que possible […]
3° Badilon reste tout seul sur son fauteuil, de sorte que la scène est jouée par deux protagonistes qui se tournent le dos ! Si au contraire il s’approche de Sygne et se tient debout à côté d’elle, il perd son attitude d’autorité et ne devient plus qu’un témoin embarrassé. D’autre part voilà les deux acteurs au fond de la scène, derrière les meubles peut-être etc. Et l’émotion s’en ressent. Car tout ce qui est important doit être joué face au public, au centre du théâtre et aussi près du public que possible.
Avec ma combinaison,- un peu étrange et anormale, je le reconnais,- ces inconvénients disparaissent. S[ygne] reste au pied du Christ et tout près de Badilon. Voyons donc maintenant les objections :
1° Le vieux monastère a des siècles de vicissitudes. Le salon de l’abbé avec des traces du Moyen-Age a été remis au goût du XVIIIe siècle. Je crois qu’il ne serait pas difficile de trouver dans les abbayes ainsi remaniées un panneau ou au-dessous d’une cheminée une grande glace occupe la place d’honneur. D’autre part j’ai voulu donner l’impression d’une pièce sur laquelle la révolution a passé et ou une femme bivouaque en y transportant les restes de son patrimoine. On peut imaginer que c’est elle qui a mis là cette glace dans un panneau resté vacant […]
Cela accentue cette impression d’un certain désordre q[ue] j’ai voulu donner.
2° Le public sera longuement préparé à l’idée que le crucifix invisible se trouve sur la paroi amputée. Tout le premier acte y servira. Attestation de Sygne, salut du pape, défi de Georges etc et enfin au second acte le mot de Turelure qui se campe devant le crucifix, les mains derrière le dos et déclare :
Il n’y a qu’un crucifix qui n’est pas beau.
En tout cas tant cela me parait secondaire à côté des considérations essentielles que je viens de vous exposer et dont votre grande expérience du théâtre vous permet mieux qu’à moi-même encore de réaliser toute l’importance.
[…] Croyez, je vous prie, à mes sentiments les plus amicalement dévoués.
P. Claudel
Il me semble qu’il y a quelque chose d’assez dramatique dans le fait que les acteurs sont en quelque sorte enveloppés par le Christ. Il est à la fois devant eux et sans qu’ils le sachent, derrière”

November 1934

“Cher Monsieur
Je tiens à vous dire de nouveau combien je vous suis reconnaissant de la superbe interprétation que par vos soins la Comédie Française à donnée de l’Otage. Je ne pouvais souhaiter une réalisation plus sensible et plus intelligente et une mise en scène plus ingénieuse.
Un seul regret, que je ne suis pas le seul à exprimer…. l’exposition des deux cadavres dans la dernière scène ! Quel dommage qu’on ne puisse la reprendre !
Monsieur du Lacotti est venu mercredi pour exprimer le désir que l’Otage fasse la matière des quatre représentations que la Comédie Française doit donner en Belgique entre le 17 et le 20 décembre. Je me permets de vous recommander amicalement sa requête.
Rappelez-moi, je vous prie, au souvenir des excellents artistes qui ont combattu si vaillamment pour le succès d’une pièce difficile. Je les considère tous comme des amis et des camarades […]
P. Claudel”


L’Otage is a three-act play by Paul Claudel, published in 1911, the first play in La Trilogie des Coûfontaine.
The play became French Comedy in 1934 in a staging by Émile Fabre, with Marie Ventura as Sygne, Jean Hervé playing Georges de Coûfontaine, André Bacqué the priest Badilon and Fernand Ledoux as Turelure.

GARNIER, Charles (1825-1898)

Autograph letter signed “Ch. Garnier” to Léonce Detroyat
[Paris, c. 1885] 1 page in-8 on laid paper

Charles Garnier sends his apologies to a friend


“Mon cher ami, 
J’ai bien regretté de n’avoir pu aller hier voir chez vous. Je ne vous demande pas de me pardonner puisque c’est moi qui suis passé.
Plaignez moi donc au lieu de me garder une dent.
Ch. Garnier”


Charles Garnier was an architect. He will remain best known for being the architect of the Opéra de Paris (Opéra Garnier), inaugurated in 1875.
Léonce Detroyat (1829-1898) was a French naval officer, politician and publicist. Garnier used his services and maintained abundant correspondence during the 1870s, when he was editor of the newspaper La Liberté.

PELADAN, Joséphin (1858-1918)

Autograph letter signed “Peladan” to Gabriel Mourey
[Nîmes, 3rd February 1888], 1 page in-8
Slight tear on left margin, usual fold marks, some ink stains

Interesting letter from Peladan about Baudelaire and the drafts for Edgar Allan Poe’s Complete Poetry by his friend Gabriel Mourey, for which he wrote the preface


“Mon cher ami,
Ne m’envoyez pas le manuscrit, je [le] lirai en épreuve, à Paris, fin février. Comme document je voudrais la nomenclature & l’analyse de l’œuvre éparse, en dehors de la traduction de Baudelaire chez Lévy.
Connaître ce que Baudelaire n’a pas traduit : voilà le hic. Dans la Revue indépendante j’ai des empathies tirées de dissertations esthétiques.
Quant à Cœur Perdu, Rops sous l’influence de Pradelle, Barrois & Uzanne s’amuse à me lanterner depuis quinze jours, on attend sa planche, ou il n’a qu’à faire ou ne pas faire une retouche d’une heure ou deux.
Avec votre agrément, j’ai dessein d’être très féroce contre les philistins en l’introduction [du] vôtre.
Le dernier numéro de la S. Belg. expose que Pascalis a pastiché les litanies de Goffin !
A vous de cœur en hate
Peladan
Je reçois votre article et le transmettrai au maître”


Gabriel Mourey (1865-1943) is a French poet, novelist, translator and art critic. In 1889 he published the translation of Edgar Allan Poe’s Complete Poetry with a preface by Josephin Peladan, edited by Camille Dalou. Peladan here seeks to perfect the work already done by Baudelaire a few decades earlier.

A cœur perdu is the fourth volume of The Latin Decadence (Ethose), a major work by Josephin Peladan.

Charles Baudelaire (1821-1867) was among Edgar Allan Poe’s first translators, whom he helped to promote in France. He has collected his translations in several collections, including Histoires extraordinaires.

DESMOULINS, Camille (1760-1794)

Autograph letter signed “Votre fils Desmoulins” to his father Jean-Benoist-Nicolas Desmoulins
[Paris] 4th December 1789, 1 page in-4, red wax seal to his initials
Some spots, usual fold marks

Very precious and important letter from “The Man of July 14” taking advantage of Article 11 of the Déclaration des droits de l’homme et du citoyen to launch the first issue of his newspaper Les Révolutions de France et de Brabant


« Mon tres cher pere, Je vous ai fait passer le n° 1 de mon journal. Ne l’avez vous point reçu ? Je vous prie de m’en accuser la reception. Je vous envoie 2 prospectus.
Si faire se peut, car nul n’est prophete en son pays, envoyez moi des souscriptions. Je compte deja parmi mes abonnés deux princes du sang.
Me voilà journaliste et determiné a user amplement de la liberté de la presse. On a trouvé mon premier n° parfait. Mais soutiendrai je ce ton ? J’ai tant d’occupations que je vous écris ceci à deux heures du matin après minuit. Je vous embrasse. Bon soir. Votre fils Desmoulins.
Je vous souhaite la bonne fête et un joyeux Saint-Nicolas. Deviniez-vous que je serais un Romain quand vous me baptisiez Lucius, Sulpicius, Camillus ? et prophétisiez-vous ? »


In the gardens of the Palais-Royal, on July 12, 1789, Camille Desmoulins, a young lawyer, climbed onto a table and shouts to the crowd :
“I come from Versailles, Necker is fired. Tonight all the Swiss and German battalions will leave the Champ-de-Mars to slit our throats. One resource we have left is to run to arms and attach green leaves to our hats as a uniform to recognize ourselves!”
The trees in the garden are stripped of their leaves, which, hanging from jackets or hats, form the first sign of the citizens. Two days later, the Bastille was taken. Desmoulins becomes “The Man of July 14”.

On 26 August, the Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, a fundamental text of the French Revolution, stipulates in Article 11:
“The free communication of thoughts and opinions is one of the most precious human rights: every Citizen can therefore speak, write, print freely, except to respond to the abuse of that freedom in cases determined by the Law.”

Camille Desmoulins therefore devotes himself to writing in free France.
The very first issue of Révolutions de France et de Brabant was released from Garnéry’s presses on November 28, 1789. Desmoulins writes :
“The real palladium is the declaration of rights, it is freedom of the press”

As a feather soaked in acid, Camille Desmoulins will take the opportunity to attack the enemies of the patriots, often nominally. Like Danton, he is in for unfettered press freedom. When the Assembly discussed a framework for press freedom in January 1790 (the Sieyès project), he voted against it; this project, moreover, does would not pass.
This full use of press freedom will earn Camille Desmoulins several trials. The first was attacked, along with other journalists, by the executioner Sanson, who accused him of insinuating that he was a counter-revolutionary.

Desmoulins was the most brilliant representative of the freedom of the press during the Revolution.

 

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “Victor Hugo” to Eugène Pelletan
Hauteville House, 2nd April [1861], 2 pages in-8 on double sheet
Very slight tear on top central margin without affecting the text, some remains of black seal

Beautiful letter of exile from the outlawed poet about freedom


Vous m’avez envoyé votre livre dans mon exil, je vous envoie le mien dans votre prison. Ces échanges-là sont tout simples dans notre temps entre deux hommes qui ont voulu rester debout. C’est votre faute comme c’est la mienne. Pourquoi avons-nous voulu être fidèles à la liberté, et à nous-mêmes ? En somme, je trouve cela bien ainsi. [Raymond-Théodore] Troplong au Sénat ; Pelletan en prison.
Puisse mon livre vous rendre un peu du bonheur que m’a fait le vôtre. Avoir mis cette mère de Marguerite dans la naissance d’une ville, c’est une idée pathétique ; vous mêlez les vieilles mœurs aux nouvelles, et vous en faites jaillir le drame. Marguerite et Samuel, quelles figures ! L’émotion est profonde et vraie. Quelles pages tour à tour gaies et splendides, et quel [sic] irrésistible mélancolie dans ce calme de la fin ! Encadrer toutes ces douleurs dans l’idée de progrès, c’est une haute pensée. Vous m’avez nommé deux fois dans cette belle œuvre ; cher poète, je ne vous remercie pas, je vous aime.
Peut-on ne pas vous envier ? Au moment même où votre œuvre vous fait glorieux, la persécution vous fait populaire. Je vous envoie, du fond du cœur, mon plus fraternel serrement de main. Victor Hugo

Victor Hugo here acknowledges the receipt of Eugene Pelletan’s latest book, The Birth of a City, Pagnerre, 1861 [Royan].

The authorities of the Second Empire were looking for an excuse to prosecute Eugene Pelletan. It was provided on November 3, 1860, by a long article of six columns: Freedom as in Austria. Pelletan posed the paradox of the spectacle of Austria, the very symbol of absolutism in Europe, in which Emperor Franz Joseph introduced liberal reforms, and France, the homeland of freedom, subject to the omnipotence of Napoleon III. Prosecuted for “excitement at hatred and contempt of the government”, he was sentenced to three months in prison and a fine of 2000 francs.

Raymond-Theodore Troplong (1795-1869) was a lawyer and politician. Co-editor of the original text of the 1852 Constitution, he was elected senator the same year. He was rapporteur of the senate-consult re-establishing the Empire, he legitimized the coup d’etat of Napoleon III.
LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed “Lamartine” to a colleague
N;p, 22nd January 1851, 4 pages in-8 on blue laid paper
Period fold marks

Lamartine wonders with fear about the authoritarian policy put in place by Napoleon III, a few months before the coup to proclaimed himself Emperor


“Cher ancien collègue et ami, j’ai reçu la visite de votre charmant métayer et la lettre. Merci des deux. J’ai ainsi indépendamment d’un plaisir de voir ce beau et bon jeune homme les détails sur votre vie et sur votre jardin qui intéressent ceux qui vous aiment.
Je vois les choses comme vous, comme nous les avons vues de plus loin que la foule, douteuses, anxieuses, pénibles pour tous ceux qui vivent plus d’avenir que de présent. Je ne sais où Dieu nous mène. Nous nous sommes montrés peu dignes de la Liberté, nous sommes incapables de servitude durable, et ce qui est triste, c’est que l’éducation de la liberté ne se fait pas sous le despotisme. Mais enfin notre devoir à nous c’est de ne jamais laisser notre âme se décourager du bon sens et de l’espérance […] Vous avez la bonté d’interroger ma santé et mes affaires. tout va dans ce double rapport et tolérablement j’ai peu travaillé sans rien terminer […] La société pour mes œuvres à laquelle vous avez pris part a réunis 300 000 f environ d’actions littéraires est presque finie et pourra se compléter plus tard. J’ai vendu mon Journal Le Civilisateur à la charge à le rédiger pendant dix ans un très bon prix payable aussi d’année en année. Tout cela m’a mis au dessus des intérêts à servir et me permettra je crois de me libérer dan deux ans de plus de moitié de très énormes dettes. Je n’aspire qu’à cela avant de me reposer ou de mourir…
Lamartine”


Lamartine ran for president in 1848 but was defeated by Napoleon III. The latter would only undertake constitutional reforms, a disguised march towards the coup at the end of 1851. A self-confessed Republican, Lamartine continued to be an opponent of the policies undertaken by Napoleon III throughout the Second Empire.

We include:
A period engraving depicting Lamartine in bust, one of his most famous portraits

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed “Lamartine” to a friend
N.p [4th April 1853], 3 pages in-8 on double sheet, original envelope

Touching letter from Lamartine looking back at the failure of the Seconde République and evoking Victor Hugo


Votre nom est pour moi une des consolations du passé et du présent. Ah si nous avions été dix seulement dans un religieux et honnête dévouement la République n’aurait pas sombré dans une tempête de vents contraires et déchaînés. J’espère que nous nous reverrons dans des jours meilleurs.
Je ne sais rien d’Hugo si ce n’est qu’il est à Jersey avec sa famille à ses études.
Je suis bien touché a votre adhésion à la société qui achète mes œuvres après moi pour m’aider a sortir honorablement de la vie par le travail. Elle s’est fondée et signée hier au capital seulement de 450 000 par actions payables en quarts par quarts. […] Je n’ai qu’une Minute au milieu de mes travaux sur 89 et sous secrétaire. […] Envoyez votre fils Le dimanche à midi. Je le recevrai comme tout ce qui me rappelle un des hommes les plus pur et les plus antiques de ces mauvais tems.
Lamartine”


Lamartine played an important role during the Revolution of 1848, proclaiming the Republic, and held a position in the provisional government for three months. He retired from politics after his heavy defeat in the presidential election of 1848, when Louis-Napoleon Bonaparte won. This was followed by the coup d’état of the latter in December 1851 and the establishment of the Second Empire. Lamartine will remain a staunch opponent of this ultra-conservative and authoritarian regime.
Alphonse de Lamartine and Victor Hugo, major figures of Romanticism, were closely linked both politically and literarily.

To this letter we also include :
-A period engraving by Pollet, depicting Lamartine in bust
-Two pieces signed, one by Lamartine and the other by the Duke of Doubeauville in 1860, relating to the subscription to the complete works
-An autograph letter from his father, Pierre de Lamartine, one from his wife, Elisa de Lamartine and one in his name of A. Grasset, plus various documents.

PELADAN, Joséphin (1858-1918)

Autograph letter signed ‘Peladan‘ to Gabriel Mourey
[Paris, 18th April 1888], 1 page in-8 on yellow paper
Period fold marks and ink spots
Date added with pencil

Peladan has the latest Barbey d’Aurevilly novel sent to a friend


J’ai dit – mon cher ami – qu’on vous envoie le nouveau d’Aurevilly: Dites à Trobue que j’accepte avec plaisir le remplacement du papier & que par retour du courrier je lui rembourserai le port.
Ledit papier devait être de 200 feuilles troubles petit in 4°.
Je n’ai pas le temps d’aller au journal Barapin n’a pas répondu. Je fais un livre sur le salon, j’y serai mieux à l’aise.
Votre eau forte ne me dit guère, franchement.
Je vous lis avec bien du plaisir, mais j’ai trois choses à trois imprimeries et je vous quitte
A vous et aux vôtres
Peladan
Guaïta va bien : Poe ne pourra être en train qu’après le 15 mai


Here Peladan sends Léa, one of the first short stories of Barbey d’Aurevilly, published in early 1888.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “Victor Hugo” to Eugène Pelletan
Hauteville House, 19th May [1867], 1 page 1/2 in-8
Period fold marks and ink spots

Very nice exile letter about Hernani


“Mon éloquent et cher confrère, je serai charmé et fier de vous avoir à Hernani, vous et votre fils, qui, je le sais, est digne de vous (je ne connais pas de plus belle promesse d’avenir). Vous aurez vos deux stalles par notre ami commun Auguste Vacquerie (23, r. Verneuil), qui veut bien être le tuteur de mon drame un peu orphelin. Absentes quasi mortui. Hernani est un montagnard, et j’en suis un autre. Il est haï littérairement, et moi politiquement. Je me recommande à vous sous les deux espèces. à bientôt. Continuez votre lutte vaillante. Votre parole est glaive pour abattre l’ivraie et soc pour ouvrir le sillon. Je vous applaudis et je vous aime. Ex imo cordi. Victor Hugo”


Hernani is a play by Victor Hugo, first performed at the Comédie-Française on February 25, 1830, and published the same year. This play , among victor Hugo’s most famous, and which performance triggered the Battle of Hernani, enshrined the genre of romantic drama.

Hernani’s revival marked a turning point in the career of Victor Hugo, whose theatre had been censored on all French stages since the establishment of the Second Empire. None of his plays had been represented since Marion de Lorme in June 1852. But in 1867, his relationship with the government seemed to improve. His announced return to the Théâtre-Français is said to have come from a personal request from Empress Eugenie, on the eve of the Exposition Universelle.
The premiere will take place on June 20, 1867, followed by another 70 performances.

ZOLA, Émile (1840-1902)

Unpublished autograph letter signed “Emile Zola” to Eugène Pelletan
Paris, January 9th 1869, 2 pages in-8 on laid paper

“I make a living with my writing”

Beautiful plea of young Emile Zola, ready to all editorial concessions in order to remain columnist of the newspaper La Tribune


« J’apprends que la Tribune va subir une transformation, et l’on me fait craindre qu’il n’y ait plus de place pour moi dans le journal modifié. J’aurais désiré aller causer avec vous de ma position, mais je crains de vous déranger et je préfère vous dire par écrit combien je compte sur votre sympathie pour me conserver en fidèle collaborateur. Je pense que, même la place diminuant, je puis encore vous être utile. Depuis sept mois, je me fais un grand honneur d’écrire à vos côtés, et j’éprouverais un trop vif chagrin si je n’appartenais plus à la Tribune, à laquelle je me suis dévoué de coeur et d’esprit jusqu’à ce jour. S’il devient impossible d’insérer de longues causeries, je pourrai donner des articles plus courts, sur des questions littéraires et sociales touchant à la politique.
Je sais que vous désirez avoir surtout une feuille de polémique. Je suis d’humeur belliqueuse, et c’est avec joie que je ferai le coup de feu. Je crois pouvoir vous promettre, dans chaque numéro, ou toutes les semaines seulement, de courts articles (100 lignes et même moins), sur des actualités. D’ailleurs, j’ignore si votre idée n’est pas de conserver mes causeries, qui ont eu, je le sais, quelque succès, et je me contente de me mettre à votre disposition, quel que soit le travail que vous voudrez bien me confier. C’est, parait-il, demain que le comité de rédaction doit arrêter la forme du journal. Lors de la fondation de La Tribune, vous avez eu déjà l’extrême bonté de me prendre sous votre protection. Et c’est pourquoi j’espère en vous. J’ai grand besoin de travailler, je vis avec ma plume, et la Tribune, seule me soutient en ce moment. J’attends, je vous l’avoue,, la décision du comité avec une vive anxiété. Quoi qu’il arrive, veuillez croire, cher monsieur, à l’assurance de mes sentiments les plus dévoues et les plus reconnaissants.
Emile Zola ».


Zola began his career as a journalist, which he continued to do until 1881. He returned to journalism in 1895 at the beginning of the Dreyfus Affair, before “J’accuse…” 1898.
Since January 1868 Zola was an active contributor to the newspaper and had published some sixty texts in La Tribune, but after that date of January 1869, the editorial line becoming more political and less literary, he would publish only 4 texts.
Two years before this letter Zola published his third novel, Thérèse Raquin, but it was not as successful as he had hoped. It should be noted, however, that he was already in the middle of writing La Fortune des Rougon (published in 1871), the first volume of the Rougon-Maquart saga. This saga would propel him into fame.

GONCOURT (de), Jules (1830-1870)

Autograph letter signed “J. de Goncourt” to an editor
Paris, 16th February 1864, 1 page in-8 on laid paper

Jules de Goncourt proposes the reissue of one of his works


J’apprends par un de mes amis, Mr Feydeau [l’écrivain Ernest Feydeau], que vous seriez disposé à nous éditer. Malheureusement, notre dernier roman nous a été demandé avant sa publication par Mr Charpentier [l’éditeur Gervais Charpentier], et dans ce moment-ci nous nous trouvons sans manuscrit. Vous agréerait-il de faire une seconde édition d’un livre épuisé : Sophie Arnould d’après sa correspondance et ses mémoires inédits, qui, orné d’un joli portrait, aurait, entre vos mains, à ce que crois, chance de se vendre ?
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de notre considération la plus distinguée
J. de Goncourt”


Sophie Arnould, based on her correspondence and unpublished memoirs, is a work by Jules and Edmond de Goncourt first published in 1857. It was published a second time in 1861 and again in 1877. It appears that the proposal here made by Jules de Goncourt will be without follow-up with the publishing house.

Sophie Arnould (1740-1802) is a French actress and singer. She began in 1757, and retired in 1778. She was distinguished, according to her contemporaries, by the finesse of her playing and the pleasure of her voice

PEGUY, Charles (1873-1914)

Autograph letter signed “Charles Peguy
S.l [Paris], Saturday 12th July 1902, 2 pages in-12
Cahiers de la Quinzaine letterhead
Very tiny tear on top margin of first page.

Autograph document signed by Peguy about the Société nouvelle de librairie et d’édition


“Reçu la somme de trois cents francs, montant des intérêts échus du premier janvier au 30 juin 1902 de la créance représentative des deux cents actions que j’avais dans la Société nouvelle de librairie et d’édition.
Charles Peguy”


In early 1898, thanks to a small capital from his in-laws, Charles Péguy bought, 17 rue Cujas, the shop that became the Georges Bellais Bookstore; the bookstore publishes the Tharaud brothers, Romain Rolland, Charles Andler and Jean Jaurès. In August 1899, bankruptcy threatened, and thanks to Lucien Herr, a new bookshop and publishing company took over the company, of which Péguy was only the employee of the board of directors, including Herr, Léon Blum, François Simiand.

KESSEL, Joseph (1898-1979)

Autograph manuscript signed – « Le Chant des partisans »
[N.d.n.p] one page in-8

Superb and rare manuscript of Kessel’s first lyrics from Le Chant des partistans, the French Resistance’s most popular song during World War II


« Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux sur la plaine
Ami entends-tu
Le cri sourd du pays qu’on enchaîne »…


French singer Anna Marly composed in 1941, in London, the melody of this song, after a popular Russian tune, since then whistled on the radio waves of France Libre.
On May 30, 1943, Joseph Kessel and his nephew Maurice Druon wrote the lyrics in London.

Anthem of the Resistance and symbol of the struggle against the German occupier, Le Chant des partisans will become the most popular fighting song of France, after La Marseillaise and Le Chant du départ.

Our piece presents two variations in relation to the original manuscript:
On the plain instead of On our plains
The deaf cry instead of Those deaf cries

The original manuscript, classified as a National Treasure in 2006, is kept in the Legion d’honneur Museum in Paris.

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Late film print on postcard
N.p. [1875 ?], 9 x 11,6 cm
Caption “B.114.” on lower left margin
Photographer’s monogram on lower right margin

Unusual portrait of Maupassant in bust by Alphonse Liébert


Maupassant, like Flaubert, was very reluctant to have his photographic portraits taken. In 1890, he went so far as to threaten to sue his publisher Georges Charpentier for the distribution of one of them. Tired of the solicitations at the end of his life, he decided to no longer oppose the distribution of his image and agreed to pose from time to time.

In a relaxed pose with his left hand in his pocket, the writer stares serenely at the lens. His perfectly combed hair and thick moustache give him an air of good nature.

Two prints of this portrait are held at the Getty Museum in Los Angeles and in the Sirot-Angel collection.

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed « LFCéline » to his friends Descaves
Copenhagen, 7th July [1947], (c/o Mikkelsen), 2 pages in-folio
Usual fold marks

Moving letter from Céline looking back with despair on his eighteen months in prison and evoking his work on Guignol’s Band II and Féérie pour une autre fois

« The country of France does not deserve its writers »


«Chers amis, Voici bien longtemps que nous sommes demeurés sans nouvelles. De notre côté une légère amélioration au point de vue légal grâce à la visite que Mikkelsen a faite à Paris à Naud et à d’autres amis. La Butte a donné à fond ! s’est donné à fond en ma faveur. L’impression a été admirable ! Je ne suis plus le damné total, la pourriture absolue. On commence à se rendre compte que l’on m’a bien martyrisé injustement alors que tant d’autres… s’en tirent glorieusement et fructueusement. Lucette heureusement a repris forme et santé. Je ne suis pas brillant. Je traîne. J’ai refait de la pellagre et une crise de rhumatisme abominable en dépit de la chaleur. La cellule, les hivers en cellule m’ont crevé. Je n’ai pas tenu la réclusion. J’ai des faiblesses, je perds connaissance pour un oui, un non. Enfin on me promet un régime moins tracassier, bien amélioré. Il n’est malheureusement pas question de rentrer en France, et je souffre beaucoup de l’exil. De plus, on m’a enlevé tous mes pauvres moyens d’existence, médecine, livres… alors que Montherlant, Chadourne, Claudel, Romains… Je crains que l’Humanité ne revienne en France qu’avec la bombe atomique. Alors quelles réconciliations, quelles pleurnicheries ! Le maître nous prépare t- il autre chose ? un livre ? une pièce ? Je me suis malgré tout remis au labeur mais on m’a brulé Guignol’s Band II ! Je suis sur Féérie pour une autre fois, premier chapitre, le bombardement de Montmartre. Fait par les Français ! Je le ferai paraître en Suisse et en Amérique. Qu’ils se gorgent d’Aragon, de Cassou, et de Triolet, et de traductions de Miller sous-Céline ! puisque c’est leur goût ! La France ne mérite pas ses écrivains. Son âme déambule jamais entre Félix Potin et la Samaritaine. LF. Céline. Toutes mes bonnes amitiés à Max et Pierre ! et au petit Mozart Descaves.»


Céline published his first anti-Semitic pamphlet in 1937, with Bagatelles pour un Massacre. Three other pamphlets were published during the war, which earned him a prison sentence. Close to collaborationist circles during the Occupation, Céline was forced to leave France with his wife Lucette a few days after the Allied landings on June 6, 1944. He went to Baden-Baden, fearing for his life. Peregrinations followed in Germany before he joined the Vichy government-in-exile in Sigmaringen in October 1944 (an episode in his life that inspired the novel D’un château l’autre, published in 1957).
It was in March 1945 that he obtained his visa to go to Denmark, which was still occupied by the Germans at the time. He was arrested there in December of the same year, and spent a year and a half in prison before returning to France and finally obtaining a dismissal of the case.

HUGO, Victor (1802-1885)

Original photograph by Pierre Petit
Period albumen print (1861). Name card format (5.3 x 7.2 cm)
Glued to cardboard. Credit from the photographer on both sides.
Old traces of glue on the back without affecting the photographer’s credit, some tiny spots.

The very first photograph of Victor Hugo with a beard


Following a serious sore throat, the poet decides to grow a beard:
“I let my beard grow to see if it will protect me from sore throats”

In a letter from 1845, he said:
“A man’s head must be beautiful, well shaped by intelligence and well illuminated by thought, to be beautiful without a beard; a human face must be ugly, irreparably distorted and degraded by the narrow ideas of vulgar life, to be ugly with the beard. So let your beards grow, all of you who are ugly, and who would like to be beautiful!”

Behind the beard, the symbol. In addition to this aesthetic aspect that characterized him until his death, it was also meant to defy the imperial power that had decreed the beard forbidden in the teaching profession.

[TCHAIKOVSKY] LORENS, Alfred (1830-1896)

Original photography by Alfred Lorens, S. Petersbourg
Period albumen print [c. 1874], Carte-de-visite format (10,4 x 6,4 cm)
Glued on cardboard in the photographer’s name. Golden line on edge.
Lower margin very slightly cropped, some spots and flaws (see scan)

Scarce and superb portrait of the thirty-three-year-old musician


Dressed in a double-breasted frock coat, the musician appears in a seated and relaxed position, arms crossed and his gaze serene.
It was in this same year that Tchaikovsky composed his first piano concerto in B flat minor, which earned him a bad review from Nikolai Rubinstein.

On the verso:
Period annotation on the back “Tchaikovsky” by an unknown hand
Photography workshop. Alfred Lorens – St. Petersburg
Nevsky Avenue, Bossé House, No. 5

Russian photographer Alfred Lorens is known for his portraits. Is also known for his photographs of the city of St. Petersburg, which are now partly preserved in the J. Paul Getty Museum in Los Angeles.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph manuscript
N.d.n.p [Senate, March 1879] 1 page oblong in-12
Bespoke framing
Period note from another hand on bottom of the page ‘Victor Hugo writing, Senate mars 1879’
Small ink spot under the first word

Famous verse by Victor Hugo from his poetry collection The Inner Voices


Qui donne aux pauvres prête à Dieu


Very beautiful thought of the poet that he wanted universal and which he wrote throughout his life, as a philosophical and religious testament. (See God is still there. II)
The Inner Voices is a collection of poems by Victor Hugo published in 1837

Heureux ceux que mon zèle enflamme !
Qui donne aux pauvres prête à Dieu.
Le bien qu’on fait parfume l’âme ;
On s’en souvient toujours un peu !
Le soir, au seuil de sa demeure,
Heureux celui qui sait encor
Ramasser un enfant qui pleure
Comme un avare un sequin d’or

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph manuscript signed “Chateaubriand”
N.d.n.p, 1 page in-8 on double sheet, bespoke framing
Fold marks, needle holes, tiny spots

Remarkable autograph quotation signed by Chateaubriand, from his Memoirs from Beyond the Grave


Rome déchue offre un asyle aux puissances tombées :
Ses ruines sont un lieu de franchises pour la gloire persécutée et les talents malheureux
Chateaubriand”


This quote is taken from the third volume of Memoirs from Beyond the Grave. It opens with the Restoration in 1815 and ends with the 1930 Revolution.
The Memoirs from Beyond the Grave is Chateaubriand’s main work, whose writing began in 1809 and ended in 1841. Chateaubriand wanted these memoirs to be published only after his death, hence their title.

GENEVOIX, Maurice (1890-1980)

Autograph letter signed « Maurice Genevoix » to a colleague
Châteauneuf s/ Loire (Loiret), 24 January 1927, 1 p. in-4°
Fold marks, some tears on margin

Nice letter from Genevoix evoking his pace of work


“Mon cher confrère,
Vous avez mal pensé, j’en ai peur, de mon tempérament à vous répondre. Je pourrais, je devrais alléguer des voyages, des vacances, mais vous étiez bien en vacances lorsque vous m’avez écrit. La vérité est que je suis assez paresseux pour, lorsque je travaille, n’être capable que de travailler. C’était le cas : J’ai perdu la notion du temps. Je sursaute, je m’excuse, je compte sur votre indulgence.
Pour votre offre, sa cordialité me touche. Je vous réponds oui de bon cœur, enchanté du voisinage et de la camaraderie promise.
Merci donc, mon cher confrère, de votre bien cordialement
Maurice Genevoix”


Maurice Genevoix is a French writer and poet. His work as a whole testifies to the relations of agreement between men, between mankind and nature, but also between mankind and death. While he is heir to realism, his writing is served by a vivid memory, concern for accuracy, and poetic sense.
He also testified to the trials of the generation that made the Great War (1914-1918), particularly in Those of 14, a collection of war stories collected in 1949.

RÉCAMIER, Juliette (1777-1849)

Autograph letter to Madame Vallange, rue de la Paix
N.d.n.p [4 pm] 1 page 1/2 in-12
Tear on the second sheet, without affecting the text, several pin holes on both sheets

Ms. Récamier apologizes for not being able to attend a show


“J’ai espéré jusqu’à ce moment, chère amie que je pouvois aller ce soir au spectacle avec vous mais je suis si souffrante que ce serait une imprudence qu’on me défend. Je suis désolée et je vous demande mille pardons de vous le faire savoir si tard, c’est ce désir de ne [pas] y renoncer qui m’a donné de l’espoir jusqu’à ce moment.
Mille tendres amitiés”


Juliette Récamier is a French Parisian salonière who brought together, from the Directoire to the July monarchy, the greatest celebrities of the political, literary and artistic world.

FERSEN, Axel, Comte de (1755-1810)

Autograph piece signed « Axel Fersen »
Stockholm, 10th April 1787, 1 page oblong in-12
Tiny needle hole without affecting the text

Very scarce piece entirely autographed and signed by the Count of Fersen


“Je certifie que le Sieur Pierre de Choenström est né de parents nobles et quil est en etat de fair les preuves requises pour entrer au service du Roi.
Axel Fersen”


Fersen had left France on 26 July 1786 to join Sweden and remain there until 15 April 1787. He had joined King Gustav III to accompany him in his war in Finland against Catherine II of Russia. Fersen will remain famous for being the favorite of the Queen of France Marie Antoinette and for hir major role in the escape to Varenne of the royal family in 1791.

VLAMINCK, Maurice de (1876-1958)

Autograph letter signed “Vlaminck” to Lucien Descaves
La Tourillière, Rueil-la-Gadelière (Eure-et-Loir) 20 April 1931, 2 pages in-8
Slightly crumpled, fold mark

Vlaminck sends his last corrections about his next book, Poliment, published by Stock in 1931


“Mon cher Descaves,
Par le même courrier, les épreuves. J’abuse de votre amabilité mais vous m’avez offert si spontanément de me rendre ce service que ma foi j’en profite et j’en [suis] heureux. J’ai fait les corrections, celles déjà faites le soir à la Tourillière. Mais je vous demande de relire le tout afin qu’il ne reste pas de coquilles. Nous comptons aller à Paris vendredi et si cela ne vous dérange pas déjeuner avec vous. Si vous n’êtes pas libre, croyez que je comprends très bien cela, inutile d’écrire car nous sommes obligés d’aller à Paris. Nous passerons donc vendredi midi rue de la Santé, s’il n’y a pas d’empêchement nous aurons le plaisir de déjeuner avec vous ; sinon eh bien nous déjeunerons au restaurant. Je reprendrai les épreuves vendredi afin de les porter chez Stock l’après-midi.
Ne me renvoyez pas les épreuves je les prendrai chez vous.
Nos amitiés à tous et à vous Descaves [de] mes deux mains
Vlaminck”


Maurice de Vlaminck is a French painter took part of Fauvist and Cubist currents. Painter of portraits, nudes, landscapes, he is also a writer, publishing twenty-six books: novels, essays and a collection of poems.
Lucien Descaves (1861-1949) is a French journalist, writer and playwright. He was one of the first members of the Goncourt Academy and was its president.

