[MASSENET, Jules] CHARPENTIER, Gustave (1860-1956)

Set of 10 autograph letters signed to Jules Massenet
N.p, between 1900 and 1906, 16 pages, various formats, mainly in-8 and in-12

The sunny music of Manon takes me above the clever buildings, and the splendid domes, which I admire so much yet

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[MASSENET, Jules] CHARPENTIER, Gustave (1860-1956)

Set of 10 autograph letters signed to Jules Massenet
N.p, between 1900 and 1906, 16 pages, various formats, mainly in-8 and in-12

Beautiful correspondence, adorned with a musical scope, in which all the admiration, gratitude and affection of the student for his Master, Jules Massenet, perspire. Gustave Charpentier talks about Manon and indulges in open-heartedness – evoking even the doubts that cross him – to the one whose success and genius he praises


Billet autographe signé « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, s.l., 16 novembre 1900

« Bien cher et triomphant Maître,

Quelles douces et fières émotions nous vous devons encore…

Quelle œuvre pure et forte ! si différente de vos œuvres qu’on se demande par quel prodige la plume qu’écrivit Cendrillon a pu se faire tout à coup si tranquille et sereine et puissante.

Un sourire de Dieu après un sourire d’enfant…

Merci de cette joie. »

Gustave Charpentier fait certainement référence à l’oratorio « La Terre promise », écrit en 1900 par Jules Massenet.

***

Billet autographe signé « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, sur carte pneumatique Paris, 31 décembre 1900 (cachet de la poste du 1er janvier 1901)

« Cher et bien aimé Maître,

En partant à Tourcoing, près de mes parents, je veux vous dire une fois de plus, mon fidèle attachement, et mon admiration passionnée.

Si vous vouliez me rendre bien heureux, vous me donneriez une de vos photographies car celles que je possède sont vierges de votre écriture.

Pardonnez-moi cette courte supplique. Vous êtes mon compositeur moral et physique. Vous m’avez inspiré l’amour du beau et procuré la joie d’être utile aux miens : Bonté oblige…

Veuillez présenter à Madame Massenet mes vœux respectueux et laissez-moi vous dire encore mon ardente affection, mon orgueil de disciple ébloui par votre prestigieux génie et ma gratitude toujours plus grande. »

En post-scriptum : « Je reste longtemps devant cette lettre, évoquant les doux souvenirs de la classe… »

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Lettre autographe signée «  Charpentier» à Jules Massenet, Paris, mai 1901, sur papier en-tête de la Chambre syndicale des artistes musiciens de Paris

« Cher Maître,

A vous, le premier, je me permets de demander, pour nos fiers minors, votre appui nécessaire.

Depuis si longtemps on rêvait pareille solidarité ! Votre signature lui garantira la durée, et vous devez penser quelle fierté vos collaborateurs de chaque jour en ressentirait. »

***

Lettre autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, s.l., [novembre] 1901

« Bien cher Maître,

Je ne pouvais rêver de plus heureuse fin d’année.

Vous savant [sic] heureux, toujours plus grand, toujours plus admiré !

La réaction envieuse de vos succès muselée, anéantie par le magnifique referendum de Grisélidis !

Et ma toute jeune gloire qui vous doit tant fraternisant sur les affiches et dans les cœurs avec votre nom vénéré !

Oui, je suis heureux ! Et toute mon âme vous crie : Bravo ! ; mon orgueil : Merci !

A vous, aux vôtres,

En inaltérable et reconnaissante affection. »

Gustave Charpentier écrit cette lettre à la suite de la première représentation du nouvel opéra de Jules Massenet, « Grisélidis »,  qui eut lieu à l’Opéra-Comique le 20 novembre 1901. Cette œuvre rencontra un grand succès lors de sa création.

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Billet autographe signé «  Charpentier» à Jules Massenet, s.l., 28 novembre 1901

« Cher Maître,

Les sentiments profonds s’expriment difficilement et quand je suis près de vous, je me « fais l’effet » d’un homme follement amoureux qui ne trouverait à dire à sa belle qu’un : Je vous aime, tremblant.

Vous êtes trop indulgent de me trouver une qualité que je témoigne si peu.

Mais vos yeux lumineux savent lire dans les cœurs ! »

****

Lettre autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, Saint-Raphaël, 1er janvier 1904

« Bien cher Maître,

Comme toujours vous m’avez devancé !

