[VERLAINE] ÉCHAUPRE, Gabriel (18– / 19–)

Autograph letter signed “Gabriel Echaupre” to Edmond Lepelletier, Editor-in-Chief of the Echo of Paris
Paris, 25 August 1896., 4 pp. in-8 on letterhead

“Verlaine asked me what I thought of his contracts with Vanier, and if he could finally break his pact of misery”

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[VERLAINE] ÉCHAUPRE, Gabriel (18– / 19–)

Autograph letter signed “Gabriel Echaupre” to Edmond Lepelletier, Editor-in-Chief of the Echo of Paris
Paris, 25 August 1896., 4 pp. in-8 on letterhead
Fold marks, tears on central margin, slightly frayed (see photos)

Violent charge of Echaupre against the publisher of Verlaine and siding with Lepelletier in the war of succession of Verlaine’s Complete Works


“Je suis avec une véritable passion, Monsieur, la campagne que vous menez en compagnie de MM. Laurent Tailhade et Bauer pour défendre la mémoire de Verlaine contre la calomnie des sots et contre le mercantilisme non moins redoutable de son éditeur… ». Les contrats avec Vanier sont si inégaux que Verlaine aurait dû passer à la concurrence. « Je n’ignore pas que Verlaine avait pour vous une affection solide et bien entière, aussi je crois devoir, dans la mesure où je le puis, vous éclairer sur quelques points de l’affaire Vanier. Cela vous donnera occasion de rendre un nouveau service à ce que reste de l’ami, à son œuvre.
En 1889, Verlaine me demanda ce que je pensais de ses contrats avec Vanier, et s’il pouvait se délier enfin de son pacte de misère.
Je lui expliquais que les contrats entre auteurs et éditeurs sont essentiellement temporaires et que si, par oubli ou par abus, une limite de durée n’était pas fixée à la propriété de l’éditeur, il appartenait aux tribunaux de combler cette lacune sur le vu des pièces et, au besoin, après enquête.
Comme Verlaine ne pouvait s’offrir le luxe de plaider et que, dans ce cas spécial, il ne pouvait compter sur l’assistance judiciaire, je lui conseillai de tenir pour nuls les traités existants et de publier ses œuvres chez un autre éditeur. Je pensais que Vanier était obligé de faire connaître qu’il avait acquis l’œuvre du maître pour un morceau de pain. Sagesse, notamment, aurait été payé cent cinquante francs ! Il y avait de quoi, la presse venait à la rescousse, soulever un tollé général.
Mais les éditeurs ont une certaine solidarité qui les empêche de repêcher les auteurs qui se noient. Tout ce qui pût être fait, ce fut une sélection de poésies éditée chez Charpentier avec le magnifique portrait de Carrière – édition à laquelle M ; M. Charles Morice et Félicien Champsaur donnèrent leurs soins.
J’ai conservé plusieurs lettres ou Verlaine se plaint de ce que le service de presse de « Parallèlement » ait été fait « à la 6,4,2 » et où il traite Vanier de « Salop ».
Mais, au retour d’un voyage en Angleterre que je dis dans les premiers mois de 1890, j’appris qu’auteur et éditeur étaient réconciliés. La fée verte avait passé par là.
Comme je n’ai aucun goût pour l’invective, je me contenterai de dire que M. Vanier dans ses rapports avec un grand homme misérable, a manqué de cette délicatesse qui est une pudeur et que les latins nommeraient verecundia. Vous prenez, Monsieur, la défense du monument de Verlaine. C’est bien, mais c’est, à mon sens, l’œuvre de demain. Le plus pressé serait de prendre en main la défense de ses ouvrages qui sont dans des mains indignes.
Parmi tant de lettrés dont Paris est Montmartre sont surchargés, ne s’en trouvera-t-il pas quelques-uns pour constituer le comité de l’Œuvre définitive de Verlaine ? L’édition se ferait malgré Vanier et si les tribunaux interviennent, ils fixeront, pour le moins, une limite aux droits forts contestables de Vanier et, dans un temps déterminé, les poésies et les proses faites en liberté pour des hommes libres échapperont au sevrage. Les droits sacrés du fils et ceux non moins sacrés des hommes de goût seront sauvegardés.
Sans nul doute, ce comité d’édition sera poursuivi par Vanier. Eh bien ! l’éditeur sans vergogne sera tenu de rendre compte du passé et ce sera sa condamnation.
Elle est, à mon sens, la solution pratique à donner à la polémique qui vient de s’ouvrir. Comme j’ai l’honneur du bruit et de la réclame, vous me désobligeriez en publiant cette lettre ou en me mettant en cause. Ce n’est pas au journaliste que je m’adresse mais à l’ami de Verlaine et je vous fournis simplement les renseignements que je possède sur une question que vous avez abordée. Cela fait, je rentre avec empressement dans mon obscurité.
Je saisi l’occasion, Monsieur, pour vous présenter l’expression de mes meilleurs sentiments.
Gabriel Echaupre.
PS – Pour me faire connaître à vous, je vous rappellerai que Verlaine m’a dédié un beau sonnet dans Dédicaces. Je puis vous dire aussi que je suis lié avec le Dr. Pilliet qui a soigné Verlaine à Broussais et Laurent
Tailhade à la Charité. Pilliet, le médecin des poètes ! Il ne ressemble pas à l’affreux médicastre de Cochin, qui jeta Verlaine dans la rue en prétendant que le pauvre bougre volait le lit des malades


Due to numerous financial and legal services rendered to Verlaine, Échaupre (who had been his lawyer during the dispute between the poet and his publisher) was the dedicatee of a sonnet in Dedications. Although Verlaine often quotes him in his correspondence, he remains an enigmatic figure.