LAFAYETTE Gilbert du Mortier, marquis de (1757-1834)

Document signed “Lafayette” and cosigned “Bailly” by Jean-Sylvain Bailly
Paris, 1st September 1790, 1 page in-folio, partly printed
Countersigned by the secretary of the city hall, Louis-Jean-Baptiste Boucher de Bonneval
Parisian National Guard header, vignette (Royal symbols crossed out in period), nice red wax seal of the Parisian National Guard.
Edges frayed, marginal tears skillfully repaired on the back, traces of folds

Rare signature of Lafayette during the revolutionary period


Claude Chaffin’s appointment certificate as a rifle sergeant in Cressart’s company.


It was Jean-Sylvain Bailly who, on 20 June 1789, during the oath of the Jeu de Paume, took the first oath and three days later, at the meeting in which Louis XVI demanded the dispersal of the Assembly, refused to comply and deremed himself president of the National Assembly.
It is interesting to note that the royalist symbols (especially the lily flowers) of the vignette were crossed out at the time!

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed “Paul Valéry” to a friend
Vence, [N.d], Easter [between 1921 and 1928], 2 pages 1/2 in-8
Pencil notes from another hand on top right margin

Tender letter from from Vence and evoking Catherine Pozzi


“Chère Madame et amie,
La fête des fleurs s’agite plus ou moins à deux cents mètres d’ici. C’est une petite confusion sans luxe, ou l’on se jette ce que l’on ramasse.
Madame Catherine
[Pozzi] est restée au logis où je la retrouve, le tuyau d’arrosage en mains. Le jardin a vraiment beaucoup gagné depuis l’année dernière. Je sais que vous avez apprécié la collinette et le pays. La maison est vraiment agréable, étant simple et commode. Le pays n’a contre lui que la poussière qui est grande sur la route, et l’éloignement des grandes voies, qui a son charme.
Je n’ai pas encore été à Nice. Je mène une vie de paresseux qui voudrait bien travailler et qui s’y essaye. C’est un bonheur pour moi que d’être soustrait à mes dîners et à mes thés, et à bien d’autres ennuis.
Yorik est à mes pieds. Dès l’aube, nous descendons faire la chasse à la mandarine ou à la côte de palmier. Il a même trouvé une pomme de pin qu’il a rapporté précieusement. Cet étrange chien me distrait et m’intrigue.
Nous aurons mercredi Mme de Croisset pour le thé. Bien que Mme de Béhogue n’est encore venu. Comme disent les journaux : Nous nous perdons en conjectures…
J’ai vu deux fois M. Laurent. Il est venu déjeuner hier…
Voici que Mme Catherine m’interrompt. Il faut courir au train. Je n’ai que le temps de vous charger de toutes mes amitiés pour Monsieur Jacques et de vous présenter mes hommages très respectueux et très affectueux.
Paul Valéry”


Catherine Pozzi (1882-1934) is a French poet. In 1920, she began a tumultuous affair with Paul Valéry that lasted eight years and resulted in an important correspondence. The end of their relationship will take her away from Paris of the salons and cause her a painful feeling of loneliness.

“He was never my master. He was my brother, my equal, my very pure tenderness. It’s not the same thing” – Catherine Pozzi on Paul Valéry

HUGO, Victor (1802-1885)

Original photograph by Melandri (c. 1881)
Albumen print counter-glued on cardboard in card-cabinet format

Photographer’s credit on editing, at 19 Clauzel Street, Paris
Spot on the upper left side, slightly frayed cardboard on margins.
Period nnotation “Victor Hugo” on the front, from an unknown hand.


Nice portrait of the great man surrounded by his grandchildren

This famous photograph of Victor Hugo is emblematic of his end of life. Following the death of his wife Adèle Foucher in 1868, and one of his sons, Charles, in 1871, Victor Hugo took charge of the education of his two grandchildren Georges and Jeanne. After having tasted the happiness of being a grandfather in exile in Vianden in 1871, he welcomed the children and their mother to Guernsey in the summer of 1872, and moved with them to Paris in 1874. It was during this period that he wrote several poems illustrating the behaviors and innocence associated with his grandchildren, all gathered in The Art of being a grandfather.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Original photography by Alcide Allevy
Albumen print counter-glued on cardboard in card-cabinet format (14,5 x 9,5cm)
Photographer’s credit on each side, to his address, 14 rue de Castiglione.
Brownish overall, some spots, slightly scratched edges, some flaws, period handwriting on verso.


Nice portrait of Verlaine gazing to the horizon and wearing a small lavallière

On this photography he is turning into his forties, at the time of the publication of the Poètes Maudits. Verlaine was then recognized as a master and a forerunner by poets who favoured symbolism and decadentism.

SUE, Eugène (1804-1857)

Autograph letter signed “Eugène Sue” to editor Pougin
Paris, n.d, 1 page in-8
Broken seal on second sheet with missing paper (without affecting the text)

Rare letter from the author of The Mysteries of Paris and The Wandering Jew


“Je voudrais beaucoup monsieur avoir le plaisir de vous voir pour vous parler d’une proposition qui je l’espère du moins pourrait peut-être vous convenir. Je suis tellement occupé que je vous serais extrêmement obligé si vous pouviez vous donner la peine de passer chez moi mardy avant midy, pour causer de cette affaire.
Agréez monsieur l’hommage de ma considération
Eugène Sue”


Eugene Sue is a French writer of the first half of the 19th century. He is best known for two of his social soap opera novels: The Mysteries of Paris (1842-1843) and The Wandering Jew (1844-1845).

SACHS, Maurice (1906-1945)

Autograph letter signed “Maurice Sachs” to Henry de Montherlant
Paris, December 1941, 2 pages in-8

Very nice letter from Sachs, with beautiful formulas, asking for a meeting with Montherlant


“Monsieur,
Depuis que je ne suis plus jeune, je n’écris plus aux écrivains, mais “nous avons tellement besoin de belle nature, pour qu’elles nous exaltent et nous approfondissent” qu’on en arrive deux ou trois fois dans la vie à se dire : Il est absurde de vivre à la même époque qu’un tel et de n’avoir pas cherché à causer avec lui.
Sans quoi l’auteur qui a eu de la besogne, ou des plaisirs à satisfaire, ou que des gens nouveaux (et pas très beaux de surcroit) ennuient à juste titre, dit : débrouillez-vous avec mon œuvre.
Cet impérieux besoin de vous rencontrer dans une première fois de la lecture de la Relève du matin, une deuxième fois de celle d’Aux fontaines du désir, et maintenant de celle du livre de Faure-Biguet [Les enfances de Montherlant (de neuf à vingt ans, Plon]. L’émotion que viennent me procurer certaines pages citées (et qui se confond avec elle ressenties il y a quelques mois en lisant “Les Chevaleries”) [Article de Montherlant paru dans la NRF en janvier 1941] est une des plus fortes de ma vie. Et pour la première fois, c’est une émotion à laquelle ne se mêle aucune sensiblerie.
Mais vous pensez bien que je ne vous écris pas pour vous parler de moi, et que je ne désire pas vous voir pour vous parler de moi, à la façon des tout jeunes gens qui ont besoin de s’expliquer, qui ne peuvent pas le faire en famille, qui n’osent pas absolument tout dire aux copains et qui veulent se commenter devant un homme célèbre.
J’ai seulement, mais impérieusement besoin de vous poser deux ou trois questions, car il n’y a qu’à vous qu’il soit intéressant de les poser.
Si, par hasard, vous voulez prendre le temps (une heure) d’y répondre, faites-le dire à votre lecteur fidèle.
Maurice Sachs”


Accursed writer, a “Jewish working for the Nazis”, scandalous author, Maurice Sachs leaves behind a protean work, including two moving first-person accounts of truth and intelligence.

REVERDY, Pierre (1889-1960)

Autograph letter signed “Pierre Reverdy” to André Level
S.l.n.d [before 1947], 1 page in-12
Discreet stamp on page 2 from a previous collection

Reverdy sends his new book


“Cher Monsieur Level,
Voici un nouveau livre qui marque une nouvelle étape dans mon œuvre. Voudrez-vous le lire ?
Je vous remets ci-joint le bulletin. J’aurai sans doute bientôt le plaisir de vous voir car je rentre à Paris.
En attendant toutes mes amitiés.
Pierre Reverdy”


Pierre Reverdy is a French poet associated with Cubism, Dadaism and early Surrealism. He had a notable influence on modern French-language poetry.
His notable works are Les Ardoises du toit (1918), Sources du vent (1929), La Liberté des mers (1947-1955) and Sable mouvant (1959).

André Level (1863-1947) is a French businessman and collector who distinguished himself by forming the first collection of French modern art.

QUENEAU, Raymond (1903-1976)

Autograph letter signed “Queneau” to Hugues Fouras
S.L, 5 February 1959, 1 page in-8 with Nrf letterhead
Letter glued on another sheet on verso

Queneau apologizes for not responding to a letter


“Cher ami
Je retrouve votre lettre et suis désolé de ne pas y avoir répondu plus tôt. Mais j’avais déjà écrit à Falgairolle pour me récuser. Et puis le temps a passé…
Je vous priede m’excuser et de croire, mon cher Hugues Fouras, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Queneau”


Raymond Queneau is a French novelist, poet and playwright. He is co-founder of the literary group Oulipo.
His most famous work is Zazie dans le métro

LUBICZ-MILOSZ (de), Oscar Vladislas (1877-1939)

Autograph letter signed “Votre Milosz” [to Hugues Fouras
[14th March 1938], 2 pages in-8°
Previous trace of mounting on margin (see scans)
Old mark of collection stamp

Milosz sends a book of his Seventeen poems to his friend Hugues Fouras


“Cher poète et ami,
Je suis bien aise de pouvoir joindre à ce pli un dernier exemplaire des XVII Poèmes, ainsi que mon étude sur les origines de la nation lithuanienne.
Entendu pour le 20 mars 20 heures mais j’ose vous en supplier une fois de plus – rien qui de près ou de loin ressemble à l’ombre d’un discours. J’en ai trop fait, comme ambassadeur à Genève et ailleurs. Le monde ou nous vivons est l’innocente victime des “gueules pleines de grandes choses”, comme le dit si bien le Prophète Daniel. Fraternellement (cela me rajeuni)
Votre Milosz”


Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz is a French-speaking Lithuanian poet. He was also a novelist, playwright and meta-physicist. His poetry evokes the passage of time, suffering, love. Nostalgia for childhood and remembrance hold back the poet who towards the end of his life evolves into religious meditation.

This letter was sent to him by his poet friend Hugues Fouras, a few days before the collaborators of the magazine La Bouteille à la Mer offered Milosz a poetic dinner to pay tribute to him.

MAETERLINCK, Maurice (1862-1949)

Autograph card signed “Maeterlinck” to Edouard Dujardin
Lisbon, 3rd April 1940, 1 page in-8
Old paper clip mark, a few ink stains, notes from another hand on the back

Card from Maeterlinck, then a refugee in Portugal in the middle of World War II


“C’est seulement aujourd’hui 3 avril que je reçois votre mot daté du 27 mars. Je suis au Portugal depuis 6 mois et compte y rester jusqu’à la fin de la guerre. Je voulais vous dire combien j’aurais été heureux de vous revoir à Nice. Attendons des temps moins barbares.
Bien affectueusement [à] vous
Maeterlinck”


Maurice Maeterlinck is a Belgian writer, a figure of symbolism, he remains today famous for his melodrama Pelléas et Mélisandre (1892), the summit of the symbolist theater set to music by Debussy in 1902.

In Lisbon, Maeterlinck sailed for the United States, where he landed on 12 July 1940. He was not to return to France until 1947.

LORRAIN, Jean (1855-1906)

Autograph letter signed “Jean Lorrain”, to a friend
Auteuil [no date], 2 pages in-12 oblong

Charming invitation for lunch


“Mon cher ami,
Je suis encore à Paris, je le quitte jeudi ou vendredi soir. Demain mercredi je descends à Paris, mais je suis très pris, j’ai toute ma journée prise par des rende-vous qui commencent à deux heures Chausée d’Antin puis s’echelonnant toute la journée.
Voulez-vous venir dejeuner à Auteuil midi précise demain mercredi, nous causerons et descendrons de la à Paris.
Voulez vous me rappeler au bon souvenir de votre mère et me croire votre ami.
Jean Lorrain”


Jean Lorrain is one of the scandalous writers of the Belle Époque, as are Rachilde and Hugues Rebell. His works can be brought closer to the literature of the end of the century. He was openly gay, which was very bold at the time.

LAMENNAIS, Félicité de (1782-1854)

Lettre autographe signée “F. de Lamennais” à M. Lasneau
Paris, 20 juin 1825, 1 page in-8
Period notes on back side, from another hand

Lamennais requires a shipment for his latest book, translation of The Imitation of Jesus Christ


“Je prie Monsieur Lasneau de remettre à Mr Charles un exemplaire de ma dernière brochure et deux exemplaires de mon Imitation.
Paris, le 20 juin 1825
F. de Lamennais
À la librairie classique”


Félicité de Lamennais is a French priest, writer, philosopher and politician. Elected to the Constituent Assembly in 1848, he died in 1854 while still in conflict with the Church and, according to his wishes, was buried civilly.

He is with Corneille one of those who translated the anonymous work The Imitation of Jesus Christ.

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Autograph letter signed “Edmond de Goncourt” to a Monsieur
Paris, 12 November 1885, 1 page in-8
Fingerprints on bottom right margin

Edmond de Goncourt documents himself for his next book: Miss Clairon


“Monsieur
M’occupant en ce moment d’une biographie de Mlle Clairon qui a fait ses débuts tragiques à Rouen dans la troupe à Lanoue et a joué de 1737 à 1740, je viens vous demander, connaissant votre obligeance par mes amis, si vous ne connaissez pas quelque lettre ou document relatif à ce passage dans votre ville de la grande tragédienne, soit publié dans un recueil local soit mis et conservé dans une collection rouennaise.
Je vous serais infiniment reconnaissant de cette communication.
Agréez, Monsieur, avec mes remerciements d’avance, l’assurance de ma considération distinguée.
Edmond de Goncourt
PS Boulevard Montmorency
Paris – Auteuil
A cette époque il n’y a pas encore de journal à Rouen ?”


Edmond de Goncourt (1822-1896) is a French writer of the naturalist litterary movement. He is the founder of the Goncourt Academy, which awards the prize of the same name every year. Part of his work was written in collaboration with his brother Jules de Goncourt.

Mademoiselle Clairon, d’après ses correspondances et les rapports de police du temps was published by Charpentier in 1890

CONSIDÉRANT, Victor (1808-1893)

Autograph letter signed “V Considérant” tp Mr Berger
Paris [Probably 1848], 2 pages in-8
Small bit missing on lower margin of second sheet, without affecting the text

Rare letter of the philosopher making a list for the prefect’s ball


“Mon cher Préfet,
Voici deux noms choisis conformément à vos désirs, du Chenu pour le bal prochain.
Mr et Mme Bichot, commandant du Génie rue de la Chaussée d’Antain 24
Mr et Mme Anicet Bourgeois, Grange Batellière 19
Mr et Mme de Basano 40 rue Monthaler
Me et Mme du Bois Thierry 50 rue de Rivoli
Mesdames Colonel Grattan 2 Castiglione
Madame Croly, 3 Castiglione
Et le plus beau de tous
V. Cuenot capitaine du génie, déjà nommé et que je vous prie de faire passer à l’état d’étoile fixe pour vos invitations.
Mille compliments et acceptation de votre invitation pour le 27.
V. Considérant”


Victor Considérant is a philosopher and polytechnician economist, adept of furierism, he was the main popularizer. It then helps to give a moderate interpretation of Fourier’s doctrines, striving to exclude or hide the most controversial parts of them, such as those on sexual freedom or the suppression of the family, and to derive practical reforms such as the right to work and suffrage for men and women.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed “Jean Cocteau” to André Figueras
N.p, 29th June 1952, 1 page in-4
Crumpled lower right margin with tiny missing bit

Charming letter


“Mon cher Figueras,
Je me demande (car la fatigue de mon voyage en Allemagne me rend gâteux) si je vous ai remercié de l’envoi de votre article, si juste et si noble.
Tant pis, si c’est fait. Je vous remercie deux fois. Je devrais vous remercier bien d’avantage.
Votre Jean Cocteau”


In early 1952, Cocteau toured Germany to present Orpheus and Villa Santo Sospir.

BARBUSSE, Henri (1873-1935)

Autograph letter signed “Henri Barbusse” to a friend
Villa Célestine, Antibes [September 1919], 1 p. in-4

Barbusse evokes Magdeleine Marx’s Woman, for the 1919 Goncourt Prize


“Mon cher ami,
Un livre très remarquable vient de paraître : Femme, par Magdeleine Marx, et je prends la liberté de le signaler à mes éminents amis de l’Académie Goncourt, pour le prix.
Je le fais, bien entendu sans aucune espèce de prétention de leur indiquer ce qu’ils ont à faire, mais je considère qu’il est du devoir de l’homme de lettres d’attirer l’attention de “qui de droit” sur les œuvres qui en valent la peine. De plus, ce livre sort juste en ce moment, c’est à dire au dernier moment et il se pourrait très bien que sans être reconnu, vous ne le lisiez pas à temps.
Je suis comme vous voyez, revenu dans le midi : Depuis août, ou j’ai eu une rechute de ma maladie de guerre, je suis assez patraque.
Recevez, je vous prie mes hommages amicaux et dévoués à votre femme et à votre fille, et croyez-moi votre bien dévoué.
Henri Barbusse”


Femme, published by Flammarion, with a foreword by Henri Barbusse, did not win the Prix Goncourt in 1919. As everyone knows, Marcel Proust’s À l’ombre des jeunes filles en fleurs won the prize that year. Babusse himself had won the Goncourt two years earlier with Le Feu.

BALLANCHE, Pierre Simon (1776-1847)

Autograph letter signed “Ballanche fils” to a gentleman
Lyon, 29 April 1811, 2 pages in-4
Small holes due to corrosion of the ink on two words with infike tears. Frightened left margin

Nice letter from Ballanche on the translation of the Adventures of Telemaque in Italian


“Monsieur
La bonté avec laquelle vous avez bien voulu me faire des offres de service, à votre dernier voyage à Lyon, fait que je me crois autorisé à prendre la liberté de vous prier de me rendre un service pendant votre séjour à Rome. Vous connaissez sans doute une traduction du Télémaque, en vers italiens, par Scarcelli. Cette traduction a été imprimée à Rome en 1747, en un vol. in-4°. Scarselli dans une petite préface dit qu’il avait le projet d’ajouter à la traduction, des notes historiques, géographiques, littéraires, mais qu’il en était abstenu parcequ’il savait qu’une autre personne avait un travail très considérable sur le Télémaque, et que ce travail devait être très prochainement publié. Cette autre personne est Louis Montefani Caproro professeur de droit public à l’université de Bologne et bibliothécaire de l’institut des Sciences. De deux choses l’une, ou Caprro n’aura pas publié son travail, et alors Scarselli aura publié le sien, ou Caproro aura publié ses notes. C’est un fait qu’il serait important pour moi de vérifier. Dans le cas où les notes soit de Scarselli, soir de Caproro, existeraient, il m’importerait de les avoir. Je ne sais pas si vous connaissez celles de Fabricius et de Daniel Durand, sur le Télémaque : elles me paraissent faites d’après le même plan, et elles sont antérieures. Il est possible que les autres n’aient fait que compléter ce travail de ces deux derniers. La première édition du Télémaque avec les notes de Fabricius et de Durand a paru à Hambourg en 1731, et la seconde à Londres en 1745. J’ai cette dernière édition. La première édition de la traduction de Scarcelli a paru à Rome, en 1747, et les notes, si elles existent, n’ont pu qu’être postérieures à 1747.
Je vous demande pardon, Monsieur, de vous ennuyer de ces détails, mais je connais votre extrême obligeance, et vous êtes dans le pays où il est le plus facile de vérifier le fait qu’il importe de connaître.
Nous sommes sur le point de publier un Télémaque avec les notes de Fabricius et de Durand, c’est pourquoi il nous serait extrêmement utile d’avoir les autres pour les comparer et en profiter. Peut-être devrions-nous prendre pour fonds de nos notes l’édition qui porterait les notes de Caproro, plutôt que celle qui porte les notes de Fabricius et de Durand.
Notre projet sur le Ciceron est ajourné. Cependant comme nous sommes bien loin d’y avoir renoncé, s’il vous venait quelques renseignements qui fût bon à recueillir pour nous, je vous prie de ne pas les laisser échapper.
Je compte assez sur votre complaisance pour espérer de vous une réponse prochaine.
J’ai l’honneur d’être parfaitement votre très humble et très obéissant serviteur.
Ballanche fils”


Ballanche and his father ran one of Lyon’s most important printing houses. It was not until 1816, on the death of his father, that he sold the family business and moved to Paris to devote himself to letters.
An epistolier, Ballanche exchanged many letters with Chateaubriand, Madame Récamier, Sainte-Beuve, among others.

BERNHARDT, Sarah (1844-1923)

Autograph letter signed “Sarah Bernhardt” à un deputy
N.d.n.p, 3 pages in-8
On her letterhead
Fold mark, some tiny spots

Charming letter from the actress proposing lunch


“Très cher député, je réserve pour samedi un déjeuner chez la Comtesse de Najac. Vous plaît-il demain venir chez moi. J’ai hâte de causer avec vous de ce sujet qui me passionne. S’il ne vous est possible demain, vous plaît-il lundi. J’ai été joyeuse de vous voir…. Je vous serre la main.
Sarah Bernhardt”


Nice and large signature

GEORGE, Marguerite-Joséphine Weymer, dite Mademoiselle (1787-1867)

Autograph letter signed“George” to king Louis-Philippe 1er
Paris, 22 May 1840, 2 pages in-4, letterheard to her initials
Slightly crumpled, spot on last page without affecting the text

Poignant plea of the great actress of Romanticism to King Louis-Philippe


“Sire,
Frappée par le désastre de la direction de la Porte St Martin, j’ose m’adresser à votre majesté. Elle seule, dans la bienveillance dont elle honore les artistes, peut apprécier et secourir une femme, que recommandent un grand malheur, et quelques heures, acteurs dans la profession.
Dans l’espoir de réparer une partie des pertes que j’ai subies, j’entreprends avec une troupe d’élite un grand voyage dramatique, qui propagera à l’étranger l’étude et le goût des chefs d’œuvres du théâtre français. Cette entreprise ne peut être réalisée qu’au moyen de dépenses qui sont assez considérables, surtout pour la position ou ma place la fermeture du théâtre de la porte-st-martin.
J’invoque de votre majesté un secours quel qu’il soit, il facilitera l’opération que j’entreprends, il m’honorera, il sera pour moi un augure de bonheur.
Quelques services que j’ai pu rendre à l’art dramatique seront auprès de votre Majesté ma recommandation, ou mon excuse pour la prière que ma confiance d’artiste n’hésite pas à lui adresser.
Je suis avec respect Sire, de votre majesté, la très humble et très obéissante servante,
George
Anciennement secrétaire du théâtre français”


The actress refers here to the bankruptcy of Charles-jean Harel at the end of 1839. Harel was then in charge of the theatre of the Porte-Saint-Martin. Following this event, the theatre was taken over by the Cogniards brothers until 1848.

GEORGE, Marguerite-Joséphine Weymer, dite Mademoiselle (1787-1867)

Lettre autographe signée “George” à Victor Hugo
[Probablement vers 1840], Paris, 36 rue de la Victoire, 2 p. in-8

Nice letter, in a form of a request, from the great actress to Victor HUGO


“Vous avez eu la bonté de parler pour moi au ministre ; puis-je espérer quelqu’intérêt de ce côté ? Vous n’avez pas oublié (car vous n’oubliez jamais ceux que vous honorez de votre bienveillance) de dire un mot à Mr Marie pour mon cher Tom. Veuillez me faire dire, mon cher Monsieur Hugo, si vous avez trouvé les Mrs dans de bonnes dispositions puisque votre éloquente parole a daigné me protéger je ne puis douter du succès.
Ayez, mon cher Monsieur Hugo, l’assurance de mes sentiments les plus dévoués.
George”


It should be noted that it was Mademoiselle George who first performed the lead role in Victor Hugo’s Lucretia Borgia on February 2, 1833 at the Porte-Saint-Martin theatre.
Mademoiselle George received such a success with applause in the first act that emotion almost prevented her from playing the others: “Ah! My friend!” she said to Victor Hugo, “I will never have the strength to continue.”
The next day, Hugo wrote: “Mademoiselle Georges passes, as she wishes, and effortlessly, from the pathetic tender to the pathetic”

TALLIEN, Thérésa Cabarrus, dite Madame (1773-1835)

Autograph letter signed “Thérésia de Cabarrus” to an ungrateful brother
S.l, 3 floréal an 9 (23 April 1801), 1 page 1/4 in-8

Very nice letter from the Thermidorian muse about a recommendation


“Il faut être bien malheureux pour n’avoir près de vous frère ingrat d’autre recommandation que la mienne, et bien compter sur votre extrême obligeance pour croire qu’elle ne nuira pas au succès que l’on sollicite… Je l’ai dit et répetté au Cit. Denarbonne mais en vain, il accuse ma bonne volonté, et prétend avec le public que vous ne refusez jamais de rendre service, que vous êtes inaccessible à toutes les petites considérations et à toutes les grandes préventions, qui naissent des circonstances, enfin il a exigé de ma constante amitié pour vous et de l’estime réelle que je vous ai vouée, que je vous trace quelques lignes en sa faveur : il prétend que c’est un homâge de plus rendu à votre caractère et cette raison me détermine à vous envoyer ce griffonnâge. Veuillez bien l’excuser frère ingrat et croire que ceci ne pourra attérer les sentiments dont ce billet vous offre l’assurance et la preuve.
Thérésia Cabarrus”


Theresa Cabarrus, known as Madame Tallien, is an aristocrat who adhered to Enlightenment ideas, but when the Jacobins establish terror, she had to flee Paris. Like many of her friends Girondins, she was arrested but, the representative of the Bordeaux Convention, Jean Lambert Tallien, asked to meet her and later on arranged for her release. Having become his companion, she later used his influence with him and managed to save many Bordeaux from the guillotine, hence his nickname “Our Lady of Good Relief”. In July 1794, on suspicion of softness, Tallien was summoned to Paris and Theresa was arrested. As she goes to be guillotined, she urges her lover to act, calling him a coward. He then decided to enter into a conspiracy against Robespierre and, on 9 Thermidor (27 July 1794) he took a decisive part in the assembly in the confrontation that brought down the great revolutionary. Theresa becomes “Our Lady of Thermidor.”

Raymond-Jacques-Marie de Narbonne-Pelet (1771-1855) was a 19th-century French diplomat and politician. He emigrated with his family in 1791 and returned to France during the Consulate. He was appointed peer of France in 1815 in the early hours of the Second Restoration.

GENEVOIX, Maurice (1890-1980)

Autograph letter signed “Maurice Genevoix” to a colleague
Châteauneuf, 19th January 1927, 1 page in-8

Nice letter from Genevoix, especially about his work The Fishing Box


“Mon cher confrère et ami,
Je suis dégoûté par une cascade de journées abrutissantes, ou la grippe, – sur moi et autour de moi, – des corvées sans intérêt, un nécessaire voyage à Paris qu’un second, pourtant déjà, va suivre, ont sévi pêle-mêle sans autre caractéristique qu’une morne précipitation. Encore si ces indéniables se donnaient à eux-mêmes ! Mais leurs répercussions, de proche en proche, prolongent l’embêtement qu’on leur doit (il y a là-dedans, et sur ce temps perdu qui ne revient jamais, de bien belles vérités premières).
Ne croyez-vous pas, tout de même, que j’aimerais pouvoir, de temps en temps, bavarder à loisir avec autre chançard, vous et moi ? Chançard, puisqu’il faut bien l’être. Et non point seulement se borner, vous écrivant, à remercier l’excellent confrère qui a parlé de la Boîte à pêche comme vous en avez parlé, si sincère que soit le remerciement pour le plaisir dû à ce confrère-là ? Mais enfin, je suis content de l’avoir pu, gardant l’espoir d’un échange moins succinct, et vous priant de croire à toute ma très cordiale sympathie.
Maurice Genevoix”


Maurice Genevoix is a French writer and poet. His work as a whole testifies to the relations of agreement between men, between mankind and nature, but also between mankind and death. While he is heir to realism, his writing is served by a vivid memory, concern for accuracy, and poetic sense.
He also testified to the trials of the generation that made the Great War (1914-1918), particularly in Those of 14, a collection of war stories collected in 1949.

The Fishing Box (1926) is a novel by Maurice Genevoix that uncovers childhood memories dotted with places said. He evokes among other things the jubilation of the fisherman, on the silent banks of the Loire between sky and reeds, joins that of the writer, who knows how to make sensitive his joy and his passion for the country.

TALLIEN, Thérésa Cabarrus, dite Madame (1773-1835)

Autograph letter signed “Th. C. de Camaran” to Mme Devin
Np, 29th May 1807, 1 page in-4
Fold marks, perforation on second sheet due to seal removing.

Charming letter from the muse of the Thermidorians and the Directoire


“Je suis trop vivement touchée Madame de votre délicate attention et de votre rare bonté pour pouvoir laisser à un autre le soin de vous parler de ma reconnaissance; pardonnez-moi Madame de n’avoir pu résister au désir, au besoin de vous adresser directement les expressions de tous les sentiments que je vous dois et que le tems n’a fait que fortifier. Mes vœux à vous savoir bien convaincue de leur sincérité et à pouvoir de tems en tems vous rappeller que je suis et serai tout ma vie votre dévouée et respectueuse servante.
Th. C. de Camaran”


Theresa Cabarrus, known as Madame Tallien, is an aristocrat who adhered to Enlightenment ideas, but when the Jacobins establish terror, she had to flee Paris. Like many of her friends Girondins, she was arrested but, the representative of the Bordeaux Convention, Jean Lambert Tallien, asked to meet her and later on arranged for her release. Having become his companion, she later used his influence with him and managed to save many Bordeaux from the guillotine, hence his nickname “Our Lady of Good Relief”. In July 1794, on suspicion of softness, Tallien was summoned to Paris and Theresa was arrested. As she goes to be guillotined, she urges her lover to act, calling him a coward. He then decided to enter into a conspiracy against Robespierre and, on 9 Thermidor (27 July 1794) he took a decisive part in the assembly in the confrontation that brought down the great revolutionary. Theresa becomes “Our Lady of Thermidor.”

GENEVOIX, Maurice (1890-1980)

Autograph letter signed “Maurice Genevoix” to a gentleman
Chateauneuf s/ Loire (Loiret), 23 February [19]29, 1 page in-4
Missing bits on margin without affecting the text, fold marks

Nice letter from Maurice Genevoix evoking his books and his novel Cyrille


Mon cher confrère,
J’ai cherché dans mes extrêmes fonds, je ne suis pas collectionneur, et les quelques « grands papiers » de mes livres qui me passent entre les mains ne s’y attardent guère,- et j’ai trouvé providentiellement les deux exemplaires alfa que je envoi par ce courrier.
Je me contente de les signer, mais je me ferai un plaisir, le moment venu et si l’on y tient, d’y inscrire une dédicace.
Merci pour ce que vous dites de Cyrille, et bien cordialement à vous.
Maurice Genevoix”


Maurice Genevoix is a French writer and poet. His work as a whole testifies to the relations of agreement between men, between mankind and nature, but also between mankind and death. While he is heir to realism, his writing is served by a vivid memory, concern for accuracy, and poetic sense.
He also testified to the trials of the generation that made the Great War (1914-1918), particularly in Those of 14, a collection of war stories collected in 1949.

Cyrille, mentioned in this letter, is a work by Maurice Genevoix (Flammarion, 1929); reissued under the title La Maison du Mesnil (Le Seuil, 1982; Points Roman No. R451)

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed “Chateaubriand” to a gentleman
Paris, October 8, 1838, 1 page 1/4 in-8
Fold marks, old glue marks on edge

Nice letter from Chateaubriand about Francis Hogdson


“Je regrette infiniment, Monsieur, de ne m’être pas trouvé chez moi, lorsque vous m’avez fait l’honneur d’y venir avec monsieur [Francis] Hodgson. Je pars pour une nouvelle course qui durera 10 à 12 jours. À mon retour monsieur, je m’empresserai d’aller vous chercher et de vous prier de me présenter à monsieur Hodgson.
Agréez de nouveau, Monsieur, le vous prie, l’assurance de ma considération la plus distinguée.
Chateaubriand”


Francis Hodgson (1781-1852); also known as Frank Hodgson in correspondence, was a reforming provost of Eton, educator, cleric, poet and friend of Lord Byron.

[PROUST] BOYER, Paul (1861-1952)

Original photograph by Paul Boyer (successor to Otto Van Bosch)
Period albumin print (c. 1891). Carte-de-visite format (90 x 58 mm) laminated on thick cardboard with the photographer’s name. Golden edges.
Some tiny spots, Mante-Proust collection stamp on verso

Famous portrait of young Marcel Proust by Paul Boyer, the only known period print


Like his portrait by Jacques-Émile Blanche painted at the same time, we find here the same thin mustache and delicate face of the writer. Elegantly combed and dressed in a dark suit, Proust here wears an imposing ascot around his neck.
Portraitist Paul Boyer took over Otto Van Bosch’s Paris studio in 1888. Located on Boulevard des Capucines and in Trouville, he worked until 1909.

This precious print was kept by the Proust family until 2016

BOULEZ, Pierre (1925-2016)

Autograoh signed card to André Dubois
[Marseille, 24 april 1954], 1 page in-8

Nice letter by Pierre Boulez on the back of a postcard, about a musical project for July 14th celebrations


Je vous soumets un projet pour un semblable 14 juillet à Metz. Qu’en dites-vous ?
je m’excuse du rendez-vous manqué chez Suzy L. mais au dernier moment, je n’ai pas l’énergie d’y aller.
Dans 2 heures nous partons vers d’autres cieux.
Amitiés
PB”


Pierre Boulez is a French composer and conductor. He played an important role in the development of serial, electronic and random music. His polemical views on the evolution of music earned him a reputation as an enfant terrible.

André Dubois (1903-1998) was a senior civil servant, prefect of police and later president of the French National Press Federation.

[HUGO, Victor] Adèle Foucher & Auguste Vacquerie

Adèle Foucher (1803-1868) – Auguste Vacquerie (1819-1895)
Period prints on albumen paper, glued on thin cardboard
Name card formats
Few freckles

Original photographs by Pierre Petit. Photographer credits on verso.

Beautiful reunion of portraits, Hugo’s inner circle

HUGO, Victor (1802-1885)

Period photograph, albumen print on thin cardboard
By FRANK, 18 rue Vivienne, Chalot & Cie
Name card format
Some spots, slight flaw under the right right eye.
Period annotation on back side from an unknown hand.

Victor Hugo appears sitting, his gaze towards the horizon

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed “GSand” [to Paul Porel]
Dry monogrammed G S initial on letterhead
Nohant, May 28 [18]76, 1 page in-8 in black ink

A moving letter, one of the very last, less than 10 days before her death


“Merci de cette bonne nouvelle, mon cher enfant. J’écris tout de suite à mon gros [Léopold] Barré combien je suis heureuse. Tu es bien gentil de me l’avoir annoncée. J’espère toujours aller à Paris avant la fermeture de l’Odéon, pour t’applaudir et te renouveler l’injonction de venir nous voir aux vacances d’été.
GSand
Nohant, 28 mai 76″


This moving letter is one of George Sand’s last. After the three letters written on 28 May (one to Miss Marguerite Thuillier, the other to her doctor Henri Favre and finally this one), and a note in the Agenda on 29 May, she will take up the pen one last time on the 30th to write to her nephew Oscar Cazamajou (Corr. XXIV, p. 638)

George Sand, who died on 8 June 1876 of an intestinal obstruction, was already suffering of stomach pain on 28 May, as evidenced by her letter to Dr. Henri Favre: “I wonder where I am going and whether to expect a sudden departure one of these mornings. I’d rather know right away than by surprise.” Her condition will deteriorate on May 30 before the symptoms worsen significantly on June 3. On June 7, in agony, she whispers to her daughter Solange, who is caring for her, and to her daughter-in-law Lina Calamatta: “Goodbye, farewell, I am dying.” She died on June 8 at 10:00 a.m. in her 72nd year.