J’ai une excuse : la vie que je mène ici dans l’oubli de toutes choses. Mais elle n’est pas suffisante… Votre mot m’a rappelé que « l’autre » vie que je cherche à oublier me garde encore de douces émotions.

Merci de tout cœur et veuillez croire, mon cher et bien aimé Maître, aux vœux affectueux et filiaux de votre fidèlement dévoué. »

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Lettre autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, Munich, 31 décembre 1904

« Bien cher Maître,

Je vous écris, tandis que dans l’atrium de l’hôtel Regina, un groupe d’instrumentistes interprète à souhait une fantaisie sur Manon [opéra de Jules Massenet, représenté pour la première fois en 1884 à l’Opéra-Comique]. Après tant de symphonies – (je suis ici un régime de suralimentation musicale dont j’avais besoin, vraiment) – après trop de semaines saintes en agréments, la surprise est extraordinaire.

Vous avez l’art de me souffler à l’oreille : « Hein ! une belle phrase, ça démolit bien des choses ». Oui, c’est du soleil après de splendides ouragans, et c’est bon le soleil !

L’ensoleillée musique de Manon m’emporte au-dessus des savantes bâtisses, et des splendides dômes, que j’admire tant cependant. Et je revois la classe, j’entends votre voix, vos yeux me fixent, inquisiteurs point terrifiants, mais allant tout de même jusqu’au fond de la conscience. Que pensez-vous de moi ? de mon silence : Paresse ? Hésitation ? Incertitude ?

Vos yeux voient plus loin, et ils ont raison.

Depuis que je vous ai quitté, je n’ai jamais pensé à d’autre juge que moi-même.

Mais quel juge terrible !

Il y avait ce bon Landry d’un goût si sûr qui me remontait souvent…

Il y avait mon père qui me criait : Victoire ! avant même que de savoir ce que je faisais…

Mais Manon me crie, en bousculant ces souvenirs, me crie, dans un enchantement, aime-la bien, ta chère musique, aime en elle ce qui est charme, tendresse, humanité… Là, il n’y a pas de place pour le doute pour ceux qui aiment !

Ah ! Cher Maître, comme il est bon de vivre libre, loin des spécialistes…

Et puis, vraiment, on serait fataliste à subir ces antithèses subites, voulues sans doute par le destin. Chère Manon, merci !

Vous devinez en les lisant que ces phrases sont publiées par vos phrases triomphantes. J’écris et j’écoute. Aussi suis-je un peu décousu. Vais-je recommencer cette quasi confession ? Moi, qui avait pris ce papier pour vous écrire mes vœux fidèles !

Mes vœux, je ne les oublie pas. Veuillez les trouver aussi affectueux attachés à votre cœur que ceux qui les précédèrent.

Et j’espère vous applaudir prochainement à Montecarlo, car ma mère est à Antibes et m’appelle. »

***

Carte autographe signée « Gustave Charpentier», avec son portrait photographique, à Jules Massenet, s.l., 1er janvier 1905

« Cher Maître,

Je vous envoie mon plus fervent souvenir avec toujours plus de reconnaissance et d’admiration. »

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Billet autographe signée « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, sur carte pneumatique, Paris, [janvier 1907] (cachet de la poste du 1er janvier 1907)

« Bien cher Maître,

Toute ma fidèle affection va vers vous en ce jour de souhaits, pour vous apporter l’hommage toujours plus ardent de mon cœur reconnaissant.

Plus de gloire s’il était possible ! Plus de tendresse autour de vous… et beaucoup de philosophie indulgente pour ceux qui ne savent plus vous témoigner celle qu’ils ont pour leur maître bien aimé.

Je vous embrasse filialement.»

***

Billet autographe signé « Gustave Charpentier» à Jules Massenet, Montecarlo, mai 1909

« Bien cher Maître,

Quelle bonne leçon que la lecture de votre « Bacchus » [opéra de Jules Massenet représenté pour la première fois en mai 1909 au Palais Garnier]. Leçon de beauté et d’énergie. J’en suis tout émotionné et vibrant. Depuis longtemps, depuis vos bonnes classes, je n’avais connu pareil réconfort : [suit ici une portée de quelques notes].

Encore une fois vous avez massacré les ténèbres.

Mes bravos et mes affections fidèles. »


French composer and conductor, Gustave Charpentier was a pupil at the Paris Conservatory and won the Prix de Rome in 1887.