Paul Porel (1843-1917) is a French actor, director and theater director. He was married to the actress Réjane and was close to literary and musical circles, notably attending Alphonse Daudet, Emile Zola, Léon Hennique, George Sand, Gabriel Fauré etc.

SAND, George (1804-1876) DOSTOÏEVSKI, Fiodor (1821-1881)

Silver print on postcard

One of the most iconic portraits of the Russian novelist

Very scarce

RÉCAMIER, Juliette (1777-1849)

Autograph letter signed “J Recamier” to a Monsieur
N.p, “Wednesday“, 1 page 1/4 in-12 on double sheet

Rare autograph letter signed from Juliette Récamier


“Mad[ame] Le Vasseur étant parfaitement rétablie, je n’ai pu, Monsieur, obtenir qu’elle prolongeât son séjour à Marie-Thérèse, elle en sort demain et désire rester dans le quartier où elle est protégée par votre intérêt. Ne l’ayant connue qu’à l’occasion de son admission a Marie-Thérèse, permettez, Monsieur, que ce soit à votre bienfaisance éclairée que je confie le léger secours que je puis lui offrir, et veuillez agréer l’expression de mes sentiments distingués.
J Recamier”


The hospice mentioned here is “The Marie-Thérèse Infirmary”, founded in Paris on her property by françois-René de Chateaubriand’s wife, Celeste, under the patronage of the Duchess Marie-Thérèse d’Angoulême.

Juliette Récamier is a French Parisian salonière who brought together, from the Directoire to the July monarchy, the greatest celebrities of the political, literary and artistic world.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “Victor Hugo” to a critic
28 January [1870], H[auteville] H[ouse], [Guernesey], 1 p. in-4
Slight tear on fold mark by right hand margin

Extraordinary unpublished letter on the critical reception of his works and how he composes them


“Que vous êtes heureux d’être jeune !
Vous sauriez que mes anciennes œuvres, acceptées par vous avec une grâce si cordiale, ont été exactement accueillies comme les dernières, vive adhésion d’un côté, violents sifflets de l’autre. [Hippolyte] Rolle, [Gustave] Planche, [Charles] Nisard etc. huaient ; Ste-Beuve et [Théophile] Gautier applaudissaient. Ste-Beuve plus tard a été ennemi, mais il paraît qu’il irait redevenir presque ami.
Haine et sympathie, c’est ma vie. Vous allez voir ces jours-ci le même phénomène se reproduire autour de Lucrèce Borgia.
Cela tient peut-être à ce que je suis entier. Ce qui me fait commettre des viols. Si ces viols ont fécondé, l’avenir me donnera raison.
Je dédie, comme Eschyle, mes œuvres au Temps.
En attendant, j’aime votre esprit délicat et votre talent vigoureux ; le côté robuste l’emportera, et vous dominerez la critique, que Sainte-Beuve a seulement fouillée. Mieux vaut bâtir sur la cime que faire des excavations à la base. Et je vous écris tout ceci pour vous dire, mon cher et charmant confrère, qu’une bonne parole de vous me va au cœur ; et je vous en remercie par mon meilleur serrement de main…
Victor Hugo”

 


Lucretia Borgia is a play written by Victor Hugo in 1832 and performed at the Porte-Saint-Martin theater on February 2, 1833. The show was so successful that Donizetti made an opera of it that same year. During a private reading for his acquaintances, the playwright meets Juliette Drouet for the first time. Lucretia Borgia will be, as Hugo points out in this letter, replayed on February 2, 1870, still at the Porte-Saint-Martin theater.

Hugo spoke at length about Sainte-Beuve because he, a prominent literary critic and representative of Romanticism (note that the two men had a relationship marked by admiration and resentment), was to die three months earlier, on October 13, 1869.

Aeschylus’ dedication to Time is a quotation from the preface to the Burgraves (a historical drama by Victor Hugo, first performed at the French Comedy on March 7, 1843).

BECKETT, Samuel (1906-1989)

Autograph letter signed “Sam” to an unknown recipient [Jean]
Paris, 11th January 1974, 1 p. in-12
Small spot on lower right margin

Rare letter of the 1969 Nobel Prize in Literature


“Cher Jean,
Merci de votre mot.
Pour Londres, bonne côte
Bon courage
Amitiés
Sam”


Samuel Beckett is an Irish novelist. He was awarded the Nobel Prize for Literature in 1969.

HUYSMANS, Joris-Karl (1848-1907)

Name card autograph signed “JH” to a dear friend
[N.d.n.p], 2 p. in-24 in black ink

Huysmans announces the imminent extraction of part of its teeth


“Cher ami, des nouvelles ? – Les mêmes – sinon que, cette semaine, on se décide enfin à commencer l’extraction d’une partie des dents. Celà me promet quelques journées agréables ! Enfin c’est ainsi. Comme il y a des boisseaux de douleurs à remplir, avant ou après – il faut se dire que ce sera toujours autant de mains à faire peser après. Ce sont des avoues d’hoirie, comme on dit dans la belle longue procédure.
Bien affectueusement à vous
JH”


Joris-Karl Huysmans is a writer and art critic. Defender of naturalism in its early days (he was part of Les Soirées de Médan alongside, among others, Zola and Maupassant). He parted with this school to explore the new possibilities offered by symbolism and became the main representative of aesthetics at the end of the 19th century.

MARTIN DU GARD, Roger (1881-1958)

Autograph letter signed “Roger Martin du Gard” to a friend
15th Dec.[ember] [19]31, 1 p. in-8
Tiny spot on the left side

Martin du Gard praises his correspondent’s latest novel and mentions Gide


“Cher ami,
Je fais lire votre livre. André Gide, à qui j’ai prêté mon exemplaire, est violemment intéressé, il vous a lu de la première ligne à la dernière.
Auriez-vous un volume à envoyer à René Lalou – 6 rue de Seine – VIe ?
Je lui ai parlé de votre livre, il souhaite vivement le lire. Et il en parlera sans doute.
Je suis ravi de sentir mon admiration étayée par celle des autres. Vous avez fait là votre meilleur livre, c’est sûr.
Encore merci de la bonne et cordiale intimité de l’autre soir.
Hommages et fidèles amitiés,
Roger Martin du Gard”


Roger Martin du Gard is a French writer, novelist and playwright. His main work is the novelist suite Les Thibault (1920-1940). He was awarded the Nobel Prize in Literature in 1937.

SAINTE-BEUVE, Charles Augustin (1804-1869)

Autograph letter signed “SteBeuve” to a gentleman
17th 9bre [November] 1865

Sainte-Beuve evokes Nodier and his Memories of the Revolution


“Monsieur,
Je vous remercie infiniment de votre obligeante indication. Une remarque m’avait déjà été faite en ce sens, et dans l’extrait de l’article, publié par Le Constitutionnel, j’en ai tenu compte: Il paraît de plus qu’en effet, comme vous l’avez soupçonné, il y avait en Franche-Comté et il y a peut-être encore, une association de Philadelphes, Nodier, du moins, le dit dans ses souvenirs de la Révolution. Je tâcherai de m’éclaircir.
Agréez je vous prie, avec mes remerciements, l’expression de ma considération très distinguée.
SteBeuve”


Charles Nodier (1780-1844) is a French writer, novelist and academic. He is attributed a great importance in the birth of the Romantic movement in the 19th century. Victor Hugo, Alfred de Musset and Saint-Beuve recognized his influence. He was a major participant in the 16th-century rediscovery of French poetry, bringing Ronsard back to “fashion”.
The Philadelphes were members of a secret democratic society, founded in France at the end of the 18th century and influential during the Napoleonic era in Switzerland and northern Italy.

HUYSMANS, Joris-Karl (1848-1907)

Autograph letter signed “JKHuysmans” to a colleague
N.d, Paris, 1p 1/2 in-12 on laid paper
Small stains, brown marks

Beautiful letter from Huysmans about Flaubert, Goncourt and Wagner’s Tannhauser


“Mon cher confrère,
Je vous remercie et de l’envoi du journal où vous avez bien voulu traduire l’ouverture du Tannhäuser et des obligeantes félicitations que contenait votre lettre.
Nous ne sommes pas bien gâtés à Paris par les lecteurs qui préfèrent généralement les produits de Mr [Georges] Ohnet aux pages de Flaubert et de Goncourt. Le peu de justice qui est rendu aux écrivains qui essayent d’écrire, vient presque toujours de l’étranger. Vous en témoignez une preuve de plus, et qui me touche particulièrement.
Veuillez bien recevoir, mon cher confrère, l’assurance de mes meilleurs sentiments.
JKHuysmans”


Huysmans praises the realist novel (Gustave Flaubert) and naturalist novel (Edmond de Goncourt), a movement to which he was attached before parting with it in the early 20th century and attaching himself to symbolism.
Georges Ohnet (1848-1918) is a writer of popular French novels. He was the subject of great criticism and jealousy in the literary world.

BERGSON, Henri (1859-1941)

Autograph letter signed “H. Bergson” to Félix Sartiaux
9th Nov.[ember] 1922, 1 p. in-12 on laid paper

Bergson gives an appointment to his colleague and friend philosopher Felix Sartiaux


“Cher Monsieur,
Vous savez le plaisir que j’ai à causer avec vous. Puisque le samedi 11 novembre vous est commode, je vous attendrai ce jour-là au commencement de l’après-midi, vers 2h1/2. Veuillez transmettre mes respectueux hommages à Madame Sartiaux, et croire à mes sentiments tout dévoués.
H. Bergson”


Henri Bergson is a French philosopher. Among his entire work, the four main are the Essay on the Immediate Data of Consciousness, Matter and Memory, Creative Evolution and The Two Sources of Morality and Religion. Bergson was elected to the French Academy in 1916 and was awarded the Nobel Prize for Literature in 1927. His pacifist ideas influenced the drafting of the statutes of the League of Nations.

ROSTAND, Edmond (1868-1918)

Name card with autograph additions, signed “Edmond Rostand
[S.l.n.d], 1 p. in-24 in black ink
Small brown stains, blue pencil typographical annotation on the back

Rostand makes a request for 4 seats for a performance at the Sarah Bernhardt Theatre


“Prière de donner quatre bonnes places pour les Nouveaux Riches
Théâtre Sarah Bernhardt
Edmond Rostand”


Edmond Rostand is a French writer, playwright, poet and essayist. He is the author of one of the best known plays in French theatre, Cyrano de Bergerac.
The play he wished to attend, The New Rich, was written by Charles Albert Abadie (1880-1937) and Raymond Cesse (1885-1971). Its first performance took place in 1917 (certainly the year in which this little name card billet dates from).
The Sarah Bernhardt Theatre located 2, Place du Châtelet, is now better known as the Théâtre de la Ville. Since the early 1980s, it has become a major place for the promotion and international recognition of contemporary dance and its young creators.

DEBUSSY, Claude (1862-1918)

Autograph letter signed “Claude Debussy” to Louis Barthou
Paris, 28 December 1908. 1 p. in-4 in blue ink, laid blue paper
Few ink stains, tiny brown mark

Debussy uses his notoriety for recommendation in favor of his brother Alfred


“A Monsieur Barthou, Ministre des Travaux Publics,
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur d’appeler votre bienveillante attention sur le cas de Mr Alfred Debussy, mon frère, sous-inspecteur à la Cie des chemins de fer de l’Ouest.
Il craint que le changement de régime n’ait pour conséquence des mouvements dans le personnel…
et son vœu serait de conserver son poste, afin de bénéficier de l’expérience et des relations acquises.
Je sais que mon nom ne vous est pas inconnu, d’autre part, peut-être voudrez vous vous souvenir d’une rencontre que je n’ai pas oublié – ou vous avez bien voulu me témoigner intérêt précieux.
Dans l’espoir que vous réserverez un favorable accueil à cette requête, je vous prie, Monsieur le Ministre de bien vouloir accepter l’assurance de mon profond respect.
Claude Debussy
M. Claude Debussy, 20 avenue du Bois de Boulogne.”


By composing in 1894 Prelude to the Afternoon of a Wildlife the first milestone of modern music, Debussy immediately placed his work under the seal of the musical avant-garde. He was briefly Wagnerian in 1889, then nonconformist for the rest of his life, rejecting all aesthetic academicism. With La Mer, he renews the symphonic form; with Jeux, he inscribed ballet music in a prophetic modernism; with Pélléas and Mélisandre, French opera emerges from the ruts of the tradition of lyrical drama, while it confers inspired impressionist accents on chamber music, with its string quartet and trio.
Claude Debussy leaves the image of an original and profound creator of a music where the wind of freedom blows. Its impact will be decisive in music history.

On the composer’s death, Alfred Debussy is said to be the guardian of Chouchou, the daughter he had had with Emma Bardac.
Politician and Minister Louis Barthou (1862-1934) also distinguished himself by his love of music and letters. Author of books on Lamartine, Baudelaire, Hugo, he entered the French Academy and, a fierce bibliophile, presided over the society “The Contemporary Book” while personally constituting one of the most beautiful libraries of prints and manuscripts of his time.

HUYSMANS, Joris-Karl (1848-1907)

Name card with autograph addition
[N.d.n.p], 1 p. in-24 in black ink
Tiny brown marks

Amusing note by Huysmans on his name card


“Ouf ! Rentré “


Joris-Karl Huysmans is a writer and art critic. Defender of naturalism in its early days (he was part of Les Soirées de Médan alongside, among others, Zola and Maupassant). He parted with this school to explore the new possibilities offered by symbolism and became the main representative of aesthetics at the end of the 19th century.

MONTESQUIOU, Robert de (1855-1921)

Name card with autograph additions to a “dear friend”
Janv[ier] 1904, 1 p. in-24 in purple ink
Small brown spots

Robert de Montesquiou’s name card with autograph addition


“Grand Merci, cher ami, je vous compte parmi ceux-là, et j’en suis fier
Janv-1904


Count Robert de Montesquiou is a poet, writer, dandy and critic of art and literature.
Both poet and insolent dandy, he would have served as a model for Esseintes in Huysmans’s À Rebours (1884) and Jean Lorrain’s Monsieur de Phocas. He is finally and above all famous for being the main inspiration of Baron de Charlus in Marcel Proust’s In Search of Lost Time.

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed “Marcel Proust” to Robert de Flers
[Paris, November 6, 7 or 8, 1913] (1) 4 pages in-8

Extraordinary letter in which Proust releases the plan of In search of lost time


« Cher Robert, Pardon de t’ennuyer encore. Mon éditeur Grasset voudrait qu’on annonçât dans un écho du Figaro la prochaine apparition de mon livre. Comme Mr Hébrard a chargé un de ses rédacteurs de m’interroger et de faire sur moi un « article d’atmosphère » (2) je voulais attendre cela qui aurait fourni les éléments de la note mais comme je ne sais quel jour je serais assez bien pour voir ce m[onsieu]r, j’ai peur que cela retarde trop car il faudrait que cette note passât d’ici un jour ou deux.(3)

Mon livre paraît le 14 et ceci est une « indiscrétion » littéraire (langage d’éditeur). L’ouvrage total s’appellera A la Recherche du Temps Perdu [ ;] le volume qui va paraître (dédié à Calmette) : « Du Côté de chez Swann ». Le second Le Côté de Guermantes, ou peut’être « A l’ombre des Jeunes Filles en fleurs » ou peut’être « les Intermittences du Cœur » (4) ou peu. Le troisième : Le Temps Retrouvé ou peut’être l’Adoration l’Adoration Perpétuelle (5). Ce qu’il faut dire c’est que ce ne sont nullement mes articles du Figaro mais un roman à la fois plein de passion et de méditation et de paysages.

Surtout c’est très différent des Plaisirs et les jours et n’est ni « délicat » ni « fin ». Cependant une partie ressemble (mais en tellement mieux) à la Fin de la Jalousie (6). Je voudrais que le long silence que j’ai gardé et qui m’a laissé inconnu quand d’autres avaient l’occasion de se faire connaître ne fît pas qu’on annonçât cela comme un livre dénué d’importance. Sans y en attacher autant que certains écrivains qui s’en exagèrent certainement la valeur, j’y ai mis toute ma pensée, tout mon cœur, ma vie même. Si en q.q. [quelques] lignes tu peux annoncer ce livre tu me ferais bien grand plaisir. Tout à toi. Marcel Proust »


1 – This letter was written a few days before November 14, 1913, the date of the publication of Swann’s Way. Proust announces “My book appears on the 14th“, he asks for an announcement to be made in the Figaro (see note 3). It should therefore date from November 6, 7 or 8, 1913.

2 – Adrien Hébrard was editor of the newspaper Le Temps. An “atmospheric article“, as Proust calls it, will predate that of Le Figaro and will be published the day before the publication, on 13 November, under the signature Elijah-Joseph Bois. Proust wrote this letter before receiving the journalist.

3 – The note that Proust requests will appear on the front page of Le Figaro on Sunday, November 16, 1913

4 – Intermittences of the Heart is not only one of the most moving parts of In Search of Lost Time (in Sodom and Gomorrah). Proust considered it, as this letter attests, as a possible title.

5 – Proust could not choose between these two titles to indicate the outcome of his work, published posthumously. Perpetual Adoration, which is referred to here, alludes to the Holy Sacrament in the Catholic liturgy, which consists of paying uninterrupted tribute to it. Thus, the faithful of the same parish take turns in front of it, so that there are always worshipers.
It should be noted that Proust mentions this title in a letter he sent to Gallimard in November 1912. The two titles continue to appear together in the plan of the work announced in 1918. It is likely that Proust was unaware that this title had already been used in a romance novel, by Guy de Teramond, in 1902.
The final choice for Time Regained also allowed to give a form of syntactic symmetry with the name of the entire work.

6 – As Jean-Yves Tadié points out in The End of Jealousy, Proust describes the evolution of love, from paradise to hell, as the summary of Swann’s love for Odette (Kolb).

[AFFAIRE DREYFUS] Émile ZOLA (L’Aurore, 13 janvier 1898) 

J’accuse…!” Letter to the President of the Republic
Paris, L’Aurore, 13 janvier 1898, 4 pages in-plano
Few pin holes, folding marks, crumbly right margin with minor unimportant gaps, uniform browning

First edition print of the newspaper L’Aurore of January 13, 1898. In very good original, unrestored condition and complete of its four pages

Bespoke framing with white, horizontal all-round pass partout. Double museum type glass museum, anti-reflection and anti-UV


On January 13, 1898, Émile Zola published in the newspaper L’Aurore (founded by Clemenceau and Vaughan the previous year) an open letter to the President of the Republic, Félix Faure, whose title, “J’accuse…!” chosen by Clemenceau, was spread in large print on the newspaper’s title page. In this long and intense text with magnificent formulas, which occupies the first two pages of the newspaper on six columns, Zola recalls at first the circumstances of the affair, the discovery of the slip and the conviction of Dreyfus, then returns to the revelation of the betrayal of Commander Esterhazy, before denouncing his scandalous acquittal and accusing, in a series of litany beginning with the famous “J’Accuse…!” , ministers of war, staff officers and writing experts summoned at Esterhazy’s trial to be responsible for the conviction of an innocent person, acquitting a culprit. To the accuracy and reliability of the information delivered by Zola is added the vigor of the writer’s style, making this article a literary monument, a true “prophecy” to use the expression of a young enthusiastic admirer, Charles Péguy. At a time when the audience of the press was growing, this pamphlet had an unprecedented impact in public opinion: proclaimed in the street during the day of January 13 by the sellers of the newspaper L’Aurore, pulled for the occasion to 300,000 copies, the cry “J’accuse” caused a great effervescence in the streets of Paris. The commitment of intellectuals was born.

MOUCHY, Philippe de Noailles, duc de (1715-1794)

Autograph letter signed “N. Mchal D. de Mouchy” to a gentleman
Paris, October 23, 1789, 2 pages in-8 on laid paper
Usual folds, old marks of montage on left margin with no incidence to the text

Historical letter on the murder of the baker Denis François, accused of being a hoarder, hanged and beheaded by the populace in place of Grève, an event which triggered the Martial law


“J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, j’apprends avec beaucoup de satisfaction que vous êtes arrivé à bon port, et que vous êtes tranquille, nous avons eu encor hier le spectacle de la tête d’un boulanger très honneste homme et très innocent qui a été pendu par la fantaisie de mauvais sujets. Il y en a eu Dieu merci, deux de pendus, la loy martiale vient d’être établie par l’assemblée nationale, Dieu veuille qu’elle soit en vigueur et qu’elle réprime touts nos désordres. Le Roy et la Reine ont étés très affectés du meurtre de ce malheureux boulanger, et ont envoyé M. le duc de Liancourt [François XII de la Rochefoucauld] porter deux mil écus à la veuve en lui offrant en sus tout les secours dont ils pourront avoir besoin:
Mes respectueux hommages a ses Dames, Me la Mchale me charge de ses compliments renouveler et pour vous:
Rendé justice à tous les sentiments que je vous ai voué et avec lesquels j’ai honneur d’etre plus que personne, monsieur, votre très humble et très obeissant serviteur.
N. Mchal D. de Mouchy”


Philippe de Noailles, Duke of Mouchy, was a French officer, elevated to the dignity of Marshal of France in 1775. His military career spanned from 1729 to 1759, and he participated in the War of the Succession of Poland and Austria. In 1755, Louis XV entrusted him with a diplomatic mission to Sardinia, then to the court of Parma. In 1770, he was commissioned by Choiseul, then the chief minister, to welcome Marie-Antoinette of Austria – the future queen of France – in Strasbourg. His wife was appointed lady-in-waiting of the dolphin, and then, after the death of Louis XV, first lady of honor of the queen who called her “Madame Étiquette”. The Duke and Duchess of Mouchy thus held a prominent position at the court of Louis XVI, until the resignation of the Duchess after the appointment of the Princess of Lamballe as superintendent of the Queen’s House.
After the events of 1789, unlike a number of nobles, the Duke of Mouchy remained in France, trying to protect Louis XVI from the revolutionary onslaught, until the insurrection of 10 August 1792 which saw the fall of monarchy. Caught up in the alleged conspiracy of prisons, he and his wife were sentenced to death by the Revolutionary Court on 27 June 1794. On this occasion he showed the same bravery and composure he had shown in the war under the reign of Louis XV.

Denis François (1761-1789) is a French baker. On October 21, 1789, two weeks after the Journées d’Octobre, a woman who had not been able to buy bread asked to visit his shop to make sure there were no hiding bread. She found three 4-pound loaves, one of which was stale, and one of 12 pounds. She leaved the shop with one of the 4-pound loaves and says the baker had hidden several. The crowd took over the baker who asks to be taken to the headquarters of the district, the officers of the district then took him to the Hotel de Ville. But the crowd snatched him from the guards and brought him to Place de Grève. He was then hung off of a lantern. Immediately after, a man beheaded him with his sword, which he wiped on the baker’s shirt. His head was then placed at the end of a spade. His widow, then pregnant, was forced to kiss her husband’s head before losing consciousness. His death led the National Constituent Assembly to decree martial law on 21 October, which aimed to quell riots and acts of violence. Those had been growing in number since 14 July. It was signed on the same day by Louis XVI, its promulgation was made the next day.

[BONAPARTE, Joseph 1768-1844]

Autograph letter signed “Ch. Berton” to Joseph Bonaparte
Paris, March 14, 1824, 1 page in-4
Slightly creased left margin with tiny missing piece

Powerful plea from General Berton’s son to Joseph Bonaparte


“Sire,
Un ancien page de l’Empereur fils de l’infortuné Général Berton, se jette au pied de votre majesté. Dépouillé de sa fortune, opprimé par le Ministre parce qu’il n’a point reculé devant de grands et pénibles devoirs, son unique espérance est dans l’auguste famille du Grand Homme qu’il a eu un moment le bonheur d’approcher.
Daignez, Sire, l’appeler auprès de vous et lui permettre de vous consacrer sa vie. Votre majesté n’aura jamais à se repentir d’avoir accueilli un homme qui entouré de séductions que ses premiers sentiments repoussent, préfère son obscurité à la faveur.
Il est avec le respect le plus profond,
Sire, de votre Majesté
Le très humble, très obéissant et très fidèle serviteur
Ch. Berton”


Charles Berton was the son of Empire General Jean-Baptiste Berton, who distinguished himself in the campaigns from 1805 to 1807, those from 1808 to 1813 in Spain, the 1814 campaigner in the South Army and in 1815 in the Waterloo countryside. A most devoted bonapartism and leader in Saumur’s conspiracy to assassinate King Louis XVIII, he was betrayed by relatives and executed on 5 October 1822.

[NAPOLEON 1er] BERTON, Jean-Baptiste (1769-1822)

Autograph letter signed “Le General Berton” to Joseph Bonaparte
Paris, January 11, 1820, 2 pages in-folio
Usual folds, tiny brown stains on lower margin

Long and remarkable letter of a flamboyant Bonapartism, written during the emperor’s exile to St. Hélène 


Monseigneur,
J’ai reçu la lettre que votre Altesse Sérénissime m’a fait l’honneur de m’écrire le 1er Octobre 1819, elle m’est parvenue le 5 du présent mois. Je profite d’une occasion que m’offre Monsieur [Jacques] Laffitte Banquier et membre de la chambre des députés pour adresser à Votre Altesse Impériale un petit ouvrage que j’ai fait imprimer dans le mois de décembre dernier. Il faut réhabiliter beaucoup de gens épouvantés par nos malheurs à imprimer de nouveau et hautement leurs pensées et faire rougir, s’il est possible, ceux qui ont trahis des obligations et des devoirs pour obtenir des faveurs, qui ont renié le passé pour chercher à améliorer leur existence présente, qu’ont-ils prouvé par tant de bassesse, que leur ambition n’avait été engendrée par aucun noble sentiment, qu’ils n’ont jamais pensé à la Patrie, que leurs affections n’étaient que simulées, leur complaisance de l’hypocrisie, leur obéissance de la servitude, observations qui n’ont pas pu échapper mais on était dans la nécessité de se servir d’eux faute de mieux. Bien des personnages ont aperçu trop tard leurs sottises. L’opinion publique s’est prononcé sur eux définitivement, elle a fait justice.
Pour entendre quelques passages de ma brochure, il faut que Votre Altesse sache que je suis simple légionnaire depuis le 14 Mars 1806, que je n’ai eu que cinq cent francs de dotations sur le mont Napoléon. Je n’ai pas cessé de faire la guerre activement. L’empereur ne me connaissait pas et j’ai été longtemps dans les armées éloignées de lui, il n’a pu rien faire pour moi : j’ai tout acquis par mon épée. Eh bien, maintenant surtout qu’il est malheureux, je donnerai la moitié de mon sang pour améliorer son existence, je le dirais en face de tous les rois et si j’étais admis à exprimer devant eux ma pensée et sans doute qu’ils estimeraient ma franchise. Des millions de Français pensent de même, je le manifeste plus hardiment que les autres. L’opinion publique, aujourd’hui en France peut être comparée à un ballon colossal qui se gonfle tous les jours de plus en plus d’air électrique sous la direction de l’esprit national, l’air qui entoure cette grande machine est saturée de matière inflammable ; quelques frottements qu’elle éprouverait ferait bientôt craindre un vaste incendie dont il faudrait se rendre maître pour arrêter ses ravages.
L’Archiduc Charles d’Autriche à qui j’ai envoyé mon précis sur la trop fatale campagne de 1815 [Campagne de Belgique notamment marquée par la défaite de Waterloo le 18 juin] m’a écrit une lettre admirable ; le Prince Eugène en a fait de même et le roi de Suède m’a envoyé la Croix de l’Épée d’or. Monsieur [Emmanuel] de Las Cases, cet homme si estimable m’a écrit également de Manheim, le 30 Xbre 1818 : La coïncidence de votre relation avec une autre dictée à (Ste-Elène) 3.000 lieues de vous doit-être pour vous une cause de vive satisfaction aussi bien qu’une espèce d’orgueil.  Il est maintenant à Liège, son fils est à Paris, je le vois quelquefois ; il m’a assuré que deux de mes précis étaient parvenus à Ste Elène. Madame [Albine] Montholon qui est à Bruxelles en a donné la certitude.
Je vois souvent de pauvres espagnols ici qui conservent de l’affection à Votre Altesse Impériale ; ils ne seraient guère plus heureux dans leur Pays : Tous les effets publiés y ont été annulés, plusieurs étaient entrés en France avec des Valés et n’ont pu en tirer partie : J’en ai, moi, pour quatre cent mille réaux qui se sont réduits à rien et c’est tout ce que j’avais rapporté d’Espagne. Notre gouvernement aurait pu en liquider à bon compte s’il avait payé avec ces valeurs
J’ai l’honneur d’être Monseigneur avec le plus profond respect de votre Altesse Impériale le très humble et très obéissant serviteur.
Le Général Berton


Jean-Baptiste Berton, General of Empire, refers here to his pamphlet, Considerations on the Police, observations on the noises it spreads, and in which he denounces those “who have disowned the past in order to seek to improve their present existence […] what have they proved by their meanness? ». He was repeatedly noted for his bravery during the Napoleonic campaigns, notably with the Grand Army in the campaigns of 1805 to 1807, those from 1808 to 1813 in Spain, that of 1814 in the army of the South and in 1815 with the Waterloo campaign to which he refers here.
The second restoration definitely puts him in retirement, but he remains imbued with a very dedicated Bonapartism as evidenced by this letter.
He was the leader in Saumur’s conspiracy to assassinate King Louis XVIII and was betrayed by relatives and executed on 5 October 1822.

Joseph Bonaparte (1768-1844) was a French statesman and the older brother of Emperor Napoleon I. His political, diplomatic and military career is closely linked to that of his brother Napoleon. He was King of Naples (1806-1808) and King of Spain (1808-1813) respectively, only to be forced into exile to the United States after the 100-day period in 1815. The death of his brother Napoleon I and his nephew Napoleon II made Joseph Bonaparte the first heir to the imperial throne.

[CHARLES X] POLASTRON, Comtesse de (1764-1804)

Autograph letter signed “D’Esparbès Ctesse de Polastron” to Count Louis d’Hautefort
Edimburgh, 22 7bre 1798, 1 page in-4 on double sheet, address on the back
Usual folds, small hole on one of the folds without affecting the text, old trace of tape

Rare letter of exile from the mistress of the future Charles X and former lady of the palace of Queen Marie Antoinette


“Je me suis aquitté Monsieur de la commission que vous m’avés donnée et j’ai montré à M… [Le Comte d’Artois] l’aimable lettre que vous avés bien voulu m’écrire, d’après tout ce que contient cette lettre, et mils autres motifs, je prends avec autant de confiance que de plaisir le titre que vous me donnés, mais je dois vous avouer avec franchise que dans aucun moment je ne me suis trouvé[e] dans le cas de m’armer de se titre, et que je suis convaincue qu’une telle circonstance ne se présentera jamais. Tenés-moi toujours compte de ma bonne volonté, car s’est le seul mérite que je puisse avoir, ainsi que celui de savoir aprétier, et partager, comme ils doivent l’être, tous les sentiments de votre âme. Ceux qui m’attachent à vous, Monsieur, sont aussi sincères qu’ils seront durables;
D’Esparbès Ctesse de Polastron
M… [Le Comte d’Artois] me charge de vous dire que la dernière lettre qu’il vous a écrite contenant la véritable expression de ces sentiments pour vous, il n’y a rien à y ajouter en ce moment”


Marie Louise d’Esparbès de Lussan (Countess of Polastron) became lady of the palace of Queen Marie Antoinette by marrying Adhémar de Polastron, half-brother of the Duchess of Polignac, close friend of the Queen and ruler of the Children of France.
The Count of Artois (later Charles X), unstoppable womanizer, noticed her at the court of Versailles and clung to her person to the point of making him his favorite in title. This affair gave no descendants to the Count of Artois, but the countess’s untimely death brought the Count back to the faith.

SARTRE, Jean-Paul (1905-1980)

Original original period film print by Roger Parry
C. 1938, 23.7 x 17.5 cm
Pencil annotations on verso, some tape, white bottom margin


Stunning portrait of Jean-Paul Sartre

Jean-Paul Sartre had been photographed in Roger Parry’s studio around 1938, suggesting that the famous philosopher was then 33 years old.
Very good condition throughout, bespoke framing. A certificate of authenticity will be supplied.

LOUIS XVI (1754-1793)

Autograph letter signed “Louis” to an unknown recipient
N.d.n.p (1781 before May), 1 page small in-8 on double sheet
Very tiny trace of wear on right margin that does not affect the text, usual fold

Beautiful letter from Louis XVI showing his personal desire to reduce the Court’s expenses and to comply with the injunctions of his Minister Necker


« Je vous envoie Monsieur un beau Griffonnage. J’espère que vous pourrez le lire et qu’il ne troublera pas votre repos à la campagne. C’est le résultat de mes réflexions sur le règlement du service de la bouche et vous verrez que j’ai taché d’allier une commodité personnelle avec la stricte règle en évitant les doubles emplois, et ne voulant pas créer une charge de Commissaire de plus. Il y a à la fin plusieurs questions sur des cas de service que je n’ai pas trouvé réglé (sic) dans le règlement. Si vous croyez que la chose puisse s’exercer comme je la propose, écrivez à Chouzy d’estre Jeudy ici. Vous en conférerez avec lui et il pourra refaire tout de suite le règlement ; alors je pourrais donner les derniers ordres dimanche à M. Amelot et à M. Necker car je voudrais que la chose ne trainât pas, tout le monde en étant informé. Adieu Monsieur j’espère que l’air de la campagne vous fait du bien vous devez y avoir bien chaud. Louis. »


Ardently advocating for cost reduction policy,  Jacques Necker (Minister and Finance Director of the King’s House) immediately targeted the privileges of the Court: the pensions paid by the king, the expenses of the King’s House etc… He thus streamlined the department of the King’s House, creating in 1780 the General Office of Expenditure of the King’s House. This letter was written in 1781, before May, the only year in which Amelot, Necker and Chouzy collaborated on the highest offices of the new King’s House in the newly established “General Office of Expenditure of the King’s House” (which appeared in the Royal Almanac in 1781).

Minister of Finance since 1776, Necker did not hold the office of Finance Director of the King’s House until 1781, shortly before his first resignation. To this series of “Republican” reforms and the unfortunate experimentation of provincial assemblies will be added a political error of Necker that will be fatal to his mandate.
In February 1781, certainly shortly after this letter was sent, he sent the king an Account of the State of Finance to be published. It revealed for the first time to the general public the detailed use of public expenditure and reveals, in the interests of transparency, all the advantages enjoyed by the privileged of the court. They disavowed the minister and in turn denounced, with the support of financial experts, the Minister’s trompe l’oeil record of his actions, masking the 46 million pound debt left by war spending, and instead pointing out a surplus of 10 million pounds.
“The war that had been so successful against Turgot began again under his successor” explains Victor Duruy.

“I only regret the good that I had to do and that I would have done if I had been given time”
It was on this virtuous regret that Necker, Director General of Finance, took leave of Louis XVI on 19 May 1781.

DELEUZE, Gilles (1925-1995)

First draft autograph manuscript with corrections
N.d.n.p (c. 1985), 1 p. in-4 numbered “8”

Rich and exciting fragment of this study by Deleuze on Foucault published in 1986, in which speaks about the The Situationist International


A lire certaines analyses, on croirait que 1968 s’est passé dans la tête d’intellectuels parisiens. En fait, il s’agit d’évènements mondiaux et de courants de pensée internationaux Il faut donc rappeler que c’est un [le] produit d’une longue suite d’évènements mondiaux, et d’une série de courants de pensée internationaux, qui liaient déjà l’émergence de nouvelles formes de lutte à la production d’une nouvelle subjectivité, ne serait-ce que dans les revendications “qualitatives”, concernant la qualité dans la critique du centralisme, et dans les revendications qualitatives, concernant la « qualité de la vie ». Du côté des événements mondiaux, on citera brièvement l’expérience yougoslave avec l’auto-gestion, le printemps tchécoslovaque et sa répression, la guerre du Vietnam, la guerre d’Algérie et la question des réseaux, mais aussi les signes de « nouvelle classe » (la nouvelle classe ouvrière), le nouveau syndicalisme, agricole ou étudiant, les foyers de psychiatrie et de pédagogie dites institutionnelles… Du côté des courants de pensée, sans doute faut-il remonter à Lukács, dont Histoire et Conscience de classe posait déjà la question d’une nouvelle subjectivité ; puis l’école de Francfort, le marxisme italien et les premiers germes de l’« autonomie » (Tronti), autour de Sartre la réflexion sur la nouvelle classe ouvrière (Gorz), et des groupes comme « Socialisme ou barbarie », le « Situationnisme », la « Voie communiste » (notamment Félix Guattari et la « micro-politique du désir »). Courants et évènements n’ont pas cessé d’interférer. Après 68, Foucault retrouve personnellement la question des nouvelles formes de lutte, avec le GIP [Groupe d’information sur les prisons] et la lutte des prisons, et élabore la « micro-physique du pouvoir », au moment de SP [Surveiller et Punir]. Il est alors conduit à penser et vivre d’une manière très nouvelle le rôle de l’intellectuel. Puis il arrivera pour son compte à la question d’une nouvelle subjectivité, dont il transforme les données après VS [La Volonté de savoir] jusqu’à UP [L’Usage des plaisirs], cette fois peut-être en rapport avec les mouvements américains. Sur le lien entre les luttes, l’intellectuel et la subjectivité, cf. l’analyse de Foucault sur Dreyfus et Rabinow, 301-303.”


When Deleuze felt the need to understand Foucault’s philosophy, it was in the spirit and deeds of that time that he wished to enshrine it, a time at which armed struggle belonged as a matter of right. However, Deleuze took a decisive step: he added that this period was somehow inaugurated by Lukács with the publication of History and Class Consciousness.
In his book “Foucault”, Deleuze develops the great theses that are articulated (and articulates Foucault’s thought) in three stages: Knowledge, Power and the relationship to oneself.

Michel Foucault (1926-1984) is a French philosopher known for his criticisms of social institutions, mainly psychiatry and medicine, the prison system, and for his ideas and developments on the history of sexuality, his general theories about power and the complex relationships between power and knowledge.

The Situationist International is an organization of revolutionary theorists and strategists operating in the political and cultural fields and eager to put an end to historical misfortune, with class society and the dictatorship of merchandise, situated in the lineage of various currents that emerged at the beginning of the twentieth century, notably of the Marxist thought of Anton Pannekoek and Rosa Luxembourg.

MIRABEAU, Honoré-Gabriel Riqueti de (1749-1791)

Autograph letter signed “Mirabeau fils” to his lawyer M. Raspaud
Mirabeau (Vaucluse), 25th March 1774, 2 pages in-8, wax seal
Some holes on various letters due to the acidity of the ink

Rare youth letter from Mirabeau, cornered with debts and trying in vain to settle his accounts with his creditors


Ce n’est pas ma faut mon cher ami si la bourique a été ramenée si tard. Elle a été Il fallait une occasion ou donner 6 livres un homme pour aller à Aix.
Je ne sçais ce que Thabot vous a demandé, mais j’ai moi tout plein de chose à vous dire dont je n’ai pas le tems aujourd’hui à cause du départ de tous les La Duvanne possibles qui m’ont assailli depuis huit jours.
On n’inquiètera pas la cuisinière, que je n’ai pas connoître jusqu’à aujourd’hui, Pelissièere étant resté, vous sçavez combien je suis bien reconnoissant de vos peines.
Observez deux choses je vous en prie, la première est que de rabattre 18 livres sur le compte que vous présentera le St Guillot, parce que sur 10e journée je n’avois observé ni fêtes ni Dimanches, qui montent à 18. Ce coquin là m’avoit présenté un compte de cent pistoles, qui, à l’examen, a été réduit à cente et quelques livres. Pour l’usage de ses outils ile me demandoit 4,6 francs de telle chose dont il ne donnoit aux ouvriers que 26 livres, 1444 pour 72 et ainsi du reste. Je l’ai passé à 10 livres par tête d’ouvrier par jour je crois que cela est honnête ; mais jugez comme j’ai été volé.
2° le Sr Massié vous présentera un compte que je vous prie de ne point arrêter sans m’en prévenir, je vous donnerai le mot de l’énigme.
Je sçais mon cher ami, à n’en pouvoir douter que le curé fait (…) également honnête de vendre le gibier à Perthuis (on m’a offert de me faire parler à la personne) et de rendre compte à mon père de tout ce qui se passe ici.
Je vous renvoie le bidon de l’anesse.
Ce gueux de Raoust doit être archi payé (…) sans le montrer à Can qui est son pire ennemi.
Je ne sçais s’il a de l’aubusson à moi.
Adieu, mon cher Raspaud, je ne comprends pas le scrupule que vous vous faites pour le gibier, et j’en serois piqué, si je pouvois l’être contre vous. % Mirabeau fils.
A Mirabeau ce 25 mars 1774


The day after his marriage (1772) Mirabeau, in debt, retired to the family estate with his wife. But he lived a life as a prodigal lord. His father had him monitored and his informers (the priest) accused him of squandering the inheritance, selling the woods, the furniture and even the gold from the curtains! In March 1774 Mirabeau’s debts amounted to an astronomical amount of 200,000 pounds. His father, still as irascible, then obtained a letter of seal that drove him out of the family home and relegated him to Manosque with a ban on leaving.
On 25 March, he was about to leave Mirabeau Castle and, through his lawyer, tried to settle his accounts with his creditors. The names mentioned in this letter allude to the latter. His father’s revenge will not stop. In September, he will get a new letter of stamp. Arrested in Manosque by the 3rd, Mirabeau was locked up at the Castle of If on 20 September 1774.

NECKER, Jacques (1732-1804)

Autograph letter signed “Necker” to Antoine-Jean Amelot de Chaillou
N.p, 24th February 1778, 1 page and half, in-folio
Tiny brown stains

Rare fully autographed letter from Necker as General Comptroller of the Royal Treasury


« Je suis sensible Monsieur à l’honnêteté que vous avez de me prévenir sur la petite augmentation de dépenses que pourra occasioner le nouveau projet sur la constitution de la Prevoté de l’hotel que vous avez dessein de mettre sous les yeux du Roy.
Cette augmentation de dépense  ne me paraît pas importante en raison de l’utilité que vous attendez de ce projet et de l’intérêt que vous y mettez ; je ne vois aussy aucun inconvénient à ce que les payements (…) se fassent mois par mois du moment que vous n’avez besoin que d’une année de solde dans le cours d’une année. Ce petit rapprochement dans l’ordre des payements ne peut souffrir aucune difficulté. J’ai l’honneur d’être avec le plus parfait attachement Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur.
Necker »


The provost of the hotel (Grand Provost of France) was a sword officer whose jurisdiction applied to the entire King’s House. He was the first judge of civil cases and, as a last resort, of criminal and police cases that could affect the Court.
Jacques Necker had been a finance adviser and comptroller general of the Royal Treasury since October 1776. After dismissing him on 11 July 1789, Louis XVI had to bring himself to recall Necker 16 of the same month. He then took the title of Prime Minister of Finance.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “Victor H” [to Joséphine Trébuchet]
Brussels, 19th December [1851], 1 page in-8°
Fold marks

A vibrant letter in the form of a plea against tyranny, written in the early hours of his exile, seventeen days after Napoleon III’s Coup


“Brussels – 19 Xbre
My wife tells me all your lovely gratitude, dear cousin, how to thank you. Alas! I no longer have a long arm, otherwise I would kiss you from Brussels to Paris.
Tell my dear and good cousin that my heart is full of him. I have fought for the right, for the truth, for the righteous, for the people, for France, against crime in all its forms, from treason to atrocity. We have succumbed, but valiantly and proudly, and the future is ours. Praise God always!
I kiss your hands, my cousin.
Victor H.
Kiss my dear daughter for me.”


From the time of the coup d’état of 2 December 1851 by Napoleon III, Victor Hugo was wanted for his opposition to the emperor and for having tried, in vain, to organise the resistance by stirring up the Parisian masses. A 25,000F reward is promised to whoever catches him. On 11 December, Hugo, armed with a false passport, left Paris alone for Brussels by the 8 p.m. train under the name of Jacques-Firmin Lanvin. Also on 19 December, Hugo wrote to Paul Meurice: “If we could colonise a little corner of free land! Exile would no longer be exile. I’m having this dream.”
This little “corner of free land” was first the Channel Island of Jersey, then that of Guernsey, where he settled in 1855. His exile lasted nearly twenty years.

After the capitulation of Napoleon III following the crushing defeat of the French army at Sedan, on September 1, 1870, Victor Hugo returned to France on the 5th of the same month and pronounced these words:
“Citizen, I said, ‘The day the Republic returns, I will return.’ Here I am. […] Defend Paris, keep Paris. Saving Paris is more than saving France, it’s saving the world. Paris is the very center of humanity. Paris is the sacred city. Whoever attacks Paris is attacking the whole human race en masse. […] Let us all rally around the Republic in the face of the invasion and be brothers. We will overcome. It is through fraternity that freedom is saved. »

GAINSBOURG, Serge (1928-1991)

Autograph dedication signed “Gainsbourg
S.l.n.d, 1 p. in-8
On the back of a page from a book dedicated to the artist
Tiny discharge of ink on right margin

Fantastic dedication of the artist evoking his dissociative identity and quoting one of the mythical verses of La Javanaise


“De Lucien à Serge
De Gainsbourg à Gainsbarre
J’avoue j’en ai bavé
Amicalement
Gainsbourg”


The first references to “Gainsbarre” appeared in 1980 to be definitively adopted with the Mauvaises nouvelle des etoiles album, released in 1981. Gainsbourg’s writings echoing or referring to La Javanaise are of the greatest rarity.

CARNOT, Lazare (1753-1823)

Autograph letter signed “L. Carnot” to Louis-Bernanrd Guyton
Arras, 31st March 1793, 1 p. 1/2 in-8
Central fold mark, some brown stains in margin

Exceptional letter from Carnot after the debacle of the French Army in Neerwinden and a few hours from Dumouriez’s betrayal

I believe Dumouriez to be a monster, try to find a man who can replace him and have him tried very quickly”


“Arras Le 31 mars 1793. L’an 2 de la République
Je ne puis vous dire mon cher Guyton à quel point en font nos collègues de la Belgique avec Dumouriez. Nous les avons quitté hier, pour continuer notre opération du recrutement. Cette opération entraine à des dilapidations effroyables et j’ose dire par la faute de la Convention Nationale qui s’est obstinée à permettre les remplacemens. On a rejeté l’article que j’avois proposé à ce sujet pour le proscrire. Il en resulte des maux que je ne puis vous exprimer, on donne jusqu’à 1800 livres pour le faire remplacer, les volontaires qui savent cela désertent leurs bataillons pout venir s’enroler dans les communes, à peine sont-ils enrolés qu’il désertent de nouveau pour s’enroler dans une autre commune, un autre district ou un autre département, il s’enrolent dans cinq ou six endroits recoivent cinq ou six engagements et au bout de tout cela ne rejoignent aucun corps, cet abus est poussé à un tel point que sur 97 recrues faites dans le district de St Omer 7 seulement on rejoint. Je n’en dirai pas plus sur cet article, il est cruel que la Convention ne veuille s’en rapporter sur de pareils objets qu’à des personnes qui n’y entendent rien. La dernière loi pour remédier à la desertion est assez bonne mais très insuffisante encore. Les insurrections de l’intérieur ne sont dues pour ainsi dire qu’à l’imperfection ou plutôt aux vices essentiels de la loi du 24 février.
Je crois que Dumouriez est un monstre tâchez de trouver un homme qui puisse le remplacer et faites lui faire bien vite son procès.
Il me semble aussi que vous délibérez sous le couteau les départements en gémissent et nous sommes étonnés que la Convention qui montre de l’énergie ne puisse venir à bout des assassins.
Votre concitoyen et ami
L.Carnot”


Charles François Dumouriez (1739-1823) left Paris on 26 January 1793. When he arrived in Amiens, he learned of France’s fall out with England, and consequently with Holland. To speed up the coalition armies, he began the invasion of this republic with 13,500 badly equipped and malnourished men, the fault of Pache’s administration. He repelled Prince Frederick Josias of Saxony-Cobourg and fought the Battle of Neewiden on 18 March 1793, when French troops, while remaining masters of the battlefield, failed. After this crucial battle, it is the debacle in Belgium; the French armies retreated.
The Convention, in which a host of accusations had been leveled against Dumouriez, decreed that he would be brought to the helm. Being threatened with being brought to the stand of the Assembly, decreed arrest and then brought to the newly established Revolutionary Court, he accepted the overtures made to him by the Prince of Cobourg, who offered to join him in restoring the constitution given by the National Constituent Assembly, freeing Marie Antoinette and her children from the Temple prison, dissolving the Convention and re-establishing a constitutional monarchy.
But his plans had transpired, and on 2 April the Convention sent members of Parliament to his headquarters to suspend him and order him to come and report on his conduct. As soon as they arrived, Dumouriez had them arrested and then delivered to the Austrians.
On 4 April, General Dumouriez, who promised the Austrians to deliver Condé’s stronghold, was forced to turn back, as the garrison’s troops had heard of the betrayal.

Lazare Carnot (1753-1823) is a French physicist, general and politician. A member of the National Convention and the Public Salvation Committee, he is nicknamed “the Victory Organizer”. Director, he was then Earl of the Empire.

Louis-Bernard Guyton-Morveau (1737-1816) was a french chemist, jurisconsult, French politician and regicide. He joined the Public Salvation Committee on 6 April 1793 and was one of the promoters of the revolutionary calendar with Fabre d’Eglantine.

KESSEL, Joseph (1898-1979)

Autograph letter signed « J. Kessel » to Jean Laurent
N.p, 13th May 1937, 1 p. in-8 oblong

Nice letter from Joseph Kessel to a friend


“Mon cher Jean Laurent,
Une phrase sur un album est toujours une confession.
Mais, entre augures… n’est-ce pas?
Alors laissez-moi vous dire simplement ma vive sympathie.
J. Kessel
“Confession” Le 13 mai 1937″


Hired as an aviator during the First World War, Joseph Kessel drew from this human experience his first great literary success, published at the age of 25. From then on, his novelistic work is nourished by the human adventure in which he immerses himself, in search of exceptional men. After the war, he devoted himself in parallel to journalism and writing novels.

NECKER, Jacques (1732-1804)

Letter signed “Necker” to Mrs les Commissaires du Roi au Dept. du Nord
Paris, 27th July 1790, 1 p. in-folio on laid paper
Central fold mark, very slight de-coloration on top margin

Rare letter signed by Necker in the final weeks of his term as Prime Minister of the King’s Finance


“J’ai reçu, Messieurs, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire quelques exemplaires du tableau des noms des administrateurs du Département du Nord. Je vous prie d’en agréer mes remercimens. J’ai vu avec satisfaction que deux d’entre vous étoient du nombre de ces administrateurs et que M de Flory fut élu procureur gl Sindic
J’ai l’honneur d’être avec un sincère attachement, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur.
Necker”


After dismissing him on 11 July 1789, Louis XVI had to recall Necker on the 16th of the same month and named him Prime Minister of Finance. Necker quickly made himself an opponent of the Constituent Assembly, in particular against Mirabeau. MEPs rejected Necker’s financial proposals, based on his traditional methods of anticipation and borrowing, while Necker opposed the deficit’s financing through the issuance of subpoenas.

On this document, Necker acknowledges the appointment of Louis Warenghien de Flory (1741-1824) as the King’s commissioner to the Northern Department on 23 July 1790.

LOUIS XVI (1754-1793)

Document signed “Louis” and counter-signed by Laporte
Paris [Palais des Tuileries], December 15, 1791, 1/2 page in folio on laid paper
Central fold mark, needle holes, slightly frayed on margins

Rare document signed by Louis XVI from the Tuileries


” Trésorier Général de ma Liste civile, m Sr. Jean-Baptiste Tourteau de Septeuil, payez comptant à Sébastien Forest chasseur du Régiment de Lorraine la somme de soixante quinze livres que je lui ai accordée à titre de subsistance, pendant les six derniers mois de 1791. À raison de 140 livres par an.
Fait à Paris le 15 Décembre 1791.

Louis

Par le roi

Laporte”


Arnaud de La Porte (1737-1792) was Minister of the Navy in 1789, intendant of the Civil List, minister of the house of King Louis XVI. For having been the distributor of funds intended to finance the king’s failed escape, he was arrested after the day of 10 August 1792 and accused of having destroyed compromising documents. He was tried by the criminal court on 17 August and guillotined on 23 August 1972. Louis XVI was guillotined five months later on January 21, 1793, just over a year after the signing of this document.

DUMAS (fils), Alexandre (1824-1895)

Autograph letter signed “A Dumas” to an unknown recipient
N.d.n.p [Paris], 5 pages in-8 on two double sheets
Fold and wear marks, ink stains.

Long and remarkable letter from Dumas fils about his work as an author and the Lady with Camellias


“Monsieur, Je suis très flatté et très touché des termes de votre lettre et de la demande que vous me faites l’honneur de m’adresser mais vous vous trompez bien si vous croyez que je puisse avoir la moindre autorité en matière législative. Hélas monsieur je puis par ma bonne fois quelques fois même par mes paradoxes, présenter, d’une certaine façon, exciter la curiosité, le bon sens et même la sympathie de quelques lecteurs éparpillés çà et là ; des personnages officiels et sérieux me pillent même quelque fois sans le dire bien entendu mais qu’importe. Pourvu que les idées poursuivent leur chemin mais du jour où je voudrais prendre officiellement à mon tour la parole dans une discussion traitée par des hommes du métier comme monsieur Lesbone et nous, je ferai le plus grand tort à la question et à ces hommes. Je n’existe pas en politique, en philosophie, il faut voir comme les journaux de toutes les nuances me traitent, ils sont d’accord sur ce point, que je n’entends rien aux choses dont je me mêle. Ils me renvoient à ma dame aux camélias, à mes cocottes, et quand j’y reviens ils se donnent rendez-vous au théâtre pour me siffler et me faire payer la mes préfaces et mes brochures. Ceci ne peut vous donner une idée du mépris très sincère que le public depuis le plus haut personnage jusqu’au plus infime et pour un auteur dramatique chargé de l’amuser, de le faire digérer et rire, mais finalement sans consistance et sans aucun droit de parler de certaines choses. Je ne fais que traverser Paris. Si j’avais été sûre de vous rencontrer chez vous, j’aurais été vous dire tout ce que je vous écris et aussi ce qu’on n’a pas le tems d’écrire. Je quitterai paris lundi si vous voulez que nous causions soit chez vous soit chez moi, le matin ou dans la journée entre 2 et 5 h. Agissez à votre entière convenance. Je n’aurai à faire à Paris que des courses. Agréez monsieur l’assurance de mes sentiments distingués. 
Alex Dumas”


The Lady with Camellias is a novel by Alexandre Dumas Jr. published in 1848 when he was only 25 years old.
The story is inspired by his love for the courtesan Marie Duplessis. The work inspired Verdi’s opera, La Traviata.
Many actresses have embodied the character, from Sarah Bernhardt to Isabelle Adjani and Isabelle Huppert, as well as Lillian Gish and Greta Garbo.

VLAMINCK, Maurice de (1876-1958)

Autograph letter signed “Vlaminck” to an unknown recipient
2nd January 1946, 1 p. in-4
Fold marks, slight tear on bottom right of the document

Vlaminck approves an exhibition project for his work


“Cher Monsieur,
A priori je n’ai rien contre votre projet d’exposition. Je pense vous donner mon accord définitif dès mon retour.
Très attentivement vôtre.
Vlaminck”


Maurice de Vlaminck is a French painter took part of Fauvist and Cubist currents. Painter of portraits, nudes, landscapes, he is also a writer, publishing twenty-six books: novels, essays and a collection of poems.

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed « Paul Valéry » to a friend
N.p [Paris], 27th August 1942, 2 pages in-8, Institut de France letterhead
Fold marks due to original dispatch

Full of disillusionment, Paul Valéry speaks about his work and Picasso


“Cher ami,
Les nouvelles sont médiocres… Ma fille, rentrée et vue par Vignes, est encore assez fatiguée. Ce qu’elle a eu demeure flou quant au diagnostic. Vignes songe à l’expédier à Salies – ce qui ne simplifie pas l’été. Ma femme, qui s’était chargée des petits enfants, est tombée sur une valise et s’est fracturé le “col chirurgical de l’humérus”… dit Mondor. Tout ceci est bien ennuyeux. Je pense partir pour l’Aveyron vers le 6, ayant déjà perdu un mois de mon laisser-passer. Autre nouvelle, le papier pour mes mauvaises pensées m’a été refusé (1). On essaye de rattraper ce papier, mais si l’on n’y réussi pas, je serai très ennuyé – puis que je deviens, par la force des choses, – un homme de lettres !
je ne sais pas où en est la question du Virgile (2)depuis que Picasso nous a dégonflés. Derain.?? Mois, j’attends. Vous avez de la chance de vous nourrir sans douleur !
Ma femme, cher ami, est l’autre patraque, ma fille, me chargent de toutes leurs amitiés pour vous.
Je suis bien vôtre.
Paul Valéry”


(1) Paul Valéry was an assiduous writer for fifty years, notebooks where the flashes of his intelligence . Mauvaises pensées et autres, published in 1942, are the best insights.
(2) During the last years of his life, Valéry worked from 1942 to 1944 on a French version of Virgil’s Bucolics (at the request of Alexandre Roudinesco). Pablo Picasso and André Derain were asked to illustrate the work before their respective withdrawals. Jacques Villon will finally be in charge through 44 sumptuous illustrations.

BECKETT, Samuel (1906-1989)

Autograph letter signed “Sam” to an unknown recipient [Jean]
Paris, 5 April 1970, 1 p. in-4
Fold marks due to original dispatch

Rare letter of the 1969 Nobel Prize in Literature


“Cher Jean,
Merci de tes mots.
Je te remercie de la bonne nouvelle.
Téléphone-moi mardi vers midi.
Amitiés
Sam”


Samuel Beckett is an Irish novelist. He was awarded the Nobel Prize for Literature in 1969.

DORGELES, Roland (1885-1973)

Autograph letter signed “Roland Dorgeles” to Albert Dubeux
Montsaunes, s.d. April 15 [1944], 2 p. in-4
Traces of folds due to the original dispatch

Interesting letter of Dorgelès about his movie Coup de Tête


“Cher ami,
J’ai vu votre photo dans un illustré : vous faisiez un cours de littérature aux futures vedettes de cinéma. Elles en ont foutrement besoin !
Et puisque vous vous intéressez au Ve art, je vais vous demander un service. On va projeterincessamment un film de moi Coup de Tête. J’étais très content de mon scenario. Mais en mon absence le metteur en scène (un certain [René] Le Hénaff,que Sacha Guitry a surnommé Le Gniaf), a, sous divers prétextes, tripatouillé mon texte ajoutant en texte dialogue et les gags de son goût, si bien que je me demande ce que vaut le film ainsi remanié. J’ai d’ailleurs demandé que l’œuvre fut présentée comme tirée d’un roman de moi et non comme scenario portant ma signature.
Vous avez compris ce que j’attends de votre amitié ? Allez vite voir Coup de Tête pour me dire franchement ce que ça vaut.
Bien cordialement. Je vous serre les mains.
Roland Dorgelès”


Coup de Tête is a 1944 film directed by René le Hénaff. Roland Dorgelès wrote the screenplay.
René le Hénaff (1901-2005) is a filmmaker who started as an editor for Marcel Carné, before moving on to directing. He made a name for himself with his film Colonel Chabert in 1943, based on the novel by Honoré de Balzac.

CENDRARS, Blaise (1887-1961) LOUIS XVIII (1755-1824) & CHARLES X (1757-1836)

Letter signed “Louis Stanislas Xavier” and “Charles Philippe”
[in Wesphalie, near Dortmund], 1st of January 1793, 1 page in-4 on double-sheet
Envelope attached to the back, Royal wax seal in black.
Tiny spots, slight wrinkles.


“Nous Louis-Stanislas-Xavier de France, et Charles-Philippe de France, fils de France, frères du roi, – certifions que le Sieur Marquis de la Maisonfort, officier au régiment des dragons de Monsieur, a fait la campagne sous nos ordres dans la compagnie de M.M. les officiers du régiment, et que, durant la révolution, il a donné des preuves constantes de sa fidélité envers le Roi, notre frère, et de son zèle pour le service de sa majesté et pour le nôtre.
En foi de quoi nous lui avons délivré le présent certificat que nous avons signé, et auquel nous avons fait apposer le cachet de nos armes.
De Ham le 1er janvier 1793.
Louis Stanislas Xavier
Charles Philippe”

[Autograph note of Louis XVIII on the envelope (also Royal wax sealed) : “A Monsieur le Marquis de la Maisonfort”


This certificate, dated January 1, 1793, was signed by the two future kings Louis XVIII and Charles X only 20 days before the tragic execution of their elder brother Louis XVI.
The document is given by the king’s brothers to the Marquis de la Maisonfort (1763-1827), an officer in the regiment of the dragons of Monsieur, who campaigned under their command and who before the revolution gave constant proofs of fidelity.

GONCOURT (de), Edmond (1822-1896)

Rare photographic portrait of Edmond de Goncourt.
Circa 1885, albumen print from period, glued on thick cardboard, 16.5 cm x 10.5 cm
The print is 13.7 cm x 9.5 cm.
Slight oxidation, tiny stains.


Edmond de Goncourt (1822-1896) is a French writer of the naturalist litterary movement. He is the founder of the Goncourt Academy, which awards the prize of the same name every year. Part of his work was written in collaboration with his brother Jules de Goncourt.

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph letter signed “G.C” to his secretary Étienne Winter at the L’Aurore newspaper
Paris, February 12, 1898 (post office), 1 page in-8, pneumatic letter

Clemenceau, then editor-in-chief of the newspaper L’Aurore, asked his collaborator to provide him with a full report of the Zola trial in the middle of the Dreyfus affair, a month after the publication of “J’Accuse… »


« Cher ami,
Ayez moi pour ce soir la sténographie de tout le procès. Je crois que c’est Le Siècle qui la publie. Avertissez la dépêche que je suis hors d’état d’envoyer un article demain. Faites moi songer ce soir à emporter du chocolat du journal.
A vous.
GC »


In 1894 Clemenceau was one of Dreyfus’s opponents: he wrote an article in the newspaper La Justice entitled “The Traitor” and advocated the death penalty for treason. But vice-president of the Senate Scheurer-Kestner, possessing exculpatory elements, informed Clemenceau who ended up convinced of Dreyfus’s innocence, and thus changed his editorial line starting November 1897. Clemenceau was then keen to request the review of the trial, pointing to the obvious irregularities and false accusations.
This was followed by the publication of “J’Accuse…” by Emile Zola on January 13, 1898. Then 665 pro-dreyfusard articles were printed in the newspaper’s columns over several years, until 1903.

In this “petit bleu” billet, addressed to his editor of the newspaper L’Aurore Etienne Winter, Clemenceau calls for the complete shorthand of the whole trial, which is actually published in the newspaper Le Siècle as a supplement. We are here in the middle of a Zola trial held from 7 to 23 February 1898.
It should be noted that, on an exceptional basis, and by authorization from the President of the Cours d’Assises, because Clemenceau was not a lawyer, he was exceptionally allowed to plead. In a brilliant text he attacked the leitmotif of the military: res judicata pro veritate habetur

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Photographic portrait of Paul Valéry and his wife Jeannie Gobillard
Circa 1900, oblong format on black card (20.8 cm x 14.7 cm)

Golden edge all around. Slight traces of wear

Period print on albumen paper, glued to black cardboard.
Rare portrait of Paul Valéry with his wife Jeannie Gobillard in the very early years of their marriage.


In 1900, Paul Valéry married Jeannie Gobillard (1877-1970), cousin of Julie Manet (daughter of Berthe Morisot and Eugene Manet, brother of Edouard Manet), the latter marrying on the same day Ernest Rouart. The double wedding is celebrated at the Church of Saint-Honoré in Eylau, in the Passy district of Paris

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed « Paul Valéry » to Pierre Camo
Paris, 40 rue de Villejust, September 1923, 3 pages in-8
Central fold mark

Beautiful poetic letter from Paul Valéry about the Pleiade


“Mon cher confrère,

Je ne m’attendais pas qu’il me vint de si loin une lettre si charmante.
Mais enfin c’est un acte gracieux et naturel de poète que de dédaigner la distance et que d’envoyer une sorte de fleur à travers le vain réseau des latitudes. Je suis tout à fait touché de ce geste auquel je voudrais répondre un peu mieux que je ne fais. Mais si je suis si accablé d’une correspondance sans pitié, et d’ailleurs si fatigué que je ne sais que dire merci, sans l’articuler comme je le devrais, m’adressant à un poète de votre pure et rare qualité.
Pardonnez-moi et croyez à mes sentiments très reconnaissants, comme à une profonde estime.

Paul Valéry

Quant à la question du jury de la Pléiade, je vous avoue que j’en suis peu informé. J’ai assisté de corps à la séance finale, ou j’ai appris le nom du lauréat… il est vrai que je n’avais pu véritablement examiner les ouvrages des concurrents.
Mais j’estime que nous n’avons pas à tenir compte des questions qu’il plait à tel ou à tel de nous poser.
Nous sommes jury et non tribunal, et n’avons pas à motiver.
Et puis je n’aperçois pas du tout de quel droit et sur quoi fondé, un quidam, fut-il journaliste, nous mettrait des questions sous le nez.”


After the First World War, Paul Valéry became a kind of official poet, immensely famous and filled with honors. In 1924, shortly after this letter was sent, he became president of the French PEN club, and was elected a member of the French Academy the following year.

Pierre Camo (1877-1974) is a French magistrate and poet. He made a long stay in Madagascar, which inspired many of his texts.

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Autograph letter signed « AlexDumas » to an unknown recipient
[Paris, nd], 1 page in-8 on double sheet

Alexandre Dumas requires a balcony for a representation of Marie Dorval at the theatre


“Monsieur,
Seriez vous assez bon pour me donner au début de Mad[ame] Dorval, une loge de Baignoire si la chose est possible sinon tout autre loge.
Mille compliments empressés
AlexDumas”


Charming billet from Dumas.

BEAUVOIR (de), Simone (1908-1986)

Autograph letter signed « S. de Beauvoir » to her typewriter Madame Mandinaud
Gary, Indiana, 21 September 1951. One page 1-4
Teared top margin (by Simone de Beauvoir)

Simone de Beauvoir sends an article about Sade for Les Temps Modernes magazine


Chère Madame,

Voilà le texte que vous serez gentille de taper tout de suite ; envoyez le manuscrit et une copie – gardez-en une au cas où l’autre se perdrait – à Jacques Bost – 12 rue de l’Abbaye , 6e. Son téléphone est DAN 11-11, vois serez aimable de vous assurer qu’il a bien reçu l’envoi, et de lui rappeler qu’il doit le remettre à [Raymond] Queneau tout de suite. Merci.

Avec mes meilleurs sentiments

S. de Beauvoir


In her articles on Sade and her essay Should we burn Sade?, Simone de Beauvoir examines the intellectual’s relationship with the dominant class, the ideology of the right today and, by analyzing his work, Sade’s failure in his search for an impossible synthesis between two classes, between the rationalism of bourgeois philosophers and the privileges of the nobility.

This letter is about an article to be published in the magazine Les Temps Modernes in 1951.
Les Temps Modernes is a political, philosophical and literary journal founded in 1945 by Jean-Paul Sartre and Simone de Beauvoir, published by Gallimard.

Jacques-Laurent Bost (1916-1990) is a French writer and journalist. He is part of the existentialist group alongside Jean-Paul Sartre and Simone de Beauvoir in addition to being co-founder of the magazine Les Temps Modernes

Raymond Quenau (1903-1976) is a French novelist, poet and playwright. He is co-founder of the literary group Oulipo. His most famous novel remains Zazie in the subway published in 1959.

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed « Paul Valéry » to comte Gilbert de Voisin
Monday [19 January 1925], 1 page in-8

Nice letter from Paul Valery about his academic campaign


Mon cher Ami,
J’ai vu ce matin [François] de Curel qui m’a reçu mieux qu’aimablement. C’est un home vraiment charmant et vivant, d’une liberté d’esprit et d’une saveur franche qui devient rarissime.
Il a de bien belles toiles dont il m’a fait les honneurs. Je pense que votre nom m’a été le meilleur introducteur auprès de lui, et je vous remercie de ce talisman si efficace.
Mais j’ai autre chose à vous dire. Connaissez-vous « Commerce » ? Commerce désire de vous conte ou article ou enfin ce que vous voudrez. Je souhaite que vous ayez pour notre N°3 quelque ouvrage tout prêt. Nous l’attendons.
J’espère que Madame Gilbert de Voisins et en meilleure santé. Présentez lui mes vœux et mes hommages et croyez moi véritablement votre.
Paul Valéry


Auguste, 4eme comte Gilbert de Voisin (1877-1939) is a French writer and essayist who belonged to the literary group of Long Moustaches. In 1909, he accompanied Victor Segalen to Beijing, from where they set out on horseback for a ten-month trip to Western China. Both returned to China in 1913, accompanied by Jean Lartigue, for an archaeological mission interrupted by the First World War.

François de Curel (1854-1928) is a French novelist and playwright. The French Academy awarded him the Calmann-Levy Prize in 1898 for his work. He was elected a member 20 years later.

Commerce is a quarterly literary magazine comprising a total of 29 notebooks between 1924 and 1932, published by Paul Valéry, Léon-Paul Fargue, Valéry Larbaud. Many authors will contribute such as Richard Aldington, Louis Aragon, André Beucler, Benjamin Fondane, William Faulkner, Franz Kafka, Georges Limbour, André Malraux, Virginia Woolf…

CÉLINE, Louis-Ferdinand (1894-1961)

Autograph letter signed « LF Celine » to Jean-Louis Tixier-Vignancour
[Klarskovgaard], 2nd [of May 1951], 6 and half pages, in-folio, laid paper
Slight tears on both top and bottom margins, fold marks, tiny stains

Long and rageous letter by Celine before his dismissal


“Mon cher maître,

Mikkelsen m’a rapporté merveille de vos interventions… Il m’a assuré que le « non lieu » était signé- Il me l’a juré etc.… J’ai vu passer des échos contradictoires dans les journaux français – et l’Ambassade de France ici me fait connaître qu’elle n’a rien reçu du tout du Quai d’Orsay
– Coup d’Epée dans l’eau donc ?
– La justice tâte l’opinion ?
Ou bien la justice veut se faire forcer la main à me condamner en attisant un peu plus les haines « réstistancialistes » ?
Oh vous savez j’ai appartenu 4 ans à l’Etat major de la SDN [Société des Nations] – et 20 ans aux Mairies de la Banlieue. Aucune manigance politico-juridico-salope ne peut m’étonner. Je connais tous les godets, tous les dés, tous les bluffs, tous les tarots…
Je n’en joue point moi même jamais (tel les croupiers à Monte Carlo) mais tous les trucs me sont archi familiers – vaines ruses – je ne ruserai pas pour foutre au cul de la justice Française si elle me condamne un de ces brandons dont elle hurlera longtemps je vous assure.
Qu’on ne se fie pas à ma discrétion – je suis comme les boxeurs professionnels – je n’aime point les esclandres… Mais si on veut absolument me défier – c’est du tapis.
Je ne vais pas aller beugler devant les chambres civiques des honnêtetés qui seront immédiatement falsifiées par la Presse – non – j’imprimerai ce que j’ai à dire en 11 langues et 300 000 exemplaires.
Pas l’atome d’une collaboration dans mon dossier. Et on je juge pas Paul Morand, ni Brisson, ni Pietri, ni Claudel, ni Bergery – Mais moi ! moi ! moi ! toujours moi !
En pratiquerien n’est arrivé à l’Ambassade de ce fameux non lieu – Rien – le mandat d’arrêt est toujours
[,] lui par exemple. Je suis toujours prisonnier sur parole du Danemark et je le demeurerai tant que je le Quai [d’Orsay] n’aura point officiellement fait rapporter le mandat
Non plus je ne veux me rendre en France avec un laisser passer ! Truc à me faire coffrer aux frontières. Mais un bel et bon Passeport. Or on m’a fait savoir à l’Ambassade que si j’étais demandé par le juge d’Instruction de la chambre civique on ne me donnerai pas un laisser passer (je n’en veux pas [)]
Il faudrait qu’on me cite à comparaître comme prévenu libre en chambre de justice civique = alors seulement on me déclarera un vrai et bon Passeport !  (Ce que je veux)
Sinon – Zebi ! Je ne rentrerai pas. Ils me condamneront et foutre !
Ces canailles n’auront pas longtemps) se réjouir !

Votre très amical et reconnaissant.

LFCeline”


Céline published virulent pamphlets as early as 1937 (the year Bagatelles pour un massacre was published). He was under German occupation close to the collaborationist circles and the Nazi security service. After the Allied landed of June 6 1944 and fearing for his life, Céline left France with his wife a few days later to go to Baden-Baden. This was followed by wanderings in Germany before he joined the exiled government of the Vichy regime in Sigmaringen in October 1944 (an episode of his life that inspired the novel D’un chateau l’autre, published in 1957).
It was in March 1945 that he obtained his visa to travel to Denmark, then still occupied by the Germans. He was arrested in December of the same year – following the ending of WWII, and spent a year and a half in prison. On April 20, 1951, Jean-Louis Tixier-Vignancour, his lawyer since 1948, obtained Céline’s amnesty as “great invalid of war” (since 1914) by presenting his file under the name of Louis-Ferdinand Destouches without any magistrate making the connection.

[AFFAIRE DREYFUS] ZOLA, Émile (1840-1902)

Unpublished autograph manuscript, signed « Emile Zola »
[Grosvenor Hotel, London, 19 July 1898], 5 pages in-4 on ligned paper
Fold marks, small hole at the folding junction on 5th folio, without affecting the text

Unpublished manuscript about the Dreyfus Affair

Six months after his open letter “J’accuse…!” to President Félix Faure, Zola looks back on his trial while testifying to his tireless commitment to the cause of Captain Alfred Dreyfus


« La vérité aveuglante est pourtant que ce sont nos adversaires qui, dès le premier jour, et par les moyens les plus monstrueux, se sont efforcés et s’efforcent encore de nous fermer violemment la bouche. […] De toute ma lettre au président de la République [« J’accuse…! »], on avait extrait savamment quelques lignes, limitant les poursuites uniquement pour empêcher la vérité de se faire jour sur l’affaire Dreyfus. Le plan était de me condamner tout en me bâillonnant. et l’on se souvient du terrible : ‘La question ne sera pas posée’, revenant sans cesse, sabrant tout, éteignant toute lumière. […] Enterrer l’affaire, tout l’ardent désir est là, il n’y a rien d’autre au fond de l’effroyable campagne qu’on mène contre nous […] nous n’avons d’autre idée que de la faire vivre jusqu’à ce que la vérité et la justice triomphent […] Les choses vont trop bien, l’abcès mûrit, nous avons tout intérêt à attendre qu’il crève. Comment ! Esterhazy est sous les verrous et l’on s’imagine que nous ne sommes pas curieux de savoir avant toute chose quelle partie de vérité va éclater! Je veux bien être condamné, mais tout de même la complaisance au martyre a des bornes […] On aura beau jusque-là travestir nos actes, prodiguer les mensonges et les ignobles injures, nos amis savent que nous resterons les soldats impassibles du vrai, incapables d’une reculade, capables de tous les sacrifices et de toutes les attentes, les plus rudes et les plus anxieuses. Emile Zola »


“Pour la Lumière” is an unpublished article by Émile Zola written in July 1898, six months after “J’accuse…!”, in the midst of the Dreyfus affair. This is the only article on the Affair that Zola wrote during his exile. Intended to appear on the front page of L’Aurore, it was never published, as it was most likely censored by Georges Clemenceau, who was editor of the newspaper. The latter used the present manuscript to publish “Pour la Preuve”, on the front page of L’Aurore of July 20, 1898. When reading both texts, “Pour la Preuve” appears much more watered down than “Pour la Lumière”, and largely expurgated in places. All the power of “Zolien” prose thus disappears in the guise of a bland and tasteless article.

The manuscript dates from the very beginning of the writer’s London exile. On July 18, 1898, Zola’s conviction, following the publication of “J’accuse…!” on January 13 of the same year, was confirmed by the court of Versailles. On the orders of Georges Clemenceau and his lawyer Fernand Labori, Zola left the France for London the same day, even before the end of the trial.
The circumstances surrounding the writing of “Pour la lumière” are fairly well known from various sources: Zola’s correspondence, the diary that the writer kept during his exile (published, later under the title of “Pages d’exil”), and a note that Bernard Lazare left on these events. The five pages of the article were written during the end of the day on July 19, 1898 in a small room on the top floor of the Grosvenor Hotel, in which the writer felt imprisoned: “the window was barred by the openwork frieze that crowns the whole immense building: a foretaste of the prison,” he reported in his “Pages d’exil”.
“Pour la Lumière” was to offer an answer to all those who accused the writer of fleeing justice while retrospective of his trial since his “coup d’éclat” of January 13, tipping point in the Dreyfus affair.

The manuscript, which has remained unpublished to this day, opens for Zola an exile that will last almost a year. No text of him concerning the Affair was published until June 1899, marking his return to his homeland.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed “Lamartine” to a colleague
43 rue Ville-Evêque, Paris, 30 January 1856, 4 p. in-8
Fold trace affecting the visibility of one word, teared on right hand margin

Nostalgic letter of Lamartine, indulging a bitter look over the politic of Napoleon III’s Second Empire


Cher collègue, J’ai vu le jour de mon arrivée votre fils. Il vous aura dis notre conversation pour votre beau et bon livre. Vous seriez le Platon des politiques. Mais le tem[p]s veut des Machiavel. Quant à moi je suis sans vous de cœur et d’esprit puisque nous ne saurons dompter les faits réfugiés dans les idées et que les idées nous mènent de plus en plus à dieu. Continuez à penser et à écrire, ce n’est pas le conseil d’un flatteur mais d’un ami à Saint Puys auquel vous faites un grand bien. Pourquoi la démocratie inexpérimentée et excessive souvent en 1848 n’a-t-elle pas dès les premiers jours de tribune reconnue comme moi dans votre accent celui d’un sage et par là même celui d’un vrai politique ? Vous deviez naître en Amérique du tem[p]s de Franklin et de Washington. Pour moi je voudrais n’être pas né du tout. J’en ai par-dessus mes forces des angoisses de ce bas monde. Je viens d’être atteint en deux mois et en pleine sérénité de quatre cent vingt mil francs de désastres. J’ai recours encore au travail, il n’y a pas de milieu entre le désespoir et le travail, je travaille donc. Voici Mr D[…] P[…] que Je vous recommande pour vos amis de Lyonne, pourriez vous le faire insérer huit ou dix fois dans votre journal le plus répandu. Je paierai la somme qu’on me dira. Recommandez-le également à notre excellent ami bien digne ce bon M Rouhal, j’ai oublié le nom de son village mais pas lui. L’autre nuit en dormant à Laroche je pensais bien à vous et si j’avais été paisible et libre j’aurais été frapper à la porte de votre verger. Mais les wagons et les affaires commandent. La pensée seule est à nos amis. Mille amitiés à vous et mille respect, mon admiration, soins et charités qui embellissent et consolent votre solitaire Lamartine”


Enduring constant money problems, Lamartine was living difficult times from the beginning of the Second Empire. Nostalgic of the Second Republic, which was too ephemeral to have proven much (and during which he will be Minister of Foreign Affairs for less than three months) he indulges here with some bitterness about the policy pursued by Napoleon III, but without naming it.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed “Lamartine” to M Jussieu
N.d [21 November 1848], 1 p. in-8 on double sheet

Lamartine requests prints for his leaflets


“Je prie Monsieur de Jussieu de me faire imprimer ceci à deux cent exemplaires sur une feuille pour moi et mes amis. J’en voudrais cinq ou six épreuves le plus tôt possible. J’irai à Mâcon demain matin les prendre.
Tout à lui.
Lamartine
Mardi matin”


On December of that same year, Lamartine obtained just 0.26% during the presidential election that put Napoleon Bonaparte in power.
This letter therefore probably refers to leaflets for the election.

GARNIER, Charles (1825-1898)

Autograph letter signed “Charles Garnier” to Léonce Detroyat
[Paris, c. 1880] 1 page in-8 on laid paper, Ministère des Beaux-Arts letterhead
Travaux du nouvel Opéra

Charles Garnier asks for the favour of an articles to one of his friends


“Cher Monsieur,
Vous serait-il possible de me donner d’ici une quinzaine de jours (lorsqu’il y aura plus de calme) une petite hospitalité dans vos colonnes. Je voudrais y publier ces articles dans la bible de Hachette illustrée par Bida.
Si aucun de vos collaborateurs […] et devoir faire cet article et que la place est libre je vous serais très obligé de me la confier.
En attendant un petit mot de réponse de vous je vous envoie mille amitiés.
Charles Garnier”


Charles Garnier was an architect. He will remain best known for being the architect of the Opéra de Paris (Opéra Garnier), inaugurated in 1875.
Léonce Detroyat (1829-1898) was a French naval officer, politician and publicist. Garnier used his services and maintained abundant correspondence during the 1870s, when he was editor of the newspaper La Liberté.

BUFFON, Georges-Louis Leclerc de (1707-1788)

Autograph letter signed « Buffon » to a Monseigneur
Montbard, 13 October 1749
1 page small in-4. Laid paper. Very slight colour change on the bottom right area.

Rare scientific letter from Buffon, entirely from his own hand


« Monseigneur,
J’ai recu la patte d’ecrevisse que vous avez eu la bonte de m’envoïer et qui est en effet assez singuliere pour que nous la conservions avec soin dans le cabinet du roy, toutes les extremites des pattes des ecrevisses de mer ont du poil par dessous mais celle cy est peut etre la premiere qu’on ait vu qui en soit entierement couverte. Je ne puis monseigneur que vous faire mes tres humbles remerciemens de vos bontes et de votre attention pour le progres de notre histoire naturelle et vous assurer du devouement et du respect avec lesquels je suis
Monseigneur
Votre tres humble et tres obeissant serviteur
Buffon »


Buffon, both an academician of science and a French academician, actively participated in the spirit of the Siècle des Lumières. His theories influenced two generations of naturalists: Jean-Baptiste Lamarck and Charles Darwin. The Natural History, general and particular, with the description of the King’s Cabinet, is a French encyclopedic collection of works written by Buffon, whose publication in volumes spanning from 1749 to 1804. It is one of the most important scientific publishing of the 18th century.

CHATEAUBRIAND (de), François-René (1768-1848)

Autograph letter signed « Chateaubriand » to a Monsieur
Paris, 23rd May 1821, on double sheet in-8
Fold marks, slight tear on bottom of central margin without affecting the text

Nice letter from Chateaubriand, written only two weeks after Napoleon’s passing.


“Je renouvellerai, monsieur, très volontiers mes instances auprès de M M les propriétaires du journal des débats, mais la politique est dans ce moment un grand obstacle aux annonces littéraires. Croyez Monsieur à mon dévouement et ayez l’assurance de mes considérations distinguées. Chateaubriand”


On May 5th 1821, Napoleon died in exile on the island of St. Hélène, two weeks before this letter was written. At the same time, a royal ordinance restored Chateaubriand to his title of Minister of State. After serving as ambassador in London the following year, he soon after became foreign minister.

BEAUVOIR (de), Simone (1908-1986)

Autograph letter signed « S. de Beauvoir » to her typewriter Madame Mandinaud
1 page in-8, Cagnes-sur mer, 20th September 1949, on letterhead decorative paper, enveloppe attached
Fold mark

Simone de Beauvoir sends ultimate autograph corrections of The Second Sex to her typist


“Chère Madame
Vous serez aimable de me taper ces quelques pages à deux exemplaires et de me renvoyer un exemplaire et le brouillon à Cagnes, Alpes Maritimes, Hôtel Le Cagnard. Merci. J’espère que vous n’aurez pas trop de mal à me lire.
Avec mes meilleurs sentiments,
S. de Beauvoir”


Madame Mandinaud was Simone de Beauvoir’s typist. It was her who transcribed all the works of the novelist including The Second Sex and The Mandarins
The paper on which Simone de Beauvoir wrote had been given to her by american novelist and essayist Nelson Algren, his lover at the time, whom she had met for the first time in 1947.
The Second Sex, considered the most important feminist essay of the 20th century, was published on October 28, 1949, just over a month after this letter was sent.

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed “Victor Hugo” to Hyacinthe Vinson.
N.p, December 19th [1848], 1 page in-8.
Previous trace of mounting on left margin

Nice Victor Hugo letter with a superb introspective reflection


« Je veux depuis longtemps, monsieur, vous remercier de vos beaux et charmants vers par un serrement de main. Je vous l’envoie.
Victor Hugo. Je ne suis rien et ne veux être rien. Le devoir fait, je rentre dans l’obscurit
é »


Hyacinthe Vinson is a magistrate and bibliographer. He was president of the Karidal court in India, then judge at the Tlemcen court in Algeria. He is the father of orientalist Julien Vinson.

ZOLA, Emile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » to Paul Meurice
Paris, Monday (February 1870), 2 pages in-8, address on verso
Professional repair on bottom of first page

Nice Zola letter, looking on writing an article on Honoré de Balzac, a few months before the publication of the first volume of Rougon-Macquart.


« Cher Monsieur,
Je ne puis malheureusement vous attendre, et j’avais une idée d’article à vous soumettre.
Vous n’ignorez pas que les Lévy publient une édition de Balzac, sur laquelle vous n’avez encore rien dit. je voudrais faire pour Balzac ce que Camille Pelletan vient de faire pour Flaubert – un article Variétés qui porterait surtout sur les Petits bourgeois, un roman qui n’avait jamais paru en volume. Il est bien entendu que je jugerai Balzac au point de vue du Rappel [Journal que dirigeait Paul Meurice et qu’il avait co-fondé notamment avec Victor Hugo] qui est le mien.
Je vais me mettre à l’oeuvre, – à moins qu’un mot de vous m’interdise ce sujet. Vous ferez passer l’article quand vous aurez de la place.
Votre bien dévoué.
Emile Zola ».


Zola hereby refers to the article written by Camille Pelletan in Le Rappel, of February 7, 1870. this article was a very positive review of The Sentimental Education, then Gustave Flaubert’s latest novel in November 1869. Emile Zola then planned to write a long article on Balzac, which was published in Le Rappel on May 13, 1870. According to Henri Mitterand, Zola’s article on Balzac displeased Victor Hugo and his friends because it was dithyrambique for Balzac, which would have cast a shadow over the Master’s supremacy, and strongly attacked the bourgeoisie. Émile Zola had a great life of admiration for Balzac and his Human Comedy, which inspired his own literary cycle, Les Rougon-Macquart (the first volume was published the following year, in 1871).

MESRINE, Jacques (1936-1979)

Autograph letter signed, Prison de la Santé (Paris), to Jocelyne Deraiche
6 pages large in-4 with flower drawing

Long and superb letter of number 1 public enemy to his mistress


MESRINE Jacques
663-113 QHS
1 av de la Division Leclerc
FRESNES 94260
FRANCE

Samedi 2 Juillet [19]77

Bonsoir mon bel amour,
Ce soir une autre lettre de toi. Tu l’avais postée avant celle d’hier et je l’ai reçue en retard/ Je t’aime petite canac. Ce creux qui se détache de la fleur que je t’offre…est le mien. Il est à toi tout comme il y a 4 ans du temps de notre grand amour. Oui mon ange, ta lettre… est une étude réelle de « notre problème », car dois-je attendre 7 ou 8 ans pour un bonheur certain à tes côtés et cela sans jamais tenter de m’évader? La raison me dit « oui »… mais en aurais-je le courage? Car 8 ans ou peut-être un peu plus! C’est long… très long. Tu sais que je suis un homme sincère, et je ne triche pas avec moi-même… pour toi et uniquement pour toi je peux (peut être) changer de vie… car je sais qu’un bonheur réel nous attendra après… mais je suis aussi un homme de cavale! Il me faudra faire un choix terrible accepter ma sentence et la faire… ou rester ce que je suis.
La première solution, c’est la certitude d’un bonheur sans mauvaise surprise la seconde solution, c’est comme tu le dis, un échec obligatoire et de ma vie et de notre amour car je me suis évadé trois fois… trois fois j’ai été repris… c’est une course sans fin qui se terminera mal pour « tout le monde ». Tu sais Joyce d’amour, j’ai changé « en mieux », même si personne le ne sait. Je suis toujours « le dur », mais je reconnais l’échec de ma vie… si j’étais certain de sortir dans 7 ans je pourrais te donner ma parole d’honneur de ne pas tenter quoi que ce soit… actuellement très sincèrement mon ange je ne peux rien te promettre… car des années et des années de cellule c’est très dure à accepter pour un homme comme moi. Il n’y que « pour toi » que je pense les accepter, j’en ai la force morale car je sais prendre mes responsabilités. Oui petite chérie nous l’avons connu… « la cavale »
Et si nous avions été tous les deux le jour de mon arrestation il est certain que nous nous serions tirées une balle dans la tête pour ne pas être séparés… mais voyons les choses comme « toi » tu les vois si bien… il ne serait resté que deux noms sur une tombe… il y a mieux à faire quand on s’aime et je vais te dire une chose qui en ferait sourire beaucoup s’ils m’entendaient… j’ai envie d’être un autre…
Mon livre m’a ouvert les yeux sur ce que j’avais été… à la finale si certains me prennent pour un « petit » héros dans le fond mon de mon coeur je sais que j’ai gâché ma vie. J’ai fait souffrir mon père qui m’aimait, un mère qui espérait me voir changer… et surtout j’ai laissé un enfant sans père… jamais je ne pourrai rattraper ce mal… mais je peux au moins le stopper… si j’en ai la volonté.
Pour l’instant je ne sais pas encore le choix que je vais faire. mais il y a toi et c’est le plus important, car je sais que tu es « une vraie femme » comme seul ton pays est capable d’en offrir à un homme. Tu vois mon amour pour toi est peut-être la seule garantie que j’accepte ma sentence la société y gagnerait… mais la société risque de trahir mes espoirs… et la… quelle solution restera-t-il. Dans moins de 2 ans « tous » mes fidèles amis seront sortis du pénitencier de Montréal… je sais que je n’aurai qu’à demander ou ordonner.. mais c’est toi qui a « raison » je le sais… je le sens.
On ne peut rien construire en courant toute sa vie… j’ai peut-être eu des fortunes dans les mains… tu m’as connu très riche mais à la finale, j’ai les mains vides de toute chose solide. Je regarde ton père et ta mère qui ont travaillé toute leur vie honnêtement, ils ont fait 8 beaux enfants et maintenant à mon âge ils ont réussi leur vie. Ton père et patron d’une entreprise.. ta mère et heureuse et vous êtes unis. Tu vois Joyce de mon coeur on ne peut jamais refaire sa vie.. mais on peut au moins stopper ses erreurs et essayer de construire au lieu de détruire… je rigole un peu en écrivant cela.. je me demande si je ne suis pas entrain de me faire du cinéma en couleurs! je crois que non… à la finale je suis prisonnier de mon nom et de ce que j’ai volontairement voulu être. C’est peut être cette évasion là qui sera la plus difficile pour moi. Oui ma belle canac, si je ferme les yeux… que je nous imagine je me dis « tout est possible ».. mais je me méfie de mes réactions.. car je suis agressif et violent devant certaines choses… et la je sais que je ne changerai jamais.
Tu sais mon amour, si un jour tu viens à Paris Jane n’a aucune importance, car c’est une rupture totale que j’ai voulue et elle sait que rien ne changera. Je n’ai des parloirs qu’avec Sabrina et personne d’autre. J’ai tes photos devant moi… même les anciennes que j’avais conservées et temps de notre rupture.. car à quoi bon déchirer une photo si le coeur restait plein de toi… on ne peut effacer ce que nous avons eu de bonheur ensemble… la preuve après 4 ans… on se cor encore « je t’aime »….
Heureux d’apprendre que tu ne sera pas une « petite baguaise » sic! Sabrina me l’avait dit que tu étais « jolie môme » et drôlement bien roulée! Il est vrai que si mes souvenirs sont exacts… « c’est du beau Québec que ton corps de chatte »… bon dieu que nous nous sommes bien aimés tous les deux… les draps en sont encore témoins (sic)… il est vrai que nous avions tellement peur que chaque nuit soit la dernière.. cela a du être terrible pour toi mon ange! c’est ça que j’ai compris acec le temps… ce n’est pas l’aventure que tu aimais.. « mais moi » mon gros défaut est de croire que tout le monde peut supporter les épreuves face au risque, comme je les supporte moi-même.. combien de fois as-tu eu peur sans me le dire? Oui Joyce, il faut savoir étudier son passé pour croire en un avenir de bonheur possible. Les années passeront et un jour les portes s’ouvriront et si c’est de cette façon que je quitte un jour la prison, il est certain que le fait d’avoir accepté ma sentence sera une garantie que je ne me retournerai jamais en taule si je m’évade… c’est la course qui continue… quand on court trop… on aime mal.
Il va me falloir arrêter pour prendre le temps de t’aimer… de te rendre heureuse.. c’est toi qui a raison mon ange et je te reconnais le droit de me le dire car tu as fait tes preuves à titre de femme de truand.
j’aime trop tes parents pour leur donner la peine de te voir en cavale à mes cotés un jour. Je te promet d’essayer… dans un an, après les élections en France je pourrai te donner « ma parole » – car je saurai exactement ou j’irai et le temps exact de ma sentence. Tu nous vois… en couple normal. Je te ferai peut-être « un môme » eh oui… la machine fonctionnera à 1000 à l’heure (sic).
Tu sais, je suis encore très présentable, car je fais régulièrement mon sport et karaté en cellule. Cette semaine je vais recevoir les articles dont tu m’as parlés. La j’ai reçu l’article et la lettre de René. Dès sa sortie il faudra qu’il vienne te voir… dis le à son frère Gérard.
Joyce chérie… pense que je t’aime comme avant.. plus qu’avant. Je n’ai pas oublié le gout de tes lèvres et ton doux parfum de femme. Un jour mes bras s’ouvriront pour toi.. ta tête se posera sur mon épaule et nous reprendrons une vraie vie d’amour pour y construire un véritable bonheur digne de toi et de ta merveilleuse famille…
Tu les embrasses tous et toutes.
Pour toi « mon grand amour » mes lèvres sur tout ce qui est de toi… car elle connaissent « TOUT » de toi… oui chérie je n’ai pas oublié.
Je t’aime petite fille, Ton Bruno xxxxx
Je t’écrirait prochainement ok chérie je t’adore!!


Arrested in September 1973 by Commissioner Broussard, Jacques Mesrine was initially imprisoned in Fleury-Mérogis and then in Fresnes before being sentenced in May 1977 to 20 years in prison and transferred to the High Security Quarter (QHS) of the Stanté prison. It was during his stay in Fresnes prison that Jacques Mesrine began writing L’Instinct de Mort. He escaped from the prison de la santé on 8 May 1978 with François Besse.

MAINTENON, Françoise d’Aubigné, Marquise de (1635-1719)

Autograph letter signed “Maintenon” to maréchal de Villars
2 pages 1/2 in-4, address on verso

« Vous savez Monsieur, ce qui se passe sur la paix, et s’il vient au Roi qu’elle ne se fasse »

Important letter written during the War of the Spanish Succession, at the time when the Allied armies invaded the North of France


« Vous croyez bien, Monsieur, que la lettre que vous me faites l’honneur de m’écrire du 20 de ce mois achève de m’accabler ; ce n’est pas qu’elle m’apprenne rien de nouveau et dont je n’entende parler continuellement, mais elle me persuade d’autant plus que vous n’êtes pas porté à voir les choses pis qu’elles ne le sont. Je ne puis croire qu’il y ait une bataille ; ce n’est pas à moi de traiter de telles matières. 

Vous savez Monsieur, ce qui se passe sur la paix, et s’il vient au Roi qu’elle ne se fasse (il s’agit ici d’une allusion aux propositions raisonnables faites par Louis XIV à Gertruydenberg). Il n’y a donc point d’autre parti que de défendre le plus qu’on pourra. Vous ne me dites pas un mot de votre santé (le maréchal de Villars avait été blessé à la bataille de Malpaquet l’année précédente) et on mande de toutes parts que vous vous êtes trouvés très incommodé d’avoir été un quart d’heure à cheval. Il faut espérer que ces relations partent du même esprit qui a fait dire tout l’hiver que vous ne servirez point (…) Je ne répondrai point, Monsieur, à la fin de votre lettre, elle m’attendrirait trop, et je me contente de vous assurer que je serai toujours la même pour vous.

je vous recommande le comte d’Aubigné, il a bonne volonté et ne demande que des occasions de faire quelque chose. Vous avez un roi dans votre armée (Jacques III, prétendant au trône d’Angleterre) qui est en petit équipage ; je crois qu’il n’en souffrira pas tant que vous en aurez.
Maintenon 
».


On 13 May 1702, a Great European Alliance declared war on France and Spain. It was the beginning of the War of the Spanish Succession. This ten-year war was the most painful of all those supported by King Louis XIV. It is a foreshadowing of the general wars that will bloodied the continent one and two centuries later.
Marshal of Villars was a protégé of Madame de Maintenon. He owes him his ascent. In the years leading up to the War of the Spanish Succession, he was sent to Vienna, where his action was appreciated by Louis XIV. In 1712, with his surprise victory of Denain, he saved Louis XIV’s armies from defeat. In the same year, he became governor of Provence, a position he held until his death, and to which his son succeeded him.

CÉLINE, Louis Ferdinand (1894-1961)

Stunning protrait of the controversial novelist (re-print, circa 1970).
Large in-4 (29,9cm x 23,9cm)

Previously part of the Artine Artinian collection (stamping on verso)

DOSTOÏEVSKI, Fiodor (1821-1881)

Original photograph of the famous Russian novelist, circa 1875.
Bonded on ivory carton, name card format (7,9 cm x 5,2 cm)
Some stains, slightly creased edges, needle holes

Scarce albumen print of the Russian novelist


On the verso:

Photography
Vezenberg & Co
Voznessenky pr., 28-32
St Petersburg
Since 1865


 

LAFAYETTE, Gilbert du Mortier, marquis de (1757-1834)

Autograph letter signed, Paris, 18 January (1831), to Etienne de Jouy
1 page in-8, address and postmark on verso

Nice letter from the Marquis de Lafayette


Etienne de Jouy (1764-1846) était un dramaturge et un librettiste français. Il fut élu à l’académie française en 1815 et fut maire de Paris en juillet-août 1830.
Dans cette lettre, il est question du décès de l’homme politique et banquier français Jean-Antoine Joseph Davillier (1754-1831) qui était mort le 16 janvier.


Etienne de Jouy (1764-1846) was a French playwright and librettist. He was elected to the French Academy in 1815 and was mayor of Paris in July-August 1830.
The letter refers to the death of French politician and banker Jean-Antoine Joseph Davillier (1754-1831) who died on 16 January.

LAPEROUSE (de), Jean François (1741-1788)

Autograph letter signed « Laperouse » to Poussielgue
Paris, 18th June 1785, 1 page in-8, autograph address on fourth page
Remains of red wax seal

La Pérouse’s last known letter before his departure from the circumnavigation on 1 Aug. 1785, from which he was not to return


« Votre lettre monsieur, qui ma eté adressee à brest ne mest parvenue a paris, que le 18 juin et au moment ou ma réponse vous sera remise en corse, je serai parti de brest, Recevez monsieur mes regrets des retards qui ont rendu votre proposition impossible a accepter et soiyes bien convaincu de ma reconoissance. Jai lhoneur detre monsieur votre tres humble et tres obeissant serviteur Laperouse »


It was under the impulsion of King Louis XVI that a “discovery” expedition, called the Expedition Lapérouse departed from Brest on August 1, 1785. This expedition’s goal was to explore the Pacific Ocean in spirit of the British explorer James Cook, or even to circumnavigate the globe. The fate of this expedition was, as everyone knows, tragic. Both La Boussole and L’Astrolabe ended up shipwrecked on the shores of Vannikoro, causing the death of the whole crews.

Autograph letter signed from La Pérouse are very scarce.

GARNIER, Charles (1825-1898)

Autograph letter signed “Charles Garnier” to Léonce Detroyat
[Paris, c. 1870] 1 page in-8 on laid paper, Ministère des Beaux-Arts letterhead, travaux du nouvel Opéra

Nice letter from Charles Garnier


“Vous êtes bien gentil cher Monsieur de m’ouvrir votre journal.
Je vais laisser passer une dizaine de jours avant de vous envoyer l’article sur les évangiles car en ce moment je pense à bien d’autres choses et je tâcherai de le faire assez avant pour ne pas trop vous embarrasser.
Milles amitiés
Charles Garnier
Quelle bousculade !!”


Charles Garnier was an architect. He will remain best known for being the architect of the Opéra de Paris (Opéra Garnier), inaugurated in 1875.
Léonce Detroyat (1829-1898) was a French naval officer, politician and publicist. Garnier used his services and maintained abundant correspondence during the 1870s, when he was editor of the newspaper La Liberté.

MARAT, Jean-Paul (1743-1793)

L’ami du Peuble, original booklet
17th February 1791

“Despise the goodwill of Louis XVI”


Rare first edition of the most emblematic pamphlet of the French Revolution

Original booklet in very fine condition

FLAUBERT, Gustave (1821-1880)

Autograph letter signed « Gve Flaubert » to Paul Meurice
N.d.n.p [Croisset, 7th February 1878], 1 page in-8 on double sheet laid paper, black ink.

« Please present my excuses to Victor Hugo…»


« Mon cher ami,
Comme j’ai peur que mon portier ne vous reçoive pas – car dans la semaine je suis obligé de me clore pour pouvoir travailler, ayez l’obligeance de me prévenir, la veille, par un mot. Demain & après-demain dans l’après-midi, je serai sorti. – Mais lundi tout l’après-midi je serai chez moi. faites-moi le plaisir de présenter mes excuses à Victor Hugo. – J’ai l’air de l’oublier, je ne vais pas le voir. – & j’en suis désolé. Un de ces jours je réparerai mes torts – involontaires. Tout à vous, cher ami.
Gve Flaubert.
jeudi, 3 h. ».


In fine condition

DE BEAUVOIR, Simone (1908-1986)

Autograph manuscript fragment for The Second Sex.
Autograph letter signed on the verso, to her typewriter Madame Mandinaud.
1 page in-folio

Extraordinary autograph fragment for The Second Sex, the most significant book of the feminist movement of the 20th century.


« Mais cette harmonie n’est pas facile à réaliser car les différentes fonctions assignées à la femme s’accordent mal entre elles. Les journaux féminins enseignent abondamment à la ménagère l’art de garder son attrait sexuel tout en faisant sa vaisselle, de rester élégante au cours de sa grossesse, de concilier coquetterie, maternité et économie; mais celle qui s’absiendrait à suivre avec vigilance leurs conseils serait vite affolée et défigurée par les soucis; il est fort malaisé de demeurer désirable quand on a les mains gercées et le corps déformé par les maternités; c’est pourquoi une femme amoureuse a souvent de la rancune à l’égard des enfants qui ruinent sa séduction et la prive des caresses de son mari; si elle est au contraire profondément mère, elle est jalouse de l’homme qui revendique aussi les enfants comme siens. D’autre part, l’idéal ménager contredit, on l’a vu, le mouvement de la vie; l’enfant est ennemie des parquets cirés. L’amour naturel souvent se perd dans les réprimandes et les colères que dicte le souci du foyer bien tenu. Il n’est pas étonnant que la femme qui se débat parmi ces contradictions passe bien souvent ses journées dans la nervosité et l’aigreur, elle perd toujours sur quelques tableau et ses gains sont précaires, ils ne s’inscrivent en aucune réussite sûre. Ce n’est jamais par son travail-même qu’elle peut se sauver; il l’occupe mais ne constitue pas sa justification: celle-ci repose sur des libertés étrangères. La femme enfermée au foyer ne peut fonder elle-même son existence; elle n’a pas les moyens de s’affirmer dans sa singularité: et cette singularité ne lui est par conséquent pas reconnue. Chez les arabes, les indiens, dans beaucoup de »


This fragment corresponds to the second volume, chapter “Mother“, page 342.

LAGERFELD, Karl (1933-2019)

Autograph letter signed “Karl Lagerfeld” to an unknown recipient
[Paris], 51 rue de l’université, le 15 Nov[ember] 1984
2 pages in-8 oblong
Name-card to his name attached

“I only collect the French 18th”


“Monsieur,

Je vous retourne vos photos.
La table est très belle mais je ne collectionne que le 18eme français (je m’arrête en général à l’époque de transition).
Donnez-moi une idée de prix quand même. Elle peut m’intéresser pour ma maison de Monte Carlo que je vais refaire peut-être bientôt.
Avec mes meilleurs sentiments

Karl Lagerfeld”


Considered a true fashion icon, Karl Lagerfeld sppeared to be of a great talent at a young age. After numerous years as director of art at Fendi, he finally overtakes the lead at Chanel in 1983 and would remain director until his passing in 2019. Postmodernist, he blends elements from the past with modern references.

HEBERT, Jacques-René (1755-1794)

Letter signed « Hebert substitut » to the « Citoyens »
Paris, 27 mars 1793
1 page 1/4 in-4, Commune de Paris letterhead,
Needle hole which does not affect the text

Very scare letter signed from Hebert, the violent pamphleteer from Le Père Duchêne


« La section du finistere, citoyens, a saisi plusieurs sacs de Riz que des particuliers ont été surpris acheter à vil prix des pauvres de cette section.
Sur la dénonciation qui me fût faite du procès verbal constatant ce commerce illicite, j’ai fait citer à ma requête au tribunal de police Municipale les acheteurs, il a été ordonné que le Riz saisi seroit distribué aux puvres de la même section:
Par une dispoon
[disposition] particuliere, le tribunal m’a chargé de faire part aux comité des 48 sections de ce genre de commerce a faire qu’ils puissent y mettre ordre. pour remplir le voeu de cette décision, je m’empresse, citoyens, de vous donner connoissance du résultat de cette affaire, et vous engage à exercer sur cet objet toute votre surveillance.
Hebert substitut
 »


Hébert was a very popular pamphleteer during the French Revolution and member of the Club des Cordeliers. He was one of the leading figures. His journal, Le Père Duchêne, relating the political event in a very colorful manner, contributed in encouraging the Sans-Culottes in participating to major events which caused the fall of royalty, the September massacres, the fall of the Girondins etc.

LE CORBUSIER, Charles-Edouard Jeanneret dit (1887-1965) PROUST, Marcel (1871-1922)

Typescript with autograph addition for the first edition of In the Shadow of Young Girls in Flower
[Étampes, imprimerie “La Seumeuse”, pour la NRF, c. 1917]
One page in-12 oblong (7,3 x 13 cm) glued on in-4 laid paper (23,4 x 17,5 cm)
Foliation number “30
Original glue makrs, slight tear without affecting the text

Superb manuscript fragment for In the Shadow of Young Girls in Flower, in a primitive variant, and situated in the first part of the novel

An outstanding testimony of Marcel Proust’s rewriting work during the war.


Transcription (The printed text is in Roman font and the autograph additions are in italic)

Ce récit me laissa assez indifférent J’étais assez indifférent à tout cela. J’aimais assez trop Gilberte pour [Marcel Proust a d’abord écrit puis biffé successivement “les” puis “j’eusse trouvé“] ne pas trouver les relations de Swann désirables, même si elles m’eussent paru sordides. Mais il n’en était rien, elles me paraissaient semblaient follement brillantes, non par l’effet de mon amour mais d’une impression ancienne. Depuis Combray j’aurais pu voir Swann sans cesse entouré d’apaches sans qu’il cessât pour moi d’être un homme élégant, de même que Bloch n’aurait jamais pu m’en sembler un, eût-il reçu tout la haute société. En ce qui concernait la gentillesse qu’Odette que M. de Norpois nous disait témoignée par Odette à son mari, j’ai su qu’elle n’était que le recommencement, après de longs orages, de ce qu’elle avait eue pour lui dès qu’il avait cessé de l’aimer. Il faut dire qu’il n’était plus jaloux, il exprimait plus gentiment son affection et comprenait mieux celle d’Odette.”

Ses amis, mon grand-père lui-même avaient recommencé à recevoir de Swann des lettres où il leur demandait de le mettre en rapport avec telle ou telle personne. Il ne s’inquiétait plus de la conduite d’Odette. Le chagrin trop vif qu’il en avait jadis conçu semblait avoir entièrement brûlé la partie de son cerveau où il aurait pu y songer et qui ne s’éclairait plus. Il reculait devant l’effort de mémoire qu’il lui aurait fallu pour recommencer à être jaloux, et il ne se remettait plus souffrir, c’était comme un artiste qui ne se met pas à travailler, par paresse de créateur. Il se disait quelquefois qu’il aurait pourtant dû donner à Odette quelques conseils, mais ai même instant il éprouvait la lassitude, l’incapacité de penser de quelqu’un qui n’a pas mangé depuis plusieurs jours et après une velléité sans résultat, trouvait plus sage d’épargner une fatigue inutile à ses circonvolutions inanitiées [sic]. Même comme son corps s’était usé, que son cerveau avait vieilli, il ne se contentait pas comme il eût fait autrefois de passer sa main sur ses yeux et d’essuyer son monocle, il répétait deux ou trois fois : “Après tout, je m’en fiche” en penchant la tête et haussant une épaule. AuPourtant au” plaisir qu’il allait chercher de son côté, auprès d’autres femmes, il manquait quelque chose. Et quand en rentrant il voyait d’en bas la lumière de la chambre d’Odette, si en rentrant de bonne heure “Aussi était-il content de retrouver Odette en rentrant”


The fact that the current variant is so remote from the final version reveals the magnitude of the rewriting process. It is divided in two parts: The first one was not kept (or at least in a less approaching way). The second part was entirely rewritten. Proust seems to have situated them in the part of the novel during which the meal was given by the narrator’s parents to M. de Norpois, at the beginning of the Young Girls, where the conversation is lasting on Odette and Charles Swann.

“An old impression”
Afterglow. In the first part of the text, the narrator recalls the opinion he had formed himself on Charles Swann as an elegant man. A durable opinion to the point of resisting the remarks about Swann’s relationships.

“He was backing out in front of the memory effort which he would have needed in order to become jealous again”
The test of time. On the contrary, the second part underlines the heart-intermittencies with Charles Swann, describing his change of attitude towards his unfaithful wife Odette. After having been a jealous lover, he became a complacent husband: Time has done its work and faded the mutual feelings. This transformation is in fact described in the long evolution of the character during the whole novel In the Search of Lost Time: “His metamorphosis illustrate the notion, explained in Combray, of the subjectivity nature of the view of social personality (Brian G. Rogers, article “Charles Swann”, in the Marcel Proust Dictionary).

The long lasting rewriting process which Marcel Proust accomplished during the war
The composition and the publication of the Yong Girls represents a highly complex episode which lasted during several years. A first draft was given for typing in 1911-1912. In 1913 and 1914 were printed the first draft versions for Bernard Grasset (who published Swann’s Way in 1913 at the expenses of the author). Several factors led Marcel Proust to make in-depth modifications on his text: One of which was the requirements of his editor regarding the length and the layout of In the Search of Lost Time. The other factor being the war which had sensibly delayed the typing of a final draft. Eventually the working method of Marcel Proust who, from multiple readings, couldn’t stop correcting and / or amplifying his text. The volume of the Young Girls is the representative fruit of this working method, consisted mostly of countless additions and rewriting during the war.
After he left Bernard Grasset to finally join the Nrf (Nouvelle revue française) in 1916, Marcel Proust had his text re-typed as it was last written and applied a multitude of corrections, and the end of which he eventually received a new typescript in April 1918. The was no In the Shadow of Young Girls in Flower manuscript per se. It actually became this extraordinary “mapping” where multiple typescripts glued over larger sheets of paper alternate autograph corrections. Some date as far back as 1914, others were established for the 1918 publication” (P. Clarac, Bulletin des Amis de Marcel Proust, N°2).
The work was completed for print on November 1918 but was eventually published on June 1919, following which it won the Prix Goncourt on December that same year.

This corrected / amended typescript therefore most likely belongs to the first print drafts for the Nrf (Nouvelle revue française) in 1917, the one which underwent in-depth corrections. The Pléiade publishers, to this day, do not identify any examples kept in public domain. The second set of corrected typescripts, printed on April 1918, partly kept at the Bnf (Bibliothèque nationale de France) under ref. Y2 824 comprises in fact the second part of the text but in its nearly definitive variant, almost entirely different (f.76).

Mosaic manuscripts fragments for In the Shadow of Young Girls in Flower are scarce. This particular one, showing first draft variants, makes it even more precious.

HUGO, Victor (1802-1885)

Chalot & Cie.
Photographic portrait of Victor Hugo
Circa. 1880, postcard format (16,4 x 10,8cm)

Period print on albumen paper, bonded on Bristol.

Nice portrait of Hugo.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed twice “Lamartine” and his initials, to Pierre-François Savatier-Laroche
N.p [24th January 1854], 2 pages 1/2 in-8 on double sheet, laid paper
Enveloppe attached with wax seal

Elegant letter of Lamartine, signed twice with enveloppe and wax seal


“L’Yonne a deux cœurs, ce que vous dites d’Auxerre est bien consolant. Je m’explique la répulsion, puis la réaction qui couve ; je la sens du reste partout en ce moment.
Si la France peut m’aider seulement de 200 000 f et que je finis par trouver enfin ou un acheteur ou un mode de vente collectif de mes terres je triompherai et je payerai noblement tout et tous.
J’espère vous voir ce beau jour pour moi. Lamartine
Voici l’appel accompagné des bulletins et pamphlets qu’a fait tous reprendre. Dites-moi si on peut vous en envoyer ce que vous adresserez à ce que vous savez […]”


Pierre-François Savatier-Laroche (1803-1879) was a writer and deputy of Auxerre under the Second Republic. His speech against the death penalty made him one of the great orators of his time. But the coup d’état by Napoléon III of 2 December 1851 ended his political career.

RENOIR, Pierre-Auguste (1841-1919)

Autograph letter signed “Renoir” to Paul Bérard
Naples, Saturday 26th [November 1881], 3 pages in-12
With bespoke blue leather sleeve
Fold marks, brown stains

Superb Renoir letter during his Italian journey, at the beginning of his Ingresque era


Mon cher ami
Je ne vous ai pas écrit depuis longtemps parce que j’étais tout ce qu’il y a de plus plongé dans mes recherches artistiques. Car j’ai essayé tout, peinture à l’essence, à la cire, au siccatif, etc., etc., tout ça pour revenir à ma première peinture. Mais j’ai de temps en temps de ces maladies qui me coûtent fort cher et ne m’avancent à rien. Enfin j’ai fini et je puis jouir du beau temps que j’ai ici, car c’est le printemps comme le décrivent les poètes, pas une miette de vent, un doux soleil et des nuits délicieuses, tous les fruits de la terre, nord et midi réuni, et je suis chez des braves gens ce qui n’est pas arrivé depuis mon départ. Je suis dans un port qui est au raz [sic] de l’eau. Je monte dans tous les bateaux, la mer est admirable et je mange de la bonne cuisine à l’ail que j’adore.
Comme travail, je suis en train de faire le Vésuve effet de matin, le Vésuve effet du soir, et le Vésuve effet de jour, avec des bateaux et je fais poser les filles de mon propriétaire qui sont fort jolies. L’ainée ressemble tout à fait à la
Ste Catherine de Leonard de Vinci. Je suis allé à Rome j’ai vu les Raphael. Je suis maintenant de force à discuter avec Monsieur Brac habitant de Lapérrière [Laurent-Paul Brac de La Perrière]. J’ai reçu à Venise une charmante (comme toujours) lettre de vous. J’ai apris [sic] par cette lettre que les harengs avaient été nombreux à Berneval. Je suis encore pour quelque temps à Naples et j’espère avoir de vos nouvelles, après j’irai voir Tunis, et les belles Juives qui y habitent etc. etc.
Je finirai par faire le tour du monde, enfin je suis très content, je travaille beaucoup et j’espère à mon retour avoir fait des progrès à tomber tous les peintres de Paris.
Si vous voyez
[Charles] Deudon dites lui mille choses aimables pour moi, dites lui que je ne l’oublie pas mais que j’attends des choses extraordinaires pour lui en faire part. Quand il m’a écrit il m’a toujours donné de vos nouvelles, mon frère qui doit aller vous voir vous donnera mon adresse, vous me direz ce que vous pensez de mon cadre modèle Renoir.
Je termine en faisant un million de compliments à Madame Bérard, au gros André et à tous les marmousets, sans oublier Lucie qui va être bonne à poser à mon retour.
Ecrivez moi n’est-ce pas ami
Renoir”


Paul-Antoine Bérard (1833-1905) was a banker, a foreign affairs attaché, and Renoir’s most important client. The two men met in 1878 by a mutual acquaintance, Charles Deudon, at the fashionable Parisian salon of another of Renoir’s clients, Madame Charpentier. Renoir wrote regularly to Bérard, Despite the significant differences between their social status, Renoir, the son of a poor labourer, and Bérard, the heir to a great fortune – they developed a lasting friendship – Renoir made frequent stays at his home at Wargemont Castle, near Dieppe – which led to some of the artist’s most important assignments.

Renoir’s trip to Italy will be crucial for his painting, he will define artistically the coming decade for the artist, called his ingresque era. Indeed, he was deeply influenced by the works of Raphael (16th century) and drew the outline of the forms in the manner of Jean Auguste Dominique Ingres. Its palette then makes more acidic colors: blue, green and yellow. The masterpiece of this period is Grande Beigneuses (1884).

Le Vésuve effet du matin is part of the Sterling & Francine, Williamstown (MA), Clark Art Institute
Le Vésuve effet du soir is today part of the MET’s permanent collections


Renoir’s letters with such important content are extremely rare

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Autograph letter signed « Paul Valéry » to Hermann-Paul
Tuesday [13th January 1925], 1 page in-8
Small tear with missing piece of paper on bottom left part due to initial opening of the letter, without affecting the text.

Nice letter from Paul Valéry quoting Mallarmé


“Mon cher H.P [Hermann-Paul]
Je suis si occupé, préoccupé et débordé de toutes parts en ce moment que je ne trouve pas une heure à vous indiquer dans les jours prochains.
Je me verrai bien volontiers imprimé, mis en pages, orné par vos soins – Mais quoi de moi ? Je n’ai rien d’inédit. Je songe à des Fragments sur Mallarmé tirés l’an dernier à 100 ex. chez Davis et archi-épuisés.
Ceci vous irait-il?
Dites moi un mot des conditions – et surtout du nombre d’exemplaires prévu. Si l’ouvrage et réservé à vos sociétaires ou bien doit être mis dans le commerce ? Ceci est essentiel. Je vous expliquerai pourquoi.
Excusez ce torchon de lettre. Je n’ai nu temps ni espece, ni aide, ni tête à mon service et je sors d’une longue grippe.
Bien cordialement à vous
P. Valéry


Hermann-Paul (1964-1940) was a French painter and illustrator. Although their common to illustrate fragments of Mallarmé with Paul Valéry did finally not come through, he remained nevertheless for having made illustrations for Henry de Montherlant or Prosper Mérimée in the 1920s.

Paul Valéry, then part of the symbolist movement at the end of the 19th century, had a deep attachment and admiration for Stéphane Mallarmé until his death in 1898, whom he met through André Gide

[HUGO] Juliette DROUET (1806-1883)

Autograph letter signed « Juliette » to Victor Hugo
N.d.n.p [Paris, 13 janvier 1851], 4 pages in-8 on double sheet
Slightly creased, very slight tear on central fold mark

Long and nice letter of Juliette Drouet about politic and jealousy


« 13 janvier lundi matin 8h

Bonjour, mon bien aimé, bonjour, mon cher amour, bonjour. Comment vas-tu ce matin ? Tu ne te ressens pas de la fatigue d’hier ? Ta gorge n’a pas souffert de ce parlage forcé ? J’espère que non mais je regrette de n’avoir pas été assez membre de la gauche pour assister à cette séance où vous n’aurez pas manqué de dire de bonnes et d’admirables choses… Quand je pense à quoi s’est passé mon dimanche j’en suis furieuse. J’avais tant compté sur lui pour me rabibocher de ma triste et maussade semaine que je suis toute déconfite de ma déception. Sans Vilain qui est venu le soir je n’aurais même pas eu l’Evénement. Grâce à lui j’ai pu me régaler de cette rédaction instructive et morale et jouir de la volée de bois vert distribuée à tour de plume par Vacquerie sur la vielle échine de l’académie. 

J’avoue que ce moment a été très agréable mais trop court. Je suis comme le titi des funambules : Sans ce monsieur qui a montré son………………….. Il n’y aurait pas eu moyen d’y tenir, parole d’honneur. J’y ai tenu grâce à Vacquerie et à F. V. Hugo cependant je vous aurais encore donné la préférence si j’avais eu le choix.

Le jeune Vilain s’est retiré à 11h et moi je me suis couchée comme une pauvre vielle Juju que je suis. Si vous croyez que c’est là ce qui rend une femme heureuse vous vous trompez joliment. C’est si vrai qu’il y a des moments où je donnerais ma vie pour deux sous. Cela ne m’empêche pas de reconnaître que vous ne soyez un très bon Toto quoi qu’aimant beaucoup trop les jeunes cocottes et les premières représentations, mais vous n’avez pas la prétention d’être plus parfait que l’apôtre Jean Journet et vous êtes un peu moins bête malheureusement. Baisez-moi. Tenez et laissez-moi exhaler ma tristesse comme je peux car je vous aime trop ça n’est pas gai. Juliette »


Juliette Drouet mentions the daily newspaper L’Évènement which was originally founded on July 1848 by Victor Hugo. This journal was destined to back up Louis-Napoleon Bonaparte for the presidency of the Republic. At the same time as Hugo was elected on 13 May 1849 to the Legislative Assembly (during which he delivered his famous speech on poverty), before it became the main newspaper opposition to the conservative excesses of power.

GIONO, Jean (1895-1970)

Lettre autographe signée « Jean Giono » au rédacteur en chef de la revue Carrefour
[Manosque], le 4 octobre 1948
2 pages in-8

Belle et longue lettre de Giono à propos de Le Hussard sur le toit et Mort d’un personnage


“Cher Monsieur,

La lettre de M. Muller n’a pas eu de réponse parce qu’elle est arrivée ici pendant mes vacances. Je l’ai trouvée avec le reste de mon courrier il y a peu de jours. Il n’y a eu, à ma connaissance, qu’une seule lettre de Monsieur Muller. Le « Hussard sur le toit » n’est qu’un extrait d’un livre plus long, impossible à publier entièrement en revue ou en hebdomadaire et M. Muller m’avait déjà indiqué qu’il ne s’agissait pas d’extraits pour Carrefour. Pour l’instant je n’ai rien à publier et je le regrette car j’estime qu’un publication dans votre journal me ferait beaucoup d’honneur. Si vous désirez attendre que j’ai un texte pour vous, je vous en remercie; si vous désirez que je vous rembourse l’avance que vous avez eu la gentillesse de me faire je vous adresserai un chèque de cette somme aussitôt. De tout façon, il faut bien se souvenir que cette somme m’a été adressée à un moment ou Mr Muller avait accepté, et je lui avais adressé, un texte de moi intitulé Mort d’un Personnage.

J’étais loin de m’attendre à me le voir retourner plusieurs mois après. Non pas que je crois à l’excellence supérieure de ce que j’écris mais simplement parce qu’après plusieurs mois je croyais la publication décidée. Toutefois j’ai trouvé le rejet fort naturel. Ce n’était pas un texte d’action et croyez bien que j’en ai gardé aucune rancœur (il a été publié dans la Revue de Paris) je n’en parle que pour fixer les conditions dans lesquelles les 30.000f m’ont été adressés, et pour bien spécifier que je ne les ai pas réclamés sans contrepartie. Ils sont à votre disposition si vous ne voulez pas attendre; si vous le pouvez, je vous enverrai mon premier texte libre. Et je reste, croyez moi, votre débiteur d’amitié.
Jean Giono
PS :Excusez moi auprès de Muller”


We attach: A second autograph letter signed by Jean Giono, 1 page in-8, also from 4th October 1948, regarding an erratum of 30.000f to him addressed.


The post-war period was a complicated time for Jean Giono. He was accused of collaboration by the Manosque Liberation Committee in September 44 and spent five months in prison. Grasset, also accused of collaboration, will have their premises sized. The relationship between Giono and Grasset became abysmal. Henri Muller, who had been general secretary of Grasset until 1944, was in regular contact with Giono, who was edited by both Grasset and Gallimard. In 1948, he directed the literary pages of Carrefour. The recipient of these letters and undoubtedly the editor of the weekly in question. Carrefour was a magazine created at the liberation and Gaullist obedience, which would later turn to the extreme right.

TOULOUSE-LAUTREC (de), Henri (1864-1901)

Autograph letter signed (pencil) « HTLautrec » to an unknown recipient
N.d.n.p Wednesday 10th [1895?]
1 page in-8 on double sheet, slight discoloration on each edge, professional repairs on each angle on page 2, without affecting the text. Fold marks.

Rare billet from Lautrec with his famous HTLautrec signature


“Prière de fixer un rendez-vous ferme après-demain vendredi. Impossible demain. Mille regrets
HTLautrec”


Henri de Toulouse-Lautrec abruptly stopped growing because of a bone disease and two horse falls that left him highly injured. He started painting and drawing, then moved to Paris in 1882 to carry on his learning on art. He then got immersed in the impressionism movement and got acquainted with Degas and Van Gogh. He frequented cabarets, notably the Moulin Rouge, and immortalized them in his paintings as well as on his posters (Moulin Rouge, La Goulue, 1891). He also painted in theaters, concert cafes and brothels (At the Salon on Rue des Moulins, 1894) where he captured people candidly. He then became an emblematic figure of Parisian nights.

LAMARTINE (de), Alphonse (1790-1869)

Autograph letter signed « Lamartine » to a novelist
N.p [Saint Point] 10th August 1838, 4 pages in-8 on double sheet
Central fold mark

Long and superb letter from Lamartine about his novel in verses “The fall of an angel” and his vision on anarchy


“J’ai lu l’admirable excuse que vous avez écrit de la chute d[‘un] ange. J’en ai été si touché que j’avais commencé à vous répondre en poète, c’est-à-dire en vers. Mais sont survenus des mémoires sur les besoins du département des requêtes au conseil général et le crayon s’est brisé. J’ai repris la plume qui me sert bien mais dans quinze jours après le Conseil nous nous reverrons.
Sérieusement si je n’avais pas fait la Chute d’un Ange je croirais que c’est beau en vous lisant. Je n’en crois rien mais je vous remercie
[…]. Ce seront quelques heures de gloires volées à la vérité. Cela n’est pas non plus si mauvais qu’on le croit. C’est une porte qui mène ailleurs et [il] ne faut pas s’arrêter ni en compter les clous ou les chevilles.
Je viens ce matin et fais cent vingt vers qui valent à eux seuls dix chutes d’anges. Mais cela ne sent pas l’imprimerie c’est trop personnel et trop triste.
Je suis à la campagne seul malade et tranquille. J’étudie sans fatigue quelques grandes questions d’économie sociale. Je prends des notes. Je lis immensément mais ne fais rien.
Si vos congés d’écrivain vous laissent jamais liberté les ombres de St Points seraient heureuses de vous abriter. Elles vous doivent amitié et reconnaissance.

Je ne sais rien de la politique si ce n’est que je suis très impopulaire depuis qu’on croit s’apercevoir que je pourrai bien ne pas être un anarchiste. Le goût de ce Jacobinisme et un gout du terroir. Gout plat et apre qui ne fut jamais le mien. Aussi je me moque des mécontents mais la cloche sonne et m’appelle à un déjeuner de curés voisins. Je vous laisse pour moins aimable compagnie. Pensée surtout celle que vous voyez souvent dans nos soirées de la rue Bergen et vous prie de me rappeler à leurs bons souvenirs.
Tout à vous
Lamartine”


Great epic and prehistoric novel in verses by Lamartine, The Fall of an Angel was first published in 1838 by Gosselin and W. Coquebert. It was originally created as a fragment of a humanitarian epic of which Jocelyn was to be the final episode. In 1838, the success of the book was great, but critics overwhelmed the poem. However, he had to seduce poets: Hugo, Leconte de Lisle and even Verlaine, who saw in La Chute “unheard of things of beauty”.

In the second part of the letter Lamartine defends himself from being of the anarchist movement, which was then at its beginnings through economist like Proudhon. Lamartine entered politics in 1833 by joining the July Monarchy, but his thinking evolved, until the end of his career in 1851, from royalism to republicanism.

VERLAINE, Paul (1844-1896)

Autograph manuscript of two important poems: Un scrupule qui m’a l’air sot (64 verses) and De plus, cette ignorance de vous (28 verses)
[Paris, Hôpital Broussais, late 1889]
3 pp. in-4 in black ink, on half leaves with Assistance Publique letterhead.
Tiny needle holes, some stains and old fold marks

Fascinating autograph manuscript in first draft, revealing the first variants of two significant poems from the Bonheur collection


XIII – Brouillon

1 Un scrupule qui m’a l’air sot comme un péché
2 Argumente : Dieu vit au sein d’un cœur caché,
3 Non d’un esprit épars, en milliers de pages,
4 En millions de mots hardis comme des pages,
[Intermediary verses entirely crossed off and illegible]
5 A tous les vents du ciel ou plutôt de l’enfer,
6 Et d’un scandale scandale tel, précisément tout fier.
7 Il faut, pour plaire à Dieu, pour apaiser sa droite,
8 Suivre le long sentier, gravir la pente étroite,
9 Sans un soupir de trop, fût-il mélodieux,
10 Sans un geste au surplus, même agréable aux yeux,
11 Tout […], Laisser […] à d’autres l’art et la littérature
12 Et ne vivre que juste à même la nature
13 Tu pratiquais jadis et naguère ces us
14 Content de travailler en paix reposer à l’ombre de Jésus
15 Y pansant de vin, d’huile de lin tes blessures
16 Et maintenant, ingrat à la Croix, tu t’assures
17 En Sur la païen gloire profane et […] le renom païen
18 Comme si tout cela n’était pas trois fois rien,
21 Va, risque ton salut fou, ton salut racheté
22 […] aux vin Un temps, aux vrai pourtant par une vie autre, […] c’est vérité,
23 Que celle de tes ans primes, enfance molle,
Jeunesse folle et que âge […]
[…] folle fou
24 Age pubère fou, jeunesse molle et folle !
25 Rise ton âme objet de tes soins d’autrefois
26 Pour quels triomphes vains instant sur quels banals pavois ?
27 Malheureux ! __ Je réponds avec raison, je pense :
28 Je n’attends, je ne veux pas d’autre récompense
29 A ce mien grand effort d’écrire de mon mieux
19 Comme si tel beau vers, telle phrase sonore,
20 […] Chantait mieux qu’un grillon, brillait plus qu’un fulgores [sic]
30 Que l’amitié du jeune et l’estime du vieux
Lettrés qui sont au fond les seules belles âmes,
Car du public à le prendre où prendre un public en ces foules infâmes
D’idiotie en haut et folles par en bas ?
Où — mais le trouver ou pas, le mériter ou pas,
Le conserver ou pas — l’assentiment d’un être
Simple, naïf et bon, sans même le connaître
Que par ce seul lien comme immatériel,
[…]C’est tout mon attentat au vrai devoir réel,
[…] Essentiel gagner le ciel par les mérites,
40 Et je doute, Jésus […] pieux, que tu t’irrites
Pour quelque doux rimeur Pour quelque doux rimeur chantant ta gloire ou bien
Étalant ses péchés au pilori chrétien
Tu ne suscites pas l’aspic et la couleuvre
Contre un poème ou contre un poète ton œuvre,
Parce qu’il inquiet à Consolant les ennuis de ce morne séjour
Par un concert de foi, d’espérance et d’amour
Et Puis tu ne me fis-tu pas, Et puis tu n’as donné ce don avec le triste don de vivre,
Le don très fier sans quoi je meurs triste aussi, sans quoi je meurs ! d’écrire de faire un livre,
Une œuvre où s’attestât toute ma dignité quantité,
50 Toute, la fleur et tout bien la fleur d’un […]bien mal, la force et l’orgueil révolta
Des sens Des sens, et leur colère encore qui sont la même
au fond Luxure et tout au fond et bien la faiblesse suprême,
Et la mysticité, qu’il l’amour d’aller au ciel
ar le seul graduel du juste rituel,
Charité de patience au fond l’impuissance au fond la force
Douceur et charité, seule toute-puissance.
Tu m’as fait donné ce don et par reconnaissance
J’en use au donné librement, qu’on me blâme, tant pis.
58 Quant à
guetter quêter les voix, quant à tâter les pis
De dame Renommée, à ses heures marâtre,
Fi. Mais dans tous les cas, quel grand […], leur foyer ou son âtre
En Souffrent-ils de mon cas ? Quelle poutre en votre œil, etc.


This manuscript, entirely autograph, evidences Verlaine’s creative and poetic work. The many variants and corrections make it one of the most moving manuscripts that can be found of the poet. The poem that will bear the number XXII in the published version of Bonheur, The poem that bears XXII is here titled “XIII Brouillon”. On the back of the first page appears another poem from the same collection, titled here III but which will eventually bear the number IV. It reads six stanzas, which correspond to the beginning of the poem as published – however, misses the third, added later on.
Bonheur was published in 1891 by Léon Vanier. Verlaine completed the project, which was elaborated partly in 1885. In the notice of Les Hommes d’Aujourd’hui, Verlaine had indicated his intention to compose a triptych of Christian inspiration: To Sagesse were later on added Amour and Bonheur.

 

LESZCZYNSKA, Marie (1703-1768)

Autograph letter to président Hénault
N.d.n.p [Versailles, circa 1753-1756] 1 page in-4 on double sheet. Queen’s wax seal.
Small tear, without affectiing the text

Beautiful letter from Marie Leszczynska in a disillusioned tone, speaking of the King’s misfortunes


« Mde du Deffand m’a remis votre lettre mon cher Président, je n’ay point eut le temps de faire réponse plus-tôt. Hélas vous avez bien raison tout ce que l’onvoit penestre de douleur, tout va de pis en pis. Relligion, authorittée du Roy, tout s’en va, et ce qu’il y’a de pis, c’est que l’authorittée s’en va, comme si cela devoist estre sans que personne s’i oppose. La main de Dieu est visiblement appesantie sur nous. Enfin il n’y faut penser que pour implorer sa miséricorde. le temps qu’il fait ressemble à ce qui se passe. je suis fâchée de l’état de Mde d’Ayen. cela me prive de la voir. Dites moi de vos nouvelles, mon cher Président »


This letter was most likely written between 1753 and 1756, when tensions were at their height between Parliaments, the Church and the Royal Power. These quarrels date back to 1713 following the proclamation of the Unigenitus bubble.

Charles-Jean-François Hénault d’Armorezan known as “President Hénault” (1685-1770) was a French writer and historian. From 1753 to 1768 he served as superintendent of the House of Queen Marie Leszczynska.

TOLSTOÏ, Léon (1828-1910)

Autograph letter (in Russian) signed « Lev Tolstoy » to Ely Danilovitch Halperin-Kaminski
S.l [Russia], 2/14 (14th for Georgian calendar) July 1895, 1 page in-8 on double sheet.
French translation (Probably by Halperin-Kaminski himself) on page 3
Slight decoloration on bottom part, very slightly creased on top edge.

Rare autograph letter signed by Lev Tolstoy about his novels


Милостивый Государь!
С величайшим удовольствием даю вам своё разрешение печатать ваши переводы моих статей. Перевод ваш я получил, но не имею времени, ни по правде сказать охоты, просматривать его. Если пришлете один или два эквемпляра вашего перевода буду благодарен.
С совершенным уважением Лев Толстой
2/14 июля 1895

Translation:

“Dear sir,
It is with great pleasure that I am giving you my authorisation to publish your translation of my work. I have received your translation, but haven’t had yet time to read it. I would be grateful if you send me one or two examples of the volume.
Yours sincerely,
Lev Tolstoy
2/14 July 1895”


We join:

A period film print representing Tolstoy.
On the backside, a stamping from the Polyglotte company in Riga.

Ely Danilovitch Halperin-Kaminski (1858-1936) was a Russian writer who settled in Paris and became a naturalized French citizen in 1890. He translated many novels from Russian writers, and almost all of Tolstoy’s works, with whom he was in correspondence. By the time this letter was written, Tolstoy was already world famous, War and Peace was published in 1867 / 1869, Anna Karenina in 1877 and The Death of Ivan Ilitch in 1886.

SAND, George (1804-1876)

Autograph letter signed « GSand » to Gustave Flaubert
Paris, Friday [31st August 1866], 3 pages on double sheet in-8 with embossed initials
Skillful repair of to tears on the second sheet, without affecting the text-

Moving letter from George Sand to Gustave Flaubert, written on the following day of her first visit to Croisset


« Embrassez d’abord pour moi votre bonne mère et votre charmante nièce,. Je suis vraiment touchée du bon accueil que j’ai reçu dans votre milieu de chanoine ou un animal errant de mon espèce est une anomalie qu’on pourrait trouver gênante. Au lieu de ça on m’a reçue comme si j’étais de la famille et j’ai vu que ce grand savoir vivre venait du coeur. Ne m’oubliez pas auprès des très aimables amies. J’ai été vraiment très heureuse chez vous. 
Et puis toi, tu es un brave et bon garçon, tout grand homme que tu es et je t’aime de tout mon coeur. J’ai la tête pleine de Rouen, de monuments, de maisons briques. Tout cela vu avec vous me frappe doublement. Mais votre maison, votre jardin, votre citadelle, c’est comme un rêve et il me semble que j’y suis encore. 
J’ai trouvé Paris tout petit hier, en traversant les ponts. J’ai envie de repartir. Je ne vous ai pas vus assez, vous et votre cadre. Mails il faut courir aux enfants qui appellent et montrent les dents. Je vous embrasse et je vous bénis tous. 
G. Sand. Paris Vendredi.

En rentrant chez moi hier j’ai trouvé Couture a qui j’ai dit de votre part que mon portrait de lui était selon vous le meilleur qu’on eut fait. Il n’a pas été peu flatté. Je vais chercher une très bonne épreuve pour vous l’envoyer. 
J’ai oublié de prendre trois feuilles du tulipier, il faut me les envoyer dans une lettre, c’est pour quelque chose de cabalistique ». 


While returning from a stay with Alexandre Dumas fils in Normandy (in Saint-Valéry-en-Caux) George Sand had arrived at Flaubert’s house on 28 August. She stayed there for two days before returning to Paris. During the fifteen years of their friendship, Sand and Flaubert corresponded more than they saw each other. Their epistolary relationship is unanimously regarded as one of the most beautiful of the 19th century. Sand went to Croisset only three times. Flaubert, on the other hand, stayed only twice in Nohant.
During his first stay in Croisset, George Sand made no secret of her delight when she wrote to her daughter on 29 August 1866: « Je me laisse (…) entrainer à rester chez Flaubert. Il a une habitation charmante au bord de l’eau, une vieille maison bien réparée, confortable avec un ancien jardin de moines remis à neuf, à mi-côté dans les arbres et les murs, c’est délicieux (…) Ce pays est superbe. J’ai vu hier tous les monuments intéressants de Rouen, et puis les cloîtres, des charniers, des rues impossibles, tout un moyen-âge encore debout… ».

We join a reproduction of the famous portrait of George Sand drawn by Thomas Couture.

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Autograph letter signed « AlexDumas » to Adolphe Laferrière
[Paris, no date], 1 page small in-8 on light blue double sheet
Fold marks

Charming billet from Alexandre Dumas


“Envoie ou Porte toi meme deux Places à [Adolphe] Cheruelle [sic]
17 Boulevard du Temple
A toi
AlexDumas”


Alexandre Dumas is asking one of his favorite actors Adolphe Laferrière to bring two tickets (probably for his play Anthony) to his friend Adolphe Chéruel.

Nice signature

 

CHOPIN, Frédéric (1810-1849)

Autograph letter signed “FChopin” to Camille Pleyel
Chartreuse de Valldemosa, near Palma de Mallorca, 22 january 1839.
Slight missing part on page 2 without affecting the text

Highly important letter of Chopin sending his Preludes to Camille Pleyel. One of the rare letters of the composer sent from Mallorca, the last one before returning to France on March 1839.


« Cher ami, Je vous envoie enfin mes Préludes – que j’ai fini sur votre piannino arrivé dans le meilleur état possible malgré la mer, le mauvais temps et la douane de Palma. J’ai chargé Fontana de vous remettre mon manuscrit. J’en veux mille cinq cents francs pour la France et l’Angleterre. Probst comme vous le savez, en a pour mille fr la propriété pour Haertel en Allemagne. Je suis libre d’engagement avec Wessel à Londres ; il peut payer plus cher. Quand vous y penserez, vous remettrez l’argent à Fontana. Je ne veux pas tirer sur vous ici parce que je ne connais pas de banquier à Palma. Puisque vous avez voulu, chérissime, prendre la corvée d’être mon éditeur, il faut que je vous avertisse qu’il y a encore des manuscrits à vos ordres.

 1mo. La Ballade (qui entre encore dans les engagements Probst pour l’Allemagne). Cette Ballade– j’en veux mille frs pour la France et l’Angleterre. 2do. Deux Polonaises (dont vous connaissez une en la) j’en veux mille cinq cents francs pour tous les pays du globe. 3°. Un 3e Scherzo– même prix que les Polonaises pour toute l’Europe. Cela vous arrivera sur le dos si vous le voulez de mois en mois jusqu’à l’arrivée de l’auteur qui vous dira plus qu’il ne sait écrire.

 Je n’ai eu de vos nouvelles qu’indirectement par Fontana qui m’a écrit que vous alliez mieux. Les postes sont ici d’une organisation merveilleuse. J’attends trois mois une lettre des miens de Varsovie ! Et les vôtres ? Mme Pleyel ? M., Mme Denoyers ? Dites-leur à tous mes meilleurs souhaits pour l’année 39. J’attends une lettre de vous, toute petite, toute petite, et vous aime comme toujours. Votre tout dévoué. F. Chopin. Pardonnez-moi mon orthographe. Je m’aperçois que je ne vous ai pas remercié pour le piano, et que je ne vous parle que de l’argent. Décidément je suis un homme d’affaire ! »


George Sand était à l’initiative de ce séjour sur  l’île de Majorque, peut-être pour soustraire ses deux enfants Solange et Maurice à l’emprise de leur père le baron Dudevant, ou pour améliorer l’état fébrile du jeune Maurice. Ce qui se présentait comme des vacances idylliques tourna au cauchemar malgré l’attrait majestueux de la Chartreuse de Valldemosa, un ancien couvent des Chartreux désaffecté depuis 1835, où George Sand, ses deux enfants et Chopin s’installèrent à la mi-décembre 1838. Débarqués sur l’île en novembre 1838, ils n’en repartiront qu’au printemps suivant (en mars 1839), contraints à passer l’hiver, prisonniers de l’isolement du couvent inhospitalier. « Chopin ne peut vaincre l’inquiétude de son imagination. Le cloître était plein de terreurs et de fantômes» écrit George Sand dans « Histoire de ma vie ». Plusieurs des Préludes composés à Valldemosa sont nés de ses angoisses, dont le célèbre Prélude N° 15, dit « La goutte d’eau» : « Sa composition de ce soir-là était bien pleine des gouttes de pluie qui résonnaient sur les tuiles sonores de la Chartreuse, mais elles s’étaient traduites dans son imagination et dans son chant par des larmes tombant du ciel sur son cœur. Son esprit était écorché vif ; le pli d’une feuille de rose, l’ombre d’une mouche le faisaient saigner» (id, ibid).

Outre les Préludes, Chopin y composa ou termina plusieurs œuvres majeures auxquelles il fait allusion dans cette lettre :

– la Ballade en fa majeur (l’opus 38, édité en 1840 sous le titre d’éditeur « La Gracieuse». Cette ballade est dédiée à Schumann, qui avait lui-même dédié ses Kreisleriana à Chopin).

– les Deux polonaises jumelles (il s’agit de l’opus 40, dédié à son ami le pianiste Julien Fontana).

– le Troisième scherzo. : (l’opus 39 dédié à Adolf Gutmann (élève de Chopin), édité en 1840 (par Breitkopf & Härtel et Troupenas).

– Les « Vingt Quatre préludes» (l’opus 28) ont pour dédicataire Camille Pleyel (et pour l’édition allemande, J.-C. Kessler)

« C’est là (à Valldemosa) qu’il a composé les plus belles de ces courtes pages qu’il intitulait modestement des Préludes. Ce sont des chefs-d’œuvre. Plusieurs présentent à la pensée des visions de moines trépassés et l’audition de chants funèbres qui l’assiégeaient ; d’autres sont mélancoliques et suaves : ils lui venaient aux heures de soleil et de santé, au bruit du rire des enfants sous la fenêtre, au son lointain des guitares, au chant des oiseaux sous la feuillée humide, à la vue des petites roses pâles épanouies sur la neige. D’autres encore sont d’une tristesse morne et en vous charmant l’oreille vous navrent le cœur »écrit encore George Sand.

Ignace et Camille Pleyel comptent parmi les grands facteurs de pianos du XIXe siècle avec Érard. Chopin rencontra Camille Pleyel par le biais d’Édouard Herbault, associé de celui-ci. L’entente fut immédiate. Fils d’Ignace Pleyel (un compositeur autrichien, élève favori de Haydn, éditeur de musique et fondateur de la fabrique de pianos, installé à Paris en 1795), Camille Pleyel, qui avait succédé à son père en 1831, est un excellent pianiste formé en Angleterre. Il partage avec Chopin «une noble simplicité et un art parlant du cantabile », comme le décrit Jean-Jacques Eigeldinger, dans son livre sur l’amitié entre Chopin et Pleyel. « Il n’y a aujourd’hui qu’un homme qui sache jouer Mozart, c’est Pleyel», disait souvent de lui Chopin. Dèsson arrivée à Paris à la fin de l’année 1831, Frédéric Chopin se fit l’homme d’un seul piano, le piano Pleyel, dont il appréciait les sonorités subtiles. Chopin résista jusqu’au bout à la tentation du confort des instruments Érard, leur préférant la « vérité» sonore des Pleyel.

À peine débarqué sur l’île de Majorque, Chopin réclama un piano à Pleyel ; il lui écrit dans une lettre de novembre 1838 : « Monpiano n’est pas encore arrivé. Comment l’avez-vous envoyé ? par Marseille ou par Perpignan ? Je rêve musique mais je n’en faispas, parce qu’ici on n’a pas de pianos… C’est un pays sauvage sous ce rapport« .  Après diverses tergiversations (le piano, en provenance de Marseille, avait été bloqué à la douanede Palma, contre la demande d’une rançon), le piano arriva enfin à la Chartreuse, Chopin parle d’un « pianino » c’est-à-dire d’unpiano droit à 6 octaves.


Références:
Correspondance de Frédéric Chopin, B.E. Sydow, Tome II, n° 290, p. 291.
Ancienne collection Alfred Cortot (tampon sur le 1erfeuillet).

CLEMENCEAU, Georges (1841-1929)

Autograph namecard signed « GC » to Paul Meurice.
N.p.n.d, 1 page in-12 in black ink

George Clemenceau’s namecard, with autograph note & signature


“Tous mes remerciements, mon cher ami. à vous
GC


Paul Meurice (1818-1905) was a French novelist and journalist. He was one of Victor Hugo’s clostest friends and editor in chief of the newspaper Le Rappel. In 1902, Paul Maurice founded the Maison de Victor Hugo, Place des Vosges in Paris.
Georges Clemenceau and Paul Meurice remained friends until until the passing of Meurice in 1905.

DELACROIX, Eugène (1798-1863)

Autograph letter signed « E. Delacroix » to Achille Piron
N.p, [Paris], 10th November 1815. 3 p. small in-8°
Address on fourth page. Small tear due to initial opening by recipient.

Remarkable and important letter from 17 years old Delacroix, uncertain of his vocation, yet showing high ambitions


“Il y a des siècles que je ne t’ai vu mon cher ami. je sèche loin de toi et je maudis la bizarre destinée qui t’a juchée dans un quartier perdu infréquenté de ma seigneurie depuis quelques jours, Ce qui est cause que je ne t’ai point été rendre mes devoirs. J’ose espérer que tu voudras bien, dimanche, me gratifier de ta visite, d’autant plus qu’il est important que nous nous concertions ensemble sur la partie du lendemain. Mon cher Monsieur et ami doit y venir avec moi, et je serais désespéré si Pantalon n’en était pas. Tu sçais que tu es le compagnon fidèle, le fidèle, fidissime Achate [compagnon d’Énée] de mon éminence et c’est là-dessus que je me verrais marrit si j’étais forcé de me passer de mon cher aide de camp un jour de Talma [qui jouait alors Hamlet au théâtre-Français]. Je dis bien des sottises, comme à mon ordinaire : mais c’est là ma manie. Et puis les olies viennent de temps en temps s’emparer de moi comme des fumées qui vous remplissent la tête sans y mettre rien pour cela. 
Quand je pense au bonheur, j’écume comme tous les cidevants possédés
 depuis ceux de l’Ancien et du Nouveau Testament jusqu’à ceux de St-Médard et compagnie
[allusion aux jansénistes convulsionnaires du début du XVIIIe siècle].
Du talent, du talent et bien des choses encore qui valent la peine d’en parler. Je t’écris avec une plume détestable et une tête plus mauvaise encore, car je vois double et j’enrage pour dix.
J’ai des projets : Je voudrais faire quelque chose et… rien ne se présente encore avec assez de clarté. C’est un cahos, un capharnaüm, un tas de de fumier qui poussera peut-être quelques perles. Prie le ciel pour que je sois un grand homme et que le Ciel te le rende: je te le souhaite de tout mon cœur aussi bien que le bonsoir. Ortis
[Ugo Foscolo], Talma, Poussin !… C’est du génie en barre, mon ami, que ces hommes là. Je t’aime de tout mon cœur. E. Delacroix
Je serai chez moi toute la matinée jusqu’à trois heures au moins. Je t’attends avec confiance.”


Delacroix had just finished his studies on June 1815 and was already showing great talent in drawing. At only 17 years old, he was integrated, thanks to his uncle, to Pierre-Narcisse Guérin workshop on 1st November 1815. This time of his life will be decisive for the painter. He will meet co-fellow Théodore Géricault (7 years older) who will have great influence on Delacroix’s early work. Delacroix’s career will be finally launched during the Salon de Paris in 1822 when showing his first masterpiece La barque de Dante.

Achille Piron was a long-lasting friend of Delacroix, whom he had met at school, and became the first person to write his autobiography.

PASTEUR, Louis (1822-1895)

Autograph letter signed twice, « Louis Pasteur » and « LP », to Comtesse Greffulhe
Paris, 20th February 1892, 2 pages squared in-8 on double sheet, Institut Pasteur letterhead, 25 rue Dutot,
Bespoke leather sleeve
Central fold mark

Long and remarkable letter from Pasteur on rabies and dog vaccination, to the one that inspired Proust for the character of Oriane de Guermantes in The Search


“Madame la Comtesse,
J’aurais répondu plus tôt à votre très gracieuse lettre du 14 février si je n’eusse pris rendez-vous un peu tardivement avec notre ami et ancien élève, le Bon Cochin.
Nous sommes tombés d’accord sur les inconvénients que pourraient entraîner la vaccination des chiens avant ou après morsure. L’emplacement dont nous disposons, rue Dutot, est tout à fait trop exigu, parce que le temps de la vaccination durant quinze jours environ, nous serions vite très encombrés.
Songez au nombre immense de chiens qu’il y aurait à vacciner dans Paris ! Vous aviez pensé à de vastes chenils au jardin d’acclimatation, mais à qui confier le travail ? On dresserait assez facilement des aides. Hélas ! Que le souci de la responsabilité serait grand, par la crainte d’une faute commise ou d’une erreur ! J’ai ouï-dire que dans certains laboratoires antirabiques de l’étranger (qui sont tous nos enfants) on vaccine les chiens de luxe. Moi-même je l’ai fait quelque fois pour des amis et je vous offre volontiers de le faire pour vos chiens préférés. Comment généraliser une pratique de ce genre dans notre pays si démocratique. Et la rage ne serait pas éloignée !!
J’aurais dû commencer ces lignes par vous remercier, Madame, des paroles si flatteuses que vous avez bien voulu m’adresser et qui m’ont rempli d’émotion. « La médecine avant Pasteur. La médecine après Pasteur » Dans la gloire de notre chère France, Dieu veuille que cela soit ! La présence d’une telle formule, croyez bien, Madame, que je n’ai qu’une pensée, celle de mon insuffisance et celle aussi de ne pouvoir, autant que je le voudrais, tenter la réalisation d’un si beau rêve. Je me consolerai en pensant que des voies nouvelles sont ouvertes, que d’autres sauront la suivre et les féconder pour le bonheur du genre humain.
C’est une grande joie pour moi de vous informer que la pauvre petite irlandaise si gravement mordue à la joue droite, à laquelle vous vous êtes intéressé le jour de votre visite à l’institut Pasteur a terminé son traitement. Elle est repartie pour l’Irlande et la digne demoiselle qui l’a accompagnée me donnera de ses nouvelles. J’ai grand espoir que sa guérison, ce que je n’espérais pas au début pace qu’elle est arrivée à Paris trente jours après sa terrible morsure.
Veuillez agréer, Madame, l’hommage de mon plus profond respect. Pasteur

Denys Cochin m’a laissé espérer une nouvelle visite de votre part à l’I.P [Institut Pasteur], en compagnie de votre mari. Peut-être nous ignorons l’art de nous faire valoir autrement que par les résultats de notre travail, ce qui ne devrait jamais être insuffisant.
Comme votre éloquence – votre lettre sous les yeux m’autorise à le dire – et votre grand cœur, sauraient suppléer à ce qui nous manque de ce côté ! Nos chefs de service s’efforceraient de répondre à vos encouragements par la poursuite de quelques grandes découvertes historiques ou pratiques. Celles-ci sont toujours filles de celles-là.
Permettez-moi, Madame la Comtesse, de joindre à cette lettre un exemplaire d’un article que l’un de nos chefs de service, Mr Buclaux, a fait paraître récemment dans la « Revue Scientifique ». Votre âme généreuse pourra faire une comparaison pénible entre les efforts du gouvernement Prussien et ceux de nos pouvoirs publics pour le développement de la science microbienne, inaugurée en France néanmoins. LP”


Pasteur’s famous work on rabies prophylaxis has completely refocused the study of this disease. With his fine writing, the scientist responds here to the Countess of Greffulhe, having asked to have her favorite dogs vaccinated and suggested to generalize this practice. Pasteur presents his objections and shares news on an episode about the recent healing of a young Irish girl bitten on the cheek.
This letter also evidences Pasteur’s involvements on international research in rabies prophylaxis.

Louis Pasteur (1822-1895) was a scientist, chemist and physicist, father of modern microbiology. During his lifetime, he became well known for developing a rabies vaccine.
Elisabeth de Riquet de Caraman-Chimay, known as Countess Greffulhe (1860-1952) was a French aristocrat. Sponsoring multiple science and art projects, she is the one who inspired Marcel Proust for the character of the Duchess of Guermantes in her masterpiece In the Search of Lost Time.

 

ZOLA, Emile (1840-1902)

Autograph letter signed « Emile Zola » to Gustave Flaubert
Médan, 30th November [18]78, 4 pages in-8 on double sheet, black ink on laid paper
Bespoke leather sleeve

Superb letter to Flaubert about Maupassant, Nana & l’Assommoir


Justement, mon cher Flaubert, j’allais vous écrire pour vous demander de vos nouvelles, lorsque j’ai reçu votre bonne lettre. Je savais par Maupassant qui est venu passer la journée de dimanche chez moi avec ses jeunes gens, que votre santé était bonne, que le travail allait bien, mais que les affaires marchaient mal, et je voulais tout au moins vous envoyer une poignée de main.
[Georges] Charpentier est un lâcheur. Il faut le mettre au pied du mur, pour en obtenir une réponse nette. Vous avez eu tort de ne pas exiger tout de suite de lui un engagement formel. Quand une affaire ne lui plait pas, il vous traîne jusqu’à ce que vous vous lassiez. D’autre part, le refus de Dalloz ne me surprend pas. Sa boutique est pleine d’ennemis et de trembleurs. Il est bien fâcheux que nous n’ayons pas un Revue à nous, et qui ait de l’argent. Pourtant, quand vous serez à Paris, il me semble impossible que vous ne trouviez pas un journal pour publier votre féerie, si vous voulez bien vous donner la peine d’en chercher un. Nous vous aiderons tous.

Moi je n’ai pas bougé d’ici. Je suis toujours au milieu des maçons. Nana marche bien, mais lentement. Je n’ai que trois chapitres sur seize. La grande difficulté, c’est que ce diable de livre procède continuellement par vastes scènes, par tableaux ou se meuvent vingt à trente personnages, – des premières représentations, des soirées, des soupers, des scènes de coulisses, et il me faut conduire tout ce monde, les faire agir et parler en masse, sans cesser d’être clair, ce qui est souvent une sacrée besogne Enfin, je ne suis pas mécontent. Je crois que c’est très-raide et très-bonhomme à la fois. Mon ambition est de montrer la popote des putains, tranquillement, paternellement. Mais je ne serai pas prêt avant un an.
Quant au drame de l’Assommoir, je ne crois pas qu’il passe avant le milieu de janvier
. Nous n’avons pas pu encore trouver de Gervaise, on finira par prendre la première femme venue. Les autres rôles sont distribués assez mal. D’ailleurs j’ai formellement refusé d’assister aux répétitions pour me désintéresser le plus possible de l’aventure. J’irai simplement aux cinq ou six répétitions générales. Il y aura de très beaux décors, j’ai vu les maquettes. Peut-être décrochera-t-on un succès, dont je serais content, pour la monnaie et la publicité. Autrement, je m’en fiche !

Si vous ne rentrez qu’au milieu de février, je serai à Paris un mois avant vous; car je compte quitter Médan vers le 10 janvier. Ma maison sera couverte. D’ailleurs, dès avril, je compte revenir ici, pour donner un bon coup de collier. Je suis toujours très-tourmenté par l’idée de faire du théâtre. Je viens de lire Augier, Dumas, Labiche, et vraiment il y a une belle place à prendre à côté d’eux, pour ne pas dire au dessus d’eux.

Aucune nouvelle de Goncourt, de Tourguenieff, ni de Daudet. J’ai écrit à Goncourt qui ne m’a pas répondu. Les jeunes gens m’ont appris qu’il travaille ferme à son roman des deux clowns; il veut être prêt en mai. Quant à Daudet, il serait souffrant et triste. Nous avons tous besoin de nous revoir chez vous. Quand vous n’êtes pas là, notre centre nous manque.
Je vous écrirai dès mon retour à Paris, pour vous donner des nouvelles de l’
Assommoir. Jusque là bonne chance et bon travail, mon ami. Faites-nous de beaux livres, cela vous consolera, si vous avez des chagrins. Quand le travail marche, tout marche. Et vous n’en êtes pas moins un bien grand écrivain, notre père à tous, même si on vous embête. Ma femme vous envoie ses vives amitiés. Bien affectueusement à vous. Emile Zola.
Je vous aime beaucoup, mais permettez-moi de ne croire à la parole de
Bardoux, que lorsqu’il l’aura tenue”


Gustave Flaubert was, as evidenced in this letter, a spiritual father to the naturalist movement and the Medan group of Maupassant, Huysmans, Céard, Hennique, Alexis, all led by Zola. By the time this letter was written, Zola had just bought his famous Médan property and gained international recognition with is acclaimed novel L’Assomoir, published a year earlier. This novel would subsequently be adapted as a play in theater in January 1879.
Flaubert, on the other hand, was going through some vicissitudes. Publisher Charpentier did not follow up on his proposal for a luxury edition of Saint Julien the Hospitalier. Zola will also try to find a diary to publish the La Féerie de Flaubert – Le Château des coeurs. Nana was the second major work to mark the Rougon-Macquart series published in 1880 and which definitely made Zola popular on an international scale. Flaubert wrote to him about Nana: “I spent yesterday all day until 11:1/2 of the evening reading Nana – I didn’t sleep that night – I’m still astonished. What balls you have! What balls! If you had to write down everything that is rare in it , strong, I would make a comment on all pages! The characters are wonderful of truth. And the end, Nana’s death, is Michelangelesque! A huge book, my good one!”


Provenance :
Ex-libris stamping by Edmond Laporte (close friend of Flaubert)
Colonel Daniel Sickles library
Bernard Loliée library

 

ZOLA, Emile (1840-1902)

Autograph letter signed « E » to Georges Charpentier
[Grosvenor Hotel, London] Sunday 30th Oct.[ober] 1898, 4 pages in-8
Black ink, laid paper

Historic letter in which Zola welcomes the announcement of the re-opening of the Dreyfus trial


Mon vieil ami, merci des quelques commissions que vous avez bien voulu faire pour moi, et merci de votre nouvelle lettre.
Je vous écris dans la joie que je viens d’éprouver en apprenant que la cour de cassation a décidé de faire l’enquête totale. Quoi qu’il arrive, c’est toute la lumière, et nous ne pouvons qu’y gagner. Enfin, la victoire est prochaine. Mais me voici certainement ici pour deux grands mois encore. Je vais m’organiser pour y rester jusqu’en janvier, le moins mal possible. Je me suis d’ailleurs remis au travail, tout va bien. L’important, c’est que le triomphe soit dès maintenant assuré.
Je vous avoue que la composition du prochain ministère ne m’inquiète même pas. Tous se valent. Puis, quel est le ministère qui oserait maintenant se mettre en travers de la cour de cassation ? Quand l’opinion sera avec nous, le gouvernement sera avec nous. Après le rapport de [Alphonse] Bard et le réquisitoire de [Jean-Pierre] Manau, je défie qu’il n’y ait pas une majorité dreyfusiste dans les chambres.
Vous voyez que je suis dans un moment d’optimisme, bien que les choses ne m’apparaissent pas en rose d’ordinaire. Mon ardent désir est d’en finir avec l’exil, de rentrer chez moi, et de reprendre mes habitudes, après avoir pansé et guéri toutes les plaies qui nous ont été faites pendant ces abominables mois.
Embrassez pour moi votre femme et Jane, comme je vous embrasse vous-même, mon vieil ami.
E”


The Dreyfus case took its first important turn on August 30th when Commander Henry – known for producing false documents in to have Captain Dreyfus accused – confessed his guilt in the presence of [War] Minister Cavaignac. A second major turning point will take place on 29th October when the criminal chamber of the Court of Cassation declares the application for a review of the trial admissible. Following the publication of his open letter “J’accuse” published in l’Aurore on 13th January 1898, Emile Zola was first sentenced to the maximum sentence for defamation. After his appeal in cassation, he was again sentenced to the Assises on 18 July and decided, on the advice of his relatives, to go into exile in London to escape prison. This letter, written during his exile in London [19 July 1898 – 5 June 1899], testifies to Zola’s reaction the day after the announcement of a re-opening of the trial which would take place in the summer of 1899. Because he felt spied on and under surveillance, Zola ensured that his anonymity was as preserved as possible. It should be noted that only the writer’s letters of exile were signed with an “E” and later a “Z” which were for him a way of encrypting his mailings, although his writing was recognizable among a thousand. Struck by homesickness, he is deeply affected by the state of political affairs in France (“Never has the situation been, in my opinion, more disastrous”). Alexandrine, his wife, gives him unwavering support and encourages him to continue his struggle.

George Charpentier (1846-1905) was a famous French publisher of the second half of the 19th century. He defined himself as “the publisher of naturalists.” He published Zola [of whom he was a close friend who was one of a handful friends to visit him during his exile in London], Gustave Flaubert and Maupassant. He was also an avid art collector who promoted Impressionist painters.

 

MADAME ROLAND, Jeanne-Marie Phlipon, dit (1754-1793)

Autograph letter signed (mark) to Louis-Augustin Bosc d’Antic
N.p [Villefranche-sur-Saône], 17th January 1787

Rare and beautiful letter about the women condition from Madame Roland, who will later become Girondin’s muse during the French Revolution


“Lisés ma lettre et n’en abusés pas ; vous pouvez, mon ami, plaisanter quand une femme gronde et que ce n’est pas à vous qu’elle s’adresse comme objet de sa querelle ; mais, vous ne devés rien ajouter à des reproches, même légers, dès qu’ils ont un air sérieux.
Quand je vous appellois le ministre de mes vengeances en vous chargeant de faire passer ma lettre, vous aviés le droit de rire avec votre ami que je favorisois de ma colère ; maintenant que je lui parle raisons vous n’avez rien à dire : car les femmes en ont une à elles, et une façon de la traiter que les hommes n’entendent guère.
Je ne doute pas que la sagesse monsieur ne sourie à ce propos et n’approuve bien la distinction de la raison de femmes : aussi, c’est bien mon intention.
Je vous prie d’expédier la lettre à M. [Louis Cousin] à Dieppe, quant à celle pour M. Goffmann, vous aurés la complaisance de la remettre à M. [François Xavier] Lauthenas avec celle qui le regarde.
Le paquet du docteur Gofer vous est sans doute parvenu et vous lui aurés envoyé ; dit-nous-en un mot, ainsi que les deux exemplaires du discours que je vous ai adressé. Adieu ; salut et joye, santé et amitié.

[Signé de son paraphe]”

Bosc d’Antic rajoute en apostille :

“Cette lettre est de Madame Roland et ma été adressée sous mon ancien nom.
Bosc”


Jeanne Marie Phlipon, is a French salonnière and political figure. She was one of the figures of the French Revolution and played a major role in the Girondin party. She pushed her husband, Jean-Marie Roland de la Platière, to the forefront of politics from 1791 to 1973.

Louis-Augustin Bosc d’Antic (1759-1828) is a famous botanist, ornithologist and zoologist. At the last moment he refused to embark alongside François Galaup de Lapérouse (1741-1788) on his final round-the-world expedition from Brest in 1785. As a close friend of the Roland couple, he was the one who raised their daughter Eudora when they died in 1793, during terror ran by Robespierre.

LOUIS XVI (1754-1793)

Signed document « Louis »  and counter-signed by Laporte
Paris [Palais des Tuileries], 3rd July 1792, 1/2 page in folio, laid paper
Some old glue stains on left margin, small needle holes without affecting the text

Signed document by Louis XVI, just a couple of week before the 10th of August which saw the definitive fall of Royalty 


” Trésorier Général de ma Liste civile, m Sr. Jean-Baptiste Tourteau de Septeuil, payez comptant au S. César Berthier la somme de Douze cents livres que je lui ai accordée à titre de secours.
Fait à Paris le 3 juillet 1792.

Louis.

Par le Roi

Laporte”


It is very likely that this is the future general, brother of Marshal Berthier. Indeed, Jean-Baptiste Berthier and his three sons Alexander, Caesar and Leopold had executed the maps of the king’s hunting areas, a topographical masterpiece that earned him brilliant awards.

Arnaud de La Porte (1737-1792) was Minister of the Navy in 1789, Steward of the Civil List, Minister of the House of King Louis XVI. For having been the distributor of funds to finance the king’s escape, he was arrested after the day of 10 August 1792 and accused of having destroyed compromising documents. He was tried by the Criminal Court on 17 August and guillotined on 23 August, less than two months after the document was signed. Louis XVI was, as everyone knows, guillotined five months later on January 21, 1793.

Signed documents by Louis XVI from the Tuileries in 1792 are extremely scarce.

DANTON, Georges (1759-1794)

Lettre signée “Danton” au Commissaire du pouvoir exécutif du 9eme arrondissement.
Paris, le 28 aout 1792, l’an 4eme de la Liberté
1 page sur double feuillet in-folio
Quelques rousseurs

Danton’s scare and superb signature, as Minister of Justice


“Le Sieur Beaux, Monsieur, et sa femme qui ont en votre tribunal deux procès qui interessent leur existence, se plaignent des lenteurs qu’ils éprouvent, pour les faire juger définitivement.
Je vous envoye le mémoire
du procès qu’ils m’ont adressé. Je vous prie d’en prendre lecture & de faire ce qui dépendra de vous pour leur procurer bonne et prompte justice.
Le ministre de la justice.
Danton

Ecrire à M Banguille aussi pour savoir quand il a donné sa plainte.
Mr le Commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal du 9eme arrondissement”


Danton had been appointed Minister of Justice on 10 August 1792 in the Executive Council of six ministers, only a few hours after the Tuilerie’s castle invasion, causing the definitive fall of the monarchy. This document shows us that Danton really exercised his responsibilities during his short stay as ministry of justice.
On that same date, Danton ordered the active search of all “suspects”. This mission will be assigned to the 48 Sections of the Commune. Poster then said: “The people must judge the great trials of the conspirators themselves.” We here at the dawn of the September massacres.

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Albumen photo print on thin card
Alexandre Dumas appears sitting on a chair, one of his most famous portraits

Photograph by Cliché by Félix Tournachon, also known as Nadar.

On the verso: Photographie du Grand Hôtel, 35 bd. des Capucines.

Dimensions : 6,3 x 10,3 cm.


Good condition, small brown spots

GARNIER, Charles (1825-1898)

Lettre autographe signée “Charles Garnier” à Léonce Detroyat
[Paris, c. 1870] 1 page in-4 sur papier vergé

Très petite tâche centrale sans atteinte au texte

Charles Ganier demande une petite faveur journalistique à Léonce Detroyat


“Cher Monsieur
Vous seriez bien aimable de faire insérer dans votre journal le petit avis ci-inclus.
Merci et à vous
Charles Garnier”

Il rajoute:
“M L Detroyat”


Charles Garnier est un architecte français. Il restera principalement connu pour avoir été le concepteur de l’opéra de Paris, inauguré en 1875.
Léonce Detroyat (1829-1898) est un officier de marine, homme politique et publiciste français. Garnier fera appel à ses services et entretiendra une correspondance soutenue pendant des années 1870, alors qu’il est directeur du journal La Liberté.

LOUIS XVIII, Louis-Stanislas-Xavier de France, (1755-1824)

Autograph letter signed “Louis Stanislas Xavier” to a Monsieur
Hamm [in Wesphalie, near Dortmund], 31st October 1793
1 page in-12, oblong format on wove paper (8 x 9,5cm)

Future King Louis XVIII expresses his pain about the death of his sister in law Marie-Antoinette, guillotined two weeks earlier.


“Je n’ai jamais douté de vos sentiments, Monsieur, mais leur expression ne m’en fait pas moins de plaisir et je suis fort sensible à la part que vous prenez à ma juste douleur.
Soyez persuadé, Monsieur, de tous mes sentiments pour vous
Louis Stanislas Xavier”


Scarce letter from Louis XVIII during the Revolutionary time. Beautiful signature.

LAVOISIER, Antoine Laurent de (1743-1794)

Letter signed “Lavoisier“, to à M. Mollet de Babebelle
Paris, 20 March 1783, 1 page in-4 on double sheet, laid paper.
Tiny stain without affecting the text. Fold marks. Slightly creased on second sheet.

Extremely scarce letter signed Lavoisier, father of modern chemistry


“Nous avons reçu, Monsieur, la lettre que vous nous avés fait l’honneur de nous écrire le 12 de ce mois en faveur de la Delle Avouaud à qui vous désirés procurer une commission de débitant de Poudre dans la ville d’Aix. L’ordre que nous avons établi dans cette partie nous impose la loy de consulter le commissaire des poudres de marseille sur cette demande; aussi-tôt que sa réponse nous sera parvenue nous nous ferons un plaisir de vous la communiquer, et si elle est telle que nous avons lieu de la préserver, nous lui adresserons la commission que vous désirés et qui doit être délivrée par lui.
Nous avons l’honneur d’être avec un très parfait attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.”


Through his links with Minister Turgot and with the academic world, Lavoisier helped found the management of powders and saltpeters in 1775, of which he became co-director. ember of the Academy of Sciences (assistant in 1768, holder in 1778), Lavoisier became a general farmer in 1778 and still held several administrative and political functions at the beginning of the Revolution. Associated with the devaluation that followed the transformation of the assignats into a currency of necessity and which would have benefited the emigrants, he was denounced to the revolutionary authorities. Penalized by Marat through his propaganda L’Ami du peuple, he was sentenced to death and guillotined on 8 May 1794.

Edme-Pierre Le Tors, co-signatory of this letter, died in 1788 in an explosion, during an experiment on chlorated powder conducted under the direction of Lavoisier and Berthollet.

DE GAULLE, Charles (1890-1970)

Autograph letter signed « C de Gaulle » to his sister in law Marie « Cada » Vendroux
[Colombey-les-Deux-Elglises] 2 May 1970, 1 page and 1/2 in-8. Le Général de Gaulle letterhead.
Fold mark

“Je ne regrette rien”


Ma chère Cada,

Comme le chantait Edith Piaf, “je ne regrette rien!”, mais votre pensée ne m’en touche pas moins.
La maison est ici livrée aux peintres. Quand vous la reverrez, vous la trouverez rajeunie ! Mon premier tome
[des Mémoires d’espoir] d’achève. Il m’en restera deux autres à écrire !
Yvonne et moi vous adressons, ma chère Cada, ainsi qu’à Jacques, toutes nos meilleures affections.

Votre frère
C. de Gaulle


The Général de Gaulle had given his resignation following the referendum on Senate reform and regionalization on 27 April 1969.
By quoting Edith Piaf, he probably refers to it in this letter, just over a year after his resignation.
He was then in the middle of writing his Memoirs which remained unfinished, he died on November 9, 1970.

PISSARRO, Camille (1830-1903)

Autograph letter signed “C. Pissarro” to his son Rodolphe « Rodo » Pissarro
Le Havre, 21st Sep(tember) 1903, ¾ page in-8 on graph paper
Small repairs, small stains, various pencil notes on the verso from another hand (probably Rodolphe Pissarro)

One of Pissarro’s last letters, less than two months before his death, as he is on his way to the first Zola pilgrimage


“Mon cher Rodo
Je vais quitter le Havre vers le 26 ou 27, ta mère et cocote je suppose Paul aussi seront à Paris, je fais partie de la délégation du pèlerinage Zola à Médan, il faut donc que je sois le 29 à Paris.
je vais écrire à Georges.
Ton père aff
[ectueusement]
C. Pissarro”


On September 21, 1903, Pissarro, still in Le Havre, had just sold one of his last works painted in situ entitled “La Jetée et le sémaphore du Havre, après-midi, temps gris lumineux”.  Pissarro managed to sell two paintings to the museum and the same number to collectors in Le Havre. After his summer series, the artist announces to his wife Julie, in a letter of the 15th of the same month, that he wants to postpone his return by a week in order to attend the Zola pilgrimage to Medan. He fell ill a short time later and died on 13 November 1903, at the age of seventy-three, at his home, having painted until the end and with considerable public recognition.
On November 17, less than a week after Pissarro’s death, Alexandrine Zola wrote to her wife Julie: “My dear husband and I have kept fond memories of Camille Pissarro, despite the separation that life sometimes imposes. But we often remembered and talked about those good years”. She had been touched by Pissarro’s presence at the Medan pilgrimage of September 29 in memory of Zola.

[DELACROIX] DEGAS, Edgar (1834-1917)

Autograph letter signed “Degas” to collector Montagnac
Np, 27 June [18]95, 2 pages in-8 oblong, on laid paper, in bespoke leather sleeve.
Fold marks, previous and discreet tape repair on verso

Degas, collector, acquires a painting by Delacroix in exchange for three of his pastels of dancers as currency


« Cher Monsieur Montagnac
Je reçois votre lettre ce matin et le tableau 
[de Delacroix] arrive à 2h. Donc il est convenu que je vous achète ce portrait du baron Schwiter douze mille francs et que je vous paie ainsi : trois pastels de moi. Je transcris votre lettre, du reste j’y copie : Deux de ces pastels représenteront des groupes de danseuses, et le troisième une ou deux blanchisseuses. Pour ce dernier je me réserve la faculté de les remplacer par des danseuses, si ça m’allait mieux.
Si vous pouvez, me dites-vous, me livrer un de ces pastels d’ici un ou deux mois vous me feriez le plus grand plaisir. Vous ajoutez : Il est entendu que les 3 pastels seront terminés pour l’hiver prochain. Tout cela est bien et j’y souscris.
Au revoir, cher Monsieur, et recevez mes remercîments.
Degas »


A shrewd collector, Degas had assembled a remarkable collection of paintings, from the Renaissance to Romanticism, including Greco, Ingres, Courbet, Delacroix etc. Of the latter, of which he owned thirteen paintings, it is the portrait of Baron Schwiter that is here the object of his lusts.
This full-length portrait of Baron Louis de Schwiter (1805-1889), an important collector and familiar of Delacroix, was painted in 1827. Refused by the jury of the Salon the same year, it is now kept at the National Gallery in London, which had acquired it during the dispersal of Degas’ property after his passing in 1917.

DELACROIX, Eugène (1798-1863)

Autograph letter signed « E Delacroix » to a unknown recipient
[Paris, 6 rue de Fürstenberg], 15 July 1863
1 page in-8 on double sheet.
Fold marks, some light stains.

Moving letter from Delacroix, one of his very last ones, less than a month before his passing


“Monsieur, Je garde la chambre et suis dans l’impossibilité de sortir. Je désirerais que vous ayez la bonté de faire suivant l’usage un certificat de vie, qui dans ces occasions demandent je crois votre intervention particulière. C’est une rente sur la national. Ayez monsieur les assurances de ma considération la plus distinguée. E Delacroix”


Delacroix’s health had considerably deteriorated at the beginning of july 1863, evidenced here by an unporecise writing. The following week, he would confess to his long term friend George Sand « Writing is for me unbearable« . He would pass away on August 13th 1863.

This letter is not published in the general correspondance by Joubin.

VALÉRY, Paul (1871-1945)

Lettre autographe signée « Paul Valéry » au Comte Gilbert de Voisins
[Paris] 40 rue de Villejust (devenue rue Paul Valery), [1925], 2 pages in-8, sur papier gris

Paul Valery’s irst impressions, not without a certain irony towards his entourage, following his election to the French Academy, November 19, 1925


“Mon cher ami, Je vous remercie de tout cœur, primo, de vos compliments, secundo, de l’appui que Curel m’a donné, et c’est à vous que je le dois très sincèrement; tertio, d’une bonne soirée passée avec Rassenfosse qui est charmant. Je me tâte à présent et ne trouve pas l’académicien dans mon veston – Parfois j’ai l’idée nette que les gens sont devenus fous et me prennent pour « immortel »
En attendant je succombe sous les lettres. C’est terrible. Il n’y a de drôle que les convertis, les gens qui virent comme des bromures d’argent, et on voit des sourires inédits et si affectueux sur la plaque naguère fort peu sensible !
Je sais que votre femme va mieux. Veuillez la remercier et lui présenter mes hommages et mes vœux. A vous, cher Gilbert et voisins mes amiti
és et mes sentiments très reconnaissants.
Paul Valéry”


Elected to the Académie Française in November 1925, Paul Valéry gave his acceptance speech on June 23, 1927 and praised his predecessor Anatole France, without even once mentioning his name. He never forgave Anatole France for having once opposed the publication of Mallarmé’s poems.
Auguste Gilbert de Voisins (1877-1939) was a writer and essayist. He participated in the Club des Longues Moustaches and married Louise de Heredia in 1915, daughter of José-Maria de Heredia, divorced from Pierre Louys. He won the Grand Prize for Literature from the French Academy in 1926 for his entire lifelong work.

STENDHAL, Henri Beyle, dit (1783-1842)

Autograph document, entirely filled in by the novelist and signed twice « De Beyle »
Paris, 7th April 1814, 1 page small in-4
Small missing part on the top right corner, old trace of wetting on the bottom right corner
Stampted « vu 10 avril (1814) »

Historic document in which Stendhal joins the Conservative Senat, which declared Napoleon’s 1st fall on April 2nd, 1814.


“M. Henri de Beyle Aud[iteur] adjoint aux Commissaires des guerres, adhère avec empressement, aux Actes passés par le Sénat, depuis le 1er Avril 1814 .
Il note son adresse : « Rue neuve de Luxembourg n° 3 » [actuelle rue Cambon à Paris]
DeBeyle”


March 1814, Napoleon is defeated; France is invaded; Allied armies are in Paris. The Empire is collapsing. Talleyrand, a vice-elector, illegally summons the Senate. On April 1, 1814, the sixty-four senators present appointed a five-member interim government led by Talleyrand, who had Chateaubriand say: “He placed partners of his whist“.

Three days later, on Wednesday, April 6, 1814, the Senate-Conservative adopted a draft constitution in which, in Article 2, the French people freely called for the throne of France Louis-Stanislas-Xavier de France, future Louis XVIII and brother of the last King…. The Restoration, however, ended Stendhal’s military career that same year.

 

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel Proust » to Robert de Billy
[Paris, second half of July, 1907] 5 pages in-8
Fold mark, some small stains and ink stains on page 3. Extremely tiny missing piece of paper on one page without affecting the text.

Rich and exceptional letter from Marcel Proust evoking his dinner at the Ritz, Ruskin, his physique… and quoting Baudelaire to formulate his attraction for a man.


“Mon petit Robert
Je pense tendrement et quotidiennement à vous, mais écrire me fatigue tant je suis malade. Un seul jour je me suis levé pour donner un dîner au Ritz ! (1) Je vous assure que c’était assez joli. Après le dîner Risler (2) a joué du Wagner, du Beethoven, du Schumann etc., Hayot a joué la Sonate pour piano et violon de Fauré, c’était très agréable. J’avais à dîner Me de Noailles, Mes d’Aussonville, de Clermont Tonnerre etc. Guiche avait choisi les plats et les vins, malheureusement c’est moi qui les ai payés ! (3) Mais enfin c’était bien, Berkheim est venu une minute le soir, mais si tard que je crois qu’il n’a rien entendu.
Je n’ai jamais tant pensé de ma vie à la Bulgarie(4) que maintenant
et tous les calembours de Ruskin(5) sur Sofia, Sainte-Sophie, la sagesse éternelle et la reine Sophie, reviennent incessamment dans mon esprit courbé sous la discipline de cet homme et sous mon amitié pour vous. Ecrivez-moi mon petit Robert sans me demander de vous répondre car je ne suis pas bien. Si vous voyez des voyages admirables pour moi, conseillez-les moi, si vous avez des amis en Bretagne, recommandez-moi à eux. J’ai eu aujourd’hui la visite de Bertrand [de Fénelon]. Il n’a pas aimé ma barbe ni mes cheveux plats. J’ai beaucoup aimé votre définition qui restera, je suis chargé d’affaires mais les affaires ne me chargent point. Rappelez-moi à M. Paléologue et tâchez de l’incliner à plus de justice à mon égard. Je ne crois pas que je connaisse vos autres collègues. Je suis encore à Paris mais n’y resterai plus je pense longtemps. Y viendrez-vous? J’ai revu Antoine de Bibesco sans moustache, ne cachant plus les plis d’une lèvre qui n’est pas que douceur. On m’a dit que la dame amie de Raoul Johnston a mais cher ami tout cela est trop difficile par lettre. J’ai aperçu le dit Raoul Johnston(6) la seule fois où je suis sorti(7), comme sa physionomie me plait, comme elle est originale et éclairée. Je ne sais pas si cette lumière vient de l’esprit:
« Mais ne suffit-il pas que tu sois l’apparence
Pour réjouir un cœur qui fuit la vérité »(8)
Si madame de Billy est avec vous voulez-vous lui faire accepter ma grande admiration, mon attachement très respectueux et très vif. Je vous aime tendrement mon petit Robert.
Marcel Proust”


1. It had all started two weeks earlier when Proust had been received (at midnight, Proustian timetable) by Gaston Calmette, the all-powerful director of Le Figaro, whom the wife of a minister would assassinate seven years later. It was then that the young Marcel, whose “long articles, not very appealing to the public’s taste” according to him, appeared in the daily newspaper of Le Tout-Paris, and proposed to his employer to organize a dinner, in a way in his honour.
2. Fauré was to attend the evening and play several sequels with Marguerite Hasselmans, then other plays with Maurice Hayot, but he had an indisposition. Pianist Edouard Risler replaced him.
3. Anna de Noailles was portrayed as Viscountess Gaspard of New Year’s Eve in Jean Santeuil. Ms. d’Haussonville inspired Proust for the character of the Marquise René-Elodie de Cambremer in “The Search“. Finally, Armand de Guiche will inspire the character of the future Saint Wolf, also in “The Search“.
4. Bulgaria, of which the capital is Sofia, was a vassal of Turkey until 1908, when it became an independent kingdom. Robert de Billy was appointed first-class secretary in Sofia on January 29, 1907. (Kolb)
5. Ruskin quotes a letter that Queen Sophie-Charlotte (mother of the father of Frederick the Great) addresses to the Jesuit Volta, and then replies: “Unfortunately no, Queen Sophie, we must not report for this kind of thing neither to the old Saint Jerome nor to any other lip or espr Human it; but only to the Eternal Sophia, to the Power of God and to the wisdom of God. (The Bible of Amiens, translation by Marcel Proust, Chapter III, 47, p. 235). Proust adds in note: “Essentially Ruskinian allusion to the etymology of the word: Sophie, here it is hardly a pun, but the reader was able to see in the last chapter about the delicately “Saline” meaning of the word Salien and in the puns with ” Salted” and “Salients” to which Ruskin’s etymological mania could go. (Kolb). Finally, it was Robert de Billy, a diplomat who was stationed in London from 1896 to 1899, who introduced Ruskin to Proust.
6. Raoul Johnston, son of Nathaniel Johnston, MP for Bordeaux, and his first wife. He was a civil engineer and a member of the Jockey Club. All-P. 1908, 301; Q E-V, 265 (Kolb).
7. An allusion, it seems, to the evening when Proust had an appointment with Francis de Croisset at the Larue restaurant, where he waited in vain for him on July 8 or 9, 1907. (Kolb)
8. Baudelaire, l’Amour du mensonge – Les Fleurs du Mal, Tableaux parisiens, XCVIII.

Marcel Proust remained deeply affected by the death of his mother, Jeanne Weil Proust, on September 26, 1905.

He will therefore remain relatively reclusive, residing between Paris and Versailles. This famous dinner at the Ritz on July 1, 1907 was, in addition to organizing it in honor of Calmette, an excuse for Proust to rediscover the taste of Parisian evenings. 1907 was also the year when the writer was still at the genesis of the writing of his timeless masterpiece, In Search of Lost Time. Everyone knows that he was inspired by a multitude of people gravitating around the socialite that he frequented at the time, many of whom are mentioned in this letter.

MITTERRAND, François (1916-1996)

Autograph letter signed « François Mitterrand » to Edmonde Charles-Roux
Paris, 4th novembre 1973, half-page in-8, blue ink
Assemblée Nationale letterhead

« Giono, whom I love »


“Ce petit mot a attendu que me parvienne cette originale de Giono, que j’aime, pour aller jusqu’à vous. Il vous dira mes vœux, mon affection, le sentiment que nous avons devant nous un long itinéraire d’amitié et vous de vie profonde et sure.
François Mitterrand”


Edmonde Charles-Roux (1920-2016) was a French novelist and journalist. She received the Goncourt Prize in 1966 for her novel Oublier Palerme. From 1983 to 2016, she was a member of the Goncourt Academy.

MAUPASSANT (de), Guy (1850-1893)

Autograph signed document « Guy de Maupassant » to Georges Charpentier
Paris, 24th April 1880, 1 page in-8-oblong.
Very slightly frayed left edge with tiny missing paper without affecting the text

Remarkable copyright receipt, entirely filled in and signed by Maupassant for his masterpiece Boule de Suif


“Je reconnais avoir reçu de Monsieur G. [Georges] Charpentier, éditeur, la somme de DEUX CENT CINQUANTE FRANCS, montant de mes droits d’auteur sur les 3 premières éditions (tirage à 1000 exemplaires chacun, de ma nouvelle intitulée:
Soirées de Medan, Boule de suif (droits du sixième) suivant nos conventions en date du

Paris, le 24 Avril 1880.
Guy de Maupassant”


Boule de Suif is one of Maupassant’s most famous novels. It was written in the course of 1879, made public in 1880, first by a reading made in January by Maupassant himself in front of his friends of the “Groupe de Médan” and then by the publication, in a collective collection of short stories entitled “Les Soirées de Médan” April 15, 1880 published by Charpentier.

Flaubert then wrote « Boule de Suif [] is a masterpiece » 

MALRAUX, André (1901-1976)

Autograph letter signed « André Malraux » to a critic
Np, 30th [1933], 1 page in-8  on NRF letterhead

Remarkable letter from Malraux about Man’s Fate


“Monsieur, Merci de l’article que vs [vous] avez consacré à mon livre.
Je comprends, certes, la méfiance que peut inspirer un livre sur la Chine; mais, précisément, (il se trouve que j’ai participé à des évènements semblables à ceux que je mets en scène) le milieu révolutionnaire de Canton, de Han-Keou, de Shanghaï, était fort peu Chinois, en fait: majorité de blancs; et même plus profondément, car les Chinois qui en faisaient partie n’étaient plus Chinois. La révolution, depuis 1911 a été faite par des cadres protestants ou occidentalisés. Quant à l’orthodoxie communiste de certaines phrases, elle n’est pas douteuse, mais elle ne l’était pas davantage en réalité. Tout cela n’a d’ailleurs pas grande importance; je n’y insiste que parce que je réponds à votre article en en suivant le déroulement, c’est à cause du reste que je vous écris, et je ne veux que vs
[vous] remercier. 
Croyez, je vs [vous] prie, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments de sympathie.
André Malraux”


Man’s Fate is the final and most famous chapter of a fictional trilogy inspired by Malraux’s early days in Indochina during the 20s. He won the Goncourt Prize on December 7th 1933 with that same novel.

MALRAUX, André (1901-1976)

Autograph letter signed « André Malraux » to a critic
Paris, 8th December 1928, 1 half-page in-8 on blue paper
Fold marks

Malraux thanks a critique about a complimentary article on The Conquerors 


Monsieur, De retour à Paris, j’y trouve la critique que vous avez bien voulu consacrer à mes « Conquérants ».
Il serait vain, de ma part, de juger un article si élogieux; permettez moi donc simplement de vous remercier, et croyez, je vous prie, Monsieur, à mes sentiments de sympathie.
André Malraux


The Conquerors is the first of three volumes that Malraux will devote to the study of The Human Condition, through episodes of revolutionary struggle in contemporary China.

HUGO, Adèle mère (1803-1868)

Autograph letter signed « Adèle et le V. Victor Hugo » to her dear cousin
N.p.n.d, 1 page in-8 on double sheet
Slightly creased on each angle


“Ma chère cousine
Pourquoi n’êtes vous pas venue dimanche dernier? Je vous envoie les autographes que vous avez gagnés: La famille m’a fait défaut. J’avais envoyé une lettre à Adolphe et il n’est pas venu non plus.
Vous êtes des vilains et je suis très fâchée.
A vous Adèle et le V
[Vicomte] Victor Hugo”

DUMAS (père), Alexandre (1802-1870)

Autograph letter signed « AlexD » to Adolphe Laferrière
[Paris, c. 1854 / 1859], 1 page in-12 on light blue double sheet
Fold marks, missing piece on top right hand corner of second sheet due to initial opening by recipient, text is not affected. Some small stains.

Charming little billet from Alexandre Dumas sending an invitation to one of his favorite actors


“N’oublie pas que l’on tattend ce soir à minuit rue d’amsterdam
A toi
AlexD”


Alexandre Dumas use to reside at 77 rue d’Amsterdam between 1854 and 1859
Adolphe Laferrière was leading character for Dumas’s play Antony

HUGO, Victor (1802-1885)

Autograph letter signed « Victor H.» to an unknown recipient
[Paris] 9th October [1874], 1 page in-8
Laid paper, previous trace of mounting. Slightly creased, fold mark.

Elegant diner invitation from Victor Hugo


“Quels que soient les charmes de Thryos, ô Athénien, et quels que soient les appas de
Romorantin, Vous devez être de retour, ô Parisien. Donc le n°21 de la rue de Clichy
vous attend à dîner jeudi 15 octobre à sept heures et demie. Venez, et sachez que je
suis à vous de tout mon cœur.
Victor H”


Victor Hugo lived at 21 rue de Clichy for one year, from 1874 to 1875. It was at this address where he wrote one of his most famous novels: Quatre-vingt treize

GIDE, André (1869-1951)

Autograph letter signed « André Gide » to Nicolas Eekman.
Cuverville, 15th March 1937. 1 page in-8 on double sheet
Fold marks

André Gide buys a monography from painter Nicolas Eekman


“Mon cher Eekman
Votre lettre me rejoint à Cuverville. Je vous envoie donc aussitôt le mandat de 35x que je vous dois pour cette monographie que je suis heureux d’avoir et dont j’ai beaucoup admiré les excellentes reproductions de certaines de vos œuvres qui me touchent très particulièrement. Je vous serre la main. Bien cordialement.
André Gide”


Nicolas Eekman (1889-1973), was a Dutch painter, also known in France, close to expressionist and figurative movements. He illustrated a number of books, including Alfred de Vigny’s Destinys and Henri Bosco’s l’Âne Culotte.

COCTEAU, Jean (1889-1963)

Autograph letter signed « Jean Cocteau » to René Laporte
Paris, 22 June 1925, 2 pp. in-4, with enveloppe.
Transparencies, right hand side slightly frayed

Superb letter full of nostalgia in which Cocteau echoes Marcel Proust’s The Search to evoke his childhood memories


Je vous connais car j’ai souvent dit à Raymond [Radiguet]: « Voyez ce jeune homme, il s’attarde derrière les autres, il tourne la tête le pire des ridicules m’empêche de lui faire le signe amical qu’il n’ose faire lui-même. C’est Proust et la bande de Balbec. Toute mon enfance j’ai rêvé de ces rencontres émouvantes –  et c’est pourquoi je devais risquer le ridicule de vous entendre dire: « non Monsieur. Je tournais la tête parce que j’ai mal au cou ». Du reste, mes antennes ne me trompent jamais. Maintenant, je me félicite On ne peut avoir connu Radiguet sans que sa mort vous laisse une angoisse insupportable. Notre contact immatériel valait mieux. Vous voyez, je n’écris plus une lettre et j’essaye de vous répondre. Je viens d’être très malade. Votre souvenir reforme dans mon pauvre coeur un groupe foudroyé, les dernières vacances de ma vie. Je vous donne ce poème de la N.R.F et je vous embrasse. Jean Cocteau


René Laporte (1905 – 1954) was a writer and co-director of the Revue Littéraire Les Cahier Libres (with Henri Dumas) and subsequently co-director of the Cahiers Libres éditions (with René Bertelé). He dedicated his activity to the diffusion of Surrealism (texts from Breton, Éluard, Tzara, illustrated books by Dali, Ernst etc). He also focused his interest on authors such as Bernanos, Giono or Cocteau.

 

ARTAUD, Antonin (1896-1948)

Autograph letter signed “Antonin Artaud“, [Marseille, 3 August 1918], to Georges de Solpray.
Half-page in-12, card letter with address on the verso, Military stamping and check postmark

Rare and moving letter from Artaud from his early days as a poet


“Si vous les avez conservés je vous prie de faire bruler les vers que je vous avez [sic] adressés. C’est comme si un mort vous l’avait demandé. Vous respecterez ma volonté pour le repos de mon cœur.
Antonin Artaud”


George de Solplay, director of the Holland magazine, was amongst the first to understand the great talent of the poet and to publish his work (n° 8 February 1916)

JAURÈS, Jean (1859-1914)

First draft autograph manuscript, signed « Jean Jaurès »,
[Paris, c. 13th April 1905 for an article published in L’Humanité on the 14th]
19 pages 1/4, small in-4
Multiple ink stains

Rare Jaurès’s autograph manuscript signed about the separation of the Church and the Republic, for an article published on front page of L’Humanité


« Le vote par lequel la Chambre, par six voix de majorité, a adopté l’amendement de M. Sibille n’a pas, en soi, une grande importance […] Pas une minute la commission n’a songé à retirer ou aux détenus, ou aux malades, ou aux écolier la possibilité de pratiquer leur religion, et d’appeler le ministre de leur culte, dans la prison, dans l’hôpital ou dans l’école. Et il va de soi que ces ministres des cultes, même dans le régime de la séparation, pourront être payés par l’Etat, par les communes ou pas l’intermédiaire des communes. Il n’y a pas là, comme l’a expliqué M. Bienvenu-Martin, la moindre dérogation au principe même de la loi nouvelle qui interdit à l’Etat, aux départements et aux communes de subventionner un culte quelconque […] Ce qui est vrai, c’est que l’Etat, quand la séparation sera votée, devra s’efforcer de choisir un mode de comptabilité qui, même pour les cas un peu ambigus, le décharge de toute apparence d’intervention confessionnelle. […] A la droite et au centre, toujours à l’affut de ce qui peut contrarier la pensée de la loi et y glisser quelque équivoque, se sont joints des républicains de bonne foi qui ont craint que les explications du ministre et du rapporteur ne suffisent point à dissiper tout malentendu et à prévenir toute difficulté. Je crois qu’ils ont eu tort, et qu’ils ont commis une imprudence en ne se tenant pas au texte de la commission et du gouvernement. Mais ils n’ont pas eu le dessein de mettre en échec le principe de la loi et l’œuvre de la séparation va se poursuivre avec fermeté. Les cléricaux et les progressistes ont affecté un moment de triompher d’une succès assez illusoire et qui ne compromet aucune des parties essentielles de la loi. Celle-ci est assez largement libérale, assez soucieuse de ménager tous les droits et même toutes les habitudes pour que les plus inquiets de liberté puissent la voter sans modification notable. Dès maintenant, et quelle que soit la multiplicité des amendements, la Chambre est visiblement résolue à aboutir. […] Il ne reste plus que deux grandes batailles à livrer sur la question des associations culturelles et sur celle des édifices religieux. […] Même si les progressistes, s’infligeant à eux mêmes un démenti presque scandaleux, s’y ralliaient enfin, la majorité saurait faire prévaloir une loi plus franche tout ensemble et moins arbitraire. Mais elle ne peut laisser en suspend ces grand problèmes. Jean Jaurès »


Although Jaurès did not play the lead in the drafting of the 1905 law (Aristide Briand was its lead editor), his support at certain decisive moments was essential to its final success. To this end he did not hesitate to publish articles in L’Humanité, of which he was the editor-in-chief, in order to defend its cause.

If Briand was the “father” of the 1905 law, Jaurès was its “godfather”.

Scan du document complet sur demande.


We attached a period film print on postcard of Jaurès

FERSEN, Axel, Comte de (1755-1810)

Autograph letter signed « Axel Fersen » to « Monseigneur »
N.d.n.p [Versailles, summer 1784], 2 pages small in-4

Extremely scarce autograph letter signed from Fersen about a royal alimony


Monseigneur

J’ai reçu la lettre que Monseigneur m’a fait l’honneur de m’écrire pour me donner avis de la pension de 20 000 II que le Roi a bien voulu m’accorder, recevés en Monseigneur tous mes remerciements, quant à l’extrait batistere que vous me demandés Monseigneur s’il faut qu’il soit bien exact je ne pourrés vous l’envoyer que de Suede sans cela je pourrés en faire un a Paris signé du Ministre et Mr le Baron de Stael [chargé d’affaires de Suède à la cour de France] que j’aurai l’honneur de vous envoyer, j’attendrai vos ordres la dessus.
J’ai l’honneur d’être avec respect.
Monseigneur
Votre les humbres et les obeissant serviteur

Axel Fersen


In June 1784 Fersen returned to Versailles and attended a party given by Marie Antoinette on June 21 at the Petit-Trianon, for Gustave III and his suite. Gustav III, who gave Fersen the Royal Swedish Regiment, will soon give him a pension of 20,000 livres. If there is no doubt about Fersen and Marie Antoinette’s love for each other, the eternal question remains whether if something actually happened. This party also generated the wildest rumours, as the Queen Marie Antoinette gave birth to a child nine months later.

TOULOUSE-LAUTREC (de), Henri (1864-1901)

Autograph letter signed « Henri » to his grandmother, Madame Léonce Tapié de Celeyran
Npnd. [Paris, c. 28th December 1886]
4 pages in-12, in bespoke leather sleeve.
Fold marks, very tiny tape repair, ink stain on last page.

Important letter, mostly unpublished, in which Toulouse-Lautrec relates his bohemian life in Montmartre and announces his new plans to paint outdoors, under the influence of the Impressionist movement.


“Ma chère bonne maman,

Je vous aurais écrit plus tôt si maman n’avait du être mon interprète comprise de vous pour vous dire combien je me suis associé à votre chagrin qui ressemble à l’exil par beaucoup de côtés et plus encore puisque l’espoir bien amnistié n’existe pas. J’ai dû faire pas mal d’efforts d’imagination pour vous comprendre puisque vous le savez aussi bien que moi, jusqu’à présent j’ai mené la vie [de] bohème et par conséquent n’ai guère le temps de m’habituer à [ce] milieu.
Je le vois d’autant mieux à présent sur la butte Montmartre où je suis retenu par un tas de considérations indiscutables qu’il faut absolument subir si je désire arriver à quelque chose.
J’ai entrepris cette année une tâche absolument sérieuse qui est de travailler dehors à Paris. J’ai eu la chance de trouver le jardin d’un de mes amis [Le Père Forest] qui me servira d’atelier tout cet été et ne c’est qu’en octobre que j’irai vous voir après avoir satisfait mon patron [Fernand Cormon] je l’espère.
Voilà certes de grandes résolutions si belles que je m’arrête et vous embrasse vous et bonne maman Gabrielle. Je vous remercie des subsides que vous m’avez envoyé et qui m’on servi à acquérir une collection de vases arabes que vous trouveriez fort laids.
Je vous embrasse votre filleul petit fils.
Henri”


Henri de Toulouse-Lautrec was a major artist in the Parisian art scene of the late 19th century and nicknamed from 1885 to 1895 “the soul of Montmartre”, where he resided during this decade. Considered one of the leading figures of the post-impressionist movement, his short but no less intense career was built over multiple influences whose starting point is Impressionism; it was in 1885 that he met Vincent Van Gogh and Edgar Degas, towards whom he had great admiration.
While still a student in Fernand Cormon’s studio and seeking himself in his art, he decided to make a series of portraits outdoors in the garden of Father Forest (met through the Dihau family), settled in Montmartre. The famous series of portraits he made in this garden until 1889 was an essential phase in the painter’s artistic career. In his painting technique, he will apply perspectives similar to those of Degas with diving points of view. Lautrec’s style contains other Impressionistic elements such as a dominant clarity for the feeling of space; also, its key remains free is fragmented.
This letter truly announces the genesis of this outdoor project and the beginning of fame for Toulouse-Lautrec.

Famous portraits in Father Forest’s garden include “The Woman in Gloves” (Orsay Museum) and “The Red Woman” (Nahmad Collection).

Photographer father Forest owned a house with a large garden on the Boulevard de Clichy, behind the Montmartre cemetery, at the intersection of Forest Street (in his honour) and Rue de Caulaincourt.

Fernand Cormon (1845-1924), whose studio was at 10 Rue Constance, was a painter of the academic movement. He will remain famous for his giant work “Cain fleeing with his family” today at the Musée d’Orsay.

 

PROUST, Marcel (1871-1922)

Autograph letter signed « Marcel » to Robert de Flers
[Paris, 16th or 17th November 1913], 4 pp. in-4
Slight discoloration on the fourth page, some light stains.

Touching letter in which Proust virtuously shares his state of mind, just a few hours after the launch of his first volume of In Search of Lost Time


“Mon cher petit Robert

Ta lettre me fait beaucoup de peine parce que tu me dis que je t’en ai fait, et elle me fait aussi à cause de cela beaucoup de plaisir. C’est que malgré tout ce que je te dis (et tu t’en doutes peut’être) je t’aime énormément ; je t’ai dit cela parce que je crois que je le devais, et si cela ne t’a pas laissé indifférent, c’est que tu es resté bon. Seulement je t’en prie ne fais pas d’article sur moi, cela enlèverait à ma lettre, à ta réponse, à tout ce que nous nous sommes dit, tout leur prix. Ta lettre m’a plus ému que ne pourrait faire ton article.
Ce qui me fera plaisir, c’est si plus tard tu as le temps [,] que tu lises la partie de mon livre sur la jalousie [Un Amour de Swann], je crois que tu en seras touché. Si jamais (dans très longtemps) tu as à rendre compte d’une pièce où il y ait une situation analogue, si tu veux citer mon livre (si tu l’as aimé) fais-le, dans une simple parenthèse, mais pas d’article je t’en prie sincèrement.
J’ai eu l’écho que mon éditeur [Grasset] réclamait et c’est tout ce qu’il me fallait.(1)
Je suis très malheureux en ce moment mon petit Robert et je ne sais si j’aurai même le courage de recopier les deux derniers volumes qui sont cependant tout faits [Sodome et Gomorrhe & Le Temps retrouvé]. Et pendant ce temps là, pendant que comme un fou je loue une propriété pour quitter Paris, puis reste ici, puis veux partir(2) (mais je crois que je vais partir pour toujours), il faut m’occuper de ce livre, on veut le présenter au Prix Goncourt.(3) Mon éditeur n’avait consenti à le faire paraître avant que je parte qu’à condition qu’il fût annoncé avant le flot des livres d’étrennes. Et je lui avais promis cet écho. Mais tu comprends comme cela me gênait de le demander à Calmette(4), lui ayant dédié le livre et l’article du Temps(5) [,] ayant ôté t[ou]t ce que j’y avais ajouté de gentil à la dédicace. Je comprends qu’avec tous les gr[and]s intérêts que tu as entre les mains t[oute]s ces vétilles ne puissent t’arrêter. Et si je t’en parle avec cette complaisance, ce n’est pas que par manque de clairvoyance je ne me rende pas compte du peu d’importance qu’elles ont pour toi. Mais je sens obscurément que quelqu’un qui t’aime vraiment ne peut rien faire de plus gentil que de maintenir en toi la source des souvenirs juvéniles, et des émotions désintéressées. Je ne sais pas comment tu n’as pas encore eu mon livre, je te l’ai envoyé en même temps qu’à Vonoven, Beaunier, Dreyfus. Et Vonoven m’a déjà répondu.
Je t’embrasse de tout mon cœur mais sérieusement, je t’en prie et c’est sincèrement, pas d’article tu me ferais du chagrin.
Tout à toi
Marcel”


1 – Proust refers here to the echo published in Le Figaro on Sunday, November 16, 1913.
2 – Proust resided at 102 Boulevard Haussmann in Paris from 1906 to 1919. Nevertheless, he faithfully went to Cabourg (Balbec in In the Search of Lost Time) every year between 1907 and 1914. Its drop-off point was always the same: the Grand Hotel.
3 – It was initially planned to present Swann’s Way at the Goncourt Prize, but the idea was quickly abandoned. As everyone knows, Proust won the prestigious prize a few years later in 1919 with the second volume, In the Shadown of Young Girls in Flowers.
4 – On the first page of Swann’s way, Marcel Proust wrote « To Mr. Gaston Calmette, as a testimony of deep and affectionate gratitude ». Note that Proust will write shortly before its release « It is possible that because of the extreme indecency of this work, I do not maintain this dedication »
5 – Prousst refers here to the article published on November 13, 1913 in the newspaper Le Temps

Proust had to take a large number of refusals by publishing houses for the publication (including Gallimard) of Swann’s Way, the first volume of In The Search for Lost Time. As a providential man, Bernard Grasset finally agreed to publish the novel, in two volumes, at the author’s expense. In order to satisfy his publisher and to announce at best the launch of his work, Proust asked a few days earlier to Robert de Flers, then a journalist at Le Figaro, to make an echo of it that will appear on the front page of the newspaper on November 16. Marcel Proust himself collaborated with Le Figaro by publishing, from 1908, a series of pastiches.

In parallel to this echo, Proust made another in the newspaper Le Temps the day before the book was published, on November 13, with the help of Elie-Joseph Bois.

 

SADE, Donatien-Alphonse-François, Marquis de (1740-1814)

Autograph manuscript signed « Sade » to his notary Charles Gaufridy
[Asile de Charenton], 6th Fructidor an 13 (24th August 1805) 4 pages in-8 on green paper
Small needle holes without affecting the text, slightly frayed edges.

An extremely rare will of the Divine Marquis. From the Asylum, Sade makes firm arrangements on his estate. 


“Dernières propositions faites a ma famille, d’après l’acceptation desquelles, je promets de signer sur le champs la transaction dont on ma envoye le plan. On remarquera en lisant ceci combien je m’écarte peu de ce plan, annexé ci-joint.
On m’accorde pour la cession totale de mon bien ; cinquante mille francs de pension, je les accepte.
On accord a Md
[Marie-Constance] Quesnet vingt-mille francs au lieu de trente cinq qui lui sont dus – elle les accepte ; mais je demande que cette somme porte interet a cinq pour cent du jour ou l’acte se signera, en cela seul consiste la difficulté qui m’est faite, or doit-elle l’etre par des enfants qui connaissent l’origine sacrée de cette dette ?
J’ai demande quinze mille francs pour mes créanciers chirographiques, il se monte [sic] a cette somme, on n’en veut donner que neuf. J’y consens, mais a condition que cest la famille qui s’arrangera avec eux et que l’humeur resultative de leur réduction ne rejaillira pas sur moi.
Monsieur de Coulmiers(1), et le peu de dettes que j’ai ici seront payés de suite sur les revenus actuellement dus par les fermiers en sorte que je serai totalement quitte de ce qui est du a charenton, à l’époque de la signature.
Ma rente de 5000 fr et celle de 1000 fr faite à Md Quesnet arrivant ensemble à la somme de 6000 fr nous seront payer [sic] comme on l’a proposé quartier d’avance tous les trois mois.
Ces deux rentes seront inssaisissables et toujours payées en numeraire en tel lieu que j’habite, elles seront exemptes de toute espece d’impositions et de retenue tant présente qu’à venir.
Je me réserve le château de Saumane(2) et ses dépendances, m’engageant à ne le jamais vendre, mais desirant que Md Quesnet puisse y finir ses jours si elle le veut.
Je me reserve les ventes foncieres si elles revienent.
Je me reserve de disposer a ma mort de 800 f de rente en faveur de l’individu quelconque qui soignera mes derniers instans, et seulement pendant la vie de cet individu.
La rente des vingt mille francs de Md Quesnet sera reversible a son fils.
Seulement pendant la vie de cet enfant.
Md Quesnet ne pourra disposer ni de sa rente, ni de son fond, ces deux objets seront rendus inalienables par l’acte, et elle sera tenu par le même acte a manger cette rente avec moi, pendant ma vie, a ce defaut ladite rente cesserait d’être reversible a son fils. Il faut que les deux rentes soient saisissables sur les fermiers avant qu’on ait le droit de retirer un sol desdits fermiers, qu’il soit déclaré dans l’acte que l’on me regarde comme liquidité envers Md de Sade et ses enfants car les clauses ainsi que l’acte seront signees de la mere et les trois enfants.(3)
Les paiements seront indiqués chez un notaire homme probe et connu, et je me reserve de rentrer dans mes propriétés au moindre defaut de l’une ou l’autre des clauses de ladite transaction.
Le notaire chargé de ma rente la payera a mon ordre, sur un mandat quelque soit mon sort, ma situation ou mon domicile.
Si l’on veut, on pourra céder à Md Quesnet une des terres de Beauce, toujours avec la précaution de la rendre inaliénable alors, elle se chargerait de ses vingt cinq mille francs et du payement des 9000 fr des créanciers chirographiques. Or cette terre qui ne vaut guerre que vingt a vingt cinq mille francs en aquiterait donc vingt neuf. Md Quesnet payerait alors les creanciers avec les revenus de la terre, et le fond serait toujours ainsi que les revenus quand les dettes seraient payées. A ces conditions on ne demande plus que les vingt cinq mille francs de Md Quesnet portent intérêt.
On doit voir que cet ultimatum est beaucoup plus modéré que celui de l’an passé, puisqu’il n’existe plus qu’une difficulté, celle de faire porter intérêt aux vingt mille francs de Md Quesnet.
Je me mets comme on le voit a la raison sur tout le reste, mais je ne puis absolument me relacher sur cette clause.
— Sade.”


1 – Monsieur de Coulmiers was the Director of the Charenton Asylum, in which Sade had been interned since 1803 under the pretext of presenting a “perpetual state of libertine insanity”. Coulmiers and Sade maintained very cordial relations, the former confiding even in the latter the organization of regular theatrical performances within the asylum
2 – The Château de Saumane was one of the places where the young Marquis de Sade lived, who belonged to his uncle and who remained in The Sade family until 1868.
3 – Sade insists that this act will be worth release from his family. He had three children with his wife: two boys, Louis-Marie born in 1767, Donatien-Claude-Armand in 1769 and a daughter, Madeleine-Laure in 1771


Sade was a French Writer, Nobleman and Revolutionary Politician. Best-known for his erotic works and sexual fantasies with violence and lack of morality. Author of The 120 Days of Sodom. Sade spent thirty-two years of his life imprisoned and most of his works were written while incarcerated.
Sade hereby expressly asks his notary to separate property from his wife, with whom he has not lived since 1790. At the same time, he made sure to protect his mistress Marie-Constance Quesnet from need. He also refers to his children by pointing out their ingratitude.
These will provisions give a foreword to the final will of the Divine Marquis (January 30, 1806), in which he will display his last wishes.


Large and nice signature